Accueillir les réfugiés syriens au nom du judaïsme

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Accueillir les réfugiés syriens au
nom du judaïsme ?
Binyamin Lachkar
Auteur du livre
« Pourquoi les
Juifs quittent la
France » paru en
Juillet 2015 aux
éditions Valensin.
Analyste en
politique
publique, ancien
conseiller du
maire de Jérusalem
et ancien haut
fonctionnaire au
ministère du
tourisme
israélien,
Binyamin a fait
son aliyah en
1996. Il
s’intéresse à
l’actualité
israélienne, à
l’économie et à
l’histoire du
peuple juif.
Devons-nous en tant que Juifs accueillir des réfugiés syriens chez nous, en
Israël ou dans les pays où nous vivons ?
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Comment rester insensible face à ces familles, ces femmes et ces enfants
fuyant la mort, les massacres et la guerre ?
Comment pourrions-nous en tant que Juifs, après la Shoah et alors que la
Torah nous rappelle sans cesse de ne pas oublier que nous avons été des
étrangers en Egypte, ne pas tout faire pour aider ces gens qui ne cherchent
qu’une vie meilleure ?
C’est en résumé le type de propos qui ont été développés par plusieurs
leaders juifs principalement en diaspora comme le Grand rabbin de France Haim
Korsia ou le très respecté ancien Grand rabbin du Royaume-Uni Jonathan Sacks,
et, nettement plus marginalement, en Israël.
L’émotion qui nous submerge lorsque nous voyons des images comme celles du
pauvre Aylan mort sur une plage de Turquie rend notre jugement moins
rationnel, et dans le monde politiquement correct dans lequel nous vivons, il
n’est pas toujours aisé de rappeler quelques vérités objectives sans passer
pour un monstre dénué de tout sens moral. Je vais pourtant prendre le risque.
On remarquera pour commencer que si le drame atroce du petit Aylan touchait
réellement les gens et qu’ils y réfléchissaient sérieusement, ils ne
chercheraient pas à ouvrir les frontières de l’Europe pour accueillir des
réfugiés, bien au contraire.
Plus les réfugiés seront accueillis,
traversée de la Méditerranée et plus
mourront noyés. Donc la « générosité
condamnent d’autres Aylan à une mort
plus ils tenteront l’aventure de la
il y aura de naufrages et d’enfants qui
» mal placée de certains Européens
certaine.
Mais intéressons-nous plus spécifiquement aux propos tenus par certaines
autorités morales juives. En y regardant de plus près, on remarque que les
justifications juives à l’accueil des réfugiés se scindent en fait en deux
argumentations différentes. La première touche à la morale issue de la Torah,
des Prophètes, du Talmud et de la culture juive dans son ensemble.
En effet, la Torah et la tradition rabbinique demandent de bien traiter
l’étranger qui vient dans notre pays – c’est-à-dire en Terre d’Israël. Cela
ne concerne donc pas les Juifs de diaspora. Mais la Torah comme la tradition
rabbinique ne sont pas connues pour faire dans l’angélisme et
l’irresponsabilité gauchisante et imposent des conditions assez strictes.
Pour être accueilli, l’étranger doit devenir un Ger Toshav : il doit accepter
la souveraineté juive sur la terre d’Israël ainsi que les sept lois noahides.
A ces seules conditions peut-il prétendre vivre, selon la tradition juive,
sur la terre d’Israël. Je ne prétends absolument pas que la loi israélienne
moderne devrait s’aligner sur cette tradition, je souligne seulement ce qui a
été établi par nos Sages et notre tradition sur le sujet au cours des
millénaires écoulés.
La tradition juive paraît donc mener dans une impasse pour justifier
l’accueil des réfugiés syriens, en Israël comme en diaspora.
C’est pourquoi un deuxième argument, plus pertinent, est utilisé : celui de
l’histoire juive.
Les Juifs ont été persécutés, exterminés, chassés de pays en pays. Beaucoup
d’entre nous ont été des réfugiés ou sont des fils ou petit-fils de réfugiés.
Comment ne pourrions-nous pas nous identifier avec la situation critique que
connaissent ces centaines de milliers de Syriens, d’Irakiens ou d’Afghans en
proie à une catastrophe humanitaire ?
Probablement parce que les situations n’ont pas grand chose à voir. Si la
situation des Juifs était si terrible, c’est parce qu’ils n’avaient pas de
pays à eux ; ils étaient persécutés en raison de leur différence, et pendant
la Shoah, exterminés systématiquement pour la simple raison de leur existence
; ils étaient des citoyens intégrés de leurs pays, pacifiques, et avaient
pleinement intégrés les valeurs occidentales.
Or, à l’exception des minorités non-musulmanes telles que les Yazidis et les
chrétiens d’Orient, qu’il faut évidemment aider et si nécessaire accepter
comme réfugiés, y compris en Israël (dans la limite de nos moyens), parce
qu’ils sont la cible de persécutions, les réfugiés syriens fuient leur pays
ancestraux où ils ne sont ni persécutés ni exterminés, mais subissent
tragiquement les conséquences de la guerre civile qu’ils ont eux-mêmes initié
(avec de très bonnes raisons d’ailleurs).
Ces réfugiés ne partagent pas les valeurs des pays occidentaux, bien au
contraire, comme la présence des millions de musulmans déjà présents en
Europe nous l’a démontré et les Juifs européens ont été les premiers à en
faire les frais.
Les Syriens sont élevés dans la haine d’Israel et les malheurs qui les
frappent ne semblent pas avoir provoqué chez eux de remise en question sur le
sujet.
Même si tous ne sont pas antisémites, et même si tous les antisémites parmi
eux ne passeront jamais à l’action, il suffit d’une petite minorité active
pour rendre la vie des autres impossible. Par quel dérèglement de la raison
des Juifs militent-ils pour importer encore plus d’antisémites violents en
Europe ?
La tradition et l’histoire juives n’ont jamais milité pour le suicide. Au
contraire.
Quant à ceux qui pensent que faire preuve de générosité envers les Syriens
permettra de transformer leurs perceptions sur les Juifs ou Israël, je les
invite à étudier 6 000 ans d’histoire humaine.
« Aucune bonne action ne restera impunie, » dit le proverbe et rares sont les
gens qui pardonnent à ceux qui les ont aidés de leur avoir montré l’étendue
de leur faiblesse et de leur humiliation.
En tant que juifs, militons pour sauver les Yazidis, les Chrétiens et les
autres minorités persécutées, et aidons les Kurdes à établir un Etat libre et
indépendant.
En tant que citoyens de nos pays respectifs, décidons de l’accueil des
réfugiés fuyant la guerre en fonction des intérêts nationaux de chacun.
C’est, à mon sens, la seule conduite morale à adopter.
Source : © Accueillir les réfugiés syriens au nom du judaïsme ? | Binyamin
Lachkar | Ops & Blogs | The Times of Israël
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