LA GAZETTE
N° 2 - JANVIER 2016
EN BROUSSE
IMMERSION DANS
DES VILLAGES ISOLÉS
BELO SUR TSI
3 JOURS INTENSIFS
DE CONSULTATIONS
BELO SUR MER
DES PARTENARIATS
QUI SE CONSOLIDENT
L’association MadagasCARE a réalisé
du 22 octobre au 8 novembre sa seconde
mission dans la région du Ménabé. Grâce
aux dons de nos adhérents et l’organi-
sation d’événements solidaires, nous
avons pu acheminer de nouveaux médi-
caments et le matériel nécessaire pour
les consultations. Ces donations ont
aussi permis à l’association de financer
la prise en charge de soins et d’interven-
tions chirurgicales de certains patients.
Constitué d’un groupe de 14 membres
bénévoles, ( 2 médecins généralistes
et 1 urgentiste, 2 dermatologues, 1 gyné-
cologue, 1 ophtalmologiste, 3 infirmières,
1 responsable mission et 3 assistants
pharmacie ), nous étions également
accompagnés de 3 interprètes mal-
gaches sur toute la durée de la mission.
Nous sommes allés à la rencontre des
habitants de 5 villages différents, situés
pour la plupart près des côtes mari-
times. Cet itinéraire a permis à l’équipe
de découvrir des villages très enclavés et
où les besoins en soins médicaux sont
indispensables. Retour sur cette seconde
expédition.
MISSION OCTOBRE 2015
PRÈS DE 2000
CONSULTATIONS
PORTRAITS
UN PATIENT, UNE PRISE
EN CHARGE SUR MESURE
02
Lors de notre deuxième
mission, nous avons réalisé
près de 2000 consultations
dans la région du Ménabé.
Bélo sur Tsiribihina
Morondava
Bélo sur Mer
Manometimay
Andika sur Mer
Ankevo sur Mer
Antananarivo
Bélo sur Tsiribihina
Morondava
Bélo sur Mer
Manometimay
Andika sur Mer
Ankevo sur Mer
Antananarivo
MADAGASCARE - N° 2
02
BELO SUR MER
À L’OMBRE
DES BOUTRES
PARTENARIATS RENFORCÉS
UNE COLLABORATION
MULTI-SCALAIRE ET POLYVALENTE
La première partie de la mission s’est déroulée dans le village de Belo-sur-Mer
situé à 90 km et 5 h de 4x4 de Morondava, capitale régionale du Ménabé. Connue
pour ses constructeurs de boutres qui assurent les échanges commerciaux le long
de la côte ouest, la région de Belo sur Mer n’en demeure pas moins une zone
particulièrement isolée sur le plan sanitaire.
Lors de nos missions dans les différents
villages, certains patients ont eu besoin
d’intervention immédiate ou de soins
techniques spécifiques. L’association a
assumé les frais liés à l’évacuation et à
la prise en charge financière des patients
(nourriture, frais hospitaliers, traite-
ments… ). En voici quelques exemples :
Dénutrition d’un bébé de 9 mois - 140
Prise en charge pendant 6 jours
à l’hôpital avec sa mère et sa soeur
et achat d’eau de sureau, biberon et
boîtes de lait pour plusieurs semaines.
Biopsie puis mamectomie suite à un
cancer du sein d’une jeune femme de
31 ans - 285
Neuro-paludisme d’une petite fille
de 8 ans -100
Transfusions, traitements et prise en
charge pendant 4 jours à l’hôpital avec
sa mère et sa tante.
Prise en charge d’un bébé de 5 jours,
( sa mère est morte en couches ) - 80
Prise en charge et achat de boîtes
de lait et biberon pour plusieurs semaines.
Intervention sur une bartholinite d’une
femme de 44 ans - 240
SUIVI DES PATIENTS
DES PRISES EN CHARGE
SUR MESURE
Annonce de notre arrivée
Cabinet d’ophtalmologie
L’association comptait dans son équipe
une ophtalmologiste. Grâce à l’apport
de plusieurs dizaines de lunettes,
nous avons pu soulager des patients
souffrant de problèmes de vue.
Entre le manque de matériel et de
personnel sur place et les difficul-
tés pour rejoindre la grande ville de
Morondava et son hôpital, la popula-
tion souffre d’un manque important
en terme d’accès aux soins.
La mission s’est donc attelée pen-
dant 5 jours à soigner les habitants
du village mais aussi de façon plus
générale toutes les personnes en
besoin de la région. Beaucoup ont
fait plus de 20 km à pied pour arri-
ver à la consultation, parfois pour
une urgence. La grande majorité des
consultations ne présentaient pas
de caractère d’urgence. Cependant
certains cas ont du être emmenés à
Morondava pour des examens com-
plémentaires, voire des interventions
chirurgicales.
Le paludisme et la dénutrition sont
les pathologies les plus graves et les
plus fréquemment rencontrées dans
cette région. Elles sont source de
décès fréquent chez les enfants.
Point d’ancrage des premiers repé-
rages de l’association MadagasCARE,
Belo-sur-Mer est un village en bord de
mer dont l’isolement ( de novembre
à mai ) oblige les populations à utili-
ser les transports maritimes s’ils en
ont les moyens. Grâce aux partena-
riats développés lors des actions de
l’année précédente, la mission s’est
déroulée dans de bonnes conditions.
L’aide de Philippe et Christophe de
l’Hôtel Dauphin Vezo a permis, outre
un hébergement à proximité de l’hô-
pital renové par l’association Nama-
na, une aide logistique facilitant le
transport de notre matériel et favori-
sant de bonnes conditions de travail.
Ils nous ont apporté leur connais-
sance du village et de ses habitants.
Le partenariat avec l’association Blue
Venture a été primordial puisqu’il aura
favorisé la mission de prospection en
brousse à travers les contacts, l’orga-
nisation en amont et la présence de
l’association dans ces villages.
Enfin, le plus important, cette mis-
sion prend tout son sens à travers
un partenariat initié avec les repré-
sentants du Ministère de la santé et
du Ministère des Affaires étrangères,
du Directeur régional de la Santé du
Ménabé, des Médecins inspecteurs
de Belo sur Tsiribine et de Moronda-
Les participants de chaque mission
assument financièrement leur participation
(vols, hébergements, restauration...).
va et des Médecins des hôpitaux de
Belo sur Mer, de Morondava et de
Belo sur Tsiribine et du dispensaire
protestant de Morondava. Cette coo-
pération favorise le partage d’exper-
tise et l’évaluation des besoins en
santé et santé publique.
N° 2 - MADAGASCARE 03
EN BROUSSE
Durant la mission à Belo sur Mer,
une partie de l’équipe est allée pros-
pecter en brousse, dans des villages
très isolés pour évaluer les besoins
des populations les plus recluses.
Composée de 2 médecins (un géné-
raliste et un dermato), une infir-
mière, un interprète, une assistante
pharmacie et de la responsable de
la mission, le groupe était égale-
ment accompagné de 3 membres
de l’association BlueVenture et de
Christophe du Dauphin Vézo.
Suite à un repérage des besoins lors
de leurs interventions, Pauline et son
équipe nous ont proposé des sites de
consultations où notre action semblait
pertinente. MadagasCARE est ainsi
allée à la rencontre de villages où
l’accès aux soins est très déficitaire.
En enchaînant les consultations dès
Certains villages que nous avons
traversés ne disposent pas d’un accès
à l’eau douce. C’est le cas du 3ème vil-
lage où nous avons consulté : Andi-
ka sur Mer. Le premier puits se situe
à 7 kms à pieds ou en charrette à zébu
et est impraticable à marée haute.
Les habitants se lavent, se nour-
rissent et cuisinent avec l’eau salée
de la mangrove qui entoure le village.
Ce manque d’hygiène et la promis-
cuité avec les animaux sont respon-
sables de nombreuses gales, teignes
et infections cutanées.
Lisette, 3 kg pour 9 mois, est un tout
petit bébé que nous avons rencon-
tré à Andika sur Mer qui souffrait
de dénutrition. Cadette d’une famille
de 6 enfants, Lisette a été amenée par
sa tante et sa mère handicapée ( sa
jambe droite est atrophiée ).
Face au faible poids, au corps gringalet
du bébé et l’absence d’eau douce dans
ce village, nous avons proposé une réali-
mentation en milieu médical.
Lors de notre trajet retour sur Moronda-
va nous avons ainsi récupéré Lisette, sa
mère et sa tante afin de les emmener
dans un centre de soins. Nous avons tout
d’abord essayé le dispensaire catholique,
qui malheureusement n’assumait plus
ce type de soins. C’est donc l’hôpital de
Morondava, qui a pris en charge durant 6
jours Lisette, sa mère et sa tante. L’asso-
ciation a assumé financièrement les frais
hospitaliers et la nourriture du bébé.
Suivie par les médecins et infirmières de
l’hôpital, elle a été nourrie, soignée et a
pu prendre rapidement 400g.
À notre retour de Bélo sur Tsi, nous avons
pu constater l’amélioration du bébé.
Nous avons fourni à la famille des boîtes
de lait, biberons et bouteilles d’eau afin
de poursuivre l’alimentation du bébé sur
plusieurs semaines.
L’équipe de MadagasCARE présente sur
la prochaine mission prendra des nou-
velles de la croissance de la petite Lisette.
l’aube jusqu’à la tombée de la nuit,
nous nous sommes rendu compte
des besoins énormes qui existent,
dès lors qu’on s’écarte des pistes tra-
cées et des villages les plus connus.
Parfois sans eau potable, ces popula-
tions ne peuvent que très rarement
profiter des infrastructures médicales
de la région et sont obligées de s’en
remettre, bon gré mal gré, au mara-
bout du village.
Cette coopération avec Pauline et
l’équipe de Blue Venture nous a per-
mis d’examiner 407 patients sur les 3
jours de consultations.
MISSION EXPLORATOIRE
3 JOURS DANS
DES VILLAGES ISOLÉS
UNE MALPROPRETÉ DÛE
À L’ABSENCE D’EAU DOUCE
PORTRAIT
LISETTE, UN NOURRISSON
FORTEMENT DÉNUTRI
Un enfant ayant la teigne
Des patients d’Andika
‘‘ LA POPULATION SOUFFRE
D’UN MANQUE IMPORTANT
D’ ACCÈS AUX SOINS‘‘
Sur l’ensemble des consultations nous avons
diagnostiquéentre autres un cas de lèpre,
un cas de chromomycose, un cancer du
sein, une bartholinite, un énorme kyste aux
ovaires, soigné une fracture du bras, traité de
nombreux cas de paludisme, gales, teignes...
MADAGASCARE - N° 2
04
Après plusieurs heures de piste
en 4x4 et une traversée en bac sur
la Tsiribihina, nous sommes arrivés
à l’hôpital de Bélo sur Tsi. Le méde-
cin inspecteur nous a accueilli et fait
découvrir les lieux où nous pouvions
nous installer.
L’association a assuré 3 jours de
consultations intensives. Chaque
jour, des dizaines de patients venus
des villages aux alentours et de Bélo
sur Tsi se sont présentés pour une
consultation. Les journées se sont
parfois terminées à la lampe torche!
Contraints par le temps, nous n’avons
pu accepter tout le monde. Il a été
nécessaire de passer en priorité les
cas d’urgence, les femmes et enfants,
les personnes âgées ainsi que ceux
Le cas d’un patient a été particulière-
ment marquant lors de notre passage
à Belo-sur-Tsiribihina. Il s’agit d’un enfant
de 9 ans s’étant fracturé le bras en sautant
de son lit. Abandonné à la naissance, il a
été recueilli à l’âge de 2 mois par sa mère
adoptive qu’il n’a jamais cessé de regar-
der, le visage rasséréné, lors des soins que
nous lui avons prodigués.
Au-delà du courage et du calme de cette
famille qu’il faut souligner, c’est surtout ce
qu a amené cet enfant à notre consulta-
tion qui questionne.
AU BORD DE LA TSIRIBIHINA
3 JOURS INTENSIFS
DE CONSULTATIONS
PORTRAIT
LES LIMITES DU
MARABOUT TRADITIONNEL
BÉLO SUR TSIRIBIHINA
La fracture du petit datait en fait de plu-
sieurs jours. Il est arrivé en consultation
avec une attelle mal faite qui lui a cou-
pé la circulation dans le bras pendant
3 jours. Le marabout/infirmier qu’ils sont
allés voir en premier lui avait également
appliqué du gingembre sur le bras en guise
d’antidouleurs. Résultat : son bras avait
triplé de volume et sa peau avait brûlé
sous forme de bulles rendant impossible
la pose d’un plâtre, pourtant nécessaire
à ce stade. Sans radiographie, c’est donc
sous antidouleur, antibiotiques et avec
une véritable attelle qu’il portera pendant
2 mois, qu’il est rentré chez lui, toujours
aussi courageux, calme et proche de sa
mère. Cette histoire illustre les besoins en
infrastructures médicales aussi bien qu’en
éducation et en prévention sanitaire.
qui habitaient loin.
Notre présence sur le site durant
ces 3 jours nous a permis de suivre
certains patients et visualiser l’évo-
lution de nos soins. Ainsi nous avons
pu surveiller l’alimentation de cer-
tains enfants dénutris ou encore
d’observer la cicatrisation d’impo-
santes plaies sur le corps d’une jeune
femme suite à une fausse couche.
Cette étape nous a permis de
prendre conscience que l’état des
structures de santé, les croyances
traditionnelles et la pauvreté pou-
vaient entraîner des conséquences
dramatiques sur les maladies, infec-
tions, brûlures... Notre action est
importante dans cette région.
Accueil des patients
La prochaine mission se déroulera du 26 mars
au 10 avril 2016 et commencera à Bélo sur Tsiribihina.
Nous recherchons des vêtements pour enfants de
2 à 6 ans, afin de rhabiller les enfants porteurs de gale.
8, rue du Beau Site
78250 Meulan-en-Yvelines - France
@www.association-madagascare.fr
Facebook : Madagascare
RETROUVEZ-NOUS SUR
NOUS CONTACTER
Quelques membres du groupe
Rédaction : Jean Marre, Valérie Cornu et Louise-Marie Dionnet Direction artistique et crédits photos : Louise-Marie Dionnet
1 / 4 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !