DG Trésor/SER de PANAMA juin 2016
SITUATION ECONOMIQUE ET FINANCIÈRE DE LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
Description de la structure de l’économie
La République dominicaine compte une population de 10,5 M d’habitants et un PIB de 67,5 Md USD. Elle est la
2nde économie de la Caraïbe (après Cuba) et la 72ème à l’échelle mondiale. Le pays a connu depuis une décennie
une croissance dynamique (+5,9% en moyenne) bien supérieure à celle de l’Amérique latine et des Caraïbes
(+4,1%). Cependant, les fruits de la croissance n’ont pas été équitablement distribués et malgré une richesse
relative (PIB/habitant de 6 481 USD ; 90ème rang mondial), le pays ne se place qu’à la 103ème position à l’aune de
l’IDH. Selon la CEPAL, le taux de pauvreté a reculé de 41,8% en 2013 à 35,5% en 2014, de même le coefficient
de Gini s’est réduit de 0,554 à 0,519. En revanche, la mobilité sociale ascendante est très faible (2% à peine pour
la décennie 2000).
La République dominicaine a adopté un modèle de croissance ouvert, menant une politique agressive orientée
vers les exportations de biens et services, avec la mise en place d’incitations pour le tourisme et la création de
zones franches. Ces secteurs qui ont fait la croissance du pays se développent cependant moins rapidement depuis
le début des années 2000. L’ouverture économique s’est accompagnée d’un important déficit commercial. Le taux
de couverture reste faible, à 43%, conséquence de la dépendance du pays vis-à-vis des hydrocarbures (facture
pétrolière de 3,9 Md USD en 2013 soit 22% des importations).
Le chômage structurel demeure élevé, et atteint 14% en 2015, un taux reflétant les déficiences du modèle
dominicain. Plus inquiétante est la tendance à l’augmentation de l’emploi informel, de 52,9% en 2000 à 55,5% en
octobre 2014.
La République dominicaine fait partie du Cariforum et, à ce titre, bénéficie des avantages commerciaux liés à
l’APE (accord de partenariat économique) signé avec l’Union européenne.
Eléments d’analyse conjoncturelle
L’économie dominicaine a connu en 2015 la croissance la plus forte d’Amérique latine-Caraïbe, +7% (après
révision de la référence de prix portée de 1991 à 2007 et de la pondération sectorielle), tirée par la construction
(+18,2%), le commerce (+9,1%), l’intermédiation financière (+9,2%), l’enseignement (+8,6%), le transport et
stockage (+6,4%), le tourisme (+6,3%), la santé (+5,8%) et l’industrie (+5,5%). Sur la période 2010-2015, la
croissance annuelle moyenne a atteint +5,5% et elle est en accélération sensible depuis 2012.
La chute des prix du pétrole constitue un bienfait inespéré pour toutes les variables économiques. La balance
courante, constamment déficitaire depuis 2005, affiche une tendance nette à l’amélioration depuis les -10% du
PIB de 2009 : -2% du PIB en 2015 après -3,2% du PIB en 2014 et -4,1% du PIB en 2013. Ce chiffre devrait
être ramené à -1,7% en 2016 d’après le FMI.
Les recettes du tourisme ont augmenté de +9,2% ainsi que les transferts des émigrés (+6,8%). Les
investissements directs étrangers continuent de progresser (+3,8% ; 3,4% du PIB), surtout dans les
communications, le commerce, les services financiers et le tourisme. Les réserves de change brutes ont atteint à
fin 2015 un niveau jamais atteint dans l’histoire : 5,2 Md USD soit 3,6 mois d’importation de biens et services.
Le 20 janvier 2015, le gouvernement a procédé à une émission internationale de 2,5 Md USD (1 Md à 5,5% à
10 ans et 1,5 Md USD à 6,85% à 30 ans) puis le 30 avril à une émission de 1 Md USD dont 500 MUSD à
5,125% à 10 ans. Enfin, le 22 janvier 2016 1 Md USD a été émis au taux de 6,875%.
Politique économique
Après un déficit budgétaire de -2,8 % du PIB en 2014, le gouvernement a été en mesure de maintenir
l’engagement pris en 2012, de réduire continuellement ce déficit suite à la perte de contrôle subie dans la foulée
de la suspension unilatérale du programme du FMI (-6,8 % en 2012). Le solde budgétaire serait à l’équilibre en
2015 d’après les dernières estimations. L’exercice 2014 s’est soldé par un léger déficit primaire de -0,5% du
PIB et celui de 2015 devrait dégager un excédent primaire de +2,9% du PIB.
Les évolutions favorables des comptes extérieurs et de l’inflation ont laissé une vaste marge de manœuvre à la
politique monétaire, habituellement rigoureuse, de la Banque centrale. En plus de l’effet pétrolier, l’inflation sous-
jacente elle-même s’est tassée pour se situer à 1,99 % sur un an en août, reflétant une masse monétaire contenue
(+10,3 % sur un an fin juillet pour M2). L’inflation s’inscrit nettement en retrait de la bande de tolérance de la
Banque, de plus ou moins un point autour de 4 %.