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L’impact du climat actuel et les héritages du paléoclimat sur les
risques naturels au Sud-Kivu: défis, opportunités et perspectives
Auteur : AGANZE BACIYUNJUZE
GLOIRE (Bureau d’Etude Géologique
et Environnementale en RDC, BEGERDC)
Contact: [email protected]
Les conditions climatiques variées auxquelles sont soumises les régions montagneuses du Congo oriental et
du Sud-Kivu en l’occurrence depuis
quelques décennies, expliquent l’accroissement de la vulnérabilité face aux
aléas naturels auxquels est sujet la population Sud-Kivucienne compte tenu de
son intense développement démographique dans la région. Ces aléas naturels
sont soit du domaine géorsique ou soit
des risques hydroclimatiques dans le cas
précis. N’empêche de les évaluer tous
dans les lignes qui suivront.
Les transformations morphologiques anciennes et récentes du SudKivu montrent l’histoire paysagère
d’une région qui par sa position géographique, a été soumises à des nombreuses contraintes successives matérialisées par toute une série de failles
(Normales, Inverses, décrochantes,...).
C’est ainsi qu’on observe le déclenchement brusque des glissements de terrain,
des effondrements, des éboulements et
par-dessus tous, des fracturations qui
expliquent la sensibilité de la région aux
paramètres de changements climatiques
identifiés que sont la température, les
précipitations et le vent.
Il sied de préciser d’entrée de
jeu que le changement climatique est dû
soit à des processus intrinsèques à la
terre, à des influences exogènes et /ou
des influences anthropogènes.
Depuis le pléistocène supérieur (période tardi-glaciaire), pendant
la période dite « Kalambo Interstadial »
jusqu’à la période interglaciaire actuelle
(Holocène), le climat terrestre n’a pas
cessé de changer passant des oscillations
froides moins marquées, vers son réchauffement global et sans équivoque.
Ceci se justifie en partie par la désintégration radioactive des roches contenues
dans la terre, le soleil terrestre et dans
une moindre mesure le refroidissement
du noyau terrestre.
Un rapport récent de l’organisation météorologique mondiale sur l’état
du climat a montré l’ampleur des indicateur cohérents et interdépendants de
l’évolution du climat mondial en donnant un aperçu sur les températures
régionales et nationales survenues au
cours de l’année et les concentrations
des gaz à effets des serres.
Les observations ont montré
que l’homme, depuis l’avènement de la
révolution industrielle et son ingérence
des énergies polluantes concourt aussi
par certaines de ses actions au réchauffement climatique. Au Sud-Kivu, à cela
s’additionnent les CO2 et CH4 (dont
L E CA HI E R DU B E G E - R D C ,
l’effet de serre est 25 fois plus puissant
températures qui, en favorisant la
que celui du dioxyde de carbone) contephotosynthèse, devraient accroitre la
nus dans le lac Kivu.
protection de la végétation sur les
Il en vient donc clairement que
terrains (atténuant ainsi les phénol’augmentation excessive de la tempéramènes érosifs des sols et les glisseture due au réchauffement climatique
ments superficiels). Mais ces avantages
couplée aux coulées des laves résultant
ne doivent pas néanmoins primer sur ses
des activités volcaniques ; qui se dévergraves conséquences dans le cadre de
sent dans le lac Kivu, pourraient induire
cette thématique,
un flux d’énergie supplémentaire dans
Il est toutefois possible de
l’eau, qui risquerait de déstabiliser la
globaliser les tendances du changestratification du lac et provoquer l’érupment climatique en montrant l’évolution des gaz, s’il y a une importante
tion passée et future des paramètres
accumulation d’énergie dans les eaux
climatiques. De ce fait, des mesures de
profondes du lac, pour se décharger à la
remédiation et les axes d’améliorations
surface.
des connaissances dans les jours à veAu vu de ce qui précède, il est
nir se déclinent en :
intéressant d’évaluer et d’apprécier qua- la mise en œuvre des
litativement, au regard des modifications
modèles numériques permettant de
des paramètres climatiques, l’impact
simuler quantitativement les aléas natupotentiel du changement climatique sur
rels intégrant les paramètres climatiques
les aléas naturels et leur l'évolution dans
sur la base de scénarios futurs au Sudrégion du Sud-Kivu afin de mettre en
Kivu .
place des stratégies d’adaptation en
- la mise en place des
accord avec les normes requises, en
réseaux d’observations de suivi à
proposant des indicateurs permettant
long terme des phénomènes naturels
d’évaluer ce changement et ses effets, et
ainsi que des d’outils de modélisation
d'axes d'amélioration des connaissances.
adaptés au contexte du Sud-Kivu.
Le principal objectif d’une telle
Pour ce qui est de la lutte contre
étude est d’évaluer les impacts du climat
le changement climatique et ses consesur les risques naturels au Sud-Kivu et
quences au sens strict du terme, nous
de proposer le cas échéant des pistes
suggérons :
de solutions pour leur réduction.
- l’organisation de plusieurs
• De manière plus spécifique, il est
sommets sur le changement climatique
question de décrire les risques naturels
et une campagne de sensibilisation à
les plus récurrents dans la région en
outrance de l’opinion publique sudexpliquant la sensibilité et l’influence
kivucienne. Cette sensibilisation se veut
des paramètres climatiques sur chaque
une plate-forme d’échange d’informatype de phénomène à risque.
tions et de partage d’expériences sur la
• L'intégration de ces scénarios climanécessité de la problématique en cause.
tiques permet d'apprécier, en fonction
- Travailler sur des modèles
de l’état des connaissances, les relations
innovants qui protègent l’environnede cause à effet sur les mécanismes des
ment, le boycott des produits des indusphénomènes
tries non respectueuses aux
à risques.
environnementales.
« Lorsque le dernier normes
Il
Tout cela dans une perspective
arbre
aura
été
abattu,
la
en
vient
de prise de conscience.
dernière rivière empoisonnée, - Nous proposons également
ainsi
que
le dernier poisson tué, la des slogans percutant la consles précipidernière maison ensevelie, cience humaine, qui amènent à
tations, la
alors on comprendra que réfléchir comme par exemple ce
température
et le vent,
proverbe connu de tous : «
l’argent ne se mange pas. »
favorisent
Lorsque le dernier arbre aura été
chacun à son niveau, des dégradations
abattu, la dernière rivière empoisonnée,
de sols ou de roches avec pour conséle dernier poisson tué, la dernière maiquence directe la provocation des mouson ensevelie, alors on comprendra que
vements des masses sous toutes les
l’argent ne se mange pas. »
formes et à des diverses échelles (les
-Dégazer le Lac Kivu et appliglissements de terrain, les phénomènes
quer les processus de séquestration géod’érosion ,des chutes de pierres et
logique du CO2
blocs, les éboulements, les phénomènes
-Préserver le puits de carbone,
tassements différentiels et effondreprocéder à la stabilisation de masse insments). A cela s’ajoute les inondations
table, cartographier les zones inondables
qui sont devenues quasi récurrentes
et développer des mesures antiérosives
pendant la période pluvieuse.
dans le Sud-Kivu.
Certains des effets aggravants
REFERENCE (Voir page 12)
sur les aléas naturels, pourraient être
atténués par des effets bénéfiques du
changement climatique. Il s’agit essentiellement de l'augmentation des
30 MARS 2016, Nº1
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