N°444 - Mai 2017
PERSPECTIVES AGRICOLES
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LES INDISPENSABLES
COMPRENDRE
En détournant les ressources de l’hôte
à son profi t, le virus de la JNO affaiblit
la plante qu’il colonise (à droite).
© C. Perrot - Florimond Desprez
résistance extrême (le virus ne peut pas réaliser
son cycle infectieux), à une résistance hypersen-
sible (le foyer infectieux est bloqué au niveau de
quelques cellules au site d’inoculation : les tissus
autour se nécrosent, isolant du reste de la plante
le foyer initial de l’infection), à une résistance par-
tielle (le virus se multiplie, mais colonise la plante
et/ou s’y accumule de manière réduite) ou à une
tolérance (l’agent pathogène colonise l’hôte en
induisant peu ou pas de symptômes).
Cependant, face aux contraintes imposées par
l’hôte, des variants viraux capables de contourner
la résistance/tolérance peuvent être sélectionnés.
Aussi, l’utilisation au sein d’une même plante de
plusieurs sources de résistance/tolérance altérant
des étapes distinctes du cycle viral limite les pos-
sibilités de contournement par le virus. Il semble
donc intéressant de prendre en compte plusieurs
types de résistances dans les programmes de
sélection afi n d’augmenter la durabilité de la résis-
tance/tolérance de l’hôte.
Des données épidémiologiques
à mettre à jour
Les prospections intensives réalisées en France
au début des années 2000 ont révélé la prédo-
minance de l’espèce BYDV-PAV parmi les virus
du complexe de la JNO. Des données acquises
récemment par Arvalis et par le GEVES révèlent
une prévalence d’autres espèces plus impor-
tante qu’attendue, ce qui remet en question la
prédominance d’autres espèces sur céréales
en France. Si ces premières observations sont
confirmées, il sera urgent d’étendre les tra-
vaux de recherche sur la JNO, conduits en
France principalement sur l’espèce BYDV-
PAV, aux autres espèces du complexe viral
B/CYDV présentes dans l’environnement céréa-
lier français.
Plusieurs gènes de résistance
identifi és
Malgré les milliers de ressources génétiques tes-
tées, seules de rares sources de résistance/tolé-
rance au complexe de la JNO ont été identifi ées.
Chez l’orge, la plus récente est le gène Ryd4, qui
agirait sur l’interaction plante-puceron. Ryd4 vient
compléter trois autres gènes de tolérance recen-
sés (Ryd1, Ryd2 et Ryd3). Le gène Ryd1 n’octroie pas
un niveau de tolérance suffi sant pour constituer
un intérêt agronomique dans le cadre de la lutte
contre la JNO.
Le gène Ryd2, décrit pour la première fois en 1959
dans du matériel éthiopien, a notamment permis
de créer l’orge cv. Naturel, première orge d’hiver
tolérante à la JNO inscrite au catalogue français en
1998. Atenon, Amistar et Domino, également sélec-
tionnées en France et possédant le gène Ryd2, ont
été inscrites en 2005, 2013 et 2014 respectivement.
Seuls quelques milliers d’hectares sont cultivés
avec ces variétés car elles ne conviennent pas au
débouché brassicole. Toutefois, une augmentation
du nombre de dépôts de variétés tolérantes en vue
d’une inscription au catalogue français a récem-
ment été constatée.
Quant au gène Ryd3, décrit en 2004, aucune variété
le portant n’a été inscrite à ce jour.
gènes de tolérance de
l’orge à la JNO ont été
identifiés à ce jour.
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Focus sur le processus d’infection et de colonisation
Le cycle biologique des virus de la JNO débute par
l’inoculation d’une plante par un puceron virulifère
(porteur de virus). Lors d’une prise alimentaire, le
puceron virulifère inocule quelques particules vi-
rales dans des cellules de l’hôte. Dans la plante,
le virus inoculé dans les cellules voisines des vais-
seaux conducteurs initie son cycle de multiplica-
tion. Puis, il accède aux vaisseaux conducteurs qui
lui permettent de se déplacer jusqu’aux racines où
il poursuit la production de sa descendance virale.
Celle-ci colonise ensuite l’ensemble de la plante,
sauf les organes reproducteurs. De ce fait, il n’y a
donc pas de transmission possible de la JNO par
la graine ou le pollen. Pour la réalisation de son
cycle biologique, le virus détourne une partie des
ressources de son hôte, ce qui se traduit par l’ex-
pression de différents symptômes allant du jaunis-
sement à la mort de la plante.