COBOL : l’étonnante jeunesse, avec SQL et Java
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COBOL : l’étonnante jeunesse, avec SQL et Java
Le langage COBOL toujours sans successeur Pierre Fischof, Consultant
Il peut sembler paradoxal pour une grande quantité d’esprits scientifiques et des affaires que le langage
COBOL né en 1959, dont on annonça la mort proche presque à sa jeunesse, soit resté encore en pleine
vigueur pour écrire les grandes applications de gestion.
Presque sans successeur mais non sans évolutions avec l’état de l’art technologique le plus récent ni sans
combinaisons avec d’autres langages.
Existe-t-il une alternative à COBOL,
SQL et Java ?
Fig.1: Grace Murray Hopper au pupitre du UNIVAC, c.
1960 (wikipedia anglophone)
Y a-t-il un secret à la longévité si surprenante du
langage COBOL ?
Oui, certainement.
On pourrait sans doute résumer à quatre les
raisons principales à la source de la fontaine de
jouvence dont jouit le langage COBOL depuis tant
d’années :
L’adaptation : un projet collectif au départ
parfaitement adapté par ses promoteurs aux
besoins finals ;
Ses promoteurs : lesquels sont puissants,
motivés, unis et dynamiques ;
L’évolution : Un projet suivi et adapté de façon
collective, ceci au travers six standards
successifs ;
L’absence d’un successeur : qui soit à la fois
crédible et apte à le remplacer.
De plus, des féministes ajouteront que c’est une
femme, Grace Hopper, qui est l’une des principales
initiatrices de ce langage, au travers du langage
FLOW-MATIC en 1954, à côté du langage
COMTRAN de Bob Bemer en 1957, comme les
rapportent les encyclopédies Wikipédia
francophone et anglophone.
On peut noter aussi que le suivi du langage lui-
même fut le fait d’organismes mixtes.
L’Armée américaine, si innovante et pragmatique,
reconnaissons-lui cette qualité, en matière
informatique, avait besoin d’un langage de gestion
universel, manipulant aisément les fichiers, fiable et
simple à documenter et à maintenir. Avec différents
partenaires, elle prit donc l’initiative de construire le
langage COBOL, lequel fit l’objet rapidement d’un
consensus international industriel et économique,
voire scientifique, pour pouvoir développer les
grandes applications de l’informatique de gestion.
C’était le langage dont toutes les grandes
administrations semblaient avoir le plus grand
besoin.
Il est à noter que l’on devra plus tard aussi à
l’Armée américaine la création d’un magnifique
langage industriel nommé ADA, mais dont le génie
scientifique, si proche du francophone Pascal, n’eut
d’égal que son peu de succès à l’exportation, hors
une utilisation interne parfaitement efficiente pour
construire des systèmes fiables ; ceci malgré des
mérites scientifiques incontestés.
Les atouts initiaux du COBOL
C’est peu après l’utilisation massive et incontestée
des langages d’assemblage, proches des
instructions d’une machine dédiée et presque
directement traduisibles en code exécutable
binaire, que naquirent les langages développés
universels scientifiques et de gestion que furent
FORTRAN et COBOL, indépendants des
constructeurs de machine et de leurs systèmes
d’exploitation.
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Le coût de l’heure de machine commençant à
baisser relativement par rapport à celui des heures
d’ingénieurs développeurs et aux coûts de
maintenance des applications, on souhaita confier
donc à la machine l’effort de traduction des
instructions d’un langage plus proche de l’homme
en code assembleur puis en code directement
exécutable par la machine.
Le principal atout de COBOL était, outre la
puissance grandissante de ses instructions, plus
proches de l’homme par rapport à l’assembleur,
l’aisance de son auto-documentation et la clarté de
sa structure, certes contraignante au départ, mais
obligeant à déclarer toutes les données et leur
structure hiérarchique, dans des sections dédiées,
avant-même leur utilisation par la procédure.
On peut dire que ce sont ces qualités mêmes
d’exigence théorique de maintenabilité qui l’ont
souvent fait détester par les amoureux de la
virtuosité informatique et du bidouillage astucieux et
libre. Ces derniers ont donc préféré des langages
mieux adaptés à leurs désirs.
Les renouvellements
incorporés aux langages
Grâce à ses promoteurs internationaux et à leur
union, COBOL a su se renouveler au travers de six
standards successifs validés par l’ANSI (American
National Standards Institute), intégrant, même avec
retard, les éléments de l’état de l’art en matière
technologique et des langages de programmation.
COBOL-60, le premier d’entre eux, définit un
langage intelligible par l’homme, simple à
comprendre et à documenter, pouvant appeler
des sous-programmes tant écrits en COBOL
qu’en assembleurs ou en d’autres langages, et
spécialisé dans la manipulation simple de
nombreux fichiers et structures de données
complexes ;
COBOL-68 incorpore la gestion automatisée
des tables et tris automatisés, la segmentation
possible des programmes pour leur gain de
place en mémoire, les différents modes d’accès
directs aux fichiers, les facilités de
programmation d’éditions automatisées ;
COBOL-74 poursuit les améliorations et corrige
des défauts du langage qui compliquaient sa
maintenance. Comme il a intégré de façon
modulaire (par les instructions EXEC et END-
EXEC), la gestion des différents moniteurs
interactifs de transactions et des différentes
bases de données du marché, il intégrera plus
tard de la même façon le nouveau langage
SQL d’accès aux bases de données
relationnelles qui l’enrichira ainsi ;
COBOL-85 adopte la programmation structurée
comme mode de programmation possible, avec
les séquences répétitives et alternatives et
leurs bannières de fin de séquences intégrées
au langage (END-IF, END-PERFORM, END-
READ), le transformant en langage
algorithmique, assouplissant sa structure et sa
syntaxe et l’affranchissant des anciennes
colonnes figées et des points à chaque
instruction ;
En 1989, le langage intègre les fonctions
intrinsèques, mathématiques, de chaînes de
caractères ou autres, sans besoin de recours à
des sous-programmes externes écrits en
Fortran ou en C, par exemple,
COBOL-2002 (COBOL Objet) adopte et
incorpore la programmation objet, avec tous
ses mécanismes d’héritage, l’ouverture au
standard XML de définition des données, la
gestion des pointeurs, des booléens, des bits
ainsi que le support de toutes les langues
nationales et leur alphabet au moyen
d’Unicode…
À côté de ces standards, certains acteurs n’hésitent
pas à créer leurs propres extensions au langage
COBOL, en lui adjoignant des instructions de
programmation des interfaces Web, comme ce fut
le cas, par exemple, de l’éditeur de logiciel Micro
Focus.
Beaucoup de langages prometteurs
L’apparition de nombreux nouveaux langages
scientifiquement « géniaux » n’a pas manqué de
voir le jour depuis la création de COBOL.
On peut citer parmi ceux-ci Algol, Pascal et ADA,
lesquels, pour la déception de beaucoup, ne
reçurent pas le plein succès que méritaient leurs
très grandes qualités.
À côté de nombreux langages propriétaires plus ou
moins liés à un constructeur, d’autres langages
universels, plus proche du système, apparurent,
tels C, C+, C++, qui permirent, avec les systèmes
d’exploitation universels Unix et Linux, de concevoir
des systèmes et applications portables
indépendants de la machine.
De nombreux autres langages plus spécialisés, tels
HTML, PHP, Python et Javascript remplirent
parfaitement et efficacement la tâche à laquelle ils
étaient dédiés.
Cependant, parmi les autres langages que COBOL
ayant réussi à s’imposer universellement au milieu
des années 2010, il semble qu’il y a surtout le SQL,
pour la gestion des Bases de Données
Relationnelles, et Java pour l’écriture des interfaces
homme-machines et l’adaptation à la technologie
Web, pour régner en maîtres incontestés sur toutes
les plates-formes.
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Fig. 2 Duke, la mascotte Java (Wikipédia)
Les promesses dangereuses
des marchands du temple
C’est à la fin des années quatre-vingt et dans les
années quatre-vingt-dix que des industriels et
financiers intéressés, suivis de nombreux
professionnels et journalistes peut-être un peu
naïfs, promirent à la fois la fin des gros ordinateurs
et de leurs fournisseurs, et celle sans appel du
langage COBOL. Ces oracles annonçaient, comme
une nouvelle collection de mode ou une révolution
culturelle, le triomphe immédiat de la
décentralisation informatique, au nom du mot
d’ordre de « down-sizing », et l’avènement et la
généralisation de la technologie et des langages
dits « Client-Serveurs», que peu de personnes et
peu d’organisations étaient humainement capables
de maîtriser, malgré les progrès technologiques
survenus.
À court terme, l’opération connut certes pour ses
promoteurs un succès financier intéressant.
À long terme, en revanche, de nombreuses
entreprises utilisatrices durent déchanter et revenir
en arrière vers des choix informatiques plus
robustes, éprouvés et maîtrisables, à moins de
disparaître. Les sommes fabuleuses englouties
dans de tels projets furent alors passées le plus
souvent par pertes et profits.
Quelques années après, dans les années 2000,
revint alors la mode de la centralisation et de la
consolidation informatique et comptable des
groupes et de leur fédération autour de progiciels
culturellement uniformisants tels SAP,
parallèlement à une poursuite de la
déconcentration et départementalisation de
l’informatique.
La situation surprenante
des applicatifs planétaires
Aujourd’hui, si l’on s’en réfère aux enquêtes
reconnues du Gartner Group, 75 % des données
du monde des affaires sur la planète étaient
toujours traitées en 2005 par des programmes
écrits en COBOL ! (80 % en 1997 avec
200 milliards de lignes de code).
Cette situation, surprenante en apparence,
montrerait la différence entre la partie visible et la
partie immergée de l’iceberg des systèmes
d’information automatisés. Notons que l’épineux
passage à l’an 2000 des programmes
imparfaitement codés nous a fourni une excellente
occasion d’inventaires assez exhaustifs du
patrimoine applicatif.
Pour ce qui concerne les développements futurs,
en revanche, le Gartner Group estimait que 15 %
des nouveaux programmes développés le seraient
encore en COBOL, ce qui est déjà une grosse
quantité… (en 1997, 5 milliards de nouvelles lignes
de code écrites annuellement en COBOL étaient
estimées).
Dernièrement, une importante administration
française choisissait, comme beaucoup d’autres
entreprises, de développer ses nouveaux projets
les plus sensibles en COBOL, SQL et JAVA, ceci à
l’aide du recours temporaire à des compétences
externes, et décidait de former méthodiquement
ses chefs de projet à ces langages pour la
maintenance.
IDENTIFICATION DIVISION.
PROGRAM-ID. HELLO-WORLD.
PROCEDURE DIVISION.
DISPLAY 'Hello, world'.
STOP RUN.
Exemples de déclaration de données en Cobol
(http://en.wikibooks.org/wiki/COBOL)
77 I pic s9 (4) usage is binary.
01 TRANSACTION-RECORD.
05 RECORD-NUMBER PICTURE S9 (7)
COMP-3 VALUE ZERO.
05 RECORD-DESCRIPTION PICTURE X
(30) VALUE SPACES.
05 EDITED-AMOUNT PIC
$$$$,$$$,$$$.99-.
05 FILLER PIC X (60) VALUE
SPACES.
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Exemples d’ordres de calcul et d’affections en Cobol
(http://en.wikibooks.org/wiki/COBOL)
MOVE A TO B.
COMPUTE GROSS-PAY = HOURS-WORKED
* HOURLY-RATE
MULTIPLY HOURLY-RATE BY HOURS-
WORKED GIVING GROSS-PAY
SET MY-INDEX TO 1
MOVE A TO B. *> THIS IS A
COMMENT ON THE SAME LINE AS A
STATEMENT
Exemples de structures alternatives en Cobol
(http://en.wikibooks.org/wiki/COBOL)
If my-number is numeric
continue
else display 'data field "my-
number" is not numeric'
end-if
Exemples de structures répétitives en Cobol
(http://en.wikibooks.org/wiki/COBOL)
Perform 6 times
add +1 to loop-count
end-perform
Perform process-1-billing-record
until all-records-processed
Perform clear-1-table-entry
varying tbl-index from +1 by +1
until tbl-index is greater than
max-table-entries
Pouvoir développer durablement
Reste le problème que, malgré l’avènement de
nombreux langages candidats en eux-mêmes très
méritants, peu de ceux-ci ont réussi à faire
consensus en dehors d’un champ d’application
spécialisé.
En conséquence, aucun langage crédible n’est
encore apparu pour reconquérir la place du vétéran
COBOL afin de pouvoir le supplanter et lui
succéder…
Le plus paradoxal n’est-il pas que pour principales
raisons invoquées qui rendraient prétendument
nécessaire un abandon du langage COBOL, l’on
évoque une certaine pénurie de ressources
humaines actuelles et d’étudiants formés au
langage, en particulier en France ?
Si les écoles, universités et industries ont manqué
d’esprit visionnaire et de pragmatisme en sous-
estimant cette formation stratégique, invoquer cette
raison serait-il légitime pour freiner l’utilisation du
langage ?
Ne serait-il pas un argument à courte vue ?
Reste aussi la question : cela serait-il souhaitable
et quelles seraient les raisons authentiques qui
rendraient pertinentes le remplacement d’un
langage plutôt que le choix de l’évolution de celui-
ci ?
Cette question ne mérite-t-elle pas d’être posée ?
Notes
On trouvera dans la version anglophone de
Wikipedia ainsi que dans ses annexes Wkibook et
Wikiversity maintes riches informations sur les
langages qui ne figurent pas encore dans la version
francophone.
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