Les météorites et la formation du système solaire ω Marc Chaussidon, CRPG-CNRS, Vandoeuvre-lès-Nancy • La formation du Soleil et du système solaire dans le contexte général de la formation des étoiles. ω t t • L’évolution du Soleil jeune et des étoiles jeunes analogues 3 3 GM2 nkT = 2 10 r Si le terme de gauche est plus grand, l'énergie cinétique l'emporte et le nuage est en expansion, par contre si le terme de droite est plus grand c'est la gravité qui l'emporte et le € nuage se contracte. La masse critique au delà de laquelle le nuage se contracte est appelée la masse de Jeans (MJ) et elle vaut d'après l'équation précédente: Cela se produit dans des nuages de masse ≈106-108 M ω ω4 ω3 Effondrement d’une partie d’un nuage moléculaire interstellaire L ω1 ω2 • Les météorites : des échantillons d’avant, de pendant et d’après la formation des planètes 3 On suppose que le nuage est au départ en rotation lente L Lorb L ω € ω L4 L3 L2 L1 ω2 ω1 ω4 ω3 La conservation de l’énergie permet de prédire l’évolution du nuage (masse de Jeans, rayon de Jeans, temps de chute libre moyen) et l’organisation de la matière sous forme d’un disque en rotation et sa fragmentation en plusieurs “sous disques” (étoiles multiples) 1 1 ⎛ 15kT ⎞ 2 ⎛ 5kT ⎞ 2 ⎛ 3 ⎞ 2 MJ = ⎜ ⎟ ⎟ ⎜ ⎟ et R J = ⎜ ⎝ 4πρGmat ⎠ ⎝ Gmat ⎠ ⎝ 4πρ ⎠ ( R = 8,31JK −1mol −1 , k = € 4 (avec : M = ρ πr 3 = n × mat ) 3 € Pour ρ=105H/cm3, T = 50 K RJ=6,69x1015 m (= 0,2 pc) MJ =1,5x1035g = 76M R = 1,38 × 10 −23 JK −1, G = 6,6742 × 10 −11 m3kg −1sec −2 ) N € L ' a p p l ication numérique montre que € • pour€ un nuage HI diffus (avec = 25 H cm-3, T = 100 K), MJ ≈ 20000 M (1 M= 1,9891x1030kg) alors que les masses typiques de ces nuages sont de l'ordre de 1 à 100 M: le nuage ne se contracte pa s . • pour le coeur dense d'un nuage moléculaire (avec = 105 H cm-3, T = 10 K), MJ ≈ 10 M alors que les masses typiques de ces nuages sont de l'ordre de 10 à 1000 M: le nuage se contracte. 1 Si le nuage au départ est animé d'un mouvement de rotation (même faible), la conservation du moment cinétique fera que lors de l'effondrement, le nuage prendra la forme d'un disque en rotation. 2 ω ⎛ r0 ⎞ 2 L = I × ω = L0 = I × ω0 avec I = Mr 2 de sorte que : = ⎜ ⎟ ω 0 ⎝ r ⎠ 5 La conservation du moment fait que augmente quand r diminue GM € L'accélération radiale à€une distance r du centre est : r2 € Cette accélération a deux composantes: ω • a(r): accélération due au fait que r diminue • r 2: accélération due à la rotation € GM 2 = a(r) + rω r2 GM Quand atteint une valeur telle que 2 = rω 2 alors a(r) = 0 et l'effondrement r s'arrête. En faisant apparaître la vitesse initiale ( v 0 = ω 0r0 ), on obtient : € Lorsque que la contraction a commencé le temps de chute libre minimum (tcl) peut être calculé en supposant au départ un effondrement à température constante (la chaleur est irradiée car le milieu est diffus) : un atome dans le nuage initialement au repos va subir une accélération a due à la force de gravité : a= GM(r) 4πGrρ = 3 r2 1 avec une accélération constante, l'équation du mouvement est : at 2 = r 2 € 3 t cl = et donc : 2πGρ € Le temps de chute libre d'un nuage ne dépend pas de son rayon mais juste de sa densité. € Le c a lcul donne <105 ans pour = 108 H cm-3 ou <106 ans pour = 106 H cm-3: ordre de grandeur de l'ordre de la centaine de Ma au Ma . 2 r v 0 r0 = r0 GM Pour v0 =1km/sec € 15 m r€ 0 = RJ = 6,69x10 MJ =1,5x1035g € G = 6,67x10-11m 2 kg-1sec-2 r/r0= 0,5 L ' e f f ondrement perpendiculaire à l'axe de rotation s'arrête mais le nuage € continue à s'effondrer dans la direction de l'axe de rotation: il forme un disque. Durant l'effondrement une densité plus forte se développe au centre et le nuage va s'effondrer à différentes vitesses entre le coeur et le bord. Au fur et à mesure de l'effondrement, augmente et si T est constant, MJ diminue et donc des petites parties du nuage peuvent s'effondrer par elles mêmes : le nuage se fragmente. Si augmente le temps de chute libre diminue aussi de sorte que ces fragments individuels s'effondrent plus rapidement que l'ensemble du nuage. D'un nuage de départ on est passé à de nombreux petits fragments qui s'effondrent (les étoiles naissent à plusieurs). 3 ω2 1 " 5kT % 2 " 3 % 2 MJ = $ ' $ ' # Gm at & # 4() & ω1 ω4 1 ω3 ! $ 15kT ' 2 RJ = & ) % 4"#Gm at ( t cl = ! Si au départ le nuage est homogène en densité ( 0), toutes les particules à une distance r du centre ont une même accélération : toutes les particules bougent de dr en un temps dt. ⎛ r ⎞3 On a : ρ = ρ0 × ⎜ 0 ⎟ ⎝ r ⎠ ⎛ r 3 ⎞ dr dρ = −3 Et donc dρ = −3ρ0 × ⎜⎜ 04 ⎟⎟dr soit r ρ ⎝ r ⎠ € Plus la sphère de départ est petite (r petit) plus d / est grand, c'est à dire plus la densité augmente rapidement. Le coeur du nuage se contracte plus vite que les € bords. Une proto-étoile puis un disque d'accrétion en € se forme avec un nuage rotation autour. 3 2"G# ! 2 Le Soleil est il une étoile particulière (Adams 2010) ? 0,12 x 0,3 x 0,2 = 0, 0072 (x proba planètes 0,1-0,5 x proba habitables ?….) Les disques de poussières sont visibles : les poussières chauffées émettent un excès de lumière dans l’IR • Distribution en masse des étoiles: le Soleil est relativement massif (proba de 12%) Les observations montrent que l’on peut décrire la distribution des étoiles massives selon une loi du type suivant: dN* -( # +1) = F1 " # " m dm F1 est la fraction d’une population stellaire ayant une masse ≥ 1 M F1 ≈0,12 et γ=1,5±0,5 • Le Soleil est un étoile unique sans compagnon (proba de 30%) ! Les étoiles de faible masse n’ont pas de compagnon mais pour les étoiles plus massives Deux exemples de disques à différents stades d’évolution : - 1 Ma - 20 Ma comme le Soleil, la proportion de ne pas être un système binaire est de ≈ 30%. Cependant on ne peut pas exclure que le Soleil ait été un système binaire lors de sa formation (mais dans ce cas le compagnon devait avoir une orbite éloignée pour ne pas détruire le disque d’accrétion du Soleil et/ou perturber les orbites des embryons ou des planètes) • Le Soleil a une métallicité un peu élevée (proba de 25%) Les étoiles de type G (comme le Soleil) ont un pic dans leur distribution de métallicité (= somme de tous les éléments plus lourds que H) à [Fe/H] = -0,20. Seulement 1/4 des étoiles de type G ont une métallicité comme le Soleil (pollution supernova ?) ([Fe/H] notation utilisée pour log10(Fe/H)) André (2002), Reipurth (2005) Spectre de la zone interne du disque de l’étoile jeune (≈1 Ma) (Herbig Ae) HD 142527 obtenu Avec le VLTI (résolution 1-2AU) Spectres des disques de trois étoiles jeunes (Herbig Ae) Bandes principales des silicates cristallisés: - pyroxènes : 9,3 µm - olivines = 11,2 µm Évolution des grains amorphes des zones externes vers des grains cristallisés dans les zones internes (mais trop de silicates cristallisés dans la zone externe du disque par rapport à ISM) 1. silicates cristallisés ≠ ISM 2. silicates primaires car pas de silicate hydraté (?) Van Boekel et al. 2004 Van Boekel et al. 2004 3 Observations dans l’IR du disque de poussières autour de β-pictoris (19 pc=63 an lum, 20 Ma, luminosité= 8.7 x solaire) présence de disques de poussières à 14, 28, 52, 82 AU Pics de distribution des grains amorphes de 0.1µm à 6AU, 12 AU et 30 AU 9.7 µm = silicate amorphe 11.2 µm =(Fe,Mg)2 SiO4 cristal vert : silicate amorphe 0.1 µm rouge : silicate amorphe 2 µm bleu : cristaux de forsterite Okamoto et al., 2004 Okamoto et al., 2004 La mesure de l’excès dans l’IR entre H (1,6 µm) et K (2,2 µm) montre que les poussières disparaissent en ≈ 5 Ma Disques de planétésimaux qui produisent en permanence des grains de 0.1µm Okamoto et al., 2004 Dutrey (2007) 4 • Les météorites : des échantillons d’avant, de pendant et d’après la formation des planètes 5 Entre Mars et Jupiter il manque une planète ? Loi de Titus- Bode • ceinture de Kuiper ≈ 105 KBOs > 50km • nuage de Oort (5x104 AU) ≈ 1012 objets, ≈ 1 M⊕ Caractéristiques de la ceinture des astéroïdes On a dans les tiroirs des muséums des échantillons de roche qui datent de l’époque du disque d’accrétion et qui se sont formés alors que le Soleil était encore dans sa phase T-Tauri et que les planètes n ’étaient pas formées. certaines météorites Mais comment les reconnaître et que nous disent ces météorites ? Orgueil 6 Météorites = 4 types de roches différentes Métal pur Roches magmatiques Parmi ces métorites ce sont les roches sédimentaires qui sont les plus primitives : Chondrites Métal + silicates Roches sédimentaires Les chondrites ont la même composition chimique que le Soleil Les chondrites sont les roches les plus anciennes que l’on connaisse (cf PC 4) L’isochrone de Patterson 4,5683 ±0,0003 Ga ! 7 Les chondrites contiennent des minéraux réfractaires Courtesy A. Davis Les inclusions réfractaires (CAIs) sont les premiers solides condensés à partir du gaz de la nébuleuse Il existe une limite des glaces en fait entre Mars et Jupiter Traces de la condensation dans la composition chimique des chondrites Mimas (390km) Europe (3126 km) 8 Les chondres (70% de la masse des chondrites) sont des billes silicatées correspondant à la fusion éclair d’agglomérats de poussières dans le disque d’accrétion La structure des chondrites donne une image du processus d ’accrétion : minéraux condensés à partir du gaz nébulaire à différentes températures et ensuite agglomérés entre eux. = étape vers la formation des planètes Radomsky & Hewins (1990) Deux types de différenciation • la différenciation des silicates = fusion de silicates avec extraction d’un liquide silicaté et production d ’un résidu silicaté (extraction de la croûte à partir du manteau). • la différenciation métal-silicate = fusion de silicates et réduction avec production de liquides silicatés et métalliques immiscibles. Le métal est observé à toutes les échelles dans les météorites. Scott, 2007. 50 µm 9 Expériences de réduction au laboratoire Règle de Prior produit de départ : olivine chondritique (riche en Fe : métal (Mg 0,53 Fe 0,47)2SiO4 olivine riche en Fer Olivine pauvre en Fe 0,3 (Mg 0,9 Fe 0,1)2SiO4 olivine pauvre en Fer + Verre de pyroxène pauvre en Fe 0,7 (Mg 0,9 Fe 0,1) SiO3 pyroxène pauvre en Fer + 0,9 Fe 0,9 Si0,1 + 0,5 O2 métal gaz Staunton Le métamorphisme (trace de l’histoire géologique des planétésimaux ou des embryons) L’hétérogénéité chimique résultant de la différenciation métal silicate disparaît quand l ’intensité du métamorphisme dans le corps parent augmente Santa Catharina Springwater 10 classification des chondrites (Van Schmuss) Les autres météorites sont plus jeunes (de quelques millions d ’années à plusieurs milliards d ’années), sont différenciées, et ont subi du métamorphisme. Ce sont des fragments de petites planètes ou de planètes (Lune, Mars, …) • météorites de fer = noyaux métalliques de planétésimaux • météorites fer-silicate = limite manteau-noyau • achondrites (laves et cumulats) = manteau et croûte de planétésimaux + météorites lunaires et météorites martiennes Solar system ? André, 2002 11 Mass independent variations of Mg isotopes in Ca-, Al-rich refractory inclusions due to radiogenic 26Mg excesses δ26 Mg (‰) 20 15 10 -4 Δ26Mg 5 M FL β 0 -3 -2 -1 0 δ25 Mg (‰) 1 2 -5 Data MacPherson et al., 2010 -10 26Mg excess : Δ26Mg δ26Mg - δ26Mg / β The 26Mg βequilibrium = 0.521 βkinetic = 0.511−0.514 excesses are due to the in situ decay of short lived 26Al 18 26 Δ26Mg = δ26Mg* (‰) 14 ! Mg t 0 +26 Al t 0 =26 Mg+26 Al CAI components " 26 Mg % " 26 Mg % " 26 Al % " 27 Al % $ 24 ' = $ 24 ' + $ 27 ' ( $ 24 ' # Mg & # Mg & t 0 # Al & t 0 # Mg & ! T. Ireland T. Lee Hibonite 10 Slope : 26Al/27Al = 5.27 (± 0.17) x10-5 6 2 -2 Intercept : δ26Mg0= 0.021±0.064 ‰ 0 10 Data MacPherson et al., 2010 20 30 40 27Al/24Mg Davis and Richter (2005) 12 PLAty-hibonite Crystal (PLAC) Hibonite 26 Al/27 Al ratios inferred at the time of condensation of hibonites Spinel-HIBonite Spherule (SHIB) Fe-rich silicate Spinel (MgAl2O 4) Supracanonical (Young et al. 2005) Blue-Aggregate (BAG) Corundum (Al2O 3) 20µm Fe-rich silicate Perovskite (CaTiO3) Hibonite Liu, Chaussidon, Gopel & Lee, 2011 Hibonite Villeneuve, Chaussidon & Libourel, 2009 Villeneuve, Chaussidon & Libourel, 2009 Last melting/crystallization of chondrules occurred ≈2-4 Myr after CAIs 13 Is such a chronology based on 26 Al correct ? Stellar CAIs 5.2 26Al/27Al (x10-5) 26Al/27Al SHIBs chondrules PLACs ~0.8 Galactic bkgd Time Dauphas & Chaussidon, 2011 Dauphas & Chaussidon, 2011 14