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Implications pour la politique et le développement durable
Section 7
7.1 Implications politiques par secteur
Gestion des ressources en eau
Les bassinshydrographiquesdominésparunecouverture
neigeuse saisonnière connaissent déjà des débits de
pointe dès le printemps et ce décalage se maintiendra
vraisemblablement sous un climat plus chaud.Aux alti-
tudes inférieures, les précipitations hivernales prendront
deplusenpluslaformedechutesdepluieplutôtquede
chutesdeneige.Dansdenombreuseszonesmontagneuses,
par exemple dans les Andes tropicales et dans de nombreux
massifsmontagneuxd’Asie,oùlesglaciersassurentl’es-
sentiel du ruissellement durant les périodes sèches
prononcées, les volumes d’eau stockés par les glaciers et
le manteau neigeux devraient diminuer. Le ruissellement
pendant les saisons chaudes et sèches sera renforcé lors
delafontedesglaciers,mais ilseréduiraconsidérable-
mentlorsquecesderniersaurontdisparu.[GTII3.4.1]
Les régions affectées par la sécheresse sont probablement
appelées à s’étendre et les épisodes de précipitations
extrêmes, qui vont très probablement augmenter en
fréquence et en intensité, vont accroître le risque de crues.
Jusqu’à 20 % de la population mondiale vit dans des
bassinshydrographiquesquiserontprobablement touchés
par un risque de crue aggravé vers 2080 du fait des
changementsclimatiques.[GTII3.4.3]
Les régions semi-arides et arides sont particulièrement
exposées aux conséquences du changement climatique
sur l’eau douce. Un grand nombre de ces régions (par
exemplelebassinméditerranéen,l’ouestdesÉtats-Unis,
lesuddel’Afrique,lenord-estduBrésil,lesudetl’estde
l’Australie)vontsouffrird’unediminutiondesressources
hydrologiques en raison du changement climatique.
[GTIIencadréRT.5,3.4,3.7]Lesefforts déployéspour
compenser la diminution de la disponibilité des eaux de
surface due à la variabilité croissante des précipitations
seront pénalisés par le fait que l’alimentation des
nappes souterraines devrait diminuer considérablement
dans certaines régions soumises à un stress hydrique
[GTII3.4.2],phénomèneencoreaccentuéparlademande
accrued’eau.[GTII3.5.1]
L’élévation de la température des eaux, l’intensité
croissante des précipitations et les périodes prolongées
d’étiagevontamplierdenombreusesformesdepollution
des eaux, avec des conséquences pour les écosystèmes,
lasantépublique,laabilitédessystèmesdedistribution
d’eauetlescoûtsd’exploitation.[GTII3.2,3.4.4,3.4.5]
Les régions où le ruissellement devrait décroître seront
confrontées à une réduction de la valeur des services
fournis par les ressources en eau. L’impact positif d’un
ruissellement annuel accru dans d’autres régions sera
atténué par les effets négatifs de la variabilité accrue
des précipitations et des décalages des ruissellements
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Le changement climatique constitue un dé conceptuel
majeur pour les gestionnaires des ressources en eau, les
utilisateurs (par exemple dans l’agriculture) ainsi que les
décideurs politiques en général, dans la mesure où l’on
ne peut plus supposer que les conditions climatiques et
hydrologiquespasséesvontdemeurerlesmêmesdanslefu-
tur. La gestion des ressources en eau inuence manifeste-
ment de nombreux autres domaines de la politique (par
exemple l’énergie, la santé, la sécurité alimentaire, la
conservationdelanature).Parconséquent,l’évaluationdes
possibilitésd’adaptationetd’atténuationdoitêtremenéeau
travers des multiples secteurs qui dépendent de l’eau.
Deschangementssignicatifsontpuêtreobservésaucours
des dernières décennies dans de nombreuses variables
relatives à l’eau, mais aucune corrélation formelle n’a
jamaisétéétablieàcejourentreleschangementsconstatés
etlescauses naturellesouanthropiques.Lesprojectionsà
l’échelle régionale en matière de précipitations futures,
d’humidité des sols et de ruissellement sont entachées
d’une grande incertitude. Dans de nombreuses régions,
certains modèles divergent quant à savoir dans quel sens se
feront les changements prévus. Cependant, on retrouve
quelquessolidesconstantesdanslesprojectionsdesmodèles
climatiques. Des augmentations des précipitations (et de
l’écoulement uvial) sont très probables aux latitudes
élevées et dans quelques zones tropicales humides (zones
trèspeupléesdel’estet dusud-estasiatique,notamment),
tandis que des diminutions sont très probables dans la
majeurepartiedeslatitudesmoyennesetdeszonestropicales
sèches [GTIIgure3.4]. L’interprétation et la quanti-
cation des incertitudes se sont récemment améliorées, et de
nouvelles méthodes (par exemple des approches fondées
surunensemble)ontétédéveloppéesenvuedeleurcarac-
térisation[GTII3.4,3.5].Toutefois,lesprojectionsquanti-
tatives des changements dans les précipitations, l’écoulement
uvialou le niveau des eauxà l’échelle du bassin hydro-
graphique restent entachées d’incertitudes, dont il convient
detenircomptedanslaplanicationdesdécisionsrelatives
auchangementclimatique.[GTIIRT,3.3.1,3.4]
L’adaptation au changement climatique se fait à la fois dans
le temps et dans l’espace. Elle s’appuie sur les mesures prises
au niveau des collectivités, des bassins hydrographiques
et de la communauté internationale pour faire face à la
variabilité du climat dans le cadre d’actions et de politiques
visant à atténuer les vulnérabilités dans une perspective
à long terme. Le fait d’investir constamment dans des
mesures d’adaptation uniquement basées sur les expériences
passéesplutôtquesurlesprévisionsdelavariabilitéetdu
changement climatiques, va probablement augmenter la
vulnérabilité au changement climatique de plus d’un secteur.
[GTIIRT,14.5]