5
5
L’équilibre stellaire
Si nous restons les pieds sur Terre sans nous envoler dans les airs, c’est à cause de
notre poids, parce que notre corps est attiré par la grosse masse de la Terre qui le retient. Nous
ne tombons pas au centre parce que le sol dur nous en empêche. Mais lorsque nous marchons
sur de la vase ou dans des sables mouvants, nous nous enfonçons irrémédiablement.
Imaginons un atome à la périphérie d’une étoile. Il est attiré vers l’intérieur, et il n’y a pas de
sol dur pour le retenir. Mais en tombant, il entre en collision avec d’autres atomes qui
ralentissent sa chute, de plus en plus à mesure de sa descente. Finalement, il subit un effet du
genre « pépin de melon » : les collisions étant beaucoup plus efficaces en profondeur que vers
l’extérieur (parce que la pression, la densité et la température sont plus élevées), il est ré-
éjecté vers la surface. C’est ce que l’on nomme « équilibre hydrostatique ». Toute l’étoile est
ainsi stabilisée sous l’effet, d’une part du poids de ses atomes qui tend à la concentrer, d’autre
part des forces de pression internes qui la maintient dans ses dimensions d’équilibre.
Encore faut-il que l’étoile ait suffisamment d’énergie pour préserver longtemps cet
équilibre. En effet, étant constituée de gaz chaud, elle rayonne et perd une énergie qui doit
être compensée de l’intérieur. Nous savons à présent que cette énergie provient
essentiellement des réactions nucléaires qui se produisent dans ses régions centrales.
Actuellement, à l’intérieur du Soleil, 564 millions de tonnes d’hydrogène sont transformées
chaque seconde en hélium. Un noyau d’hélium ayant une masse légèrement plus petite que
celle des quatre noyaux d’hydrogène qui l’ont constitué, la différence est transformée en
énergie selon la formule classique d’Einstein : E = mc2. C’est ainsi que 560 millions de tonnes
d’hélium « seulement » sont produits, et 4 millions de tonnes par seconde sont transformés en
quatre cent millions de milliards de kilowatts (4.1026 watts). Cette énergie est ensuite
transportée vers l’extérieur, soit par radiation, soit par convection, et est finalement rayonnée :
c’est la luminosité solaire. On peut calculer ainsi la durée de vie du Soleil, soit 10 milliards
d’années, et son âge actuel : 4,5 milliards d’années.
D’où viennent les étoiles ?
Lorsqu’on admire la voûte céleste par une belle nuit d’été, on distingue aisément cette
bande blanchâtre qui traverse tout l’espace : la Voie Lactée. C’est notre Galaxie : deux cent
milliards d’étoiles dont le Soleil fait partie, gigantesque disque de 100 000 années-lumière de
diamètre au sein duquel nous nous situons. Un examen attentif montre que la Voie lactée n’est
pas uniforme : elle apparaît comme un ensemble de grandes taches lumineuses entrecoupées
de régions sombres. Il existe en effet d’immenses quantités de gaz diffus disséminé entre les
étoiles : la « matière interstellaire », souvent concentrée en « nébuleuses ». Ce gaz contient
des atomes, des molécules (parfois très complexes), des grains de poussière. Il est soumis à
des phénomènes violents : ondes de choc en provenance d’explosions d’étoiles, mouvements
de toutes sortes liés à la rotation de la Galaxie, aux ondes qui la traversent et aux collisions
diverses. Lorsqu’une masse de gaz se trouve, par hasard, suffisamment concentrée, elle peut
s’effondrer sous l’effet de son propre poids et devenir une « proto-étoile ». Le télescope
spatial Hubble a permis d’observer, en particulier dans la nébuleuse d’Orion, plusieurs de ces
embryons d’étoiles.
Les circonstances qui conduisent à la formation de nouvelles étoiles peuvent être très
variées : il faut que, pour une raison ou une autre, le gaz interstellaire soit comprimé au-delà
d’un « point de non retour ». On assiste ainsi à des formations d’étoiles « en série » dans
d’autres galaxies, appelées précisément « galaxies à sursauts d’étoiles » (star bursts). Parfois
la compression du gaz peut même provenir d’une collision directe entre deux galaxies. C’est
le cas de la spectaculaire galaxie « roue de charrette » où l’on distingue un immense cercle