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incompréhensible le sens profond de la vie consacrée, en la
privant de tout fondement réel. La vie consacrée, pour être
authentique, doit forcément diriger et exprimer les qualités, les
capacités et les valeurs dont un homme est dépositaire. Cette
remarque est plus que jamais actuelle lorsque tant d’« œuvres »
et de « services » sont soumis à une remise en cause radicale,
et que l’on exige toujours plus de critères de discernement et de
choix. Ces critères, tirés des seules circonstances extérieures,
risquent cependant de conduire à une banalisation de la vie
religieuse et de faire survivre l’idée, encore présente en certains
milieux ecclésiaux et sociaux, qu’elle n’est rien d’autre qu’une
main d’œuvre à bon marché, utilisable à la demande; certains
d’ailleurs apprécient encore volontiers cet état de fait.
Creuser plus profondément la réflexion concernant la place
que tient la vie consacrée dans le « mystère » et la mission de
l’Église nous paraît donc indispensable; et cela afin de pouvoir
déterminer son fondement, de comprendre le service qu’elle doit
y accomplir, et de quelle manière elle doit l’effectuer. Dans le
Corps mystique, les services sont liés, comme pour le corps
physique, à la « nature » des divers organes qui, ensemble et
dans une commune interdépendance, construisent l’organisme
tout entier et le perfectionnent. Ce n’est que lorsque l’on aura
déterminé la nature profonde de la vie consacrée et les valeurs
qu’elle incarne dans l’Église, qu’il sera possible d’en comprendre
sa mission; et que l’on sera en mesure de définir les services qui
lui sont propres et qui lui permettront éventuellement de