On sait aujourd’hui calculer de façon précise et fiable de combien une variation de la
concentration en CO2 modifie l’effet de serre. Si l’on suppose que l’atmosphère terrestre
conserve exactement ses propriétés actuelles, que seules la concentration en CO2 et les
températures de l’air et de la surface de la Terre peuvent varier, on obtient alors qu’un
doublement de la concentration en CO2 a pour conséquence d’augmenter la température
moyenne de la Terre de 1,2 °C. Ce calcul peut être fait de façon très précise, mais il est basé
sur des hypothèses qui sont beaucoup trop simplificatrices. En effet, si la température
change, toutes les autres grandeurs décrivant le climat changent aussi : humidité, vent,
nuages, pluies, couverture neigeuse, etc. Tout cela peut à son tour modifier les échanges de
chaleur dans l’atmosphère, et donc avoir un effet sur les températures : ce sont des
phénomènes de rétroaction. Prenons quelques exemples.
La quantité maximale de vapeur d’eau pouvant être contenue dans un volume d’air dépend
de la température : plus la température de l’air est élevée, plus cette quantité est importante,
et inversement lorsque la température est plus faible (voir « La physique du climat »). Or nous
avons vu précédemment que la vapeur d’eau est le principal gaz à effet de serre. Donc, si
l’humidité relative de l’atmosphère reste constante, toute augmentation de la température de
l’air sera accompagnée d’une augmentation de la quantité de vapeur d’eau, donc de l’effet de
serre, ce qui entraînera une augmentation de la température de l’air et de la surface de la
Terre. C’est une rétroaction positive : la variation de la vapeur d’eau a pour effet d’amplifier la
variation initiale de température. Qui dit amplification ne veut pas dire emballement car il y a
un phénomène stabilisateur : c’est la loi d’émission du rayonnement dont nous avons parlé au
début de ce chapitre et qui dit que lorsque la température augmente, l’énergie perdue par
émission de rayonnement augmente. Les rétroactions sont actives aussi bien lorsque la
température augmente que lorsqu’elle diminue. Toujours pour ce premier exemple, si la
température baisse, la quantité de vapeur d’eau baisse aussi, ce qui réduit l’effet de serre et
tend à diminuer la température de surface.
Une autre rétroaction positive est liée à l’extension de la couverture neigeuse. La neige, qui
est très blanche, réfléchit entre 80 et 90 % du rayonnement solaire incident. Or, dans un
climat plus chaud, la surface neigeuse sur les continents sera moindre. S’il y a moins de
neige, le rayonnement solaire, au lieu d’être réfléchi par le sol, sera absorbé et la température
aura donc tendance à augmenter davantage.
Une dernière rétroaction importante tient aux nuages. Ces derniers ont un effet de serre qui
dépend de leur altitude, les nuages hauts ayant un effet plus important que les nuages bas.
Les nuages, comme la neige, réfléchissent également vers l’espace le rayonnement solaire
incident, phénomène parfois appelé « effet parasol ». L’effet de serre des nuages tend à
augmenter la température de surface de la Terre, l’effet parasol tend à la refroidir.
Aujourd’hui, on observe que ces deux effets antagonistes ne s’annulent pas tout à fait et qu’à
l’échelle globale, l’effet parasol domine, que les nuages refroidissent légèrement la surface de
la Terre. La façon dont les nuages changeront avec la température globale n’est pas encore
bien connue. Les modèles climatiques actuels tendent à montrer que leur effet parasol
diminuera si la température globale augmente, ce qui aura tendance à augmenter davantage
la température de la Terre, mais cet effet est très incertain et il est la principale source
d’incertitude des projections des changements climatiques futurs.
L’ensemble de ces rétroactions climatiques a pour effet d’amplifier d’un facteur 2 à 3 toute
variation de température. Par exemple, lors d’un doublement de la concentration en CO2,
nous avons vu que la température augmentait de 1,2 °C si elle était la seule grandeur à
changer. En prenant en compte l’ensemble des rétroactions du climat, on trouve que
l’augmentation de la température est de 2,5 à 4,5 °C. On voit ainsi clairement l’importance