L’exploit de Bayard sur le pont du Carigliano est le chant du cygne de la chevalerie dont le prestige
est déjà bien terni au sortir de la guerre de Cent ans. On comptait, vers 1300, environ 6 000
chevaliers. Ils ne sont plus qu’un millier au XVIe siècle !
De nouvelles armes contribuent à éliminer les chevaliers. Surnommées les « armes des lâches » par
ces derniers, les arcs, les mousquets, les arquebuses ou les canons permettent aux armées d’écraser
l’adversaire.
C’est donc paradoxalement au moment où la chevalerie sort de l’Histoire que le culte de ses valeurs
atteint son apogée. Ce fait est également illustré par la demande du roi François 1
er
d’être adoubé
chevalier des mains de Bayard, au soir de la célèbre victoire de Marignan en 1515.
Par la suite, on retrouve Bayard combattant dans le Milanais en 1523. Il est à la tête d’une
compagnie de cent lances. Les Français sont vaincus à la bataille de Sesia par les troupes de
l’empereur Charles Quint où les arquebusiers tiennent en échec les chevaliers. Le chef des forces
françaises, l’amiral Bonnivet, qui a commis des erreurs et qui est blessé, charge le chevalier Bayard
de diriger la retraite en commandant l’arrière-garde.
Le 30 avril 1524, alors qu’il organise le repli sous les tirs des arquebusiers ennemis, et, selon un
témoignage d’un contemporain : « comme Dieu le voulut permettre…fut tiré un coup de arquebuse
[une autre version évoque un trait d’arbalète] dont la pierre le vint frapper au travers des reins, et lui
rompit tout le gros os de l’échine. Quand il sentit le coup, se prit à crier : Jésus ! Et puis il dit : Hélas,
mon Dieu ! Je suis mort. Et devint incontinent tout blême, comme failli des esprits, et pensa tomber ;
mais il eut encore le cœur de prendre l’arçon de sa selle, et demeura debout jusques à ce qu’un
jeune gentilhomme, son maître d’hôtel, lui aida à descendre et le mit sous un arbre ».
Au pied d’un arbre, face à l’ennemi, il console ses proches et leur ordonne de le quitter afin de ne pas
être capturés. Les chefs ennemis approchent pour saluer leur glorieux adversaire. Le connétable de
Bourbon, passé au service de l’ennemi, s’adresse à son ancien compagnon d’armes, lui faisant part
de la pitié que lui inspire le triste état de Bayard. Celui-ci lui répond alors : « Monsieur, il n’y a point
de pitié en moi, car je meurs en homme de bien ; mais j’ai pitié de vous, de vous voir servir contre
votre prince, votre patrie, votre serment ».
Le chevalier Bayard meurt, la colonne vertébrale brisée par un coup dans le dos, tiré à distance, qui a
transpercé sa lourde armure.
Sa mort marque la fin du monde chevaleresque avec ses valeurs de bravoure et de piété. Il incarnait
le « bon chevalier », celui qui défend les opprimés, s’oppose au pillage, au viol… Celui qui se montre
généreux avec ses compagnons d’armes et qui est d’une loyauté extrême envers son souverain. Il est
le capitaine pratiquant la « bonne guerre » selon les critères moraux de l’époque.
Après lui, le triomphe des armes à feu (artillerie, arquebuses…) est de plus en plus imposant dans
l’art de la guerre.
TECHNIQUE DETERMINANTE : l’arquebuse
La bataille de Sadowa, le 3 juillet 1866
Cette bataille se déroule dans le cadre de la guerre entre la Prusse et l’Autriche dont l’enjeu est le
contrôle de l’espace germanique (la Confédération germanique, héritière du Saint-Empire, constituée
de nombreux états tels que la Prusse, la Bavière, la Saxe, le Wurtemberg…).
A la veille des hostilités, la Prusse a envoyé des observateurs au côté des Nordistes durant la Guerre
de Sécession américaine, afin d’analyser l’utilisation des moyens militaires modernes et la mise en
place des stratégies adéquates. L’une des conséquences de cette étude fut la création d’une
Direction centralisée de l’armée prussienne.