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« Si on augmente les taxes sur la consommation », cela pourra se traduire par un effet négatif sur
l'activité économique, qui mènera « à une baisse des recettes contraire à l'effet souhaité », avertit M.
Badaro. « Les taxes ne doivent pas être augmentées tant que la qualité des services publics et des
infrastructures n'est pas améliorée de façon notable », ajoute-t-il. « Le consensus politique actuel a
engendré une hausse de la confiance des consommateurs, mais celle-ci sera compromise en cas de
hausse des taxes », renchérit le directeur du département de recherche de la Byblos Bank, Nassib
Ghobril.
Mais la plus contestée des mesures demeure la hausse de la TVA. « Elle creusera davantage les
inégalités sociales, car elle aura un impact beaucoup plus grand sur le pouvoir d'achat des individus à
revenus limités », regrette l'avocat fiscaliste Karim Daher. « Il faut plutôt songer à baisser la TVA à 5 %
pour les produits de première nécessité, l'augmenter à 15 % pour les produits de luxe et maintenir un
taux de 10 % pour les produits intermédiaires », poursuit-il. « Un relèvement d'un, voire de deux points
du taux de la TVA peut être adopté, mais à condition qu'il ne soit pas accompagné par d'autres
mesures visant les catégories à revenus limités », estime de son côté l'ancien ministre, Georges Corm.
Certains contestent aussi les hausses de taxation sur les activités professionnelles comme la hausse de
deux points de la taxe sur les intérêts bancaires (à 7 %) et celle de l'impôt sur les bénéfices des
sociétés de capitaux (à 17 %). Cette dernière « ne distingue pas entre les secteurs touristique,
commercial et industriel qui sont en état de marasme et les secteurs des banques et des assurances
qui continuent de réaliser des bénéfices », regrette Me Daher. « Le régime fiscal actuel favorise les
revenus rentiers et décourage les industries productives », dénonce M. Corm. « Les taxes ne doivent
être augmentées pour aucun type de sociétés. C'est au contraire le moment de réduire les impôts, ce
qui encouragera la consommation et l'investissement. Il faut doper la compétitivité de l'économie
libanaise », réagit M. Ghobril.
Refonte du régime fiscal
Pour réduire le déficit public dans un contexte de grave déséquilibre des finances publiques, les experts
interrogés suggèrent plusieurs types de mesures.
Côté recettes, outre la lutte contre l'évasion fiscale et l'amélioration de la collecte, M. Ghobril propose
des sources alternatives de revenus comme « la taxation du tabac, ce qui rendra service à la santé des
Libanais ». « Une imposition des biens-fonds maritimes permettrait par exemple de générer, selon le