dossier
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/ janvier - février 2015 / n°448
résultats, année après année, indique
l’été 2003, environ 3°C plus chaud qu’un
été moyen du XXe siècle, deviendrait la
norme dans la seconde partie de ce siècle
avec, pour certaines des simulations, des
étés caniculaires qui vers la fin du siècle
pourraient être 7 à 8°C plus chauds
qu’un été de référence. Dans les régions
d’outre-mer, le réchauffement, compris
entre 3 et 3,5°C, serait bien marqué
mais un peu moins qu’en métropole.
Autre caractéristique : une diminution
des extrêmes froids, entre 6 et 10 jours,
dans le Nord-Est de la France, plus limitée
dans l’extrême Sud. Enfin, il est important
de noter que, dans le cas du scénario
émetteur, le réchauffement se poursuit
au-delà de 2100. D’après le rapport du
Giec, le réchauffement planétaire pourrait
atteindre 8°C, voire plus, en 2300 ;
– une hausse des précipitations hivernales
et, dans le cas du modèle du CNRM, une
diminution des précipitations estivales
qui pourrait être comprise entre 15 et
35 mm (à l’inverse le modèle de l’IPSL
simule une augmentation du même ordre
de grandeur). Le taux de précipitations
extrêmes serait renforcé sur une large
partie du territoire dépassant 5 % dans
certaines régions (et atteignant 10 % dans
les régions du Nord-Est) mais avec une
forte variabilité des zones concernées selon
les modèles. Les épisodes de sécheresse
augmenteraient dans une large partie Sud
du pays, cette caractéristique pouvant
s’étendre à l’ensemble du pays pour
l’un des deux modèles. Sur l’ensemble
des régions d’outre-mer, les résultats
mettent en évidence une diminution des
précipitations moyennes, en particulier
pour la saison sèche ;
– une diminution ou une stabilisation
de la fréquence globale des cyclones
tropicaux dans ces régions tandis que
les précipitations moyennes et la vitesse
moyenne du vent maximal qui y seront
associées augmenteraient probablement.
En métropole, les résultats sur l’évolution
des vents sont contrastés tout au moins
sur la partie Nord du pays, le modèle
du CNRM indiquant que l’intensité des
vents violents pourrait être amenée à
diminuer tandis que celui de l’IPSL y
simule une augmentation ; ces résultats
ne permettent donc pas de tirer des
conclusions sur la fréquence.
À un horizon plus proche, d’ici une vingtaine
d’années (période 2021-2050 centrée sur
2035), l’évolution du climat dépend peu
des scénarios d’émission des gaz à effet
de serre. Cela vaut aussi bien à l’échelle
planétaire que pour notre pays. Notre climat
sera caractérisé par :
– une hausse des températures moyennes
comprise entre 1,6 et 3°C. Cette hausse
devrait être plus importante dans le
Sud-Est de la France en été, pouvant y
atteindre 1,5 à 2°C ;
– une augmentation du nombre de jours
de vagues de chaleur en été, comprise
entre 0 et 5 jours sur l’ensemble du
territoire, voire de 5 à 10 jours dans le
quart Sud-est, et une diminution des
jours anormalement froids, entre 1 et
4 jours en moyenne, et jusqu’à 6 jours
au Nord-Est du pays ;
– une légère hausse des précipitations
moyennes, en été comme en hiver,
avec une forte incertitude sur la
répartition géographique de ce
changement, accompagnée de faibles
changements des pourcentages de
précipitations extrêmes.
Dans le cas du scénario sobre (RCP2.6), le
climat évoluerait peu entre le milieu et la fin
du siècle. Ainsi, sur la période 2071-2100,
la hausse des températures moyennes
serait limitée à 0,9°C en hiver et de 1,3°C
en été, valeurs tout à fait comparables à
celles simulées sur la période 2021-2050
avec ce même scénario. Cette conclusion
vaut également pour les autres paramètres,
quantité et intensité des précipitations,
sécheresses, vagues de chaleur.
Mieux qu’un long discours, la comparaison
pour notre pays des scénarios émetteur
d’une part, sobre, de l’autre, illustrent
l’absolue nécessité de nous orienter à
l’échelle planétaire vers un scénario peu
émetteur en carbone, et donc vers un mode
de développement différent de celui des
dernières décennies. Cela est d’autant plus
vrai que le scénario émetteur se traduirait
par d’autres conséquences que celles
évoquées ici, quasi disparation de nos
glaciers hormis ceux de très haute altitude,
diminution de l’enneigement, modifications
des écosystèmes naturels, perte de
biodiversité, diminution des rendements
agricoles, conséquences sur la viticulture,
acidification de l’océan avec des impacts
sur la productivité océanique et sur les récifs
coralliens, influence sur les populations,
leur santé et les flux migratoires liés aux
réfugiés climatiques... Enfin, l’élévation
du niveau de la mer pourrait atteindre
près de 1 mètre d’ici la fin du siècle et se
poursuivre au-delà, avec des conséquences
importantes sur nos régions côtières qui
feront d’ailleurs l’objet du « rapport 2015
sur le climat de la France ».
Il est essentiel pour la planète que la
conférence de Paris se traduise par un
accord ambitieux qui préserve la possibilité
de limiter du réchauffement climatique à
long terme à 2°C par rapport au climat
préindustriel. Cela vaut aussi pour notre
pays même si la France n’est pas au rang
des régions les plus vulnérables face à ce
réchauffement. ■
1 - Cet article s’appuie largement sur le rapport 2014 « Le Climat sur la France
au XXIe siècle », dont je remercie les auteurs, G.Ouzeau, M.Déqué, M.Jouini,
S.Planton, R.Vautard et M.Vrac.