- 4 -
Les forêts d'Aquitaine face au changement climatique
Décembre 2014
baisse de productivité liée à la dégradation
des conditions climatiques risquerait de
remettre en cause le modèle économique.
Enfin, cette forte dynamisation de la
sylviculture n'est pas envisageable sur tous
les sols forestiers.
La question n'est pas de faire un choix
définitif entre ces différentes voies, d'autant
que le changement climatique n'est pas le
seul facteur qui influence la prise de décision.
La connaissance des avantages et des
inconvénients des différentes options permet
toutefois d'évaluer la prise de risque et les
possibilités de réaction en cas d'aléa.
Il est certainement possible et souvent
recommandé de définir des objectifs et des
itinéraires techniques différents suivant les
parcelles forestières. L'établissement d'un
bon diagnostic sur la station forestière, le
peuplement en place et le contexte socio-
économique est la première et indispensable
étape.
Encart: le pin maritime dans les
Landes
En 2013, la prospective AFCLIM a fait
l'exercice de bâtir des études de cas,
projetant différents systèmes agricoles ou
forestiers dans un futur marqué par un climat
changeant. Le massif landais en faisait partie.
Trois périodes de référence ont été
envisagées: 1971-2000 comme référence,
2021-2050 (futur proche) et 2071-2100 (futur
lointain).
L'augmentation des températures va diminuer
la contrainte climatique en hiver mais,
associée à une nette réduction des
précipitations, elle va augmenter fortement la
contrainte hydrique estivale. Suivant les
projections, la tendance sera plus marquée
dans le futur lointain.
Les résultats des modélisations réalisées par
l'INRA donnent une diminution modérée de la
croissance dès 2035, qui s'accentue dans un
futur lointain. L'ampleur des résultats est
toutefois fortement influencée par les
simulations climatiques régionales utilisées.
Les simulations indiquent que les stations les
plus favorables seront comparativement plus
affectées et que les phases juvéniles
connaîtront des effets plus marqués.
Le pin maritime est une essence relativement résistante à la
sécheresse ce qui limite le risque de mortalité ou de dépérissement,
en dehors des crises sanitaires.
La prospective focalise sur trois options d'adaptations:
· Maintien du pin maritime dans une démarche de prévention des
risques,
L'objectif de production de bois d'oeuvre de pin maritime est maintenu avec des
itinéraires techniques légèrement diversifiés. Ils restent réversibles avec une
durée moyenne de 35 à 50 ans. Certaines mesures en faveur de la biodiversité
sont prises. Des mesures pour limiter la vulnérabilité sont prises comme
l'utilisation progressives de variétés améliorées ou adaptées, des éclaircies
régulières et fortes et une limitation du sous-étage pour limiter les effets du
déficit hydrique et une lutte préventive contre les ravageurs par des pratiques
sylvicoles (maintien des reboisements différés de 2 ans après coupe, maintiens
des feuillus, régénération naturelle lorsque c'est possible).
· Diversification des essences et diminution de la durée des
rotations,
Les objectifs de productions sont modifiés par deux stratégies: sur une partie des
surfaces le pin maritime est progressivement remplacé par d'autres essences
menées en peuplement de courte rotation ou taillis de courte révolution ; sur le
reste de la surface le pin maritime est maintenu avec des rotations raccourcies
(20-25 ans) ce qui limite la durée d'exposition au risque. La diversification ne
dépasse pas 20% de la surface.
· Modification brutale du paysage forestier,
La crainte de la répétition des catastrophes climatiques et de l'émergence de
risques nouveaux, le propriétaire se désengage de l'investissement forestier.
Quelques peuplements sont traités en futaie irrégulière en profitant de la
régénération acquise et certaines parcelles sont laissées en jachère.
La première option permettrait de limiter en partie les impacts du
changement climatique, sans les éviter totalement.
La deuxième option aurait des impacts forts sur le bilan minéral,
entraînant l'obligation de compenser les exportations. Elle pourrait
aussi avoir des effets négatifs sur la biodiversité à plus ou moins
grande échelle. Elle n'augmente pas la production ni les revenus mais
réduit fortement l'exposition aux risques.
La troisième option, si elle était choisie à grande échelle, ne
permettrait pas de maintenir la filière économique associée à la forêt.
Elle fragiliserait davantage la forêt face à la pression de défrichement.
Bibliographie principale
Le treut, Hervé (dir.) 2013, Les impacts du changement climatique en Aquitaine, un
état des lieux scientifique. 365 p. Dynamiques environnementales, Presses
universitaires de Bordeaux.
ONERC 2015, L'arbre et la forêt à l'épreuve d'un climat qui change. 181 p. La
documentation française.
Vert J., Schaller N., Villien C. (coord.) 2013, Agriculture Forêt Climat : vers des
stratégies d'adaptation. 234 p. Centre d'études et de prospective. Ministère de
l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt.