Retour sur le procès de Pascal HILOUT et Pierre CASSEN :
Le regard d’un socialiste sur le site Riposte Laïque
Pour moi, le vocable « Riposte Laïque » n’évoquait qu’une furtive opération
« apéro-saucisson-pinard » ayant défrayé la chronique il y a quelques années,
vaguement attribuée à des groupuscules « identitaires » ou à tout le moins de
« laïcards » pur sucre, opération vite refoulée dans ma mémoire par le
déferlement quotidien d’informations et le tohu-bohu médiatique.
Pour pousser plus loin la réflexion, il faut soit être intéres par la
problématique de l’immigration en France (ce qui est mon cas) soit être
directement concerné (en habitant par exemple un quartier ou une ville à forte
proportion d’immigrés) soit encore y trouver un intérêt professionnel ou tout
simplement une curiosité intellectuelle (ce qui est mon cas, en tant que juriste)
Au-delà de cela, la tentation de l’indifférence (si bien chantée par Gilbert
BECAUD) est grande, il est si simple en effet de détourner les yeux et de ne pas
voir les maux de la société française actuelle (le fameux « repli sur soi »)
A cela s’ajoute bien évidemment les ravages du « politiquement correct », de la
bien-pensance, porté par un discours dominant « antiraciste » et la vision
idyllique d’une France « multiculturelle » « black-blanc-beur », à laquelle les
plus jeunes générations ont dû s’abreuver depuis plusieurs décennies….
Ayant un intérêt pour le monde arabo-musulman et l’islam, ayant des amis
musulmans, ayant pas mal visité les pays arabo-musulmans (notamment
l’Egypte depuis 20 ans), ayant enfin un peu étudié pour des motifs
professionnels l’islam et le Droit Musulman, c’est donc presque
« naturellement » que mes pérégrinations sur Internet me conduisirent à
visiter le site « Riposte Laïque » : après m’être abonné à la Newsletter,
j’échangeais par courriels privés avec « Cyrano » puis avec Pierre CASSEN, le
fondateur de ce site
Certes, ayant toujours eu une sensibilité de Gauche et étant adhérent PS (et
militant à mes heures) cette démarche peut sembler de prime abord
déroutante…. Je découvrais toutefois (avec un certain bonheur mêlé de
questionnements sur leur cheminement idéologique) que les initiateurs de RL
étaient souvent des gens de Gauche, venant du monde politique ou syndical
Toutefois, si le positionnement actuel, voire la complaisance affichée, envers le
FN par Riposte Laïque peut faire repoussoir pour le socialiste que je suis, je
veux croire que nous partageons néanmoins des valeurs communes : amour de
la France et de la République, volonté farouche de préserver la laïcité (qui est
quand même un concept « de Gauche » à l’origine), humanisme, progrès social,
refus du communautarisme, etc….
Pierre CASSEN m’ayant fort aimablement transmis la copie du premier
jugement rendu à son encontre, ainsi qu’à Pascal HILOUT, par la 17ème Chambre
Correctionnelle du TGI de Paris le 23 Mars 2012, je me décidais donc,
accompagné d’un ami, à me rendre au Palais de Justice le 5 Mars dernier,
l’affaire revenant en Appel devant la Chambre 7 de la Cour d’Appel de Paris
Je ne reviendrai que brièvement sur le déroulement du procès, déjà rapporté
et commenté, pour me consacrer plutôt à l’essentiel ; rappelons simplement
que lors du premier procès, Pascal et Pierre ont été condamnés pour infraction
à la fameuse loi sur la presse du 29 juillet 1881, sur le fondement du « délit de
provocation à la discrimination… à l’égard d’un groupe de personnes à raison
de leur appartenance à…. une race ou une religion déterminée »
La raison en était la publication en 2010, sur le site Riposte Laïque, de deux
éditoriaux intitulés « OCCUPATION, bien sûr que les prières dans la rue, les
voiles, le halal et les mosquées, sont des symboles d’occupation et de
conquête ! » et également « pourra-t-on vaincre l’offensive islamiste par les
seuls moyens démocratiques ? » dont les termes permirent au Tribunal de
caractériser l’infraction et de recevoir favorablement les constitutions de partie
civiles de plusieurs associations de défense des Droits de l’Homme (dont la
Ligue des Droits de l’Homme à l’origine des poursuites, LICRA, MRAP….)
Lors du second procès de Mars dernier, le débat fut de nouveau posé en
termes identiques : après un long rappel par le Tribunal du contexte du premier
procès, actant la demande de relaxe formulée par nos deux compères, le juge
rappela l’enjeu juridique de cette nouvelle instance : les termes employés dans
les deux textes litigieux publiés sur le site RL, contenant également les mots
« ce sera eux ou nous » propos des islamistes) ainsi que les vocables
« envahisseurs » et « fanion d’une armée » (à propos des musulmans et du
voile) constituent-ils un délit de provocation publique au visa de la loi sur la
presse de Juillet 1881 ?
Pierre CASSEN fut appelé à la barre : rappelant d’abord avoir vendu depuis la
commission des faits son site RL, puis « clivant » d’emblée le débat en affirmant
ne rien renier de ses précédents propos, estimant n’avoir commis aucune faute
et affirmant qu’il réécrirait aujourd’hui les mêmes textes…
Puis vint le tour de Pascal HILOUT, l’autre contributeur de RL en cause pour son
texte signé « Cyrano » (en fait largement inspiré des propos de l’écrivain René
MARCHAND) : celui-ci expliqua à la Cour son parcours de musulman apostat,
soulignant ensuite la nature « élitiste » de l’islam, qualifié de « danger
totalitaire » et invitant à aider les musulmans à s’émanciper de leur religion
Aux questions des avocats des parties civiles, notamment Maitre TUBIANA lui
demandant s’il était possible de pratiquer la religion musulmane en France,
HILOUT répondit qu’un « Code de conduite de l’islam » serait nécessaire, en
profitant pour pointer du doigt le fréquent refus d’intégration de certains
musulmans, avec les fameux « territoires perdus de la République »…. avançant
également pour illustrer son propos le chiffre de 90% de musulmans épousant
d’autres musulmans, nourrissant ainsi le communautarisme
C’était au tour ensuite des 4 témoins de la défense d’être appelés à la barre…
d’abord une femme marocaine, évoquant son « effroi » devant la régression
des libertés en France face à la montée de l’islam, ce phénomène la
« renvoyant à ses origines de musulmane marocaine » et évoquant l’expansion
de l’islam en France comme une « affaire de nombre »… la « soumission » à
l’islam étant vécue par ses pratiquants comme une vertu….
Une iranienne vivant en France depuis 1985, nous expliqua que du point de vue
des libertés des femmes, la France « n’était pas si loin » de l’Iran…. évoquant
également l’agression dont elle fut victime en 2011 lors du Ramadan, pour
avoir mangé un sandwich-jambon…
Puis vint Mr Alain DUBOS (contributeur à Riposte Laïque) nous relatant avec
une vive et sincère émotion son parcours de « french doctor » dans les pays
musulmans, notamment l’Afghanistan, qui lui permit de voir les effets pervers
de l’islam sur la santé publique (femmes enceintes mortes pour défaut de
soins, etc…) et faisant le parallèle avec des cas similaires actuellement en
France (maris musulmans refusant que leurs épouses soient examinées par un
médecin homme…)
Le dernier témoin, chauffeur de bus à la RATP, nous expliqua ses difficultés
croissantes au travail du fait de l’intrusion grandissante de l’islam, avec de plus
en plus de collègues « barbus » faisant notamment la prière sur les lieux de
travail, ou faisant pression sur ceux de leurs coreligionnaires ne faisant pas le
Ramadan…. Mais surtout, ce dernier témoin mis en exergue le « réflexe
communautaire » des musulmans, avec les musulmans « modérés » adoptant
en définitive les mêmes pratiques que les musulmans les plus radicaux
Ensuite, nous eûmes droit aux plaidoiries des avocats des Associations…..
Maitre TUBIANA avança d’emblée l’argument « béton » selon lequel la Cour
n’avait pas à apprécier la « critique d’une Foi »…. En effet, si la critique de
l’islam est licite selon lui, relevant de la liberté d’expression, à contrario (et je
m’attendais à cet argument juridique quasi-imparable) « la critique d’une
catégorie de population du fait qu’elle est musulmane » devient illicite…. Selon
cet avocat, les propos de CASSEN et HILOUT visent à « interdire l’islam en
France » et à « haïr d’autres citoyens du fait qu’ils sont musulmans », portant
de ce fait atteinte à la paix civile…. TUBIANA demandant donc tout
naturellement à la Cour la confirmation du premier jugement
Le second avocat de la LICRA, exprimant de façon presque risible sa « colère »
face à l’attitude de nos deux comparses, avançait notamment l’argument selon
lequel les témoins, « bien qu’exposant de réelles souffrances, déviaient le
débat »…. Extrayant également des textes litigieux de RL la phrase « il n’est pas
possible de vivre avec eux » (les musulmans) pour affirmer que de tels propos
tombent sous le coup de la loi…..
L’avocat de SOS RACISME fut lui moins convaincant, se bornant à dire que RL
était « monomaniaque » contre l’islam…. Et rappelant que la liberté
d’expression avait des limites, notamment l’incitation à la haine raciale
(oubliant au passage que l’islam est une religion et non une race…)
L’avocat du MRAP parlait lui de « provocation à la haine » et de « pensée
factieuse »… et avançait des jurisprudences équivalentes (notamment un
jugement de 2010 portant sur le « complot juif » assimilable selon lui aux
« envahisseurs musulmans » de RL….)
Enfin, l’avocat du CCIF (Collectif contre l’islamophobie) après avoir rappelé lui
aussi les limites légales à la liber d’expression, se lança dans une diatribe
lyrique envers nos deux accusés, leur reprochant pêle-mêle leur « vision du
Monde dominée par leur phobie », leur « islamophobie », leur stigmatisation
d’un groupe de personnes à raison de son appartenance religieuse, à coup de
« complot » et de « grand remplacement », le tout fondé sur une « sous-
littérature » se développant depuis 20 ans… appelant enfin à rebaptiser le site
RL en « Riposte anti-Laïque »
Puis, l’Avocat Général dans ses réquisitions, invita elle aussi la Cour à ne pas
juger des faits de société, à ne pas porter d’appréciation sur l’islam posant
également les limites de la liberté d’expression ainsi que la définition de la
laïcité donnée par le Conseil Constitutionnel, elle considéra que les propos
litigieux contenus dans les deux textes de RL visaient l’ensemble de la
communauté musulmane de France et n’opéraient pas une distinction
suffisamment précise entre les musulmans dans leur ensemble désireux de
s’intégrer en France et les islamistes aux visées expansionnistes et totalitaires
Ensuite, ce fut au tour des plaidoiries des avocats de la défense : Maitre SEBAG,
soulignant d’abord le fait que les conflits dans le Monde étaient
« majoritairement musulmans », dénonça ensuite la « bien-pensance » la
« dissimulation de la réalité » et le « déni de la réalité des parties civiles »… et
demanda donc à la Cour la relaxe de ses clients
Le second avocat, Maitre SCIPILLITI, constata d’abord que le constat fait par RL
sur l’islam était en réalité celui fait par la société française…. Avançant un
récent sondage IPSOS selon lequel 8 français sur 10 pensent que les musulmans
veulent imposer leur mode de vie, il « convoqua » à la barre à l’appui de sa
thèse de grands noms d’écrivains et d’essayistes impliqués dans ces questions
(MARCHAND, Luc FERRY, ONFRAY, Malika SOREL, KEPEL, CAMUS, CALDWELL)
Enfin, le dernier avocat, reprenant le même argumentaire, souligna que le site
RL avait un « but de vigilance », précisant que RL ne parlait pas que d’islam
(mais aussi de politique, etc…) il invita la Cour à ne pas se faire la complice
d’une idéologie : l’islam, et sollicita la relaxe pure et simple
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