LE SOLEIL La naissance du Soleil Le Soleil n’est que l’une des cent milliards d’étoiles de notre Galaxie. Il se situe dans sa périphérie. Régis Le Cocguen LESIA Observatoire de Paris Les réactions thermonucléaires Le Soleil est né il y a 4.6 milliards d’années dans un grand nuage de gaz et de poussière. La gravitation est responsable de l’échauffement qui a produit le déclenchement des réactions thermonucléaires. La vie du Soleil Depuis quelques années, notre modèle de formation du système solaire a évolué. Le modèle de Nice répond mieux aux contraintes observationnelles. Chaque seconde, 700 millions de tonnes d’hydrogène fusionnent pour donner 696 millions de tonnes d’hélium. Les 4 millions de tonnes de différence sont transformés en photons γ qui vont mettre un million d’années à traverser l’épaisseur solaire. Les premières observations Le Soleil de Galilée Les premiers observateurs ont constaté que le Soleil est blanc et parsemé de taches. Ils ont pu mesurer sa rotation et ont constaté que notre étoile tourne plus vite à l’équateur (25j) qu’au pôle (34j). Pourquoi ? Vers 1610, Galilée observe le Soleil et constate qu’il est parsemé de taches. Explications physiques - Le Soleil est jaune-vert ce qui nous indique qu’il rayonne comme un corps noir à 5700°. - Les taches sont moins brillantes, donc elle sont moins chaudes (400°). - Le centre du Soleil est plus brillant que le bord. L'assombrissement centre-bord est l'effet de diminution apparente de l'intensité lumineuse sur les bords du Soleil. Cet effet apparent est la conséquence de deux effets physiques réels : la diminution à la fois de la densité et de la température avec l'accroissement de la distance au centre de l'étoile. 1 La photosphère Les premières images Le Soleil étant une boule de gaz, il n’a pas de surface solide. On délimite toutefois une limite de la structure interne au niveau de la photosphère. La photosphère est la couche de quelques centaines de kilomètres d’épaisseur qui nous envoie la lumière blanche. Au dessus de la photosphère, la chromosphère est un million de fois moins dense. Cette forte différence donne au Soleil un aspect circulaire bien tranché. Un peu de physique solaire A la fin du dix-neuvième siècle, Jules Janssen réalise une lunette optimisée pour l’imagerie solaire. Ses clichés atteignent la limite de la résolution possible avec un tel instrument 4500K Pour le physicien, le Soleil est une boule de gaz, 75% H, 23% He et 1 à 2% d’éléments plus lourds. Au centre, production d’énergie par fusion. T=15X106° P=109atm D=160g/cm3. Les rayons gamma produits sont transmis par radiation dans les couches profondes. Dès que la température baisse, environ 200000°, soit 200000Km de profondeur, le transport devient convectif. H = 400Km 5700K Aspect de la photosphère Les deux hypothèses La convection On peut imaginer deux processus responsables de cet aspect granulaire de la photosphère. Les cliché de Janssen montrent que la photosphère est granuleuse, on parle alors de « grains de riz ». -La turbulence -La convection Quelle est la nature de cette granulation? La controverse sur la nature de la granulation La turbulence désigne l'état d'un gaz, dans lequel la vitesse présente en tout point un caractère tourbillonnaire : tourbillons dont la taille, la localisation et l'orientation varient constamment. Les écoulements turbulents se caractérisent donc par une apparence très désordonnée, un comportement difficilement prévisible et l'existence de nombreuses échelles spatiales et temporelles. La nature convective des granules supposent qu’elles se comportent comme les cellules de Bénards d’un fluide soumis à une source de chaleur. Pour trancher entre les deux hypothèses, il faut des images à haute résolution angulaire. Des images plus fines La nature même de la granulation posait alors un problème. Deux écoles s’opposaient. L’Allemand Siedentopf proposait un modèle d’atmosphère solaire dans lequel les granules étaient des cellules de convection. L’Américain Schwarzschild les considérait comme la manifestation d’un processus de turbulence. C’est avec la Lunette Jean Rösch du Pic du Midi que furent obtenues les plus belles images de la granulation solaire. D = 0.5 m F=6m La théorie tourbillonnaire supposait que toutes les échelles de tailles devaient être réparties alors que la nature convective de la granulation suppose une homogénéité de la dimension des cellules. Les images obtenues par A. Dollfus en ballon furent en faveur de l’hypothèse convective. Le Pic du Midi offrit à Bernard Lyot, puis à Jean Rösch la possibilité d’obtenir des images très fine de la granulation. 1 arcsec 700 Km 2 La très haute résolution La granulation, comment ça marche? Convection turbulente Ces simulations montrent que les contours des granules ne sont pas franchement délimités mais ont un aspect fortement turbulent. La photosphère au foyer du télescope suédois de 1 mètre. Le magnétisme solaire Dans l'épaisseur du manteau solaire, la tachocline est la zone de transition entre la zone centrale de rotation uniforme et la zone périphérique de rotation différentielle, concrètement entre la zone radiative et la zone convective. De récentes études d‘héliosismologie indiquent que la tachocline se situe à 0,7 rayon solaire. Elle pourrait jouer un rôle important dans la génération du champ magnétique solaire et dans la dynamo solaire La granulation est donc une manifestation du transport convectif de l’énergie solaire dans les zones les moins profondes. Elle est faite d’un mélange de cellules de Bénard et de tourbillons turbulents car le milieu est gazeux. Dynamique de la granulation Modèle MHD de la convection solaire La granulation est donc un mélange de convection, de turbulence, le tout agrémenté de magnétisme. Les tubes de flux générés dans la tachocline tentent d’émerger de la photosphère. La convection les repousse et ils s’immiscent entre les granules. Pour rendre compte de tous ces phénomènes, il faut une théorie magnétohydrodynamique (MHD) de la granulation solaire. Dans la photosphère, la pression gazeuse est supérieure à la pression magnétique, c’est la convection qui contraint le magnétisme. Dans la chromosphère, c’est le magnétisme qui contraint le plasma. Chaque granule mesure en moyenne 1000Km, (de 150 à 2500km) soit 1.3 arcsec. La durée de vie d’un granule est de 5 à 10 minutes. La faible différence de température (environ 300K) entre granule et intergranule la rend difficilement observable. Le gaz des zones profondes est très chaud, il monte à environ 2 km/s puis rencontre une zone plus froide. Il dissipe son énergie par radiation et devient plus dense puis redescend dans les couches profondes. Entre les granules, on peut voir des petit points blancs. Ce sont les filigrees, des petits tubes de flux qui émergent dans la photosphère. La mésogranulation Evolution temporelle des granules La théorie dite constructale permet d’expliquer l’optimisation naturelle d’une arborescence. On peut montrer que l’écoulement granulaire obéît à cette loi constructale. Cette même théorie décrit les ramifications des branches d’un arbre, celles de nos bronches et peut s’appliquer à l’étude de la distribution électrique ou l’optimisation de la circulation urbaine. t Simulation MHD en 3D de cellules de convection d’une étoile de type solaire à rotation lente et de la génération des tubes de flux magnétiques. Un tel modèle tente de rendre compte des observations. On voit ici que les tubes de flux magnétique émergent entre les cellules de convection. x y Simulation Observation Les images à très haute résolution de la granulation semblent montrer un regroupement des granules en structures de quelques milliers de kilomètres. Cette mésogranulation qui aurait une origine convective provient des couches profondes. Sa nature exacte est actuellement controversée. 3 La supergranulation Processus de formation d’une tache L’épaisseur des supergranules n'est que de quelques milliers de kilomètres. Température : aucune variation de température entre les bords et le centre des supergranules. Durée de vie : 24 à 48 heures. Vitesses : Les vitesses horizontales sont de l'ordre de quelques centaines de mètres par seconde. Les vitesses verticales sont un plus faibles. Les supergranules sont liés au mouvement à grande échelle des granules. On observe sur les bords des cellules de supergranulation des structures magnétiques qui forment un réseau. Les images en bande G montrent les points brillants entre les granules, les filigrees. Ils délimitent la supergranulation. Celle-ci est composée de cellules de 30000km. Elle est uniquement structurée par les champs magnétiques. On observe un mouvement du plasma qui va du centre vers les bords de quelques centaines de mètres par seconde. Les pores Simulation d’un pore entre les granules Les champs magnétiques bloquent la convection. Le pore est moins chaud que les Un pore est une petite région sombre dont granules. la durée de vie n’est que de quelques minutes. Il correspond à une émergence de tubes de flux magnétiques. Modélisation d’une tache Un tube de flux magnétique est en équilibre entre la pression gazeuse externe et la pression magnétique interne. Il est donc moins dense que la matière environnante. Par la poussée d’Archimède, il tend à émerger de la zone convective en bloquant la convection. Il va produire une pore puis une tache ou un groupe de taches. Les taches solaires Les taches solaires sont des régions fortement magnétisées (>1000G) et moins chaudes. La température de l’ombre de la tache est de 4000° contre les 5700° du bas de la photosphère. L’effet Wilson indique que la tache est en dépression dans la photosphère. Effet Evershed L’observation des taches a permis de montrer que la matière circule dans les tubes de flux magnétique qui composent la pénombre. C’est l’effet Evershed. A partir de cette constatation, on a pu modéliser les couches très profondes de la tache. Granulation dans l’ombre de la tache Simulation de la granulation dans l’ombre d’une tache solaire Les images à très haute résolution angulaire de l’ombre d’une tache solaire révèle la présence d’une granulation très différente de celle de la photosphère. Les champs magnétiques intenses structurent des granules plus petits. 4 Le cycle de 11 ans Le magnétisme solaire Le cycle magnétique de 11 ans s’explique par le modèle de Babcock. Le champ magnétique est produit par effet dynamo entre les zones radiatives et convectives. Le cycle solaire est évalué en mesurant quotidiennement le nombre de taches. Cet indicateur se nomme le nombre de Wolf. La chromosphère La chromosphère est la partie basse de l’atmosphère solaire. Elle contribue très peu au rayonnement. Epaisseur moyenne de 2 000 à 3 000 km. Sa température croît vers l’extérieur pour atteindre 20 000 °C. Théâtre d’une intense activité, c’est là que naissent les éruptions solaires. La supergranulation dans la chromosphère On retrouve la supergranulation au niveau de la chromosphère. Les supergranules sont délimités par les spicules qui sont les prolongements des filigrees de la photosphère. La chromosphère vue dans l’Hydrogène Filaments et protubérances Un filament porte le nom de protubérance quand il vu sur le limbe solaire. De la matière chromosphérique se condense dans la couronne solaire en suivant les structures magnétiques qui forment un hamac. Dans le Calcium 5 Une protubérance est dite quiescente quand elle n’évolue que très lentement. Protubérances éruptives La couronne La couronne est un milieu très diffus dans lequel on mesure une température de plus d’un million de degrés K. Boucles magnétiques La couronne est visible pendant une éclipse totale de Soleil. Pour comprendre les phénomènes violents que l’on observe dans l’atmosphère solaire, il faut réussir à modéliser les structures magnétiques. Elle est aujourd’hui observée en permanence depuis l’espace grâce aux coronographes de SOHO. On explique les éruptions solaires par le processus dit de « reconnexion magnétique ». 6 Une éruption solaire est une brusque libération d’énergie qui se produit dans un centre actif (groupe de taches). On observe d’abord un phénomène lumineux très violent qui trahit la brusque montée en température de la région. L’éruption est souvent accompagnée d’une éjection de masse coronale qui déverse dans l’espace des particules chargées et accélérées (protons et neutrons). Les particules solaires se heurtent au bouclier magnétique terrestre mais elles pénètrent par les cornets polaires. Pression radiative et vent solaire En pénétrant dans l’atmosphère terrestre, les particules ionisent les molécules de l’air et provoquent des aurores polaires. Attention danger Même en période de faible activité magnétique, le vent solaire envoie en permanence des particules qui donnent des aurores près des pôles. Observer la photosphère Une méthode simple et sans danger consiste à projeter l’image sur un écran. Le Solarscope est simple et économique mais peu résolvant. Ne jamais regarder le Soleil sans une protection agréée La pression radiative est responsable de la queue de poussière des comètes alors que le vent solaire produit la queue de plasma. 7 Lunette: Tube fermé, pas d’obstruction mais chromatisme. Lunettes et télescopes Lunette astronomique La projection derrière une lunette astronomique permet de résoudre les taches et d’en suivre l’évolution. Formation d’une image dans le plan focal d’un instrument Télescope: Plus grand diamètre mais tube ouvert et obstruction centrale. Pas de chromatisme mais précision optique variable. Télescope Newton Un filtre solaire en verre placé devant l’objectif de la lunette permet d’observer sans danger. Télescope Cassegrain Observer la chromosphère Une grille correctement orientée sur l’écran permet de mettre en évidence la rotation du Soleil au jour le jour. Si la grille mesure 140mm, un millimètre au centre du disque représente 10000km. Une caméra monochrome est nécessaire pour faire de l’imagerie. Avec un filtre à 430nm largeur 1nm, on obtient le meilleur contraste sur la granulation. La raie H alpha Le Spectrohéliographe H. Deslandres La raie H alpha apparaît en absorption sur le disque solaire mais en émission sur le limbe. C’est une raie chromosphérique intense. C’est la raie principale de la série de Balmer, elle provient de la transition entre le second et le troisième niveau d’énergie dans l’atome d’hydrogène. La chromosphère apparaît rose pendant une éclipse totale de Soleil. Cette couleur est due à l’intensité de l’émission de l’hydrogène dans la raie Halpha. Ce qui traduit une température plus élevée que la photosphère. La marque Coronado propose des filtres de type Fabry-Perrot qui ont une bande passante de 0.7A. Ils sont peu onéreux dans les petites dimensions et sont très pratiques pour les démonstrations publiques. Le spectrohéliographe permet d’isoler le centre de la raie. Très bonne résolution spectrale mais médiocre résolution temporelle. 8 Photographier la chromosphère Les techniques d’imagerie à la webcam permettent d’obtenir de bons résultats sur les filaments. Le cliché ci-contre a été réalisé avec un PST Coronado de 40mm. L’imagerie des protubérances nécessite des poses plus longues. Ce cliché est un montage réalisé à partir d’une image surexposée faite avec un réflex numérique derrière une lunette Coronado de 40mm. La lunette Coronado CaK permet l’imagerie dans la raie K. Sa bande passante est assez large (2.2A), elle montre les taches et les facules. Il est impossible d’observer à l’œil dans un instrument équipé d’un filtre K. L’imagerie de la chromosphère dans la raie K du calcium à 393,3nm montre parfaitement les région brillantes que l’on appelle « plages faculaires ». L’image K3 est prise au centre de la raie, K1V est dans l’aile. On distingue les taches au centre des facules. Le coronographe 1930 : Bernard Lyot invente et construit le coronographe qui permet de réaliser des " éclipses artificielles " du Soleil et d'observer ainsi son atmosphère. Le spectre solaire Coronographe du Pic du Midi. Une équipe d’astronomes amateurs gère cet instrument professionnel. Le sidérostat utilise un seul miroir plan. Il renvoie le Soleil vers le sud. Son principal inconvénient est d’occasionner une rotation du disque solaire au cours de journée, comme une monture azimutale. Le cœlostat utilise deux miroirs plans dont l’un est orienté sur un axe équatorial. L’image solaire reste orientée. C’est un dispositif très avantageux pour les observations systématiques. Le coronographe LASCO embarqué sur le satellite SOHO observe les CME. 9 Les tours solaires Avec son spectrographe de 14m la tour solaire de Meudon allie la résolution spatiale à la résolution spectrale. C’est un instrument très puissant pour l’observation de recherche et l’enseignement de la physique solaire. La mesure des champs magnétiques Télescope solaire McMath-Pierce Le concept de tour solaire est très intéressant pour l’imagerie et la spectroscopie à haute résolution spatiale. L’image du Soleil est recueillie à plusieurs dizaines de mètres de hauteur (35m à Meudon) bien au dessus des couches les plus turbulentes de l’air. Les paramètres de Stokes Spectro-imagerie en mode double passage (DPSM) pour faire des cartes de champs de votesses. L’effet Zeeman se manifeste par un élargissement des raies spectrales et la polarisation des ailes de ces raies. Champ transversal : polarisation linéaire Champ longitudinal : polarisation circulaire Seuls les champs forts permettent d’observer plusieurs composants de la raie. L’observation depuis l’espace Le satellite SOHO (Solar and Heliospheric Observatory) Le Soleil vu par SOHO En octobre 2006, la NASA lance STEREO, Solar TErrestrial RElations Observatory, deux sondes qui fournissent des images stéréoscopiques du Soleil et de sa couronne pour l’étude des CME et du plasma projeté dans l’espace. 1991, YOHKOH, Japon 1998, TRACE, NASA 2000, CLUSTER, ESA Le satellite japonais Hinode (SolarB) est équipé de trois instruments principaux: -Solar Optical Telescope de 50cm -X-Ray telescope -EUV imaging spectrometer Depuis 1994, la sonde ULYSSE (ESA) explore les pôles du Soleil. Comète Encke et CME 10 SOT G-band image XRT Full Sun Image (Synoptic) SOT Ca II H image 11