parfum pour les personnages qui vivaient dans la cité. Cette performance se faisait sans caméra. Herman a vu la
puissance évocatrice de ce dispositif lorsqu’il a acheté une caméra et qu’il a expérimenté en mettant la caméra
en face de ses maquettes dans son atelier. C'est ainsi qu'il a eu l'idée de faire un spectacle à propos
d'un paysage. Cela a donné lieu à The Great War. Et après cela, nous avons utilisé cette forme, que nous
appelons film d'animation en direct, dans d'autres spectacles. La combinaison de caméras, de maquettes et de
marionnettes nous donne l'occasion de raconter des histoires sur des milliers de personnes, de villes, de
paysages…en bref, sur l'humanité.
D'où vient le nom du collectif ?
Arlène Hoornweg : Le nom provient d'un ancien hôtel à Enschede, une ville aux Pays-Bas où Pauline a
séjourné une fois. Nous avons aimé le nom, car à chaque nouvelle production, nous travaillons avec des hôtes
différents, des artistes visuels, des musiciens. Et c’est un nom international.
Arthur Sauer, vous êtes compositeur. Qu’est-ce qui vous a donné envie de participer à ce projet ?
Arthur Sauer : Herman m'a appelé pour me demander si je voulais écrire quelque chose pour un orchestre
symphonique, pour accompagner les images en direct qu'il allait faire. Avant cela, je n'avais fait que du son
intégré avec un piano pour un film en noir et blanc, et je trouvais dommage que personne ne puisse voir
comment les sons étaient faits. J'avais aussi fait un spectacle de théâtre musical basé sur un texte de Witold
Gombrowicz appelé " Histoire " qui parlait à la fois de la première et de la seconde guerre mondiale. Pour cette
pièce, j’ai fait des recherches sur les deux guerres mondiales, et j’ai eu l'idée que la performance ne devrait être
faite que sur une de ces guerres. Ce sont surtout les lettres que j'avais lues des soldats de la première guerre
mondiale qui étaient très frappantes. Ainsi, lorsque Herman a appelé, plusieurs idées se sont réunis
immédiatement. J'ai dit à Herman que s’il allait faire les images en direct sur scène, je ferais le son sur scène, et
donc le concept de l'animation en direct a obtenu sa forme.
Quels sont les différentes étapes de création d'un projet de ce type ?
Arthur Sauer : Etape 1, la recherche. Ce que j'ai trouvé intéressant, c'est que la grande guerre a été la première
guerre technologique : avions, sous-marins, la guerre chimique, des mitrailleuses, des chars, camouflage, etc .
Chacune de cette technologie apporte son propre son avec elle. Alors j'ai commencé à rechercher des
enregistrements effectués lors de la Première Guerre mondiale. Une des choses que j'ai trouvée était un
enregistrement de la première attaque au gaz moutarde, enregistré par le fils du propriétaire de la maison de
disques "His master's voice» (le label avec le chien qui regarde à l’intérieur d’un gramophone). Son fils est mort
pendant l'enregistrement, car le vent soufflait dans leur direction et ils n'avaient pas pensé à cela. La dernière
chanson de la performance est également un enregistrement effectué à la fin de la grande guerre.
Arlène Hoornweg : Nous avons travaillé pendant environ 8 mois sur la Grande Guerre. Nous avons d'abord
développé le concept ; nous l'avons fait avec le compositeur Arthur Sauer. Après, Herman a eu l'idée de faire un
paysage en direct depuis la caméra avec la guerre mondiale pour thème. Puis, Arthur a apporté entre autres
l'idée de faire des sons en direct avec le film d'animation en direct. Nous avons eu l'idée d'utiliser les lettres des
soldats en voix off, nous avions donc des personnages dans la performance auxquels on pouvait s’identifier.
Arthur Sauer : La deuxième chose est de penser à ce qu'il faut faire avec le son. Je voulais mélanger des sons
réalistes avec des sons qui n’étaient de toute évidence pas réalistes (comme des noix de coco pour la course de
chevaux, bien que, parfois, le public s'habitue à des sons qui ne sont pas du tout réalistes, et même parfois, le
public considère la version irréaliste plus réaliste que la chose réelle, en raison de l’habitude qu’on lui a
donnée...). Cela brouille la ligne entre le réel et l'imaginaire.
Arlène Hoornweg : La troisième chose, c'est que j’ai proposé de se rendre à certains endroits où la guerre avait
eu lieu. Il y a un couple de Hollandais qui a écrit un livre de voyages au sujet de ces lieux, et on est allé quatre
jours dans les endroits qui semblaient les plus intéressants. Après ces quatre jours, nous sommes revenus avec
l’intuition de ce que nous voulions faire passer à travers la scène. Nous avons trouvé un café en Belgique sur la
colline 60 ( si je me souviens bien) qui possédait des vues de bois avec des photos stéréo qui n’avaient pas été
censurés (contrairement à tout le matériel documentaire que nous avions vu avant ). Une des images était un
arbre nu, dans un paysage nu, et un cheval pendu au sommet d’un arbre. Cette image est utilisée (avec un
homme dans l'arbre ) dans la performance. En Champagne, nous avons trouvé des grenades et la chaussure
d'un soldat allemand (nous l’avions vu la première fois au musée de Péronne, elle avait des rivets sur la
semelle). Nous avons fait beaucoup de recherches, nous sommes allés en Belgique et dans le Nord de la France
pour voir les vestiges de la guerre et trouver des livres, des lettres et des photos. Les livres de l'historien Lyn
MacDonald avec des entrevues avec des anciens combattants nous ont beaucoup inspirés. Après, nous avons
fait le scénario, étape par étape. Nous avons dû trouver ce qu'il fallait utiliser pour le concevoir ensuite : quand