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2.2 RLD : enjeu énergétique et sanitaire
Le débit global des flux traités et transmis sur les réseaux de télécommunications suit l’évolution de la densité
d’intégration en micro-électronique (Loi de Moore). Cela se traduit par une multiplication des débits transportés
par 10 tous les 5 ans. Le prix à payer est une consommation énergétique en forte croissance. On constate que
celle des réseaux cellulaires est multipliée par deux tous les quatre ans, pour approcher en 2008 le chiffre cumulé
de 70 TWh sur l’Union Européenne (dont 80% pour les stations de base). Concernant les risques sanitaires liés
au rayonnement électromagnétique [8], on ne compte plus les incidents signalés par les riverains des stations de
base, forçant la justice et le politique à appliquer le principe de précaution, au détriment des opérateurs GSM.
Le haut-débit domestique ne fera que renforcer ces nouveaux enjeux en matière de consommation énergétique et
de santé publique, sachant que ce segment de réseau fait partie du domaine privé et ne bénéficie encore d’aucune
volonté de contrôle et de régulation. Selon l’étude [1], on estime en 2008 qu’un foyer Européen dépense en
moyenne 2,5 kWh en consommation électrique journalière dédiée aux TIC (internet, téléphonie, équipements
informatiques, multimédia). Pour les 28 millions de foyers Français potentiellement équipés, la fourniture de
l’énergie cumulée correspondante équivaut à la production de trois centrales thermiques de moyenne puissance.
Une extrapolation à l’Europe prévoit qu’en 2012, la consommation des réseaux domestiques de l’Union atteindra
les 100 TWh annuels. Bien entendu, ce chiffre n’inclut pas la consommation énergétique du réseau d’accès et du
réseau cœur.
2.3 Introduction de l’optique dans le réseau domestique
a) Optique en espace libre (ou sans fil)
Ossature du réseau cœur des opérateurs de télécommunications, la fibre optique est désormais déployée dans le
réseau d’accès pour proposer des solutions à haut débit (≥ 100 Mbit/s) aux abonnés en milieu urbain.
Parallèlement, le canal optique sans fil est utilisé pour les transmissions atmosphériques civiles ou militaires à
très haut débit (> Gbit/s) et moyenne portée (qq km). Pour des usages domestiques, la transmission infra-rouge
est un support classique pour faire communiquer périphériques audio-vidéo, téléphones mobiles ou ordinateurs
portables (norme IrDA). Elle reste cependant limitée à des portées et des débits de quelques centaines de kbit/s.
Devant le besoin grandissant en débit et face aux solutions radio existantes sujettes à des contraintes de
puissance et de ressource spectrale, la transmission optique sans fil domestique (Indoor Wireless Optics, IWO)
progresse. Ce canal de communication offre des avantages significatifs sur ses équivalents en radio :
Sécurité des données transmises : la lumière ne traverse pas les murs et il est presque impossible, pour une
personne extérieure à la zone de contrôle physique du service, d’espionner ou d’attaquer le système.
Immunité radioélectrique : les liaisons optique sans fil fonctionnent sur des fréquences porteuses supérieures à
la centaine de THz : elles ne génèrent pas d'interférences avec les appareils radios et domestiques d’un foyer.
Sécurité environnementale : la lumière ne modifie pas l’environnement de la pièce où elle est diffusée.
Débit important : la porteuse optique offre naturellement des débits très importants (>50 Gbits/s).
Immunité sanitaire : le point sensible est l’innocuité oculaire. La réglementation domestique impose
l’utilisation de lasers de classe 1, i.e. sans danger dans toutes les conditions d’utilisation. On privilégiera donc
les sources optiques émettant dans la bande « Telecom » de 1300 à 1600 nm, zone où la lumière est bloquée
par la barrière cornéenne. Pour les liaisons à très haut débit, on considèrera des sources à forte pureté spectrale
opérant dans cette bande de longueurs d’onde, où l’on dispose de diodes laser (FP et DFB) et de VCSELs.
Pour respecter la norme de classe 1, la puissance maximale émise sera de l’ordre de 10 mW, soit 50 fois
supérieure à celle autorisée dans le visible.
Bas coût : des solutions bas prix sont possibles, en raison de la faible complexité et de la forte diffusion des
composants d’émission-réception opto-électroniques (diodes laser, photodiodes, filtres optiques)
Absence de frais d’exploitation de licence : à l’heure actuelle, il n’existe pas de plan de longueur d’onde
similaire au plan radio fréquence. Cela permet un libre choix de la longueur d’onde et de la bande utilisées, à
coût réduit.
On peut classer les modes de propagation IWO selon deux géométries distinctes : le mode diffus et la vue
directe (Line Of Sight, LOS). Le mode diffus maximise la mobilité et la pérennité des connexions, mais les forts
affaiblissements rencontrés et la présence de trajets multiples nécessitent une ressource énergétique importante.
A l’opposé, la vue directe fournit des débits élevés mais oblige un alignement et un suivi précis de l’émetteur par
rapport au récepteur. Le défi scientifique est donc le suivant : maximiser le rapport signal-sur-bruit en réception
LOS en garantissant les normes d’innocuité oculaire, tout en développant une topologie d’accès multiple
domestique assurant connectivité, mobilité et très haut débit entre utilisateurs et une consommation réduite. Les
solutions innovantes proposées à ce jour en R&D sont plutôt encombrantes et coûteuses, reposant sur la diversité