L’hypersensibilité dentinaire est une complication fré-
quente des thérapeutiques parodontales. Pour certains
auteurs, la pénétration de pathogènes du parodonte vers
l’endodonte via les tubuli serait à l’origine de cette sen-
sibilité. Il semblerait plutôt que l’action traumatique et
les mouvements des fluides à l’intérieur des canalicules
soient à l’origine de ces douleurs.
Le traitement de ces pathologies, parfois également as-
sociées à de simples récessions gingivales, reste problé-
matique. L’obturation des tubuli de façon prolongée par
« vitrification » de la dentine (laser) ou par l’application
de solution d’oxalate de potassium à la surface de la raci-
ne par exemple, permettent d’obtenir une diminution de
la symptomatologie. Les effets restent cependant limités
dans le temps. Il est intéressant de noter que l’élimination
complète du cément en parodontologie est actuellement
remise en question.
Les portes de sorties du réseau canalaire
Le système endodontique ne se limite pas à un simple
canal, mais s’organise en un véritable réseau comportant
de nombreuses ramifications et autres anastomoses. Le
foramen apical n’est donc pas la seule voie de commu-
nication entre l’endodonte et le parodonte. Chaque canal
latéral ou accessoire est susceptible de se comporter
comme une zone de passage des pathogènes de l’endo-
donte vers le parodonte.
La fêlure/fracture
L’origine de l’infection (endodontique ou parodonta-
le) est dans ce cas plus complexe. Une fêlure apicale
ou ne communiquant pas avec le tiers coronaire de
la dent, se comporte alors comme une complication
anatomique supplémentaire susceptible de retenir
des bactéries et surtout inaccessible aux instruments
et solutions de désinfection endodontique. Une fêlure
ou fracture plus franche s’apparente, elle, à une nou-
velle porte d’entrée bactérienne. La flore bactérienne
impliquée ici est vraisemblablement différente de la
flore endodontique pure qui est à prédominance de
germes anaérobies à Gram négatif. Les conséquen-
ces parodontales sont très localisées mais dévasta-
trices (Fig. 2).
Cliniquement, cette pathologie est diagnostiquée par
des douleurs à la mastication rapportées par le patient
et un sondage parodontal localisé très ponctuel. Dans
le cas d’une pathologie parodontale « pure », même s’il
reste localisé à une seule dent, l’approfondissement de
la poche parodontale est progressif, alors que dans le
cas d’une fêlure, il est brutal. On parle d’un sondage
en « U » dans le premier cas, et d’un sondage en « V »
dans le second. Cette différence permet d’établir un dia-
gnostic différentiel.
Les perforations
La perforation iatrogène, qu’elle soit coronaire ou api-
cale, se comporte comme une porte de sortie supplémen-
taire vers le parodonte. Si la perforation est supra-gingi-
vale, elle devient une voie de communication du milieu
extérieur vers l’endodonte (et une nouvelle infection du
système endodontique est à craindre), mais également
de l’endodonte vers le parodonte. La toxicité de produits
pharmacologiques ou des matériaux utilisés en endodon-
tie peuvent provoquer, par diffusion, une réaction paro-
dontale parfois importante (Fig. 3a à 3e).
2
Fig. 2 : Le trait de fracture de
cette racine s’est comporté comme
une niche pour les bactéries. Cette
infection localisée a provoqué une
destruction des tissus parodontaux à
son contact. La dent a dû être extraite.
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3a 3b 3c
3d 3e
Fig. 3 :
a : Un séquestre osseux important est
apparent sur la face vestibulaire de cette
deuxième molaire mandibulaire.
b, c, d, e : Radiographie post opératoire
objectivant un traitement endodontique
insuffisant. Les douleurs et la formation
du séquestre osseux sont apparus après le
traitement infructueux (3b). Le séquestre
osseux est retiré (3c). Une perforation
vestibulaire de la dent est clairement mise
en évidence. Des produits de désinfection
endodontique utilisés en inter séance
sont probablement responsables de
l’agression parodontale, par diffusion
via la perforation (3d). Le traitement
endodontique est effectué dans la séance
et la cavité (incluant la perforation)
camérale est obturée au verre ionomère.
La perforation étant dorénavant supra
gingivale, elle sera recouverte par la
couronne prothétique qui sera réalisée
après cicatrisation du parodonte (3e).