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Gaël Le Boulch, 2004 1/4
EDF
ou
Intérêts et limites de l’intégration amont/aval
CORRIGE
Questions :
1. Faites une analyse des avantages et inconvénients du modèle intégré puis spécialisé
amont/aval et identifiez à chaque fois les conditions nécessaires à sa mise en place.
Il n’est pas possible d’apprécier les qualités et inconvénients du modèle intégré et du modèle
spécialisé en dehors de leur contexte. Nous allons donc comparer les contextes respectifs :
- Modèle intégré : ce modèle apparaît après la guerre. Il a pour objectif de concentrer en une
seule entité toutes les « forces électriques » de la nation afin de faciliter la reconstruction
et de rétablir un système électrique national de qualité en un temps record. Les variables
essentielles dans ce contexte sont donc la fourniture d’électricité en France et le temps. Il
n’est pas alors question de commerce, de marché ni même de coût mais seulement de la
réalité physique de l’électricité en France après la guerre.
- Modèle spécialisé : ce modèle apparaît récemment, suite à la directive européenne
imposant l’ouverture du marché de l’électricité. Il n’est plus alors question d’équiper un
territoire donné, paradigme physique rattaché au métier d’électricien, mais d’identifier les
segments les plus profitables dans la chaîne de valeur de l’électricité et de les comparer
aux ressources et compétences disponibles pour l’investisseur intéressé. La variable
essentielle est alors la profitabilité. Nous passons d’un paradigme physique-métier à un
paradigme purement financier.
Les avantages du modèle intégré sont les suivants : optimisation des ressources à la maille
nationale, cohérence entre l’objectif et les moyens, simplification de la structure,
centralisation de la prise de décision qui dans ce contexte est un avantage. L’inconvénient est
qu’il n’existe aucun contre-pouvoir, notamment économique. La maîtrise des coûts n’est pas
une priorité, l’innovation risque également d’être étouffée au bénéfice de la structure
monolithique. Le système risque ainsi de se replier sur lui-même.
Les avantages du modèle spécialisé sont les suivants : identification et appréciation
économique des compétences, valorisation économique de chaque élément de la chaîne de
valeur, optimisation « microéconomique », développement de l’innovation (où commence
l’amont, où finit l’aval ? Pourquoi ? Autant de questions qui poussent à la réflexion), prise en
compte des coûts et des profits, arrivée d’investisseurs d’un type nouveau, alliances
financières en dehors du territoire d’origine... Les avantages sont multiples mais
l’inconvénient est de taille : perte de vue du pilotage global. Qui décidera du futur paysage
électrique ? Pour qui et à quel endroit (seulement le territoire national ou au-delà) ?
Le modèle intégré a pu émerger du fait de la situation historique exceptionnelle qui légitimait
la nationalisation. Dans une économie riche et en croissance, la nationalisation aurait été
difficile à mettre en place ou du moins à faire accepter. Au contraire, le modèle spécialisé a pu
s’opposer au modèle intégré car les infrastructures de qualité et l’économie prospère
contemporaine laissent penser à l’existence d’une rente de situation. Le monopole dans ce
contexte n’a plus de légitimité. En dépit de son succès, il peut même paraître inéquitable. Il