Plus haut «sommet» de la moitié sud de l`atoll de Tarawa à Kiribati

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Journal of Alpine Research | Revue de
géographie alpine
Lieux-dits
Plus haut « sommet » de la moitié sud de l’atoll de
Tarawa à Kiribati
Altitude, changement climatique et réalités du quotidien
JC Gaillard
Éditeur
Association pour la diffusion de la
recherche alpine
Édition électronique
URL : http://rga.revues.org/1736
ISSN : 1760-7426
Référence électronique
JC Gaillard, « Plus haut « sommet » de la moitié sud de l’atoll de Tarawa à Kiribati », Journal of Alpine
Research | Revue de géographie alpine [En ligne], Lieux-dits, mis en ligne le 10 avril 2012, consulté le 30
septembre 2016. URL : http://rga.revues.org/1736
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Plus haut « sommet » de la moitié sud de l’atoll de Tarawa à Kiribati
Plus haut « sommet » de la moitié sud
de l’atoll de Tarawa à Kiribati
Altitude, changement climatique et réalités du quotidien
JC Gaillard
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L’altitude, ou l’absence d’élévation,
constitue un puissant argument politique
et
médiatique
dans
le
contexte
contemporain du changement climatique.
Cette photo prise à South Tarawa, Kiribati,
est une parfaite illustration du discours
tenu par certains gouvernements des pays
les moins élevés au monde pour attirer
l’attention sur leur territoire.
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Ainsi, les médias internationaux ont
récemment fait leurs titres de l’initiative du gouvernement de Kiribati, et notamment de
son charismatique président, d’acheter des terres aux Fiji dans l’optique d’un relogement
progressif des habitants de ce chapelet d’atolls du Pacifique menacés par la montée des
eaux océaniques. Cette mesure s’inscrit dans la droite ligne d’une série de projets de
protection de l’archipel financés à coups de millions de dollars américains par la Banque
mondiale et autres acteurs internationaux du développement.
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Si ces actions très médiatisées ont permis à beaucoup de localiser Kiribati sur un
planisphère, elles se révèlent éloignées des préoccupations quotidiennes des habitants.
Les locaux semblent en effet davantage préoccupés par leurs besoins alimentaires et
sanitaires, le paiement des impôts et autres droits de scolarité de leurs enfants, que par la
faible altitude de leur atoll et la montée des eaux océaniques à un horizon multi-décennal
(Zuñiga, 2007 ; Watters, 2008). De nombreuses études ont d’ailleurs montré qu’anticiper et
planifier étaient des concepts étrangers à la culture i-kiribati où les moyens de
subsistance favorisent le court terme (Lundsgaarde, 1967 ; Thomas, 2002 ; Watters, 2008).
Malgré tout, au cours des deux derniers millénaires, les communautés locales ont fait face
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Plus haut « sommet » de la moitié sud de l’atoll de Tarawa à Kiribati
avec succès à de multiples challenges environnementaux et sociaux tels de sévères
sécheresses, des famines, des épidémies et des changements dans le climat (Lundsgaarde,
1966 ; Nunn, 2007).
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De manière similaire, les institutions du pays sont mal à l’aise avec le besoin de planifier
leurs actions sur le long terme tel qu’initialement imposé par le gouvernement colonial
britannique puis repris par les agences internationales de développement (Thomas and
Tonganibeia, 2007 ; Watters, 2008). La plupart des plans de développement et ceux
dessinés pour faire face aux changements climatiques par les autorités gouvernementales
ne sont pas adoptés par les conseils insulaires chargé de l’administration des différents
atolls, même dans le cas de ceux dont l’altitude ne dépasse pas quelques mètres. Là aussi,
le modèle occidental de développement s’oppose au système traditionnel de gouvernance
qui s’appuie sur la résolution au coup par coup des problèmes du quotidien lors de
réunions tenues au sein des maisons communautaires, baptisées maneaba (Maude, 1980 ;
Tabokai, 1993).
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Le décalage entre le discours gouvernemental et le discours international autour de la
faible altitude des atolls de Kiribati dans le contexte du changement climatique et les
priorités quotidiennes des communautés et institutions locales est évident. Les projets de
l’État et des agences internationales de développement ont, de ce fait, peu d’impact au
niveau local, notamment au-delà de l’atoll capital de Tarawa. Malgré tout, les bailleurs de
fond du développement insistent pour imposer un changement dans les comportements
en s’appuyant sur des campagnes d’information sur l’impact potentiel du changement
climatique et de la montée des eaux océaniques (Menzies, 2009 ; The World Bank, 2010).
Un tel acharnement est préoccupant car il reproduit un schéma de pensée et d’action qui
a depuis longtemps montré ses limites au sein des champs plus larges de la réduction des
risques de catastrophe et du développement.
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Bien évidemment, mettre en avant les réalités du quotidien ne signifie pas éluder les
contraintes à plus long terme qu’impose le changement climatique pour les pays les
moins élevés au monde, notamment car les habitants de Kiribati en perçoivent déjà
certains effets dans leur environnement immédiat. Il s’agit plutôt de repenser ce dernier
dans son contexte local. Quoi qu’il en soit, un renforcement des moyens de subsistance et
du quotidien des habitants de Kiribati réduira leur vulnérabilité et consolidera, à long
terme, leur capacité à faire face aux impacts du changement climatique. Ceci quelle que
soit l’altitude de l’atoll ou du pays.
BIBLIOGRAPHIE
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Plus haut « sommet » de la moitié sud de l’atoll de Tarawa à Kiribati
TABOKAI
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Oceania, Victoria University Press, Wellington.
ZUÑIGA M.L., 2007. – Priorities of the people : hardship in Kiribati, Asian Development Bank, Manille.
AUTEUR
JC GAILLARD
School of Environment, The University of Auckland, Nouvelle-Zélande
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