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Pour l’action culturelle, conçue comme soutien à la création et à la diffusion d’oeuvres d’artistes
professionnels - ce qui, comme nous le verrons, n’est pas la seule ni sans doute la mission prioritaire
des MJC - le sigle lui-même est souvent négativement connoté alors qu’elles ont été et qu’elles sont
encore le ban d’essai de nombreux artistes, les initiatrices ou les cogestionnaires de nombreux
festivals et qu’elles gèrent un nombre important de petites et moyennes salles de spectacles1.
2 - Les MJC et l’organisation générale du domaine de l’intervention socio-
culturelle
La confusion qui entoure les Maisons des Jeunes et de la Culture contraste avec la rigueur de
leur fonctionnement institutionnel, caractérisé par un savant emboîtement d’instances de décision
(assemblées générales, conseils d’administration, bureaux, commissions, conseils de maison,
conseils de jeunes, conseils d’activités, conseils d’animation), par une organisation fédérale à
plusieurs étages (MJC de base, unions locales, fédérations départementales, régionales, fédération
nationale) communiquant entre eux par l’intermédiaire d’instances élues et d’un corps professionnel
hiérarchisé (animateurs, directeurs, délégués régionaux, chefs de services, chargés de mission,
chargés de formation, délégué général). Ces règles institutionnelles, qui peuvent être modifiées
“démocratiquement” selon les modalités prévues dans les statuts, ont la double fonction d’assurer la
pérennité et la cohérence de l’Institution et de réaliser le “projet pédagogique”, si bien que nous
avons affaire à un fonctionnement institutionnel pédagogique ou, si l’on veut, à une pédagogie
institutionnelle. La réglementation qui prévoyait, d’une part, que le conseil d'administration, par
l’intermédiaire du directeur-éducateur, avait droit de véto sur les décisions du conseil de maison,
mais que d’autre part, en contre-partie, le conseil d’administration devait être composé, pour un tiers
au moins de ses élus, par des membres du conseil de maison2, est le plus bel exemple de cette
sophistication pédagogico-institutionnelle qui fit merveille, notamment dans les années 60, au
moment où la “cogestion” (une invention des MJC) faisait de ces structures le partenaire socio-
culturel privilégié de l’Etat et des collectivités locales. C’est sans doute cette institutionnalisation
originale et dynamique qui contribua dans ces mêmes années 60 à placer les MJC en position de
1 Jacques Bertin, écrivain, compositeur-interprète, journaliste, rend compte de cette réalité en
stigmatisant la coupure entre culturel (Maisons de la Culture, centres culturels divers) et
socioculturel (MJC et structures équivalentes) - dont il pense que nous paierons longtemps les
effets négatifs - ainsi que le mépris des “cultureux” pour les “socio-cu” (France-Culture, Grand
Angle, samedi 10/03/90 : Où en sont les MJC ?)
2 Les réunions du conseil de maison étaient rigoureusement obligatoires et réglementées. Un directeur
pouvait recevoir un blâme de la FFMJC simplement parce que les comptes-rendus n’étaient pas
parvenus aux instances nationales en temps voulu (entretien avec Jack Riou). Jusqu’à la fin des
années 60, avant la scission qui suivra le congrès de Sochaux, les rapports des conseils de maison
faisaient l’objet d’un traitement, d’une compilation et d’un compte-rendu global diffusé dans les
MJC, de la part du centre fédéral.