
À propos d’Africa Talks Climate
Le changement climatique figure actuellement parmi les questions les plus importantes à l’ordre
du jour politique et économique mondial. Pourtant, il a fallu au moins 20 ans pour devenir une
priorité internationale. À de nombreux égards, cela est dû au fait que le changement climatique a
été perçu, dans un premier temps, comme un problème scientifique. Des informations
scientifiques complexes, déroutantes et parfois contestées ont abouti à une réaction lente de la
part du grand public et des organes politiques face à la crise du climat. Le débat portant sur le
changement climatique s’est par ailleurs déroulé dans les nations industrialisées, au sein d’un
public largement à l’abri de ses pires effets. Pour beaucoup de gens, le changement climatique
est un concept abstrait.
En Afrique, le changement climatique est loin d’être abstrait – il détermine d’ores et déjà le cours
de la vie des populations. Des événements météorologiques extrêmes et l’imprévisibilité accrue
des cycles météorologiques ont de graves conséquences pour les populations qui dépendent des
terres, des lacs et des mers pour subvenir à leurs besoins alimentaires et gagner leur vie. En
conséquence, la mobilisation de l’Afrique autour de cette question connaît une évolution rapide,
ce qui donne l’occasion de dépasser la lente évolution de l’opinion publique et de l’action
politique dans les pays occidentaux.
La réaction des citoyens africains face au changement climatique est entravée par une
insuffisance fondamentale d’informations pertinentes et utiles pour les publics africains. La
couverture médiatique et les campagnes de sensibilisation publique intensives menées dans la
plupart des pays industrialisés ont été largement absentes en Afrique, en particulier à l’extérieur
des principaux centres urbains. Trop souvent, les voix africaines ne se font pas entendre dans les
débats internationaux portant sur le climat.
La manière dont l’Afrique répondra au changement climatique sera dictée par la mesure dans
laquelle ses populations le comprennent. L’Afrique parle du climat se base sur la conviction que
les personnes les plus gravement touchées par cette question ont le droit d’être mieux informées,
afin de comprendre leur climat en évolution et d’y réagir efficacement. Il sera par conséquent
crucial de fournir aux populations les informations dont elles ont besoin. Malheureusement, on ne
sait pas grand-chose sur la façon dont le changement climatique est actuellement perçu et
compris par les Africains ; L’Afrique parle du climat se propose de remédier à cette lacune. Il
s’agit des recherches de plus grande envergure jamais réalisées sur la manière dont le grand
public africain comprend le changement climatique. Les équipes de recherche ont mené des
discussions avec plus de 1.000 citoyens de la République démocratique du Congo, de l’Éthiopie,
du Ghana, du Kenya, du Nigeria, du Sénégal, de l’Afrique du Sud, du Soudan, de la Tanzanie et
de l’Ouganda
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. Elles ont également conduit des entretiens avec presque 200 leaders d’opinion, y
compris des décideurs, des chefs communautaires ou religieux, des hommes et femmes
d’affaires et des représentants de médias et d’ONG.
L’objectif global de L’Afrique parle du climat est d’évaluer la façon dont le grand public
appréhende le changement climatique et d’identifier la meilleure manière pour les efforts de
communication et les médias de soutenir la réponse des Africains au changement climatique.
Dans le cadre des recherches, quatre questions principales ont été posées :
1. Quels sont les changements constatés par les citoyens africains dans leur climat et leur
environnement au fil du temps ?
2. Comment les citoyens africains expliquent-ils ces changements et y répondent-ils ?
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La sélection des pays s’est basée sur une consultation avec les organisations qui travaillent aux quatre
coins de l’Afrique sur le changement climatique, la présence d’une antenne du British Council ou du BBC
World Service Trust et les capacités de recherche au niveau local. Cependant, on a également pris en
compte le climat du pays, son profil démographique, sa situation géographique sur le continent africain et un
certain nombre d’indicateurs économiques, médiatiques et de gouvernance.