Comment rester insensible face à ces familles, ces femmes et ces enfants
fuyant la mort, les massacres et la guerre ?
Comment pourrions-nous en tant que Juifs, après la Shoah et alors que la
Torah nous rappelle sans cesse de ne pas oublier que nous avons été des
étrangers en Egypte, ne pas tout faire pour aider ces gens qui ne cherchent
qu’une vie meilleure ?
C’est en résumé le type de propos qui ont été développés par plusieurs
leaders juifs principalement en diaspora comme le Grand rabbin de France Haim
Korsia ou le très respecté ancien Grand rabbin du Royaume-Uni Jonathan Sacks,
et, nettement plus marginalement, en Israël.
L’émotion qui nous submerge lorsque nous voyons des images comme celles du
pauvre Aylan mort sur une plage de Turquie rend notre jugement moins
rationnel, et dans le monde politiquement correct dans lequel nous vivons, il
n’est pas toujours aisé de rappeler quelques vérités objectives sans passer
pour un monstre dénué de tout sens moral. Je vais pourtant prendre le risque.
On remarquera pour commencer que si le drame atroce du petit Aylan touchait
réellement les gens et qu’ils y réfléchissaient sérieusement, ils ne
chercheraient pas à ouvrir les frontières de l’Europe pour accueillir des
réfugiés, bien au contraire.
Plus les réfugiés seront accueillis, plus ils tenteront l’aventure de la
traversée de la Méditerranée et plus il y aura de naufrages et d’enfants qui
mourront noyés. Donc la « générosité » mal placée de certains Européens
condamnent d’autres Aylan à une mort certaine.
Mais intéressons-nous plus spécifiquement aux propos tenus par certaines
autorités morales juives. En y regardant de plus près, on remarque que les
justifications juives à l’accueil des réfugiés se scindent en fait en deux
argumentations différentes. La première touche à la morale issue de la Torah,
des Prophètes, du Talmud et de la culture juive dans son ensemble.
En effet, la Torah et la tradition rabbinique demandent de bien traiter
l’étranger qui vient dans notre pays – c’est-à-dire en Terre d’Israël. Cela
ne concerne donc pas les Juifs de diaspora. Mais la Torah comme la tradition
rabbinique ne sont pas connues pour faire dans l’angélisme et
l’irresponsabilité gauchisante et imposent des conditions assez strictes.
Pour être accueilli, l’étranger doit devenir un Ger Toshav : il doit accepter
la souveraineté juive sur la terre d’Israël ainsi que les sept lois noahides.
A ces seules conditions peut-il prétendre vivre, selon la tradition juive,
sur la terre d’Israël. Je ne prétends absolument pas que la loi israélienne
moderne devrait s’aligner sur cette tradition, je souligne seulement ce qui a
été établi par nos Sages et notre tradition sur le sujet au cours des
millénaires écoulés.
La tradition juive paraît donc mener dans une impasse pour justifier
l’accueil des réfugiés syriens, en Israël comme en diaspora.