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A. F
OURNET
Les questions comparatives, étymologiques, historiques, pho-
nétiques et graphémiques sont réduites au strict minimum et ne
sont évoquées que dans la limite de leur pertinence par rapport à
l’objectif de décrire une sorte de hourrite normalisé et les écarts
pratiques à cette norme. La partie théorique (§.1 à 14) est suivie
d’un exemple de mise en oeuvre des principes grammaticaux.
1. Introduction à la problématique hourrite
1.1. Le hourrite est une langue, désormais éteinte, qui fut par-
lée en Anatolie et dans le nord de la Mésopotamie. Elle est
attestée sous forme écrite pendant environ mille ans à partir du
dernier tiers du 3
ème
millénaire jusqu’au milieu du 13
ème
siècle avant
J.C. Dans les textes francophones du début du 20
ème
siècle on
trouve la variante orthographique hurrite, dans laquelle le digraphe
<ou> est noté avec la seule lettre <u>. Cette langue était appelée
hurlili en hittite, < > [x r ġ] en alphabet ougaritique, ce qui
se vocalise */xurruγi/ en alphabet phonétique international ou
*h
}
urruġi si l’on adopte les conventions sémitologiques. Le terme
hourrite lui-même, et ses variantes contemporaines : anglais hurrian,
allemand hurritisch, italien hurrico, etc., pour la langue, et anglais
Hurrian, allemand Hurriter, italien Hurrito, etc., pour les locuteurs
hourrites, repose sur l’auto-ethnonyme hurruhi, et sa variante
<hur-wu-hi>, d’apparence phonétique archaïsante <rw>, où l’on
reconnaît le suffixe -hi- grâce auquel le hourrite forme des ethno-
nymes. La base hurri est par exemple attestée dans <H
ə
r-ri a-ma-
te
MEŠ
> ‘les ancêtres hourrites’ (KBo I 3 Vo 27) figurant dans un
traité conclu entre Hourrites et Hittites. En langue hattie, parlée
au nord-ouest des Hourrites, et qui est le substrat de la langue
hittite, aussi appelée nésite, l’ethnonyme des Hourrites se dit <wa-
h
ə
r-li>, dans lequel <wa-> exprime en hatti le pluriel de la base
lexicale <h
ə
r-li>.
1.2. L’auto-ethnonyme hurruhi est écrit <h
ə
r-ru-hi> dans la
Lettre du Mittanni avec un signe cunéiforme
à lecture multiple :
hur ou har. Laroche
1
semble émettre un doute quant à la voyelle
radicale de hurruhi et hurwuhi. Pourtant, quelque cinquante ans plus
tôt, Ungnad
2
avait fait remarquer que ce signe, certes a priori am-
bigu, semble dans les faits toujours décomposé hu-ur et jamais
**ha-ar, confirmant ainsi la voyelle [u]. Un point d’historiographie
hourritologique est fourni par Gelb
3
: « the name of the [Hurrian]
1
E. L
AROCHE
, Glossaire de la langue hourrite (= Revue Hittite et Asianique,
34/35), Paris, 1980, p. 14.
2
A. U
NGNAD
, « Hurriland und Mitanni », Zeitschrift für Assyriologie und Vor-
derasiatische Archäologie 36 (1925), p. 101.
3
I.J. G
ELB
, Hurrians and Subarians. Chicago (Illinois), 1944, p. 50-51. « Le
nom du peuple hourrite fut d’abord lu Harri, l’identité supposée de ce nom
avec celui des Aryens servant d’appui à cette lecture. Cependant il fut vite mon-