! ! ! ! !!!!!!!!!! !!!!!!!!!!!!!!!!!!! ! ! ! ! ! !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! COMMUNIQUÉ DE PRESSE – 25 JANVIER 2010 Pourquoi certains oiseaux migrent-ils chaque année vers les régions hostiles et lointaines de l’Arctique ? Les petits échassiers ou limicoles arctiques (bécasseaux, pluviers, grands gravelots, tournepierres, etc.), dont de nombreuses espèces migrent à travers la France, peuvent parcourir plusieurs dizaines de milliers de kilomètres chaque année le long de voies de migrations intercontinentales connectant leurs zones d’hivernage méridionales (jusqu’en Afrique, Amérique du Sud et Océanie) et leurs zones de reproduction polaires. Olivier Gilg, associé au laboratoire Biogéosciences [UMR5561 CNRS/Université de Bourgogne] et Nigel Yoccoz, de l’Université de Tromso en Norvège, présentent les prédateurs comme principaux responsables de ces migrations, dans un article publié dans la revue Science du 15 janvier 2010. 1. Bécasseau maubèche (red knot) © Gilg et Sabard / GREA. De nombreuses études ont expliqué par le passé comment ces oiseaux surmontaient les problèmes physiologiques et d’orientation liés à ces longues migrations, mais les véritables raisons qui les incitent à migrer restaient pour l’instant obscures. L’étude récente menée dans l’Arctique canadien sur un trajet latitudinal de plus de 3000 km (McKinnon et al, Science 327 : 326-327), vient de mettre en évidence une corrélation négative entre la latitude et le taux de prédation des nids dans la Toundra : plus ces oiseaux nichent au nord, moins ils risquent de voir leurs nids prédatés. Pour ces oiseaux, le coût élevé d’une longue migration (besoins énergétiques et risques de mortalité accrus) semble ainsi être compensé par un taux de reproduction plus élevé dans le Nord. Si la pression de prédation est bien le facteur déterminant de la migration de certains oiseaux de l’Arctique, elle façonnerait donc aussi indirectement la biodiversité des écosystèmes terrestres de cette région. Cette hypothèse, négligée jusqu’à présent par les biogéographes, est confortée par l’étude comparée des aires de distribution d’autres espèces arctiques. Ainsi, la répartition des lemmings arctiques, rongeurs formant habituellement l’essentiel des proies des prédateurs terrestres, est exemplaire à cet égard. ! ! ! ! !!!!!!!!!! ! ! ! 2. Bécasseau violet (purple sandpiper) © Gilg et Sabard / GREA. !!!!!!!!!!!!!!!!!!! ! ! !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 3. Renard polaire (arctic fox) © Gilg et Sabard / GREA. Au Svalbard (Spitzberg) et dans le Sud et l’Ouest du Groenland par exemple, les lemmings sont absents ; les oiseaux deviennent donc des proies importantes, notamment pour le renard polaire. Seules les espèces les moins sensibles à la prédation (grand gravelot et bécasseau violet par ex.) parviennent à s’y reproduire. Au contraire, dans le Nord du Canada, le Nord et l’Est du Groenland, la présence des lemmings engendre une réduction de la pression de prédation sur les oiseaux, permettant également la nidification d’espèces apparemment plus sensibles aux prédateurs (Bécasseaux sanderling et maubèche par ex.). 4. Contrairement aux Gravelots et au Bécasseau violet (aires de distribution respectives sur les deux cartes de gauche), qui se reproduisent dans une grande partie de l’Arctique canadien, du Groenland et du Svalbard en compagnie du Renard polaire (fond de carte rose), les Bécasseaux sanderling et maubèche (cartes de droite), plus sensibles à la prédation, ne se rencontrent que dans les régions où se trouvent également des lemmings (fond de carte vert) Contacts - Coordinateur du projet Olivier Gilg – Laboratoire Biogéosciences I [email protected] I 03 80 35 09 23 I 06 59 18 26 42 I - Presse CNRS délégation Centre-Est service communication I Jean-François Tritz I [email protected] I 03 83 85 60 38 I 06 24 43 71 86 - Presse Université de Bourgogne service communication I Aude Laurent I [email protected] I 03 80 39 50 07