ENTREPRENDRE Ce mois-ci, Bordeaux met à l’honneur ce nouveau champ de l’économie, qui pèse désormais 10 % du PIB français. Ce sera bien plus demain dans un monde où il faudra produire en préservant mieux les ressources naturelles de notre planète. Une des 36 salariés de l’association Amos, spécialisée dans le recyclage et la vente de vieux vêtements. Économie sociale et solidaire rime aussi avec croissance et emplois I l y a encore dix ans, ceux qui défendaient l’ESS (économie sociale et solidaire) passaient pour des utopistes. Mais aujourd’hui, la donne a changé. En ce sens, Bordeaux s’attelle à insuffler une autre manière de penser la ville, plus verte, mais aussi à promouvoir une autre vision de l’économie, sociale et solidaire. L’ESS représente aujourd’hui pas moins de 13 000 emplois, soit 14 % des emplois de la ville. Une filière, qui recouvre des formes multiples : coopératives, associations, mutuelles, AMAP… Et contrairement aux préjugés, le secteur a une croissance de 3 % par an et fut l’une des filières les plus dynamiques de la dernière décennie. Ainsi, Élise Atlantique, qui collecte et traite des déchets de bureau, ne cesse de grandir depuis sa « base », dans les locaux de Darwin à Bordeaux. Son chiffre d’affaires atteint aujourd’hui 830 000 euros, contre 150 000 euros en 2013. L’entreprise, qui TABLEAU DE BORD emploie 22 salariés, dont un quart en situation de handicap, a même ouvert un deuxième site à Hendaye en mars. « L’ESS, ce n’est plus seulement de petites associations, mais aussi de plus en plus des entreprises sociales », souligne Frédéric Petit, président de la société. Et, elles sont de plus en plus reconnues par les institutions. « Nous venons de lever près d’un million d’euros avec Bpifrance, France Active… pour diversifier notre activité, entre autres, sur le recyclage de gobelets », met-il en avant. 34 917 942 SALARIÉS DANS LA MÉTROPOLE MILLIONS DE RÉMUNÉRATION BRUTE DANS LA MÉTROPOLE 18 BORDEAUX MAG NOVEMBRE 2015 DE NOMBREUSES RÉINSERTIONS Même dynamique à Amos, association qui recycle de vieux vêtements et les vend dans désormais six boutiques, propres, sur la métropole bordelaise. Une activité qui fait travailler 36 salariés. Une croissance qui profite à des chômeurs, des jeunes ou moins jeunes en difficulté économique et sociale. « Deux personnes sur trois trouvent une activité professionnelle à leur sortie d’Amos », relève Nathalie Lacoste, la directrice de la structure en Gironde. 2 820 ÉTABLISSEMENTS EMPLOYEURS (ENTREPRISES ET ASSOCIATIONS) BRÈVES ÉCO ... De son côté, la Ville a montré la voie en favorisant dans ses commandes publiques, via des clauses d’insertion confiées au Plan local pour l’insertion et l’emploi de Bordeaux (PLIE), l’accès ou le retour à l’emploi des personnes rencontrant des difficultés d’insertion professionnelle. Ainsi, la construction du nouveau stade de football ou encore l’éco-quartier Ginko ont notamment permis de former et de réinsérer quelques jeunes éloignés de l’emploi. Aujourd’hui, le financement de ces structures s’améliore sensiblement. En témoigne le succès du fonds Bordeaux solidaire, qui a vu son budget doubler en un an, à 200 000 euros. « Nous avons accompagné 25 projets (Bordeaux pionnières, marché de Noël solidaire qui offre des places en chalet à des entrepreneurs exclus du crédit bancaire…), dont certains sont encore en cours », indique Stéphanie Ioan, sa directrice. « Des fonds qui viennent d’entreprises (Cap Ingélec, Mesolia, Groupe Bordeaux nord Aquitaine) du territoire », se réjouit-elle. Pour Mélanie Thuillier, coordinatrice du Cress (Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire), c’est une évidence, l’avenir de l’ESS est prometteur. « Il y a un retour à des valeurs éthiques, locales, surtout dans le secteur commercial .» Ceci étant, pour permettre aux entreprises du secteur de durer, « la filière doit encore renforcer sa palette d’outils. Il n’y a pas assez d’incubateurs dédiés », estime Stéphane Pardonnet, directeur d’Aquitaine Active. En tout cas, les résultats des structures existantes sont encourageants. Ainsi, l’Association territoires et innovation sociale (Atis), fondée il y a cinq ans, a accompagné avec son incubateur, « La Fabrique à initiatives », vingt entreprises, qui ont créé soixante emplois. Accueillir les entreprises sociales à Bordeaux La Ville de Bordeaux a investi 6 M€ depuis 10 ans dans des pépinières d’entreprises désormais ouvertes aux projets de l’économie sociale et solidaire, ce réseau de pépinières a accueilli récemment une ONG, deux coopératives, des entreprises socialement vertueuses dans les secteurs de l’économie circulaire, de la silver économie, ou encore des énergies renouvelables. ZOOM DE L’ENTREPRENEUR L’intérêt du travail collaboratif Jean-Louis Chaumel, fondateur de l’entreprise « Gestion technique bâtiment » à Bordeaux, un bureau d’études qui travaille sur la transition énergétique des bâtiments professionnels, nous explique les avantages pour sa structure de travailler dans l’espace de travail collaboratif La Ruche. « Je ne vois que des atouts à être à La Ruche ». Installé dans ses locaux depuis mars 2015 avec sa société, Jean-Louis Chaumel ne regrette pas son choix. « Cela permet de rompre avec l’isolement de l’entrepreneur. Ici, il y a de réelles interactions avec les autres start-up. Les plus expérimentés nous conseillent. C’est très riche intellectuellement. Nous sommes tous des entrepreneurs sociaux dans une forte dynamique : celle de changer l’ordre des choses.» Il loue « l’accueil bienveillant » à La Ruche, qui a été déterminant dans sa réussite. Aujourd’hui, Jean-Louis Chaumel se prépare déjà à racheter une autre société de son secteur de dix personnes. Ici, ce jeune patron se sent aussi « libre » dans un grand espace, dont le loyer ne coûte pas cher : 200 euros par mois. « Je n’ai pas juste un bureau, puisque j’ai accès à tout, salle de réunion, de cuisine, de repos… », souligne-t-il. Autre intérêt, la Ruche est géographiquement bien située, dans le centre-ville de Bordeaux. RENDEZ-VOUS Le tourisme, pilier de la croissance économique de Bordeaux 926 millions de retombées économiques et 6 300 emplois directs et indirects liés à l’activité touristique : c’est le résultat de l’enquête menée par le cabinet indépendant Protourisme, à la demande de l’Office de Tourisme de Bordeaux. Entre avril 2014 et avril 2015, 5,8 millions de visiteurs venus pour loisirs ou pour affaires ont séjourné dans la ville, dont 77 % de Français, 22 % de Britanniques et 11 % d’Espagnols. Parmi les étrangers, ce sont les Britanniques qui sont le plus représentés (22 %) suivis des Espagnols (11 %) et des Allemands (9 %). L’aéroport de Bordeaux : un moteur pour l’attractivité de la ville Avec près de 5 millions de passagers depuis le début de l’année et une croissance de 7,1%, la meilleure en France, l’aéroport de Bordeaux Mérignac génère un chiffre d’affaires de 64 millions d’euros pour des retombées économiques évaluées à 635 millions d’euros. Des record exceptionnels qu’il doit avant tout bordeaux.fr 19 à ses liaisons internationales qui représentent près de la moitié du trafic total, notamment grâce aux vols vers les hubs d’Amsterdam, Londres ou Bruxelles. Projets innovants En partenariat avec La Tribune-Objectif Aquitaine et la designer Maureen Loïs, la Ville de Bordeaux, via le FIB, a sélectionné cinq projets innovants dont les porteurs ont été reçus à l’hôtel de ville par Alain Juppé : – Arnaud Desrentes, Exoes. Recycler le gaz d’échappement des camions et des bus pour produire de l’électricité. – Xavier Chetif et Elien Meynard, Hipok. Un Instagram médical pour partager photos, IRM, vidéos entre praticiens afin d’obtenir un deuxième avis. – William Longlade, Siouz. Une plateforme interactive de mise en relation entre particuliers et artisans. – Cédric Dumas, Wiidii. Un assistant personnel mobile qui conjugue l’intelligence artificielle à de vrais assistants. – Frédéric Ventre, Yooji. Des produits alimentaires surgelés et en portions biologiques pour les bébés.