Alors que la crise produit ses effets économiques et sociaux dévastateurs, l’orientation des États et des
institutions internationales (Fonds monétaire international, Union européenne…) vise à imposer une
politique de rigueur.
En particulier, la dette publique est instrumentalisée pour contraindre, sur fond de menace d’une faillite à
des choix économiques et sociaux régressifs. Les véritables enjeux de la dette publique sont cachés : il
s’agit en réalité d’un véritable transfert de richesses au profit de la rente, transfert qui favorise la
spéculation sur les titres d'État et met les finances publiques et sociales sous domination.
Ce choix, particulièrement injuste puisqu’il met à contribution les classes moyennes et modestes sert les
intérêts des plus riches, s’avère en outre inefficace et dangereux. Il contribue à relancer la spéculation,
dont on a pu voir qu’elle est un facteur de déséquilibres structurels du système économique et a un
impact social profondément injuste. Au contraire des orientations gouvernementales, une véritable
politique de relance doit passer par la hausse significative des salaires et l’investissement (notamment
l’investissement public en faveur de la recherche, de politiques environnementales, de l’éducation et de
la formation, du développement des activités industrielles...).
En France, la « révision générale des politiques publiques » (RGPP), la « réforme de l'administration
territoriale de l'Etat (Réate) », la revue générale des prélèvements obligatoires (RGPO), se traduisant
par des restructurations précipitées et par la réduction des effectifs, l’individualisation de la gestion des
personnels, amorcent un basculement vers une fonction publique où la mobilité forcée et la flexibilité
subie sont la règle et où le management est calqué sur celui du secteur marchand. De ce point de vue,
la crise n’a rien changé. Pire, elle est instrumentalisée pour accélérer cette évolution qui change la
nature même de l’action publique.
Promouvoir enfin une politique du plein emploi de qualité
La montée de la précarité sous diverses formes (sous-traitance, intérim, contrats courts, travail non
déclaré, temps partiel subi…), du chômage, la dégradation des conditions de travail (due à la mise en
concurrence des salariés, aux modes de managements, à la pression sur les coûts et les délais…)
exerce une pression sur tous les actifs : chômeurs précaires, salariés du privé et du public, mais aussi
sur la jeunesse.
Le recul des garanties collectives et des droits sociaux constitue une profonde orientation des
politiques de l’emploi menées depuis une vingtaine d’années. Or, l’instauration de droits sociaux de
haut niveau permettrait d’assurer une véritable sécurité sociale professionnelle. Mais en invoquant la
flexibilité, le gouvernement et le Medef plaident au contraire pour une plus grande insécurité sociale
alors que, pour ce dernier, les aides publiques de toutes natures (aides directes, marchés publics,
exonérations, niches fiscales et sociales) se sont multipliées sans contrôle.
Agir pour une protection sociale solidaire s’impose par ailleurs comme une nécessité absolue. Il
est symptomatique de l’aveuglement du « tout marché » de voir que la crise n’a pas fait varier d’un iota
la volonté gouvernementale de laisser se développer un secteur marchand de la santé et de la retraite
complémentaire, ce qui va accroître les inégalités et accentuer la financiarisation dans un contexte où
les assurances santé et les système de retraites par capitalisation sont en grande difficulté et créent de
profondes injustices.
Tout plaide pour une protection sociale assise sur le système par répartition, financée par tous
en fonction des capacités de chacun, au bénéfice de tous selon les besoins de chacun. Il est
parfaitement possible de relever progressivement les cotisations sociales pour tout à la fois
financer le système de sécurité sociale et regagner une part de la valeur ajoutée perdue au cours
des vingt dernières années.
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