Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001
CHAPITRE 8 SYSTÈME NERVEUX CENTRAL
Table des matières
ÉVALUATION DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL .................................... 8–1
Anamnèse et examen du système nerveux central ........................... 8–1
Examen du système nerveux central................................................ 8–2
AFFECTIONS COURANTES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL .............. 8–3
Paralysie de Bell............................................................................. 8–3
Céphalées : principes généraux ....................................................... 8–4
Céphalée de tension ....................................................................... 8–5
Céphalée vasculaire de Horton........................................................ 8–7
Migraines ....................................................................................... 8–9
Artérite temporale (gigantocellulaire) ..............................................8–12
Accident ischémique transitoire (AIT) .............................................8–13
URGENCES SYSTÈME NERVEUX CENTRAL........................................8–15
Diagnostic différentiel de la perte de conscience aiguë....................8–15
Méningite .....................................................................................8–15
Trouble épileptique chronique........................................................8–17
État de mal épileptique (crise de grand mal aiguë) ..........................8–19
Accident vasculaire cérébral (AVC)................................................8–20
8–1
Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires Avril 2001
ÉVALUATION DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL
ANAMNÈSE ET EXAMEN DU
SYSTÈME NERVEUX CENTRAL
GÉNÉRALITÉS
Chaque symptôme doit être noté et examiné en
fonction des caractéristiques suivantes :
Apparition (soudaine ou graduelle)
Évolution dans le temps
Situation actuelle (amélioration ou aggravation)
Localisation
Irradiation
Qualité
Fréquence et durée
Sévérité
Facteurs déclenchants et aggravants
Facteurs de soulagement
Symptômes associés
Répercussions sur les activités quotidiennes
Épisodes similaires diagnostiqués auparavant
Traitements antérieurs
Efficacité des traitements antérieurs
SYMPTÔMES DOMINANTS
En plus des caractéristiques générales décrites ci-dessus,
il faut aussi explorer les symptômes spécifiques suivants.
Fonction cérébrale générale
Altération de la mémoire
Altération de la concentration
Changements d’humeur
Fonction des nerfs crâniens
Modification de la vision, blépharoptose
Relâchement des muscles du visage
Perturbation de l’élocution
Perte auditive, acouphènes, problèmes d’équilibre
Altération de l’odorat et du goût
Céphalées
Apparition, âge de l’apparition des premiers maux
de tête
Type de céphalées, évolution dans le temps
Localisation, description, caractère pulsatile ou non
Moment de la journée et durée
Facteurs déclenchants
Symptômes associés : nausées, vomissements,
perturbations visuelles ou sensorielles
Altération de l’état de conscience
Étourdissements
Évanouissements
Convulsions
Blessure antérieure à la tête ayant occasionné des
pertes de conscience
Fonction motrice
Faiblesse musculaire, paralysie, raideur
Maladresse, ataxie
Démarche titubante et irrégulière avec les jambes
écartées
Tremblements
Fonction sensorielle
Diminution ou perte de la sensibilité
Picotements, fourmillements
Sensation de brûlure
Autres symptômes associés
Dysfonction intestinale ou vésicale
Impuissance
Douleur
ANTÉCÉDENTS MÉDICAUX (SYSTÈME
NERVEUX CENTRAL)
Crises convulsives
Traumatisme crânien
Maladie métabolique (p. ex. diabète sucré, troubles
thyroïdiens)
Cardiopathie (p. ex. hypertension, bloc cardiaque)
Accident ischémique transitoire
Maladies démyélinisantes (p. ex. sclérose en
plaques, maladie de Parkinson)
Alcoolisme
Migraines
Troubles mentaux (p. ex. dépression, trouble
bipolaire)
Paralysie de Bell
ANTÉCÉDENTS FAMILIAUX (SYSTÈME
NERVEUX CENTRAL)
Crises convulsives
Maladie métabolique (p. ex. diabète sucré)
Cardiopathie (p. ex. hypertension, infarctus du
myocarde, accident vasculaire cérébral)
Maladies démyélinisantes (p. ex. sclérose en
plaques, maladie de Parkinson)
Migraines
Troubles mentaux
8–2 Système nerveux central
Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires
ANTÉCÉDENTS PERSONNELS ET SOCIAUX
(SYSTÈME NERVEUX CENTRAL)
Alcoolisme
Abus de médicaments
Exposition professionnelle à des neurotoxines
EXAMEN DU SYSTÈME NERVEUX
CENTRAL
ASPECT GÉNÉRAL
État de santé apparent
Présence ou absence de douleur
Teint (p. ex. rouge, pâle, cyanosé)
État nutritionnel (maigreur ou obésité)
Concordance entre l’apparence et l’âge déclaré
EXAMEN DE DÉPISTAGE
L’examen de dépistage suivant permettra de
découvrir les éléments qui présentent des problèmes.
Un examen plus approfondi s’impose en présence de
déficits.
À évaluer pendant l’anamnèse
État de conscience
État mental
Élocution (clarté, contenu, volume, débit)
Nerfs crâniens
Voir le tableau 1.
Fonction motrice, fonction sensorielle et
réflexes
Évaluez la fonction motrice, la fonction sensorielle et
les réflexes de la façon suivante.
Membres supérieurs
Force de préhension
Bras levés et tenus en position (évaluation de la
déviation palmaire)
Épreuve doigt-nez (évaluation de la coordination œil-
main)
Sensibilité à la douleur au contact des deux
extrémités d’une épingle
Réflexes (biceps, triceps, réflexe styloradial
[supination])
Membres inférieurs
Élévation de la jambe tendue
Épreuve de la compression poplitée
Test du quadriceps
Démarche talons-pointes
Épreuve talon-genou
Épreuve de Romberg
Sensibilité à la douleur au contact des deux
extrémités d’une épingle
Réflexes (réflexe achilléen, rotulien, plantaire)
Irritation méningée
Recherchez une irritation méningée, s’il y a lieu :
Raideur de la nuque
Signe de Brudzinski
Signe de Kernig
Tableau 1 : Tests de dépistage de lésions des nerfs
crâniens
Nerf crânien Test
I-Olfactif Odorat (vérifiez uniquement
lorsque le client se plaint d’un
problème à cet égard)
II-Optique Acuité visuelle
Champs visuels
Examen du fond de l’œil
III-Oculo-moteur
commun
IV-Trochléaire
VI-Oculo-moteur
externe
Réflexe pupillaire (direct ou
consensuel)
Mouvements oculaires
V-Trijumeau Fonction motrice : dents serrées,
bouche ouverte
Fonction sensorielle : douleur
(sensibilité à la piqûre);
effleurement (avec un tampon
d’ouate); sensation sur le front,
les joues et le menton
Réflexe cornéen (inutile si le
client est conscient)
VII-Facial Symétrie faciale : relever les
sourcils, puis les froncer, fermer
les yeux très fort (l’examinateur
essaie de les ouvrir), montrer les
dents, gonfler les joues, sourire
VIII-Auditif Acuité auditive (tic-tac d’une
montre, murmure)
Épreuves de Rinne et Webber
IX-Glosso-pharyngien
X-Vague Mouvement du palais, de la luette
et de la paroi pharyngée
Réflexe pharyngé et déglutition
Enrouement
XI-Spinal Haussement d’épaule contrarié
Rotation de la tête contrariée
XII-Grand hypoglosse Langue tirée, langue poussée
contre chaque joue
Le système nerveux central 8–3
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AFFECTIONS COURANTES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL
PARALYSIE DE BELL
DÉFINITION
Paralysie faciale indolore, unilatérale, d’apparition
soudaine due à l’inflammation et à la tuméfaction du
septième nerf crânien (nerf facial). Elle disparaît
habituellement de manière spontanée.
CAUSES
Essentiellement inconnues
Infection virale possible du nerf facial
Lien possible avec la maladie de Lyme et
l’infection par le VIH
Des facteurs héréditaires et vasculaires peuvent y
contribuer.
Facteurs de risque
Grossesse (troisième trimestre)
Antécédents familiaux confirmés
Hypertension
Diabète sucré
SYMPTOMATOLOGIE
Apparition soudaine d’un relâchement unilatéral
des muscles du visage
Évolution vers la paralysie en quelques heures
Incapacité de fermer l’œil du côté atteint
Possible larmoiement prononcé de l’œil atteint
Possible altération du goût
Hypersensibilité au son
Possible douleur intra ou rétro-auriculaire du côté
atteint juste avant l’apparition du relâchement
musculaire
OBSERVATIONS
Le client semble anxieux.
Sillon naso-labial effacé
Incapacité de fermer l’œil, de lever le sourcil ou de
sourire du côté atteint
Élargissement de la fente palpébrale
Mouvement vers le haut du globe oculaire lorsque
le client essaie de fermer les yeux
Écoulement salivaire possible
Diminution possible de la sensibilité à un léger
contact ou à une piqûre d’aiguille
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
Accident vasculaire cérébral (tronc cérébral)
Tumeur au cerveau
Tumeur de la glande parotide
Otite moyenne ou mastoïdite
Méningite
Traumatisme à la tête ou au visage avec fracture
Maladie de Lyme
Zona otitique
Syndrome de Guillain-Barré
Sclérose en plaques
COMPLICATIONS
Érosion cornéenne
Ulcère de la cornée
Kératite
Faiblesse chronique des muscles faciaux
Contraction des muscles faciaux
TESTS DIAGNOSTIQUES
Aucun
TRAITEMENT
Objectifs
Protéger l’œil.
Prévenir les complications.
Il faut traiter les symptômes selon leur sévérité et le
moment de la consultation.
Consultation
Consultez immédiatement un médecin. Dans les
72 heures qui suivent l’apparition de la paralysie et si
le risque de dénervation est élevé (p. ex. paralysie
faciale unilatérale complète, client de plus de 50 ans,
diabétique), un traitement médicamenteux peut être
indiqué (voir la section « Interventions
pharmacologiques » plus loin).
Interventions non pharmacologiques
Rassurez le client et expliquez-lui qu’il peut
s’attendre à être complètement rétabli au bout de
6-8 semaines.
8–4 Le système nerveux central
Avril 2001 Guide de pratique clinique du personnel infirmier en soins primaires
Éducation du client
Informez le client sur la médication (dose,
fréquence, effets secondaires).
Recommandez-lui de s’alimenter suffisamment et
d’utiliser le côté intact de la bouche pour boire ou
manger afin d’éviter l’écoulement de salive et de
bien mastiquer.
Recommandez au client d’observer une bonne
hygiène buccale après les repas pour que les
aliments et les liquides ne s’accumulent pas à
l’intérieur de la joue atteinte.
Suggérez de protéger l’œil atteint afin de prévenir
les érosions cornéennes (p. ex. port de lunettes de
soleil pendant la journée de façon à éviter que des
particules de poussière ne pénètrent dans l’œil,
port d’un bandeau la nuit).
Recommandez des lubrifiants oculaires pour
prévenir la sécheresse de l’œil : gouttes
ophtalmiques (Isopto Tears, Lacril) toutes les 1 à
2 h pendant la journée; pommade ophtalmique
(Lacri-Lube, Duratears) et bandeau oculaire à
l’heure du coucher.
Recommandez des exercices et des massages
faciaux 2 ou 3 fois par jour pour prévenir une
atrophie musculaire (froncer le front, gonfler les
joues, pincer les lèvres, fermer le yeux).
Interventions pharmacologiques
Des antiviraux ou des anti-inflammatoires (ou les
deux) peuvent être prescrits par le médecin :
acyclovir (Zovirax) (médicament de classe B),
400 mg PO 5 fois par jour pendant 10 jours
(facultatif) et
prednisone (médicament de classe B), 30 mg PO
bid pendant 5 jours, puis réduire de 5 mg par jour
Surveillance et suivi
Faites un suivi quotidien pendant plusieurs jours.
Vérifiez l’évolution de la paralysie.
Surveillez les symptômes d’érosion cornéenne :
appliquez au besoin du colorant à la fluorescéine
sur la cornée et recherchez toute érosion
cornéenne. Si vous soupçonnez ou détectez une
érosion cornéenne, voir la section « Érosion
cornéenne » dans le chapitre 1,
« Ophtalmologie ».
Orientation vers d’autres ressources
médicales
Dirigez le client vers un médecin si vous soupçonnez
ou observez des complications ou si la paralysie n’est
pas disparue 4 semaines plus tard.
CÉPHALÉES : PRINCIPES
GÉNÉRAUX
La plupart des maux de tête (90 %) sont de nature
bénigne.
Les maux de tête ont une grande diversité de causes
qui peuvent aller d’une anomalie crânienne et
cervicale à une affection générale. La consommation
ou l’abus de médicaments, d’alcool ou de substances
chimiques sont d’autres causes de maux de tête.
Lorsqu’une personne qui souffre de maux de tête se
présente la première fois à la clinique, il faut obtenir
les renseignements suivants pour être en mesure de
déterminer le type de céphalée dont il s’agit.
Description précise de la douleur :
Âge à l’apparition des maux de tête, s’ils sont de
nature chronique
Localisation
Qualité
Durée
Moment où la douleur apparaît (première fois,
récidive, le matin, le soir ou dans la journée)
Fréquence (tous les jours, tous les mois, à
l’occasion)
Manière dont le mal de tête débute
Évolution du mal de tête
Répercussions sur les activités quotidiennes
Symptômes associés, soit qui précèdent l’apparition
de la douleur, soit qui accompagnent sa progression
(p. ex. perte de conscience, aura, nausées,
vomissements, photophobie, modifications
sensorielles, fièvre).
Facteurs d’aggravation et de soulagement
(médicaments et efficacité de ceux-ci, position de la
tête, bruit, lumière)
Aspects du mode de vie qui favorisent l’apparition
des maux de tête (vie familiale, vie professionnelle,
toute autre activité)
Profession
Antécédents familiaux de maux de tête (y compris
leur type)
Problèmes de santé préexistants (p. ex. glaucome,
hypertension, infection, anxiété, dépression,
convulsions)
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