Jésus-Christ, Sauveur du monde - Notre

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Dossier de Préparation des
Chefs de Chapitre 2015
« Jésus-Christ, Sauveur
du monde»
33e Pèlerinage de Pentecôte
De Notre-Dame de Paris à Notre-Dame de Chartres
Association Notre Dame de Chrétienté
Association Notre Dame de Chrétienté
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS ........................................................................ 3
PRÉSENTATION DU DOSSIER DE PRÉPARATION............... 4
PRÉPARER VOTRE PROCHAIN PÈLERINAGE
AVEC LES VIDÉOFORMATIONS .............................................. 11
CANEVAS & RECOMMANDATIONS....................................... 12
MOT DE L’AUMÔNIER............................................................... 15
1ÈRE PARTIE : MÉDITATIONS THÉMATIQUES, CITATIONS
ET BIBLIOGRAPHIE
SAMEDI : L’INCARNATION
Saint Hilaire ..................................................................................... 17
« ET LE VERBE S’EST FAIT CHAIR » ................................................................. 21
«ET LE VERBE A HABITÉ PARMI NOUS» .......................................................... 27
«ET NOUS AVONS VU SA GLOIRE».................................................................... 32
DIMANCHE : LA RÉDEMPTION
Saint Louis ....................................................................................... 37
«POUR NOUS ET NOTRE SALUT» ...................................................................... 40
«ILS REGARDERONT VERS CELUI QU'ILS ONT TRANSPERCÉ» .................... 45
« DU HAUT DE LA CROIX, J’ATTIRERAI TOUT À MOI ». ................................ 50
« A CÔTÉ DE LA CROIX SE TENAIT MARIE SA MÈRE. » ................................. 56
LUNDI : LE RESSUSCITÉ, NOTRE ESPÉRANCE
Sainte Marie Madeleine................................................................... 62
« IL EST RESSUSCITÉ LE 3ÈME JOUR ................................................................. 66
« IL EST MONTÉ AUX CIEUX » ........................................................................... 71
« D’OÙ IL VIENDRA JUGER LES VIVANTS ET LES MORTS » ......................... 76
2EME PARTIE : MÉDITATIONS GÉNÉRALES,
CITATIONS ET BIBLIOGRAPHIE,
LE ROSAIRE .......................................................................................................... 81
LE SACREMENT DE PÉNITENCE ....................................................................... 87
LA SAINTE MESSE ................................................................................................ 91
POURQUOI AIMER LA MESSE TRADITIONNELLE ? ....................................... 95
LA CONSÉCRATION À NOTRE-DAME.............................................................. 105
L’ADORATION DE L’EUCHARISTIE ................................................................ 108
LA TRADITION .................................................................................................... 112
LA CHRÉTIENTÉ ................................................................................................ 117
LA VOCATION..................................................................................................... 123
CONSTRUIRE SA VIE PAR UNE RÈGLE DE VIE PERSONNELLE .................. 127
Association Notre Dame de Chrétienté
1
3ÈME PARTIE : LECTURES COMPLÉMENTAIRES
A. LE PÈLERINAGE .............................................................................. 131
QU’EST-CE QU’UN PÈLERINAGE ? ................................................................ 131
AUX SOURCES DU PÈLERINAGE DE CHRÉTIENTÉ ..................................... 134
LES SYMBOLES AU PÈLERINAGE ................................................................... 143
ENGAGEMENTS DU PÈLERIN ......................................................................... 146
B. TRADITION - CHRÉTIENTÉ – MISSION ....................................... 147
CHARTE DE L’ASSOCIATION ........................................................................... 147
INSTRUCTION "UNIVERSAE ECCLESIAE" ..................................................... 149
SERMON DE DOM GÉRARD : CHRÉTIENTÉ .................................................. 157
L’ENGAGEMENT DES CATHOLIQUES EN POLITIQUE ................................ 162
LES AUTORITÉS DANS LA SOCIÉTÉ CIVILE .................................................. 171
C. RÉSOLUTIONS PRATIQUES .......................................................... 175
LA PURETÉ AVANT LE MARIAGE .................................................................... 175
LA COMMUNICATION DANS LE COUPLE ...................................................... 180
L’AUTORITÉ DANS LA SAGESSE ET L’AMOUR ............................................. 185
LE DEVOIR DE SE FORMER ............................................................................. 191
L’ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL ................................................................ 192
4EME PARTIE : INFORMATIONS DIVERSES
ADRESSE AUX CHEFS DE CHAPITRE ............................................................. 195
CULTURE GÉNÉRALE ....................................................................................... 197
CHAPITRE DES « ANGES GARDIENS » ........................................................... 199
Association Notre Dame de Chrétienté
2
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier les communautés religieuses, les organismes et les
personnalités amis ci-après, qui nous ont fourni des textes à partir desquels
nous avons composé des méditations sur le thème et les sous-thèmes de cette
année, et sur des thèmes d’ordre général, communs à tous nos pèlerinages.
Sans leur précieux concours, la réalisation de ce dossier destiné aux chefs de
chapitres eut été impossible.
- Abbaye Notre-Dame de Fontgombault,
- Abbaye Notre-Dame de Randol,
- Abbaye Sainte Madeleine du Barroux,
- Chanoines Réguliers de la Mère de Dieu,
- Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre,
- Fraternité Saint Vincent Ferrier,
- Institut du Bon Pasteur,
- Institut du Christ Roi Souverain Prêtre,
- Institut de la Sainte Croix de Riaumont,
- Renaissance Catholique,
- Serviteurs de Jésus et de Marie,
Nous remercions également les communautés religieuses et les organismes
amis ci-après, que nous n’avons pas sollicités cette année pour nous fournir un
texte, mais qui nous soutiennent de leurs prières et de leur amitié et, pour
certaines communautés, de leurs ministères pendant le pèlerinage.
- Abbaye Notre-Dame de l’Annonciation,
- Abbaye Notre-Dame de Triors,
- Adoratrices du Cœur Royal de Jésus-Christ Souverain Prêtre,
- Bénédictins de l’Immaculée,
- Chanoinesses Régulières de la Mère de Dieu,
- Dominicaines du Saint-Esprit,
- Franciscains de l’Immaculée,
- Fraternité Saint Thomas Becket,
- Missionnaires de la Miséricorde Divine,
- Monastère Sainte Marie de la Garde,
- Petites sœurs de la consolation du Sacré Cœur et de la Sainte Face,
- Rédemptoristes Transalpins,
- Religieuses Victimes du Sacré-Cœur de Jésus,
- Abbé Lucien,
- Rémi Fontaine,
- Action Familiale et Scolaire,
- Ichtus.
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PRÉSENTATION DU DOSSIER DE PRÉPARATION
Mode d’emploi et recommandations importantes à lire attentivement.
Chers amis pèlerins, chefs de chapitre et adjoints,
Voici votre dossier de préparation au 33e pèlerinage de chrétienté, de NotreDame de Paris à Notre-Dame de Chartres.
Il se compose de deux ensembles :
PREMIER ENSEMBLE : LES MÉDITATIONS FINALISÉES
- 13 méditations thématiques propres au thème du pèlerinage 2015
(numérotées de 1 à 13) constituant la première partie.
- 10 méditations générales sur des thèmes communs à tous nos pèlerinages,
constituant la deuxième partie.
Un certain nombre de citations, ainsi qu’une notice bibliographique, ont été
mises à la suite de chaque méditation thématique ou générale, afin de vous
encourager à approfondir votre réflexion sur chacun des sous-thèmes.
DEUXIÈME ENSEMBLE : LES LECTURES INDISPENSABLES Á
L’APPROFONDISSEMENT DU THÈME ET DE L’ESPRIT DU
PÈLERINAGE (textes fondamentaux et textes de références), constituant la
troisième partie, ET INFORMATIONS DIVERSES, constituant la quatrième
partie.
Ce traditionnel dossier de préparation au pèlerinage a été élaboré dans le but
de :
1. Favoriser votre travail personnel de chef de chapitre et celui de vos
adjoints, en facilitant la compréhension et la maîtrise du thème.
2. Améliorer la qualité des méditations, afin de mieux frapper les
intelligences et les cœurs.
3. Renforcer l’unité du pèlerinage, par la délivrance de méditations plus
homogènes.
4. Raccourcir la durée de chaque méditation, et en augmenter globalement le
nombre, afin d’aborder un plus large champ de doctrine.
5. Montrer l’actualité du thème, en l’inscrivant dans le contexte actuel.
Comme à l’accoutumée, il a été demandé à quelques auteurs (prêtres,
communautés religieuses, chapitres, mouvements et laïcs amis du pèlerinage)
de rédiger un texte sur l’un des différents aspects du thème que nous
aborderons au cours de nos trois jours de marche.
Nous tenons à leur renouveler nos très chaleureux remerciements pour ce
travail tellement vital à la bonne marche du pèlerinage.
Association Notre Dame de Chrétienté
4
De ces articles ont été ensuite tirées des méditations, présentées sous la forme
simple et concise de propos « incarnés » et dans un style oral, de façon
qu’elles puissent être lues sans difficulté, en marchant. Dans cette
construction, un soin particulier a été porté sur la logique d’enchaînement des
méditations et sur la cohérence et l’homogénéité de la trame générale du
pèlerinage, afin d’être le plus clair possible et le plus compréhensible.
En définitive, le dossier de préparation vous propose donc des méditations
quasi finalisées, qui pourront être lues sur la route de Chartres (solution
recommandée aux jeunes chefs de chapitres peu expérimentés, pour aborder
certains points délicats. Dans ce cas, ils pourront s’abriter derrière l’autorité du
rédacteur qui est un prêtre ou un père de famille).
Cette approche du dossier doit être bien comprise.
Il ne s’agit nullement de vous contraindre à l’uniformité, ou pire, de vous
inciter à la paresse, en vous contentant d’une rapide lecture du dossier ; ce
serait très dommageable pour la sanctification de vos pèlerins.
Il s’agit, bien au contraire, de favoriser votre travail personnel, en facilitant
l’accessibilité au thème 2015.
Très concrètement, il vous est donc demandé un important travail de
compréhension du thème et de son découpage, et une bonne appropriation des
méditations finales. Cela vous sera facilité par la lecture des citations et des
notices bibliographiques. Parmi celles-ci, vous aurez soin d’étudier
attentivement les textes du Magistère et quelques manuels pratiques. Vous
pourrez également trouver d’intéressantes références dans les dossiers de
préparations des précédents pèlerinages que vous pourrez aisément consulter
sur le site de Notre-Dame de Chrétienté.
Vous mesurez, chers chefs de chapitres du pèlerinage, combien il est essentiel
de ne pas vous contenter de la simple lecture des méditations finalisées, qui ne
vous permettrait pas de maîtriser le thème de cette année et de répondre aux
questions des pèlerins. Votre propre communication ne sera vraiment
vivante et convaincante, que dans la mesure où vous serez imprégnés de ce
que vous voulez dire. Que ce travail de préparation fasse grandir en vous
l’Amour de Notre Seigneur Jésus-Christ sans lequel votre apostolat n’est
qu’illusion.
Ainsi, après ce temps personnel de travail, de prière, de compréhension,
d’appropriation et d’approfondissement, deux possibilités s’offrent à vous :
- conserver in extenso les méditations proposées,
- vous en inspirer très largement et, en reprenant tous les éléments
essentiels, personnaliser et recomposer les méditations afin de mieux les
adapter aux particularités des pèlerins de votre chapitre.
Association Notre Dame de Chrétienté
5
À cet égard, des aménagements devront obligatoirement être apportés aux
méditations pour les enfants, les pastoureaux et les familles.
Particularités :
1. Les méditations des différents Mystères Joyeux, Douloureux, Glorieux et
Lumineux des Rosaires récités tout au long du pèlerinage, ne vous sont pas
fournies. Il vous appartient donc de les préparer très sérieusement, et de les
faire préparer, en les personnalisant en fonction du thème du jour et de
votre chapitre.
Nous vous demandons de bien impliquer vos adjoints dans la préparation de
ces méditations du rosaire. Celles-ci doivent être étroitement reliées au thème
général « Jésus Christ, Sauveur du monde », pour ainsi mieux le méditer
pendant les 3 jours.
En outre, les méditations du rosaire doivent être l’occasion de porter très
concrètement les intentions particulières des pèlerins de vos chapitres.
Il vous est demandé de faire preuve d’une délicatesse particulière dans
l’expression des méditations, dont certaines pourront toucher profondément les
pèlerins qui se trouvent dans une situation spirituelle ou morale difficile (nuit
de la foi, tension familiale…).
2. Des religieux, des religieuses et des séminaristes nous accompagnent, au
sein des chapitres, tout au long de notre pèlerinage. En accord avec leurs
supérieurs, nous leur avons demandé de préparer cinq thèmes:
- La confession,
- La prière et la vie d’oraison,
- La vocation,
- La Sainte Écriture,
- Les fins dernières.
À l’occasion de leur passage dans votre chapitre, il vous revient de les
solliciter pour les faire intervenir sur l’un ou l’autre de ces cinq points.
3. Lorsqu’un prêtre rejoint votre chapitre, proposez-lui de se présenter et
d’indiquer qu’il se tiendra en queue de chapitre pour s’entretenir avec ceux qui
le désirent et, éventuellement les confesser. Il est recommandé que le prêtre
puisse très brièvement dire quelques mots sur le sacrement de pénitence et sur
le secret de la confession, avant de se placer à l’arrière du chapitre. (Précisez
aux pèlerins qu’on distingue les prêtres par le port d’une étole).
4. Dans le canevas qui vous est proposé ci-après, il vous est demandé d’inviter
les pèlerins à lire, immédiatement ou ultérieurement, quelques textes qui
figurent à la fin du présent dossier et qu’ils trouveront également dans leur
livret du pèlerin. Prenez le temps, en quelques mots, de leur indiquer l’intérêt
de ces documents.
Association Notre Dame de Chrétienté
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Par exemple :
- Pour le document sur "La Communication dans le couple ", vous
soulignerez que 83 % des couples séparés, expliquent leur échec par une
«mauvaise communication », et qu’il est indispensable, pour éduquer des
enfants, que les parents s’accordent sur ce domaine très sensible.
- Pour la "Note Doctrinale sur l’engagement des catholiques en politique",
vous insisterez sur l’actualité de ce document et sur la personnalité de
l’auteur.
5. Insistez auprès de vos pèlerins pour qu’ils conservent le livret qui leur a été
remis. Ils y trouveront, non seulement les prières de la messe, assorties
d’explications, mais aussi des prières usuelles, des chants, des textes choisis et
toutes les méditations regroupées par centre d’intérêt. Qu’ils prennent le temps
de les lire et d’en approfondir la compréhension, seuls ou avec l’aide d’un
prêtre.
Pour conclure, nous vous demandons, pendant la marche, d’être
particulièrement attentifs à la charité fraternelle et au maintien du
recueillement. Que votre degré d’exigence soit en rapport avec la soif des
âmes dont vous avez la charge. À chaque instant, gardez bien à l’esprit que
les plus beaux discours ne toucheront le cœur de vos pèlerins que dans la
mesure où vous serez accueillants, humbles et charitables et que les
silences de votre chapitre permettront à la grâce d’arriver jusqu’à eux.
« Si je n’ai pas la Charité, je ne suis rien » nous dit Saint Paul.
« Plus nous recevons dans le silence de la prière, plus nous donnerons dans la
vie active » nous rappelle Mère Térésa.
« Toujours prier comme si l’action était inutile, et agir comme si la prière était
insuffisante ». Sainte Thérèse de Lisieux.
En attendant la joie de nous retrouver, à l’occasion des différentes réunions
préparatoires, messes, récollections, retrouvailles amicales ou spirituelles, et,
enfin, sur la route de Chartres, que ce travail commun nous unisse
profondément au Coeur de Jésus sous le regard de Notre Dame.
Sursum corda, ad majorem Dei gloriam,
Rémi Mancheron
Directeur des pèlerins
Xavier Hennequart
Directeur de la Formation
NOTA : Le canevas et les recommandations qui suivent, constituent un guide
indispensable pour la conduite des Chapitres. Il est impératif d’en suivre le
déroulement.
Association Notre Dame de Chrétienté
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COMMENT CONDUIRE LA MÉDITATION D'UNE DIZAINE DE
CHAPELET
Il est bien évident que chacun a sa méthode, souvent éprouvée. Il s’agit ici,
simplement, de rappeler quelques principes directeurs, et de suggérer quelques
pistes pédagogiques.
1. Aspect spirituel :
Principe : c'est Dieu qu'on doit donner aux pèlerins, non pas nous-mêmes.
Donc, laisser Dieu lui-même parler et agir avant, pendant, après, en récitant
intérieurement une courte prière, par exemple :
Avant : « Esprit-Saint, vous connaissez d'avance ceux qui vont m'entendre,
quels sont leurs besoins, leurs blessures, ce que vous voulez leur donner par
mes pauvres propos -quel honneur !- Alors, guidez mes lectures, ma réflexion
et le choix de mes mots, afin que tout cela profite à ces âmes.... et à vous ! Peu
importe ma gloire ou ma honte... »
Pendant (juste avant de prendre le micro prendre son temps pour poser un
regard sur chaque pèlerin): « Jésus, donnez-moi votre Sacré-Cœur pour les
aimer. Et moi, je vous donne mes lèvres pour leur parler. »
Après : « Merci Seigneur, pour cet honneur d'avoir été appelé à parler en votre
Nom. Maintenant, c'est à Vous de jouer ! 'Vous pouvez laisser votre serviteur
aller en paix'. Et faites que je vive ce que j'ai prêché ! »
2. Aspect doctrinal :
Principe : Chaque dizaine a deux dimensions : le mystère, et son fruit. Ne pas
oublier non plus cette recommandation du Bienheureux Jean-Paul II : « le
centre de l’Ave Maria est le nom de Jésus ». Il faut donc mettre en valeur le
nom de « Jésus », en marquant une légère pause.
Le 'mystique' aura tendance à se perdre en contemplation, certes belle, mais
en oubliant de rejoindre le pèlerin, et de lui proposer une conclusion pratique.
C'est dommage, car un pèlerinage de Chrétienté entend incarner le spirituel
dans le concret de la vie.
À l'inverse, le diplomate ne cherchera qu'à amadouer son auditoire, quitte à
édulcorer l'exigence de l’Évangile.
Quant au moraliste, il se contentera de développer le fruit (par exemple en
faisant un véritable sermon sur l'humilité).
Tout cela est regrettable, car on perd de vue l'essentiel : Dieu et le Ciel !
En pratique donc, pour introduire une dizaine de chapelets, prenons le pèlerin
par une petite accroche là où il en est, et, ce qui est essentiel, introduisons le en
plein mystère, où il sera illuminé, réchauffé et fortifié.
Association Notre Dame de Chrétienté
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Et fort de tout cela, il pourra recevoir en conclusion, une brève exhortation
pratique, et une intention concrète de prière.
Exemple pour le 1er mystère Joyeux : l’Annonciation
Présentation du mystère : « Qu'il est grand ce Dieu, de s'abaisser devant
Marie ! Qu'il est noble, l'archange fait humble messager ! Qu'elle est belle, la
Mère de Dieu se proclamant 'servante du Seigneur' ! Qu'il est adorable celui
qui gît tout petit dans son sein !... »
Exhortation pratique : « Alors, mes amis, n'ayons pas peur de nous faire petit
quand c'est pour la gloire de Dieu ; et si tout à l'heure au bivouac nous
rendons un service, cherchons à le cacher aux yeux des hommes pour que
notre action soit grande devant Dieu et ses anges ! »
Intention de prière : « Nous prierons plus particulièrement dans cette dizaine,
pour nos frères et sœurs chrétiens persécutés dans le monde, ces tout petits
aux yeux de leurs bourreaux, ces géants aux yeux de Dieu. »
3. Aspect prudentiel :
Principe : la prudence est l'art d'adapter l'idéal aux circonstances, le nécessaire
au possible, en fonction :
Des personnes : on ne parle pas de la même manière à des étudiants qu'à des
adolescents ou qu'à des enfants, à des « tradis » d’origine qu'à un chapitre
composé de nouveaux pèlerins peu ou pas pratiquants.
Du temps : en général, 2mn ou 3mn de méditation suffisent pour jeter un
rayon de lumière et mettre le feu. Marie fait le reste. Dépasser cette durée, c'est
souvent s'écouter soi-même et lasser les autres. Par ailleurs, le samedi ou le
dimanche matin, on peut être doctrinal ou mystique. Mais, le dimanche aprèsmidi, soyons hyper simple et concret, voire... comique ! Alors, le lundi, nous
pourrons être enflammés !!
Des lieux : pas de grand discours quand la colonne s'étire (côtes) ou s'étale
(sous-bois). Mais une belle histoire peut à l'inverse rassembler le troupeau... À
l'arrivée (pause ou bivouac), plutôt chanter sa dizaine de chapelet que la dire
(pour la fierté !). Et comme Jésus, se servir des merveilleux paysages traversés
pour illustrer le propos.
Du thème : les mêmes mystères reviennent chaque année, au risque de lasser.
Essayez donc de les contempler en lien avec le thème ou le saint du jour.
Thème et mystère s'éclaireront ainsi mutuellement et les méditations ainsi
seront variées.
À titre d’exemple, reprenons le 1er mystère joyeux, en fonction du thème et du
moment où se récite le chapelet : nous sommes le samedi matin, un peu avant
d’arriver au Parc Henri Sellier, le thème du jour a été annoncé et la méditation
sur le Saint Hilaire vient d’être faite.
Association Notre Dame de Chrétienté
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Présentation du mystère : « : « Qu'il est grand ce Dieu, de s'abaisser devant
Marie, Lui le créateur, le Dieu Tout Puissant qui a fait le ciel et la terre.. »
Exhortation pratique : « les méditations qui vont suivre nous feront découvrir
l’insondable mystère de Dieu Un et Trine. Nous nous efforcerons de
comprendre ce que Dieu attend de nous, pour qu’à notre tour nous sachions
comme Marie dire un ‘Fiat’ à sa Volonté. »
Intention de prière : nous prierons particulièrement pour les pèlerins qui ont le
plus de difficultés à entrer humblement dans la compréhension des mystères
divins. Demandons à Saint Thomas d’Aquin, de nous aider à mieux
comprendre l’enseignement que l’Église nous donne sur ces mystères.
Bonnes méditations !
Un converti du pèlerinage de Chartres.
Association Notre Dame de Chrétienté
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PRÉPARER VOTRE PROCHAIN PÈLERINAGE AVEC LES
VIDÉOFORMATIONS
Notre Dame de Chrétienté propose désormais des vidéoformations sur
son site web www.nd-chretiente.com dans sa rubrique formation.
Ces vidéoformations traitent de sujets spirituels portant sur le thème
général choisi pour le prochain pèlerinage, elles sont mises en ligne à
une fréquence régulière dans les mois précédant la Pentecôte :
- En 2014 : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. »
- En 2015 : « Jésus-Christ, Sauveur du monde. »
Chaque vidéo dure, en moyenne, entre 5 et 9 minutes. Ce sont des
entretiens filmés, réalisés avec des spécialistes appartenant à des
communautés religieuses ou associations amies soutenant le pèlerinage
Notre Dame de Chrétienté.
Chaque vidéo est volontairement synthétique, et est accompagnée d’une
fiche pédagogique (un recto ou un recto/verso) donnant un résumé des
notions abordées et une bibliographie pour les personnes désireuses
d’approfondir leurs connaissances.
Association Notre Dame de Chrétienté
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CANEVAS & RECOMMANDATIONS
SAMEDI
MESSE DANS LA CATHÉDRALE NOTRE DAME DE PARIS.
Sermon : Sens du pèlerinage, chemin de conversion.
Mot d’envoi : dans quel esprit pèleriner, le choix du thème et son importance.
2h45 de ND de Paris au Parc Henri Sellier (Plessis-Robinson)
- Chants religieux dans Paris.
- Mot de bienvenue, présentation du chapitre et du saint patron du chapitre
- Présentation générale succincte du thème et des saints patrons des trois
jours,
- Simple énoncé du sous-thème du jour : « L’Incarnation».
- Le Saint du jour : Saint Hilaire (méditation 1, page 17)
- Présentation du Rosaire (page 81)
- Récitation du Chapelet : mystères joyeux, à poursuivre tout au long de la
matinée.
1h20 du Parc Henri Sellier à Amblainvilliers (IGNY)
- Chapelet/chants (suite)
- Sacrement de Pénitence : devenir un « miséricordié » (page 87).
Inviter les pèlerins à lire pendant le pèlerinage le texte de l’examen de
conscience page…
PAUSE DÉJEUNER (messe pour les familles et les enfants)
2h40 d’Amblainvilliers à la halte de Billehou
- « Engagements du pèlerin » faire les commentaires appropriés ; esprit
(joie, pénitence, réparation), comportement (charité, entraide, respect des
consignes) tenue (celle d’un chrétien témoin du Christ).
- La Sainte Messe (page 91)
- Récitation du Chapelet : mystères douloureux (profiter de la portion
bruyante le long de la N118 pendant 40 mn)
- « Et le verbe s’est fait chair.» (méditation 2, page 21)
- Chants/Chapelet (suite)
1h40 de Billehou à la Roche Pointue St Rémy-les-Chevreuse
- « Et le verbe a habité par nous» (méditation 3, page 27)
- Récitation du Chapelet : mystères glorieux et chants
- La Tradition (page 112). Présentation de l’Instruction « Universae Ecclesiae »
55mn de St Rémy Roche Pointue au bivouac de la Ferté-Choisel
- « Et nous avons vu sa gloire» (méditation 4, page 32)
- « Chants/Chapelet (suite)
- Les symboles au pèlerinage (inviter les pèlerins à lire le texte
ultérieurement dans le livret page 143)
Association Notre Dame de Chrétienté
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DIMANCHE
1h35 de La Ferté-Choisel à la ferme « les Charmes »
- Prière de départ en chapitre avec rappel (pourquoi faisons-nous le
pèlerinage, esprit du pèlerinage, engagements du pèlerin) ;
- Simple énoncé du sous-thème du jour : « La Rédemption » en resituant
dans le thème général.
- Saint du jour : Saint Louis (méditation 5, page 37)
- Récitation du Chapelet : mystères joyeux
1h15 des Charmes au Parc Fougères
- «Pour nous et notre salut » (méditation 6, page 40)
- Chants/Chapelet (suite)
- « Ils regarderont vers Celui qu’ils ont transpercé » (méditation 7, p. 45)
1h45 du Parc Fougères aux Courlis
- « Du haut de la Croix, j’attirerai tout à moi » (méditation 8, p. 50)
- Récitation du Chapelet : mystères douloureux
- «La sainte Messe et la forme extraordinaire du rit romain » (page 95)
MESSE AUX COURLIS : (sermon : le mystère de la Rédemption)
PAUSE DÉJEUNER
1h35 des Courlis à Batonceau
- « A côté de la Croix se tenait Marie, sa Mère » (méditation 9, p. 56)
- Chants/Chapelet (suite)
- La Chrétienté (page 117). Présentation du sermon de Dom Gérard (inviter
les pèlerins à lire le texte ultérieurement dans le livret page 157).
1h15 de Batonceau à Emancé
- Récitation du Chapelet : mystères glorieux
- « La Consécration à Notre-Dame » (page 105)
- Pour les chapitres pastoureaux et adultes «La pureté avant le mariage»
(page 175) ; présentation succincte (inviter les pèlerins à lire le texte
ultérieurement dans le livret)
1h20 d’Emancé au bivouac de Gas
- Pour les chapitres familles « la communication dans le couple » (p. 180) ;
présentation succincte (inviter les pèlerins à lire le texte ultérieurement
dans le livret)
- «L’Adoration de l’Eucharistie » (page 108)
- Chants/Chapelet (suite)
SALUT ET ADORATION DU TRÈS SAINT SACREMENT
Association Notre Dame de Chrétienté
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LUNDI
1h35 de Gas au Bois du Séminaire
- Prière de départ par chapitre.
- Simple énoncé du sous-thème du jour : « Le Ressuscité, notre
Espérance».
- Saint du jour: Sainte Marie Madeleine (Méditation 10, page 62)
- Récitation du Chapelet : mystères lumineux
- « Il est ressuscité le troisième jour » (méditation 11, page 66)
- Chants/Chapelet (suite)
2 h du Bois du Séminaire à Saint Prest
- « Tradition-Chrétienté-Mission : les 3 piliers de NDC ». Inviter les
pèlerins à lire la Charte dans leur livret.
- « Il est monté aux cieux» (méditation 12, page 71)
«La vocation» (page 123)
- Présentation de la note doctrinale « Sur l’engagement des catholiques en
politique » de 2002 (page 162)
- Chants/Chapelet (suite)
PAUSE DÉJEUNER
1h55 de Saint Prest à Notre-Dame de Chartres
- « D’où Il viendra juger les vivants et les morts» (méditation 13, p. 76).
- Chants/Chapelet (suite)
- « Une règle de Vie » (page 127) Inviter les pèlerins à lire ultérieurement le
texte sur l’importance d’un accompagnement spirituel (page 192)
- Chants religieux dans Chartres.
MESSE À LA CATHÉDRALE NOTRE DAME DE CHARTRES
(sermon : synthèse de l’ensemble du thème et envoi en mission).
Nota : les séminaristes, religieux et les religieuses au cours des 3 jours
de pèlerinage peuvent sur votre demande traiter : le sacrement de
pénitence, la vocation, l’Écriture Sainte, la prière et la vie d’oraison, les
fins dernières ou d’autres thèmes.
Inviter chaque jour les pèlerins à profiter de la présence des prêtres
pour les rencontrer ou se confesser
Association Notre Dame de Chrétienté
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MOT DE L’AUMÔNIER
« Les deux Testaments regardent Jésus-Christ : l’Ancien comme son
attente, le Nouveau comme son modèle, les deux comme leur centre ».
Chers chefs de chapitres, Chers amis pèlerins,
Cette phrase de Pascal dans ses Pensées (Br 740) nous rappelle la place
centrale de la personne de Jésus-Christ dans la foi catholique : le Verbe
Incarné est l’aboutissement et l’origine de toute l’Histoire du Salut. Comme le
dit la liturgie romaine durant la veillée pascale, il est même « Principe et Fin,
Alpha et Oméga » de tout l’univers créé.
Le thème de notre pèlerinage 2015, « Jésus-Christ, Sauveur du monde », est
donc d’une particulière densité puisqu’il condense l’essentiel de notre foi :
l’acte rédempteur du Fils de Dieu. C’est l’épicentre du christianisme, le cœur
même de notre religion.
Ce thème sera décliné en trois moments qui correspondent aux 3 jours du
pèlerinage : l’Incarnation, la Rédemption et la Résurrection. Comme vous
pouvez le constater, ces trois moments coïncident avec les mystères Joyeux,
Douloureux et Glorieux du rosaire, lequel est un « condensé de tout
l’Évangile ».
Il est manifeste aujourd’hui que la crise de l’Église est essentiellement une
crise de la vertu de foi, en partie due à une transmission très défaillante des
vérités chrétiennes depuis plus de quarante ans. Combien de personnes se
plaignent régulièrement qu’elles n’ont pas eu de catéchisme et connaissent mal
les vérités du Credo ?! En 1977, le cardinal Journet disait que « La liturgie et
la catéchèse sont les deux mâchoires de la tenaille avec laquelle on arrache la
foi dans les âmes ». En effet, on ne peut aimer que ce que l’on connaît et il est
difficile de rester attaché à ce que l’on ne connaît pas ou mal. La foi est la
vertu de l’intelligence, aussi sa solidité est-elle intimement liée à la
connaissance des vérités révélées.
Le pèlerinage de chrétienté est né dans ce contexte de crise religieuse et, dès
l’origine, il a eu pour ambition de délivrer aux âmes venant se ressourcer sur la
route de Chartres, la pure doctrine catholique et non pas un substitut frelaté et
amoindri comme on en trouve encore dans de nombreux endroits. Dans l’esprit
de ses fondateurs, le pèlerinage de chrétienté n’est donc pas seulement une
marche spirituelle : il est également un authentique lieu de formation religieuse
à travers le rappel des grands mystères de la Révélation, lesquels sont l’aliment
de notre foi et de notre contemplation.
Association Notre Dame de Chrétienté
15
Enseigner les vérités fondamentales du christianisme, pour juguler la crise
traversée par l’Église, est une des convictions de Notre-Dame de Chrétienté.
Aussi, chers amis, ne vous étonnez pas de la densité et de la richesse
théologique du livret de préparation car cela appartient à la dimension
missionnaire de notre pèlerinage et constitue son identité propre.
Dans cette œuvre apostolique, votre rôle est évidemment déterminant : c’est
par vous que les pèlerins auront accès à ce que Notre-Dame de Chrétienté veut
leur donner. Certes, ultimement, seule la grâce de Dieu sanctifie les âmes,
mais Dieu a pour habitude d’agir à travers des instruments, et plus ceux-ci sont
adaptés, mieux les âmes sont disposées à recevoir les secours divins.
Aussi nous comptons largement sur votre sérieux pour la préparation du
pèlerinage 2015. Cette préparation est d’abord personnelle : vous devez vous
approprier le livret en prenant connaissance des méditations principales qui
développent le thème annuel (1ère partie). Pour les jeunes chefs de chapitre, il
est important de connaître ensuite les « textes fondateurs » qui présentent les
spécificités du pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté et manifestent sa
richesse propre (2e partie). Ensuite, il vous faudra transmettre aux pèlerins qui
vous seront confiés les fruits de votre travail et de votre méditation.
Chers amis, votre mission est belle et exigeante, il vous faut la prendre au
sérieux en priant Notre-Dame de Chrétienté qu’elle vous assiste et vous guide.
De mon côté je vous assure de ma prière à votre intention et demande à Dieu
de vous bénir en attendant de vous retrouver à Notre-Dame de Paris le 23 mai
2015 !
Abbé Benoît Paul-Joseph
Aumônier Général par intérim*
*L’abbé Denis Coëffet étant toujours hospitalisé, l’Abbé Paul-Joseph assure
l’intérim.
Association Notre Dame de Chrétienté
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1ère PARTIE : MÉDITATIONS THÉMATIQUES, CITATIONS ET
BIBLIOGRAPHIE
SAMEDI : L’INCARNATION
Saint Hilaire
« Défenseurs de la Foi »
Père et Docteur de l’Église
Chers pèlerins, pour nous accompagner dans cette
première journée de notre pèlerinage, nous avons
choisi Saint Hilaire, évêque de Poitiers, qui, au
IVe siècle avec Saint Athanase, mena un combat
pour la défense de la Foi contre l’Arianisme, ce qui lui valut le titre de
Père et Docteur de l’Église.
Dans les temps difficiles que nous vivons, où la foi de l’Église est si
souvent attaquée, il est pour nous un exemple à suivre et un patronage à
solliciter.
I. QUELLE EST LA FOI DE L’ÉGLISE ?
En récitant le Credo à la Messe, à propos de Notre Seigneur JésusChrist, vous prononcez ces mots « …Engendré, non pas créé,
consubstantiel au Père par qui tout a été fait … »
Vous êtes-vous jamais interrogé sur la signification de ce terme
« consubstantiel » ? L’Église a choisi ce mot, à dessein, pour bien
signifier la totale union du Père et du Fils, qui n’ont pas seulement la
même nature, mais ont la même substance, et qui, avec le Saint-Esprit
(Troisième Personne de la Sainte Trinité), ne sont « qu’un seul Dieu ».
Mais, L’Église a-t-elle autorité pour se prononcer ainsi ? Il n’est pas
inutile, à cet égard de nous rappeler ces paroles que nous récitons dans
l’Acte de Foi : « Mon Dieu, je crois fermement tout ce que vous nous
avez révélé, et que la Sainte Église nous enseigne. Parce que vous êtes
la vérité même et que vous ne pouvez ni vous tromper, ni nous
tromper. »
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Ainsi, « avoir la foi », c’est aimer la Vérité, celle enseignée par
l’Église ; c’est croire de toute son intelligence ce que Dieu a révélé à la
seule et unique Église : l’Église Sainte, Catholique Apostolique et
Romaine. Si nous voulons mieux connaître la foi, il est important de
savoir se protéger des erreurs (les hérésies). C’est tout le sens de cette
méditation sur le Saint Patron de ce jour et sur l’Arianisme qu’il a
combattu, afin de mieux approcher le mystère de la Sainte Trinité qui
est au centre de notre foi.
II. LA DOCTRINE ARIENNE
Arius (256-336) était un prêtre d’Alexandrie qui, vers 320, commença à
enseigner ouvertement que le Fils était un « intermédiaire entre Dieu et
l’homme », ce qui, comme le soulignera Benoît XVI, « laissait ainsi le
vrai Dieu toujours inaccessible pour nous ». Arius niait la divinité de
Notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon lui n’était qu’un homme,
certes supérieur aux autres, mais simplement un homme. Sa thèse
rencontra un grand succès, même après qu’il eut été privé, par son
évêque, de sa charge de prêtre.
III. LA RÉPONSE DE L’ÉGLISE À NICÉE
A Nicée en 325, l’empereur Constantin Ier, souhaitant éviter des
désordres religieux, convoqua un concile œcuménique (c’est-à-dire
universel) pour juger de l’arianisme. Dans une profession de foi
solennelle, les pères du Concile (plus de 300 évêques) affirmèrent que le
Fils de Dieu, engendré, non pas créé, est de la même substance que le
Père, c’est-à-dire « consubstantiel » au Père.
IV. LA
RÉSISTANCE
HÉROÏQUE
D’ATHANASE
ET
D’HILAIRE
Les empereurs qui succèderont à Constantin Ier alterneront leur soutien
entre « les trinitaires » (les catholiques) et les ariens (hérétiques). Deux
grands saints, Saint Athanase en Orient et Saint Hilaire en Occident, ont
lutté avec vigueur contre l’arianisme et sont vénérés à ce titre comme
docteurs de l’Église et défenseurs de la Foi.
Dans ce combat, Athanase reçut le soutien d’Hilaire (315-367),
l’évêque de Poitiers, « l’Athanase de l’Occident ». Né dans une famille
probablement païenne, il reçut le baptême à l’âge adulte, vers 345, et fut
élu évêque de Poitiers, environ 5 ans plus tard.
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Dès cette époque, il composa un éloge d’Athanase, alors que la Gaule
restait assez éloignée des querelles doctrinales. En 355 il se sépara des
évêques ariens, ce qui lui valut d’être condamné à l’exil, et le conduisit
en Phrygie où il rédigea ses œuvres les plus importantes « sur la
Trinité » et « sur les synodes ». Après qu’il eut sévèrement critiqué
l’empereur Constance, qui avait fait proclamer, comme doctrine
officielle, que « le Fils était semblable au Père », Hilaire reçu l’ordre de
rentrer en Gaule où il se consacra à sa charge pastorale et à des travaux
d’exégèse, tout en continuant à batailler pour la défense de « la foi de
Nicée » auquel le Synode de Paris, s’inspirant de ses travaux, avait
adhéré en 360, ce qui permit de pacifier la Gaule.
V. LA VICTOIRE FINALE
Sous l’empereur Julien en 362, un synode de réconciliation, fut réuni à
Alexandrie et réussit à maintenir la foi de Nicée tout en reconnaissant
la divinité du Saint-Esprit. Le deuxième Concile œcuménique, réuni à
Constantinople en 381, conserva la formulation du Credo de Nicée " le
Fils unique de Dieu, engendré du Père avant tous les siècles, lumière de
lumière, vrai Dieu du vrai Dieu, engendré non pas créé, consubstantiel
au Père ".
Chers Pèlerins,
Dans des temps particulièrement hostiles, Saint Hilaire fut un « héros »
de la foi ; il sut garder « La Vérité » : Jésus est vraiment le Fils de
Dieu ; avec le Père et le Saint-Esprit, Il est un seul être, et chacune des
trois personnes divines est Dieu. C’est la foi que nous avons reçue des
apôtres et que beaucoup de chrétiens ont défendue au prix du martyre.
C’est la foi que nous défendons aujourd’hui face à l’Islam, qui nie la
divinité du Christ et considère les chrétiens comme des polythéistes,
parce que l’Islam refuse que Dieu ait pu se faire Homme, oubliant que
« rien n’est impossible à Dieu ».
Pour qu’à notre tour, à l’exemple d’Hilaire, nous soyons d’intrépides
défenseurs de la Foi, faisons nôtre cette belle prière du grand évêque de
Poitiers :
« Donnez-moi, Seigneur Dieu, le vrai sens des mots, la lumière de
l'intelligence et la foi en la Vérité, afin que ce que je crois, je sache le
dire aux hommes. O, Seigneur, c'est par la beauté que vous révélez
votre grandeur. Comme il est beau votre ciel tout clairsemé d'étoiles et
splendides ces astres dont l'éternelle mouvance figure votre éternité.
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Qu'elle est belle la terre aux changeantes parures. O Seigneur, c'est à
travers l'homme que vous révélez votre amour. Seigneur, gonflez les
voiles de ma foi pour que je puisse prêcher partout le nom de Dieu.
Seigneur, déliez ma langue pour que je fasse honneur à votre saint nom.
Seigneur, éclairez mon esprit pour que je révèle à tous ceux qui
l'ignorent ce que vous êtes, vous le Père du Fils unique de Dieu ».
Citation
« Qui pourrait jamais tolérer l’opinion selon laquelle les formules
dogmatiques appliquées par les conciles œcuméniques aux mystères de
la sainte Trinité et de l’Incarnation ne seraient plus adaptées aux
esprits de notre temps et devraient être témérairement remplacées par
d’autres ? » Paul VI, Mystérium fidei, 3 septembre 1965.
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« ET LE VERBE S’EST FAIT
CHAIR »
Chers Pèlerins, l’année dernière
nous avions médité sur la Création
et Dieu le Père. Pour réparer le
péché originel commis par nos
premiers parents, Dieu infiniment
bon va envoyer son propre fils
unique, 2ème personne de la Sainte
Trinité, pour sauver l’homme
pêcheur et restaurer sa condition.
Nous verrons ainsi successivement
comment Notre Seigneur s’est
incarné, est venu au monde, puis a vécu avant d’inaugurer sa vie
publique.
Commençons par le mystère de l’Incarnation. Le Prologue de l’évangile
de saint Jean lu à la fin de la messe célébrée selon le rit extraordinaire,
nous explique : le Fils éternel du Père, Lui qui est « Dieu né de Dieu,
Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu », a assumé notre
nature humaine dans le sein de la Vierge Marie. Il reste ce qu’Il est de
toute éternité (le Fils bien-aimé du Père) et Il devient ce qu’Il n’était pas
(le Fils de l’homme, notre frère). S’Il réalise pareille œuvre, c’est « pour
nous les hommes et pour notre salut ».
I. L’ANNONCIATION
Dans le récit de l’Annonciation nous trouvons en germe tout
l’Évangile, tout ce que Jésus a fait et supporté pour notre salut et c’est
aussi le point d’aboutissement de la longue préparation de l’Histoire
Sainte et de l’Ancien Testament.
En vue de l’Incarnation de son fils Dieu a préparé la Sainte Vierge
Marie à sa mission, elle a été choisie et elle dispose de qualités
incomparables :
- Marie est comblée de la grâce divine, ce sont les premiers mots de
la salutation de l’Ange Gabriel.
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21
-
Marie a été préservée du péché originel, ainsi, par son
« Immaculée Conception », la grâce du salut qui sera obtenue,
pour le genre humain, par le sacrifice de Jésus sur la croix.
- Marie est d’une sainteté parfaite, conséquence de la grandeur
divine de sa vocation qui est de donner au monde le Sauveur.
Le récit biblique nous renseigne aussi sur Celui qui va naître de la
Vierge Marie :
- Jésus est de nature divine : C’est bien le Fils du Très-Haut, Fils de
Dieu, conçu du Saint-Esprit.
- Jésus est de nature humaine : « il a pris chair de la Vierge Marie et
s’est fait homme » C’est Marie qui lui donne sa nature humaine.
- La venue du Messie est marquée par une effusion sans précédent
de l’Esprit de Dieu, que le roi messianique (Jésus) doit posséder
en plénitude. C’est pourquoi, le Saint Esprit est le principe actif
dans la conception de l’enfant : aucun homme n’y joue un rôle.
- Cette conception est totalement inédite et unique, il s’agit bien
d’une conception virginale : Marie garde éternellement la gloire
de sa virginité.
Si le mystère de l’Annonciation est d’abord le mystère de
l’Incarnation (Dieu se fait homme ; Il devient l’un de nous), c’est aussi
le mystère de la vocation humaine, c’est-à-dire de la coopération de
la créature à son propre salut.
N’oublions jamais que le salut du genre humain a dépendu du Fiat
de la Vierge Marie.
La Vierge Marie nous apparaît bien comme un modèle de vocation et
un modèle de la foi. C’est avec toute son intelligence, toute sa volonté,
toute sa liberté, de façon plénière et totale qu’elle cherche à
correspondre à la volonté divine. Elle ne met aucune limite à l’action
de Dieu en elle. En donnant son consentement la Vierge représente tout
le genre humain.
Aussi, suivant l’exemple de la très Sainte Vierge demandons la grâce de
vouloir toujours mieux répondre à notre vocation, développons notre
intelligence et notre volonté, mettons toutes nos forces, toutes nos
capacités à y répondre du mieux que nous pouvons.
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II. LA NATIVITÉ
La naissance de Jésus et l’ensemble des récits de l’enfance du Christ (cf.
Lc, chap. 1 et 2, Mt, chap. 1 et 2) manifestent aux hommes le grand
mystère de l’Incarnation et l’universalité du salut que symbolise la
visite des bergers et des mages venus d’Orient.
Les conditions extrêmes de pauvreté de la naissance du fils de Dieu
doivent nous inviter à méditer le message du salut avec un cœur humble
et croyant.
N’oublions pas, en effet que : « si Dieu a daigné se revêtir de la
bassesse et de l’infirmité de notre nature, c’est pour élever le genre
humain au plus haut degré de gloire.
Car le Verbe a assumé une nature humaine complète. C’est par son
humanité qu’Il révèle Dieu qui, par nature, est invisible : nous voyons
l’Enfant couché dans une crèche, et nous adorons notre Dieu et
Seigneur.
En prenant un corps, en se faisant chair, Dieu sanctifie notre
condition. Au jour de notre baptême et de notre Confirmation, nous
avons reçu du Christ le Saint-Esprit qui a fait de la totalité de notre être
(corps et âme) le temple de la présence divine. L’ascèse chrétienne
consiste à laisser la grâce sanctifiante nous envahir tout entier. Cela
est pour nous l’occasion d’un véritable combat parce que nous restons
blessés par les conséquences du péché originel et de nos péchés
personnels. Lutter pour la pureté, par exemple, par la maîtrise de notre
sensibilité, de notre affectivité et de notre sexualité, nous fait grandir et
mûrir pour parvenir à une authentique liberté, celle du don et de la
réponse à notre vocation. C’est un combat, mais c’est aussi une grâce
à demander, avec persévérance et sans nous décourager en cas de
chutes ou de lassitude. C’est pour nous libérer de l’idolâtrie et de
l’esclavage des mauvais désirs que le Christ a pris une nature humaine
en tout semblable à la nôtre à l’exception du péché.
III. LA VIE CACHÉE À NAZARETH
Nous ne savons pratiquement rien des trente premières années de la
vie du Sauveur à Bethléem, en Égypte, puis à Nazareth.
Le récit évangélique souligne simplement que Jésus « grandissait en
sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes » (Lc
2, 52) et qu’ « Il leur était soumis » (Lc 2, 51).
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Il était soumis à Marie, sa mère, et à Joseph, son père adoptif et
nourricier.
Et cependant sa vie cachée nous révèle la grandeur du quotidien,
dans l’accomplissement des simples vertus et des humbles réalités
de notre vie :
- La nécessité du travail pour subvenir à nos besoins et à ceux dont
nous avons la charge,
- L’importance de la vie familiale et de la vie sociale sanctifiée par
la prière et la vie liturgique,
- La fidélité aux exigences évangéliques dans l’état de vie qui est le
nôtre…
Ainsi, chers pèlerins, tout est occasion pour nous sanctifier et pour
évangéliser par notre exemple comme par notre parole. Au lieu de rêver
à d’autres conditions de vie, accueillons la réalité de notre situation
présente en étant sûr que Dieu nous donne la grâce pour accomplir au
quotidien notre vocation, malgré les fatigues, les lassitudes, les
découragements. C’est ainsi que, d’abord dans notre vie, puis dans le
monde qui nous entoure, nous établissons la Chrétienté. C’est ainsi que
nous devenons des saints.
Citations
Que signifie l’« Immaculée Conception » ?
« De toute éternité et de façon toute gratuite, Dieu a choisi Marie pour être la
Mère de son Fils. Pour accomplir cette mission, elle a été immaculée dès sa
conception. Cela signifie que, par la grâce de Dieu et en vue des mérites de
Jésus Christ, Marie a été préservée du péché originel dès sa conception.» (96.
Compendium du catéchisme de l’église catholique)
Quelle est l’importance du Fiat de Marie ?
« De votre parole dépendent le soulagement des malheureux, le rachat
des captifs, la délivrance des condamnés, le salut enfin de tous les fils
d’Adam, de la race entière, ne tardez plus, Vierge marie…vite, répondez
à l’ange, ou plutôt par l’ange, répondez au Seigneur. » Saint Bernard de
Clairvaux, les louanges de la Vierge Marie.
Que signifie le mot « Incarnation » ?
« L’Église appelle « Incarnation » le mystère de l’admirable union de la
nature divine et de la nature humaine en l’unique Personne divine du
Verbe.
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Pour accomplir notre salut, le Fils de Dieu s’est fait « chair » (Jn 1, 14),
devenant vraiment homme.» (86. Compendium du catéchisme de l’église
catholique)
« L’égalité que la Divinité du Fils possède inviolablement n’est pas altérée du
fait qu’il est homme ; mais cette descente du Créateur vers la créature, c’est
la montée des croyants vers les biens éternels.» (Saint Léon le Grand Sermon
25, 5e sur la Nativité)
« Le Christ a pris l’état de serviteur sans la souillure du péché, relevant
l’humanité sans diminuer la divinité…» (St Léon le Grand Tome à Flavien)
« En effet, pour bien comprendre l’éminente dignité, même la supériorité que
Dieu, dans sa bonté, a voulu accorder à l’homme, ne suffit-il pas de
reconnaître que Jésus-Christ, qui est véritablement Dieu, est aussi
véritablement homme ? » (Catéchisme romain, IV, § 2).
Que signifie la conception virginale de Jésus ?
« Elle signifie que Jésus a été conçu dans le sein de la Vierge par la seule
puissance de l’Esprit Saint, sans intervention de l’homme. Il est Fils du Père
céleste selon sa nature divine, Fils de Marie selon sa nature humaine, mais
vraiment Fils de Dieu dans ses deux natures, étant en lui-même une seule
Personne, qui est divine.» (98. Compendium du catéchisme de l’église
catholique)
« Mais si la conception du Sauveur est au-dessus de toutes les lois de la
nature, sa naissance ne l’est pas moins ; elle est divine. Et ce qui est
absolument prodigieux, ce qui dépasse toute pensée et toute parole, c’est qu’Il
est né de sa mère qui est demeurée toujours vierge.» (Catéchisme du saint
concile de Trente)
Quels sont les fruits de l’Incarnation ?
« Le fruit de l’œuvre de l’Esprit, c’est le salut de la chair : car que pourrait
être le fruit visible de l’Esprit invisible, sinon de rendre la chair mûre et
capable d’incorruptibilité ?» (St Irénée, IIème siècle, A.H. V, 12,4).
« Dans la Sainte Famille de Nazareth, c’était Jésus qui enseignait à Marie et
à Joseph quelque chose de la grandeur de l’amour de Dieu, son Père céleste,
source première de tout amour, Père dont toute famille au ciel et sur terre tire
son nom (cf. Ep 3, 14-15).»(Homélie du Pape Benoît XVI Mont du Précipice –
Nazareth 14 mai 2009)
« Baptisés dans le Christ et revêtus du Christ, vous êtes devenus conformes au
Fils de Dieu. En effet, Dieu qui nous a destinés à l'adoption nous a conformés
au corps glorieux du Christ.»
(Cyrille de Jérusalem Catéchèse III : De l'onction)
« Si la famille prie, en effet, elle vit et, si elle prie unie, elle vit unie.» (Pie XII)
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Bibliographie
-
récit de l’Annonciation (Lc 1, 26-38)
promesse d’un rédempteur (Gn 3,15)
Magnificat (Lc 1, 46-55)
L’annonce de la naissance du Sauveur aux bergers (Lc 2, 10-14)
L’annonce aux Mages (Mt 2,1-12)
La présentation de Jésus au Temple (Lc 2, 34-35).
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«ET LE VERBE A HABITÉ
PARMI NOUS»
Chers pèlerins, si le Verbe de
Dieu, le Fils de l’Homme a pris
chair de la Vierge Marie, c’est
d’abord pour accomplir notre
salut mais c’est aussi pour
devenir un exemple de
perfection à suivre. Les saints
ont tous pris le Christ pour
modèle. Voilà l’objet de notre
pèlerinage sur terre : nous
mettre à la suite de JésusChrist, suivre son exemple et
toujours davantage nous unir à
Lui.
Après avoir réfléchi et prié en
évoquant l’annonciation, la
nativité et la vie cachée à Nazareth, méditons à présent sur le baptême
de Notre Seigneur et sur la tentation de Jésus au désert.
I. LE BAPTÊME DE JÉSUS-CHRIST
Par son baptême Jésus-Christ annonce déjà qu’Il vient purifier
l’humanité qu’Il a librement voulu assumer en s’incarnant. Saint
Grégoire de Naziance nous dit que Jésus-Christ se fait baptiser pour
détruire le vieil homme tout entier, afin que cette humanité condamnée
qu’il a voulu revêtir soit lavée du péché originel et de ses fautes.
Jésus-Christ ne se fait pas baptiser pour Lui, puisqu’Il est Dieu et
qu’Il ne peut avoir le moindre péché. C’est plutôt pour nous montrer
l’exemple de ce que nous devons faire que Jésus se fait baptiser, car Il
s’est toujours plu à rendre sa doctrine vivante et donc à nous enseigner
non seulement par la parole, mais aussi par ses actes.
Le baptême de Jésus-Christ est aussi ordonné à Sa Passion durant
laquelle Il versera son sang, eau mystique qui lavera véritablement
les péchés des hommes.
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Lors de son baptême Jésus-Christ a transmis à l’eau la vertu
purificatrice du baptême chrétien ; Saint Augustin nous dit : « l’eau a
lavé le Christ et elle est sanctifiée.»
Notons d’ailleurs, que :
- N’importe quelle eau est utilisable pour conférer le baptême, car
Dieu a soif de notre salut. Aussi met-il à notre disposition les
moyens les plus simples.
- N’importe quelle personne, même non catholique, peut baptiser
une personne en danger de mort ; il lui suffit de faire ce que
demande l’Église et de le faire volontairement, même si elle-même
n’a pas la foi catholique, du moment qu’elle veut faire les gestes que
demande l’Église (verser l’eau sur la tête du futur baptisé) et qu’elle
prononce les paroles : « Je te baptise au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit.»
Voyez la bonté de Dieu, Il ne songe qu’à notre salut. Il rend le
baptême si accessible, que c’est un véritable affront à son amour que
de retarder le baptême des petits enfants sous le prétexte fallacieux de
leur laisser le choix. Attendez-vous l’avis de vos enfants pour nourrir
leur corps ? Savez-vous que le baptême est le seul moyen d’avoir
accès au paradis ?
Le baptême nous incorpore à l’humanité rachetée en Jésus-Christ.
C’est en Jésus-Christ que nous sommes sauvés et que, nous sommes
faits fils adoptifs de Dieu.
Le baptême marque le baptisé du sceau éternel d’enfant de Dieu. Par
cela nous sommes incorporés aussi à l’Église qui est le corps
mystique du Christ.
Le baptême du Fils de Dieu, révèle toute la Trinité. Le Père désigne
son Fils, et L’Esprit-Saint vient se poser sur Lui. Le baptême nous
ordonne à la vision béatifique de la Trinité.
II. LA TENTATION DE JÉSUS AU DÉSERT
Après son baptême, nous dit l’Évangile, le Christ « … fut conduit par
l'Esprit dans le désert pour être tenté par le diable.»
Le baptême nous lave du péché originel et de tout péché, et laisse
place ensuite au combat spirituel. Même après le baptême, et ses
rites d’exorcisme (qui nous ont permis de nous défaire de l’emprise du
démon), notre nature humaine reste blessée.
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Elle a toujours du mal à ne rechercher que Dieu seul et conserve
toujours cette tendance désordonnée à se rechercher elle-même. C’est
ce que l’on appelle la concupiscence, qui signifie « vif désir des biens
terrestres» (qui sont immédiats et faciles d’accès) par opposition au
désir de Dieu (qui est lointain et plus ardu).
Saint Thomas d’Aquin nous indique que la concupiscence est le foyer
du péché. Ce n’est pas le péché accompli, mais une tendance à vouloir
satisfaire en priorité ses désirs égoïstes, avant de rechercher Dieu et
tout ce qui peut nous unir à Lui, puisque c’est le but de la vie et la
seule chose qui puisse nous satisfaire.
Aussi, vous l’aurez compris, après le baptême le combat spirituel est
une nécessité ; « l’imitation du Christ » nous rappelle que « cette vie
fragile, n’est qu’une tentation et une guerre continuelle!»
Jésus, pour nous apprendre à surmonter cette concupiscence, a voulu,
comme tous les hommes, être soumis à la tentation.. Au désert, le
démon cherchera à Le faire tomber par trois tentations successives :
- l’appétit de posséder ou l’attachement désordonné aux biens
terrestres,
- la vaine gloire,
- la soif du pouvoir ou l’ambition de dominer.
Les temps n’ont pas changé, et ce sont ces mêmes trois tentations qui
nous détournent aujourd’hui de notre finalité.
Saint Chrysostome nous dit, « Notre Seigneur commence par jeûner,
sans avoir besoin du jeûne, mais pour nous apprendre quel est son
excellence contre les traits du démon, et aussi, qu’après le baptême,
nous devons nous appliquer non pas aux plaisirs, mais à la
mortification des sens.»
Vivre en la présence de Dieu, vouloir toujours d’abord accomplir Sa
volonté, ne rien préférer à Dieu, voilà, chers Pèlerins, ce qui doit être
notre préoccupation permanente!
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Citations
A PROPOS DU BAPTÊME :
Jean-Baptiste dit à Jésus : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par vous.»
Et il dit à ceux qui le suivaient, donc à nous : «Moi, je vous baptise avec de
l'eau; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de
défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et
dans le feu.»
« Nous qui avons reçu, par le sacrement de baptême, la nouvelle naissance,
nous éprouvons une grande joie lorsque nous ressentons en nous les premières
avances de l'Esprit Saint, lorsque s'éveille en nous l'intelligence des mystères,
la connaissance des prophéties, la parole de sagesse, les charismes de
guérison et la domination sur les démons.» Hilaire de Poitiers,
Commentaire sur le Ps 64, 14-15
« Baptisés dans le Christ et revêtus du Christ, vous êtes devenus conformes au
Fils de Dieu. En effet, Dieu qui nous a destinés à l'adoption nous a conformés
au corps glorieux du Christ.» Cyrille de Jérusalem Catéchèse III : De l'onction
A PROPOS DU COMBAT SPIRITUEL :
« Les tentations de Jésus au désert récapitulent celle d’Adam au paradis et
celles d’Israël dans le désert. Satan tente Jésus dans son obéissance à la
mission confiée par son Père. Le Christ, nouvel Adam, résiste et sa victoire
annonce celle de la passion, obéissance suprême de son amour filial.» 106.
Compendium du catéchisme de l’église catholique
« Les baptisés ont-ils besoin de se convertir ?
L’appel du Christ à la conversion retentit en permanence dans la vie des
baptisés. La conversion est un combat continuel de toute l’Église, qui est
sainte, mais qui, en son sein, comprend des pécheurs.» Compendium du
catéchisme de l’église catholique N°299
« Tous ne peuvent vaincre que par l’exercice d’une continuelle vigilance.
L’habitude du recueillement, l’amour de la retraite, une attention constante
sur ses paroles, ses pensées, ses sentiments, la fidélité aux plus légers devoirs
et aux plus humbles pratiques, préservent de grandes tentations et attirent
les grâces du Ciel. Celui qui néglige les petites choses tombera peu à peu, dit
l’Esprit-Saint.» Le Père Lamennais
Quatre armes infaillibles existent :
- la défiance de nous-mêmes
- la confiance en Dieu
- le bon usage de nos facultés
- l’exercice de la prière,
Lorenzo Scupoli – Le Combat spirituel
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« On ne naît pas chrétien, on le devient.» Tertullien, Père de l’Église
« Pourquoi y a-t-il un sacrement de la Réconciliation après le Baptême ?
Parce que la vie nouvelle de la grâce, reçue au Baptême, n’a pas supprimé la
faiblesse de la nature humaine, ni l’inclination au péché (c’est-à-dire la
concupiscence), le Christ a institué ce sacrement pour la conversion des
baptisés qui se sont éloignés de lui par le péché.» 297. Compendium du
catéchisme de l’église catholique N°297
« Aujourd’hui, Il t’exhorte à la conversion afin de n’avoir pas à te juger; Il te
demandera plus tard un compte rigoureux, aujourd’hui Il se fait ton avocat.
Saint Augustin « psaume 51, triomphe de Jésus-Christ », sermon au peuple.
« N’attends pas, corrige-toi dès aujourd’hui, tu es coupable, Dieu est ton juge,
efface tes fautes et l’approche de ton juge te remplira de joie…» Saint
Augustin « psaume 51 triomphe de Jésus-Christ » sermon au peuple.
Bibliographie
- « Le combat spirituel » Lorenzo Scupoli (Editions Artège)
- « L’imitation de Jésus Christ » Thomas A Kempis
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«ET NOUS AVONS VU SA
GLOIRE»
Chers
pèlerins,
nous
avons
précédemment médité sur le baptême
de Jésus qui marque le début de son
entrée dans la vie publique. Nous
allons maintenant évoquer trois
miracles accomplis par Notre
Seigneur.
Le mot miracle vient du mot
admiration. Le miracle est un
événement qui suscite pleinement
l'admiration parce que sa cause est
entièrement cachée à tous. Et cette
cause, c'est Dieu. Ainsi lorsque Jésus
réalise un miracle, c’est une manifestation de sa divinité, de sa
puissance divine, et de sa gloire. Les miracles ne sont pas
indispensables pour notre foi mais ils nous aident à croire, c’est aussi
la raison pour laquelle ils sont appelés « signes de crédibilité.»
I. AUX NOCES DE CANA EN GALILÉE
Jésus va manifester pour la première fois sa divinité et sa mission. Il
va se laisser entraîner par Marie sa mère, à réaliser un miracle.
Personne n’a vu le moment du miracle, excepté les serviteurs qui sur
l’ordre de Jésus ont rempli d’eau les jarres d’où coule maintenant un si
bon vin. Et le repas continue. Puis Jésus s’en va avec sa Mère.
L’Évangile nous dit qu’Il a manifesté sa gloire mais, en fait, seuls ses
disciples ont vu le rayon de gloire, et « Ses disciples crurent en lui.»
Ainsi, le moindre miracle est d’abord un signe : ce qui est donné à
voir est ainsi donné à croire.
La signification des noces de Cana dépasse le cadre limité et provincial
de cette noce de campagne. :
- Jésus fait commencer sa prédication au point précis où les prophètes
de l’Ancien Testament avaient fait culminer la leur : les noces de
Dieu avec son peuple.
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-
-
-
-
Avant la venue de Jésus, le vin manquait à l’humanité. Le vin
qu’apporte Jésus est le vin de la grâce, celui qui soigne, désinfecte et
guérit.
Jésus n’a pas voulu faire du vin à partir de rien ; Il transforme l’eau
dont Il fit remplir les jarres. De même, sa mission n’est pas de faire
du neuf à partir de rien, mais de porter à sa perfection l’ancienne
alliance et de ramener l’homme à Dieu.
La nouvelle Alliance, puisée dans ce vin nouveau qu’est le Sang
du Christ, est la bague de mariage de Dieu et de son peuple. Elle
est le lien nuptial qui unit le Christ et son Église, et son nom est
Charité.
Regarder l’Église d’un autre regard que celui du Christ, c’est ne
rien comprendre au vin de la charité, au mystère de l’Église.
Mais ce miracle de Cana a une signification plus subtile : c’est le
mariage du Christ et de l’âme, qui est offert à chacun d’entre
nous et qui est la vocation de tout chrétien.
Encore faut-il prendre soin de son âme, encore faut-il la rendre
habitable, ne pas donner l’impression désagréable à l’époux qui en
franchit le seuil qu’on a oublié qu’il est invité, que rien n’est prêt
pour l’accueillir, alors que Lui nous offre ce qu’il y a de meilleur
comme le fait observer l’intendant à qui il fait goûter l’eau
transformée en vin.
Le vin qu’il sert réconforte. Ce vin est le Sang de l’Agneau immolé
sur l’autel de la Nouvelle Alliance.
Enfin ce miracle met en lumière de façon remarquable le rôle de
Marie si attentive à tous nos besoins (« Ils n’ont plus de vin ») et qui
nous encourage à forcer la main de Jésus, même si son heure n’est
pas encore venue, en nous disant « Faites tout ce qu’Il vous dira ».
Prions-la, chers pèlerins, et demandons lui d’intercéder pour nous ;
n’est-elle pas honorée sous le nom de Marie Médiatrice ?
II. LA RÉSURRECTION DU FILS DE LA VEUVE DE NAÏM
Lorsque Jésus opère un miracle, c’est pour montrer quelque chose,
mais plus encore pour montrer qu’Il est la Vie, pour manifester qu’Il
peut guérir. Seul Dieu est maître de la vie et de la mort.
Chacun de ses miracles revêt un caractère théologique : la résurrection
du fils de la veuve de Naïm est bien une réalité visible, elle a pour but
de montrer la gloire du Seigneur.
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Observez comme Jésus procède ici,
- Il est tout d’abord pris de compassion pour cette mère d’un fils
unique montrant par là sa nature humaine. Les Pères de l’Église
ont vu en cette mère l’Église, l’Église qui accompagne l’humanité
touchée par la mort du péché tout au long de cette existence
terrestre.
- Et puis le miracle se réalise dans une grande discrétion : l’enfant
revient à la vie. Ainsi Jésus révèle ce qu'Il est, progressivement
et montre que le salut est déjà à l'œuvre. Son moyen habituel, ce
sont les miracles. Et le miracle est toujours concret. Jésus redonne la
vie à l'âme par le corps. Et Il le fait d'autorité, Il dit : "Jeune homme,
je te l'ordonne, lève-toi." Et aussitôt le mort se relève.
Mais qui est capable de ressusciter un mort ? Personne, seul Dieu peut
le faire, car Il est le maître de la vie et de la mort !
Ce miracle opéré redonne la foi. Tous disent : "Dieu a visité son
peuple." Dieu n'est pas un Dieu distant, Il a le visage de Jésus, Il
éprouve de la compassion.
Chers pèlerins, si les miracles de Jésus sont si physiques, c'est aussi
pour nous faire comprendre que vivre en chrétien ne saurait se
concevoir sans une forte acceptation du monde et du corps. Lavés par
l’eau du baptême, oints par le saint chrême de la Confirmation, nourris
par la Sainte Eucharistie, instruits par la parole de Dieu, pardonnés par
la voix du prêtre, nous sommes touchés par des signes, des symboles,
des gestes, des paroles, toutes ces choses si physiques, mais tellement
spirituelles que sont les sacrements de notre Sainte Mère l'Église.
Ce sont des signes efficaces du salut, des réalités du salut. Ce n'est pas
pour rien que Dieu nous a créés avec un corps qui vit et qui souffre, qui
a faim, froid, aime et vibre. D'ailleurs au ciel notre salut sera
complètement réalisé avec notre corps dûment ressuscité, glorifié, porté
à ses capacités maximales. Telle est notre vocation à tous.
III. UN AUTRE MIRACLE DE NOTRE SEIGNEUR LA
TRANSFIGURATION
Cette scène de la Transfiguration constitue un avant-goût du ciel.
L’aimable colloque en haut du mont Thabor est une préfiguration de la
sainte amitié qui nous unira tous en Dieu. « Il nous est bon d’être ici »,
déclare Saint Pierre qui avec Saint Jacques et Saint Jean, est témoin de
ce miracle.
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Qu’il nous sera bon d’être au ciel, pour échanger dans des dialogues
inlassables avec Notre-Dame, avec les Apôtres, les saints Martyrs,
Docteurs, Confesseurs et Vierges ! Et surtout avec le Christ ! Cette
amitié éternelle du Ciel est le fruit du sacrifice de notre Sauveur.
A nous d’y tendre chaque jour et chaque instant de notre vie !
Ainsi, la Transfiguration de Notre Seigneur est le modèle de notre
propre transfiguration ; C’est notre propre « transfiguration » qu’Il a
voulu nous enseigner.
Le changement de notre cœur, voilà ce que Dieu attend de nous ! Il nous
enverra sa grâce transformante à condition que nous la lui demandions.
Notre transfiguration est l’œuvre conjointe de la nature et de la grâce. A
nous de désirer cette transformation de nous-mêmes. Ne retardons pas
sa mise en œuvre : on ne fait pas attendre le Bon Dieu!
Au mont Thabor, Jésus manifeste ainsi sa gloire, et prépare ses trois
apôtres choisis au drame de la Passion. Pas de joie sans la Croix.
Chers pèlerins, Dieu prend soin de tout ce qu'on Lui abandonne.
Alors, Donnons-Lui ce que nous lui refusons depuis trop longtemps :
Aimer c'est tout donner.
Citations
A propos des noces de Cana
« Le Christ s’est servi de son corps pour deux sortes d’œuvres bien
différentes: pour opérer des miracles, et pour endurer des tourments. Les
miracles venaient d’en haut: les souffrances venaient d’en bas.» Saint
Augustin psaume 56: espérance en Dieu sermon au peuple
« Jésus accompagne sa parole de signes et de miracles pour attester que le
Royaume est présent en lui, le Messie. Bien qu’il guérisse certaines personnes,
il n’est pas venu pour éliminer ici-bas tous les maux, mais avant tout pour
libérer les hommes de l’esclavage du péché…» Compendium du catéchisme
de l’église catholique N°108
« Cette heure n’est pas encore venue, et il fallait que ce soit tout d’abord
précisé. Et pourtant, Jésus a le pouvoir d’anticiper cette « heure » par un
signe mystérieux. Le miracle de Cana se caractérise ainsi comme une
anticipation de l’heure ; il est donc intrinsèquement lié à celle-ci. Aujourd'hui,
l'Eucharistie anticipe aussi l'heure.» Joseph Ratzinger - Benoît XVI, Jésus de
Nazareth
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A propos de la résurrection du fils de la veuve de Naïm
« La compassion de Jésus pour les pleurs de la veuve de Naïn (cf Lc 7.12-17)
et pour la prière implorante de Jaïrus (cf Lc 8.41-56) constituent, entre autres,
quelques points importants de référence pour apprendre à partager les
moments de peine physique et morale de nombreuses familles éprouvées.» Du
Vatican, de 2 Février 2009 - Benoît XVI
A propos de la Transfiguration
« Pierre désirait trois tentes (1 pour Jésus, 1 pour Moïse et 1 pour Elie): la
réponse venue du ciel a montré que nous n'en avons qu'une : le Verbe de Dieu
est le Christ, le Verbe de Dieu est dans la Loi, le Verbe de Dieu est dans les
prophètes...» Saint Augustin (354-430), Sermon 78, 2-6
« Pour apprendre que tous ceux qui veulent contempler Dieu ne doivent pas
s'arrêter dans les jouissances de la terre, mais aspirer aux choses d'en-haut ;
qu'il faut chercher Dieu, non dans les bas-fonds de ce siècle, mais dans le
royaume de Dieu.» Saint Rémi d'Auxerre.
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DIMANCHE : LA RÉDEMPTION
Saint Louis
Roi de France
“Le Christ crucifié portant la couronne”
Chers pèlerins, cette deuxième journée de
pèlerinage nous permet, en méditant les
événements historiques de la Passion de
Notre-Seigneur, de mieux comprendre
l'enseignement de l'Église Catholique sur la
Rédemption. Cet enseignement, nous en
bénéficions à travers les sacrements, tout
particulièrement à travers la Sainte Messe,
renouvellement non-sanglant de l'Unique Sacrifice. C'est dire
l'importance de notre journée!
Pour nous aider dans notre méditation, nous nous placerons sous le
patronage de Saint Louis, roi de France (1214-1270), dont le grand
historien Jacques le Goff, auteur d'une puissante étude sur le saint roi,
affirme qu'au 13ème siècle, “le roi, c'est le Christ crucifié portant la
couronne”. Nous verrons combien ce jugement est exact.
Nous savons que toutes les formes de sainteté coexistent dans l’Église,
car la richesse de la grâce de Dieu est infinie. Mais, ce qui caractérise le
mieux Saint Louis, c’est l'abandon à la volonté de Dieu et une grande
vénération pour l’œuvre divine, à travers le Christ-Rédempteur et
les instruments de Sa Passion.
I. UN SOUVERAIN EXEMPLAIRE
La piété de Saint Louis est bien connue, comme est connue sa volonté,
manifestée dès son accession au trône en 1226 (alors qu’il n’a que 12
ans), de conformer son comportement aux exigences de l’évangile.
Exemplaire dans sa vie privée (il avait épousé Marguerite de Provence,
dont il eut 11 enfants), il fut un roi ferme et bon, particulièrement
réputé pour son sens de la justice.
Ces qualités lui seront reconnues par tous, y compris ses adversaires.
Considéré de son vivant comme un saint, il sera canonisé en 1297.
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II. UN HOMME DE DIEU
1.
L’immense amour de Saint Louis pour le Christ et Sa passion
C’est son immense amour pour le Christ, et sa dévotion pour tout ce
qui touche à sa Passion, qui, en 1237, conduisirent saint Louis à
acquérir la Sainte Couronne d’épines, la “Couronne des couronnes”,
celle du Fils de Dieu fait homme, le “Roi des rois”, que Baudoin II,
l’empereur latin de Constantinople, s’apprêtait à vendre, pour faire face
à un cruel besoin d’argent.
Accueilli en grande procession en 1239, après un voyage fort
mouvementé, la sainte relique fut conservée quelques années au
château de Vincennes, avant d’être déposée dans la Sainte Chapelle, ce
monumental et splendide reliquaire, que le saint roi fit construire dans
ce but à proximité de Notre-Dame de Paris.
Plus tard, Saint Louis acquit encore d’autres reliques de la Passion:
un morceau de la Sainte Croix, des clous et le fer de la lance qui
transpercèrent le corps de Notre Seigneur, ainsi que l’éponge qui lui fut
tendue au moment de son agonie.
Ces saintes reliques, autrefois conservées dans la Sainte Chapelle, font
aujourd’hui partie du trésor de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Placée sous la responsabilité des chevaliers du Saint Sépulcre, la Sainte
Couronne d’épines est offerte, chaque année, à la vénération des fidèles,
dans la cathédrale, au cours de l’après-midi du Vendredi Saint. C’est
un acte de dévotion qui aurait plu au saint roi et qu’on ne saurait
assez recommander à tous les pèlerins de la région parisienne, mais
aussi à ceux qu’un voyage pourrait conduire dans la capitale, à cette
période où nous commémorons la mort du Christ en croix.
2.
le sens supérieur de la justice du saint roi
C’est son sens supérieur de la justice qui incita Saint Louis à mettre
son épée au service du Christ, pour tenter d’arracher son tombeau à la
domination des infidèles.
Il entreprit deux croisades :
- la première, qu’il fit en famille, tandis que sa mère, la reine Blanche
de Castille, assurait la régence du royaume, dura près de 7 ans
(1248 - 1254). Elle ne lui permit pas d’atteindre son but et il en fut
très meurtri. Cependant, totalement soumis à la volonté de Dieu, il
ne se révolta pas.
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38
-
Bien au contraire, rentré en France, il reprit avec ardeur son métier
de roi, faisant l’admiration de tous par sa piété, sa charité envers les
pauvres et son immense sagesse.
Organisée en 1270, après la prise d’Antioche par les musulmans, la
seconde croisade, fut également un échec. Terrassé par la peste,
devant Tunis, Saint Louis fit preuve, devant la mort, d’une grande
force d’âme et d’un total abandon à la volonté du Seigneur qu’il
avait si bien servi. Dans un dénuement volontaire, à l’image de son
Seigneur, il mourut sur un lit de cendre, le 25 août 1270 ; il avait
56 ans.
III. UN MODÈLE POUR NOTRE TEMPS
Dans les moments difficiles, il en est souvent ainsi, on se tourne vers le
chef. On souhaite qu’il dispose de toutes les qualités intellectuelles
nécessaires pour poser un juste diagnostic, de la force morale pour
prendre les décisions qui s’imposent et d’un caractère bien trempé pour
mettre en œuvre les solutions qui permettront de redresser la situation
et de conduire au succès.
Prions Saint Louis, notre patron de ce jour, pour qu’il donne à nos
gouvernants une claire vision des problèmes à résoudre, la force de
caractère et la sagesse dont il sut faire preuve, pour conduire notre pays
dans le respect des lois divines. A l’époque de Saint Louis, le royaume
de France vivait véritablement en Chrétienté parce que toutes les
décisions du roi étaient ordonnées à Dieu.
Cependant, rien ne sera possible si nous attendons tout des autres, sans
que nous-même nous n’acceptions de nous remettre en cause. Sommesnous irréprochables dans notre comportement au travail, dans la cité
comme à la maison?
Prions Saint Louis, qui en ce jour nous accompagne, pour lui demander
de nous faire partager, dans le regret de nos fautes, son immense
amour pour le Christ-Rédempteur, et sa vénération pour les
instruments de la Passion de Jésus notre Sauveur.
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«POUR NOUS ET NOTRE SALUT»
Chers Pèlerins, en 1946, Pie XII
constatait que « les hommes ne se
souviennent plus du péché et en
oublient pour ainsi dire l’existence.»
Pourquoi cette diminution progressive du
sens du péché est-elle grave ?
Parce qu’en niant, ou en estompant sa
condition pécheresse, l’être humain en
vient à ne plus comprendre qu’il a besoin d’un Sauveur. Il vit alors,
et meurt, loin de Jésus-Christ, dont il croit pouvoir se passer.
Pour bien comprendre cela, il nous faut successivement revenir à
l’histoire de nos origines, savoir pourquoi nous héritons du péché
originel, et pourquoi Dieu nous a envoyé son fils unique pour nous
sauver ?
I. LE PÉCHÉ DES ORIGINES
« La réalité du péché des origines ne s’éclaire qu’à la lumière de la
Révélation divine », nous enseigne l’Église (CEC 387).
1. L’être humain avant la faute
Tout avait bien commencé !
Un couple primitif, Adam et Ève, pourvu non seulement d’une nature
sans défaut, mais encore de dons préternaturels (1), vivait en état de
grâce très au-delà de leur condition naturelle, les rendant familiers de
la Trinité Sainte.
Le Créateur voulait faire entrer l’homme dans une relation d’amitié avec
lui, et Il lui donna d’une formidable faculté : le libre arbitre. L’homme
était ainsi capable et libre d’accepter ou de refuser le plan
merveilleux que son Dieu avait sur lui. La seule interdiction qui lui
était faite c’était de ne pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance
du bien et du mal (Gn 2,17), c’était aussi un moyen d’éprouver la
confiance libre que l’homme devait témoigner au Créateur.
(1) Les dons préternaturels sont des dons au-dessus de la nature, qui assuraient un
ordre parfait dans l’homme :
− L’intelligence et la volonté étaient parfaitement soumises à Dieu
− Nos sens et nos passions étaient soumis à l’intelligence et à la volonté: absence
de concupiscence.
− Le corps était soumis à l’âme : pas de souffrance, de maladie, et de mort
− Toute la création inférieure était soumise à l’homme.
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2. Le premier péché de l’homme
Comme vous le savez, « L’homme, tenté par le diable (…), en abusant
de sa liberté, a désobéi au commandement de Dieu. C’est en cela qu’a
consisté le premier péché » (CEC 397). Ce premier péché est donc
d’abord un péché de désobéissance à la loi divine, dû à un mauvais
usage par l’homme de la liberté que Dieu lui avait laissée.
Deux facteurs conjoints peuvent expliquer cette infraction commise
par Adam et Ève :
la perte de confiance en Dieu, due à la calomnie de Satan, qui fit
croire à Ève que le Créateur voulait les maintenir dans une
dépendance infantilisante : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas !
Mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux
s’ouvriront » (Gn 3,5)
- l’orgueil auquel les poussa le démon : « vous serez comme des
dieux ». « Dans ce péché (originel), l’homme s’est préféré lui-même
à Dieu, et par là même, il a méprisé Dieu ». (CEC 398).
Saint Augustin décrit ainsi le double mouvement du péché : le rejet de
Dieu et le recroquevillement sur soi-même et sur les autres réalités
créées.
Ceci va entraîner de funestes conséquences :
- la rupture d’amitié avec Dieu : perte des dons préternaturels et de
la grâce sanctifiante,
- une relation faussée aux créatures (à soi-même et aux autres), due
à un déferlement des passions, une nature dès lors inclinée au péché
(«concupiscence»).
II. LE PÉCHÉ ORIGINEL TEL QU’IL SE COMMUNIQUE À
TOUTE L’HUMANITÉ
1. Toute personne humaine est affectée par le péché d’Adam et
Ève
« Par la désobéissance d’un seul homme, la multitude (c’est-à-dire tous
les hommes) a été constituée pécheresse » (Rm 5,19). Pour bien
comprendre cette vérité, chers pèlerins, il faut bien considérer :
- la responsabilité authentique que Dieu a laissée à Adam et Ève à
l’égard de toute la race humaine, en tant qu’ils en étaient la tête :
« Adam avait reçu la sainteté et la justice originelles non pas pour
lui seul, mais pour toute la nature humaine ; en cédant au tentateur,
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-
Adam et Eve commettent un péché personnel, mais ce péché affecte
la nature humaine qu’ils vont transmettre dans un état déchu (cf. Cc
Trente, DS 1511-1512) » (CEC 404).
le fait que tout être humain descend de ce couple unique primitif
(on parle de « monogénisme »). « Dieu a fait sortir d’une souche
unique toute la descendance des hommes » (CEC n°360).
2. Le péché originel dans la descendance d’Adam
Le péché originel n’est présent en nous que comme un état (CEC
404) : privée, par la désobéissance d’Adam et Ève, de la grâce et des
dons préternaturels, la nature que nous recevons dès la conception
est « déchue ». C’est à dire qu’il lui est plus facile de tendre au
mal qu’au bien, comme par exemple de croire aussi, par orgueil,
qu’on peut parvenir à sa fin sans l’aide de Dieu.
III. LE PLAN DE SALUT : L’INCARNATION RÉDEMPTRICE
1. De quoi s’agit-il ?
Dans son plan d’amour infini, Dieu a décidé d’envoyer son Fils
éternel qui est venu payer lui-même la dette contractée par le péché.
Jésus devint l’un d’entre nous, afin de partager notre condition, et il
endura jusqu’à l’anéantissement de la croix (cf. Ph 2,6-8).
L’incarnation rédemptrice permit non seulement à tout être humain
de sortir de l’ornière du péché, mais encore de s’élever à un
degré plus élevé que naguère : « la grâce ineffable du Christ nous
a donné des biens, meilleurs que ceux que l’envie du démon nous
avait ôtés ». explique Saint Léon le Grand.
2. L’alternative pour chaque être humain :
Dieu a voulu que le salut en Jésus-Christ soit proposé à chacun, et
qu’il soit laissé libre de choisir de l’accepter ou de le refuser. Telle
est l’alternative qui s’offre à nous : opter pour la vie « selon la chair »
ou celle « selon l’Esprit » (Saint Paul) ; pour les ténèbres ou la lumière
(Prologue de Saint Jean) ; pour la Cité où « l’amour de Dieu est poussé
jusqu’au mépris de soi », ou pour celle où « l’amour de soi est poussé
jusqu’au mépris de Dieu » (Saint Augustin)…
L’homme n’est pleinement homme que s’il accepte sa condition finie et
pécheresse, et s’il comprend qu’il n’a pas été créé pour en rester là, mais
pour, vivant en Jésus-Christ par la foi, se livrer à l’œuvre divine.
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Ainsi, et ainsi seulement, peut-il atteindre sa pleine stature qui, selon le
dessein du Créateur, n’est pas seulement humaine, mais divinohumaine. Saint Athanase nous dit : « Le Fils de Dieu s’est fait homme
pour nous faire Dieu ».
Chers pèlerins, y a-t-il image plus parlante que celle du Sacré-Cœur
transpercé, d’où s’écoulent l’eau et le sang, pour nous faire comprendre
de manière très incarnée que l’être humain ne peut atteindre la plénitude
de fécondité que Dieu veut pour lui que dans la mesure où son cœur de
pierre se laisse transformer en un cœur de chair ouvert, semblable à
celui de Jésus ? C’est tout le sens des apparitions dont bénéficièrent
sainte Marguerite Marie Alacoque et saint Jean Eudes qui répandirent la
dévotion au Sacré Cœur et aux Cœurs unis de Jésus et Marie.
« Jésus, doux et humble de cœur, rendez mon cœur semblable au
vôtre ! »
Citations
« Il faut réfléchir tout d’abord sur la vérité du péché (originel) afin de
pouvoir donner son sens juste à la vérité de la Rédemption opérée par JésusChrist.» Jean-Paul II introduction aux Catéchèses sur le péché originel,
Audience Générale du 27 août 1986
« Tous les hommes sont impliqués dans le péché d’Adam. Saint Paul l’affirme:
" Par la désobéissance d’un seul homme, la multitude (c’est-à-dire tous les
hommes) a été constituée pécheresse" (Rm 5, 19).» Catéchisme de l’Église
Catholique 402
« Il n’y a rien, reconnaissait Pascal, qui choque plus notre raison que de dire
que le péché du premier homme ait rendu coupables ceux qui, étant si
éloignés de cette source, semblent incapables d’y participer. Cet écoulement
ne nous paraît pas seulement impossible, il nous semble même très injuste.»
Pascal - Pensée 261.
«Le magistère de l'Église enseigne sur le péché originel, lequel procède d'un
péché réellement commis par une seule personne Adam et, transmis à tous
par génération, se trouve en chacun comme sien.» Humani généris – Pie XII.
« Comme la faute d’un seul a entraîné sur tous les hommes une
condamnation, de même l’œuvre de justice d’un seul (celle du Christ) procure
à tous une justification qui donne la vie.» (Rm 5, 18).
« Ôtez le surnaturel et il ne reste que ce qui n’est pas naturel.» G.K
Chesterton
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« O bienheureuse faute qui nous a valu un tel et si grand Rédempteur !»
Chant de l’Exultet dans la nuit de Pâques.
« Si vous aimez (seulement) la terre, vous êtes terrestres ; si vous aimez le ciel,
vous êtes célestes ; et si vous aimez Dieu, vous êtes en quelque manière
changés en Dieu.» Saint Augustin (Tract. 2 in Ep.1 Joannis)
« Du côté du Christ a coulé l'eau du baptême pour nous laver et le sang de
l'Eucharistie pour nous racheter.» (Saint Thomas)
« Depuis que son Corps, revêtu de l'état de gloire éternelle s'est réuni à l'âme
du divin Rédempteur, vainqueur de la mort, son Cœur très saint n'a jamais
cessé et ne cessera de battre d'un mouvement paisible et imperturbable.» (Pie
XII, "Haurietis aquas")
« Mon Cœur se dilatera pour répandre avec abondance les influences de son
divin amour sur ceux qui lui rendent cet honneur et propageront ce culte.»
(Jésus à Sainte Marguerite-Marie Visitandine Paray-le-Monial)
« Le culte du Sacré-Cœur est plus qu'une dévotion, c'est toute la religion dans
ce qu'elle a de plus touchant, de plus efficace, de plus élevé. C'est tout
l'évangile que deux mots résument : dilexit, il a aimé, diliges, tu aimeras.»
(Cardinal Amette)
« Aimer cordialement et fervemment ce Cœur tout aimable et l’aimer au nom
de ceux qui ne l’aiment point, et Lui offrir tout l’amour de tous les cœurs qui
lui appartiennent.» Saint Jean Eudes
« La vie principale qui soit en l’homme, c’est la vie de son âme; c’est la vie
qui applique cette âme à l’objet principal et le plus noble de l’âme qui est
Dieu même; c’est la vie qui remplit et occupe sur cet unique objet toutes les
facultés de cette âme, son entendement par connaissance, et sa volonté par
amour.» (Cardinal Pierre de Bérulle)
Bibliographie
-
-
Catéchisme de l’Eglise Catholique : Le péché originel (n°396-409) ; « Tu
ne l’as pas abandonné au pouvoir de la mort » (n°410-412)
St Jean-Paul II : « Catéchèses sur le péché originel », Audiences Générales
13 août- 17 déc. 1986
(http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/audiences/1986/index_fr.
htm) [en italien et en espagnol !]
F. Hadjadj : « Brève réflexion sur le transhumain » "Parvis des Gentils",
Paris, UNESCO, le 24 mars 2011
(http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1347313)
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44
«ILS REGARDERONT VERS CELUI
QU'ILS ONT TRANSPERCÉ»
Chers Pèlerins, ce n'est pas pour rien que
le Christ nous a aimés. Il nous a
montré dans sa Passion comment, et
jusqu'où, Il nous aimait : jusqu'à
verser tout son sang pour nous.
Par la plaie du Sacré-Cœur, entrons dans
cet amour de Dieu, donné à nous, mort
pour nous, à cause de nous. Toute la
Passion de Notre Seigneur Jésus Christ
est un appel à rendre amour pour amour.
Le regard qu'il nous faut porter vers la
croix est aussi un regard de vérité pour
prendre conscience de notre condition de pécheur racheté, un regard
plein de reconnaissance et d'amour vers notre Rédempteur ; un regard
de compassion pour souffrir avec Lui.
Partageons avec Lui, offrons-Lui la difficulté de notre marche, unissons
notre souffrance aux siennes pour vivre avec le Christ, pour vivre du
Christ, pour que le Christ vive en nous.
La Passion commence au Jardin des Oliviers. Le Christ, Vrai Dieu et
Vrai Homme, voit dans son esprit TOUS les péchés que TOUS les
hommes, de TOUS les temps et en TOUT lieu, ont commis depuis
Adam et Ève et jusqu'à la fin du monde.
Le Christ prend sur Lui ce fleuve de boue pour nous en débarrasser.
Indication pratique : Comme dans un chemin de croix « classique», on
pourra avoir avantage à couper la méditation par des temps de silence
et/ou des Ave.
1. L'arrestation et la condamnation de Jésus
Avec l'arrestation de Jésus commence cette violence physique qui ne se
terminera que sur la croix. Des coups portés gratuitement, par
moquerie, par méchanceté !
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Aux cris de «Crucifie-Le ! Crucifie-Le !», Pilate choisit le
politiquement correct, il n'ira pas contre la foule et le Sanhédrin. Jésus
de Nazareth sera crucifié : la plus grande injustice de l'Histoire est
en route.
2. Le portement de croix
Alors le Christ, épuisé par une nuit sans sommeil, par la Flagellation et
le Couronnement d'épines, porte le patibulum qui pèse sur ses épaules
du poids des péchés commis, en train d'être rachetés. Cette croix
portée, acceptée, embrassée, instrument d'infamie devient instrument de
victoire mais nul ne le sait encore.
3. Les chutes
Notre-Seigneur va tomber par trois fois sur le chemin qui le mène au
Calvaire. Bien sûr il y a l'épuisement physique, mais le Christ veut
surtout nous apprendre à nous relever de notre péché. Il veut nous
dire que la Grâce sera toujours là pour nous permettre de reprendre
notre marche vers le Ciel.
4. La rencontre avec Marie
Plus que deux regards, ce sont deux âmes qui se parlent et se
soutiennent. Rencontre pleine de la souffrance de l'autre : Marie prend
sur Elle, autant que c'est possible, la souffrance de Jésus. Elle la
partage avec Lui pour alléger le fardeau. Le Christ souffre en plus de
faire souffrir sa Mère, mais Il reçoit ce soutien avec reconnaissance.
5. Les soutiens : Simon de Cyrène et Sainte Véronique
Suivons donc le Christ souffrant, marchons sur cette route de Chartres
dans un esprit de pénitence et d'union à la Rédemption. Il nous faut être
Simon de Cyrène, celui qui a aidé Jésus à porter la Croix. Quel titre !
Quelle grâce ! Il a dû probablement aussi porter son regard sur cet
homme à terre. Regards qui se croisent. Que de choses passent dans cet
échange ! Un éclair qui convertit, qui renverse toutes les oppositions,
toutes les réticences. Par ce regard Simon accepte et porte la croix de
Jésus. Le Christ ne nous demande-t-Il pas la même chose ?
Ne nous regarde-t-Il pas avec ce même amour pour mendier notre
conversion ? Pour qu'à notre tour, nous Le regardions vraiment ?
Notre Seigneur est encore consolé, au milieu de son épreuve terrible,
par sainte Véronique, une femme forte dont la Foi bouscule la foule et
pétrifie les gardes.
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Une femme courageuse qui se moque de ce que l'on pensera ou dira
d'elle. Ah ! Ce respect humain, ce respect mondain, qui nous
empêche trop souvent de faire tout le bien que l'on devrait, d'agir
pour la royauté du Christ en totale conformité avec notre Foi. Sainte
Véronique est bien loin de tout cela. Elle essuie ce visage tuméfié avec
le linge qu'elle porte. Elle aussi, comme Simon de Cyrène, participe à
cette Passion et vient soutenir l'Agneau que l'on conduit à l'abattoir.
Élan de générosité : ce n'est que forcé que Simon aide le Christ. C'est
l'amour et la compassion qui donnent à Véronique ce courage et
cette force.
6. Jésus console les femmes de Jérusalem
Il trouve au milieu de ses épreuves la force de consoler les femmes de
Jérusalem. Le Seigneur les appelle à la conversion : «Pleurez plutôt sur
vous et sur vos enfants.» Si la Toute-Puissance du Christ est cachée
pour le moment, Il donne librement sa vie pour nous sauver et ce don
dépasse cet anéantissement.
7. Jésus est dépouillé de ses vêtements
Le Christ arrive au sommet de la colline. Son épuisement est total,
indicible. Et pourtant, ses peines ne sont pas encore terminées. Le Christ
est dépouillé de sa tunique. Tout d'un coup, toutes les plaies de la
Flagellation se rouvrent. Le sang séché collait à la tunique et voilà notre
Seigneur non seulement tout sanglant mais aussi mis à nu, humilié.
Jésus accepte tout, pour nous racheter.
8. La crucifixion
Une fois dépouillé de ses vêtements, le Christ est attrapé et jeté sur le
bois de la croix. Il va être cloué dessus. Leur connaissance du corps
humain permettait aux Romains de savoir où placer les longs clous pour
faire souffrir sans arracher les membres.
Le supplicié mourrait ainsi asphyxié, lorsqu’épuisé et meurtri, il ne
trouvait plus la force de tirer sur ses bras et de se soulever sur ses
jambes pour tenter de respirer.
Le Christ a les bras ouverts pour accueillir les pécheurs repentants
comme le Bon larron. Dans ces heures d'agonie sur la Croix, Le Fils de
Dieu nous laisse ses ultimes paroles. Marie est là, digne dans sa douleur.
Cette fois, la parole accompagne le regard entre la Mère et le Fils. Jésus
dépouillé de tout, nous donne Celle qui lui reste.
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Il confie Marie à Saint Jean. Par cela le Fils du Père nous fait fils
adoptifs et cohéritiers du Père. Par cela le Christ donne une nouvelle
Maternité à Notre-Dame : «Fils voici ta Mère... Et le disciple la prit
chez lui.» Accueillir Marie dans notre vie spirituelle, c'est aller vers le
Christ avec un guide sûr, c'est aimer Jésus avec le Cœur de Marie.
9. La mort sur la Croix
Au moment qu’Il a choisi, le Christ Sauveur du monde remet son Esprit
à son Père. Oui, «tout est accompli, tout est consommé.» Le Verbe de la
Trinité a connu l'abaissement de se faire homme. Sa mission terrestre
s'achève et Celui qui est «la lumière du monde» est en train de
vaincre les ténèbres de la mort et du péché par l'offrande d'amour
de sa Vie sur la Croix.
Alors que les ennemis de Jésus croyaient en avoir fini avec ce prophète
par cette mort humiliante, la Croix marque la victoire du Christ, la
victoire de la Vie sur la mort et le péché. N'oublions pas, amis pèlerins,
que la croix est le but unique de l'Incarnation du Verbe.
10. Jésus est descendu de la Croix
Jésus étant mort, le cadavre va être rendu à sa Mère. Avant cela le
centurion perce le Sacré-Cœur «et il en sortit du sang et de l'eau.» La
vie sacramentelle prend sa source à la Croix, et alors, effectivement, «ils
regarderont vers celui qu'ils ont transpercé.» C'est ce corps transpercé
qui est rendu à la Vierge des Douleurs. Au pied de la Croix Marie était
restée figée dans sa douleur : son âme était transpercée comme le corps
de son Dieu, mais Elle ne laissait pas le désespoir la submerger, ni le
sentiment l’emporter sur la Foi. Car c'est bien la Foi qui soutient
Notre-Dame ; Marie reçoit le cadavre de son Fils descendu de la Croix,
mais, au fond d'elle-même, Elle attend la Résurrection du Verbe
Incarné.
11. La mise au tombeau
Il est temps maintenant d'ensevelir la dépouille avant la nuit. Un
sépulcre neuf est offert par Joseph d'Arimathie, à quelques pas de là,
pour enterrer Jésus. La pierre qui le ferme marque l'apparente victoire
de l'Ennemi. Les gardes sont là pour empêcher que le corps puisse être
enlevé. Les disciples ont fui et tout semble perdu…. Seigneur,
Pardonnez-nous !
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Citations
« Comme la nature divine ne pouvait recevoir le trait de la mort, le Christ a
pourtant pris en naissant de nous ce qu’il pourrait offrir pour nous.» (le
Grand Sermon 59, 8e sur la Passion, Saint Léon)
« Il veut que Sa Divine Humanité, chargée de tous les péchés du monde,
éprouve le poids de la justice et de l'expiation. Mais Il veut que nous l'aidions
à porter Sa Croix. Simon nous représente tous, et c'est à nous tous que le
Christ demande de partager ses souffrances : on n'est son disciple qu'à cette
condition.» (Le Christ dans ses mystères, Dom Marmion)
« Jésus sera en agonie jusqu’à la fin du monde : il ne faut pas dormir
pendant ce temps-là. Je pensais à toi dans mon agonie, j’ai versé telles
gouttes de sang pour toi. (...) Je te suis plus ami que tel et tel ; car j’ai fait
pour toi plus qu’eux, et ils ne souffriraient pas ce que j’ai souffert de toi et ne
mourraient pas pour toi dans le temps de tes infidélités et cruautés.» (Pensées,
BVII, 553, Blaise Pascal)
« Heureux celui qui embrasse la croix pendant sa vie et y demeure attaché
jusqu'à sa mort! Celui qui meurt en embrassant la croix a un gage assuré de la
vie éternelle promise à tous ceux qui portent leur croix à la suite de JésusChrist.» (Considérations sur la Passion, Saint Alphonse-Marie de Liguori)
« Cette immolation se reproduit à l'autel : le sacrifice de la Messe est le même
que celui de la Croix.» (Le Christ vie de l'âme, Dom Marmion)
« Recourons donc à Marie et comme ses petits enfants, jetons nous dans ses
bras avec une confiance parfaite; et à tous moments, en toutes circonstances,
réclamons cette douce Mère, invoquons son Amour, ayons pour Elle un vrai
cœur filial.» (Saint François de sales)
Bibliographie
-
Hymne du 14 septembre Exaltation de la Sainte Croix «Lustris sex...»
Stabat Mater dolorosa
« La bienheureuse Passion », Henri Pourrat
Suppléments cinématographiques :
- «La Passion» de Mel Gibson
- «Son of God» (2014) de Christopher Spencer.
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49
« DU HAUT DE LA CROIX,
J’ATTIRERAI TOUT À MOI ».
Chers pèlerins, depuis ce matin, nous
méditons sur le mystère de la
Rédemption.
Comme nous l’avons vu, L’homme,
par le péché originel, a imposé à Dieu
la violence d’un divorce. Il s’est
proclamé auto-suffisant, et a prétendu
devenir son propre dieu.
Loin de se résoudre à cette rupture,
Dieu, dès l’origine, a conçu un plan de
salut pour les hommes. L’homme,
comme nous l’explique Saint Thomas,
par son statut de créature, est incapable
d’apporter une réparation vraiment
satisfaisante pour son péché : « la
satisfaction offerte par un simple homme ne pouvait pas être suffisante,
car elle ne pouvait compenser d’une façon équivalente le désastre de
toute une nature. En outre, le péché commis contre Dieu reçoit une
certaine infinité en raison de l’infinie majesté divine ; car l’offense est
d’autant plus grave que l’offensé est de plus haut rang.» (1)
Révélé dès l’origine, le plan de salut de Dieu est annoncé dans le
livre de la Genèse, immédiatement après le récit de la Chute,
comme la promesse d’un sauveur à venir qui naîtra d’une femme et
qui vaincra Satan (2). L’Incarnation rédemptrice du Fils de Dieu fait
homme, né de la Vierge Marie, est l’accomplissement de cette
promesse.
Chers pèlerins, le Nouveau Testament manifeste ainsi que le but de
l’Incarnation, sa finalité profonde, est notre rédemption. Par l’offrande
de son sacrifice, en effet, le Christ a manifesté l’immensité de son
amour pour nous. Du haut de la Croix, Jésus attire tout à Lui.
(1)
Somme de théologie, Troisième partie, Question 1, article 2
Genèse 3, 14-15 : « Alors Yahvé Dieu dit au serpent : (…) Je mettrai une
hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il t’écrasera la tête
et tu l’atteindras au talon. »
(2)
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Le Sacrifice du Christ est l’oblation parfaite qui vient répondre au
désordre du péché et qui rétablit l’homme dans l’amitié divine. La
satisfaction apportée par le Christ dans l’offrande de son sacrifice sur la
Croix est parfaite parce que :
- en tant qu’il est vraiment homme, le Christ souffre dans son
humanité et s’offre comme victime à la place des pauvres pécheurs ;
- en tant qu’il est vraiment Dieu, cette satisfaction prend une valeur
infinie ; elle a la puissance de réparer pour tous les péchés des
hommes ; en effet, ce n’est pas un sacrifice limité par le statut de
créature, comme ceux que nous-mêmes pouvons offrir ; mais c’est
une oblation offerte par le Fils de Dieu, marquée par la dignité
divine de celui qui l’accomplit : Jésus-Christ, Fils unique du Père,
seconde personne de la Sainte Trinité.
La puissance du sacrifice du Christ est telle que ses fruits peuvent
être appliqués aux âmes des hommes de tous les lieux et de tous les
temps :
- les justes qui ont vécu avant l’entrée du Christ en ce monde sont
arrachés aux enfers par le Christ qui leur ouvre la porte du ciel ;
- nous-mêmes qui sommes nés après que le Christ ait consommé son
sacrifice, nous bénéficions de la vertu salvifique de ce sacrifice qui
rejaillit sur nos âmes et les lave de leurs péchés dans le sang du
Christ.
Les sacrements, qui découlent tous de la passion du Christ, ont ici
un rôle décisif, car ils augmentent en nous la grâce sanctifiante,
assurant notre croissance dans le Christ, jusqu’à ce que nous
parvenions à la sainteté que Dieu veut pour nous. Ils apportent en
outre à chacun une grâce sacramentelle qui leur est propre.
Ainsi, si le baptême nous donne de naître comme enfants de Dieu, le
sacrement de confirmation assure notre croissance et nous procure
notre stature d’adulte, nous rendant capables par l’effusion des dons du
Saint-Esprit de témoigner de la Foi jusqu’au martyr.
Si nous venons à perdre l’amitié divine par le péché mortel, le
sacrement de pénitence applique à notre âme les fruits du sacrifice du
Christ pour nous guérir et restaurer en nous l’état de grâce.
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51
Le sacrement de pénitence efface aussi tous nos péchés véniels et nous
procure une grâce spécifique en vue du combat spirituel.
Le sacrement de l’Eucharistie est la nourriture substantielle qui
soutient notre âme et l’empêche de défaillir.
Le sacrement de mariage sanctifie les noces humaines. L’homme et la
femme, indissolublement unis, puisent les grâces nécessaires à
l’accomplissement de leurs devoirs d’époux et de parents.
L’extrême onction, appelée également sacrement des malades, donne à
nos âmes les secours nécessaires en cas de maladie nous exposant à la
mort. Ce sacrement nous prépare à bien mourir et peut aussi, si telle est
la volonté divine, nous rendre la santé.
Enfin, le sacrement de l’ordre procure à l’Église des évêques et des
prêtres chargés d’agir in persona Christi (en la personne du Christ)
pour la sanctification du peuple chrétien.
Ainsi, les prêtres offrent le Saint-Sacrifice de la Messe qui est le
renouvellement non sanglant du Sacrifice de la Croix sur l’Autel.
C’est le cœur et le sommet de leur sacerdoce. Ils obéissent en cela à
l’ordre donné par le Christ à ses apôtres : « Faites ceci en mémoire de
moi » (Luc 22, 19). FAITES CECI : il ne s’agit pas seulement de se
souvenir, mais bien d’accomplir en la personne du Christ les mêmes
gestes et de prononcer les mêmes paroles qu’au soir du Jeudi Saint
lorsque Jésus célébra la première Messe. Il s’agit comme Lui d’offrir le
pain et le vin changés en son Corps et en son Sang pour la rémission des
péchés. Ce changement est appelé transsubstantiation (3) pour signifier
que c’est toute la substance du pain qui est changée en celle de son
Corps et toute la substance du vin qui est changée en celle de son Sang :
rien ne reste du pain et du vin si ce n’est les apparences sensibles,
extérieures, que l’on appelle les « accidents » du pain et du vin pour
bien les distinguer de leur substance qui a laissé place au Corps et au
Sang du Christ.
(3)
Concile de Trente, DS 1642, cité par le Catéchisme de l’Église Catholique
au n°1375 : « par la consécration du pain et du vin s’opère le changement de
toute la substance du pain en la substance du Corps du Christ notre Seigneur
et de toute la substance du vin en la substance de son Sang ; ce changement,
l’Église catholique l’a justement et exactement appelé transsubstantiation ».
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52
Pour qualifier cette présence du Christ, l’Église emploie le terme de
Présence Réelle, afin de bien manifester qu’il ne s’agit pas d’une
présence symbolique, mais bien de la présence de la Personne du Christ
vivant et tout entier présent dans ce sacrement.
La Présence Réelle distingue la Sainte Eucharistie de tous les autres
sacrements, car si ces derniers nous procurent la grâce, seule
l’Eucharistie donne à notre âme l’auteur même de la grâce, NotreSeigneur Jésus-Christ.
La Messe, a été instituée par Notre-Seigneur Jésus-Christ au soir du
Jeudi Saint, afin de rendre son sacrifice perpétuellement présent
jusqu’à la fin des temps et de nous donner le Pain de Vie, Présence
Réelle du Seigneur parmi nous et nourriture des âmes.
La Messe, ne l’oublions jamais, permet à chacun d’entre nous d’entrer
en contact personnel et immédiat avec le sacrifice rédempteur, source
du Salut, et avec Jésus-Christ Lui-même.
La double consécration du Corps et du Sang manifeste que le
Christ, sur la Croix, est mort immolé pour nos péchés : son Corps et
son Sang ont été séparés, car Il a versé jusqu’à la dernière goutte de son
sang. Une seule consécration aurait suffi à nous procurer la Présence
Réelle du Seigneur, puisque Jésus est tout entier présent en chacune des
espèces consacrées, avec son Corps, son Sang, son Âme et sa Divinité.
Pourtant il y a bien, à chaque Messe, une double consécration: celle du
pain et celle du vin, car il s’agit de manifester, mystiquement, la
séparation du Corps et du Sang qui s’est produite sur la Croix.
Pour autant, la Messe n’est pas identique en tout au sacrifice du
Calvaire, car si c’est bien la même victime qui est offerte (le Christ) le
même prêtre qui offre (Jésus-Christ) à travers l’action d’un ministre
agissant dans Sa Personne, cependant la manière d’offrir le Sacrifice
diffère : alors que le Sacrifice de la Croix fut sanglant, le Sacrifice de la
Messe est non sanglant : à la Messe, le Christ ne meurt pas, ne souffre
pas.
Dans la Sainte Eucharistie, Jésus est vivant, dans l’état glorieux qui
est le sien depuis la Résurrection ; c’est bien parce que Jésus est
vivant en Son Eucharistie que ce sacrement est vivifiant pour nos âmes
et qu’il fait passer en nous la vie du Christ, de sorte que celui qui
communie peut dire comme saint Paul : « ce n’est plus moi qui vit, c’est
Jésus-Christ qui vit en moi ».
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Citations
« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout
homme qui croit en Lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie éternelle.» Jean 3, 6
« Le châtiment, prix de notre paix, est tombé sur lui, et par ses meurtrissures
nous avons été guéris.» Isaïe 53, 5
« Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.» Luc 19, 10
« Le Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs.» Paul I Tim 1, 5
« Dieu, à la puissance de qui tout est également soumis, avait la possibilité
d’employer un autre moyen, mais il n’y en a eu aucun plus adapté à notre
misère et à notre guérison.» Saint Augustin
« Rien n’était aussi nécessaire pour relever notre espérance que de nous
montrer combien Dieu nous aimait.» Saint Augustin
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on
aime.» Jean 15, 13
« Notre charité est réveillée au maximum par ce mystère (de l’Incarnation).»
Saint Thomas d’Aquin - Somme de Théologie, Troisième partie, Question I,
article 2
« Si nous avons tardé à l’aimer, maintenant au moins ne tardons pas à lui
rendre amour pour amour.» Saint Augustin
« C’est le même Prêtre, le Christ Jésus, dont en vérité le ministre tient le rôle.
Si, en vérité, celui-ci est assimilé au Souverain Prêtre, à cause de la
consécration sacerdotale qu’il a reçue, il jouit du pouvoir d’agir par la
puissance du Christ Lui-même qu’il représente.» Pie XII, Encyclique Mediator
Dei, cf. Catéchisme de l’Église Catholique n°1548
« Le Christ est la source de tout le sacerdoce : car le prêtre de l’ancienne loi
était la figure du Christ et le prêtre de la loi nouvelle agit en la personne du
Christ.» Saint Thomas d’Aquin - Somme de théologie, Troisième partie,
Question 1, article 2
« Dans ce divin sacrifice qui s’accomplit à la messe, ce même Christ, qui s’est
offert Lui-même une fois de manière sanglante sur l’autel de la Croix, est
contenu et immolé de manière non sanglante.» Concile de Trente : DS 1743.
Cité par le Catéchisme de l’Église Catholique au n°1367
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Bibliographie
-
Grand Catéchisme de Saint Pie X – 4 ème partie : Chp 4 L’Eucharistie
(§1 – 2) - Chp 5 Le saint sacrifice de la messe (§1)
-
Catéchisme du Concile de Trente : Du sacrement de l’Eucharistie : Chp
18, 19 et 20 (§ I – VII)
-
Catéchisme de l’Eglise Catholique : 2ème partie – 2ème section – Article 3 :
Le sacrement de l’Eucharistie.
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55
« A CÔTÉ DE LA CROIX SE TENAIT
MARIE SA MÈRE. »
Chers Pèlerins, après avoir médité sur le
Sacrifice de Jésus, mettons nous en la
présence au calvaire de sa mère, la Sainte
Vierge Marie, affirmée dans l’évangile :
« Jésus ayant vu sa mère, et auprès d'elle
le disciple qu'il aimait, dit à sa mère:
"Femme, voici ton fils." Ensuite il dit au
disciple: "Voici ta mère." Et depuis cette
heure-là, le disciple la prit chez lui. »
(Saint Jean 19, 26)
Nous vous proposons de méditer aujourd’hui sur le titre de Co
rédemptrice donné à la Vierge Marie. Pourquoi est-elle appelée Corédemptrice ?
I. « AU PIED DE LA CROIX » : LA CO RÉDEMPTION EST
DÉJÀ LA RÉALITÉ DE LA PRÉSENCE DE MARIE AU
SACRIFICE DE SON FILS
Objection diront certains : Marie est sauvée, comme tous les hommes,
par le Christ. Elle ne peut donc sauver avec lui.
Réponse : Certes Marie est sauvée par le Christ, elle a besoin de la
Croix pour obtenir l'amitié de Dieu. Mais le salut s'applique à la Vierge
de façon différente de nous : nous sommes sauvés de manière curative
(la grâce nous guérit), tandis que Marie est sauvée de manière
préventive (la grâce la préserve).
Notons qu’il y a toutefois un rapport entre les deux façons d'être sauvé :
le Christ veut d'abord racheter Marie, (c'est la première sauvée), puis,
avec elle, l’entraînant dans son activité, il la fait participer à son
œuvre de salut.
Prenons un exemple pour mieux comprendre : lorsqu’un guide de
montagne va chercher des promeneurs égarés dans une tempête et qu’il
trouve devant la porte quelqu'un qui n'est pas perdu mais l'attend, il
l'emmène pour l'aider à retrouver les autres.
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C'est toujours le guide qui est l'unique sauveteur qui connaît le
chemin et le montre, mais ils sont deux à le parcourir pour ramener à la
maison les égarés.
Dans le cas de La rédemption, le salut, c'est un seul acte du Christ :
sauver tout le genre humain, c'est à dire Marie et les autres. Marie au
pied de la Croix n'est pas en train de se sauver elle-même, ni de créer
une rédemption alternative : son salut vient du Christ. Mais en
l'assistant, elle mérite avec lui pour tous les autres.
Ainsi la Co-rédemption montre combien le Bien qu'est Dieu se
donne jusqu'à vouloir que d'autres le donnent avec lui.
Chers pèlerins, Dieu nous appelle nous aussi au plus grand bien qu'est le
salut de tous. Cherchons dans notre vie les lieux de Croix où son amour
nous attend, pour transformer le monde là où nous sommes placés.
II. « FEMME, VOICI TON FILS. FILS, VOICI TA MÈRE » : LE
SENS DE LA CO RÉDEMPTION EST DONNÉ PAR LA
MATERNITÉ DIVINE DE MARIE. ADMETTONS DONC LA
RÉALITÉ DE CETTE CO RÉDEMPTION
Autre objection diront à nouveau certains : Marie distribue les grâces
mais elle ne les acquiert pas. Marie peut bien appliquer les grâces
qu'elle reçoit en assistant à la Croix, elle n'en est jamais que la
distributrice et non la cause ; elle joue un rôle dans la dispensation des
grâces, mais elle n'a aucun pouvoir pour acquérir cette grâce.
Réponse : C’est oublier que Dieu, dans sa grande bonté, veut non
seulement donner le bien, mais aussi donner la capacité de faire le
bien.
Dieu n'est pas qu'apparemment généreux. Il l'est vraiment. Il donne le
Bien et aussi la capacité de le faire par nous-mêmes. Cela signifie qu'il
nous appelle à œuvrer au salut, comme il a demandé à l'homme de faire
fructifier et d'embellir le monde par le travail. « Dieu t'a créé sans toi,
mais il ne te sauve pas sans toi » dit Saint Augustin.
Marie est vraiment cause dans la Rédemption, comme elle l'est dans
l'Incarnation.
Dans le cas de Marie, outre sa place éminente dans l'ordre de la grâce
avec l'Immaculée Conception, c'est à la lumière de la maternité divine
que nous comprenons sa place dans l’accomplissement du salut.
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La Maternité de Marie accompagne le Christ de sa conception
jusqu'à la fin, car c'est une maternité divine.
En effet, il y a plus grand amour encore, c'est de donner sa vie pour
ceux qu'on aime. Ce sacrifice de soi, le Christ l'a accompli d'une
manière excellente sur la Croix ; les martyrs l'ont imité, apôtres,
évêques, prêtres ayant donné leur vie pour les brebis confiées. Comment
alors penser que la plus parfaite des saintes, la Vierge, n'ait pas cette
couronne de l'offrande suprême ? Comment douter que ce soit au pied
de la Croix qu'elle l’ait acquise ?
Plus encore, puisqu'elle est Mère de Dieu et de l’Église, donnant la vie
humaine au Fils de Dieu et portant la vie divine de l’Église, comment
hésiter à croire que sa maternité s’accomplit dans cette Co rédemption
où son Fils Jésus devient, par sa Passion, le premier né d'une multitude
de frères ?
Chers Pèlerins, suivons l’exemple de Marie, demandons à Marie Co
rédemptrice de nous aider à disposer nos cœurs envers Dieu afin
que nous soyons prêts à accomplir sa volonté.
Une Nouvelle objection peut aussi être soulevée : si rien ne peut être
ajouté à l’œuvre du Christ, qu'ajoute Marie au salut achevé par Jésus ?
Réponse : l’œuvre du Christ est parfaite et achevée, néanmoins elle
reçoit de la coopération de Marie.
Marie n'ajoute rien à la Rédemption, ou du moins rien de réel, rien de
plus... si ce n'est une qualité, une ambiance : celle d'une humanité
compatissante. En effet, Jésus ne pouvait compatir pour lui-même ; il
pâtissait, il souffrait. Une dimension de la souffrance humaine est
donc apportée par Marie au pied de la Croix : souffrir de la
souffrance de ceux qu'on aime.
Par ailleurs, Marie accomplit au Calvaire le mystère de la nouvelle Ève,
montrant combien le Christ est le nouvel Adam, le chef définitif et
parfait de l'humanité. Auprès de lui, est une femme, de la même chair, et
qui, paradoxalement, tient de lui sa vie surnaturelle (alors qu'Il lui doit
sa vie naturelle). Marie nous montre ainsi une femme, fidèle, forte et
sensible, qui est cette « moitié » de l'humanité qui est associée à
l'unique sauveur, au chef des rachetés, à l'homme parfait mais pas
solitaire, qui est le Premier-Né, de Dieu et des élus de la terre.
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III. « LE DISCIPLE LA PRIT CHEZ LUI » : LA RÉALISATION
DE LA CO RÉDEMPTION EST L’ÉGLISE
L’Évangile cité s'achève par la mention de l’accueil de Marie par saint
Jean. Nous touchons là le dernier point de la Co rédemption : son aspect
ecclésial.
En effet, nous pouvons nous demander jusqu'où s'étend la Co
rédemption ?
Réponse : sur toute l’Église, et plus précisément sur tous les hommes
sauvés.
Dans sa déclaration Lumen Gentium, le concile Vatican II nous
rappelle : « A partir du consentement qu'elle apporta par sa foi au jour
de l'Annonciation et qu'elle maintint dans sa fermeté sous la Croix, cette
maternité de Marie dans l'économie de la grâce se continue sans
interruption jusqu'à la consommation définitive de tous les élus. En
effet, après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne
s'interrompt pas : par son intercession répétée elle continue à nous
obtenir les dons qui assurent notre salut éternel... C'est pourquoi la
bienheureuse Vierge est invoquée dans l’Église sous les titres d’avocate,
d’auxiliaire, de secourable, de médiatrice. »
Ce texte nous parle clairement de tous les élus. Cela nous invite à nous
réjouir : nous avons au ciel une Mère qui a connu la souffrance et qui
n'est pas impuissante : reine du Ciel, elle étend sur tous les hommes de
bonne volonté son regard et distribue largement les grâces qu'avec son
Fils, elle nous a méritées. De même que le Christ est Sauveur de tous,
Marie est Co rédemptrice de tous.
L’Église est le lieu et le moyen privilégié du salut parce que Marie y
est au cœur. Toutefois, la médiation de Marie, comme l'action du
Christ, a lieu par et dans l’Église : Marie est d'ailleurs remise à un des
apôtres, Saint Jean, prêtre et fidèle disciple de Jésus-Christ.
Cet accueil de Marie, dans l’Église, nous montre aussi que c'est Marie
qui est au cœur de l’Église pour la constituer et l'affermir.
Cher pèlerins, persévérer dans la prière : en ce temps de Pentecôte,
voilà l'invitation de Marie Co rédemptrice, voilà aussi son exemple,
entourée des apôtres, dans les jours d'inquiétude et de doute qui
suivaient l'Ascension. Pour notre pèlerinage, c'est une bonne résolution.
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Achevons par une prière de saint Ephrem à Marie, première des sauvées
et co rédemptrice avec le Sauveur unique :
« Vierge Souveraine, Génitrice de Dieu, salut de la famille unie des
chrétiens, tu ne cesses de jeter sur nous le regard d'une tendre mère. Tu
nous aimes comme si nous étions tes enfants, toujours disposée à nous
chérir, tu répands sur nous d'ineffables bienfaits : tu nous protèges et tu
nous sauves; veillant sur nous avec sollicitude, tu nous délivres du
danger des tentations, et de la multitude des pécheurs qui nous
environnent; pleins de reconnaissance, nous te remercions, nous
célébrons ta munificence, nous publions tes bienfaits, nous chantons à
haute voix tes merveilles, nous louons ta sollicitude, ta prévoyance,
nous élevons dans nos hymnes ta puissance tutélaire, nous
immortalisons ton inépuisable miséricorde.
Souveraine Mère de Dieu qui enfanta le Christ Dieu notre Sauveur, je
place toute mon espérance en toi qui es au-dessus de toutes les
puissances du ciel. O Vierge, emblème de la pureté, fortifie-moi de ta
sainte grâce; dans cette vie, sois mon guide, conduis-moi selon la
Volonté de ton auguste Fils notre Dieu. Obtiens-moi la rémission de mes
péchés, sois mon refuge, ma protection, ma délivrance, sois la main qui
me dirige vers la vie éternelle.
Que pour moi tes entrailles soient émues; n'es-tu pas la Mère d'un Dieu
bienfaisant ? Jette un regard de bonté, accueille favorablement ma
prière, réponds à mon désir, étanche ma soif; unis-moi à ma famille, à
mes compagnons de service, dans la terre des hommes pacifiques, dans
le sanctuaire des justes, dans le chœur des saints. »
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Citations
« Quand vint l'heure dernière de son Fils, la Mère de Jésus se tient près de la
Croix (...) Par la communion de douleur et de volonté qui l'unissait au
Christ, Marie a mérité de devenir, d'une manière très haute, la réparatrice du
monde déchu, et de ce fait, la dispensatrice de tous les dons que Jésus nous a
acquis par sa mort sanglante (...) » (Pie X Enc. Ad diem illum).
«Mère et Adjutrice (Ministra) du Roi des Martyrs dans l'œuvre ineffable de la
Rédemption humaine, elle lui reste associée à jamais, nantie d'un pouvoir
quasi illimité dans la distribution des grâces qui découlent de la Rédemption.»
(Pie XII)
« De l'Annonciation à la Croix, Marie est celle qui accueille la Parole faite
chair en elle et qui va jusqu'à se taire dans le silence de la mort.»
(Exhortation apostolique post-synodale sacramentum caritatis du pape Benoît
XVI § 33)
« C'est Marie, enfin, qui reçoit dans ses bras le corps livré, désormais
inanimé, de Celui qui vraiment a aimé les siens « jusqu'au bout » (Jn 13, 1).»
(Exhortation apostolique post-synodale sacramentum caritatis du pape Benoît
XVI § 33)
« C'est pourquoi, chaque fois que dans la liturgie eucharistique nous nous
approchons du Corps et du Sang du Christ, nous nous tournons également
vers elle qui a accueilli pour toute l'Église le sacrifice du Christ, en y adhérant
pleinement.» (Exhortation apostolique post-synodale sacramentum caritatis du
pape Benoît XVI § 33)
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LUNDI : LE RESSUSCITÉ, NOTRE ESPÉRANCE
Sainte Marie Madeleine
La pécheresse repentante
“L’apôtre des apôtres”
Chers pèlerins,
Aujourd'hui, nous marchons sous le patronage de
Sainte Marie-Madeleine, la pécheresse repentante, mais aussi “l'Apôtre
des apôtres” : Marie-Madeleine une figure bouleversante de la rencontre
avec le Ressuscité ! Un cœur que le Christ vient blesser par Son Amour
miséricordieux. Un apôtre de feu, pour porter au monde la bonnenouvelle de Son amour victorieux.
Contemplons la donc et nous verrons que, pour nous aussi, être avec
Jésus signifie d'abord se laisser séduire par sa personne, ensuite le
suivre partout où il va, l'écouter, le toucher et enfin découvrir sa
présence de ressuscité et en devenir l'apôtre.
I. ÊTRE AVEC JÉSUS : C'EST D'ABORD SE LAISSER
SÉDUIRE PAR LUI
Avec toute la tradition de l'Église latine, nous reconnaissons en MarieMadeleine la pécheresse repentante, qui surgit au milieu du repas chez
Simon le Pharisien. Dans un geste fou elle passe par dessus toutes les
règles de convenance sociales et religieuses pour dire son amour
repentant à celui qu'elle a reconnu comme son sauveur. Jésus lui même
explique au Pharisien scandalisé par cette audace : “ils ont été
pardonnés, ses nombreux péchés, car elle a beaucoup aimé. Mais, celui
à qui on pardonne peu aime peu”. Et alors il dit à la femme : “Tes
péchés te sont pardonnés… Ta foi t’a sauvée. Va en paix”. (Luc 7, 36-50)
Marie-Madeleine a saisi que Jésus est celui qui vient pour tout
pardonner et nous permettre d'aimer sans mesure. Elle s'est laissée
séduire par Jésus, par sa bonté miséricordieuse. Elle a laissé son cœur se
faire prendre à l'amour de Jésus… Elle a décidé d'être avec lui !
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Quel enseignement pour nous, pèlerins de Chartres ! Écoutons bien ce
que Notre Seigneur, marchant à nos côtés, pourrait nous dire,
maintenant, en évoquant ce récit :
Tu as du prix à mes yeux et moi, ton Seigneur et ton Dieu, je t'aime,
comme j'ai aimé Marie-Madeleine. Laisse-toi attirer au désert, pour
que je puisse te parler au cœur, te séduire et te combler de mon Amour.
Tes péchés eux-mêmes ne sont pas un obstacle : pense à MarieMadeleine à qui j’ai tout pardonné… (Temps de silence)
II. ÊTRE AVEC JÉSUS : C'EST AUSSI LE SUIVRE PARTOUT
OÙ IL VA
Sûre du pardon de Jésus et libérée des sept démons que sa vie de péché
avait attirés en son âme, Marie-Madeleine quitte sa vie confortable et
voluptueuse pour se dévouer à Jésus et à sa mission. Avec quelques
femmes de la haute société juive, elle met sa personne et ses richesses
au service de la petite troupe évangélisatrice et partage tous les
inconforts de leur vie itinérante. C'est dire sa passion pour le Seigneur.
(Luc 8, 1-3)
Cet exemple doit parler à notre cœur. Le Christ Jésus n’a-t-il pas
affirmé “Si quelqu'un veux être mon disciple, qu'il se renonce, prenne
sa croix et me suive”. Que pourrait-il nous dire, aujourd’hui, à nous qui
prétendons être ses disciples ?
Marcheras-tu dans mes pas tous les jours de ta vie ? Es-tu prêt à quitter
ta vie tiède et superficielle et à mettre toute ta personne et tes biens au
service de l'Évangile, au service de la Joie que mon Père me
communique et que je veux répandre par toi sur le monde entier?
(Temps de silence)
III. ÊTRE AVEC JÉSUS: C'EST ENCORE L'ÉCOUTER ET
ENTRER EN DIALOGUE AVEC LUI
Aux pieds du Seigneur, pour écouter sa parole, se tenait Marie de
Béthanie, la sœur de Marthe et de Lazare, que la tradition latine identifie
avec Marie-Madeleine. A Marthe qui se plaint, de l’inaction de sa sœur,
Jésus répond : “ Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites
pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la
meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée.” (Luc 10, 38-42)
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Cette parole nous concerne aussi, bien sûr. “Si quelqu'un m'aime, disait
Jésus, il gardera ma parole…” S’adressant à nous sur cette route de
Chartres, Notre Seigneur pourrait nous dire :
Cher pèlerin, si tu savais comme je désire parler à ton cœur dans le
silence de la prière et la lecture de ma parole… Que fais-tu de mon
Évangile? Fais comme Marie-Madeleine, toute écoutante: c'est là ton
vrai bonheur. Ne crains pas de m'interroger, même si tu es maladroit ;
nous apprendrons à nous connaître, et alors tu m'entendras sans doute
te répondre, comme je le fis aux apôtres : “Moi, je suis le chemin et la
vérité et la vie. Nul ne vient au Père sinon par moi…” (Temps de
silence)
IV. ÊTRE AVEC JÉSUS : C'EST AUSSI CHERCHER À LE
TOUCHER
Le plus frappant chez Marie-Madeleine, c'est ce contact si fréquent
qu’elle a avec le corps du Sauveur : elle se jette à ses pieds et les tient
embrassés, verse du parfum sur sa tête et ses pieds… Jésus mort, elle
cherche encore son corps et, le voyant ressuscité, se jette une fois encore
à ses pieds et les étreint. Marie-Madeleine, l'ancienne débauchée, a saisi
que seul le corps du Christ peut la purifier, la sanctifier, la rendre plus
femme et fille de Dieu.
Sommes-nous aussi sensibles à sa présence ? Jésus ne pourrait-il pas
nous reprocher notre indifférence ? Imaginons-Le à nos côtés. Ne
pourrait-Il nous dire:
Mon corps transpercé est offert pour toi chaque jour à la messe:
viendras-tu me toucher souvent et avec autant d'ardeur que MarieMadeleine ? Feras-tu l'expérience de ma résurrection victorieuse par le
contact avec mon corps transpercé ? A la messe, ou au moins au
tabernacle, je t'attends chaque jour pour que tu puisses connaître la joie
de me savoir ton Seigneur et ton Dieu. Viens à moi et tu seras comblé.
(temps de silence)
V. ÊTRE AVEC JÉSUS: C'EST ENFIN DÉCOUVRIR QU'IL EST
TOUJOURS LÀ ET DEVENIR APÔTRE DE SA PRÉSENCE
DE RESSUSCITÉ
Au petit matin de la résurrection Marie-Madeleine court au tombeau,
revient prévenir Pierre de la disparition du corps du Seigneur, puis
revient au tombeau et cherche encore ce corps tant vénéré.
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A celui qu'elle prend alors pour le jardinier, toute éplorée, elle demande:
“Seigneur, si c'est toi qui l'a emporté, dis-moi où tu l'as déposé et moi je
l'enlèverai.” Reconnaissant Jésus qui vient de l’interpeller par son nom
“Marie!”, elle se jette à ses pieds et et reçoit de Lui sa mission : “Va
vers mes frères et dis leur : ‘Je monte vers mon Père et votre Père, mon
Dieu et votre Dieu’”, ce qui fait de Marie-Madeleine “l’Apôtre des
apôtres” (Jn 20, 11-18).
La tradition nous dit qu’elle fut aussi l’apôtre de la Provence, et donc le
premier missionnaire de notre Patrie.
Écoutez bien, maintenant, amis pèlerins, c'est votre Seigneur qui vous
parle : Moi, le Bon Pasteur, je te connais comme chacune de mes
brebis, je suis toujours là, proche de toi-même quand tu ne me
reconnais pas, toujours là pour te servir, te faire du bien, te rendre
meilleur…Là, aujourd'hui, sur cette route, dans ce chapitre. Je t'appelle
par ton nom…
Reconnais-moi et, à ton tour, deviens apôtre de ma présence aimante
auprès de tous les hommes. (temps de silence et Acte de Charité)
Bibliographie
Les 4 évangiles : Ignorer les Évangiles, c’est ignorer Jésus.
Sur Sainte Marie-Madeleine :
l’onction du repentir : Lc 7,36-50,
la collaboratrice de la mission: Lc 8,2
la femme qui écoute aux pieds de Jésus: Lc 10,42
lors de la résurrection de son frère Lazare: Jn 11,1-44
l'onction prophétique à Béthanie : Mt 26,6-13 Mc14,3-9 Jn 12,1-11
au pied de la croix : Mt 27,56, Mc 15,40, Jn 19,25,
l'onction au sépulcre : Mt 281-8 Mc 16,1-8 Lc 24,1-10 Jn 20,1-2
l'apparition du Ressuscité: Mt 28,9-10 Mc 16,9-11 Jn 20,11-1
Audience générale sur l'Apôtre Saint Thomas, 2006 Pape Benoît XVI
homélie sur l'apparition à Saint Thomas, dimanche de la miséricorde 27.
IV. 2014. Pape François
exhortation apostolique Gaudium Evangelii, (n°264) Pape François
« Marie-Madeleine » R.P Bruckberger
« Evangiles et traditions » Mgr Jean-Pierre Ravotti et Mireille Bœuf
« Jésus et Marie-Madeleine » Roland Hureaux, Perrin, 2005
« Thomas l'Apôtre » Guy Bedouelle, o.p. : Nouvelle Cité, 1997
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« IL EST RESSUSCITÉ LE 3ÈME JOUR »
Chers pèlerins, Voici que nous arrivons au 3ème
jour de notre pèlerinage qui va nous conduire
aujourd’hui à méditer sur « le Ressuscité, notre
espérance ».
Tandis qu’hier nous sommes montés jusqu’au
calvaire et que notre âme est encore tout
imprégnée de la Passion, de ce qu’ont éprouvé
Jésus lui-même, Marie, Jean, les Saintes Femmes,
nous pouvons aujourd’hui prononcer deux
mots face au mystère de la Croix :
- Pardon : pardon mon Dieu de vous avoir
offensé par nos péchés et aidez nous à prendre la ferme résolution
de ne plus vous offenser.
- Merci : nous ne pouvons que manifester notre immense
reconnaissance à ce même Dieu qui, par son Fils, a racheté toutes
nos fautes.
Aux yeux des hommes, il a pu sembler que les ennemis de Notre
Seigneur avaient triomphé au moment où le Sauveur expirait sur la
Croix. La mort de Jésus sur la Croix est au contraire une victoire du
bien sur le mal, la réconciliation des hommes avec Dieu et le pivot
central de toute l’histoire du monde.
Comme Il l’avait annoncé, le 3ème jour, au matin de Pâques, le Christ
ressuscite. Le corps glorieux de Jésus a jailli de son tombeau pour
monter directement au ciel et se jeter dans les bras de son Père.
L’ange du Seigneur descendit du ciel et vint rouler la pierre sur laquelle
il s’assit. Il avait l’aspect de l’éclair sa robe était blanche comme neige.
A sa vue, les gardes tressaillirent d’effroi et devinrent comme morts,
puis, après avoir constaté que le tombeau était vide, ils coururent
prévenir en ville les grands prêtres de tout ce qui s’était passé.
Arrêtons-nous un instant, pour partager quelques réflexions :
- la résurrection de Jésus-Christ n’est pas une légende ou un fait
mystique ou religieux, mais est un fait historique dont
l’authenticité relève du témoignage.
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D’ailleurs, curieusement, les ennemis de Jésus crurent à sa
résurrection plus vite que les apôtres, car ils étaient plus à même de
constater les faits, pour avoir posé les sceaux sur le tombeau ou
avoir posté une garde.
- Fait historique, la résurrection de Jésus-Christ n’en est pas moins
un fait miraculeux, inexplicable par le seul jeu des forces
naturelles.
- Fait unique, la résurrection de Jésus Christ engage l’humanité
entière dans une solidarité de fait universelle.
- Jésus nous a mérités, à tous, la rémission de nos péchés et notre
participation à la gloire du ciel auprès de Dieu, pour l’éternité. En
effet, avant de rejoindre son Père, le Christ est descendu aux enfers,
(le séjour des morts) et a ouvert aux justes qui L’avaient précédé
les portes du ciel.
Revenons au déroulement des faits en cette matinée de Pâques.
Successivement le Christ ressuscité va apparaître à plusieurs
personnes.
- D’abord à Sa Mère ; la Très Sainte Vierge Marie, la seule à avoir
gardé la Foi et l’Espérance le samedi saint. Comment douter
qu’elle n’ait eu droit à la première apparition du ressuscité dès
le petit matin de Pâques.
- A Sainte Marie Madeleine et aux Saintes Femmes qui, à la
demande de Jésus, courront annoncer aux apôtres qu’elles avaient
vu le Seigneur et qu’Il était ressuscité. Ils ne les crurent pas.
N’aurions-nous pas nous aussi, chers pèlerins, fait preuve de la
même incrédulité ?
- Jésus apparaît aussi à deux disciples sur la route d’Emmaüs.
Témoins à Jérusalem de la mort du Maître ils sont désemparés. Le
ressuscité a pitié d’eux et leur ouvre l’intelligence aux écritures. Ils
le reconnaîtront à la fraction du pain lors du repas. Comment ne
pas faire le rapprochement avec la Cène du Jeudi Saint. !
- Puis le Christ ressuscité apparaîtra une première fois à ses
apôtres : « la paix soit avec vous » leur dit-Il. Après leur avoir
reproché de ne pas avoir cru ceux qui l’avaient vu ressuscité d’entre
les morts, Il prouve son identité et la réalité de son corps en se
laissant toucher et en mangeant réellement avec eux, même si son
corps se comporte de manière étrange, puisqu’il est rentré en passant
à travers les portes closes.
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Jésus leur ouvre l’esprit à l’intelligence des écritures et institue en
ce soir de Pâque le sacrement de Pénitence : « Comme le Père
m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Cela dit, Il souffla sur eux et
leur dit : Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les
péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils
seront retenus. » (St Jean, 20, 21). Il donne à ses apôtres (et à leurs
successeurs) le pouvoir, le don inestimable de la miséricorde
divine : le pardon entier des péchés, la remise absolue de toutes
fautes.
- Huit jours après, Jésus apparaît de nouveau à ses apôtres en
présence de Thomas, absent la fois précédente, et qui avait déclaré
qu’il ne pourrait croire en la résurrection du Christ s’il ne l’avait luimême touché de ses mains. C’est ce que Jésus lui commande de
faire, provoquant chez Thomas un magnifique acte de Foi « mon
Seigneur et mon Dieu » auquel Jésus répond par ces paroles :
« Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui croiront sans
avoir vu. »
Effectivement, admettre la résurrection du Christ demande à chacun
d’entre nous un acte de Foi qui est parfois difficile. C’est pourquoi, dans
sa grande bonté, Dieu a voulu laisser des signes, tels celui du Saint
Suaire qui témoigne de manière saisissante de la passion du Christ et de
la disparition mystérieuse du corps qui l’enveloppait.
La Résurrection du Christ est le point central de notre foi, parce qu’elle
authentifie tout l’enseignement que Jésus nous a laissé. C’est pour en
témoigner qu’Il a créé son Église : « l’Église c’est Jésus Christ répandu
et communiqué » disait Bossuet.
Jésus donne ses dernières instructions auprès de ses apôtres, Il leur
demande d’être ses témoins. C’est clair, le fondement de l’Église,
c’est le témoignage apostolique.
Mais c’est aussi de notre responsabilité personnelle Nous sommes
tous appelés chers pèlerins à porter et diffuser la Bonne Nouvelle du
salut. Notre rôle, et pas seulement celui de l’Église, c’est la
transmission de l’Évangile à tous les hommes, c’est d’étendre
l’avènement du royaume de Dieu chaque jour jusqu’à son achèvement à
la fin du monde, lorsque Jésus-Christ, définitivement triomphant,
remettra le royaume de Dieu à son Père et que Dieu sera tout en tous.
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Nous devons aussi affirmer notre foi en notre propre résurrection.
Tous les hommes, consciemment ou non, cherchent une source de
pureté et de réconciliation qui « n’est pas de ce monde ». L’heure de
la vérité finit toujours par venir, souvent à l’heure de la mort ; mais,
mieux vaut que ce soit bien avant.
Quelles seront les circonstances de notre propre résurrection ? Nul ne
le sait, sinon Dieu, mais faisons Lui confiance.
Chers pèlerins, ce qu’il faut croire c’est que tous nous ressusciterons,
que nos âmes reprendront nos propres corps, que nous paraîtrons devant
le Tribunal de Dieu pour y être jugés selon notre degré de charité, notre
degré d’amour, dans la vérité.
Le Sauveur est donc monté aux cieux pour faire de nous, par Lui et
en Lui, des citoyens du ciel. Alors, « vivons en ressuscités ! »
Citations
« Le Christ est ressuscité des morts. Par sa mort Il a vaincu la mort, aux
morts Il a donné la vie.» (Liturgie byzantine, tropaire de Pâques)
« La compréhension est la récompense de la foi. Ne cherche donc pas à
comprendre pour croire, mais crois afin de comprendre, parce que si vous ne
croyez pas, vous ne comprendrez pas.» Saint Augustin (Homélies sur
l'Évangile de Jean, Tract. XXIX)
« Écoutez, écoutez ce que dit Jésus : “Je suis la résurrection et la vie.”
Toute l'attente des Juifs était de voir revivre Lazare, ce mort de quatre jours.
Écoutons, nous aussi, et ressuscitons avec lui. Il est la résurrection parce qu'il
est la vie. “Celui qui croit en moi, même s'il est mort, vivra” ; même s'il est
mort comme Lazare, il vivra ; parce que Dieu n'est pas le Dieu des morts mais
des vivants.» (St Augustin)
A propos de l’apparition aux pèlerins d’Emmaüs :
« Ce superbe texte de l'évangile contient déjà la structure de la Sainte
Messe : dans la première partie, l'écoute de la Parole à travers les Saintes
Écritures ; dans la deuxième, la liturgie eucharistique et la communion avec
le Christ présent dans le Sacrement de son Corps et de son Sang.» (Benoît
XVI 06 avril 2008)
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Bibliographie
-
Matthieu 27, 57 – 28, 15 ;
Marc ch 16 ;
Luc ch. 24 ;
Jean ch. 20
S. Paul aux Colossiens, 1, 13-23 ; aux Romains, 8, 14-24 : aux Éphésiens
1, 17, jusqu’à 2,10 ; 3, 14-19 et 4, 7
« Histoire de Jésus-Christ », Père Bruckberger
« La Passion de N.S.J.C. » selon le chirurgien Dr Barbet (le témoignage du
Saint Suaire).
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« IL EST MONTÉ AUX CIEUX »
Chers pèlerins,
I. QUARANTE JOURS APRÈS
PÂQUES LE CHRIST MONTE
AUX CIEUX
Dans son commentaire des Évangiles,
don Delatte, abbé de Solesmes, nous
résume la scène : « Avec ses apôtres et
les disciples, le Seigneur se dirigea
vers Béthanie et le sommet du mont
des Oliviers. Là, il éleva les mains et
les bénit ; et tandis qu’il les bénissait,
il les quitta et fut élevé au ciel, en leur
présence, puis bientôt un nuage le
déroba à leur vue.»
Cette Ascension est accompagnée de l’annonce de la venue du
Saint-Esprit à la Pentecôte, mais aussi du retour du Christ à la fin
des temps. « Alors que les apôtres restaient là les yeux fixés vers le ciel
deux hommes vêtus de blanc apparurent et les interrogèrent : Gens de
Galilée, pourquoi restez-vous à regarder le ciel ? Ce Jésus qui vient
d’être enlevé du milieu de vous, il reviendra de la même manière que
vous l’avez vu partir vers le ciel.» (Actes I, 10-11)
Saint Matthieu conclut son Évangile par les ultimes recommandations
de Jésus juste avant sa montée au ciel : « Toute autorité m’a été dévolue
au ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, baptisezles au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Apprenez-leur à
observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous
tous les jours jusqu’à la fin du monde.» (Matt XXVIII, 20)
Chers pèlerins, ici sont réaffirmés :
- l’origine divine de toute autorité
- la vocation universelle (c'est-à-dire catholique) de l’Église. Tous
les hommes, quelle que soit leur origine ethnique ou la civilisation à
laquelle ils appartiennent sont appelés à être sauvés par les mérites
de la Passion et de la Résurrection du Christ.
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-
l’importance du baptême, au nom du Dieu un et trine, Père-Fils et
Saint-Esprit, pour être sauvé.
- le pouvoir d’enseigner et de gouverner les peuples du Christ et
de ses successeurs.
- l’assistance divine du Christ à son Église jusqu’à la fin des
temps.
En s’élevant aux cieux Jésus nous rappelle que la vocation de l’homme
est d’abord surnaturelle et que sa vocation est de rejoindre les cieux.
II. LE DÉSIR DU CIEL, C’EST PRÉCISÉMENT CE QUI DOIT
ÊTRE LE MOTEUR DE LA VIE TERRESTRE D’UN
CHRÉTIEN
L’homme a été créé par Dieu pour s’associer à son bonheur éternel
comme l’écrit saint Ignace de Loyola dans ses célèbres Exercices
spirituels : « L’homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu,
notre Seigneur, et, par ce moyen, sauver son âme. Et les autres choses
qui sont sur la terre sont créées à cause de l’homme et pour l’aider
dans la poursuite de la fin que Dieu lui a marquée en le créant.»
Dans la fable « Le renard et le bouc » La Fontaine propose comme
morale à ses lecteurs : « En toute chose il faut considérer la fin. »
Après avoir en le hissant sur ses cornes, permis au renard de sortir du
puits dans lequel ils étaient descendus pour se désaltérer, le bouc se
retrouve abandonné à son triste sort par son compère. La satisfaction
d’un instant risque ainsi de se payer pour « celui qui ne voyait pas plus
loin que son nez » par une mort tragique par inanition.
N’oublions jamais la fin pour laquelle nous sommes sur terre, nous
sommes sur terre pour mériter le ciel. La finalité de la vie terrestre est
de permettre à chacun d’accéder au ciel.
C’est pourquoi saint Ignace nous invite à « Désirer et choisir
uniquement ce qui nous conduit plus sûrement à la fin pour laquelle
nous sommes créés.»
Dieu qui nous a créés par amour et veut nous faire participer à sa vie
d’amour trinitaire accorde à l’homme la vie terrestre afin qu’il puisse,
librement, répondre à son amour pour lui. Cet amour, après souvent une
bien nécessaire période de purification au purgatoire, se prolongera dans
l’éternité.
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Cette vocation surnaturelle de l’homme explique que le simple
assouvissement des besoins liés à sa nature d’animal social et politique
le laisse toujours insatisfait. « Vous nous avez fait pour vous, ô mon
Dieu, et notre cœur est inquiet tant qu’il ne repose pas en vous »
s’exclame saint Augustin qui avait expérimenté les dérèglements de la
chair et de l’esprit.
Un des paradoxes de ce séjour terrestre est cependant que, malgré
sa brièveté, il engage le destin dans l’éternité de chaque homme.
Donc, à chacun d’entre nous, il appartient de ne pas s’attacher de
manière excessive à ce qui n’est qu’un lieu de passage éphémère. A
nous de ne jamais perdre de vue que du déroulement de ce séjour
dépend l’avenir éternel de chacun. Les 20, 30, 40 …90 ou 100 années
de notre vie terrestre conditionnent notre vie dans une éternité.
C’est dire l’importance de ce séjour terrestre et l’attention qui doit
être portée à une organisation de la société civile, la Cité des
hommes, qui prépare effectivement l’entrée dans la Cité de Dieu.
III. CITÉ DES HOMMES ET CITÉ DE DIEU
Dieu qui aime chacun d’entre nous personnellement attend une réponse
personnelle à son amour. L’organisation politique de la cité doit
favoriser l’observation paisible de ce que le Christ a prescrit aux
hommes et dont l’essentiel se trouve résumé dans le décalogue et les
béatitudes. Le rôle des lois qui régissent la société civile est, à cet
égard, essentiel, comme nous le rappelle Pie XII pour le cinquantenaire
de l'encyclique Rerum Novarum le 1 juin 1941 : « De la forme donnée
à la société, conforme ou non aux lois divines, dépend et découle le
bien ou le mal des âmes.
L’Église qui a en charge le salut des âmes ne peut se désintéresser
de l’organisation de la société civile. Elle cherche à y réduire
les « structures de péché.» (Jean-Paul II) qui détournent de
l’observation de la loi naturelle et mettent ainsi gravement en péril le
salut de chacun. Quand l’avortement est gratuit et la pilule du lendemain
remboursée, il faut une grande générosité et une grande foi pour
accueillir une naissance imprévue qui représente généralement une
baisse de 20% du niveau de vie de chaque famille.
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73
A l’encontre de la société moderne et de la culture de mort actuelle,
l’Église rappelle trois vérités essentielles :
- « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui
sort de la bouche de Dieu. » (Matt IV, 4) Réduire l’homme à une
simple dimension de producteur et/ou de consommateur en niant sa
dimension à la fois spirituelle et surnaturelle c’est mutiler le réel et
s’exposer à de graves déconvenues.
- Le salut est personnel et reste de la responsabilité de chacun.
- Même animée par l’esprit de l’Évangile la cité des hommes,
composée d’hommes pécheurs, reste inéluctablement marquée par
les péchés originels et actuels. Même en chrétienté le mal existe.
Cependant, nous ne devons jamais nous décourager. Face aux injustices,
quelquefois promues ou encore protégées par la loi civile, qui
condamnent ceux qui sont fidèles à leur vocation d’homme et de baptisé
à l’humble héroïcité des vertus domestiques et quotidiennes, suivons la
réflexion de saint Padre Pio de Pietrelcina qui eut beaucoup à souffrir de
l’Église : « Fais en sorte que le triste spectacle de l’injustice humaine
ne trouble pas ton âme ; elle aussi a sa raison d’être dans l’économie
des choses. C’est sur elle que tu verras un jour s’élever le triomphe
certain de la Justice de DIEU.»
Restaurer la Chrétienté dans notre pays, c’est Construire une cité
chrétienne pour mieux préparer les âmes à la vie éternelle.
L’édification d’une société chrétienne repose sur trois fondements :
- une volonté. Voulons-nous oui ou non que les lois civiles soient
conformes à la loi naturelle qui est l’autre nom de la loi divine ?
- une connaissance réelle de ce que nous cherchons à promouvoir
ainsi que des doctrines, des organisations et des hommes qui
s’opposent au bien commun réel de la société.
Que savons-nous de la doctrine sociale de l’Église qui, si elle était
appliquée, permettrait de « tout restaurer dans le Christ » pour
reprendre la devise de Saint Pie X.
- une véritable prudence politique qui, s’efforçant, selon la formule
du cardinal de Richelieu, de « rendre possible ce qui est
nécessaire », prendra en compte la réalité de la société
contemporaine pour l’extraire progressivement des ornières dans
lesquelles l’ont embourbée les idéologies modernes : libéralisme,
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74
socialisme, écologisme, consumérisme…L’objectif du remède de
cheval, parfois nécessaire, n’est pas de tuer le cheval !
Chers pèlerins, la conformité à la loi naturelle des lois et des
institutions constitue pour la vie des hommes en société l’oxygène dont
les poumons ont besoin pour accomplir leur fonction, le terreau sur
lequel pourront s’épanouir les fleurs de chrétienté : familles
chrétiennes, vocations sacerdotales et religieuses, œuvres de
l’esprit (littérature, peinture, musique), œuvres charitables au service
des plus pauvres et des plus faibles …, prospérité économique.
C’est la tâche exaltante à laquelle sont appelés les laïcs à l’aube de ce
XXIème siècle. Puissions-nous ne pas faire défaut à l’appel de l’Église
et des papes pour que France continue et chrétienté ressuscite !
Citations
« C’est méconnaître l’homme que de ne lui promettre que de
l’humain.» Aristote
« Prétendre faire de la cité des hommes un nouveau paradis est toujours une
imposture et souvent la porte ouverte aux pires horreurs.» « La société devient
un enfer dès qu’on veut en faire un paradis.» Gustave Thibon
« Le principal moyen de rendre à Dieu son empire sur les âmes, c’est
l’enseignement religieux. Combien sont hostiles ou prennent en horreur
l’Église et l’Évangile, bien plus par ignorance que par malice.» Saint Pie X
« E supremi apostolatus » du 4 octobre 1903
A propos de la Doctrine Sociale de l’Église :
« Elle est claire en tous ses aspects ; elle est obligatoire ; nul ne peut s’en
écarter sans danger pour la foi et l’ordre moral.» Pie XII (allocution à
l’Action Catholique italienne du 29 avril 1945)
« Je parlerai de tes prescriptions devant les rois, et n’en aurai point honte ; je
mettrai mes délices en tes commandements : je les aime.» (Ps 118, v. 46-47)
« Les places les plus brûlantes en enfer sont réservées à ceux qui, aux
périodes de crises morales, se sont maintenus dans la neutralité.»
Dante (auteur de la divine comédie).
« La Chrétienté, c’est le corps charnel de l’Église, son rempart, son
inscription temporelle.» (Dom Gérard Calvet. Lundi de Pentecôte 1985)
Bibliographie
- « Pour Qu’Il Règne » Jean Ousset
- « La doctrine sociale de l’Église dans la crise doctrinale actuelle », Arnaud
de Lassus
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75
« D’OÙ IL VIENDRA JUGER LES
VIVANTS ET LES MORTS »
Chers pèlerins,
Notre pèlerinage est un formidable
concentré sur 3 jours de ce à quoi nous
devons nous employer durant toute notre
vie terrestre : gagner notre ciel, tout
ordonner à Dieu pour le rejoindre après
notre existence ici-bas.
Mais qu’adviendra t-il ensuite ? C’est
précisément ce que nous allons voir
maintenant.
I. LE CHRIST RÈGNE DÉJÀ
Que fait le Christ une fois remonté au ciel ? Il règne.
- Du ciel, le Christ règne de façon invisible par sa grâce.
- Il est établi dans les biens les meilleurs de Dieu : « Il est assis
à la droite du Père », cela signifie pour Jésus, comme homme,
une égalité avec Dieu, et sa participation à la puissance et à
l’autorité de Dieu lui-même. Il a le plus haut degré de vision
béatifique, la plus haute grâce comme tête de l’Église, la
puissance de juger.
- Il règne par les sacrements en nous donnant de nombreuses
grâces. L’amour surnaturel est abondamment présent dans le
monde par l’Église. Cette sainteté se manifeste de façon visible
dans les grands saints et les signes miraculeux qui attestent aussi
de la véracité du christianisme.
- Il règne par sa royauté sociale. Ce règne de Jésus se manifeste
aussi dans la paix du Christ.
Remettre Dieu à la première place, restaurer la chrétienté c’est d’abord
commencer par faire régner Jésus dans notre cœur et dans notre âme.
Offrons-nous à lui, imitons Jésus en suivant ses enseignements, les dix
commandements, à commencer par aimer Dieu et notre prochain
comme nous-mêmes. C’est précisément sur cet amour que nous serons
jugés à la fin de notre vie.
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II. LE JUGEMENT PARTICULIER
- À l’instant de la mort, tout homme est confronté à la vérité de sa
vie et est jugé personnellement par le Christ.
- Cette vérité est établie par le Nouveau Testament et enseignée
par l’Église : « …La rétribution immédiate après la mort de chacun
sera en fonction de ses œuvres et de sa foi » (CEC, 1021)
- Le jugement sanctionne l’état de l’homme par rapport à
l’amour véritable au moment de la mort
- Ce n’est pas un jugement à la manière d’un procès humain.
L’âme voit toute sa vie, elle a une pleine lucidité de ses actions
passées en raison de la lumière divine qui lui permet de comprendre
son mérite et son démérite. Le Christ, seul Juge, lui donne sa juste
rétribution. Il révèle à l’âme son état : état de grâce ou état de
péché mortel, ce qui détermine sa destinée : le paradis,
immédiatement ou après un temps de purification, ou l’enfer.
Nous voici désormais prévenus de ce qui nous attend. Employons-nous
donc à faire le bien en nous et autour de nous, dès maintenant. Ce
jugement particulier est un premier jugement, il concerne la personne.
Un second jugement s’exercera à la fin des temps à l’égard de
l’humanité tout entière prise dans son ensemble.
III. LE JUGEMENT GÉNÉRAL
-
-
-
Jésus reviendra dans la gloire pour juger le monde entier. Ce
jugement du dernier jour mettra en lumière la conduite de chacun et
le secret des cœurs. L’attitude par rapport au prochain révèlera
l’accueil ou le refus de la grâce et de l’amour divin.
Le retour glorieux du Christ marquera le triomphe de l’ordre de la
justice tel que Dieu l’a voulu aux origines. Si le jugement particulier
rétablit l’ordre moral au niveau individuel, il revient au Christ de
faire éclater la justice sur l’ensemble de l’histoire humaine.
Ce jugement général intervient aussi à la fin des temps, pour
mesurer les effets de nos actions humaines dont l’influence peut
continuer après notre mort…, pour donner la rétribution due aux
conséquences de nos actes.
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77
-
Le jugement général rétablira les réputations. Il proclamera aux
yeux de tous, la part de mérite et de démérite qui est due
véritablement à chacun. L’ordre de la justice sera rétabli : « Dieu
rendra à chacun selon ses œuvres » (Rm 2,6).
La sentence apportée par le Christ sera irrévocable. Le premier
jugement a un caractère individuel tandis que le deuxième jugement,
vous l’avez compris, est universel, il a pour objet de manifester l’infinie
justice de Dieu sur toute l’histoire.
IV. LE RÈGNE ÉTERNEL DU CHRIST : LE CIEL
-
-
Le Christ règne par la vie éternelle des élus.
La vie éternelle, c’est la communion avec la Trinité, par la vision
« face à face » (1 Co 13, 12) du « seul vrai Dieu » (Jn 17, 3), « tel
qu’il est » (1 Jn 3, 2), en son mystère intime.
De la vision de Dieu découle un amour et une joie
indescriptibles,
Les élus, ressuscités, régneront dans un cosmos renouvelé.
L’adaptation de tout l’univers à la gloire des enfants de Dieu, qui est
sa finalité dans le plan d’amour divin, remise en cause par le péché
originel, sera restaurée, au bénéfice des élus, sous la marque du
Christ. Le paradis céleste sera plus merveilleux que ne l’était l’Éden
primitif, le paradis terrestre.
La béatitude des élus sera totale et leur plaisir incomparable.
Tout désir de l’homme sera comblé.
La vie éternelle sera la communion parfaite avec le Christ
(Jn 17, 3) : « La vie c’est d’être avec le Christ : là où est le Christ,
là est la vie, là est le royaume » (S. Ambroise).
« Par sa mort et sa Résurrection Jésus-Christ nous a “ouvert” le
ciel. La vie des bienheureux consiste dans la possession en plénitude
des fruits de la rédemption opérée par le Christ… » (CEC 1026)
avec la liturgie des anges et des hommes dans la Jérusalem
céleste, avec au sommet de cette société des bienheureux, la
Vierge Marie couronnée de gloire.
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78
Chers Pèlerins, gardons l’espérance même si notre monde en manque, et
que nous sommes parfois tentés de sombrer dans le découragement.
Nous l’avons vu, ce qui nous attend au ciel est merveilleux et dépasse
tout ce que nous pouvons rêver. Le Christ règne déjà parmi nous de
façon invisible par sa grâce et de façon visible par son Église
dispensatrice des sacrements institués par Notre Seigneur.
Gardons confiance, et n’oublions jamais cette promesse du Sacré Cœur
à Sainte Marguerite-Marie :
« Je règnerai malgré mes ennemis et malgré tous ceux qui voudront
s’opposer à moi.»
Citations
« Vous verrez le Fils de l’Homme assis à la droite de la Puissance.»
(Mc 14, 62)
« Le règne du Christ est déjà mystérieusement présent dans l’Église, germe et
commencement de ce Royaume sur la terre.» (CEC, 669)
« Il y a plus de clarté dans l’âme de l’Église que n’en pourra jamais refléter
son Corps.» (Cardinal Journet)
« Le règne du Christ dans la paix du Christ.» (Devise de Pie XI)
« Ce Règne est encore attaqué par les puissances mauvaises (cf. 2 Th 2,7)
même si elles ont été déjà vaincues à la base par la Pâque du Christ. […] Le
temps présent est, selon le Seigneur, le temps de l’Esprit et du témoignage (cf.
Ac 1,8), mais c’est aussi un temps encore marqué par la détresse (1 Co 7,26)
et l’épreuve du mal (cf. Ep 5,16).» (CEC, 671-672)
« Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour.» St. Jean de la Croix
« Mes Pères, je me demande : “Qu’est-ce que l’enfer” ? Je le définis ainsi :
“La souffrance de ne plus pouvoir aimer”.» (Dostoïevski)
« Chaque homme reçoit dans son âme immortelle sa rétribution éternelle dès
sa mort en un jugement particulier qui réfère sa vie au Christ, soit à travers
une purification, soit pour entrer immédiatement dans la béatitude du ciel, soit
pour se damner immédiatement pour toujours.» (CEC, 1022)
«Tout Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi
que vous l’avez fait” (Mt 25,40).» (CEC, 678)
« L’éternité […] c’est le moment de l’immersion dans l’océan de l’amour
infini, dans lequel le temps – l’avant et après – n’existe plus […], une
immersion toujours nouvelle dans l’immensité de l’être, tandis que nous
sommes simplement comblés de joie.» (Benoît XVI)
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« De temple, je n’en vis point en elle ; c’est que le Seigneur, le Dieu Maîtrede-tout, est son temple, ainsi que l’Agneau. La ville peut se passer de l’éclat
du soleil et de celui de la lune, car la gloire de Dieu l’a illuminée, et l’Agneau
lui tient lieu de flambeau.» (cf. Ap 21, 22-23)
« Par sa mort et sa Résurrection Jésus-Christ nous a “ouvert” le ciel. La vie
des bienheureux consiste dans la possession en plénitude des fruits de la
rédemption opérée par le Christ, qui associe à sa glorification céleste ceux qui
ont cru en Lui et qui sont demeurés fidèles à sa volonté. Le ciel est la
communauté bienheureuse de tous ceux qui sont parfaitement incorporés à
Lui.» (CEC 1026)
« Le Christ, à son tour, ne cesse d'appeler à l'éternelle béatitude de son
royaume céleste ceux en qui il a reconnu de très fidèles et obéissants sujets de
son royaume terrestre.» (Quas primas - Pape Pie XI)
Bibliographie
-
Encyclique Quas primas sur la royauté du Christ, 1925 (Téqui, 2005) Pape
Pie XI
Les fins dernières (DMM, 1994) - RP Louis-Marie de Blignières
Entretiens sur les fins dernières (Ad Solem, 2011) - Cardinal Charles
Journet
Les Fins dernières (éd. Saint-Paul, 1999) - Romano Guardini
Vivement le paradis ! (éd. L’Emmanuel, 2003) - Jean-Marc Bot
Le temps du Purgatoire. La porte au seuil de diamant (éd. de
L’Emmanuel, 2002) - Jean-Marc Bot
Osons Reparler de l’Enfer (éd. L’Emmanuel, 2002) - Jean-Marc Bot
Quelle prédication des fins dernières aujourd’hui ? (La Nef, 2011) Abbé Christian GOUYAUD (dir.)
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80
2EME PARTIE : MÉDITATIONS GÉNÉRALES,
CITATIONS ET BIBLIOGRAPHIE,
LE ROSAIRE
Méditation
Chers pèlerins,
Tout au long de notre pèlerinage, nous allons être invités à réciter le Rosaire
ou à dire le Chapelet. De quoi s’agit-il ?
Un rosaire, c’est une couronne de roses ; quant au chapelet, c’est un petit
chapeau de fleurs. Dire son Chapelet ou réciter le Rosaire, c’est tresser à la
Sainte Vierge une couronne de prières.
Toutefois, comme nous le rappelle Jean-Paul II, dans la Lettre apostolique
‘Rosarium Virginis Mariae’, à laquelle nous ferons souvent référence dans le
propos qui suit : «… tout en ayant une caractéristique mariale, le Rosaire est
une prière dont le centre est christologique… Il concentre en lui la
profondeur de tout le message évangélique, dont il est presque un résumé ».
I. DE QUOI SE COMPOSE LE ROSAIRE ?
Traditionnellement, un Rosaire comprend trois Chapelets, chaque Chapelet
comprenant lui-même cinq mystères, c'est-à-dire cinq méditations centrées
sur les principaux évènements de la vie de Jésus et de Marie :
- cinq mystères joyeux : ceux de l’enfance de Jésus ;
- cinq mystères douloureux : ceux de la Passion du Christ ;
- cinq mystères glorieux : ceux du triomphe de Dieu.
À ces quinze mystères, qui constituent la trame traditionnelle du Rosaire, le
Pape Jean-Paul II, reprenant un usage datant du Moyen-Âge, proposa (sans
l’imposer) d’ajouter cinq « mystères lumineux » correspondant aux faits les
plus marquants de la vie publique de Jésus, en sorte que, selon son
expression, le Rosaire constitue un véritable « résumé de l’Évangile ».
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II. COMMENT RÉCITE-T-ON LE CHAPELET ?
Laissons parler Jean-Paul II : « Le Rosaire est à la fois méditation et
supplication… Il est aussi un parcours d’annonce et d’approfondissement ».
La récitation de chaque Chapelet commence par un ‘Je crois en
Dieu’, « comme pour mettre la profession de foi au point de départ du chemin
de contemplation que l’on entreprend » fait remarquer le Saint Père. Puis on
récite (ou on chante) un ‘Notre Père’, suivi de trois ‘Je vous salue Marie’ et
d’un ‘Gloire au Père’.
Pour l’énoncé du premier mystère, qui servira de trame à la première
méditation, le Pape fait observer que « pour donner un fondement biblique et
une profondeur plus grande à la méditation, il est utile que l’énoncé du
mystère soit suivi de la proclamation d’un passage biblique correspondant ».
Par ailleurs, après cette lecture « il est opportun de s’arrêter pendant un temps
significatif pour fixer le regard sur le mystère médité avant de commencer la
prière vocale ».
Cette prière vocale consiste en la récitation (ou le chant), en français ou en
latin de :
- un « Notre Père » (Pater),
- dix « Je vous salue Marie » (Ave),
- un « Gloire au Père » (Gloria), suivi de la courte prière que nous a appris
la Sainte Vierge lors de l’une de ses apparitions à Fatima : « O mon Jésus,
pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer, et conduisez
au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre sainte
miséricorde ».
Concernant la récitation de ces différentes prières, le pape nous fait quelques
recommandations : « Le centre de l’Ave Maria … est le nom de Jésus. C’est
justement par l’accent qu’on donne au nom de Jésus et à son mystère que
l’on distingue une récitation du Rosaire significative et fructueuse ». Ainsi,
peut-on « donner du relief au nom du Christ, en ajoutant une ‘clausule’
évocatrice du mystère que l’on est en train de méditer. C’est une pratique
louable, spécialement dans la récitation publique ». Par ailleurs, nous dit-il, «il
est important que le Gloria, sommet de la contemplation, soit bien mis en
relief dans le Rosaire ». Enfin, il faut « faire en sorte que chaque mystère
s’achève par une prière destinée à obtenir les fruits spécifiques de la
méditation de ce mystère »…de façon à «imiter ce qu’ils contiennent et obtenir
ce qu’ils promettent ».
Deux remarques à propos de la récitation du Notre-Père :
- Le vouvoiement : par respect pour Dieu, le Père Tout Puissant, Créateur
du ciel et de la terre, nous le vouvoyons. Certes, quelques grands
mystiques, parce qu’ils ont une grande intimité avec Jésus, se permettent
parfois de le tutoyer ; mais ce sont de grands mystiques….
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-
L’emploi de la formule « ne nous laissez pas succomber à la tentation ».
C’est la formule qui correspond le mieux à la formule de l’original grec,
selon le Catéchisme de l’Église Catholique (CEC 2846). « Dieu n’éprouve
pas le mal ; Il n’éprouve non plus personne » (Jc I, 13) Il veut, au
contraire, nous en libérer.
III. MÉDITATION ET GRÂCE À DEMANDER
Ainsi donc, chaque méditation portera sur un moment de la vie du Christ, mais
pour en tirer des conclusions pour notre vie présente et en liaison avec le
thème qui nous est proposé chaque jour pendant le pèlerinage : ce seront
les fruits du mystère et les grâces à demander.
C’est ce que le pape Jean-Paul II exprimait par cette formule : « Chaque
mystère du Rosaire, bien médité, éclaire le mystère de l’homme… Méditer le
Rosaire consiste à confier nos fardeaux aux Cœurs miséricordieux du Christ et
de sa Mère ».
Quelles sont donc ces méditations et quelles peuvent être les grâces à
demander comme fruit de ces mystères ?
Nota : Ne pas lire la liste complète des mystères, mais illustrer par quelques
exemples.
1.
Mystères Joyeux :
- L’Annonciation ; fruit du mystère : « l’humilité »
- La Visitation ; fruit du mystère : « la Charité fraternelle »
- La Nativité ; fruit du mystère : « l’esprit de pauvreté »
- La Présentation de l’Enfant Jésus au temple ; fruit du mystère :
« l’obéissance et la pureté »
- Le Recouvrement de Jésus au temple ; fruit du mystère : « la
recherche de Dieu en toute chose ».
2.
Mystères Lumineux :
- Le Baptême de Jésus ; fruit du mystère : « l’esprit de pénitence »
- Les Noces de Cana ; fruit du mystère : « la confiance dans la prière et
l’intercession de Marie »
- L’Appel à la conversion et la prédication du Royaume ; fruit du
mystère : « le courage dans l’engagement et la persévérance »
- La Transfiguration de Jésus ; fruit du mystère : « l’esprit de prière et
le don de sagesse »
- L’Institution de l’Eucharistie ; fruit du mystère : « la dévotion
eucharistique »
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3.
Mystères Douloureux :
- L’Agonie au Jardin des Oliviers ; fruit du mystère : « la contrition de
nos péchés »
- La Flagellation ; fruit du mystère : « le regret des péchés des sens »
- Le Couronnement d’épines ; fruit du mystère : « le regret des péchés
d’orgueil »
- Le Portement de Croix ; fruit du mystère : « le courage dans les
épreuves »
- La Crucifixion ; fruit du mystère : « un plus grand amour de Dieu »
4.
Mystères Glorieux :
- La Résurrection de Jésus ; fruit du mystère : « la foi »
- L’Ascension de Jésus au Ciel ; fruit du mystère : « un plus grand désir
du Ciel »
- La Pentecôte ; fruit du mystère : « le zèle pour les âmes »
- L’Assomption de Notre Dame ; fruit du mystère : « la grâce d’une
bonne mort »
- Le Couronnement de Marie au Ciel ; fruit du mystère : « une plus
grande dévotion à Marie ».
IV. LES BIENFAITS DU ROSAIRE
Du Rosaire, le pape Jean-Paul II vantait ainsi les mérites : « Le Rosaire, grâce
à Marie, fait descendre, pour ainsi dire, la lumière salvifique de tous les
mystères du Christ dans les circonstances et les difficultés de la vie
quotidienne normale, du travail, de la fatigue, du doute, de la souffrance, de la
vie sociale et familiale, et transfigure tout, élève tout, purifie tout ».
Il disait encore : « Le Rosaire est ma prière préférée. C’est une prière
merveilleuse de simplicité et de profondeur…pour exhorter à la contemplation
du visage du Christ en compagnie de sa Très Sainte Mère et à son école ».
1. Le Rosaire : une prière de la famille, pour l’unité et la paix
a. Le Rosaire récité en famille est ferment d’union et de concorde.
Voilà, ce que disait le pape Pie XII, à ce sujet : « en récitant le Chapelet, la
famille prie unie … Si la famille prie, en effet, elle vit ; et si elle prie unie, elle
vit unie. Peu de moyens nous semblent aussi efficaces, pour promouvoir et
conserver l’union des esprits, que la prière en commun récitée en famille, sous
le regard affectueux et souriant de Marie ».
Et encore : « C’est surtout au sein des familles que nous désirons que la
pratique du Rosaire soit répandue, religieusement conservée et sans cesse
développée. C’est en vain qu’on s’efforce d’enrayer le déclin de la
civilisation si on ne ramène pas à la loi de l’Évangile la famille, principe et
fondement de la société ».
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Quant au pape Jean-Paul II, il nous exhortait en ces termes : « Je répète
aujourd’hui à tous, ce que j’ai dit aux familles : une grande prière pour la vie,
qui parcourt le monde entier, est une urgence ».
b. Le Rosaire est aussi un remède aux grands maux de notre temps.
Le pape Paul VI en octobre 1969 s’exprimait ainsi : « Nous exhortons le clergé
et les fidèles à demander instamment à Dieu, par l’intercession de la Vierge
Marie, la paix et la réconciliation entre tous les peuples. La paix est certes
l’affaire des hommes…, mais la paix est aussi l’affaire de Dieu. La prière (la
récitation du Rosaire), par laquelle nous demandons le don de la paix, est
donc une contribution irremplaçable à l’instauration de la paix ».
Tandis que Jean-Paul II affirmait : « Le Rosaire est une prière orientée, par
nature, vers la paix. En réalité, tandis qu’il nous conduit à fixer les yeux sur le
Christ, le Rosaire nous rend aussi bâtisseur de la paix dans le monde ».
2. Le Rosaire : la prière recommandée par la Sainte Vierge
Toutes les fois que la Vierge apparaît à Fatima en 1917, elle porte un Chapelet
et elle ne manque pas de recommander la récitation du Rosaire :
- « Récitez le Chapelet tous les jours, afin d’obtenir la paix pour le monde
et la fin de la guerre »
- « Je veux que… vous disiez le Chapelet tous les jours »
- « Je suis Notre-Dame du Rosaire. Que l’on continue à réciter le Chapelet
tous les jours… ».
Enfin, apparaissant à sœur Lucie, au couvent de Pontevedra, le 10 décembre
1925, la Sainte Mère de Dieu accompagné de l’Enfants Jésus, lui dit, en lui
montrant son cœur : « Vois ma fille, mon cœur entouré d’épines, que les
hommes ingrats y enfoncent à chaque instant par leurs blasphèmes et leurs
ingratitudes. Toi au moins tâche de me consoler et dis qu’à tous ceux qui
pendant cinq mois, le premier samedi, se confesseront, recevront la Sainte
Communion, réciteront un Chapelet, et passeront quinze minutes avec moi,
en esprit de réparation, je promets de les assister à l’heure de la mort, avec
toutes les grâces nécessaires pour le salut de leur âme ».
Chers pèlerins, gardons le silence pendant quelques instants pour méditer ces
dernières paroles de la Très sainte Vierge et prendre la résolution de suivre ses
recommandations : pour la paix dans le monde et pour notre salut.
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Citations
« Cette salutation angélique est infiniment agréable à la sainte Vierge, parce
qu’il semble que par là on lui renouvelle la joie qu’elle ressentit quand saint
Gabriel lui annonça qu’elle avait été choisie pour être la Mère de Dieu ; nous
devons, dans cette intention, la saluer par l’Ave Maria… » Saint AlphonseMarie de Liguori
« Je ferais la conquête du monde, si j’avais une armée qui dise le Chapelet »
Bienheureux Pie IX
« Après la Sainte Messe, il n’y a pas de prière plus puissante que le Rosaire »
Saint Pie X
« La prière du Rosaire est de toutes, la plus belle, la plus riche en Grâces, et
celle qui touche le plus le Cœur de la Mère de Dieu, et si vous voulez que la
paix règne dans vos foyers, récitez le Chapelet en commun.» Extrait du
Testament de Saint Pie X
Bibliographie
-
Lettre Apostolique « Rosarium Virginis Mariae », Jean Paul II, éd. Téqui,
2002
Tu es Petrus, Revue des Amis de la Fraternité Saint-Pierre, numéro spécial
86-87, « LE ROSAIRE », Mars-Juin 2003.
Catéchisme de l’Église Catholique : 971, 2673-2679, 2708.
« Le secret admirable du Saint Rosaire », Saint Louis Marie Grignon de
Montfort, ed. du Seuil.
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LE SACREMENT DE PÉNITENCE
DEVENIR UN «MISÉRICORDIÉ» !
Méditation
Chers pèlerins,
Les avez-vous remarqués ? Oui, les avez-vous remarqués ces hommes vêtus de
robes noires ou blanches qui marchent derrière les chapitres, le vôtre peut-être
? Pourquoi portent-ils une étole violette autour du cou ? Pourquoi certains
pèlerins passent-ils un bon moment avec eux et rejoignent-ils le chapitre avec
un large sourire ? Ces hommes en robe sont les distributeurs de la Miséricorde
de Dieu !
Car Jésus a voulu, toujours et encore, nous attendre quand nous avons péché.
Tout l’évangile est un appel à la conversion et à l’accueil des pécheurs : « Va,
et ne pèche plus » dit-Il à la femme adultère ; et Il répète « Tes péchés te sont
remis » à tous ceux qui s’approchent de Lui avec confiance.
I. TOUS PÉCHEURS
Pécheurs, l'êtes-vous ? Dans chaque « Je vous salue Marie », vous avez
répondu à cette question : « Priez pour nous, pauvres pécheurs. » Oui, vous
êtes pécheurs ! De pauvres pécheurs ! Peut-être n'avez-vous jamais osé vous
approcher d’un de ces hommes « en robe » qui vous suivent ? Peut-être avezvous tout oublié de vos péchés ? Peut-être vous sentez-vous écrasés par vos
péchés ? Peut-être ne savez-vous pas comment vous y prendre ?
Alors, n’ayez pas peur, chers pèlerins ! Avant vous, sur cette route, des
dizaines de milliers de personnes se sont approchées d’un prêtre et ont reçu le
pardon de Dieu, qui a transformé leur vie et leur a rendu la paix et la joie.
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Préparez-vous, à l’aide du "livret du pèlerin", en faisant un bon examen de
conscience ; n’hésitez pas à demander des conseils à votre chef de chapitre,
aux séminaristes, religieux, religieuses qui marchent avec vous, et lancez-vous
dans l’aventure de la Miséricorde du Cœur de Jésus qui vous attend… Pas
demain, pas plus tard, mais maintenant.
II. RECONNAÎTRE SA MISÈRE
« Miséricorde », un mot, une réalité essentielle, celle du Cœur de Dieu qui
vient à la rencontre de votre misère. Une seule condition : l’humilité ; être
suffisamment humble, petit, pour reconnaître votre misère, pour reconnaître
que vous avez besoin de Dieu. Ce n’est pas drôle d’aller avouer toutes ses
turpitudes… C’est vrai ! La démarche est difficile, sauf pour les enfants ; mais
quelle paix, quelle joie après cet effort!
Peut-être redoutez-vous ce que va dire le prêtre, à qui vous allez dire vos
péchés ? Mais il ne va que répéter avec Jésus : « va et ne pèche plus ! » Il va
vous donner quelques bons conseils, qu'il serait difficile de trouver ailleurs. Il
va vous aider, si vous avez du mal à tout dire, il va vous expliquer ce que
vous ne comprenez pas, il va se réjouir avec vous, car « il y a plus de joie au
Ciel pour un pécheur qui se convertit que pour 99 justes qui n’ont pas besoin
de Lui ».
Écoutez cette histoire : c’est celle d’un trafiquant de drogue condamné à 13
ans de prison. Son compagnon de cellule lui a patiemment parlé de Dieu et lui
a prêché les fameux « Exercices de Saint Ignace ». Oui, en prison ! Et cet
homme s’est converti… Aujourd’hui il témoigne, et pour mieux faire
comprendre son aventure, il a inventé un mot merveilleux : « je suis un
miséricordié ».
Jeunes, qui découvrez l’Amour de Dieu sur cette route, pères ou mères de
famille accablés par une vie difficile, ou écrasés par le poids de la Croix,
devenez des « miséricordiés » à votre tour ! Laissez-vous aimer par Celui qui a
versé tout Son Sang pour vous.
Et pour vous, pèlerins, qui avez l’habitude de vous confesser, saisissez
l'occasion de tenter une meilleure confession que d’habitude. Sur cette route,
vous avez le temps de vous préparer, de faire un bon examen de conscience, de
réveiller dans votre âme une contrition sincère. Car, il est important pour tous,
en s'aidant notamment du "livret du pèlerin", de bien rechercher en quoi vous
avez pu offenser Dieu.
La disposition principale de la confession, c'est la contrition. Ce n’est pas
un plus ; c’est l’essentiel du retour à Dieu !
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III. REGRETTER SES FAUTES
Ce que Jésus attend de chacun de vous, c’est surtout ce regret sincère et vrai
d’avoir péché, d'avoir offensé Dieu. Sans ce regret, vos confessions ne valent
rien. Et ce regret sincère comporte nécessairement un ferme propos de ne plus
recommencer. Sinon, ce serait se moquer de Dieu ; ne pensez-vous pas ? C'est
ce ferme propos qui va vous faire trouver les moyens concrets de ne plus
recommencer. Par exemple, de renoncer à telle fréquentation, de ne plus
regarder tel programme etc. Cependant, même avec ce ferme propos, il peut
vous arriver de rechuter, et vous vous direz peut-être : « à quoi bon me
confesser, puisque finalement je recommence toujours ! » Chers pèlerins,
faites bien attention à ne pas confondre « vouloir recommencer » et « savoir
que vous recommencerez probablement ».
Par exemple, quelqu'un qui s’accuse de s'être mis en colère et qui ne veut plus
recommencer fait bien de se confesser, même s'il sait que, vu son
tempérament, il recommencera probablement. L'hypocrisie consisterait à dire
"je m’accuse de m'être mis en colère" tout en voulant intérieurement
recommencer. Avez-vous saisi ? Alors, revenons à notre Dieu, comme un fils
revient vers son père après l’avoir offensé, avec une grande humilité et une
confiance sans borne : comme l’Enfant prodigue.
Chers pèlerins,
Cette route entre Paris et Chartres est belle, très belle, car avant vous et bientôt
avec vous, elle est celle du pardon, celle de la Miséricorde, celle de
l’Amour de Jésus. Alors, ne tardez plus et allez trouver un des prêtres qui
nous accompagnent : vous donnerez à Dieu la joie de faire de vous un nouveau
« miséricordié » !
Et soyez sans crainte :
- Le prêtre à qui vous vous adressez sait ce qu’il en coûte de faire cette
démarche à laquelle lui-même se soumet en tant que pêcheur,
- de plus il a déjà beaucoup entendu et rien ne saurait l’étonner,
- enfin, en sa qualité de représentant du Christ, il est tenu au secret le
plus absolu : le secret de la confession ne peut, en aucun cas, être
révélé.
Restons maintenant en silence pour réfléchir à la beauté de ce sacrement
merveilleux et pour nous y préparer, en consultant notre "Livret du Pèlerin".
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Citations
« Si nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et juste pour nous les
pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. » (Jn I, 1-9)
« Il y en a qui disent : j'ai trop fait de mal, le Bon Dieu ne peut pas me
pardonner. C'est un gros blasphème. C'est mettre une borne à la miséricorde
de Dieu, et elle n'en a point : elle est infinie. (…) Nous avons bien besoin des
lumières du Saint-Esprit pour connaître nos péchés, parce que notre cœur est
le siège de l'orgueil, qui ne cherche que les moyens de nous les faire connaître
moindres qu'ils ne sont. Vous voyez que nous avons absolument besoin des
secours du Saint-Esprit pour connaître nos péchés tels qu'ils sont. (…) La
miséricorde de Dieu est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur
son passage. » Saint Curé d’Ars
« Oh ! Si les pécheurs connaissaient ma Miséricorde, il n’en périrait pas un si
grand nombre. Parle aux âmes des pécheurs, pour qu’elles ne craignent pas
de s’approcher de moi, parle-leur de ma Miséricorde. » À Sainte Faustine
« Il est beau de pouvoir confesser nos péchés, et d'entendre la parole qui est
comme un baume, qui nous inonde de miséricorde et nous remet en chemin. »
Saint Jean Paul II
« Nous sommes en état de grâce dès que nous sommes délivrés du péché. En
outre, chaque absolution sacramentelle est comme un bain de lumière solaire
sur une plante. Chaque fois, celle-ci se colore, se développe et s’épanouit
davantage. » Un Chartreux (École du Silence).
Bibliographie
- «La Miséricorde divine », encyclique de Jean-Paul II, 1980
- «Réconciliation et Pénitence », exhortation apostolique de Jean-Paul II,
- Catéchisme de l’Église Catholique, 1420-1498.
Pour adultes :
- « Pourquoi et comment se confesser » du Père A. Roméro, éd. du Laurier,
- « On demande des pécheurs » du Père Bernard Broo.p., éd. du Cerf,
- « Les sacrements de la miséricorde » de J-C Sagne o.p., éd. Médiaspaul,
- « Les merveilles de la confession » du R.P. Paul O'Sullivan o.p.,
- « La pénitence » de Dom Bernard Maréchaux o.s.b, éd. du sel de la Terre.
Pour enfants :
- « Mon carnet de confession » de Monique Berger, éditions Transmettre
- « Petit guide pour la confession des enfants (de 7 à 10 ans) » de Jean-Paul
Savignac, éditions du Laurier
- « Mon guide de première communion, première confession » de Madeleine
Russocka, éditions Transmettre.
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LA SAINTE MESSE
Méditation
Chers pèlerins,
Imaginez un voyageur dans le désert...
Il fait chaud, très chaud et, depuis plusieurs jours, il n’a plus rien à boire ! Sa
bouche est sèche, sa soif brûlante, sa fatigue écrasante !
Et voici que notre voyageur passe devant une source d'eau pure et fraîche. Que
va-t-il faire ? Se précipiter pour boire et se baigner ?
Et bien non, notre voyageur jette un regard distrait et indifférent à la source
délicieuse et passe son chemin ! Ne serait-il pas fou ce voyageur ?
Chers pèlerins, nous sommes à l'image de ce fou, quand nous considérons la
messe avec un regard distrait ou indifférent.
Écoutez plutôt : nous avons été créés par Dieu et pour Dieu. Aussi, nous dit
Saint Augustin, « notre cœur est sans repos tant qu'il ne se repose en Dieu ».
Tout notre être, que nous en soyons conscient ou non, aspire au bonheur de le
connaître et de l'aimer. Mais le péché nous a séparés de Lui.
Alors, Il est venu à nous. Il s'est fait homme, pour s'offrir gratuitement en
sacrifice, afin de réparer nos fautes. Pour nous, Il s'est offert en victime sur la
Croix.
Vous me direz peut-être, chers pèlerins que la croix, le Golgotha, c'était il y a
bien longtemps ! Et bien vous vous trompez. Le sacrifice de la croix est
actuel : Il est renouvelé à chaque messe. À chaque fois que la messe est
célébrée, nous sommes au pied de la croix, avec la Vierge Marie et Saint Jean
et nous pouvons contempler le cœur de Jésus ouvert pour nous par la lance du
soldat.
C'est cela la messe : Jésus se rend réellement présent sous les apparences
du pain et du vin pour renouveler son sacrifice.
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« Jamais rien ne remplacera une messe pour le salut du monde ! » nous
rappelait Benoit XVI à Paris.
Alors, pourquoi pendant la messe, sommes-nous si distraits ?
Certainement, parce que nous ne nous préparons pas assez à entrer dans ce
mystère. Si nous cherchons à ressentir des émotions, alors nous risquons d'être
déçus. Dieu vient à notre rencontre à un niveau plus profond et plus intime que
l'émotion sensible.
Pour nous rendre disponibles à la réalité cachée du mystère de la messe,
l'Église met à notre disposition des moyens simples et concrets. Ce sont les
rites de la liturgie. Pour aujourd’hui, nous en retiendrons trois :
I. L’USAGE DU LATIN
Pour bien nous faire comprendre que ce que nous allons faire et dire au cours
de la messe n'est pas dans la continuité de nos actions et de nos paroles banales
et quotidiennes, on utilisera une langue différente : le latin.
Une langue différente de nos langues habituelles, une langue consacrée par un
usage plus que millénaire, n’est-ce pas un langage sacré, plus apte à célébrer
le culte divin qu‘une langue banalisée par l‘usage courant ?
Le latin est notre langue maternelle, tout simplement. L‘Église romaine est
notre mère, elle veut rassembler tous ses enfants dans l‘unité d‘une même
langue, quelle que soit leur nationalité. Il y a ici des pèlerins de toute
l‘Europe, et même d‘autres continents. Le latin est le signe de notre unité.
C‘est ainsi depuis de nombreux siècles, et cela a été encore rappelé au concile
Vatican II (Constitution sur la liturgie).
Mais qui comprend le latin aujourd’hui ? Eh bien… Dieu tout d‘abord ! N‘estce pas l‘essentiel, puisque c‘est à Lui que l‘on s‘adresse ? Et, pour vous, dans
votre livret du pèlerin, vous avez la traduction de toutes les prières de la
messe.
II. L’ORIENTATION DU PRÊTRE
Vous avez déjà remarqué que le prêtre est tourné vers la croix de l'autel ; non
pas face aux fidèles, mais dans le même sens qu'eux. Quelle en est la raison ?
C‘est tout simple… et très beau : dès les origines, les chrétiens se sont tournés
vers l‘Orient pour prier. Ils ont vu, en effet, dans le soleil levant, le symbole du
Christ ressuscité et de son retour à la fin des temps. On a donc tout
naturellement construit les églises de telle manière que les fidèles et le prêtre
à l‘autel soient tournés vers Dieu.
Conduits par le prêtre, nous voulons nous laisser emmener vers la Croix où se
réalise le sacrifice qui nous sauve. Nous voulons nous tourner vers le Seigneur.
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III. LA COMMUNION À GENOUX ET SUR LA LANGUE
Et pourquoi communie-t-on à genoux et sur la langue? Par la communion,
nous recevons Dieu en nous : un Être immense que l‘univers ne saurait
contenir, plus grand que tous les rois, créateur des galaxies et de l‘infiniment
petit ! N‘est-ce pas la moindre des choses de lui marquer un peu de respect ?
C‘est aussi pourquoi, seul le prêtre, dont les mains ont été consacrées, a le
droit de toucher l’Hostie de ses mains.
Chers pèlerins, vous avez tous reçu, au départ, un livret du pèlerin, que je
vous invite à conserver. Pour mieux vous aider à retenir ce que nous venons
d’évoquer, ne manquez pas de lire attentivement les commentaires que vous y
trouverez en accompagnement des textes de l‘ordinaire de la messe. Que ceux
qui n'ont pas l'habitude n'hésitent pas à demander de l'aide. Et sachons bien
que l'essentiel n'est pas de tout comprendre mais plutôt de se laisser saisir par
la réalité qui nous dépasse. Prenons maintenant un moment de silence,
ouvrons notre cœur et tournons-nous dès maintenant vers la Croix, vers le
Cœur ouvert de Jésus.
Citations
« "Faites ceci en mémoire de moi" : c’est-à-dire non seulement en mémoire de
ce que j’ai fait, en mémoire de ma mort pour vous. »
« Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous
annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’Il vienne » I.Cor.11, 26.3
« Le sacrifice que l’on voit est le sacrement, c’est-à-dire le signe sacré, d’un
sacrifice invisible. Il est donc essentiel au sacrifice d’être une réalité
intérieure : c’est le cas de toute bonne œuvre faite pour nous unir à Dieu.
C’est une offrande de l’âme à Dieu comme à son principe et à sa fin : comme
à son principe en totale soumission ; comme à sa fin pour l’apaiser et s’unir à
Lui ». Saint Augustin (Cité de Dieu, X)
« Bien que la Passion et la mort du Christ n’aient pas à être recommencées,
cependant, la ‘vertu’ de cette hostie, offerte une fois, demeure à jamais. »
Saint Thomas d’Aquin IIIa, Q. 22, a.5
« C’est le même et unique Sacrifice, parce que c’est le même Prêtre et la
même Hostie, offerte d’une autre manière. La Messe est le sacrement du
Sacrifice de la Croix en tant que celui-ci perdure. Elle en a toute la vertu ; elle
en applique le fruit (…) Par la consécration s’opère la transsubstantiation du
pain et du vin dans le corps et le sang du Christ. Sous les espèces consacrées
du pain et du vin, le Christ lui-même, vivant et glorieux, est présent de manière
vraie, réelle et substantielle, son corps et son sang avec son âme et sa
divinité» . Concile de Trente (Session XXII, ch. 2) rappelé dans CEC, 1413
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« Toutes les fois que le sacrifice de la Croix, par lequel le Christ notre Pâques
a été immolé, se célèbre sur l’autel, l’œuvre de notre rédemption s’opère. »
Lumen Gentium 3
«L’Eucharistie est le mémorial de la Pâque du Christ, l’actualisation et
l’offrande sacramentelle de son unique sacrifice (…) Dans le sens de
l’Écriture Sainte, le mémorial n’est pas seulement le souvenir des évènements
du passé (…) Dans la célébration liturgique de ces évènements, ceux-ci
deviennent d’une certaine façon présents et actuels (…) Parce qu’elle est
mémorial de la Pâque du Christ, l’Eucharistie est aussi un sacrifice (…) Le
sacrifice du Christ et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice. »
CEC, 1362-1367
Bibliographie
-
Évangiles selon St. Matthieu, XXIV, 26-29 ; St. Marc, XIV, 225 ; St. Luc
XXII, 14-20 ; St. Jean ch 13 à 17
Épitres de St. Paul :
o 1ère aux Corinthiens XI, 17-34 ;
o aux Hébreux, chp. 5 à 7
XXIIe session du Concile de Trente : exposition de la doctrine touchant le
sacrifice de la messe, dans le « Bref examen critique du nouvel ordo
Missae », édition Renaissance Catholique,
Exhortation apostolique sur l’Eucharistie : « Sacramentum caritatis » :
Benoît XVI, éd. Téqui.
Constitution « Sacrosanctum Concilium » du Concile Vatican II, n° 47
Catéchisme de l’Église Catholique, n° 1322-1419
On consultera aussi avec profit :
- « Explication de la Sainte Messe », Dom Guéranger
- « La Sainte Messe, hier, aujourd’hui et demain » et « La Messe
commentée », Père Jean-Denis Chalufour, éditions Petrus a Stella, abbaye
de Fontgombault.
- « Une histoire de la Messe » par un moine de Fongombault
- « La messe, une forêt de symboles », Abbé Claude Barthe
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POURQUOI AIMER LA MESSE TRADITIONNELLE ?
Méditation
« Le rite exprime la communion de prière et d’action de l’Église dans une
forme qui transcende l’histoire. Il concrétise le lien entre la liturgie et
l’Église, laquelle garde le dépôt de la foi transmis par la tradition apostolique.
Ce lien avec l’Église admet différentes structurations, permet un
développement, mais exclut absolument l’arbitraire ». Cardinal Ratzinger, 2000.
Chers pèlerins,
Vous le savez et vous l'avez probablement remarqué, les messes célébrées au
cours du pèlerinage sont dites selon la forme extraordinaire du rite romain.
Comme c’était la forme du rite partout en usage avant la réforme liturgique
postconciliaire, ces messes sont souvent appelées « messe traditionnelles », ou
« messe de Saint Pie V ».
Peut-être que certains d'entre vous se demandent pourquoi ce choix. Pourquoi
aimer ce rite ancien, dont l’ordonnance remonte pour l’essentiel au VIe siècle ?
I. LES GRANDS PRINCIPES DE LA LITURGIE
Pour répondre à cette question et trouver les raisons profondes de notre
attachement à la messe traditionnelle, il faut absolument remonter au grand
principe de la Liturgie.
Le concile Vatican II (constitution « Sacrosanctum Concilium »), à la suite du
concile de Trente, nous rappelle que « la Liturgie est avant tout un culte rendu
à Dieu ». Bien sûr, à l’occasion de ce culte, il y aura tout un enseignement
donné au peuple de Dieu. Mais avant tout, la Liturgie est un culte à la divine
majesté. Un culte que les fidèles rendent à Notre Seigneur Jésus-Christ, mais
aussi que Notre Seigneur Jésus-Christ, lui-même, rend à son Père. Aussi ce
culte doit-il être sacré et tel que Dieu le désire.
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On ne va donc pas à la messe pour être agréable à un prêtre, ni parce que un tel
ou une telle y va, ou pour je ne sais quelles autres raisons humaines, mais on
va à la messe pour rendre un culte à Dieu, un culte qui soit vraiment digne
de Lui. Autre point à souligner, c’est que la Liturgie n’est pas une leçon de
catéchisme. N’attendez pas de trouver au détour d’une page de votre missel,
une définition exhaustive et complète de la messe.
En revanche, ce que vous trouverez en suivant la liturgie de la Sainte Messe,
c’est un ensemble de prières, de paroles, de gestes, de vêtements et d’objets
liturgiques qui vous feront connaître ce qu’est la messe, sa véritable nature.
Ce sont tous ces signes extérieurs, visibles, qui nous indiquent clairement
la nature et l’essence du mystère.
D’où l’importance de tous ces signes sensibles et visibles qui nous conduisent
à l’Invisible. Certes, ce n’est pas tel signe de croix, ou telle génuflexion, pris
séparément qui est essentiel et indispensable, mais bien l’ensemble de tous
ces signes extérieurs. Nous touchons là à un domaine très délicat, car vous
connaissez sans aucun doute l’adage : « lex orandi, lex credendi », que l’on
traduit par : « telle prière, telle croyance ».
En effet, si la liturgie ne manifeste pas clairement, par tout ce qui doit la
composer, la nature même du mystère, alors c’est la Foi elle-même qui peut
être touchée. Si, par exemple, vous priez toujours avec des livres protestants,
vous risquez fort de devenir protestant vous-même, car ces prières protestantes
véhiculent forcément une doctrine protestante.
Pie XII explique très bien tout cela dans sa magnifique encyclique sur la
Liturgie "Mediator Dei".
II. RAISONS PROFONDES DE NOTRE AMOUR DE LA LITURGIE
TRADITIONNELLE
Maintenant que nous avons rappelé quelques principes essentiels à la liturgie,
voyons brièvement les raisons profondes de notre amour de la liturgie
traditionnelle. Il y en a trois : théologique, liturgique et spirituelle.
1. Raison théologique
Il existe trois aspects de la théologie de la messe, que la liturgie traditionnelle
met particulièrement bien en valeur.
1er aspect théologique : Le caractère sacrificiel de la messe.
Dans son encyclique sur l’Eucharistie « Ecclesia de Eucharistia », le pape
saint Jean-Paul II rappelait avec force le caractère sacrificiel de la messe : « La
messe, disait-il, est à la fois et inséparablement le mémorial sacrificiel dans
lequel se perpétue le sacrifice de la Croix, et le banquet sacré de la
communion au Corps et au sang du Seigneur ».
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Si un jour vous veniez à douter du caractère sacrificiel de la messe, alors
étudiez cette encyclique ou, mieux encore, informez-vous sur la manière de
célébrer la messe de Saint Padre Pio. Vous verrez alors que ce capucin
stigmatisé revivait au cours de sa messe toute la passion du Christ : de l’agonie
au Jardin des Oliviers, à la mise au tombeau. C’est vraiment impressionnant et
même bouleversant. Signalons au passage que le Saint Padre Pio avait
demandé et obtenu de Paul VI, le 17 février 1965, de garder la messe
traditionnelle jusqu’à sa mort.
Dans la messe traditionnelle, ce caractère sacrificiel est admirablement mis en
valeur dans les prières de l’offertoire mais aussi dans bien d’autres prières.
Il y a également tous les signes de croix faits par le prêtre, qui désignent la
divine victime. Il y a aussi les baisers de l’autel où, précisément, le Christ va
s’offrir lui-même, en victime à son Père.
2ème aspect théologique : La présence réelle.
Tout catholique sait que dans une hostie consacrée, de par la
transsubstantiation, Notre Seigneur est réellement présent avec toute son
humanité et sa divinité. Cette présence réelle réclame de notre part un très
grand respect et des gestes d’adoration.
-
C’est pourquoi, à la messe traditionnelle, le prêtre fait une génuflexion
avant et après avoir touché le corps du Christ ou le calice de son sang.
-
C’est pourquoi aussi, le prêtre a l’obligation de garder le pouce et l’index
de chaque main joints, de la consécration jusqu’à la purification de ses
doigts, parce que ces doigts, qui ont tenu l’hostie consacrée, ont touché le
corps du Christ et qu’il convient de ne pas risquer de les souiller ou de
laisser échapper une parcelle de l’hostie.
-
La communion sur la langue a également une grande importance. Ce
n’est pas que la langue soit plus digne que les mains (on pèche autant, si ce
n’est plus, par la parole que par le geste). Mais c’est en raison du fait que
dans la moindre parcelle d’hostie, nous dit Saint Thomas d’Aquin, Notre
Seigneur se trouve aussi présent que dans une hostie toute entière.
C’est donc pour éviter au maximum le risque de perdre des parcelles d’hostie,
qu’à la messe traditionnelle, on donne toujours la communion dans la bouche
et que l’on tient un plateau sous le menton de la personne qui la reçoit.
La bienheureuse Mère Térésa a eu à ce sujet des paroles très vigoureuses :
« La chose la plus horrible, disait-elle, dans notre monde aujourd’hui, c’est la
communion dans la main » (23 mars 1989, The Wanderer, Pakistan).
Voilà pourquoi Benoît XVI ne voulait donner la communion qu’à des fidèles
se tenant à genoux et recevant l’hostie sur la langue.
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3ème aspect théologique : le rôle du prêtre par rapport à celui des fidèles.
Le prêtre, à la messe, a un rôle unique, car, pour reprendre la formule
consacrée, il agit “in persona Christi”, c’est-à-dire que c’est le Christ qui agit à
travers le prêtre. Le prêtre est alors un instrument au service du Christ, afin
que ce dernier puisse réactualiser son sacrifice.
Les fidèles, eux, ont pour rôle d’offrir la victime une fois immolée et non pas
de réactualiser le sacrifice. Ils doivent aussi s’offrir eux-mêmes en union avec
le Christ qui s’offre sur l’autel pour leur salut.
Dans la messe traditionnelle ce rôle unique du prêtre est mis en valeur, en
particulier, par le fait qu’à l’autel il est tourné vers le Seigneur et non pas
vers les fidèles, sauf quand il les invite à prier. Le prêtre est alors le
« pontife », celui qui fait justement le pont entre Dieu et les fidèles : il est tout
à la fois celui qui prie Dieu au nom des fidèles et celui qui donne les dons de
Dieu aux fidèles.
2. Raison liturgique
Rassurez-vous, chers pèlerins, l’exposé sera beaucoup plus court. Benoît XVI,
du temps où il était cardinal, a exprimé à de nombreuses reprises l’idée que la
Liturgie est un don de Dieu que l’on doit recevoir et non pas que l’on peut
fabriquer. Voici ce qu’il dit dans son livre "La célébration de la foi" : « Il faut
constater que le nouveau missel, quels que soient tous ses avantages, a été
publié comme un ouvrage réélaboré par des professeurs, et non comme une
étape au cours d’une croissance continue. Rien de semblable, continue le
cardinal, ne s’est jamais produit sous cette forme, cela est contraire au
caractère propre de l’évolution liturgique ».
D’où la grande idée de Benoît XVI de « la réforme de la réforme ». Pour lui, il
faut libérer la messe traditionnelle, non seulement parce qu’elle est un rite
vénérable qui doit avoir toute sa place dans l’Église, mais aussi pour qu’elle
puisse servir de modèle à la réforme de la réforme. D'où son Motu Proprio
"Summorum Pontificum" du 7 juillet 2007 sur l'usage du rite de la messe selon
sa forme extraordinaire.
3. Raison spirituelle
Là, il faudrait donner la parole à beaucoup d’entre vous, car nous sommes
nombreux ici, à avoir été touchés et souvent retournés par cette messe
traditionnelle.
Non, le latin n’est pas un obstacle à la mission, bien au contraire, car il
concourt à donner à la Liturgie un caractère sacré ! Et les gens, et surtout les
jeunes, veulent du sacré, de l’authentique !
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La messe traditionnelle est véritablement un moyen extraordinaire pour
toucher les âmes et les conduire à Dieu :
- Combien de jeunes ont connu le catholicisme par la liturgie traditionnelle
et ont reçu le baptême par la suite ;
- Mais il y a aussi tous ceux, et ils sont nombreux, qui sont revenus à une
vie franchement chrétienne et à une pratique fervente, en la découvrant.
Tous pourraient témoigner des bienfaits spirituels de cette liturgie séculaire.
Enfin, pour conclure, voici une anecdote :
C’était il y a plusieurs années. Le Père Gy était venu au Barroux pour discuter
avec Dom Gérard, alors abbé de cette Abbaye. Le père Gy était le grand
spécialiste de la réforme liturgique, et il ne comprenait pas du tout notre
attachement à l’ancienne liturgie. Il était persuadé que c’était pour des raisons
purement intellectuelles, cérébrales. Alors Dom Gérard lui dit : « Mais, mon
Père, notre attachement à la liturgie traditionnelle, ce n’est pas un mariage de
raison, mais un mariage d’amour ! »
Le Père Gy fut visiblement ému de cette réponse à laquelle il ne s’attendait
pas, et déclara alors : « À cela, il n’y a plus rien à redire… »
Chers pèlerins, gardons maintenant le silence pendant quelques instants, pour
mieux réfléchir sur cette méditation.
Citations
« La tradition et l’expérience millénaire de l’église nous montrent que c’est la
Foi, célébrée et vécue dans la liturgie, qui nourrit et fortifie la communauté
des disciples du Seigneur.» Jean-Paul II, 11 mai 1991
« Je suis convaincu que la crise de l’Église que nous vivons aujourd’hui
repose largement sur la désintégration de la liturgie. » Benoît XVI
« Une ‘liberté’ sans frein, risquant de se perdre dans l’improvisation, n’est
pas conciliable avec l’essence de la Foi de la liturgie. La grandeur de la
liturgie, faut-il la répéter, tient justement au fait qu’elle échappe à
l’arbitraire… Le repliement sur l’utilitaire n’a pas eu pour effet de rendre la
liturgie plus ouverte, mais il l’a, au contraire, appauvrie. » Cardinal Ratzinger
« On a voulu faire de la crise liturgique qui a sévi en Occident une crise de
rite. Elle l’était, mais principalement comme le révélateur d’une crise plus
profonde, plus grave, celle de l’intrusion de l’autonomie absolue de l’homme
dans l’action liturgique. » Ph. Maxence (Introduction à "L’Enquête sur
l’Esprit de la liturgie" du Cardinal Ratzinger)
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« Parce que les rites sont chargés d’une signification précise et profonde, un
changement de rite peut déclencher une guerre, un schisme ou une hérésie (...)
Le rite est une pensée en acte. Il est la pensée humaine incarnée dans un geste
capable d’une intense force d’expression comme la plus exquise délicatesse
mentale. » Un moine Bénédictin
« S’il fallait résumer tous les bienfaits que nous apporte la fréquentation
quotidienne de la prière publique de l’Église, on devrait la résumer à quatre
points essentiels :
- Le rappel incessant de la transcendance divine,
- Le pouvoir attrayant de la beauté de la liturgie,
- Le sens de l’Église,
- L’éducation de l’homme intérieur. » Un moine bénédictin, dans les quatre
bienfaits de la liturgie.
« Si nous voulons saisir vraiment le secret de la liturgie, il nous faut voir avant
tout en elle un chant du Ciel » Un moine bénédictin, dans "découvrir la
Messe"
Extraits des livres de Monseigneur Klaus Gamber, "la Réforme
liturgique" (1978) et "Tournés vers le Seigneur" (1987) ed. Ste Madeleine :
-
« On s’accorde en général à considérer que, d’une manière ou d’une
autre, un renouvellement, mais surtout en enrichissement du rite romain,
en grande partie figé depuis le Concile de Trente en une sorte de
rubricisme, était devenue nécessaire. On s’accorde aussi largement que la
Constitution sur la Sainte liturgie promulguée par le deuxième Concile du
Vatican correspond, au bien des points, aux demandes légitimes de la
pastorale actuelle. En revanche, le jugement porté sur les réformes
effectivement réalisées ne fait, en aucune manière, l’unanimité, en
particulier en ce qui concerne les nouveaux livres liturgiques élaborés à
l’issu du Concile par un groupe des spécialistes. »
« …il y a coïncidence entre la doctrine et certaines formes de la piété.
Pour beaucoup, modifier les formes traditionnelles signifie modifier la foi.
(…) Au lieu du renouvellement de l’Église et de la vie ecclésiale attendue,
nous assistons à un démantèlement des valeurs de la foi et de la piété qui
nous avaient été transmises »
« S’y ajoute, sous le signe d’un œcuménisme mal compris, un effrayant
rapprochement avec les conceptions du protestantisme et, de ce fait, un
éloignement considérable des veilles Églises d’Orient. (…)
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100
On ne s’est pas contenté de quelques réformes judicieuses et nécessaires,
on a négligé la recommandation du Concile en l’article 23 de la
Constitution sur la liturgie : « On ne fera des innovations que si l’utilité de
l’Église exige vraiment et certainement » On a voulu davantage : on a
voulu se montrer ouvert à la nouvelle théologie si équivoque, ouvert au
monde d’aujourd’hui. »
« La langue est un élément de la patrie. La patrie liturgique possède elle
aussi une langue déterminée, celle-ci n’est cependant jamais la langue de
tous les jours. »
-
« Il ne suffit pas de parler sans arrêt de ce que le sacrifice de la messe a
de sublime, il faut bien plutôt tout faire pour mettre en évidence aux yeux
des hommes la grandeur de ce sacrifice à travers la célébration ellemême, à travers l’agencement artistique de la maison du Seigneur,
spécialement de l’autel. »
Qui est Monseigneur Klaus Gamber ? Docteur en philosophie et en théologie,
membre d’honneur de l’Académie Pontificat de liturgie, Monseigneur Gamber
fonda l’Institut liturgique de Ratisbonne et en resta le directeur jusqu’à sa
mort. Le catalogue de ses écrits compte 361 titres. Le Cardinal Ratzinger disait
de lui : « Gamber, avec la vigilance d’un authentique voyant et l’intrépidité
d’un vrai témoin, s’est opposé à la falsification de la liturgie et nous a
enseigné inlassablement la vivante plénitude d’une liturgie véritable ».
Extraits des préfaces des deux livres cités :
« Après plus de vingt ans d’après-concile, la publication en langue française
des études scientifiques de Mgr. Klaus Gamber est un évènement de première
importance. » Cardinal Oddi .
« Ce qui fait l’importance de ce livre, c’est surtout le substrat théologique mis
à jour par ses savantes recherches. Cette orientation de la prière exprime le
caractère théocentrique de la liturgie » Cardinal Ratzinger.
Extrait du livre de Monseigneur Nicola Bux, "la Réforme de Benoît XVI :
la liturgie entre innovation et tradition".
« Il est étrange que ceux qui ont fait de Jean XXIII le symbole du progressisme
s’opposent au missel romain que ce pape a mis à jour, et qui est maintenant
remis en vigueur. L’existence des deux missels montre que, au-delà des
formes, l’identité de l’Église demeure la même »
« On substitue, de nos jours, au rubricisme et au légalisme d’autrefois,
l’anarchie et l’illégalité, qui sont bien pires. L’obéissance à la sainte liturgie
est la mesure de notre humilité »
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101
« L’effondrement de la liturgie commence lorsqu’elle n’est plus comprise et
vécue comme un acte d’adoration de la Très Sainte Trinité en Jésus-Christ, ni
comme la célébration de toute l’Église Catholique et pas seulement la
célébration d’une communauté locale. Le phénomène de la créativité
liturgique se cache derrière le relativisme doctrinal »
« Pour comprendre correctement le motu proprio [Summorum Pontificum de
2007 libéralisant l’usage de la forme extraordinaire du rite romain], il faut le
considérer comme un développement en continuité avec toute la tradition de
l’Église »
« Les abus dans le domaine de la liturgie, et donc sa dégradation, sont les
symptômes du vide spirituel actuel, et nous voudrions indiquer la voie qui
permettra à la fois de restaurer l’esprit de la liturgie, comme signe de l’unité
de la foi apostolique et catholique, et aussi de promouvoir un débat sérieux et
un chemin d’éducation »
« Le culte catholique est passé de l’adoration de Dieu à l’exhibition du prêtre,
des ministres et des fidèles. La piété a été abolie, y compris le mot lui-même »
« Ratzinger souhaite qu’on retrouve "la tradition apostolique de l’orientation
vers l’Est des édifices chrétiens et aussi de l’action liturgique là où c’est
possible". »
« Le prêtre doit avoir conscience que ce n’est pas lui-même, et encore moins
ses idées qu’il doit mettre au premier plan, mais seulement le Christ »
« On a réussi à imposer les applaudissements…Ratzinger a donc raison quand
il dit : "Quand les applaudissements font irruption dans la liturgie, c’est un
signe très sûr qu’on a perdu l’essence de la liturgie, et qu’on l’a substitué par
une sorte de divertissement de type religieux". »
« …la liturgie comporte le silence, qui est fondamental pour pouvoir se mettre
à l’écoute de Dieu, qui parle à notre cœur. L’âme n’est pas faite pour le bruit
et les discussions, mais pour le recueillement ; et il est vrai que le bruit nous
gêne. »
Qui est Monseigneur Nicola Bux ? Consulteur de la Congrégation pour la
Doctrine de la foi et de la Congrégation pour les causes des saints,
Monseigneur Bux est professeur de liturgie et théologie sacramentaire à
l’Institut de théologie de Bari (Italie) et, depuis septembre 2008, consulteur au
Bureau des célébrations liturgiques du Souverain Pontife.
Préface de son livre "La réforme de Benoît XVI" :
« Le mérite de Nicola Bux est de fonder, sans détour et textes à l’appui, les
convictions exprimées par le Saint-Père dans sa lettre accompagnant le motu
proprio. » Monseigneur Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, 2009.
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Extrait du livre de l’Abbé Claude Barthe, "La Messe à l’endroit : un
nouveau mouvement liturgique".
« Une grande extension de la liturgie tridentine, d’une part, et la réforme de la
réforme, d’autre part, dont l’objet est d’opérer une transmutation de
l’intérieur de la liturgie de Paul VI, ont partie liée. »
« Comme le disait Nicola Bux [entretien avec l’Abbé Barthe le 28 avril 2008] :
"Ce ne sera que par une large diffusion de l’ancienne Messe que cette
‘contagion’ de l’ancien sur le nouveau rite sera possible. C’est pour cela que
réintroduire la Messe ‘classique’, si vous me permettez l’expression, peut
constituer un facteur de grand enrichissement. Il faut donc mettre en œuvre
une célébration festive régulière de la Messe traditionnelle, au moins dans
chaque cathédrale du Monde, mais même dans chaque paroisse" ».
« La réforme de la réforme suppose impérativement la présence de cet
aiguillon [la liturgie tridentine] ; de même aussi que la liturgie ancienne ne
peut espérer une réimplantation significative dans les paroisses ordinaires
sans la disposition que peut créer la réforme de la réforme. »
Qui est l’Abbé Barthe ? Auteur de nombreux ouvrages de réflexion et de
chroniques religieuses sur la crise actuelle et sur la liturgie romaine, l’Abbé
Barthe expose dans son livre "La Messe à l’endroit : un nouveau mouvement
liturgique" sa conviction que le projet de la réforme de la réforme souhaitée
par le Très Saint Père, ne peut se réaliser sans la colonne vertébrale que
constitue la célébration la plus large possible selon le missel traditionnel, mais
que cette dernière ne peut espérer se réinsérer massivement dans les paroisses
ordinaires sans la recréation d’un milieu vital opéré par la réforme de la
réforme qui pour lui tient en cinq points :
- la réintroduction importante de l’usage de la langue liturgique latine
- la distribution de la communion selon le mode traditionnel
- l’usage de la première prière eucharistique
- l’orientation de la célébration vers le Seigneur
- l’usage, en silence, de l’offertoire traditionnel.
Bibliographie
-
« Mediator Dei », encyclique, Vénérable Pie XII, 1947
« Ecclesia de Eucharistia », encyclique, Bienheureux Jean-Paul II
« Summorum Pontificum », motu proprio, Benoît XVI, 2007
Instruction « Universae Ecclesiae » de la Commission Ecclesia Dei,
2011(document joint page)
Catéchisme de l’Église Catholique (CEC, 1066-1209)
« La Célébration de la Foi », Cardinal Ratzinger, Téqui 1985
« Un Chant nouveau pour le Seigneur », Cardinal Ratzinger, Desclée 1995
« Introduction à la liturgie », Martimort, Desclée 1983-1984
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103
-
« Regards sur la liturgie et la modernité », Nicols O.P., Ad Salem 1998
« La réforme liturgique en question », Mgr. Gamber, Ste Madeleine-Le
Barroux1992
« Tournés vers le Seigneur », Mgr. Gamber, Ste Madeleine-Le Barroux
1993
« L’Esprit de la liturgie », Cardinal Ratzinger, Ad Salem 2001
« Autour de la question liturgique », Actes des journées liturgiques de
Fontgombault avec le Cardinal Ratzinger 2001
« Enquête sur l’Esprit de la liturgie », sous la direction de Ph. Maxence,
l’Homme Nouveau 2002
« Bref examen critique du nouvel ordo missae » des cardinaux Ottaviani et
Bacci (1969). Nelle édition préfacée par le Cardinal Stickler pour l’année
de l’Eucharistie. Ed. Renaissance Catholique 2004.
« La réforme de Benoît XVI : la liturgie entre innovation et tradition »,
Monseigneur Nicola Bux, Tempora 2008
« La Messe à l’endroit : un nouveau mouvement liturgique », Abbé Claude
Barthe, L’Homme Nouveau 2010
« Réflexion sur la Messe traditionnelle », sous la direction d’Oremus 2001
« La liturgie », Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, Tu es Petrus 1998
« Quatre bienfaits de la liturgie », un moine bénédictin, Sainte MadeleineLe Barroux 1995
« Découvrir la Messe », un moine bénédictin, Sainte Madeleine-Le
Barroux 1996
« La Sainte liturgie », un moine bénédictin, N-D de Fontgombault 2000
« La Messe commentée », Notre-Dame de Fontgombault 1992
« La communion dans la main », Monseigneur Laise
« La Messe traditionnelle, pourquoi ?», Oremus
« Le Sacrifice de la messe dans la nouvelle catéchèse », AFS
« La nouvelle Messe », Louis Salleron
« Padre Pio, le stigmatisé », Yves Chiron
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LA CONSÉCRATION À NOTRE-DAME
Méditation
Chers pèlerins, ce soir, ceux d'entre vous qui le désirent sont invités à se
consacrer à Notre-Dame.
I. MAIS QU'EST-CE QU'UNE CONSÉCRATION ?
On consacre un calice, pour qu'il ne puisse plus être utilisé qu'à célébrer la
Messe. Un bébé est consacré au Seigneur par les rites du baptême, qui chassent
de son âme le péché originel et le libèrent de l'esclavage de Satan.
II. POURQUOI UNE NOUVELLE CONSÉCRATION ?
Mais, direz-vous, si notre âme a été consacrée à Dieu par le baptême, pourquoi
effectuer une nouvelle consécration ?
Parce que nous sommes rarement fidèles aux promesses de notre baptême.
Nous tombons facilement dans les pièges et les traquenards du démon. Les
tentations gardent pour nous un attrait certain. Nous ne fuyons pas les
occasions, les lieux, les personnes dont nous savons pourtant qu'ils nous
entraînent au mal. Nous tolérons les critiques trop faciles sur le prochain, les
regards impurs. Nous négligeons nos devoirs de prière, etc…
Ce qui nous manque le plus, c'est donc la ferme volonté de demeurer
désormais fidèles à nos promesses. Or, en renouvelant notre consécration, nous
raffermissons notre volonté.
III. MAIS, POURQUOI SE CONSACRER À MARIE ?
Nos fautes commises après le baptême, nous ont appris à nous défier de nousmêmes. Nous sommes faibles. Nous avons péché si souvent que nous n'osons
nous présenter directement devant notre Père du ciel. Alors, nous faisons
comme le petit enfant qui se blottit dans les jupes de sa mère.
Car Marie est notre Mère, et une très bonne mère.
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105
En effet, au moment de mourir, « Jésus, voyant sa mère et, se tenant près
d'Elle, le disciple qu'Il aimait, dit à sa Mère: "Femme, voici ton fils." Puis il
dit au disciple: "Voici ta Mère." Dès cette heure-là, le disciple l'accueillit
comme sienne ». (Jn XIX, 26-27).
Alors, pourquoi nous consacrer à Marie ? Eh bien, tout simplement, pour
mieux appartenir à Dieu.
IV. QUELS ENGAGEMENTS FAUT-IL PRENDRE ?
Chers pèlerins, par la Consécration à Marie, vous imiterez saint Jean, et vous
choisirez Marie pour votre Mère. Vous vous mettrez ainsi à son service,
comme un chevalier servant.
Pour sceller cet engagement, vous pourrez à l'avenir décider de réciter chaque
jour le Chapelet ou au moins une dizaine. Excellente résolution !
Autres résolutions souhaitables :
- Prenez Marie pour modèle et demandez-vous, chaque fois que vous
devrez choisir : « Qu'aurait-Elle fait à ma place ? »
- S'il vous arrive de trouver les épreuves de la vie trop dures, offrez-lui vos
épreuves. Présentées à son Fils par ses mains, ces épreuves prendront de
la valeur, et vous verrez combien elle saura vous rendre les croix plus
légères à porter.
- Enfin, confiez-lui souvent vos joies et vos peines dans un grand abandon.
La devise fameuse ne ment pas : « Un serviteur de Marie ne périt jamais.
Sa Mère a soin de lui ».
Maintenant, chers pèlerins, lisons ensemble la consécration à Marie de Saint
Maximilien Kolbe, qui sera faite ce soir au bivouac de Gas, afin que ceux qui
veulent faire cette consécration ou la renouveler puissent bien s'y préparer
(voir livret du pèlerin) :
Acte de consécration de Saint Maximilien Kolbe
«Daignez recevoir ma louange, Ô Vierge bénie ! Immaculée Conception,
Reine du Ciel et de la terre, Refuge des pécheurs et Mère très aimante, à qui
Dieu voulut confier l’ordre de la miséricorde.
Je me prosterne devant Vous, moi, N… [Dire son nom silencieusement],
pauvre pécheur que je suis, je vous supplie humblement d’accepter mon être
tout entier, comme votre bien et votre propriété, et d’agir en moi et en toutes
les facultés de mon âme et de mon corps, en toute ma vie, ma mort et mon
éternité, comme il Vous plaira.
Disposez de moi comme Vous le désirez, pour réaliser ce qui est écrit de Vous
"Elle écrasera la tête du serpent ", et, encore, "Vous seule vaincrez les
hérésies dans le monde entier.
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Qu’en vos mains toutes pures et si riches de miséricorde, je sois un instrument
docile, pour Vous faire connaître et aimer de tant d’âmes tièdes ou égarées.
Ainsi s’étendra le Règne du divin Cœur de Jésus.
En vérité, là seulement où vous venez, s’obtient la grâce de la conversion et de
la sanctification des âmes, parce que toutes les grâces jaillissent du divin
Cœur de Jésus et s’écoulent sur nous en passant par vos mains maternelles.»
Prière de consécration à la Ste Vierge d’un enfant nouvellement baptisé
« Sainte Vierge Marie, vous que Jésus nous a donnée comme mère au calvaire,
nous vous présentons cet enfant que Dieu nous a confié. Par le baptême, il est
devenu frère de Jésus-Christ : nous vous l’offrons, nous vous le consacrons,
nous le confions à vos soins, à votre tendresse et à votre vigilance maternelles.
Que par votre intercession Dieu le protège dans son corps et le défende dans
son âme ; s’il venait à s’égarer, poursuivez-le de votre amour maternel, et
ramenez-le pour qu’il obtienne de votre Fils le pardon et renaisse à la vie. Et
nous, son père et sa mère, aidez-nous dans la tâche que nous aurons
désormais à remplir auprès de lui. Aidez-nous à lui transmettre les
enseignements de la foi, à lui apprendre à vivre selon la loi du Christ, afin
qu’un jour nous soyons tous réunis dans la maison du Père, dans l’intimité de
votre Fils, et dans la joie du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.»
Et après cette lecture, nous garderons le silence, comme nous le faisons à la fin
de chaque méditation.
Citation
« Voulons-nous devenir riches des biens du ciel ? Allons à Marie, nous
trouverons auprès d'elle toutes les grâces que nous pouvons désirer : grâces
d'humilité, de pureté, de chasteté, d'amour de Dieu et du prochain, de mépris
de la terre et de désir du ciel.» Saint Curé d’Ars
Bibliographie
-
« Les Gloires de Marie » de Saint Alphonse de Liguori, éd. Saint Paul,
1989.
« Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge » de Saint Louis-Marie
Grignion de Monfort, éditions du Seuil, 1966.
« Mon idéal, Jésus fils de Marie », Père E. Neubert, éd. X. Mappus.
« Contempler Marie », Dom Jean Roy. éd. du Cèdre, 1980.
« Marie, Reine et Mère », Dom Édouard Roux. Abbaye de Fontgombault.
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L’ADORATION DE L’EUCHARISTIE
Méditation
Chers pèlerins,
Ce soir, nous serons rassemblés pour une veillée d’adoration devant le Saint
Sacrement exposé. Ce doit être, pour nous, un « temps fort » de ce pèlerinage.
Et il le sera, si vous nous y préparons soigneusement. Nul n’irait à un rendezvous important sans s’être habillé en conséquence, sans avoir réfléchi à la
conversation à tenir. Eh bien, Sainte Thérèse d’Avila nous enseigne que
l’oraison est « un entretien d’amitié, seul à seul avec ce Dieu dont nous nous
savons aimés » (Vie 8, 5)… On n’improvise jamais une rencontre avec le plus
grand des amis… « On s’habille le cœur » comme dit Saint-Exupéry.
I. MAIS QU’EST-CE
IMPORTANT ?
QUE
L’ADORATION ?
EST-CE
SI
Oui ! C’est très important, car Dieu en a fait son premier commandement
« C’est le Seigneur, ton Dieu, que tu adoreras, et à Lui seul tu rendras un
culte. » (Mt IV, 10)
Adorer est un acte de l’esprit qui reconnaît en Dieu son Créateur, et donc le
souverain Seigneur de sa vie. Cet acte ne peut s’adresser qu’à Dieu, car
tout, absolument tout, lui appartient de droit : nos personnes, nos biens, le
temps qu’Il nous donne à vivre… nous avons tout reçu, nous recevons tout de
Dieu à chaque instant. Sans lui, nous ne serions rien ! Nous ne nous
appartenons pas, nous rappelle Jésus : « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et
vous dites bien car je le suis » (Jn XIII, 13)
L’homme moderne ne sait plus adorer ; il ne veut pas "perdre de temps" avec
Dieu, car, à quoi cela sert-il ? Mais quand un enfant va se blottir auprès de sa
maman, se demande-t-il à quoi cela sert ? Regrette-t-il de perdre du temps ?
Non. C’est pour lui le plus doux des moments.
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C’est un besoin de son cœur d’enfant et la plus grande joie qu’il puisse offrir à
sa mère. Dans ces instants bénis, gratuits, se tissent des liens éternels.
Dieu lui-même, dans la Bible, se compare à une mère : « Comme une mère
caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je
vous caresserai sur mes genoux » (Isaïe LXVI, 13-12) Ou encore : « Une mère
oublie-t-elle son petit enfant ? Est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles ?
Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas. » (Isaïe XLIX, 15)
II. QUE FAIRE DEVANT LE SAINT SACREMENT EXPOSÉ ?
Commençons notre adoration par un examen de conscience, sous le regard de
Dieu. Demandez-vous loyalement si nous ne sacrifions pas aux idoles. Ne
serions-nous pas esclave de l'un de ces faux dieux qui empêchent d'être
totalement livrés au vrai Dieu : argent, télévision, internet, voiture, plaisirs
défendus, loisirs effrénés (rallye sur rallye, soirée sur soirée), course au
succès…etc.
Chers pèlerins, faisons alors un bon acte de contrition : brisons notre cœur.
Puis, dans le silence, laissez la parole au Seigneur Jésus réellement présent
dans l'Hostie. Il nous parlera au cœur, comme il s’entretint avec Moïse au
Buisson ardent « Comme un homme parle à son ami » (Ex. XXXIII, 11).
III. QUE NOUS DIRA JÉSUS ?
D’abord, il nous appellera par notre nom, car, nous avons beau être des
milliards d’hommes, Il connaît chacun d’entre nous par son nom. Jésus est
notre Bon Pasteur : «Il appelle ses brebis une à une» (Jn X.3).
Oui, Dieu a quelque chose de particulier à dire à chacun d’entre nous.
Oui, Jésus a quelque chose à nous dire, à nous personnellement, qui que
nous soyons : enfant, adolescent, fiancé(e), époux ou épouse, parent ou
célibataire, souffrant ou bien-portant, pécheur ou disciple fervent, heureux ou
malheureux. Répondons-lui alors simplement : « Parle, Maître », et tenonsnous à ses pieds, comme Marie de Béthanie qui écoutait sa Parole. (Lc X, 39)
Chers pèlerins, n'hésitons pas, à ce moment de l'adoration, à utiliser les textes
qui nous sont proposés dans notre livret du pèlerin. Jésus s'y adresse à nous
en des paroles simples et aimantes.
IV. QUE POUVONS-NOUS LUI DONNER EN RETOUR ?
S’adressant à la samaritaine, Jésus lui dit : « Donne-moi à boire ! » (Jn IV, 7).
Cette demande s’adresse aussi à nous. Mais, que veut dire par là le Seigneur ?
Tout ne lui appartient-il pas déjà ? Ce que Jésus nous demande, c'est notre
cœur : « Mon fils, donne-moi ton cœur » (Office du Sacré-Cœur / Prov.
XXIII, 26).
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Car Dieu désire, d’un désir infini, cette réponse libre de notre amour. Feronsnous la sourde oreille ? Refuserons-nous notre amour au Seigneur Jésus qui est
mort sur la croix pour le conquérir ?
Si pauvres que nous soyons, nous pouvons faire la joie de Dieu en lui donnant
notre cœur.
Dieu s'occupe du reste… Il purifie, Il sanctifie, Il verse sa Joie Divine dans nos
âmes, parce que l’amitié est joie partagée.
Par ce Cœur à cœur, nous entrons en effet dans cette intimité de l’amitié
divine. « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis » disait Notre-Seigneur
à ses apôtres au soir du Jeudi-Saint (Jn XV, 15). Cette amitié nous est ouverte.
En gage de quoi, Jésus nous fait le plus grand des dons : le don même de
son Esprit-Saint, reçu par les apôtres au Cénacle, que l’Église fête en ce jour
de Pentecôte.
V. UNE DÉMARCHE TOUTE SIMPLE, QUI APPORTE BEAUCOUP
Chers pèlerins, vous le voyez, une adoration est quelque chose de tout simple.
Et soyez-en convaincus, on y reçoit beaucoup…
Plus nous y ouvrirons notre âme, plus Jésus y versera.
Montrons-nous donc très simples avec lui. Demandons-Lui tout ce dont
nous avons besoin.
Disons-lui, par exemple, comme l’Abbé Berto le conseillait à une petite fille:
« Jésus, j’ai telle démarche à faire ; comment faut-il que je la fasse pour
qu’elle soit selon vous ? J’ai tel sentiment dans le cœur, cela vous plaît-il ?
J’ai tel projet ; pensez-vous qu’il soit bon ? » Et, comme l’Abbé Berto
l'assurait avec raison, « Jésus répond toujours… »
Et si nous ne savons vraiment quoi dire à Jésus, rappelons-nous l'histoire
bouleversante de ce petit garçon philippin. C'était un de ces milliers d'enfants
des rues qui vivent d'ordures ramassées dans les décharges ou de petits
travaux. Un jour d'épouvantable épreuve où il avait été victime de violence, le
père Thomas, missionnaire, entra dans la chapelle déserte. L'enfant, se croyant
seul, était monté jusqu'à l'autel et il tenait l'ostensoir embrassé. Il savait que
dans son malheur, un seul pouvait le secourir : Jésus, son Dieu et son ami.
Nous aussi, tenons embrassés les pieds de Jésus, notre Sauveur.
Chers pèlerins, méditons en silence cette histoire bien touchante et préparons
notre cœur à cette rencontre de ce soir avec Jésus Hostie.
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Bibliographie
- Catéchisme de l'Église Catholique (CEC) : Chapitre sur le 1er
commandement
- Lettre encyclique « Ecclesia de Eucharistia », Bx Jean-Paul II
éd.Téqui,
- « Sacramentum Caritatis », Benoît XVI, éd. Téqui
- « Prières de Saint Thomas d’Aquin », Presses de Sainte Radegonde
- « Imitation de Jésus-Christ » Livres III et IV éd. Foi Vivante
- « La doctrine spirituelle de Sœur Élisabeth de la Trinité », Père
Philipon o.p., éd. Desclée de Brouwer
- « Chemin vers le silence intérieur », Edith Stein, éd. Parole et Silence
- « De l’Eucharistie à la Trinité » Père Bernadot o.p., éd. Foi Vivante
- « Les sept paroles du Christ en Croix » Cardinal Journet, éd. Foi
Vivante
- « Cent lettres sur la prière » Père Caffarel, éd. du Feu Nouveau
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111
LA TRADITION
Méditation
Chers pèlerins,
Nous marchons vers Notre-Dame de Chartres et vous participez aujourd’hui au
pèlerinage de Notre Dame de Chrétienté dont l’un des 3 piliers fondateurs est
« la Tradition ».
I.
MAIS CONNAISSEZ-VOUS LA SIGNIFICATION DE CE MOT SI
IMPORTANT DE TRADITION ?
La Tradition à laquelle nous nous référons ici s’écrit avec un grand T. Elle
s’apparente aux traditions humaines, familiales, de notre terroir ou de notre
patrie, qui correspondent à des manières d’être et d’agir, à des usages et des
coutumes, transmis dans un groupe humain sur un long espace de temps.
Ainsi, toute tradition comporte deux éléments fondamentaux :
- à la fois un héritage,
- et le fait qu’il soit transmis, génération après génération.
Pour nous catholiques, la Tradition ne doit pas être comprise comme se
suffisant à elle-même ou déconnectée du reste, bien au contraire.
Dans la transmission du dépôt révélé, l’institution divine nous apprend que
trois éléments étroitement liés, voir imbriqués et cependant distincts,
interviennent:
- la Tradition
- l’Écriture Sainte
- le Magistère de l’Église.
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II. QUE DÉSIGNE LE MOT « TRADITION » ?
Il désigne d’abord la transmission continue dans l’Église de la doctrine
divine achevée avec le Christ et les Apôtres, c’est à dire du dépôt révélé.
Cette transmission s’accomplit par deux voies :
- l’Écriture Sainte,
- la prédication orale (dans laquelle le Magistère joue un rôle principal) et
la foi de l’Église (2Th 2,15). C’est souvent cette seconde voie qui, dans un
sens plus strict, est appelée « Tradition »: c’est-à-dire la transmission de
la Révélation par un moyen distinct de la Sainte Écriture.
III. POURQUOI EXISTE-IL UN LIEN ÉTROIT ENTRE ÉCRITURE
ET TRADITION ?
La Tradition apostolique transmet en effet non seulement la prédication orale
du Christ et des Apôtres, mais encore l’Écriture Sainte elle-même.
C’est l’occasion de rappeler que les livres du Nouveau Testament furent écrits
après l’institution de l’Église par Notre Seigneur : la Tradition courrait avant
même la rédaction des épîtres ou des évangiles.
Ce lien entre l’Écriture Sainte et la Tradition est essentiel. Il ne faut donc pas
les opposer, ou choisir l’une au dépend de l’autre, comme le firent les
protestants qui isolèrent la Sainte Écriture, au point de rejeter, par contrecoup,
la Tradition ; cela devint chez eux comme un slogan : Sola Scriptura.
En réalité, la Parole de Dieu écrite doit se comprendre en lien avec la
Tradition divinement instituée, seule en mesure d’offrir les clefs de sa
juste interprétation : elles sont ensemble les deux sources sacrées du dépôt
de la foi.
La transmission multiséculaire du dépôt révélé par la prédication et à
travers toute la vie de l’Église a laissé certains témoins où nous pouvons
toujours puiser : on a coutume d’appeler cela les monuments de la Tradition.
Il s’agit en priorité des actes et écrits des Apôtres, des papes, des conciles et
des évêques. Mais il faut encore mentionner les témoignages de l’archéologie
et de l’histoire, de la littérature chrétienne et de l’art sacré. On remarquera que
la liturgie, parce qu’elle est un signe permanent de l’apostolicité de l’Église et
qu’elle rattache le culte chrétien aux rites apostoliques, est « un élément
constituant de la sainte et divine Tradition » (Dei Verbum 8).
IV. QU’APPELLE T-ON « TRADITION VIVANTE » ?
Cette expression est utilisée lorsque le Magistère, infailliblement assisté dans
sa réception et son interprétation authentique des monuments de la Tradition,
continue à transmettre de manière ininterrompue le dépôt révélé.
113
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Cette transmission s’accompagne d’ailleurs d’un approfondissement de ce
qui a toujours été contenu dans la Révélation elle-même, quoique de
manière parfois implicite.
On peut dire qu’il y a de nouveaux dogmes, de nouvelles définitions, mais pas
de nouvelles vérités : car toute notre foi est contenue dans le dépôt révélé.
Cette meilleure intelligence du dépôt a pu être décrite comme un
développement progressif et homogène du dogme.
On en a un exemple relativement récent avec la proclamation du dogme de
l’Assomption de la Sainte Vierge en 1950, par le pape Pie XII.
En revanche, l’expression « Tradition vivante » ne peut signifier ni l’évolution
de la vérité elle-même, ni l’adjonction de vérités nouvelles au dépôt révélé :
cela s’opposerait au caractère définitif de la Révélation divine, et à
l’absoluité de la Parole de Dieu, qui est immuable, comme Dieu lui-même.
V. L’EXPRESSION « HERMÉNEUTIQUE DE LA RUPTURE » EST
PARFOIS UTILISÉE, DE QUOI S’AGIT-IL ?
Cette expression a été utilisée par le pape Benoît XVI au début de son
pontificat dans un discours à la curie, il s’agit d’une interprétation des
vérités de la foi catholique, rejetant la compréhension traditionnelle de la
Révélation et de son enseignement doctrinal autant que moral.
Le pape émérite fait référence à l’attitude de certains dans l’Église après la
seconde guerre mondiale, et surtout à la suite du concile Vatican II qui
voulaient « revenir » à une Sainte Écriture supposée pure et inaltérée, en
sautant à pieds joints sur 2000 ans de transmission fidèle et féconde.
Cette volonté de s’émanciper de la Tradition de l’Église et d’un Magistère jugé
contraignant est à l’origine d’un vent de folie qui ne fut pas sans troubler de
nombreux fidèles.
Le cardinal Journet (1891-1975) écrivait d’ailleurs que « la liturgie et la
catéchèse sont les deux mâchoires de la tenaille avec laquelle on arrache la
foi». Il rejoignait dans ce triste constat la demande qui, par la voix de Jean
Madiran (1920-2013), s’était élevée dans le peuple chrétien :
« Rendez-nous l’Écriture, le catéchisme, et la messe ».
Combien d’expérimentations novatrices, tant au plan des traductions bibliques,
de la rédaction des nouveaux parcours catéchétiques, que des célébrations
liturgiques innovantes se multiplièrent en fait, dans une totale ignorance, voire
un rejet assumé de la Tradition de l’Église.
114
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Il faut d’ailleurs saluer les efforts successifs :
- du Cardinal Joseph Ratzinger, lorsqu’il était préfet de la Congrégation
pour la doctrine de la Foi, aura travaillé à la publication d’un catéchisme
universel, puis entrepris la correction de la traduction fautive des textes
sacrés ;
- puis de Benoit XVI enfin, qui publiera le Motu Proprio Summorum
Pontificum, destiné à libéraliser la célébration de la sainte messe selon le
rite romain dans sa forme antique, cette « forme extraordinaire », mieux
connue sous le nom de rite traditionnel. L’une des grandes raisons de
notre attachement à ce rite, outre « l’usage vénérable et antique » d’une
liturgie dont Benoît XVI a rappelé qu’elle ne fût jamais abrogée,
témoignant ainsi d’une tradition ininterrompue, est sa réelle aptitude à
exprimer très adéquatement le mystère de la messe.
Nous voyons que cette aspiration à défendre la Tradition immémoriale de
l’Église n’est autre que l’impérieux devoir de préserver cet héritage reçu des
apôtres, conservé intact et approfondi sous l’assistance divine tout au long des
siècles. La Tradition, c’est la vie même de la Sainte Église.
C’est précisément en réaction à la crise de l’Église que le pèlerinage NotreDame de Chrétienté a été créé pour retrouver, conserver et continuer de
transmettre l’héritage immémorial de la foi catholique et d’un agir, personnel
et social, qui s’en réclame.
La Tradition n’est pas l’attachement sclérosé au passé : elle est, dans l’Église,
la source vivifiante d’une foi, authentique et fidèle, en Jésus-Christ.
En manifestant notre attachement à la Tradition pérenne de l’Église, soyons
conscients, chers pèlerins, qu’elle n’est pas notre propriété, que nous ne
sommes pas là pour la « sauver » ; mais bien pour recevoir d’elle
l’enseignement salutaire de Notre Seigneur Jésus-Christ.
COMPENDIUM DU CATÉCHISME DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE
11. Pourquoi et comment doit se transmettre la révélation divine ?
Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la
connaissance de la vérité » (1Tm 2,4), c’est-à-dire de Jésus-Christ. C’est
pourquoi il est nécessaire que le Christ soit annoncé à tous les hommes, selon
son propre commandement : « Allez et enseignez toutes les nations » (Mt
28,19). Cela se réalise par la Tradition apostolique.
115
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12. En quoi consiste la Tradition apostolique ?
La Tradition apostolique est la transmission du message du Christ, qui
s’accomplit depuis les origines du christianisme, par la prédication, le
témoignage, les institutions, le culte, les écrits inspirés. Les Apôtres ont
transmis à leurs successeurs, les Évêques, et, à travers eux, à toutes les
générations, jusqu’à la fin des temps, ce qu’ils ont reçu du Christ et qu’ils ont
appris de l’Esprit-Saint.
13. Comment se réalise la Tradition apostolique ?
La Tradition apostolique se réalise de deux manières : par la transmission
vivante de la Parole de Dieu (appelée plus simplement Tradition) et par la
Sainte Écriture, qui est la même annonce du salut, consignée par écrit.
14. Quel rapport existe-t-il entre la Tradition et la Sainte Écriture ?
La Tradition et la Sainte Écriture sont liées et communiquent étroitement entre
elles. En effet, l’une et l’autre rendent le mystère du Christ présent et fécond
dans l’Église, et elles jaillissent d’une source divine identique. Elles
constituent un seul dépôt sacré de la foi, où l’Église puise sa certitude
concernant tout ce qui est révélé.
15. A qui est confié le dépôt de la foi ?
Depuis les Apôtres, le dépôt de la foi est confié à l’ensemble de l’Église. Avec
le sens surnaturel de la foi, le peuple de Dieu tout entier, assisté de l’EspritSaint et guidé par le Magistère de l’Église, accueille la Révélation divine, la
comprend toujours plus profondément et s’attache à la vivre.
Bibliographie
-
Constitution « Dei Verbum » sur la révélation divine, Concile Vatican II
Catéchisme de l’Église Catholique, § 75 à 83, 109 à 120, 174, 1124 à
1126, 2650 à 2651.
Motu Proprio « Summorum Pontificum », 2007
Instruction « Universae Ecclesia », 2011 (document joint page …)
Voir citations et bibliographie de la méditation : « Pourquoi aimer la
messe traditionnelle ? ».
116
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LA CHRÉTIENTÉ
Méditation
Chers pèlerins,
Sur la route de Chartres, on entend beaucoup parler de Chrétienté : pèlerinage
de Chrétienté, Notre-Dame de Chrétienté…
De quoi s’agit-il ? Pour répondre à cette question, plutôt qu’un exposé, je
vous propose un bref dialogue sur la route, entre un nouveau pèlerin et un
ancien pèlerin, par exemple son chef de chapitre.
Nouveau pèlerin :
- Pourquoi l’association N.D.C. insiste-t-elle tant sur la Chrétienté ?
Ancien pèlerin :
- Tout simplement, parce que la Chrétienté est le modèle de société qui
permet à chaque individu, qui le veut, de faire le plus aisément possible
son salut sur terre.
- D’accord, mais qu’est-ce que la Chrétienté ?
- C’est une question à la fois très simple et très compliquée. Néanmoins,
pour être concis, on peut dire qu’une chrétienté, c’est une société qui vit
ou, plus exactement, essaie de vivre selon l’Évangile.
-
C'est-à-dire ?
Eh bien, vivre selon l’Évangile, c’est appliquer les principes qui s’y
trouvent. Notre-Seigneur Jésus-Christ est venu "accomplir", au sens de
rendre définitive, la loi qui nous vient de l’Ancien Testament. Et Il l’a
complétée avec un commandement nouveau, celui de l’Amour.
Donc, vivre selon l’Évangile, c’est vivre en appliquant les
commandements de Dieu (Les dix commandements), à la lumière du
commandement nouveau : la Charité.
117
Association Notre Dame de Chrétienté
-
D’accord, mais alors ce n’est bon que pour les chrétiens !
Pas du tout ! Dieu a mis, dans l’âme de tout homme une loi qu’on appelle
la loi naturelle. C’est la loi qui, naturellement, quelle que soit notre
religion, nous fait, par exemple, protéger les faibles, aimer la beauté,
vouloir la paix,…Et Dieu, Créateur de toute chose, ne pouvant vouloir une
chose et son contraire, a donné à Moïse des commandements qui ne sont
que la traduction de cette loi naturelle. C’est pourquoi, vivre selon la loi
naturelle ou selon les commandements de Dieu, c’est équivalent.
-
Mais ces sociétés qui vivent selon l’Évangile, elles existent déjà ! Par
exemple, les familles (du moins certaines), les monastères, certaines
écoles…
C’est vrai, et on pourrait y ajouter aussi les troupes scoutes, le chapitre du
pèlerinage dans lequel nous marchons, et encore beaucoup d’autres petits
groupes. C’est bien, et il faut les encourager, mais ce n’est pas suffisant.
En effet, ces sociétés qui forment comme des micro-chrétientés ne
disposent que d’un pouvoir très limité dans le temps et dans l’espace. Ce
qu’il faut, c’est que la société qui dispose de tous les pouvoirs, c'est-àdire la nation elle-même, soit une chrétienté. En effet, c’est elle qui exerce
le plus d’influence sur notre vie de tous les jours, et c’est donc elle qui doit
vivre selon l’Évangile.
-
-
-
Alors ce qu’on veut, c’est une forme de société comparable aux sociétés
musulmanes !
Pas du tout ! Nous ne voulons pas de confusion entre les pouvoirs
temporels et les pouvoirs spirituels, comme dans les théocraties
musulmanes. Mais nous ne voulons pas non plus de la séparation
qu’essaient de nous imposer certains laïcistes. Nous voulons une
distinction entre les deux pouvoirs, tout en demandant que le pouvoir
temporel soit irrigué par le pouvoir spirituel. Nous voulons « rendre à
César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », sachant que César,
lui-même, doit un culte à Dieu. En bref, ni confusion, ni séparation, mais
distinction des pouvoirs et soumission de l’ensemble à Dieu : voilà ce
qu’est que la Chrétienté.
Bon d’accord. Mais moi, qu’est-ce je peux faire pour aboutir à la
Chrétienté ?
Ce qu’on présente comme l’âge d’or de la Chrétienté en France, c’est le
13ème siècle, le siècle de Saint Louis. Eh bien, Saint Louis n’a pas dit, un
matin au réveil : « A partir d’aujourd’hui, je crée une chrétienté ! »
118
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Il a, sa vie durant, essayé d’agir en chrétien. Et, comme il était roi, il a pu
créer les conditions qui ont permis à la société de suivre son exemple.
Même s’il manque actuellement un Saint Louis à la tête de la France,
faisons comme les français du XIIIème siècle : agissons, dans le milieu où
nous vivons, en chrétien, c'est-à-dire en respectant les lois de Dieu, et,
petit à petit, nous arriverons à changer la face de la société.
-
Eh bien, on n’est pas prêt d’y arriver !
Oui, et c’est pour cela qu’il faut s’y mettre tout de suite. Et puis, ne vous
découragez pas en route ; compte tenu de la nature de l’homme, il n’y a
pas de société parfaite. Cela n’empêche pas que nous avons tous le devoir
d’agir pour que chacun puisse faire son salut. Notre salut, c’est notre
« Bien Commun » ; la Chrétienté, c’est le moyen d’y parvenir. Tel est le
but et l’un des trois piliers de notre pèlerinage.
Chers pèlerins,
Restons maintenant en silence, pour méditer quelques instants sur ce que nous
venons d’entendre, avant de réciter la « prière pour la chrétienté » que vous
trouverez dans votre livret.
Prière pour la Chrétienté
« O Mon Dieu, permettez-moi maintenant de Vous prier, en forme de
méditation, pour la chrétienté. Donnez-moi les mots pour toucher Votre Cœur
; sur ce chemin de Chartres, nous venons vous la demander, cette chrétienté
qui nous rassemble et qui Vous ressemble.
Autour de nous ce mot sonne mal ; pour beaucoup, il signifie un passé révolu ;
plus grave, il résume tout ce que les chrétiens ont fait de pire au cours de
l’histoire. Pour nous, la chrétienté c’est ce que les chrétiens peuvent faire de
mieux, par l’imitation de Vos vertus et l’obéissance à ce que Vous nous
commandez. Pour nous, la chrétienté c’est la société conforme à Votre
volonté de sauver tous les hommes ; c’est la société où chacun peut orienter
sa vie, s’il le veut, selon le Décalogue et les Béatitudes.
Les docteurs, inspirés de Votre Église et Vos saints pontifes, nous ont appris,
depuis l’origine, que l’amour du prochain est la porte d’entrée de Votre
royaume éternel, que cet amour se traduit par des comportements précis et
que l’organisation temporelle d’une société n’est pas indifférente au salut
éternel de ses membres ; elle doit leur permettre de pratiquer sans obstacle le
bien selon leurs dons et leur vocation.
119
Association Notre Dame de Chrétienté
Bien plus, le salut temporel d’une société est lié au respect de Vos
commandements ; une loi morale supérieure, indépendante des fluctuations
d’une majorité, s’impose à ses décrets et à ses institutions.
Cette exemplaire doctrine sociale de Votre Église, aidez-nous à la connaître,
à la faire aimer et à y être fidèles. Vous nous avez ainsi conduits à ne pas
accepter l’état actuel de nos sociétés européennes ; elles s’avilissent dans le
rejet de toute référence publique à Dieu et à leur histoire chrétienne.
Aidez-nous à prendre conscience que ce rejet contredit Votre volonté formelle.
Certes, Vous n’êtes pas venu dans notre histoire pour investir le pouvoir
temporel et politique. Le tentateur Vous a montré les royaumes de la terre et
leur gloire ; il en revendique la domination ; il la donne à qui il veut. Mais
devant cette usurpation, Votre réponse oppose les droits absolus de Dieu sur
le réel et sur la nature.
Le pouvoir du mauvais sur les choses et les consciences lui vient de nos
transgressions et il faut la puissance de Votre sacrifice pour lui ravir son
empire. La réalité de ce pouvoir mauvais continue à nous paralyser, et peut
être avons-nous peur de l’affronter dans son domaine; peur de perdre nos
âmes dans le jeu politique, peur de la violence de la persécution. Ces dangers
sont bien réels, et on ne manquera pas de nous tenir rigueur de nos
dénonciations des ambiguïtés d’une laïcité trompeuse et d’une tolérance sans
issue. Seule la vérité fait le lit de la charité.
Aidez-nous à ne pas déserter le temporel ; c’est là que se joue notre éternité;
aidez-nous à témoigner de l’Espérance qui nous habite.
Si Vous avez dit à Pilate que Votre Royauté n’était pas de ce monde, Vous lui
avez dit aussi que lui-même n’aurait aucun pouvoir sur Vous si son autorité ne
lui avait pas été donnée d’en haut.
Vous avez confirmé à Vos apôtres que Vous n’étiez pas de ce monde mais
Vous avez prié Votre Père, non de nous retirer du monde, mais de nous
protéger du mal.
Vous leur avez recommandé aussi de ne pas exercer le pouvoir comme le font
les puissants mais de servir, même en exerçant l’autorité. Il y a donc une
façon chrétienne d’exercer la paternité et le pouvoir temporel.
Vous nous avez dit de rendre des devoirs à la puissance publique, à César.
Mais, en nous disant de rendre à Dieu ce qui lui est dû, Vous avez voulu nous
signifier que César, lui aussi, est soumis à Dieu.
120
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Pour nous chrétiens, vivants de la dévotion au Christ-Roi, nous disons même
que César Vous doit un culte public. Ce culte public nous le pratiquons nousmêmes dans les rassemblements de nos communautés. Pour nous, c’est ainsi
que commence la chrétienté. Les promesses de bénédictions de Votre Sacré
Cœur sont attachées à l’honneur que nous devons porter à Votre Amour, Vos
plaies, Votre Passion et Votre Sacrifice de propitiation.
Cette distinction du temporel (la nature, "César"), et du spirituel (la grâce,
Dieu), constitue le secret du bon fonctionnement d’une société chrétienne.
-
Aux laïcs revient le temporel, le lieu d’exercice de leurs responsabilités
de parents, d’éducateurs, de gestionnaires ; le lieu où se réalisent les
œuvres de miséricorde : nourrir, éduquer, loger, soigner, consoler, visiter
et ensevelir ; le lieu où se pratiquent les vertus morales universelles : la
prudence, la justice, la force et la tempérance.
-
À Vos prêtres est confié le pouvoir de donner la vie surnaturelle à nos
âmes, le pouvoir de nous donner la grâce sacramentelle, grâce actuelle et
grâce sanctifiante, le pouvoir du for interne, le pouvoir de gouverner
l’Église en Votre nom.
C’est la fréquentation du « Notre Père » qui donnera à notre société
chrétienne l’harmonie et la fécondité, par la distinction des ordres et la
complémentarité des dons. Réapprenez-nous le «Notre Père », la prière de
l’Espérance.
Donnez à notre génération la lucidité et la force de bâtir la chrétienté car là
est Votre volonté. Relevez nous et faites de nous des chrétiens selon Votre
Cœur. Placez à notre tête ce signe grandiose qui apparaît dans le ciel : c’est
une Femme, revêtue de soleil, la lune pour parure, couronnée d’étoiles ; c’est
Notre Mère ; nous lui appartenons.
O Seigneur, écoutez la prière du pauvre pèlerin que je suis,
pour que Votre règne arrive.
Que Votre volonté soit faite. Ainsi soit-il. »
CHRISTUS IMPERAT
121
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Citations
« On ne bâtira pas la société autrement que Dieu ne l’a bâtie » Saint Pie X
« Vous ne m’avez pas accueilli ! Ce jugement lui aussi fait son chemin à
travers l’histoire de nos familles ; il fait son chemin à travers l’histoire des
nations et de l’humanité. Les paroles du Christ concernent aussi des
institutions sociales, des gouvernements et des organisations internationales »
Jean-Paul II, "Lettre aux familles"
« D’autres nations attendent de votre exemple chrétien. Dans le contexte de la
société européenne, les valeurs évangéliques, encore une fois, deviennent une
contre-culture, tout comme elles l’étaient du temps de saint Paul. » Benoît
XVI (aux membres de "l’exception culturelle" de Malte, rare micro-chrétienté
à part dans le mondialisme de la culture de mort)
« On est toujours capable de revenir au bien lorsqu’on n’a pas quitté le vrai »
Mgr Freppel
« Je vous invite à prendre ici cette forte résolution : nous allons sauver tous
les petits enfants, tous les enfants à naître, nous allons leur donner une chance
de naître. (…) aujourd'hui, on tue des milliers d'enfants à naître (…) personne
ne parle des millions de petits êtres qui ont été conçus avec la même vie que
vous et moi, avec la vie de Dieu. Et nous ne disons rien. Nous l'admettons pour
nous conformer aux vues des pays qui ont légalisé l'avortement ». Mère Térésa
à Oslo en 1979, après avoir reçu le Prix Nobel de la Paix
Bibliographie
-
Catéchisme de l’Église Catholique § 2420, 2423 et 2442,
« La doctrine sociale de l’Église »,
« Christifideles laici », Exhortation apostolique, Bienheureux Jean Paul II,
la vocation et la mission des laïcs dans l’Église et dans le monde, éd.
Tequi, 1988,
Note doctrinale sur « l’engagement des catholiques dans la vie politique »,
2002, (document joint page 187)
« Pour qu’Il règne », Jean Ousset
« Demain la Chrétienté », Dom Gérard
« Une civilisation blessée au cœur », Jean Madiran
122
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LA VOCATION
Méditation
Chers amis pèlerins,
Un photographe faisait un jour le guet sur une pirogue avec son appareil. Un
faux mouvement et le voilà qui chavire. Le fleuve était infesté de crocodiles.
Sa seule chance de survie était de faire la planche sans bouger. Pendant les
deux heures qu'il attendit ainsi, il eut le temps de penser à sa vie. Qu'en avait-il
fait ? Il avait quarante ans et il n'avait rien construit, rien entrepris…
Chers pèlerins, n'attendons pas de paraître devant Dieu pour songer à bien
remplir notre existence. Rappelons-nous que nous ne repasserons pas deux fois
par le chemin de la vie. Tout le bien que nous pouvons faire, faisons-le…
I. VOCATION GÉNÉRALE : LA SAINTETÉ
« La volonté de Dieu, c’est votre sanctification » nous dit Saint Paul. Nous
devrions écrire cette petite phrase en lettres d’or à un endroit où nous puissions
la lire tous les jours.
- "Vous savez ce que je veux être plus tard ?" disait joyeusement Claire de
Castelbajac à une amie.
- "Oui, je le devine. Tu veux être religieuse. "
- "Non, c'est plus fort que ça. "
- "alors je ne devine pas…"
- "Je veux être sainte. Voilà ! C'est plus fort que d'être religieuse, hein ?"
Chers pèlerins, Dieu nous appelle à être des saints. C'est à cette condition que
nous le verrons au ciel. Au ciel, il n'y a que des saints !
Pour devenir un saint, le grand moyen est de suivre la volonté de Dieu. Et
là, intervient ce qu'on appelle plus ordinairement la vocation : à savoir l’état
de vie dans lequel Dieu veut que nous effectuions notre pèlerinage sur terre,
notre vocation personnelle, c'est-à-dire ce à quoi Dieu nous appelle.
En effet, le mot vocation vient du latin "vocare" qui veut dire appeler.
123
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En créant l'homme et la femme, au commencement du monde, Dieu leur a
donné le commandement de s'unir pour donner la vie à des enfants qui
rempliraient la terre.
Jésus a sanctifié cette vocation par le sacrement de mariage : source de
sainteté, de grandeur, de fécondité religieuse pour les époux et moyen de
donner à Dieu des âmes qui Le glorifieront dans l’éternité.
II. VOCATION PARTICULIÈRE :
RELIGIEUSE
OU
SACERDOTALE
À côté de la voie commune du mariage, inscrite dès l'origine dans la nature
complémentaire de l'homme et de la femme, il y a cet appel plus particulier de
la vocation "religieuse" ou "sacerdotale". Dieu appelle un jeune homme ou une
jeune fille, d'une façon spéciale, et lui dit : « Suis-moi ! ».
Pour faire comprendre ce qu'est la vocation religieuse, Dom Marmion prend
une très belle image. « Lorsqu'un homme et une femme se marient, remarque-til, ils quittent père et mère afin de s'attacher l'un à l'autre. Et aucune union ne
surpasse celle-là en intimité, en tendresse, en fécondité ».
Eh bien ! C’est à une telle union que Dieu, fait homme, invite l'âme du
religieux ou de la religieuse. Rien n'est plus grand. On comprend que certaines
âmes, comme la bienheureuse Anne-Marie Javouhey, ait pu dire : « Je crois
qu'il faudrait m'arracher le cœur pour m'ôter le désir d'être religieuse ».
Dans l’Évangile un jour, un jeune homme riche vint trouver Jésus et lui
demanda : « Bon maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ? »
Notre-Seigneur lui dit, « observe les commandements. » « Tout cela, je l’ai
fait », lui répondit le jeune homme. L’évangéliste note alors que Jésus le
regarda et l’aima et Il lui dit, « si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu
as et suis-moi. »
C’était l'appel à la vocation religieuse lancé dans le regard d’amour de Jésus
sur cette âme. C'était l'appel à suivre le Christ en embrassant les conseils
évangéliques de l'obéissance, de la pauvreté et de la chasteté.
Le sacerdoce, lui, est un appel de Jésus à devenir « ouvrier de la moisson ».
Souvenez-vous comment Jésus disait à ses apôtres : « La moisson est
abondante, mais les ouvriers peu nombreux. Priez le Maître de la moisson
d'envoyer des ouvriers à sa moisson ! »
Il est bon qu'un garçon pose une fois au moins la question au Seigneur :
"Voulez-vous de moi comme prêtre ?" Il n'y a pas à craindre d'être embrigadé.
Le Seigneur n'embrigade pas : Il attire ou n'attire pas et, dans ce cas, rien ne
se passe.
124
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III. RÉPONDRE À SA VOCATION EST SOURCE DE JOIE
Soyez en bien persuadés : vous ne serez heureux sur terre que là où le
Seigneur vous appelle à être. Si les parents de Ste Thérèse avaient refusé leur
belle vocation au mariage, nous n’aurions pas eu de Sainte Thérèse de
l’Enfant-Jésus…et si le Saint Curé d’Ars avait refusé la sienne, combien de
milliers d’âmes, qui se sont plus tard converties à son contact, se seraient peutêtre perdues !
Alors, priez et demandez à Dieu, avec un cœur très sincère et très ouvert,
qu’Il vous montre le chemin qu’Il a préparé pour vous.
Puis n'hésitez pas à demander conseil à un prêtre qui vous aidera à discerner.
Enfin, si possible, n'hésitez pas à faire une retraite : rien de tel qu'une bonne
retraite pour voir clair sur sa vocation. C'est un puissant moyen de
discernement. La vocation, notre vocation personnelle est une des plus
grandes affaires de notre vie.
Chers pèlerins, quand l’ange Gabriel annonça à la Sainte Vierge le dessein de
Dieu sur elle ; elle avait 15 ans à peine et elle répondit simplement :
« Qu’il me soit fait selon votre parole.»
Sans ce fiat, elle n’aurait pas été la Sainte Vierge et nous n’aurions pas eu de
Sauveur.
Restons en silence quelques instants pour méditer tout cela et nous mettre sous
l'inspiration du Saint Esprit.
Citation
« Nous sommes créés pour aimer Dieu et devenir des saints. Nous nous
épouvantons à ce mot de saint et nous pensons que c’est une chose
extraordinaire et impossible. Mais regardez bien ceci : les saints ordinaires ne
sont pas devenus saints tout d’un coup. Non, ils y sont parvenus peu à peu par
l’exercice des vertus : la patience, l’amour de Jésus, de la Vierge Marie. Ils
avaient des défauts, mais ils les ont extirpés ; ils avaient des passions, mais ils
les ont domptées ; ils vivaient dans un monde pervers, mais ils en ont
triomphé. La grâce de Dieu ne manque à personne. Ce que les saints ont fait,
essayons de le faire et nous deviendrons des saints. » Saint Benoît-Joseph
Cottolengo.
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Bibliographie
-
« La vie monastique à l'école de saint Benoît », Dom Paul Delatte, éd. de
Solesmes
« Lettre aux jeunes sur les vocations », Thierry-Dominique Humbrecht
o.p., éd. Parole et silence
« L'avenir des vocations », Thierry-Dominique Humbrecht o.p., éd. Parole
et silence
« La vie religieuse d'après saint Thomas d'Aquin », Laurent-Marie
Pocquet du Haut-Jussé, préface de Jean-Pierre Torrell o.p., éd. Téqui
« L'appel du Seigneur : entretiens sur la vocation », Dom Guy Mesnard,
éd. de Solesmes
« Viens, suis-moi : à la source du sacerdoce ministériel », Mgr Patrick
Chauvet, éditions Parole et silence.
« Connaître et aimer sa vocation », Ludovis Lécuru, éd. Le SarmentJubilé
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CONSTRUIRE SA VIE PAR UNE RÈGLE DE VIE PERSONNELLE
Méditation
Chers pèlerins,
Nous approchons du terme de notre pèlerinage, et vous avez probablement
commencé à vous poser la question de savoir comment vous allez faire pour
mettre en pratique toutes ces bonnes résolutions que vous avez prises au cours
de ces trois jours
Oui, il va vous falloir changer de vie, il va vous falloir aller au bout de votre
conversion, pour que votre vie prenne tout son sens et que votre action,
désormais mieux orientée, devienne ainsi plus efficace.
Oui, vous le voulez ; mais seul, cela vous sera peut-être difficile. Nous
retombons si facilement dans nos travers.
Alors ! Pourquoi ne pas prendre la décision de mettre en place une règle de
vie personnelle ? Elle vous aidera à répondre à votre vocation (quelle qu’elle
soit) et vous fera vivre en conformité avec ces résolutions que vous avez
prises, et, qu’avec la grâce de Dieu, vous tiendrez.
I. TOUT D'ABORD, EN QUOI CONSISTE UNE RÈGLE DE VIE ?
Elle consiste dans le choix de moyens précis pour tendre chaque jour à la
sainteté, selon les exigences de l'état de vie qui est le nôtre. Or, adopter une
telle règle est absolument nécessaire, sans quoi nos bonnes résolutions ne
restent souvent que de pieuses velléités. Gustave Thibon le disait de façon
lapidaire: « Là où la règle est brisée, l'amour avorte ».
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II. COMMENT METTRE EN PLACE UNE TELLE RÈGLE ?
Voici d'abord trois présupposés qui en commanderont toute la mise en œuvre :
- Votre règle reposera tout entière sur une prise de conscience, celle que
seule la vie que Notre Seigneur vous propose est intéressante. Ainsi, loin
de constituer un carcan, elle sera au contraire la marque d'une préférence,
d'un désir authentique de vivre comme Dieu vous le demande.
- Ensuite, elle doit être personnelle, donc taillée sur mesure pour chacun.
Aussi, l'aide d'un père spirituel est indispensable, tant pour l'élaborer
concrètement que pour la suivre ensuite fidèlement.
- Enfin, sa réussite résidera dans son équilibre.
III. COMMENT SERA-T-ELLE FRUCTUEUSE ?
Pour être fructueuse, elle portera au moins sur ces quatre points principaux de
vos vies que sont la vie spirituelle, le combat spirituel, la formation
personnelle et vos devoirs d'état :
1.
La vie spirituelle
N'oubliez jamais en effet, chers pèlerins, que l'union personnelle à Notre
Seigneur Jésus est le cœur de la vie chrétienne. Cultiver cette union sera
donc la priorité absolue.
Pour ce faire, vous devrez cultiver avec soin trois moyens principaux :
-
une vie de prière quotidienne que rien ne saurait supprimer : prière du
matin et du soir, un temps d'oraison, chapelet…, à vous de choisir ce que
raisonnablement vous pouvez faire.
-
une vie sacramentelle régulière : confession (une fois par mois est une
bonne moyenne) ; des communions bien préparées, suivies d'une action de
grâce réelle.
-
une direction spirituelle vous sera d'un grand secours. Elle vous aidera à
approfondir une vraie vie de prière, ainsi qu'à mener efficacement le
combat spirituel sans lequel il ne peut y avoir de vie chrétienne.
2.
Le combat spirituel
Nul ne peut y échapper en raison de notre blessure par le péché originel. Il faut
donc, chers pèlerins, l'affronter de face et ne pas se voiler les yeux.
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Voici les quatre points où vous pouvez faire porter vos efforts :
- Supprimer les occasions de pécher : par exemple, en supprimant les
fréquentations dangereuses, les sorties, spectacles et films douteux.
- En organisant bien vos journées : par exemple, en veillant à ne pas
perdre de temps sur l'ordinateur avec des jeux, ‘Facebook’, des sites
etc. L'ordinateur est, pour beaucoup d’entre nous, la source la plus
nuisible pour l'équilibre de vie. Il faut vraiment faire des choix et vous
libérer de cette nouvelle drogue. Attention aussi à la dépendance vis-àvis des portables, des ‘iPod’… Rien de tel pour détruire de vraies
communications et n’établir que des relations superficielles.
- En combattant tels défauts : par exemple, l'orgueil, l'avarice,
l'impureté, l'envie, la gourmandise, la colère, la paresse…
- Enfin, en vous appliquant à acquérir telles vertus : par exemple, la
prudence, la justice, la force, la tempérance etc.
3.
La formation personnelle
Si la question de la formation personnelle a toujours été importante, elle
devient aujourd'hui d'une urgence absolument cruciale.
Face au délabrement de la pensée et à l'affaissement inouï de la culture de
masse, il est urgent, chers pèlerins, de réagir. Ce qui signifie concrètement que
votre règle inclura le souci de structurer et nourrir votre vie spirituelle et
votre vie intellectuelle en général.
Une saine utilisation de votre temps vous permettra d'user des moyens
adaptés qui sont abondants : lectures, conférences, sessions, universités d'été,
groupes de formation etc. Prenez, par exemple, dix minutes tous les soirs pour
lire sérieusement un livre de formation. En un mois vous aurez lu un livre
entier !
4.
Les devoirs d’état
Enfin, votre règle vous aidera à avoir un véritable culte pour vos devoirs d'état.
N'oubliez pas que la sainteté que Dieu veut pour vous n'est pas éthérée, mais
passe par un accomplissement très fidèle de vos devoirs d’état, dans un
esprit surnaturel.
Que l'étudiant prenne donc les moyens d'être sérieusement à ses études ; le
père de famille de vivre sa profession en vrai chrétien, et sans négliger son
épouse et sa vie de famille ; et que la mère de famille s'organise de manière à
bien s'occuper de ses enfants et à avoir du temps pour son mari.
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De plus, chacun se rappellera que le Bon Dieu attend de vous qu'ayant reçu
gratuitement, vous sachiez donner gratuitement.
Ainsi, une activité missionnaire adaptée à chacun (même très ponctuelle) est
indispensable pour vous rappeler que vous n'êtes pas seul, et que bien des
gens qui vous entourent ont besoin de vous.
Chers pèlerins,
Vous voyez donc, en définitive, qu'une règle de vie est la traduction pratique
du désir de vivre authentiquement sa vie chrétienne à tous les niveaux. Il est
donc essentiel d'adopter une règle de vie.
Aussi, si ce n’est déjà fait, demandez à la très Sainte-Vierge Marie qu’elle
vous obtienne la grâce de le faire, avant la fin de ce pèlerinage ; elle ne
manquera pas de vous l'accorder. Et maintenant gardons donc le silence, afin
de revoir ou de mettre en place notre Règle de vie personnelle.
Citation
« Le goût de la vérité dans tous les ordres, religieux, intellectuel, moral,
politique, c'est cela essentiellement qui est l'armature d'une civilisation, c'est
cela qui a fait la chrétienté, et c'est cela, dans le rayonnement de l'amour, qui
sera le principe de sa renaissance ». Dom Gérard Calvet
Bibliographie
- « Une règle de vie », Dom Gérard Calvet, éd. Sainte-Madeleine.
Ouvrage destiné à toute personne désireuse d'adopter une règle de vie.
- « Manuel de survie d'une mère de famille. Comment tenir sa maison en
ordre et son âme en paix », Holly Pierlot. éd. de l'Emmanuel.
- « Lettre aux 18-20 ans de l'an 2000 », Dom Gérard Calvet, éd. SainteMadeleine.
- « Lettre aux jeunes sur les vocations », Père Thierry-Dominique
Humbrecht, éd. Parole et Silence.
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3ème PARTIE : LECTURES COMPLÉMENTAIRES
A. LE PÈLERINAGE
QU’EST-CE QU’UN PÈLERINAGE ?
Pourquoi ?
Un pèlerinage est une marche c'est une marche religieuse ; c'est la marche
religieuse d'un peuple.
« Chers Pèlerins de Chartres,
Avant que le soleil ne monte à l'horizon et que vous ne posiez vos pas sur la
route, vos aînés ont voulu que nous vous adressions quelques réflexions. Nous
nous interrogeons donc: “ Qu'est-ce qu'un pèlerinage ? ” Et la tradition nous
répond : “ un pèlerinage est une marche, c'est une marche religieuse, c’est la
marche religieuse d'un peuple ”.
I. LE PÈLERINAGE EST UNE MARCHE
Pour ce qui est de se mettre en route, nous vous faisons confiance. Mais il faut
qu'une marche aboutisse au terme désiré : très peu d'hommes vont jusqu'au
bout de leurs idées, de leurs sentiments et de leurs projets. Et puisque vous
mettez vos pas dans ceux de nos anciens, nous invoquerons le témoignage d'un
homme qui avait pris l'habitude d'aller jusqu'au bout de lui-même, qui ne
prenait son parti de rien. Pour Charles PÉGUY, la route était une règle et un
rite ; écoutons-le :
“ Vous nous voyez marcher sur cette route droite,
Tout poudreux, tout crottés, la pluie entre les dents.
Sur le large éventail ouvert à tous les vents,
La route nationale est notre porte étroite. ”
Aussi l'honneur du pèlerin est-il de ne pas revenir sur ses pas :
“ D’ ici vers vous, O Reine, il n'est plus que la route.
Celle-ci nous regarde, on en a fait bien d'autres.
Vous avez votre gloire, et nous avons les nôtres.
Nous l'avons entamée, on la mangera toute. ”
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Nous souhaitons que vous marchiez sur les traces de PÉGUY, d'un pas souple,
alerte, régulier, parce que la vie est un combat, et que la marche est l'image de
la vie.
II. LE PÈLERINAGE EST UNE MARCHE RELIGIEUSE
"Mais priez mes enfants !" disait la Très Sainte Vierge à Pontmain. À nous
aujourd'hui, plus qu'hier, s'adresse ce reproche voilé, sous une ferme
insistance, que les petits voyants purent lire jadis, inscrit dans le ciel autour de
la célèbre apparition. Nous sommes malades d'une carence de prière.
Il faudrait prier comme on respire. Vous verrez combien marcher sur les
routes permet de prier instinctivement, presque sans le savoir ; d'un cœur libre,
l’esprit et le corps rythmés par la cadence d'une prière litanique, qui stimule en
même temps qu’elle apaise ; dans l'unité d'un acte qui vous résume tout entier,
et vous relie à Dieu plus profondément que les raisonnements.
Les grands pèlerinages – qui ne sont qu’une extension de la procession
liturgique - expriment le mouvement essentiel de la créature retournant à Dieu
dans l'effort de conversion laborieuse. Aujourd'hui vous marcherez en priant et
en chantant, vers la Cathédrale de Marie, qui symbolise le ciel et le préfigure.
Vous avez la marche et la halte avec sa méditation ; vous avez le chant, la
charité fraternelle, l'Hostie et le Chapelet. Tout cela exprime excellemment la
condition du Chrétien, qui est de mériter le ciel en le regardant et en se hâtant
vers lui.
III. LE PÈLERINAGE EST LA MARCHE RELIGIEUSE D'UN
PEUPLE
Charles PÉGUY s'était mis en route pour confier à la Sainte Vierge sa détresse
de père de famille, ses enfants malades, “ Prenez-les, je n'en peux plus! ”
disait-il, et la guérison d'une blessure secrète qu'il portait cachée au fond de
son âme tourmentée. Vous autres, pèlerins, vous irez vers Marie pour confier à
sa maternelle royauté l'immense infortune d'un peuple abandonné par ses chefs
naturels.
Car, nous aussi, nous n'en pouvons plus ! Nous mourons asphyxiés, dans une
France aux discours menteurs qui ne parle que de l'homme, et qui abaisse
l'homme. Nous vous chargeons d'une mission bien précise : nous vous
demandons de représenter notre Pays pendant trois jours sur la route de
Chartres : il faut que votre départ exprime un refus et un renoncement.
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Que la Jeunesse de France se lève et dise non à la turpitude, non à la
médiocrité, non à ce qui souille les imaginations, non à ce qui amollit le cœur
et qui fausse l'esprit. Non à la drogue, non au mensonge publicitaire, non au
confort, à la vie facile, aux amours coupables, aux morales permissives, aux
dogmes vidés de leur transcendance. Non aux écoles sans Dieu, non aux
professeurs qui rayent le passé de la France, non aux lois iniques qui
désintègrent la famille, tuent l'enfant et dévergondent la mère ; qui remplacent
l'adoration de Dieu par les droits de l'Homme, le devoir par le caprice, les joies
austères par les plaisirs sensuels.
Et quand, fatigués par la marche, et purifiés par le sacrement, vous apercevrez
au détour de la route, à ras du sol, plus haut que tous les saints, plus haut que
tous les rois, « la flèche irremplaçable et qui ne peut faillir », que les vœux des
pèlerins s'échappent alors comme un vol de colombes vers l'horizon, en faveur
de cette terre ingrate, afin qu'elle retrouve sa vocation surnaturelle, son beau
titre de fille aînée de l'Église, la pureté de sa Foi et la générosité de son élan
missionnaire, sans lesquels nous serons toujours orphelins de sa vraie
grandeur.
Arrivés au sanctuaire de Marie, veuillez, chers pèlerins, déposer à ses pieds un
peu de nos larmes, un peu du sang de notre cœur, et ce goût amer mêlé à notre
tendresse pour l'ancien royaume de France. »
Frère Gérard, moine bénédictin
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AUX SOURCES DU PÈLERINAGE DE CHRÉTIENTÉ
I. SES PRINCIPES ET SA NATURE
L’idée du pèlerinage est née au Mesnil-Saint-Loup à la troisième université du
Centre Henri et André Charlier. Ces trois noms propres claquent déjà
comme un drapeau qui en donne l’esprit. Mais il faut rappeler qu’à la première
université du Centre Charlier (en 1980) était déjà née l’idée de « l’Amitié
Française » (incarnée lors d’une fameuse journée à la Mutualité) et à la
seconde (1981) celle du quotidien « Présent ». Après la fondation de l’Amitié
française et la création de « Présent », il s’agissait aussi pour le Centre
Charlier de placer ce nouvel élan militant sous la protection de Notre Dame.
C’est donc au Mesnil-Saint-Loup que Bernard Antony, fondateur et président
du Centre Charlier, nous a demandé de concevoir et organiser, pour les trois
jours de la Pentecôte, ce pèlerinage à pied de Paris à Chartres, baptisé « de
chrétienté », avec l’équipe du Centre.
D’emblée le pèlerinage de chrétienté se présentait comme un pèlerinage de
tradition organisé par des laïcs engagés dans le temporel, à la fois dans une
volonté de résistance nationale et chrétienne (à l’exemple de Czestochowa)
et dans un esprit missionnaire et de réconciliation.
Le pèlerinage devait se nourrir de plusieurs inspirations : l’héritage des
Charlier et de Péguy, bien sûr, avec la tradition étudiante (entretenue alors
par le MJCF), mais aussi la tradition scoute (avec l’exemple du Puy
notamment en 1942), celle des pèlerinages majeurs comme Compostelle et
surtout l’exemple contemporain de Czestochowa en Pologne d’où quelquesuns d’entre nous revenaient, émerveillés par la ferveur d’un peuple qui associe
sa marche religieuse au sort de la nation...
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II. CHRÉTIENTÉ ET DOCTRINE SOCIALE
Notre pèlerinage est de chrétienté non comme un pèlerinage parmi d’autres
dans une chrétienté qui, hélas, n’existe plus, mais comme un pèlerinage qui
souhaite le retour, l’avènement d’une chrétienté nouvelle et qui agit, prie et
combat en ce sens.
La chrétienté, selon la définition de Gustave Thibon, c’est un « tissu social où
la religion pénètre jusque dans les derniers replis de la vie temporelle (mœurs,
usages, jeux et travaux...), une civilisation où le temporel est sans cesse irrigué
par l’éternel» C’est une alliance du sol avec le Ciel, une alliance des nations
avec la Sagesse éternelle. C’est le régime politique au sens large qui, inspiré
spirituellement par l’Église, mais temporellement autonome, permet à la
double et unique loi de Dieu de régner : celle du Décalogue (résumé de la loi
naturelle) et celle de l’Évangile (avec sa loi d’Amour et sa charte des
béatitudes).
C’est la proclamation de la royauté de Jésus-Christ sur les âmes, sur les
institutions et sur les mœurs. C’est le corps charnel de l’Église...
Notre pèlerinage est en outre de chrétienté, comme « parabole vivante» (Dom
Gérard), modèle de « micro-chrétienté », appliquant pro domo les principes
de la chrétienté. Il ouvre en somme la voie, en commençant par lui...
Outre la conversion indispensable des âmes, la finalité propre du pèlerinage
de chrétienté est donc le bien commun temporel et surnaturel de la cité
charnelle, dans une juste distinction et (sub)ordination du temporel et du
spirituel. C’est un pèlerinage de laïcs responsables du temporel, militants du
temporel chrétien dans l’Église militante et dans leur nation. Car la chrétienté
et sa restauration passent par la nation - Jeanne d’Arc en témoigne - et
particulièrement par la France, comme l’avait désiré Péguy : « II faut que
France et chrétienté continuent ! ».
Selon l’adage classique, si ce sont les prêtres qui prêchent la croisade, ce sont
les fidèles qui la font avec des chefs laïcs pour la diriger. Ainsi en va-t-il du
pèlerinage de chrétienté qui rompt, à cet égard, avec la mauvaise habitude
d’une certaine Action catholique où les clercs, faute d’un pouvoir temporel
chrétien du laïcat, s’arrogeaient abusivement ce pouvoir, mettant indûment les
laïcs sous leur tutelle.
« Il y a un aumônier sur chaque navire mais on ne lui demande pas de fixer la
ration de vivres de l’équipage, ni de faire le point », résume à sa façon Jean
Anouilh. Il en est de même dans nos chapitres et, en dehors du pèlerinage,
dans nos combats de la cité.
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À ce propos, notre pèlerinage s’inspire aussi beaucoup de l’œuvre de Jean
Ousset, dont l’un des grands buts fut de rétablir le pouvoir temporel
chrétien du laïcat.
Selon le modèle de la chrétienté, l’ordre chrétien se divise en deux pouvoirs : à
l’échelle du pèlerinage, le temporel revient d’abord aux chefs de chapitre (sous
la direction du Président) dans une juste autonomie, quasiment une
souveraineté même si elle est limitée, et le spirituel revient essentiellement aux
aumôniers (sous la direction de l’aumônier national) soumis à l’autorité de
l’Église. C’est la « sainte alliance » entre le clerc et le laïc dans ce binôme
chef-aumônier qu’on retrouve aussi dans le (vrai) scoutisme catholique, non
sans une commutativité possible des tâches par suppléance.
Il y a, en outre, dans l’ordre temporel du pèlerinage une application pro domo
de la doctrine sociale de l’Église avec le « système des chapitres » (analogue
au système des patrouilles du scoutisme) qui applique admirablement le
principe de totalité et le principe de subsidiarité.
Ce « système des chapitres » (par affinité régionale et sans distinction de
classes, d’âges et de mouvements), illustre bien la conception organique que se
fait le pèlerinage de la société et de son ordre hiérarchique (conformément à la
doctrine sociale de l’Église), aux antipodes d’une conception totalitaire,
mécaniciste. Le rôle-pivot du chef de chapitre (qui a charge d’âmes) est à cet
égard le rôle essentiel du pèlerinage (comme celui du chef de patrouille dans le
scoutisme), entre les pèlerins et l’état-major qui oriente l’ensemble.
Enfin, autre héritage de la Cité catholique : le pèlerinage de chrétienté est une
œuvre auxiliaire, qui se refuse, depuis son origine, à être un mouvement
parmi les autres. Limitant son organisation, son encadrement et son « suivi » à
sa seule finalité de pèlerinage de chrétienté, il est en revanche au service des
mouvements, des partis, des organisations militantes, de tous ceux qui, dans le
respect de la diversité des initiatives, ont le souci de la complémentarité des
forces. « Au-dessus des partis », par sa finalité temporelle et spirituelle, il
propose, dans l’esprit de l’Amitié française, à tous ceux-là de venir se
ressourcer, voire se réconcilier, dans une marche de chrétienté où les partis
disparaissent justement et se fondent pour trois jours dans le cadre des
provinces et des chapitres locaux et familiaux qui reproduisent ou plutôt
représentent (sous leurs bannières avec leurs saints patrons) des corps
intermédiaires naturels (fondés sur la géographie et un réseau social : villes,
paroisses…), où est exclu toute dialectique artificielle.
Cellule de base du pèlerinage, le chapitre est sensé reconstituer socialement,
pour lui-même aussi, une micro-chrétienté (comme on dit analogiquement que
la famille est une Église domestique).
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D’où l’importance d’éviter précisément (dans la mesure du possible) les
regroupements unitaires par âges (à l’exception du « chapitre enfants » pour
des raisons évidentes), par mouvements, par secteurs professionnels (selon
l’expérience malheureuse aussi de l’Action catholique…) pour susciter la
solidarité des générations, des classes sociales, etc…
C’est la chrétienté qui vient principalement spécifier notre pèlerinage. Si
la tradition et la mission sont aussi des éléments essentiels, constitutifs de son
être, ils peuvent en effet se retrouver dans d’autres pèlerinages qui ne sont pas
de chrétienté. On voit mal en revanche comment un pèlerinage de chrétienté
aujourd’hui, dans notre monde sécularisé et désorienté, pourrait ne pas être de
tradition et de mission, de résistance et de reconquête...
III. TRADITION ET ÉGLISE
Né en 1982 dans une crise majeure de l’Église, le pèlerinage de chrétienté a été
organisé par des catholiques de tradition (s’il est permis ce pléonasme) qui
n’avaient pas besoin de « mandat » pour ce faire (et n’en demandaient pas),
mais qui savaient (éclairés par des maîtres laïcs et religieux) ce qui dépendait
d’eux et ce qui n’en dépendait pas.
Dans la révolution culturelle qui touchait et que subit encore l’Église depuis le
milieu du XXème siècle, ils faisaient leur ce résumé de Jean Madiran dans sa
postface à la réédition de L’Hérésie du XXème siècle :
« L’Église de Jésus-Christ est une, sainte, catholique et apostolique. À chaque
époque. Cette apostolicité, cette catholicité, cette sainteté, cette unité animent
ou désertent plus ou moins la structure de fondation divine sur laquelle repose
temporellement sa continuité visible : la succession apostolique et la primauté
du Siège romain. Cette succession, cette primauté ne sont pas exemptes de
défaillances graves ; aujourd’hui universellement catastrophiques. Mais ce
qu’elles font mal, ou ce qu’elles ne font pas, personne d’autre ne peut le faire
à leur place. »
Membres de l’Église enseignée, il dépendait néanmoins de nous, avec les
moyens du bord, dans le courant de résistance où nous nous trouvions, de
sauvegarder pour nous et nos enfants les points fixes du peuple chrétien :
le missel, le catéchisme, la Bible, qui fondent précisément le temporel
chrétien. Nous refusions dans les nouveautés obligatoires, les armes par
destination qu’elles constituaient objectivement (par leurs décrets ambigus et
leurs interdictions corollaires) contre ce qui avait fait jusque-là la nourriture
spirituelle et sacramentelle des fidèles, y compris des saints.
Comme Mgr Lefebvre et avec ses prêtres parmi d’autres, nous demandions
respectueusement et légitimement qu’on nous laisse la faculté de « faire
l’expérience de la tradition ».
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Et quand cela nous était refusé, nous répondions : "Non licet ": ce n’est pas
permis ! Non point par désobéissance obtuse, mais au contraire pour rappeler
l’ordre, comme des (tout petits) disciples d’Antigone (ou plutôt de saint
Thomas More) face au Créon ecclésial. Et nous passions outre, comme Jeanne
d’Arc, en demandant en tant que laïcs, l’assistance spirituelle des prêtres qui
comprenaient notre insurrection morale mais ne pouvaient, par leur état,
organiser cette insurrection.
On retrouve ici la distinction du temporel et du spirituel très bien résumée
encore par Jean Madiran :
« 1) D’une part, nous ne pouvons jamais, nous catholiques, avoir d’autres
chefs religieux que le Pape, les évêques et les chefs nommés par eux. Quand
ceux-ci s’abstiennent (en ne faisant rien contre la désintégration du
catéchisme) ou bien commandent un péché (en imposant un faux catéchisme et
un Évangile falsifié), c’est une catastrophe pour tous, il ne s’agit pas de s’en
dissimuler l’étendue : mais aucun prêtre ne peut de lui-même les remplacer en
tant que chefs religieux.
2) D’autre part, au contraire, les pouvoirs temporels du laïcat chrétien
demeurent ce qu’ils sont, en fait et en droit, quelles que soient les défaillances,
les manœuvres ou les impostures de divers représentants de l’Église
hiérarchique. Nous pouvons avoir des chefs laïcs, cela ne regarde que nous ;
rien ne nous empêche, tout nous presse de créer, dans la mesure où nous en
sommes capables, des autorités [des institutions] temporelles. Elles n’ont bien
sûr aucun pouvoir religieux…. » (Itinéraires, juillet 1969).
Ainsi, est né le pèlerinage de chrétienté, organisation temporelle, non pour
prendre une décision religieuse, trancher les questions religieuses, mais pour
permettre aux fidèles laïcs de mieux survivre dans la crise religieuse, de ne
pas demeurer isolés dans le malheur, de mieux remplir spirituellement leurs
tâches temporelles.
En nous en remettant (aujourd’hui comme hier) pour le jugement souverain à
la succession apostolique et à la primauté du Siège romain, nous refusons de
nous séparer de l’Église, mais nous refusons dans le même temps, par droit
naturel et surnaturel, de suivre ceux qui s’en séparent, quel que soit leur rang
hiérarchique, en nous imposant une nouvelle messe, un nouveau catéchisme,
une nouvelle Bible qui servent à interdire la messe, le catéchisme et la Bible de
tradition.
Un tel pèlerinage, une telle organisation temporelle, a néanmoins besoin de
prêtres ? Assurément : comme aumôniers. Et non comme chefs.
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Comme aumôniers pour distribuer les sacrements, pour éclairer, instruire et
réconforter spirituellement nos pèlerins selon une autorité morale de conseil,
de suppléance, mais qui ne peut prétendre à une autorité de décision, voire de
juridiction, comme le curé dans sa paroisse ou l’évêque dans son diocèse...
Il faut redire en effet que le « traditionalisme » n’est pas un parti avec son chef
ou ses chefs de file. Il n’est pas un groupement hiérarchisé avec ses curés
parallèles, voire ses évêques parallèles, comme une Église particulière,
parallèle, voire dissidente. La tradition étant une des sources constitutives de
l’Église, un pèlerinage de tradition ne peut être que d’Église.
Le catholicisme étant forcément traditionnel, la tradition ne peut que respecter
la structure de l’Église visible (malgré ses défaillances) et se mêler (malgré ses
résistances) à cette Église.
Aussi, dans cette révolution culturelle qu’a connu et connaît encore l’Église,
s’est-il nécessairement constitué, dans l’Église, par suppléance (en dehors des
rares paroisses traditionnelles), plusieurs demeures temporelles et spirituelles
de la tradition, avec des prêtres et même des prieurés, mais sans se substituer
néanmoins à la hiérarchie.
Il y a plusieurs demeures spécifiques de et dans la tradition (d’importance
inégale), mais il n’y a pas de monopole de la tradition, sinon celui
(aujourd’hui défaillant) de l’Église !
Dès le début, le pèlerinage a voulu coopérer avec toutes ces « demeures »
particulières dans un souci d’unité et de réconciliation pour le bien commun
de la tradition et donc le bien commun de l’Église.
Pour cela, les chefs laïcs du pèlerinage, en tant que tels, malgré certaines
dérives, se sont toujours voulus et se veulent indépendants de toute société
cléricale (y compris de la Fraternité Saint Pie X et de la Fraternité SaintPierre). Sans nier pour autant les liens de reconnaissance et d’amitié envers
l’une ou envers l’autre (comme envers d’autres communautés religieuses ou
d’aumôniers en particulier).
Le pèlerinage, de par la liberté temporelle des laïcs, s’est toujours voulu un
pont qu’il faut évidemment garnir de parapets. Il est un ambassadeur et un
avocat de la tradition auprès de la hiérarchie.
IV. MISSION ET NOUVELLE ÉVANGÉLISATION
Le pèlerinage de chrétienté est un pèlerinage missionnaire avant tout, comme
cause exemplaire, par la vérité de son message, par la beauté de sa liturgie, par
la bonté de ses mœurs, par l’illustration d’une chrétienté en marche, même si
cela reste un microcosme.
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Mais enfin, il est malgré tout, missionnaire par mode d’appel et
d’efficience, comme institution vivante et remarquable qui attire, forme,
convertit puis envoie ses fidèles en mission dans le monde. Le bien demande
en effet à se communiquer : il entraîne au bien. En termes imagés, « le pelé,
c’est une station-service qui distribue du carburant, et quel carburant ! » Bref,
le pèlerinage est missionnaire comme une « structure de bien », le contraire de
ce que Jean-Paul II appelle une « structure de péché ».
À ces autoroutes du mal que nous construit systématiquement la culture de
mort, il convient d’opposer envers et contre tout, jusqu’au témoignage du
martyre s’il le faut, les sentiers du bien et les structures de sainteté que
balisent les béatitudes avec le Décalogue. C’est la nouvelle évangélisation
face à la méta-tentation de la culture de mort qui conjugue toujours plus le
péché d’Adam au pluriel : vouloir, comme des dieux, se donner à soi-même
sa propre loi !
Mais l’erreur serait de réduire ces structures de bien à la seule morale en
oubliant précisément la dimension politique de cette nouvelle évangélisation,
indiquée aussi par Jean-Paul II.
« Un régime absurde [pécheur] en sa structure, quelle que soit la vertu
[morale] des citoyens et des gouvernants, risquera de manquer son but tout
comme une mauvaise arme, même maniée par un homme adroit et bien
intentionné, ne vaudra jamais une arme perfectionnée. », disait Louis Jugnet.
Si celui qui dit qu’il aime Dieu et n’aime pas son prochain est un menteur,
celui qui dit qu’il aime son prochain et ne croit pas à la vertu politique est un
impie auquel il manque la charité politique. Car « de la forme donnée à la
société dépend et découle le bien et le mal des âmes » (Pie XII). Une des
originalités de notre pèlerinage est son souci fondamental de charité
politique.
Certes, il veut être missionnaire par la réforme intérieure, («commencer par
soi»), mais il veut l’être aussi politiquement par la formation de ses pèlerins et
de ses cadres qui agissent dans le monde. C’est aussi à cet égard une école de
formation au bien commun, une école de chefs.
Si les structures de péché s’appuient sur la Révolution et une politique très
efficace pour mener leur œuvre de mort en décuplant les péchés personnels, les
structures de vertu et de bien comme le pèlerinage doivent s’appuyer sur la
Contre-Révolution et une politique du bien commun pour décupler les
vertus et rebâtir un temporel chrétien.
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Politique d’abord et primauté du spirituel ne s’opposent pas si l’on comprend
qu’il y a un ordre réciproque à des niveaux différents et que la charité doit
respirer par ses deux poumons moral et politique, leur union faisant la force du
bien pour souffler sur le mal et le refouler.
Une chrétienté, en définitive, c’est la charité organisée de la morale à la
politique, de la famille à la cité, pour qu’elle soit rayonnante et conquérante,
avec la grâce de Dieu. Charité organisée : l’exemple vient de haut. Notre
pèlerinage s’inspire de Notre Seigneur lui-même lors de la multiplication des
pains. Devant cette foule nombreuse (cinq mille) dont il eut pitié, « parce
qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger » (saint Marc), parce
qu’ils avaient faim et soif, que fait Jésus ? : il ordonne de les faire tous asseoir
« par carrés de cent et cinquante ».
C’est comme une figure de nos chapitres. Il faut organiser notre charité, non
seulement dans nos rassemblements, mais dans la société, pour mieux donner à
manger le pain de vie, offrir à chacun le don du Christ... selon le but de la
mission.
En guise de conclusion, je voudrais dire que le pèlerinage de chrétienté est
désormais notre précieux bien commun à tous, un bien commun particulier
au service du bien commun national et ecclésial, temporel et surnaturel, de la
société. II est aujourd’hui le plus grand pèlerinage à pied de France. II draine
depuis sa naissance des dizaines de milliers de pèlerins et une jeunesse dont la
ferveur et l’affluence sont forcément un gage d’espérance pour la première
baptisée des nations, la fille aînée de l’Église.
Les enfants du début sont devenus à leur tour chefs de chapitre, de nombreuses
vocations sont nées : la "génération Chartres" commence à produire ses
fruits que d’aucuns voudraient voir plus visibles sans doute. A tort, car dans
cet ordre-là, ce qui importe vraiment, comme dit Henri Pourrat, vient
silencieusement et se lève dans les âmes pour n’apparaître que peu à peu.
Le rôle du pèlerinage de chrétienté est de semer, non de récolter. En outre,
modestement, s’il a permis beaucoup de conversions, il ne signe pas, comme
dans un parti, ses réussites. Cela se passe entre Dieu et chacun dans le secret
des consciences et n’est évidemment pas quantifiable en cartes d’adhésion, ni
immédiatement productif.
Dieu aidant, le pèlerinage de chrétienté est devenu néanmoins un fer de lance
de la tradition, « le symbole de la Chrétienté en France » (le Cardinal Gagnon
en 1985), « notre Czestochowa national » (Dom Gérard en 1985).
141
Association Notre Dame de Chrétienté
L’appel de Chartres, c’est chaque année cette invitation tonique, de dimension
nationale (et maintenant internationale) à une véritable reconquête spirituelle,
pour nous- mêmes, nos familles, nos communautés, nos patries… au cœur de
l’Église une, sainte, catholique, apostolique et romaine.
C’est un appel à remplir notre devoir de charité politique, à nous mettre
ardemment au service de l’instauration du règne social de Notre Seigneur
Jésus-Christ, en pleine fidélité avec l’encyclique de Pie XI (Quas Primas) sur
le Christ-Roi, et l’enseignement de la doctrine sociale de l’Église.
Qui dit bien commun dit communauté dans l’espace et dans le temps dont les
chefs de chapitre sont les gardiens essentiels sous l’autorité distincte du
Président et de l’Aumônier : « Gardez le pèlerinage et le pèlerinage vous
gardera ! »
Pour bien garder le pèlerinage, outre la pratique d’une vie intérieure
exigeante, il faut avoir l’intelligence des trois grands principes développés ici
et de leur harmonie. L’intelligence implique une certaine souplesse dans la
fidélité, la piété et l’audace. « Unité sur les choses nécessaires, liberté sur les
choses qui ne le sont pas. Charité en toutes choses », disait saint Augustin.
En dépit des querelles byzantines qui trop souvent divisent notre famille, la
concorde régnera toujours sur le pèlerinage si tous ses responsables
comprennent qu’ils tissent non seulement une amitié au service du Vrai et du
Beau mais une amitié au service d’un Bien Commun qui les dépasse.
Si le Vrai (ou ce qui apparaît tel) peut parfois opposer (on veut souvent
avoir raison contre l’autre, en termes dialectiques de camps opposés, sur des
questions qui nous semblent nécessaires mais sont souvent d’ordre prudentiel),
le Bien est ce qui attire et réunit et permet souvent au vrai ‘Vrai’, si j’ose
dire, d’assumer sa bonne place.
Formons donc une véritable amitié au service du Bien Commun que constitue
le pèlerinage de chrétienté. Et le reste viendra de surcroît... Avec la
bienveillance de Notre-Dame de la Sainte Espérance.
Rémi Fontaine
(8 décembre 2001)
142
Association Notre Dame de Chrétienté
LES SYMBOLES AU PÈLERINAGE
Chers pèlerins,
Voici maintenant quelques heures que nous marchons.
En tête de chacun de nos chapitres, une croix portant sur sa branche
transversale le nom d’un saint ou d’une sainte, d’un bienheureux, voire d’un
personnage au nom prestigieux (Baudouin IV de Jérusalem, Tom Morel,
Général de Sonis, Père Sevin…) connu pour ses fortes convictions religieuses
et son intégrité intellectuelle et morale. À côté de cette croix, souvent, une
bannière représentant ce même personnage avec parfois une devise, une
prière…
Tout autour de nous, comme ce matin devant la cathédrale, des drapeaux aux
couleurs d’un pays ou d’une région, avec parfois en surcharge l’insigne du
Sacré Cœur et une devise, et toutes ces oriflammes dont l’étamine bleue ou
blanche est parsemée de fleurs de lys d’or.
C’est beau, c’est émouvant… Mais tout cela a-t-il un sens ou n’est-ce que du
folklore ?
Regardons-y de plus près.
I. UN SIGNE DE RALLIEMENT ET DE PIÉTÉ
Nos croix et nos bannières, outre le fait qu’elles sont un signe de ralliement
pour les pèlerins (vous entendrez souvent dire « serrez sur la bannière »), sont
aussi un signe d’identification pour les organisateurs du Pèlerinage « voilà
Sainte Claire qui arrive… nous sommes légèrement en avance sur l’horaire »,
ainsi qu’un témoignage pour toutes les personnes qui nous voient passer : «
c’est une manifestation ?, non c’est un pèlerinage… »
Mais, c’est surtout un rappel du lien qui nous unit, autour de notre saint patron,
et qui nous relie au ciel, d’où il nous écoute et d’où il nous protège. Nos croix
et nos bannières nous tracent le chemin vers le ciel.
143
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C’est pourquoi il est important pendant les 3 jours de pèlerinage de veiller à ce
que bannières et croix, symboles de Jésus Christ et de ses saints et saintes,
marchent devant le chapitre, ouvrant ainsi la route.
Ces drapeaux aux couleurs nationales (françaises, mais aussi étrangères) nous
rappellent que notre pèlerinage de Chrétienté est international, qu’il est un lieu
de rencontre amical entre peuples unis par une même foi et une même
espérance ; les drapeaux régionaux nous disent que cette espérance s’incarne
dans la vie des nations, leurs terroirs, leurs histoires et leurs coutumes….
II. UNE PROCLAMATION DE LA ROYAUTÉ SOCIALE DU CHRIST
Mais ce Sacré-Cœur, cette couronne d’épines sur le drapeau français, et cette
devise « Espoir et Salut de la France », n’est-ce pas sacrilège ? Est-il
convenable de surcharger ainsi l’emblème de notre pays ?
En principe, non bien sûr !! Mais, quand il s’agit de la marque du « Christ, Roi
de l’Univers »... !!
D’ailleurs cette idée n’est pas venue de l’un d’entre nous. Elle est la réponse à
une demande pressante du Christ Lui-même.
Voyons cela.
Nous sommes en 1689, Louis XIV règne sur la France, mais les nuages
s’amoncellent : quelques revers militaires, des hivers rudes qui entraînent de
mauvaises récoltes… : le mécontentement gronde. Dans son couvent, une
religieuse reçoit depuis quinze ans la visite de Jésus. Elle s‘appelle
Marguerite-Marie Alacoque. Au cours d’apparitions successives, le Christ lui
montre ses plaies, se plaint de l’ingratitude des hommes vis-à-vis de son Cœur
transpercé et lui demande de répandre la dévotion à son Sacré-Cœur. Et puis,
en cette année 1689 (retenez bien cette date) Il lui fait cette demande
extraordinaire d’aller dire au Roi de France qu’Il souhaite que l’effigie de son
Sacré-Cœur figure sur les drapeaux. Marguerite-Marie confiera cette demande
à son confesseur, afin qu’il la transmette au confesseur du Roi, le Père
Lachaise. On ne sait pas si le message parvint à Louis XIV car il n’y eut pas de
suite.
La demande de Jésus fut renouvelée en 1917, auprès d’une jeune fille de
Loublande (près de Cholet) appelée Claire Ferchaud. Le Christ lui demanda de
faire apposer sur le drapeau français l’image de son Sacré-Cœur. Claire
transmit la demande au Président de la République, Raymond Poincaré, qui la
reçut en audience. Mais il ne fit rien. Les principaux généraux des Armées
françaises auxquels elle s’adressa alors, ne l’écoutèrent pas davantage.
144
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Cependant, des centaines de milliers de petits drapeaux tricolores portant
l’insigne du Sacré-Cœur, avec la mention « Cœur Sacré de Jésus, Espoir et
Salut de la France » furent confectionnés et portés par nos soldats… Il y eût
de nombreux miracles… et ce fut la Victoire... ! »
III. UN TÉMOIGNAGE DE NOTRE ABANDON À LA SAINTE
PROVIDENCE
Quant aux oriflammes bleues et blanches surchargées d’un semis de fleurs de
lys d’or…, elles nous rappellent que la France a une longue histoire (le
drapeau fleurdelisé fut pendant plus de mille ans l’emblème de la Patrie) et que
nous souhaitons nous souvenir de nos racines.
Le Blanc et le Bleu sont les couleurs de la Vierge et le lys, symbole de pureté,
sa fleur préférée, celle que le Christ choisit pour faire l’éloge de la confiance et
de l’abandon à la Sainte Providence :
« Observez les lys des champs comme ils poussent : ils ne peinent ni ne filent.
Or je vous dis que Salomon, lui-même dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu
comme l’un d’eux... Cherchez d’abord le Royaume et sa justice, et tout cela
vous sera donné par surcroît. À chaque jour suffit sa peine » (Mt VI, 28-34)
Chers pèlerins, toutes ces raisons ne sont-elles pas suffisantes pour arborer nos
drapeaux et nos emblèmes ?
Prenons quelques instants en silence pour y réfléchir.
Bibliographie
-
"Au plus fort de la tourmente…Claire Ferchaud " de Claude Mouton, éd.
Résiac
1983. Commentant en 1936, la demande du Christ, Claire Ferchaud disait :
« Peindre son Cœur sur nos étendards, c’est dire au Christ : ‘je crois en
votre Puissance’ »
145
Association Notre Dame de Chrétienté
ENGAGEMENTS DU PÈLERIN
! vivre la spiritualité du pèlerinage dans son chapitre,
! accueillir et soutenir les nouveaux pèlerins et les pèlerins
isolés,
! marcher jusqu’au terme de l’étape, sauf motif sérieux,
! adopter une tenue et une attitude correctes, conformes à
l’esprit du pèlerin : les vêtements indécents sont à
proscrire, tout spécialement jupes et shorts très courts,
ainsi que les débardeurs très décolletés ; les effets
paramilitaires sont également prohibés.
L’usage des drogues est strictement interdit. La
consommation d’alcool et de tabac est également
interdite aux mineurs. Il est demandé aux adultes de
s’abstenir de fumer au sein de la colonne et de faire
preuve, en ce domaine et en tout lieu, de modération et de
discrétion.
! respecter la règle du silence, lorsqu’elle est demandée ;
s’interdire l’usage du téléphone portable pendant la
marche ; réduire le volume sonore des porte-voix….
! éviter tout gaspillage alimentaire et contribuer au maintien
de la propreté : c’est un devoir élémentaire de ne pas jeter,
sur l’itinéraire, bouteilles vides, papiers etc.
! apporter son aide aux équipes logistiques, selon leurs
demandes, et respecter leurs consignes (notamment
montage des tentes aux emplacements indiqués).
L’organisation se réserve le droit d’exclure du pèlerinage
toute personne qui ne respecterait pas ces consignes ou
refuserait de les suivre.
146
Association Notre Dame de Chrétienté
B. TRADITION - CHRÉTIENTÉ – MISSION
CHARTE DE L’ASSOCIATION
Notre-Dame de Chrétienté
Tradition – Chrétienté - Mission
1.
L’association Notre-Dame de Chrétienté, régie par la loi de
1901, a pour objet de promouvoir la chrétienté entendue comme
la réalisation, dans la vie de la cité, de la « royauté du Christ sur
toute la création et, en particulier, sur les sociétés humaines »
(CEC N°2105). Son moyen d’action principal est l’organisation
d’un pèlerinage vers Notre-Dame de Chartres, chaque année à la
Pentecôte, selon la tradition reprise par Charles Péguy et
réactivée depuis 1983 dans l’esprit d’Henri et André Charlier.
2.
L’association est catholique et dirigée par des laïcs assistés d’un
aumônier. Elle est libre de toute appartenance politique.
3.
Le pèlerinage est marial et missionnaire. Il cherche à rassembler
tous ceux qu’anime le désir de promouvoir le règne social de
Notre Seigneur Jésus-Christ, permettant ainsi à chaque homme
de s’épanouir conformément à sa vocation d’enfant de Dieu.
C’est dans cet esprit que chaque pèlerin est invité :
- pendant le pèlerinage, à approfondir, découvrir ou
redécouvrir toutes les dimensions de la foi Catholique et de
son incarnation nécessaire dans la cité ;
- au-delà du pèlerinage, à participer, selon ses capacités et sa
propre situation, aux diverses initiatives temporelles visant à
« tout instaurer dans le Christ » (Saint Pie X).
4.
Dans une fidélité totale au Saint Siège, les organisateurs du
pèlerinage se réfèrent à l’enseignement constant de l’Église.
Ils traduisent leur attachement à la Tradition sous toutes ses formes, en
particulier doctrinale, liturgique et sacramentelle, par l’utilisation
147
Association Notre Dame de Chrétienté
exclusive du rit tridentin, tel qu’il a été codifié dans les livres liturgiques
de 1962, et à nouveau confirmé par le motu proprio « Summorum
Pontificum » du 7 juillet 2007, comme étant la forme extraordinaire,
jamais abrogée, de la liturgie du Saint Sacrifice de la Messe.
Ils demandent aux prêtres, qui les accompagnent, de respecter ce choix
dans le ministère qu’ils exercent pendant le pèlerinage et au cours des
différentes activités préparatoires.
5.
La participation au pèlerinage se fait obligatoirement au sein de
chapitres officiellement reconnus et autorisés. Ceux-ci sont
encouragés à conserver une vie propre en dehors du pèlerinage.
Ils doivent partager son élan missionnaire.
6.
Les organisateurs et les chefs de chapitre adhèrent à toutes les
dispositions de la présente charte et préparent le pèlerinage par
un travail approfondi. Celui-ci est pour eux l’occasion, par
l’étude et la prière, de renforcer leur union et d’accroître leur
amour de l’Église.
7.
Les membres de l’association Notre-Dame de Chrétienté savent
qu’ils ne sont que des instruments entre les mains de la
Providence. Ils déposent leurs efforts aux pieds de Notre-Dame
et mettent en Elle toute leur espérance. C’est dans cet esprit
qu’ils s’attachent à répandre la consécration à Marie et la
récitation quotidienne du chapelet, afin que, par Elle, toutes les
âmes, les familles et les nations soient gagnées à Jésus.
Mise à jour du 18 février 2010
148
Association Notre Dame de Chrétienté
INSTRUCTION "UNIVERSAE ECCLESIAE" du 13 mai 2011
Sur les deux formes de la liturgie romaine
De la commission Ecclesia Dei, sur l’application de la Lettre apostolique
Summorum Pontificum donnée motu proprio par Sa Sainteté le Pape émérite
BENOÎT XVI, le 7 juillet 2007.
I. INTRODUCTION
La Lettre apostolique Summorum Pontificum, donnée motu proprio par le
Souverain Pontife Benoît XVI le 7 juillet 2007 et entrée en vigueur le 14
septembre 2007, a rendu plus accessible la richesse de la liturgie romaine
à l’Église universelle.
1.
2.
Par ce Motu Proprio, le Souverain Pontife Benoît XVI a promulgué une
loi universelle pour l’Église, avec l’intention de donner un nouveau
cadre normatif à l’usage de la liturgie romaine en vigueur en 1962.
3.
Après avoir rappelé la sollicitude des Souverains Pontifes pour la sainte
liturgie et la révision des livres liturgiques, le Saint-Père reprend le
principe traditionnel, reconnu depuis des temps immémoriaux et à
maintenir nécessairement à l’avenir, selon lequel « chaque Église
particulière doit être en accord avec l’Église universelle, non seulement
sur la doctrine de la foi et sur les signes sacramentels, mais aussi sur les
usages reçus universellement de la tradition apostolique ininterrompue.
On doit les observer non seulement pour éviter les erreurs, mais pour
transmettre l’intégrité de la foi, car la règle de la prière de l’Église
correspond à sa règle de foi ». (BENOÎT XVI, Motu proprio Summorum
Pontificum, art. 1 : AAS 99(2007), p. 777 ; La Documentation
catholique 104 (2007), pp. 702-704 ; cf. Présentation générale du Missel
romain, 3e éd., 2002, n. 397)
149
Association Notre Dame de Chrétienté
4.
Le Souverain Pontife évoque en outre les Pontifes romains qui se sont
particulièrement donnés à cette tâche, notamment saint Grégoire le
Grand et saint Pie V. Le Pape souligne également que, parmi les livres
liturgiques sacrés, le Missale Romanum a joué un rôle particulier dans
l’histoire et qu’il a connu des mises à jour au cours des temps jusqu’au
bienheureux Pape Jean XXIII. Puis, après la réforme liturgique qui suivit
le Concile Vatican II, le Pape Paul VI approuva en 1970 pour l’Église de
rite latin un nouveau Missel, qui fut ensuite traduit en différentes
langues. Le Pape Jean Paul II en promulgua une troisième édition en
l’an 2000.
5.
Plusieurs fidèles, formés à l’esprit des formes liturgiques antérieures au
Concile Vatican II, ont exprimé le vif désir de conserver la tradition
ancienne. C’est pourquoi, avec l’indult spécial "Quattuor abhinc
annos" publié en 1984 par la Sacrée Congrégation pour le Culte divin, le
Pape Jean Paul II concéda sous certaines conditions la faculté de
reprendre l’usage du Missel romain promulgué par le bienheureux Pape
Jean XXIII. En outre, avec le Motu Proprio Ecclesia Dei de 1988, le Pape
Jean Paul II exhorta les Évêques à concéder généreusement cette faculté
à tous les fidèles qui le demandaient. C’est dans la même ligne que se
situe le Pape Benoît XVI avec le Motu Proprio Summorum Pontificum,
où sont indiqués, pour l’"usus antiquior" du rite romain, quelques critères
essentiels qu’il est opportun de rappeler ici.
6.
Les textes du Missel romain du Pape Paul VI et de la dernière édition
de celui du Pape Jean XXIII sont deux formes de la liturgie romaine,
respectivement appelées ordinaire et extraordinaire : il s’agit de
deux mises en œuvre juxtaposées de l’unique rite romain.
L’une et l’autre forme expriment la même "Lex Orandi" de l’Église. En
raison de son usage antique et vénérable, la forme extraordinaire doit être
conservée avec l’honneur qui lui est dû.
7.
Le Motu Proprio Summorum Pontificum s’accompagne d’une lettre du
Saint-Père aux Évêques, publiée le même jour que lui (7 juillet 2007) et
offrant de plus amples éclaircissements sur l’opportunité et la nécessité
du Motu Proprio lui-même : il s’agissait effectivement de combler une
lacune, en donnant un nouveau cadre normatif à l’usage de la liturgie
romaine en vigueur en 1962. Ce cadre s’imposait particulièrement du fait
qu’au moment de l’introduction du nouveau missel, il n’avait pas semblé
150
Association Notre Dame de Chrétienté
nécessaire de publier des dispositions destinées à régler l’usage de la
liturgie en vigueur en 1962.
En raison de l’augmentation du nombre de ceux qui demandent à
pouvoir user de la forme extraordinaire, il est devenu nécessaire de
donner quelques normes à ce sujet. Le Pape Benoît XVI affirme
notamment : « Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition
du Missale Romanum.
L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de
rupture.
Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré
pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire
considéré comme néfaste».
(BENOÎT XVI, Lettre aux Évêques qui accompagne la Lettre apostolique
« motu proprio data » Summorum Pontificum sur l’usage de la liturgie
romaine antérieure à la réforme de 1970 : AAS 99 (2007), p. 798 ; La
Documentation catholique 104 (2007), p. 707).
8.
Le Motu Proprio Summorum Pontificum constitue une expression
remarquable du magistère du Pontife romain et de son "munus"propre régler et ordonner la sainte liturgie de l’Église (Cf. Code de droit
canonique, c. 838, § 1 et § 2.) - et il manifeste sa sollicitude de Vicaire
du Christ et de Pasteur de l’Église universelle (Cf. Code de droit
canonique, c. 331.).
Il se propose :
- d’offrir à tous les fidèles la liturgie romaine dans l’"usus
antiquior", comme un trésor à conserver précieusement ;
- de garantir et d’assurer réellement l’usage de la forme
extraordinaire à tous ceux qui le demandent, étant bien entendu
que l’usage de la liturgie latine en vigueur en 1962 est une faculté
donnée pour le bien des fidèles et donc à interpréter en un sens
favorable aux fidèles qui en sont les principaux destinataires ;
- de favoriser la réconciliation au sein de l’Église.
II. LES MISSIONS
ECCLESIA DEI
9.
DE
LA
COMMISSION
PONTIFICALE
Le Souverain Pontife a doté la Commission pontificale Ecclesia Dei d’un
pouvoir ordinaire vicaire dans son domaine de compétence, en particulier
pour veiller sur l’observance et l’application des dispositions du Motu
Proprio Summorum Pontificum (cf. art. 12).
151
Association Notre Dame de Chrétienté
10.
11.
III.
12.
§ 1. La Commission pontificale exerce ce pouvoir, non seulement grâce
aux facultés précédemment concédées par le Pape Jean Paul II et
confirmées par le Pape Benoît XVI (cf. Motu-Proprio Summorum
Pontificum, art. 11-12), mais aussi grâce au pouvoir d’exprimer une
décision, en tant que Supérieur hiérarchique, au sujet des recours
qui lui sont légitimement présentés contre un acte administratif de
l’Ordinaire qui semblerait contraire au Motu Proprio.
§ 2. Les décrets par lesquels la Commission pontificale exprime sa
décision au sujet des recours pourront être attaqués "ad normam
iuris"devant le Tribunal Suprême de la Signature Apostolique.
Après approbation de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline
des sacrements, il revient à la Commission pontificale Ecclesia Dei de
veiller à l’édition éventuelle des textes liturgiques relatifs à la forme
extraordinaire du rite romain.
NORMES SPÉCIFIQUES
À la suite de l’enquête réalisée auprès des Évêques du monde entier et en
vue de garantir une interprétation correcte et une juste application du
Motu Proprio Summorum Pontificum, cette Commission pontificale, en
vertu de l’autorité qui lui a été attribuée et des facultés dont elle jouit,
publie cette Instruction, conformément au canon 34 du Code de droit
canonique.
La compétence des Évêques diocésains
13.
14.
D’après le Code de droit canonique (Cf. Code de droit canonique, c. 223
§ 2 ; 838 § 1 et § 4.), les Évêques diocésains doivent veiller à garantir
le bien commun en matière liturgique et à faire en sorte que tout se
déroule dignement, pacifiquement et sereinement dans leur diocèse,
toujours en accord avec la mens du Pontife romain clairement exprimée
par le Motu Proprio Summorum Pontificum. (Cf. BENOÎT XVI, Lettre aux
Évêques qui accompagne la Lettre apostolique « motu proprio data »
Summorum Pontificum sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la
réforme de 1970 : AAS 99 (2007), p. 799 ; La Documentation catholique
104 (2007), p. 707.).
En cas de litige ou de doute fondé au sujet de la célébration dans la
forme extraordinaire, la Commission pontificale Ecclesia Dei jugera.
Il revient à l’Évêque diocésain de prendre les mesures nécessaires pour
garantir le respect de la forme extraordinaire du rite romain,
conformément au Motu Proprio Summorum Pontificum.
152
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Le "coetus fidelium" (cf Motu Proprio Summorum Pontificum, art 5. §1)
15.
Un "coetus fidelium" pourra se dire stable (stabiliter exsistens), au sens
où l’entend l’art. 5 § 1 de Summorum Pontificum, s’il est constitué de
personnes issues d’une paroisse donnée qui, même après la publication
du Motu Proprio, se sont réunies à cause de leur vénération pour la
liturgie célébrée dans l’"usus antiquior" et qui demandent sa célébration
dans l’église paroissiale, un oratoire ou une chapelle ; ce coetus peut
aussi se composer de personnes issues de paroisses ou de diocèses
différents qui se retrouvent à cette fin dans une église paroissiale
donnée, un oratoire ou une chapelle.
16.
Si un prêtre se présente occasionnellement avec quelques personnes
dans une église paroissiale ou un oratoire en souhaitant célébrer
dans la forme extraordinaire, comme le prévoient les articles 2 et 4
du Motu Proprio Summorum Pontificum, le curé, le recteur ou le
prêtre responsable de l’église acceptera cette célébration, tout en
tenant compte des exigences liées aux horaires des célébrations
liturgiques de l’église elle-même.
17.
§ 1. Dans chaque cas, le curé, le recteur ou le prêtre responsable de
l’église prendra sa décision avec prudence, en se laissant guider par son
zèle pastoral et par un esprit d’accueil généreux.
§ 2. Dans le cas de groupes numériquement moins importants, on
s’adressera à l’Ordinaire du lieu pour trouver une église où ces fidèles
puissent venir assister à ces célébrations, de manière à faciliter leur
participation et une célébration plus digne de la Sainte Messe.
18.
Dans les sanctuaires et les lieux de pèlerinage, on offrira également la
possibilité de célébrer selon la forme extraordinaire aux groupes de
pèlerins qui le demanderaient (cf. Motu Proprio Summorum Pontificum,
art. 5 § 3), s’il y a un prêtre idoine.
19.
Les fidèles qui demandent la célébration de la forme extraordinaire ne
doivent jamais venir en aide ou appartenir à des groupes qui nient la
validité ou la légitimité de la Sainte Messe ou des sacrements célébrés
selon la forme ordinaire, ou qui s’opposent au Pontife romain comme
Pasteur suprême de l’Église universelle.
153
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Le "sacerdos idoneus" (cf Motu Proprio Summorum Pontificum, art 5. §4)
20.
Les conditions requises pour considérer un prêtre comme « idoine »
à la célébration dans la forme extraordinaire s’énoncent comme suit :
- tout prêtre qui n’est pas empêché par le droit canonique (Cf. Code
de droit canonique, c. 900 § 2.), doit être considéré comme idoine
à la célébration de la Sainte Messe dans la forme extraordinaire ;
- il doit avoir du latin une connaissance de base qui lui permette de
prononcer correctement les mots et d’en comprendre le sens ;
- la connaissance du déroulement du rite est présumée chez les
prêtres qui se présentent spontanément pour célébrer dans la forme
extraordinaire et qui l’ont déjà célébrée.
21.
On demande aux Ordinaires d’offrir au clergé la possibilité
d’acquérir une préparation adéquate aux célébrations dans la forme
extraordinaire. Cela vaut également pour les séminaires, où l’on
devra pourvoir à la formation convenable des futurs prêtres par
l’étude du latin (Cf. Code de droit canonique, c. 249; CONC. OECUM.
VAT. II, Const. Sacrosanctum Concilium, n. 36 ; Décr. Optatam totius, n.
13.), et, si les exigences pastorales le suggèrent, offrir la possibilité
d’apprendre la forme extraordinaire du rite.
22.
Dans les diocèses sans prêtre idoine, les Évêques diocésains peuvent
demander la collaboration des prêtres des Instituts érigés par la
Commission pontificale Ecclesia Dei, soit pour célébrer, soit même
pour enseigner à le faire.
23.
La faculté de célébrer la Messe "sine populo" (ou avec la participation du
seul ministre) dans la forme extraordinaire du rite romain est donnée par
le Motu Proprio à tout prêtre séculier ou religieux (cf. Motu Proprio
Summorum Pontificum, art. 2). Pour ces célébrations, les prêtres n’ont
donc besoin, selon le Motu Proprio Summorum Pontificum, d’aucun
permis spécial de leur Ordinaire ou de leur supérieur.
La discipline liturgique et ecclésiastique
24.
Les livres liturgiques de la forme extraordinaire seront utilisés tels
qu’ils sont. Tous ceux qui désirent célébrer selon la forme extraordinaire
du rite romain doivent connaître les rubriques prévues et les suivre
fidèlement dans les célébrations.
154
Association Notre Dame de Chrétienté
25.
De nouveaux saints et certaines des nouvelles préfaces pourront et
devront être insérés dans le Missel de 1962 (Cf. BENOÎT XVI, Lettre aux
Évêques qui accompagne la Lettre apostolique « motu proprio data »
Summorum Pontificum sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la
réforme de 1970 : AAS 99 (2007), p. 797 ; La Documentation catholique
104, p. 706), selon les normes qui seront indiquées plus tard.
26.
Comme le prévoit le Motu Proprio Summorum Pontificum à l’article 6,
les lectures de la Sainte Messe du Missel de 1962 peuvent être
proclamées soit seulement en latin, soit en latin puis dans la langue du
pays, soit même, dans le cas des Messes lues, seulement dans la langue
du pays.
27.
En ce qui concerne les normes disciplinaires liées à la célébration, on
appliquera la discipline ecclésiastique définie dans le Code de droit
canonique de 1983.
28.
De plus, en vertu de son caractère de loi spéciale, le Motu Proprio
Summorum Pontificum déroge, dans son domaine propre, aux mesures
législatives sur les rites sacrés prises depuis 1962 et incompatibles avec
les rubriques des livres liturgiques en vigueur en 1962.
La Confirmation et l’Ordre sacré
29.
La permission d’utiliser la formule ancienne pour le rite de la
confirmation a été reprise par le Motu Proprio Summorum Pontificum (cf.
art. 9 § 2). Dans la forme extraordinaire, il n’est donc pas nécessaire
d’utiliser la formule rénovée du Rituel de la confirmation promulgué par
le Pape Paul VI.
30.
Pour la tonsure, les ordres mineurs et le sous-diaconat, le Motu Proprio
Summorum Pontificum n’introduit aucun changement dans la discipline
du Code de droit canonique de 1983 ; par conséquent, dans les Instituts
de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique qui dépendent de la
Commission pontificale Ecclesia Dei, le profès de voeux perpétuels ou
celui qui a été définitivement incorporé dans une société cléricale de vie
apostolique est, par l’ordination diaconale, incardiné comme clerc dans
l’Institut ou dans la Société, conformément au canon 266 § 2 du Code de
droit canonique.
155
Association Notre Dame de Chrétienté
31.
Seuls les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique qui
dépendent de la Commission pontificale Ecclesia Dei ainsi que ceux dans
lesquels se maintient l’usage des livres liturgiques de la forme
extraordinaire peuvent utiliser le Pontifical romain en vigueur en 1962
pour conférer les ordres mineurs et majeurs.
Le Bréviaire romain
32.
Les clercs ont la faculté d’utiliser le Bréviaire romain en vigueur en 1962
dont il est question à l’article 9 § 3 du Motu Proprio Summorum
Pontificum. Celui-ci doit être récité intégralement et en latin.
Le Triduum sacré
33.
S’il y a un prêtre idoine, le "coetus fidelium" qui adhère à la tradition
liturgique précédente peut aussi célébrer le Triduum sacré dans la forme
extraordinaire. Au cas où il n’y aurait pas d’église ou d’oratoire
exclusivement prévu pour ces célébrations, le curé ou l’Ordinaire
prendront les mesures les plus favorables au bien des âmes, en
accord avec le prêtre, sans exclure la possibilité d’une répétition des
célébrations du Triduum sacré dans la même église.
Les rites des Ordres religieux
34.
Il est permis d’utiliser les livres liturgiques propres aux Ordres
religieux et en vigueur en 1962.
Pontifical romain et Rituel romain
35.
Conformément au n. 28 de cette Instruction et restant sauf ce qui est
prescrit par le n. 31, l’usage du Pontifical romain et du Rituel romain,
ainsi que celui du Cérémonial des Évêques en vigueur en 1962 sont
permis.
Au cours de l’audience du 8 avril 2011 accordée au Cardinal Président de la
Commission pontificale Ecclesia Dei, le Souverain Pontife Benoît XVI a
approuvé la présente Instruction et en a ordonné la publication.
Donné à Rome, au siège de la Commission pontificale Ecclesia Dei, le 30 avril
2011, en la mémoire de saint Pie V.
William Cardinal Levada, Président,
Monseigneur Guido Pozzo secrétaire.
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Association Notre Dame de Chrétienté
SERMON DE DOM GÉRARD : CHRÉTIENTÉ
(Sermon prononcé par Dom Gérard, prieur du Barroux, en la cathédrale de
Chartres, au cours de la Sainte Messe célébrée par le Révérend Père
Lecareux, en clôture du IIIe pèlerinage organisé par le Centre Charlier à la
Pentecôte 1985).
" Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.
Chers pèlerins de Notre-Dame,
Vous voilà enfin rassemblés en compagnie de vos anges gardiens, présents eux
aussi par milliers, que nous saluons avec affection et reconnaissance, au terme
de cet ardent pèlerinage, plein de prières, de chants et de sacrifices, et déjà
certains d’entre vous ont retrouvé la robe blanche de l’innocence baptismale.
Quel bonheur!
Vous voilà rassemblés par une grâce de Dieu dans l’enceinte de cette
cathédrale bénie, sous le regard de Notre-Dame de la Belle Verrière, une des
plus belles images de la Très Sainte Vierge. Image devant laquelle nous savons
que Saint Louis est venu s’agenouiller après un pèlerinage accompli pieds nus.
Est-ce que cela ne suffit pas à nous rendre le goût de nos racines chrétiennes et
françaises ? Nous vous remercions, chers pèlerins, parce que, en l’honneur de
cette Vierge Sainte, vous vous êtes mis en marche par milliers, et ce sont des
milliers de voix, sortant de milliers de poitrines, de tous les âges et de toutes
les conditions, qui nous donnent ce soir la plus belle et la plus vivante image
de la chrétienté.
Nous vous remercions de vous présenter ainsi chaque année comme une
parabole vivante ; car lorsque vous vous avancez au cours de ces trois jours
de marche vers le sanctuaire de Marie en priant et en chantant, vous exprimez
la condition même de la vie chrétienne qui est d’être un long pèlerinage et une
longue marche vers le paradis ! Et cette marche aboutit dans l’église, qui est
l’image du sanctuaire céleste.
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Association Notre Dame de Chrétienté
La vie chrétienne est une marche, souvent douloureuse, passant par le
Golgotha, mais éclairée par les splendeurs de l’Esprit. Et qui débouche dans la
gloire.
Ah ! On peut bien nous persécuter, cependant j’interdis qu’on nous plaigne.
Car nous appartenons une race d’exilés et de voyageurs, douée d’un
prodigieux pouvoir d’invention, mais qui refuse (c’est sa religion) de laisser
détourner son regard des choses du Ciel.
N’est-ce pas ce que nous chanterons tout à l’heure à la fin du Credo : Et
exspecto, (et j’attends), Vitam venturi saeculi (la vie du siècle à venir). Oh !
Non pas un âge d’or terrestre, fruit d’une évolution supposée, mais le vrai
paradis de Dieu dont Jésus parlait en disant au bon larron : « Aujourd’hui, tu
seras avec moi dans le paradis ! »
Si nous cherchons à pacifier la terre, à embellir la terre, ce n’est pas pour
remplacer le Ciel, c’est pour lui servir d’escabeau.
Et si un jour, face à la barbarie montante, nous devions prendre les armes en
défense de nos cités charnelles, c’est parce qu’elles sont, comme le disait notre
cher Péguy, « l’image et le commencement et le corps et l’essai de la maison
de Dieu ».
Mais avant même que ne sonne l’heure d’une reconquête militaire, n’est-il pas
permis de parler de croisade, du moins lorsqu’une communauté se trouve
menacée dans ses familles, dans ses écoles, dans ses sanctuaires, dans l’âme de
ses enfants ?
Aussi bien, chers amis, nous n’avons pas peur de la révolution nous craignons
plutôt l’éventualité d’une contre-révolution sans Dieu !
Ce serait rester enfermés dans le cycle infernal du laïcisme et de la
désacralisation ! Il n’y a pas de mot pour signifier l’horreur que doit nous
inspirer l’absence de Dieu dans les institutions du monde moderne ! Voyez
l’O.N.U, architecture soignée, aula gigantesque, drapeaux des nations qui
claquent dans le ciel. Pas de crucifix !
Le monde s’organise sans Dieu, sans référence à son Créateur. Immense
blasphème !
Entrez dans une école d’État : les enfants y sont instruits sur tout. Silence sur
Dieu ! Scandale atroce ! Mutilation de l’intelligence, atrophie de l’âme sans
parler des lois permettant le crime abominable de l’avortement.
Ce qu’il y a de plus triste, mes chers frères, et de plus honteux, c’est que la
masse des chrétiens finit par s’habituer à cet état de chose. Ils ne protestent
pas ; ils ne réagissent pas. Ou bien, pour se donner une excuse, ils invoquent
l’évolution des mœurs et des sociétés. Quelle honte !
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« Il y a quelque chose de pire que le reniement déclaré, disait l’un des nôtres,
c’est l’abandon souriant des principes, le lent glissement avec des airs de
fidélité ». Est-ce qu’une odeur putride ne se dégage pas de la civilisation
moderne ?
Eh bien! Contre cette apostasie de la civilisation et de l’État qui détruit nos
familles et nos cités, nous proposons un grand remède, étendu au corps tout
entier ; nous proposons ce qui est l’idée-force de toute civilisation digne de ce
nom : la chrétienté !
Qu’est-ce qu’une chrétienté ? Chers pèlerins, vous le savez et vous venez d’en
faire l’expérience : la chrétienté est une alliance du sol et du ciel ; un pacte,
scellé par le sang des martyrs, entre la terre des hommes et le paradis de Dieu ;
un jeu candide et sérieux, un humble commencement de la vie éternelle.
La chrétienté, mes chers frères, c’est la lumière de l’Évangile projetée sur nos
patries, sur nos familles, sur nos mœurs et sur nos métiers. La chrétienté, c’est
le corps charnel de l’Église, son rempart, son inscription temporelle.
La chrétienté, pour nous autres Français, c’est la France gallo-romaine, fille de
ses évêques et de ses moines ; c’est la France de Clovis converti par Sainte
Clotilde et baptisé par Saint Rémi ; c’est le pays de Charlemagne conseillé par
le moine Alcuin, tous deux organisateurs des écoles chrétiennes, réformateurs
du clergé, protecteurs des monastères.
La chrétienté, pour nous, c’est la France du XIIème siècle, couverte d’un blanc
manteau de monastères, où Cluny et Cîteaux rivalisaient en sainteté, où des
milliers de mains jointes, consacrées à la prière, intercédaient nuit et jour pour
les cités temporelles !
C’est la France du XIIIème siècle, gouvernée par un Saint roi, fils de Blanche de
Castille, qui invitait à sa table Saint Thomas d’Aquin, tandis que les fils de
Saint Dominique et de Saint François s’élançaient sur les routes et dans les
cités, prêchant l’Évangile du Royaume.
La chrétienté, en Espagne, c’est Saint Ferdinand, le roi catholique, c’est
Isabelle de France, sœur de saint Louis, rivalisant avec son frère en piété, en
courage et en intelligente bonté.
La chrétienté, chers pèlerins, c’est le métier des armes, tempéré et consacré par
la chevalerie, la plus haute incarnation de l’idée militaire ; c’est la croisade où
l’épée est mise au service de la foi, où la charité s’exprime par le courage et le
sacrifice.
La chrétienté, c’est l’esprit laborieux, le goût du travail bien fait,
l’effacement de l’artiste derrière son œuvre. Connaissez-vous le nom des
auteurs de ces chapiteaux et de ces verrières ?
159
Association Notre Dame de Chrétienté
La chrétienté, c’est l’énergie intelligente et inventive, la prière traduite en
action, l’utilisation de techniques neuves et hardies. C’est la cathédrale, élan
vertigineux, image du ciel, immense vaisseau où le chant grégorien unanime
s’élève, suppliant et radieux, jusqu’au sommet des voûtes pour redescendre en
nappes silencieuses dans les cœurs pacifiés.
La chrétienté, mes frères, (soyons véridiques), c’est aussi un monde menacé
par les forces du mal ; un monde cruel où s’affrontent les passions, un pays
en proie à l’anarchie, le royaume des lis saccagé par la guerre, les incendies, la
famine, la peste qui sème la mort dans les campagnes et dans les cités.
Une France malheureuse, privée de son roi, en pleine décadence, vouée à
l’anarchie et au pillage. Et c’est dans cet univers de boue et de sang que
l’humus de notre humanité pécheresse, arrosé par les larmes de la prière et de
la pénitence, va faire germer la plus belle fleur de notre civilisation, la figure la
plus pure et la plus noble, la tige la plus droite qui soit née sur notre sol de
France : Jeanne de Domrémy !
Sainte Jeanne d’Arc achèvera de nous dire ce qu’est une chrétienté. Ce n’est
pas seulement la cathédrale, la croisade et la chevalerie : ce n’est pas
seulement l’art, la philosophie, la culture et les métiers des hommes montant
vers le trône de Dieu comme une sainte liturgie. C’est aussi et surtout la
proclamation de la royauté de Jésus-Christ sur les âmes, sur les
institutions et sur les mœurs. C’est l’ordre temporel de l’intelligence et de
l’amour soumis à la très haute et très sainte royauté du Seigneur Jésus.
C’est l’affirmation que les souverains de la terre ne sont que les lieutenants du
roi du Ciel. « Le royaume n’est pas à vous, dit Jeanne d’Arc au dauphin. Il est
à Messire. Et quel est votre Sire ? demande-t-on à Jeanne. C’est le roi du Ciel,
répond la jeune fille, et Il vous le confie afin que vous le gouverniez en son
nom. »
Quel élargissement de nos perspectives ! Quelle vision grandiose sur la dignité
de l’ordre temporel ! En un trait saisissant, la bergère de Domrémy nous livre
la pensée de Dieu sur le règne intérieur des nations.
Car les nations, (et la nôtre en particulier), sont des familles aimées de Dieu,
tellement aimées que Jésus-Christ, les ayant rachetées et lavées de son sang,
veut encore régner sur elles d’une royauté toute de paix, de Justice et d’amour
qui préfigure le Ciel.
« France, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? » interrogeait le pape il
y a cinq ans.
Très Sainte Vierge Marie, Notre-Dame de France, Notre-Dame de Chartres,
nous vous demandons de guérir ce peuple infirme, de lui rendre sa pureté
d’enfant, son honneur de fils.
160
Association Notre Dame de Chrétienté
Nous vous demandons de lui rendre sa vocation terrienne, sa vocation
paysanne, ses familles nombreuses penchées avec respect et amour sur la terre
nourricière. Cette terre qui a su produire, au cours des siècles, un pain honnête
et des fruits de sainteté.
Très Sainte Vierge, rendez à ce peuple sa vocation de soldat, de laboureur, de
poète, de héros et de saint. Rendez-nous l’âme de la France !
Délivrez-nous de ce fléau idéologique qui violente l’âme de ce peuple. Ils ont
chassé les crucifix des écoles, des tribunaux et des hôpitaux. Ils font en sorte
que l’homme soit éduqué sans Dieu, jugé sans Dieu et qu’il meure sans Dieu !
C’est donc à une croisade et à une reconquête que nous sommes conviés.
Reconquérir nos écoles, nos églises, nos familles.
Alors, un jour, si Dieu nous en fait la grâce, nous verrons, au terme de nos
efforts, venir à nous le visage radieux et tant aimé de celle que nos anciens
appelaient la douce France. La douce France, image de la douceur de Dieu.
Nous sera-t-il permis, ce soir, devant quelques milliers de pèlerins de parler de
la douceur de Dieu?
C’est un moine qui vous parle. Et la douceur de Dieu, vous le savez,
récompense au-delà de toute prévision les combats que ses serviteurs livrent
pour le Royaume.
Douceur paternelle de Dieu. Douceur du crucifié! Ô douce Vierge Marie,
enveloppez d’un manteau de douceur et de paix nos âmes affrontées à de durs
combats.
L’an prochain, c’est à toute la chrétienté que nous donnons rendez-vous aux
pieds de Notre-Dame de Chartres, qui sera désormais notre Czestochowa
national.
Que le Saint-Esprit vous illumine, que la Très Sainte Vierge vous garde et que
l’armée des anges vous protège. Ainsi Soit-il. "
Notre-Dame de Chartres, Pentecôte 1985.
161
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L’ENGAGEMENT DES CATHOLIQUES EN POLITIQUE
Cardinal Ratzinger, 2002
Extraits
La congrégation pour la Doctrine de la foi, après avoir pris, entre autres,
l’avis du Conseil pontifical pour les Laïcs, a jugé opportun de publier la
présente "Note doctrinale concernant certaines questions sur
l’engagement des catholiques dans la vie politique".
Cette "Note" est adressée aux évêques de l’Église catholique et de manière
spéciale aux hommes politiques catholiques ainsi qu’à tous les fidèles laïcs
appelés à participer à la vie publique et politique dans les sociétés
démocratiques.
I.
UN ENSEIGNEMENT CONSTANT
En deux mille ans d’histoire, l’engagement des chrétiens dans le monde s’est
réalisé sous des formes diverses. L’une d’entre elles a été la participation à
l’action politique : les chrétiens, affirmait un écrivain ecclésiastique des
premiers siècles, « participent à la vie publique comme citoyens ».
Parmi ses saints, l’Église vénère beaucoup d’hommes et de femmes qui ont
servi Dieu par leur engagement généreux dans les activités politiques et
gouvernementales. L’un d’entre eux, Saint Thomas More, proclamé patron
des responsables de gouvernement et des hommes politiques, a su
témoigner jusqu’à la mort de la « dignité inaliénable de la conscience ».
Bien que soumis à diverses formes de pressions psychologiques, il a refusé
tout compromis et, sans renier « sa constante fidélité à l’autorité et aux
institutions légitimes » qui l’avait distingué, il a affirmé par sa vie et par sa
mort que l’ « on ne peut séparer l’homme de Dieu, ni la politique de la
morale ».
162
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En accomplissant leurs devoirs civils normaux, « guidés par leur conscience
chrétienne » (Gaudium et spes n°76), selon les valeurs conformes à cette
conscience, les fidèles réalisent aussi la tâche qui leur est propre d’animer
chrétiennement l’ordre temporel, tout en en respectant la nature et la
légitime autonomie, et en coopérant avec les autres citoyens, selon leur
compétence spécifique et sous leur propre responsabilité.
Il résulte de cet enseignement fondamental du concile Vatican II que « les
fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la
"politique", à savoir à l’action multiforme, économique, sociale, législative,
administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et
par les institutions, le bien commun » (Christifideles laici n°42).
Ce bien commun inclut la défense et la promotion de réalités telles que l’ordre
public et la paix, la liberté et l’égalité, le respect de la vie humaine et de
l’environnement, la justice, la solidarité, etc.
La présente "Note" ne prétend pas proposer de nouveau l’intégralité de
l’enseignement de l’Église en la matière, qui est d’ailleurs repris dans ses
lignes essentielles dans le "Catéchisme de l’Église Catholique", mais elle
veut simplement rappeler quelques principes propres à la conscience
chrétienne, qui inspirent l’engagement social et politique des catholiques
dans les sociétés démocratiques.
Et cela parce que, ces derniers temps, souvent par suite du cours rapide des
évènements, sont apparues des orientations ambiguës et des positions
contestables, qui rendent utile la clarification de dimensions et d’aspects
importants d’une telle question.
II. QUELQUES POINTS CLÉS DANS LE DÉBAT CULTUREL ET
POLITIQUE ACTUEL
La société civile se trouve aujourd’hui dans un processus culturel complexe,
qui signe la fin d’époque et l’incertitude pour celle qui se profile à l’horizon.
Mais, en même temps, il n’est pas possible de passer sous silence les graves
dangers vers lesquels certaines tendances culturelles voudraient orienter les
législations, et par voie de conséquence, les comportements des futures
générations.
On constate, aujourd’hui, un certain relativisme culturel, qui se manifeste de
manière évidente en érigeant en théorie et en défendant le pluralisme éthique,
qui est la preuve de la décadence et de la dissolution de la raison et des
principes de la loi morale naturelle.
163
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Il en résulte que, d’une part, les citoyens revendiquent la plus complète
autonomie pour leurs choix moraux, tandis que, de l’autre, les législateurs
pensent qu’il faut respecter cette liberté de choix, en formulant des lois qui
font fi des principes de l’éthique naturelle, pour se montrer indulgent
uniquement envers certaines orientations culturelles ou morales transitoires,
comme si toutes les conceptions possibles de la vie avaient une égale
valeur.
En même temps, en s’appuyant de façon trompeuse sur la valeur de la
tolérance, on demande à une bonne partie des citoyens (et notamment aux
catholiques) de renoncer à participer à la vie sociale et politique de leur
pays, selon la conception de la personne et du bien commun qu’ils pensent
humainement vraie et juste, (…)
Les citoyens qui ont raison, sont ceux qui jugent totalement fausse la thèse
relativiste, selon laquelle il n’existe pas une norme morale enracinée dans la
nature même de l’homme, au jugement de laquelle doit se soumettre toute
conception de l’homme, du bien commun et de l’État. Cette conception
relativiste du pluralisme n’a rien à voir avec la légitime liberté qu’ont les
citoyens catholiques de choisir, parmi les opinions politiques compatibles avec
la foi et la morale naturelle, celle qui, selon leur propre critère, correspond le
mieux aux exigences du bien commun.
La liberté politique n’est pas fondée, et ne peut pas l’être, sur l’idée
relativiste selon laquelle toutes les conceptions du bien de l’homme ont la
même vérité et la même valeur, mais sur le fait que les activités politiques
visent, pour chaque cas, à la réalisation extrêmement concrète du vrai bien
humain et social, dans un contexte historique, géographique, économique,
technologique et culturel bien déterminé.
La réalisation concrète et la diversité des circonstances engendrent
généralement une pluralité d’orientations et de solutions, qui doivent
toutefois être moralement acceptables. Il n’appartient pas à l’Église de
formuler des solutions concrètes (et encore moins des solutions uniques) pour
des questions temporelles que Dieu a laissées au jugement libre et responsable
de chacun, bien qu’elle ait le droit et le devoir de prononcer des jugements
moraux sur des jugements temporels, lorsque la foi et la morale le
requièrent. Si les chrétiens sont tenus « de reconnaître la légitime multiplicité
et diversité des options temporelles » (Gaudium et Spes, n.76), ils sont
également appelés à s’opposer à une conception du pluralisme marquée par le
relativisme moral, qui est nuisible pour la vie démocratique elle-même, celleci ayant besoin de fondements vrais et solides, c'est-à-dire de principes
éthiques qui, en raison de leur nature et de leur rôle de fondement de la vie
sociale, ne sont pas « négociables ».
164
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En ce qui concerne le militantisme politique concret, il faut noter que :
-
le caractère contingent de certains choix en matière sociale,
les diverses stratégies souvent possibles pour réaliser ou garantir une
même valeur substantielle de fond,
la possibilité d’interpréter de manière différente certains principes
fondamentaux de la théorie politique,
la complexité technique d’une bonne partie des problèmes politiques,
tout cela explique le fait qu’il y ait en général une pluralité de partis à
l’intérieur desquels, les catholiques puissent choisir de militer, pour
exercer (surtout à travers la représentation parlementaire) leurs droits et leurs
devoirs dans la construction de la vie civile de leur pays.
Ce constat évident ne peut, cependant, se confondre avec un pluralisme
indéterminé dans le choix des principes moraux et des valeurs fondamentales
auxquels on se réfère.
La légitime pluralité des options temporelles garde intacte la source d’où
provient l’engagement des catholiques dans la politique, et cette dernière se
réfère directement à la doctrine morale et sociale chrétienne.
C’est à cet enseignement que les laïcs catholiques doivent toujours se
conformer pour avoir la certitude que leur participation à la vie politique est
empreinte d’une responsabilité cohérente à l’égard des réalités temporelles.
L’Église a conscience que si, d’une part, le chemin de la démocratie exprime
au mieux la participation directe des citoyens aux choix politiques, d’autre
part, il n’est possible que dans la mesure où il est fondé sur une juste
conception de la personne.
Sur ce principe, l’engagement des catholiques ne peut tolérer aucun
compromis, car, autrement, le témoignage de la foi chrétienne dans le monde,
ainsi que l’unité et la cohérence interne des fidèles eux-mêmes, feraient
défaut.
La structure démocratique, sur laquelle entend se construire un état moderne,
aurait une certaine fragilité, si elle ne prenait pas comme fondement le
caractère central de la personne. C’est d’ailleurs, le respect de la personne
qui rend possible la participation démocratique.
Comme l’enseigne le concile Vatican II, « la sauvegarde des droits de la
personne est en effet la condition indispensable pour que les citoyens,
individuellement ou en groupe, puissent participer activement à la vie et à la
gestion de la nation ». (Gaudium et spes, n.73).
165
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À partir de là, s’étend le réseau complexe des problématiques actuelles, qui
ne peuvent être comparées aux questions qui se posaient aux siècles passés.
Les conquêtes scientifiques ont en effet permis d’atteindre des objectifs qui
ébranlent les consciences et qui obligent à trouver des solutions susceptibles de
respecter les principes éthiques d’une manière cohérente et solide.
On assiste au contraire à des tentatives de législation qui visent à briser le
caractère intangible de la vie humaine, sans tenir compte des conséquences
qui en découlent pour l’existence et l’avenir des peuples, dans le domaine de la
formation de la culture et des comportements sociaux. Dans une telle situation,
les catholiques ont le droit et le devoir d’intervenir pour rappeler le sens le
plus profond de la vie et des responsabilités qui incombent à tous en cette
matière.
Dans la droite ligne de l’enseignement constant de l’Église, Jean-Paul II a
maintes fois répété que ceux qui sont engagés directement dans les instances
législatives ont, « une obligation précise de s’opposer » à toute loi qui
s’avère un attentat contre la vie humaine. Pour eux, comme pour tout
catholique, il est impossible de participer à des campagnes d’opinion en
faveur de telles lois, et il n’est permis à personne de les soutenir par son
vote.
Comme l’a enseigné Jean-Paul II dans l’encyclique "Evangelium vitae" à
propos du cas où il ne serait pas possible d’éviter ou d’abroger totalement une
loi permettant l’avortement déjà en vigueur ou mise au vote, cela ne
m’empêche pas qu’ « un parlementaire, dont l’opposition personnelle
absolue à l’avortement serait manifeste et connue de tous, pourrait
licitement apporter son soutien à des propositions destinées à limiter les
préjudices d’une telle loi et à en diminuer ainsi les effets négatifs sur le plan
de la culture et de la moralité publique ».(Evangelium vitae, n.73).
Dans ce contexte, il faut ajouter que la conscience chrétienne bien formée ne
permet à personne d’encourager par son vote la mise en œuvre d’un
programme politique ou d’une loi dans lesquels le contenu fondamental de la
foi et de la morale serait évincé par la présentation de propositions différentes
de ce contenu ou opposées à lui. Parce que la foi est un tout indivisible, il n’est
pas logique d’isoler un de ses éléments au détriment de la totalité de la
doctrine catholique.
L’engagement politique en faveur d’un aspect isolé de la doctrine sociale de
l’Église ne suffit pas à répondre totalement à la responsabilité pour le bien
commun. Les catholiques ne peuvent pas non plus songer à déléguer à d’autres
l’engagement qu’ils ont reçu de l’évangile de Jésus-Christ, pour que la vérité
sur l’homme et sur le monde puisse être annoncée et atteinte.
166
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Quand l’action politique est confrontée à des principes moraux qui
n’admettent ni dérogation, ni exception, ni aucun compromis,
l’engagement des catholiques devient plus évident et se fait lourd de
responsabilités.
Face à ces exigences éthiques fondamentales, auxquelles on ne peut renoncer,
les chrétiens doivent en effet savoir qu’est en jeu l’essence de l’ordre
moral, qui concerne le bien intégral de la personne.
- Tel est le cas des lois civiles en matière d’avortement et d’euthanasie (à
ne pas confondre avec le renoncement à l’acharnement thérapeutique qui,
même du point de vue moral, est légitime), qui doivent protéger le droit
primordial à la vie, depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle. De la
même manière, il faut rappeler le devoir de respecter et de protéger les
droits de l’embryon humain.
- De même, il faut préserver la protection et la promotion de la famille,
fondée sur le mariage monogame entre personne de sexe différent, et
protégée dans son unité et sa stabilité, face aux lois modernes sur le
divorce : aucune autre forme de vie commune ne peut en aucune manière
lui être juridiquement assimilable, ni ne peut recevoir, en tant que telle,
une reconnaissance légale.
- De même, la garantie de liberté d’éducation est un droit inaliénable des
parents, reconnu entre autre par les déclarations internationales des droits
humains. (…)
Enfin, comment ne pas voir dans ces exemples le grand thème de la paix.
Une vision irénique et idéologique tend parfois à donner un sens profane à la
valeur de la paix, tandis que, dans d’autres cas, on se limite à un jugement
éthique sommaire, oubliant la complexité des raisons en question.
La paix est toujours « œuvre de la justice et effet de la charité » (CEC, n.
2304) ; elle exige le refus radical et absolue de la violence et du terrorisme,
et elle requiert un engagement constant et vigilant de la part de ceux qui ont
une responsabilité politique.
III. PRINCIPES DE LA DOCTRINE CATHOLIQUE SUR LA LAÏCITÉ
ET LE PLURALISME.
Face à ces questions, s’il est permis d’admettre une pluralité de
méthodologies qui reflètent des sensibilités et des cultures différentes, aucun
fidèle chrétien ne peut cependant en appeler au principe du pluralisme et de
l’autonomie des laïcs en politique, pour favoriser les solutions qui
compromettent ou qui atténuent la sauvegarde des exigences éthiques
fondamentales pour le bien commun de la société.
167
Association Notre Dame de Chrétienté
En soi, il ne s’agit pas de « valeurs confessionnelles », car de telles exigences
éthiques sont enracinées dans l’être humain et appartiennent à la loi morale
naturelle. Elles n’exigent pas de ceux qui les défendent la profession de la foi
chrétienne, même si la doctrine de l’Église les confirme et les protège toujours
et partout, comme un service désintéressé de la vérité sur l’homme et sur le
bien commun de la société civile.
D’autre part, on ne peut nier que la politique doive aussi se référer à des
principes qui possèdent une valeur absolue précisément parce qu’ils sont
au service de la dignité de la personne et du vrai progrès humain.
Le rappel qui est souvent fait, en ce qui concerne la "laïcité" et qui devrait
guider l’engagement des catholiques, exige une clarification, et pas seulement
d’ordre terminologique. La promotion en conscience du bien commun de la
société politique n’a rien à voir avec le « confessionnalisme » ou l’intolérance
religieuse.
Pour la doctrine morale catholique, la laïcité, comprise comme autonomie
de la sphère civile et politique par rapport à la sphère religieuse et
ecclésiastique - mais pas par rapport à la sphère morale -, est d’une valeur
acquise et reconnue par l’Église, et elle appartient au patrimoine de
civilisation déjà atteint. (…)
En effet, la "laïcité" désigne en premier lieu l’attitude de qui respecte les
vérités procédant de la connaissance naturelle sur l’homme qui vit en
société, même si ces vérités sont enseignées aussi par une religion particulière,
car la vérité est UNE. Ce serait une erreur de confondre la juste autonomie
que les catholiques doivent avoir en politique, avec la revendication d’un
principe qui fait fi de l’enseignement moral et social de l’Église.
Par son intervention dans ce domaine, le magistère de l’Église n’entend pas
exercer un pouvoir politique, ni supprimer la liberté d’opinion des catholiques
sur des questions contingentes. Il veut au contraire – conformément à sa
mission – éduquer et éclairer la conscience des fidèles, surtout de ceux qui
se consacrent à la vie politique, afin que leur action reste toujours au service de
la promotion intégrale de la personne et du bien commun.
L’enseignement social de l’Église n’est pas une ingérence dans le
gouvernement des pays. Il établit assurément un devoir moral de cohérence
pour les fidèles laïcs, intérieur à leur conscience, qui est unique et une. (…)
Vivre et agir en politique, conformément à sa conscience, ne revient pas à se
plier à des positions étrangères à l’engagement politique ou à une forme de
confessionnalisme ; mais c’est l’expression par laquelle les chrétiens apportent
une contribution cohérente pour que, à travers la politique, s’instaure un
ordre social plus juste et conforme à la dignité de la personne humaine.
168
Association Notre Dame de Chrétienté
Dans les sociétés démocratiques, toutes les propositions sont soumises à
discussion et évaluées librement. Les personnes qui, au nom du respect de la
conscience individuelle, voudraient voir dans le devoir moral qu’ont les
chrétiens d’être en harmonie avec leur conscience, un élément pour les
disqualifier politiquement, leur refusant le droit d’agir en politique,
conformément à leurs convictions sur le bien commun, tomberaient dans une
forme de laïcisme intolérant.
Dans une telle perspective en effet, on entend refuser à la foi chrétienne non
seulement toute importance politique et culturelle, mais jusqu’à la possibilité
même d’une éthique naturelle. S’il en était ainsi, la voie serait ouverte à une
anarchie morale qui ne pourrait jamais être identifiée à une forme quelconque
de pluralisme légitime.
La domination du plus fort sur le faible serait la conséquence évidente d’une
telle position. D’autre part, la marginalisation du christianisme ne pourrait
servir à l’avenir envisagé d’une société, ni à la concorde entre les peuples. De
plus, elle minerait les fondements culturels et spirituels de la civilisation.
IV. CONSIDÉRATIONS SUR DES ASPECTS PARTICULIERS.
Dans des circonstances récentes, il est arrivé que, même au sein de certaines
associations ou organisations d’inspiration catholique, sont apparues des
orientations en faveur de forces et de mouvements politiques qui, sur des
questions éthiques fondamentales, ont exprimé des positions contraires à
l’enseignement moral et social de l’Église.
De tels choix et de telles connivences, parce qu’ils sont en contradiction avec
des principes fondamentaux de la conscience chrétienne, ne sont pas
compatibles avec l’appartenance à des associations ou à des organisations qui
se définissent comme catholiques. De manière analogue, il faut noter que, dans
certains pays, certaines revues et certains périodiques catholiques ont donné
à leurs lecteurs, à l’occasion de choix politiques, une orientation ambiguë et
incohérente, interprétant de manière équivoque le sens de l’autonomie des
catholiques en politique, sans prendre en considération les principes auxquels
on devrait se référer.
La foi en Jésus-Christ, qui s’est présenté lui-même comme « la Voie, la Vérité
et la Vie » (Jn 14,6) demande aux chrétiens un effort pour participer, avec un
plus grand engagement à l’édification d’une culture qui, inspirée de
l’Évangile, propose à nouveau le patrimoine de valeurs et de contenu de la
tradition catholique.
169
Association Notre Dame de Chrétienté
La nécessité de présenter en termes culturels modernes le fruit de
l’héritage spirituel, intellectuel et moral du catholicisme apparait
aujourd’hui marquée par une urgence qu’on ne peut différer, notamment
pour éviter le risque d’une dispersion culturelle des catholiques.
En outre, la densité culturelle acquise et la maturité d’expérience dans
l’engagement politique que les catholiques ont su développer, dans divers
pays, surtout dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, ne
peuvent susciter en eux aucun complexe d’infériorité en regard d’autres
propositions dont l’histoire récente a montré la faiblesse ou l’échec radical. Il
ne suffit pas de penser, et ce serait réducteur, que l’engagement social des
catholiques puisse se limiter à une simple transformation des structures, car, si
à la base il n’y a pas une culture capable de recevoir, de justifier et d’envisager
les exigences qui découlent de la foi et de la morale, les transformations
reposeront sur des fondements fragiles. (…)
En même temps, l’Église enseigne qu’il n’existe pas d’authentique liberté
sans vérité. « La vérité et la liberté, en effet, vont de pair ou bien elles
périssent misérablement ensemble », a écrit Jean-Paul II (Fides et ration, n.90).
Dans une société où la vérité n’est pas recherchée et où on ne recherche pas à
l’atteindre, toute forme d’exercice authentique de la liberté est aussi affaiblie,
ouvrant la voie à une attitude libertaire et à un individualisme qui nuisent à
la protection du bien de la personne et de la société entière.
V. CONCLUSION
Les orientations données dans cette Note veulent éclairer un des aspects les
plus importants de l’unité de la vie chrétienne : la cohérence entre la foi et la
vie, entre l’Évangile et la culture, rappelée par le concile Vatican II. (…)
Le Souverain Pontife Jean-Paul II, durant l’audience du 21 novembre
2002, a approuvé cette "Note", qui avait été décidée par la Session
ordinaire de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, et il en a ordonné
la publication.
Rome, au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le 24 novembre
2002, Solennité du Christ Roi de l’Univers.
Joseph Cardinal Ratzinger, Préfet
Tarcisio Bertone, S.D.B., archevêque émérite de Vercelli, Secrétaire.
170
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LES AUTORITÉS DANS LA SOCIÉTÉ CIVILE
Catéchisme de l’Église Catholique § 2234 à 2246
Extraits
Le quatrième commandement de Dieu nous ordonne aussi d’honorer tous ceux
qui, pour notre bien, ont reçu de Dieu une autorité dans la société. Il éclaire les
devoirs de ceux qui exercent l’autorité comme de ceux à qui elle bénéficie.
I. DEVOIRS DES AUTORITÉS CIVILES
Ceux qui exercent une autorité doivent l’exercer comme un service. Nul ne
peut commander ou instituer ce qui est contraire à la dignité des
personnes et à la loi naturelle.
L’exercice de l’autorité vise à rendre manifeste une juste hiérarchie des valeurs
afin de faciliter l’exercice de la liberté et de la responsabilité de tous.
Les pouvoirs politiques sont tenus de respecter les droits fondamentaux de la
personne humaine. Ils rendront humainement la justice dans le respect du
droit de chacun, notamment des familles et des déshérités.
Les droits politiques attachés à la citoyenneté peuvent et doivent être accordés
selon les exigences du bien commun. Ils ne peuvent être suspendus par les
pouvoirs publics sans motif légitime et proportionné. L’exercice des droits
politiques est destiné au bien commun de la nation et de la communauté
humaine.
II. DEVOIRS DES CITOYENS
Ceux qui sont soumis à l’autorité regarderont leurs supérieurs comme
représentants de Dieu qui les a institués ministres de ses dons. Leur
collaboration loyal comporte le droit, parfois le devoir d’exercer une juste
remontrance sur ce qui leur paraîtrait nuisible à la dignité des personnes et au
bien de la communauté.
171
Association Notre Dame de Chrétienté
Le devoir des citoyens est de contribuer avec les pouvoirs civils au bien de
la société dans un esprit de vérité, de justice, de solidarité et de liberté.
L’amour et le service de la patrie relèvent du devoir de reconnaissance et de
l’ordre de la charité. La soumission aux autorités légitimes et le service du
bien commun exigent des citoyens qu’ils accomplissent leur rôle dans la vie de
la communauté politique.
La soumission à l’autorité et la coresponsabilité du bien commun exigent
moralement le paiement des impôts, l’exercice du droit de vote, la défense du
pays.
Les nations mieux pourvues sont tenues d’accueillir autant que faire se peut
l’étranger en quête de la sécurité et des ressources vitales qu’il ne peut trouver
dans son pays d’origine. Les pouvoirs publics veilleront au respect du droit
naturel qui place l’hôte sous la protection de ceux qui le reçoivent.
Les autorités politiques peuvent en vue du bien commun dont elles ont la
charge subordonner l’exercice du droit d’immigration à diverses conditions
juridiques, notamment au respect des devoirs des migrants à l’égard du pays
d’adoption. L’immigré est tenu de respecter avec reconnaissance le patrimoine
matériel et spirituel de son pays d’accueil, d’obéir à sa loi et de contribuer à
ses charges.
Le citoyen est obligé en conscience de ne pas vivre les prescriptions des
autorités civiles quand ces préceptes sont contraires aux exigences de
l’ordre moral, aux droits fondamentaux des personnes ou aux
enseignements de l’Évangile.
Le refus d’obéissance aux autorités civiles, lorsque leurs exigences sont
contraires à celles de la conscience droite, trouve sa justification dans la
distinction entre le service de Dieu et le service de la communauté politique.
« Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à
Dieu ». (Mt XXII, 21). « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ». (Ac V,
29).
Si l’autorité publique, débordant sa compétence, opprime les citoyens, que
ceux-ci ne refusent pas ce qui est objectivement demandé par le bien commun.
Il leur cependant permis de défendre leurs droits et ceux de leurs concitoyens
contre les abus du pouvoir, en respectant les limites tracées par la loi naturelle
et la Loi évangélique.
172
Association Notre Dame de Chrétienté
La résistance à l’oppression du pouvoir politique ne recourra pas légitimement
aux armes, sauf si se trouvent réunies les conditions suivantes :
-
En cas de violations certaines, graves et prolongées des droits
fondamentaux,
Après avoir épuisé tous les autres recours,
Sans provoquer des désordres pires,
Qu’il y ait un espoir fondé de réussite,
S’il est impossible de prévoir raisonnablement des solutions meilleures.
III. LA COMMUNAUTÉ POLITIQUE DE L’ÉGLISE
Il appartient à la mission de l’Église de « porter un jugement moral, même en
des matières qui touchent le domaine politique, quand les droits fondamentaux
de la personne ou le salut des âmes l’exigent, en utilisant tous les moyens, et
ceux-là seulement, qui sont conformes à l’Évangile et en harmonie avec le
bien de tous, selon la diversité des temps et des situations ».
173
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Saint Thomas More : un exemple d'homme politique à suivre!
"POUR LA PROCLAMATION DE SAINT THOMAS MORE COMME PATRON
DES RESPONSABLES DE GOUVERNEMENT ET DES HOMMES POLITIQUES"
Extrait du Motu Proprio : - 31 octobre 2000 - Jean Paul II
" Il est bon de revenir à l’exemple de saint Thomas More, qui se
distingua par sa constante fidélité à l’autorité et aux institutions
légitimes, précisément parce qu’il entendait servir en elles non le
pouvoir mais l’idéal suprême de la justice. Sa vie nous enseigne que le
gouvernement est avant tout un exercice de vertus.
Fort de cette rigoureuse assise morale, cet homme d’État anglais mit
son activité publique au service de la personne, surtout quand elle est
faible ou pauvre; il géra les controverses sociales avec un grand sens
de l’équité; il protégea la famille et la défendit avec une détermination
inlassable; il promut l’éducation intégrale de la jeunesse.
Son profond détachement des honneurs et des richesses, son humilité
sereine et joviale, sa connaissance équilibrée de la nature humaine et
de la vanité du succès, sa sûreté de jugement enracinée dans la foi, lui
donnèrent la force intérieure pleine de confiance qui le soutint dans
l’adversité et face à la mort.
Sa sainteté resplendit dans le martyre, mais elle fut préparée par une
vie entière de travail dans le dévouement à Dieu et au prochain".
174
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C. RÉSOLUTIONS PRATIQUES
LA PURETÉ AVANT LE MARIAGE
Méditation
Partons d’une vérité : que vous le vouliez ou non, vous êtes faits pour aimer.
Or, « la source de tout amour vient de Dieu, car Dieu est Amour » nous dit
Saint Jean.
De plus, cet amour en Dieu a un nom et vous le connaissez, car on ne cesse de
parler de Lui en ce jour de la Pentecôte ! Mais oui, c’est le Saint-Esprit ! Il est,
en effet cet amour mutuel entre le Père et le Fils, qui nous est donné le jour de
la Pentecôte.
C’est donc dans la mesure où vous vivrez sous l’emprise du Saint-Esprit
que vous pourrez vraiment aimer Dieu, mais aussi vous aimer entre vous.
Pour vous, chers pèlerins, qui dans la grande majorité n’êtes pas encore
mariés, se pose la question récurrente : qu’est-ce que l’amour entre un
garçon et une fille avant le mariage ?
Si vous écoutez ce que vous disent la télévision, la radio, bien des revues et
des personnes autour de vous, vous êtes sûrs d’aller droit dans le mur ! C’est
pourquoi il ne faut pas jouer avec la grandeur de l’amour et bien connaître les
lois qui y mènent. Ces lois peuvent se résumer en trois mots d’ordre : pas
trop tôt, pas trop vite et donc pas trop près !
I. TOUT D’ABORD, PAS TROP TÔT : CONSTRUISEZ-VOUS
D’ABORD
Il est certain que l’on peut ressentir très jeune des sentiments pour un garçon
ou pour une fille. Mais est-ce vraiment de l’amour ?
175
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Vous réalisez bien que pour le savoir c’est trop tôt, car l’amour ce n’est pas
que du sentiment ; c’est beaucoup plus profond, et pour l’analyser en toute
vérité il faut une réelle maturité. Il faut donc du temps pour cela. Mais alors
que faire entre-temps ? Eh bien, il faut respecter une étape essentielle :
l’amitié.
De belles amitiés entre garçons et filles, c’est possible ! L’expérience est là
pour le prouver. De belles amitiés qui sont pures, où il n’y a pas de sousentendus. Des amitiés pures, c’est cela qui structure des personnes, c’est
cela qui construit un futur amour.
Chers pèlerins, construisez de vraies amitiés entre vous et autour de vous.
Profitez, dans le bon sens du terme, de votre jeunesse, et ne commencez pas
trop tôt une relation amoureuse. Chaque chose en son temps.
Et puis retenez bien cette vérité : L’amour est le don de sa personne à
l’autre. Attention donc à l’amour captatif qui consiste à s’aimer soi-même à
travers l’autre. Ce n’est pas de l’amour, mais de l’égoïsme. Dans beaucoup de
relations entre des garçons et des filles c’est cela qui prévaut aujourd’hui, aussi
n’est-ce pas étonnant que cela finisse mal !
Oui, l’amour consiste à se donner véritablement et totalement à l’autre,
mais pour cela il faut s’être déjà construit soi-même. Si la fille et le garçon
sont immatures, pleins de défauts et imbus d’eux-mêmes, ils ne pourront rien
construire ensemble dans le mariage.
Car le mariage ne consiste pas à se regarder dans le blanc des yeux toute la vie,
mais à construire à deux un foyer. Vous connaissez peut-être cette très belle
phrase de Saint-Exupéry dans "Terre des hommes" : « Aimer, ce n’est pas se
regarder l’un l’autre, mais regarder ensemble dans la même direction. ».
II. ENSUITE, PAS TROP VITE; SOYEZ PATIENT ET DISCRET
Le temps ne respecte pas ce qu’on fait sans lui. Dans notre monde
d’aujourd’hui, nous avons une formidable illusion du temps réel, on veut tout
de suite ! On a des moyens de communication immédiats : Facebook, Twitter,
Sms, , Mms, Msn… tout va très vite !
Un garçon et une fille qui se rencontrent à une soirée, et ça y est : c’est le
grand amour. On commence les confidences, on a déjà noué des liens qu’on ne
pourra plus défaire après… Même si vous avez déjà une réelle maturité et
l’âge pour penser à des fiançailles : Pas trop vite ! Pas trop vite les
confidences ! Un temps viendra pour les confidences. Les confidences,
réservez-les à celle ou à celui qui sera le trésor de votre vie, et non pas au
premier venu.
176
Association Notre Dame de Chrétienté
Il y a des garçons qui ont patienté plusieurs années avant de dire à une jeune
fille ce qu’ils éprouvaient pour elle, parce qu’ils ne savaient pas encore
comment orienter leur vie profondément ; ils se sont gardés, ils n’ont rien dit,
ils n’ont rien fait qui aurait pu prêter à confusion ! Par contre, il y a aussi ceux
qui, après une relation bien établie, repoussent sans cesse la date des
fiançailles ou du mariage par peur de l’engagement !
Il faut que vous aussi, Mesdemoiselles, vous appreniez à patienter. Souvent les
filles veulent se marier très vite, trop vite, et puis, du coup, elles s’en mordent
les doigts après. Qu’elles ne tombent pas non plus dans le travers inverse qui
consiste à attendre le prince charmant, car elles pourront attendre bien
longtemps… ; les garçons auront toujours des défauts, c’est inévitable. Seules
celles qui épouseront Notre-Seigneur dans la vie religieuse auront le privilège
d’avoir un époux parfait.
III. ENFIN, PAS TROP PRÈS : SOYEZ PRUDENT
Jean-Paul II s’adressant à la jeunesse catholique, lors de JMJ, disait : « Vous
avez tous une vocation au martyre ; ça ne sera plus le martyre sanglant des
premiers chrétiens, ce sera le martyre à contre-courant. Je pense en
particulier, précise-t-il aux jeunes, à la difficulté de rester pur dans les
relations amicales, je pense aux fiancés et à la difficulté de vivre de vraies
fiançailles. »
Oui, chers pèlerins, vous le savez par expérience, le monde ne vous fera pas de
cadeau en matière de pureté ; alors, faites-vous-en mutuellement !
Oui, il faudrait que l’attitude et les mœurs des chrétiens et des chrétiennes
soient vraiment dignes de leur nom. Pour cela il faut que les garçons et les
filles apprennent à s’entraider, et non pas à se faire tomber mutuellement,
que ce soit dans l’amitié ou dans les fiançailles.
-
La faiblesse de la fille : c’est son cœur ! En elle, prédominent les
sentiments et l’imagination, d’où sa difficulté à maîtriser ses émotions.
Aussi, jeunes gens, ne jouez pas avec le cœur des jeunes filles ; vous ne
savez pas le mal que vous pouvez leur faire, quand vous vous amusez à
leur faire croire que vous avez des sentiments pour elles. Gardez vos
distances : pas trop près et pas trop souvent, s’il vous plaît !
-
La faiblesse du garçon : c’est son corps ! En lui prédomine le besoin
d’action, de se réaliser en faisant quelque chose ; c’est pour cela que le
Bon Dieu a voulu que son amour pour la femme passe beaucoup par le
corps. Mais le péché originel a tout détraqué, aussi l’homme a-t-il bien du
mal maintenant à se maîtriser en matière de chasteté.
177
Association Notre Dame de Chrétienté
Donc, Mesdemoiselles, ne jouez pas avec le corps des garçons. Ne les
provoquez pas, s’il vous plaît ! Vous avez la capacité soit de les purifier
grandement par une attitude digne d’une chrétienne, soit de les faire chuter
parfois gravement ! Ce n’est pas pour rien que l’on vous dit qu’il faut faire
attention à la manière de vous tenir, à votre manière de vous habiller, à ne
pas mettre en valeur telle ou telle partie de votre corps, à votre manière de
vous comporter…
De plus, sachez qu’un garçon bien vous fuira si vous ne savez pas vous tenir,
et vous attirerez au contraire les mauvais qui espéreront obtenir de vous ce que
vous affichez. Au contraire, si vous savez refléter extérieurement, par votre
maintien, les qualités de votre âme, alors les garçons biens vous fréquenteront
volontiers parce que vous leur ferez du bien, et les mauvais iront “chasser”
ailleurs !
Le combat pour la pureté et la chasteté en vaut vraiment la peine, Claudel le
montre superbement : « La chasteté, dit-il, vous rendra vigoureux, prompt,
alerte, pénétrant, clair comme un coup de trompette et tout splendide comme
le soleil du matin… vous vous priverez de quelques plaisirs avilissants et qui
ne mènent à rien, mais vous connaîtrez le fer et l’acier, les joies salubres,
martiales, athlétiques de la victoire sur soi-même. »
Chers pèlerins, au terme de cette méditation, vous réalisez certainement toute
la pertinence de cette sentence du Saint Padre Pio : « L’amour vrai ne peut être
bon marché ; il est exigeant. » Vous réalisez aussi, probablement, qu’il va
falloir prendre des décisions, faire des choix, et que vous ne pouvez peut-être
pas continuer à vivre comme jusqu’à présent ! D’ailleurs beaucoup d’entre
vous sont venus à ce pèlerinage précisément pour que quelque chose change
dans leur vie !
Alors ayez le courage, pendant ces quelques minutes de silence, d’analyser
avec l’aide du Saint-Esprit, source de tout amour, ce qui doit changer après le
pèlerinage. Demandez-lui alors la force de le mettre en pratique. Et puis
n’oubliez jamais ces quelques mots qu’André Charlier vous adresse : « Le plus
grand honneur qu’on puisse faire à la jeunesse, c’est de lui dire qu’elle est
vouée à la pureté et à la grandeur. »
Citations
« L’amour conjugal révèle sa vraie nature et sa vraie noblesse quand on le
considère dans sa source suprême, Dieu, qui est amour (…) le Père de qui
toute paternité tire son nom au ciel et sur la terre (…) Le mariage n’est donc
pas l’effet du hasard ou un produit de l’évolution des forces naturelles
inconscientes : c’est la sage institution du Créateur pour réaliser dans
l’humanité Son dessein d’amour. » Paul VI, "Humanae Vitae", 8
178
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« L’union des corps a toujours été le langage le plus fort que deux êtres
puissent se dire l’un à l’autre (…) Un tel langage (…) exige qu’on
n’accomplisse jamais les gestes de l’amour sans que les conditions d’une
prise en charge totale et définitive de l’autre soient assurées, et que
l’engagement en soit pris publiquement dans le mariage. ». Bx Jean-Paul II,
France, "qu’as-tu fais des promesses de ton baptême?"
« L’amour réalise notre aspiration la plus profonde ; et quand nous aimons,
nous devenons plus pleinement nous-mêmes, nous devenons plus pleinement
humains. Mais comme il est facile de transformer l’amour en une fausse
divinité ! Souvent, les gens pensent aimer, alors qu’en réalité ils tendent à
posséder l’autre et à le manipuler. Parfois, les gens traitent les autres comme
des objets, pour satisfaire leurs propres besoins, plutôt que comme des
personnes à apprécier et à aimer. Comme il est facile d’être trompé par les
nombreuses voix qui, dans notre société, défendent une approche permissive
de la sexualité, sans prêter attention à la pudeur, au respect de soi et aux
valeurs morales qui confèrent aux relations humaines leurs qualités ! C’est là
adorer une fausse divinité. Au lieu de donner la vie, elle donne la mort »,
Benoît XVI, "Discours aux jeunes", JMJ 2008
« Pouvoir faire exister une personne unique au monde [donner la vie à un
enfant], une personne qui ne va plus jamais cesser d’exister, qui est mise sur
orbite de vie éternelle, qui reçoit une âme immortelle sur laquelle la mort
n’aura jamais d’emprise : n’est-ce pas ce qu’il y a de plus fabuleux au monde,
de plus passionnant à vivre ? Cela suppose chaque fois une intervention
personnelle de Dieu lui-même, par Son Esprit-Saint, le donateur de vie par
excellence ». Père Daniel Ange
Bibliographie
-
-
« Divin iillius magistri », Pie XI, encyclique sur l’Éducation
« Casti connubii », Pie XI, encyclique sur le mariage chrétien
« Evangelium Vitae », Bienheureux Jean-Paul II,
« Vérité et signification de la sexualité humaine des orientations pour
l’éducation en famille », Conseil Pontifical pour la famille, 8 décembre
1995 (document très important quant au rôle primordial des parents en ce
domaine).
Catéchisme de l’Église Catholique, le Mariage n°1601-1658, l’Éducation
n° 2221-2231, la Chasteté n° 2349, la Pureté n° 2520,
« Chrétienté source de Vie », dossier du pèlerinage de Chartres 2001
« Les neuf fondamentaux de l’éducation », Yannick Bonnet, éd. Presses de
la Renaissance,
« Simples questions sur la vie », publié par la Conférence des Évêques de
France, voir livres de référence.
179
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LA COMMUNICATION DANS LE COUPLE
Méditation
Le dialogue est nécessaire pendant toute la durée du mariage. Savoir
écouter, mais également parler à l’autre est un élément essentiel d’un
mariage qui dure.
I. LE DÉFAUT DE COMMUNICATION, CAUSE PRINCIPALE
D’ÉCHEC
À la question : « Pourquoi notre mariage a-t-il échoué ? » 83% des couples
séparés répondent « Mauvaise communication ». Un foyer est en état de crise
quand les époux n’arrivent plus à communiquer. Il est donc de la plus haute
importance de savoir ce qu’est une bonne communication dans le couple. Nous
n’avons pas la prétention de traiter d’un si vaste sujet en un seul article, mais
nous voudrions donner aujourd’hui quelques pistes basiques.
Le but de la communication en couple, c’est de permettre la croissance de
l’intimité entre les époux, pour arriver autant que possible à la communion des
personnes. Communiquer en couple, c’est alternativement parler à son
conjoint et écouter à son tour. Cela peut paraître une lapalissade !
II. APPRENDRE À ÉCOUTER SANS INTERROMPRE
Et pourtant statistiquement, combien de temps sommes-nous capables
d’écouter un interlocuteur sans le couper pour placer nos propres idées ? La
réponse, consternante, est : 17 secondes en moyenne.
Faites le test, amusez-vous à chronométrer deux personnes en train de discuter.
À moins d’avoir appris les secrets d’une saine communication, ou d’avoir un
tempérament qui soit très accommodant, on n’écoute l’autre que pour
préparer les arguments contraires et on l’interrompt avant 17 secondes,
avant qu’il ait pu expliquer convenablement sa pensée profonde.
180
Association Notre Dame de Chrétienté
Une bonne conversation n’est pas une joute oratoire ! Il faut donc apprendre
à écouter sans interrompre ; mais il faut aller plus loin et s’entraîner à
pratiquer une écoute active, qui manifeste, par l’attitude générale, par les traits
du visage, l’intérêt que nous portons au sujet de la discussion. Nous devons
aussi demander des précisions, nous assurer que nous avons bien compris en
reformulant les propos de l’autre, qui confirmera que telle est bien sa pensée.
Notre conjoint mérite toute notre attention et notre bienveillance quand il
s’adresse à nous. Savoir écouter est donc essentiel.
III. SAVOIR PARLER À L’AUTRE
Il faut ensuite parler à son tour, répondre à notre interlocuteur : savoir parler
de ce que nous pensons, de ce que nous ressentons, de ce que nous
souhaitons, voilà qui n’est pas aisé pour tout le monde. La pudeur paralyse
parfois certains qui n’ont jamais appris à parler d’eux-mêmes et cela est très
dommageable pour la relation du couple. « Un couple qui ne se parle pas est
un couple en danger » ; ne l’oublions pas ! Ce n’est pas en se taisant que les
problèmes seront résolus.
IV. PENDANT LE TEMPS DES FIANÇAILLES
L’idéal est donc d’apprendre à communiquer correctement pendant le temps
des fiançailles.
De quoi faut-il donc se parler ? Il faut parler :
-
du passé, de sa famille, du futur,
des convictions auxquelles on tient, des lignes de conduites auxquelles on
ne renoncera pas, des exigences de vie que l’on s’impose et que l’on
voudrait partager,
des convictions religieuses, de Dieu,
des enfants à venir.
La joie des fiancés est de se parler. Ce domaine est le leur et ils n’ont d’ailleurs
que celui-là.
V. CONTINUER UNE FOIS MARIÉS
Mais attention, il faudra continuer une fois mariés à se ménager
régulièrement de vrais temps de dialogue réconfortant, où nous nous
parlons de ce qui est essentiel pour chacun. Il apparaît trop souvent que les
fiancés qui aimaient tant passer des heures à discuter, oublient après le mariage
que ces temps de dialogues doivent se poursuivre.
181
Association Notre Dame de Chrétienté
Car, lorsque les relations conjugales s’installent, c’est fréquemment au
détriment des temps de véritables échanges verbaux et cela est un tort. La
communication des corps est certes importante, mais elle ne remplace pas les
échanges d’une communication orale, confiante et enrichissante.
Nous imaginons parfois qu’au bout de quelque temps de vie commune, nous
sommes capables de nous comprendre à demi-mot. Cela est un leurre ou plutôt
cela n’arrive que de manière très ponctuelle, à cause des différences de
perception entre homme et femme, des différences de logique et de jugement,
des différences d’expression … A cela se rajoutent les différences de
tempéraments, les différences d’habitudes familiales antérieures. Tout cela
constitue des difficultés réelles à une communication aisée. L’homme est
d’ailleurs malhabile à parler de lui.
Mais, si nous avons le désir de faire croître l’intimité en nous, il faut
apprendre l’art de l’autorévélation.
L’intimité dans le couple est source de grande joie, d’une véritable complicité
entre les époux. Elle est le fruit de beaucoup de travail de la part de chacun
pour apprendre à mieux communiquer. Et si nous sommes convaincus qu’il
faut apprendre cet art, nous serons bien récompensés de nos efforts. Car, Saint
Thomas d’Aquin n’hésite pas à écrire que cette communion de personnes dans
le mariage est « un avant-goût du Ciel ».
Extrait d’un article paru dans "L’Homme nouveau", n°1508, du 31 décembre
2011, de Marc et Maryvonne PIERRE, animateurs des sessions sur les thèmes
du mariage, des relations au sein du couple et de la famille et de l’éducation.
(Association "Croître et progresser ensemble, Notre-Dame de Cana").
(Avec l’autorisation des auteurs et du journal "l’Homme Nouveau". Les soustitres sont de Notre-Dame de Chrétienté).
Pour tous renseignements concernant les futures sessions, contacter les
animateurs au 04 74 35 04 92 ou 06 03 28 96 82, courriel :
[email protected].
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OBSERVATIONS TIRÉES DE LECTURES OU DE CONFÉRENCES
I. LES PALIERS DE LA COMMUNICATION :
- la conversation de couloir : « ça va ? Très bien et vous ? ». C’est
mieux que rien ;
- le discours du journaliste : « les faits et rien que les faits ». Le degré
d’intimité intellectuelle, émotionnelle, spirituelle ou physique reste
très limité ;
- le discours rationnel : « Tu sais ce que je pense ? ». La probabilité de
conflit ou de divergence s’élève ;
le discours émotionnel : « je vais te dire ce que je ressens ». C’est
beaucoup plus difficile, car nos sentiments appartiennent à notre vie
privée et le risque de divergence s’accroit. Mais c’est essentiel pour
faire grandir l’intimité ;
- le discours de la vérité, dans l’amour et la sincérité : « soyons
honnêtes ». nous sommes francs sans condamner et ouverts sans rien
imposer : chacun jouit de la liberté de penser et de réagir
différemment.
À ce 5ème palier, la communication débouche sur un profond sentiment de
complicité et d’intimité dans le mariage. L’exigence de ce palier est une
attitude d’acceptation de l’autre.
II. CONDITIONS REQUISES POUR POUVOIR DISCUTER :
- SAVOIR PARLER :
• ne pas s’imaginer que l’autre peut tout deviner,
• ne pas accuser : le « tu » tue,
-
:
ne pas interpréter ce que dit l’autre, comme un jugement ou une
accusation,
essayer de comprendre ce que l’autre veut dire et ne pas essayer de
se justifier immédiatement,
être tout à son interlocuteur et ne pas faire autre chose en même
temps, ni manifester son impatience par son attitude,
ne pas essayer de trouver immédiatement des solutions. D’abord
écouter et comprendre.
SAVOIR ÉCOUTER
•
•
•
•
III. LES 10 COMMANDEMENTS DU DIALOGUE :
- nous accepter tels que nous sommes, dans la joie,
- considérer ce qu’on a reçu plutôt que ce qui nous manque,
- remercier plutôt que se plaindre,
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-
dire du bien des autres ; ne pas se contenter de le penser,
ne jamais se comparer aux autres,
s’attacher à la Vérité : le bien est bien ; le mal est mal,
résoudre les conflits par le dialogue et non par la force ; ne pas garder
pour soi des rancœurs,
commencer par évoquer ce qui rassemble avant d’aborder ce qui
divise,
faire le 1er pas de la réconciliation avant le soir,
être persuadé que pardonner est plus important qu’avoir raison.
IV. LES PIÈGES À ÉVITER :
- les malentendus de départ (les préjugés en bien et en mal),
- la fusion (je n’admets pas qu’une partie de l’autre m’échappe),
- les faux dialogues intérieurs (je sais ce qu’il va me dire),
- la pauvreté des dialogues (lieu commun, répétition…),
- l’imposition de son propre ressenti (pression morale, ordres…),
- la mésestime de soi (je me sens jugé),
- les fausses interprétations (je ne sais pas reformuler),
- les blessures du passé (y compris dans l’enfance : susceptibilité),
- le ressentiment (rancœurs accumulées, ruminations…),
- les cercles vicieux (plus je parle, plus il se tait…),
- les besoins en communication divergents, fonction du caractère et de
l’éducation reçue,
- les obstacles externes : fatigue, stress, manque de temps, TV, internet,
- l’immobilisme : la non-envie de faire uneffort pour sortir des
habitudes, pour trouver le temps et le courage de parler.
Bibliographie
-
«Couples et complices» et «les langages de l’amour» , Gary Chapman
«la communication», «amour humain, amour chrétien», «réussir son
couple», «conseils aux couples qui s’aiment… ou qui peinent», Père
Denis Sonet
«les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus», John Gray
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L’AUTORITÉ DANS LA SAGESSE ET L’AMOUR
Pie XII aux Jeunes Époux…
I. L’AUTORITÉ EFFICACE
L’exercice normal de l’autorité ne dépend pas seulement de ceux qui doivent
obéir, mais aussi, dans une large mesure, de ceux qui ont à commander. En
d’autres termes : autre chose est le droit à détenir l’autorité, le droit de donner
des ordres, et autre chose la supériorité morale qui constitue et rehausse
l’autorité effective, opérante, efficace, qui réussit à s’imposer aux autres et
obtient de fait l’obéissance.
Le premier droit vous est conféré par Dieu lui-même, dans l’acte même qui
vous rend père et mère ; la seconde, prérogative, il faut l’acquérir et la
conserver ; elle peut se perdre comme elle peut s’accroître. Or le droit de
commander à vos enfants obtiendra d’eux bien peu de chose, s’il n’est
accompagné de ce pouvoir et de cette autorité personnelle sur eux, qui vous
assurera une obéissance réelle.
Comment, par quel art savant, pourrez-vous donc acquérir, conserver et faire
grandir un tel pouvoir moral ?
Dieu accorde à certains le don naturel de commandement, le don de savoir
imposer à autrui sa propre volonté. C’est un don précieux : réside-t-il tout
entier dans l’esprit, ou en grande partie dans la personne, le comportement, la
parole, le regard, le visage ? Il est souvent difficile de le dire. Si vous le
possédez, n’en abusez pas dans vos rapports avec vos enfants : vous risqueriez
d’emprisonner leur âme dans la crainte, d’en faire des esclaves et non des fils
aimants.
Tempérez cette force par l’effusion d’un amour qui réponde à leur
affection, par une bonté douce, patiente, empressée, encourageante.
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Écoutez le grand apôtre Saint Paul qui vous exhorte : « Pères, ne provoquez
pas vos enfants à la colère, de peur qu’ils ne perdent courage ».
Parents, souvenez-vous que la rigueur mérite un éloge seulement lorsque le
cœur est doux.
II. LA MAÎTRISE DE SOI
Joindre la douceur à l’autorité, c’est vaincre et triompher dans cette lutte où
vous engage votre rôle de parent. Du reste, pour tous ceux qui commandent, la
condition fondamentale d’une maîtrise bienfaisante sur la volonté d’autrui,
c’est la maîtrise sur soi-même, sur ses propres passions et impressions.
Une autorité, quelle qu’elle soit, n’est forte et respectée que lorsque les esprits
des sujets la sentent dirigée dans ses mouvements par la raison, par la foi, par
le sentiment du devoir : car alors, les sujets sentent pareillement que leur
devoir doit répondre à celui de l’autorité.
Si les ordres que vous donnerez à vos enfants, si les réprimandes que vous leur
adresserez, procèdent des impressions du moment, de mouvements
d’impatience, d’imaginations ou de sentiments aveugles ou irréfléchis, ces
ordres ne pourront qu’être, la plupart du temps, arbitraires, incohérents,
peut-être même injustes et inopportuns.
Aujourd’hui vous serez pour ces pauvres petits d’une exigence déraisonnable,
d’une sévérité inexorable ; demain, vous laisserez tout passer.
Vous commencerez par leur refuser un rien, et le moment d’après, fatigués de
leurs pleurs ou de leur bouderie, vous le leur accorderez avec des
démonstrations de tendresse, pressés d’en finir une bonne fois avec une scène
qui vous irrite les nerfs.
Pourquoi donc ne savez-vous pas dominer les mouvements de votre humeur,
mettre un frein à votre fantaisie, vous conduire vous-mêmes alors que vous
entreprenez de conduire vos enfants ?
Si, à un moment donné, vous croyez ne pas vous sentir parfaitement maîtres de
vous-mêmes, remettez à un moment meilleur la réprimande que vous voulez
faire, la punition que vous pensez devoir infliger.
Dans la fermeté paisible et tranquille de votre esprit, votre parole et le
châtiment trouveront une tout autre efficacité, plus de pouvoir éducateur et
plus d’autorité, que n’en sauraient avoir les éclats d’une passion mal
dominée.
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III. CE QUI AMOINDRIT L’AUTORITÉ
Gardez-vous donc de tout ce qui pourrait amoindrir votre autorité auprès
d’eux. Gardez-vous de gaspiller cette autorité en les habituant à de
continuelles, insistantes recommandations et observations qui finissent par
les lasser ; ils feront la sourde oreille et n’y attacheront plus aucune
importance.
Gardez-vous de jouer ou de tromper vos enfants avec des raisons ou
explications fallacieuses et sans consistance, données au petit bonheur, pour
vous tirer d’embarras et vous débarrasser de questions importunes. S’il ne vous
paraît pas bon de leur donner les vraies raisons d’un ordre, mieux vaudra faire
appel à leur confiance en vous, à leur amour pour vous.
Ne faussez pas la vérité, au besoin taisez-la ; vous ne soupçonnez peut-être
même pas quels troubles et quelles crises peuvent naître dans ces petites âmes
le jour où elles viendront à constater qu’on a abusé de leur naturelle crédulité.
Gardez-vous aussi de laisser transparaître le moindre signe de désunion entre
vous, la moindre différence entre vous dans la façon de traiter vos enfants ; ils
s’apercevraient bien vite qu’ils peuvent se servir de l’autorité de la mère contre
celle du père, ou du père contre la mère, et ils résisteraient difficilement à la
tentation d’employer cette divergence à satisfaire toutes leurs fantaisies.
Gardez-vous enfin d’attendre que vos enfants aient grandi en âge pour
exercer sur eux une autorité, bonne et calme, mais en même temps ferme et
nette, qui ne cède à aucune scène de larmes ou de colère.
IV. AUTORITÉ NÉE DE L’AMOUR
Ce sera une autorité sans faiblesse que la vôtre, mais une autorité née de
l’amour, toute imprégnée et soutenue par l’amour. Soyez les premiers maîtres
et les premiers amis de vos enfants. Si vraiment c’est l’amour paternel et
maternel qui inspire vos ordres –un amour chrétien à tous égards et non une
complaisance égoïste plus ou moins inconsciente -, vos enfants en seront
touchés et ils lui répondront au fond de leur âme sans que vous ayez besoin de
beaucoup de paroles : car le langage de l’amour est plus éloquent par le
silence de l’action que par les accents des lèvres.
Mille petits signes, une inflexion de voix, un geste imperceptible, une légère
expression du visage, un signe d’approbation leur découvriront, mieux que
toutes les protestations, quelle affection inspire une défense qui les afflige,
quelle bienveillance se cache dans une recommandation qui les ennuie :
alors la parole de l’autorité apparaîtra à leur cœur non comme un fardeau
pesant ou un joug odieux qu’il faut secouer le plus tôt possible, mais bien
comme la suprême manifestation de votre amour.
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V. L’EXEMPLE
Et l’amour, ne s’accompagnera-t-il pas de l’exemple ? Comment les enfants,
naturellement prompts à imiter, pourraient-ils apprendre à obéir s’ils voient en
toute occasion leur mère ne faire aucun cas des ordres de leur père ou même se
plaindre de lui ? S’ils n’entendent, entre les murs de la maison, que critiques
irrespectueuses de toute autorité ? S’ils remarquent que leurs parents sont les
premiers à ne pas accomplir les commandements de Dieu et de l’Église ?
Faites qu’ils aient au contraire sous les yeux un père et une mère, qui dans leur
façon de parler et d’agir, donnent l’exemple du respect des autorités
légitimes, de la fidélité constante aux propres devoirs. Un exemple si
édifiant leur apprendra, plus utilement que la plus étudiée des exhortations, ce
qu’est la véritable obéissance chrétienne et comment ils devront la pratiquer
eux-mêmes envers leurs parents.
Soyez persuadés, chers nouveaux époux, que le bon exemple est le plus
précieux patrimoine que vous puissiez donner et léguer à vos enfants.
C’est la vision ineffaçable d’un trésor d’œuvres et de faits, de paroles et de
conseils, d’actes pieux et de démarches vertueuses, qui restera toujours
vivante, imprimée dans leur mémoire et leur esprit, comme un des souvenirs
les plus émouvants et les plus chers, qui rappellera et ressuscitera pour eux vos
personnes aux heures de doute et d’hésitation entre le bien et le mal, entre
le danger et la victoire.
Aux heures troubles, quand le ciel s’assombrira, vous leur réapparaîtrez
comme à un horizon lumineux qui éclairera et dirigera leur chemin grâce au
chemin déjà fait par vous, parcouru dans ce travail et ces peines qui sont le
prix du bonheur d’ici-bas et du ciel.
Est-ce là un rêve ? Non ! La vie que vous commencez avec votre nouvelle
famille n’est pas un rêve : c’est un sentier où vous marchez, investis d’une
dignité et d’une autorité qui veulent être une école et un apprentissage pour
les enfants de votre sang qui y marcheront après vous.
Que le Père céleste, qui, en vous appelant à participer à la grandeur de sa
paternité, vous a communiqué aussi son autorité, daigne vous accorder de
l’exercer, à son imitation, dans la sagesse et l’amour !
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Bibliographie
I. Textes du Magistère sur l’éducation
- Textes scripturaires cités : Luc 2, 42-51 ; Jn 4, 34 ; Jn 6,38 ; Jn 8, 29 ; Mt
26,39 ; Mt 28,18 ; Act 4,19 ; He 5, 7-8 ; He 10, 5-10 ; Phil 2, 8-10.
- Somme théologique, Saint Thomas d’Aquin (en particulier le traité des
vertus Ia IIae qu. 49 à 70).
- Catéchisme du Concile de Trente.
- Catéchisme de Saint-Pie X.
- Catéchisme de l’Église Catholique (1992), CEC n°1701 et 1707 (le péché
originel) ; n° 1716 et suivants (la béatitude) ; n° 1803 et suivants (les
vertus).
- Compendium de la doctrine sociale de l’Église, n° 238-243.
- Encyclique « Divini illius Magistri », Pie XI (1229), sur l’éducation
chrétienne de la jeunesse (spécialement la condamnation du naturalisme
pédagogique).
- Déclaration « Gravissimum educationis », Vatican II (1965), sur
l’éducation chrétienne (voir extraits dans ce dossier).
- Exhortation apostolique « Familiaris consortio », Bx Jean-Paul II
(1981), sur les tâches de la famille dans le monde d’aujourd’hui
(spécialement n°36 à 40).
- Discours « aux jeunes d’aujourd’hui », Bienheureux Jean-Paul II,
Sarment /Fayard 1990.
- Exhortation apostolique « Vita consecrata », Bx Jean-Paul II (1996), sur la
vie consacrée (spécialement Ch I 1 Louange de la Trinité).
- Discours au congrès ecclésial de Rome, Benoît XVI.
II. Sur l’éducation : réflexions et guides pratiques
- « L’Église et l’éducation », Jean de Viguerie, professeur émérite des
Universités, éd. DMM 2010. Voir également, du même auteur : « Les
pédagogues. Essai historique sur l’utopie pédagogique » 2011.
- « Les 9 fondamentaux de l’éducation », Père Yannik Bonnet, éd. Petite
renaissance, collection pratique 2007
- « Être heureux au travail » Père Yannik Bonnet, éd. Presses de la
Renaissance 2006,
- « Les hommes acteurs dans la stratégie de l’entreprise », Père Yannik
Bonnet éd. Liaisons 1993
- « le défi éducatif », Père Yannik Bonnet, éd Fleurus 1989.
- « Éduquer aujourd’hui pour demain », Père Jean-Marie Petitclerc, éd.
Salvator 2010.
- « Éduquer des êtres libres », Mgr Chauvet, éd. Paroles et silence, 2001.
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-
-
-
« La famille : héritage ou avenir ? » Conférences de carême 2011.
Présentation par le Cardinal André Vingt-trois, Archevêque de Paris, éd.
Paroles et silence, particulièrement la 3ème conférence sur « Paternité,
maternité, fraternité » et la lettre pastorale du cardinal « la famille et la
jeunesse » 2010, qui est jointe.
« Au cœur de l’amour », Père Marie-Dominique Philippe, fondateur des
frères de St-Jean.
« Construire sa personnalité », Père Pascal Ide, docteur en médecine,
docteur en philosophie, maître en théologie, édit Sarment/Fayard, 1991.
« L’art d’être parents et grands-parents », Père Denis Sonet, conseiller
conjugal et formateur au CLER, collection livre ouvert, 2001.
« la volonté de Dieu, devoir et bonheur », chanoine Albert Pasteau.
« Vers la maturité spirituelle », un Chartreux, Presses de la renaissance.
« Le temps des forces vives chez l’adolescent », Père Thomas Philippe, éd.
Saint-Paul.
« Former la personnalité de l’enfant » James B. Stenson, collection
Laurier 2000.
« lettre aux 18-20 ans de l’an 2000 », un moine, éd. Sainte-Madeleine du
Barroux.
« la foi en famille », Christine Ponsard, éd. Edifa 2006. Huit tomes
regroupant ses chroniques hebdomadaires dans « Famille Chrétienne ». Le
tome titré « grandir dans la lumière de Dieu » est une mine d’idées et de
conseils pour aider à l’éducation chrétienne des. enfants et des adolescents.
« Éduquer pour le bonheur », Monique Berger, éd. Transmettre /
communication et cité 2012.
« La vie dans la Seigneurie du Christ », Raniero Cantalamesa, éd. Cerf.
«L’esprit d’obéissance », A.M. Crignon, in revue « Sedes Sapientiae »
Chéméré n°114.
« Mon journal de sage-femme », Lisbeth Burger, éd. Chiré 2004.
« Transmettre l’amour, une éducation à l’écoute de l’enfant », Dr Paul
Lemoine, pédiatre, éd. Nouvelle cité, 11e édition 1997.
« Lettres à mes petits-enfants sur des sujets qui fâchent », Général
Delaunay, fondateur de l’association « France Valeurs » d’inspiration
chrétienne éd. Tequi 2001.
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LE DEVOIR DE SE FORMER
« La découverte et la réalisation de leur vocation et de leur mission
personnelles comportent, pour les fidèles laïcs, l’exigence d’une formation à
la vie dans l’UNITÉ.
Dans leur existence, ils ne peuvent avoir deux vies parallèles :
- D’un côté, la vie qu’on nomme « spirituelle », avec ses valeurs et ses
exigences,
- De l’autre côté, la vie dite « séculière », c'est-à-dire la vie de famille, de
travail, de rapports sociaux, d’engagement politique, d’activités
culturelles.
Ce divorce entre la foi dont ils se réclament et le comportement quotidien
d’un grand nombre est à compter parmi les plus graves erreurs de notre
temps (cf décret sur l’activité missionnaire de l’Église, Ad gentes 21)
Il n’est pas douteux que la formation spirituelle ne doive occuper une place
privilégiée dans la vie de chacun. La formation doctrinale des fidèles laïcs se
révèle de nos jours, de plus en plus urgente…, du fait de la nécessité de
« rendre raison à l’espérance » qui est en eux.
Il est tout à fait indispensable, en particulier, que les fidèles laïcs, surtout ceux
qui sont engagés de diverses façons sur le terrain social ou politique, aient une
connaissance plus précise de la doctrine sociale de l’Église…qui renferme des
principes de réflexion, des critères de jugement et des directives pour l’action.
Cette doctrine doit se trouver dans le programme de base de la catéchèse.
Il n’y a pas de formation véritable et efficace si chacun n’assume pas et ne
développe pas par lui-même la responsabilité de sa formation : toute
formation, en effet, est essentiellement « auto-formation »…Mieux nous
nous formons, plus nous nous rendons capables de former les autres ».
Exhortation Apostolique « Christifideles Laïci » Jean Paul II, 30 décembre 1988
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L’ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL
I. UN PÈRE SPIRITUEL POUR NOUS AIDER À GOUVERNER
NOTRE VIE
Gouverner sa vie n’est pas chose aisée et les réponses aux questions que
celle-ci nous pose, ne nous paraissent pas toujours évidentes. Au-delà même
du discernement entre le Bien et le Mal, il s’agit parfois de choisir le meilleur
bien, dans les circonstances de la vie conjugale, familiale, professionnelle,
sociale, le meilleur chemin pour progresser dans l’amour de Dieu et du
prochain. L’histoire des saints, dûment reconnus comme tels par l’Église,
montre qu’ils ont bénéficié des services d’un père spirituel.
II. LE CHOIX DU PÈRE SPIRITUEL EST DÉLICAT
Dans certains cas, c’est le Ciel, lui-même, qui a fait savoir à tel ou telle qu’Il
lui ferait rencontrer en temps utile le guide adéquat. Le terme adéquat a son
importance, car chaque âme est unique, comme chaque père spirituel l’est
également, ce qui explique la nécessité d’une compréhension humaine
mutuelle des deux sujets. L’expérience montre, en tout cas, que beaucoup
ressentent un bienfait spirituel d’un tel accompagnement.
III. DIVERS TYPES D’ACCOMPAGNEMENT
L’accompagnement spirituel peut prendre des formes diverses, certains
ressentent le besoin d’être dirigés, d’autres d’être guidés, d’autres d’être
conseillés.
Toutefois il y a des caractéristiques communes à ceux qui ont le charisme de
l’accompagnement en question, et la plus importante est une saine humilité,
car le père spirituel n’est qu’un médiateur et c’est le Saint-Esprit qui opère.
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L’esprit de service et une vie de prière fervente lui sont donc indispensables
pour faire du bien à ceux qui se confient à lui.
Quant aux qualités humaines nécessaires, on peut citer : une bienveillance
sans faiblesse, une rigueur intellectuelle sans rigidité, une fermeté sans
dureté, une douceur sans complaisance. Tel prêtre, qui est un « lion » en
chaire, peut se montrer sous un jour très différent dans cette mission.
IV. DISTINGUER EXERCICE DE L’AUTORITÉ ET DIRECTION
SPIRITUELLE
Dans tous les cas, il faut que s’instaure un climat de confiance réciproque,
car celui qui est guidé livre au guide les éléments clés de sa vie intérieure, son
for interne selon la formule consacrée ; mais le guide n’a pas à vérifier si le
« guidé » est, dans sa vie, en cohérence au for externe avec ce qu’il dit de lui.
La confidentialité absolue est évidemment requise, ce qui est une règle
familière aux prêtres, habitués à garder le secret de la confession. On peut
également penser qu’une religieuse cloîtrée, à condition d’avoir été formée à
ce rôle et d’en avoir le charisme, peut légitimement accompagner avec fruit
des fidèles.
Même avis pour des moines, qui ont souvent joué ce rôle dans l’histoire de
l’Église. Pour ma part, je suis beaucoup plus réservé sur le fait que cette
mission puisse être remplie en dehors de ces cas.
Je pense que beaucoup de difficultés, survenues dans les communautés
nouvelles, nées depuis une quarantaine d’années, ont été dues au « mélange »
for interne-for externe et à la confusion entre l’exercice de l’autorité et la
direction spirituelle.
V. DISTINGUER DOMAINE PSYCHOLOGIQUE ET DOMAINE
SPIRITUEL
Il existe en outre un autre danger, à l’intérieur même de l’accompagnement
spirituel, c’est la confusion entre le domaine psychologique et le domaine
spirituel.
Une bonne distinction :
Dans la demande faite aux accompagnateurs potentiels intervient souvent en
fait un besoin d’aide lié à psychisme perturbé par les évènements de la vie de
la personne. Remettre de l’ordre à ce niveau peut être un préalable
indispensable à un accompagnement spirituel fructueux, mais ce n’est pas de la
compétence d’un guide spirituel.
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En revanche, sa formation doit lui permettre de déceler les difficultés
psychologiques pour éclairer le fidèle et lui conseiller de rencontrer, dans un
autre cadre, une personne compétente et …chrétienne.
De fait, l’être humain est complexe, son psychisme est à l’interface de ce qui
vient « d’en haut », l’esprit fait à l’image de Dieu, et de ce qui vient « d’en
bas», les émotions et pulsions sans oublier l’imaginaire, domaine où l’esprit du
mal est dans son élément pour semer le trouble.
L’écheveau n’est pas toujours facile à démêler et, sans la grâce de Dieu et
le merveilleux don de conseil, c’est même mission impossible.
Extrait d’un article paru dans "L’Homme nouveau", n°1508, du 31 décembre
2011, du Père Yannik Bonnet.
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4EME PARTIE : INFORMATIONS DIVERSES
ADRESSE AUX CHEFS DE CHAPITRE
" Notre pèlerinage est catholique.
Le Credo, les Commandements de Dieu et le Notre Père nous
enseignent ce que nous devons Croire, Faire, Espérer et Demander. La
prière et les sacrements nous procurent la Grâce, « don gratuit que Dieu
nous fait de sa Vie infusée par l’Esprit Saint dans notre âme pour la
guérir du péché et la sanctifier » (CEC N°1999).
" Nous croyons que la Sainte Église Catholique et Apostolique
gouvernée par le Pape et les évêques unis à lui est la seule et véritable
Église. Répondant aux appels du bienheureux Jean Paul II, du pape
émérite Benoit XVI et de notre Saint Père le Pape François, nous
œuvrons résolument à la Nouvelle Évangélisation et mettons nos cœurs
et toutes nos forces au service de Dieu.
" La chrétienté, « lumière de l’Évangile projetée sur nos patries, sur
nos familles, sur nos mœurs et sur nos métiers » (Dom Gérard) et
entendue comme la réalisation dans la vie de la cité, de la « royauté du
Christ sur toute la création et, en particulier, sur les sociétés humaines »
(CEC N°2105), est l’objet spécifique de notre pèlerinage, marche de
prière et de pénitence soutenant la réalisation de notre devoir de charité
politique.
Nous voulons la restauration d’un ordre social-chrétien, ayant pour
fondement le décalogue et pour finalité la Royauté de Notre Seigneur
Jésus-Christ.
Le souci du bien commun de la cité charnelle ne peut, en aucun cas,
réduire la religion à une affaire privée. Le bien commun de la cité doit
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être recherché, dans une juste distinction de l’ordre naturel et de l’ordre
surnaturel (« distinguer pour unir »).
" Nous sommes attachés à la forme extraordinaire du rite romain.
Toutes les activités liturgiques du pèlerinage et des chapitres utilisent la
forme extraordinaire du rite romain tel qu’il a été codifié dans les livres
liturgiques de 1962 et à nouveau confirmé par le motu proprio
« Summorum Pontificum » du 7.07.2007.
" Conscients de la crise que traversent la société et l’Église, nous
rejetons avec force les erreurs mortelles (relativisme, syncrétisme,
matérialisme, libéralisme…) véhiculées par le modernisme condamnées
dès 1907 par Saint Pie X (Encyclique Pascendi Dominici Gregis) et tant
de fois dénoncées par le pape émérite Benoit XVI.
" Le chef de chapitre fait siens les grands enjeux du pèlerinage.
L’importance qu’il leur accorde sur le plan individuel et sur le plan de la
cité, se traduit par une attitude convaincue et militante.
" Le chef de chapitre s’efforce tout au long de l’année de faire vivre
son chapitre dans un cadre amical de prière, d’apostolat, d’action et de
formation. Le pèlerinage est le temps fort où chaque chapitre, qui en est
la cellule de base, est l’image prometteuse de la chrétienté.
" Le chef de chapitre est responsable de l’intégrité doctrinale de son
chapitre. Il a donc le souci de sa formation personnelle, de celle de ses
adjoints et exerce sa pédagogie avec la plus grande charité. Avant de
quitter son chapitre, il anticipe et prépare sa succession.
" Le chef de chapitre est responsable de l’équilibre matériel et spirituel
de son chapitre. Il sait que l’unité exige concertation et transparence
avec la direction du pèlerinage. Il consulte donc ses responsables pour
toute décision importante liée au pèlerinage ou à sa préparation.
"Sa vie intérieure s’accorde aux exigences de sa fonction. Il donne
une âme à son chapitre en s’efforçant d’être un exemple des vertus
naturelles et surnaturelles. Il prie pour son chapitre et dépose son œuvre
entre les mains de la Très Sainte Vierge Marie.
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CULTURE GÉNÉRALE
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« L’ordre social-chrétien », Jean Daujat, normalien, docteur ès lettres et
théologien, fondateur en 1925 du Centre d’études religieuses. éd.
Beauchesne,
« La vie surnaturelle », Jean Daujat, éd Fayard, 1971. Traité de théologie
et de spiritualité à l’usage des laïcs cultivés ; ouvrage couronné par
l’Académie Française.
Les ouvrages de Jean Ousset, fondateur de la Cité Catholique (dont
Ichtus, l’A.F.S.) et notamment « Pour qu’il règne » 1957, «Fondements
de la cité » 1963, « L’Action »1968, « À la découverte du Beau »1997
Les ouvrages de Marcel Clément, ancien professeur de l’enseignement
supérieur, et directeur de « l’Homme Nouveau », notamment « Une
histoire de l’intelligence » 1979, « Du Bien commun »1998.
Les ouvrages de Gustave Thibon, philosophe autodidacte (il n’a que son
certificat d’études), Grand prix de littérature de l’Académie Française. Ses
« Entretiens avec Christian Chabanis » repris dans un livre éponyme paru
chez Fayard 1975, sont une bonne approche de sa pensée.
Les ouvrages de Jean Madiran, ancien professeur et directeur de la revue
« Itinéraires », notamment « les droits de l’homme » 1988, « Une
civilisation blessée au cœur » 2002, « La laïcité dans l’Église » 2005.
Les ouvrages d’Henri Charlier, sculpteur, en particulier « Le martyre de
l’art »1989, et de son frère André Charlier, ancien directeur de l’École
des Roches, en particulier « Les lettres aux Capitaines (les grands
élèves) » 1942-1960, « Que faut-il dire aux hommes ? » 1964.
« Demain la Chrétienté », Dom Gérard, fondateur et 1er Père abbé de
l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux, (et ancien « capitaine » à l’École
des Roche), éd. Dismas 1986, préface de Gustave Thibon.
« Notre Dame de joie », correspondance de l’abbé V.A. Berto, (19001968), docteur en philosophie et en théologie, fondateur de l’Institut des
Dominicaines du Saint-Esprit, ancien co-directeur de « la Pensée
catholique ».
Les ouvrages de Jean de Viguerie, historien, ancien professeur
d’université, dont «Les deux patries», éd. DMM 1998 ; « l’Église et
l’éducation » éd. DMM 2010
« Construire la civilisation de l’amour, synthèse de la doctrine sociale de
l’Église », Marc-Antoine Fontenelle ob, éd. Téqui, 1997.
« La mort de la culture chrétienne » et « la restauration de la culture
chrétienne », John Senior, éd. DMM.
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Les ouvrages de Rémi Fontaine, professeur de philosophie et journaliste ;
un des fondateurs du pèlerinage de Chrétienté, dont « Politique et
morale » éd. DMM 2001 ; « La laïcité dans tous ses débats » éd. de Paris
2004 ; « Les enjeux du printemps français » 2013.
«Socrate contre Antigone ? », Thierry de Vingt-Hanaps, éd. Tequi
2005. Le problème de l’obéissance à la loi inique en philosophie morale,
selon Saint-thomas d’Aquin.
Les ouvrages de Jean Sévillia : « L’Histoire passionnée de la France »
éd. Perrin 2013, « Historiquement correct », « Moralement correct »,
« Politiquement incorrect » éd. Perrin collection Tempus, format poche.
Les ouvrages de Michel De Jaeghere : « Enquête sur la
Christianophobie », « La repentance : histoire d’une manipulation » éd.
Renaissance Catholique 2006.
Les ouvrages de Bernard Antony notamment sur l’Islam.
L’ensemble des publications de l’A.F.S. (Action Familiale et scolaire) et
d’Ichtus, qui, dans leurs domaines respectifs, poursuivent l’œuvre de Jean
Ousset et de la Cité Catholique. (consulter leurs sites)
Les publications de Renaissance Catholique, notamment les « Actes » de
ses universités d’été, et celles du Centre Charlier et de Chrétienté
Solidarité. (consulter leurs sites).
D’intéressants articles dans « Sedes sapientiae », la revue de la Fraternité
saint-Vincent Ferrier (Chéméré-le-roi), les magazines « L’Homme
Nouveau » (et ses tirés à part), « la Nef » et « Famille chrétienne ».
D’intéressantes émissions radiophoniques sur « Radio courtoisie » (en
particulier les « journaux » de Daniel Hamiche et de Bernard Antony).
D’intéressantes productions sur internet du « Salon Beige » et de la
nouvelle chaîne « TV Libertés ».
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CHAPITRE DES « ANGES GARDIENS »
du pèlerinage Paris à Chartres de Notre-Dame de Chrétienté
« Les anges sont nos amis très chers, à la fois délicats et puissants : ils
admirent nos combats, nos détresses, nos tristesses d'amour, ils voient
dans nos souffrances de la terre quelque chose de mystérieux et de
sacré qui leur rappelle la Passion et la Croix du Seigneur Jésus. » Dom
Gérard
Le chapitre des « anges gardiens » réunit tous ceux qui, ne pouvant être
physiquement présents les trois jours de la Pentecôte, désirent accomplir
spirituellement et non moins réellement le pèlerinage de Chartres.
Ce chapitre reprend l’idée principale des non marcheurs en voulant
l’étendre. Avant de le présenter plus précisément, nous tenons à rendre
hommage à Christian et Catherine Chauvière qui ont créé et organisé
pendant tant d’années, au prix d’un travail remarquable, ce beau
chapitre des non marcheurs qui se transforme pour un plus grand
rayonnement de l’œuvre de Notre-Dame de Chrétienté.
I. COMMENT CELA EST-IL POSSIBLE, PEUT-ON AINSI
RÉELLEMENT FAIRE LE PÈLERINAGE DE CHARTRES ?
L’Église nous enseigne que, dans la communion des saints « nul d’entre
nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même » (Rm,
14, 7). « Un membre souffre-t-il ? Tous les membres souffrent avec lui.
Un membre est-il à l’honneur ? Tous les membres prennent part à sa
joie. Or vous êtes le Corps du Christ, et membre chacun pour sa part »
(1 Co 12, 26-27). Le moindre de nos actes fait dans la charité retentit au
profit de tous, dans cette solidarité avec tous les hommes, vivants ou
morts, qui se fonde sur la communion des saints (Catéchisme de l’Église
catholique (CEC) n° 953).
Unis au Christ, nous pouvons mériter les uns pour les autres les grâces
utiles pour notre sanctification, pour la croissance de la grâce et de la
charité, comme pour l’obtention de la vie éternelle (CEC n° 2010).
Ainsi, par la communion des saints, les prières et les sacrifices effectués
par les « anges gardiens », où qu’ils se trouvent, et unis par la charité à
Notre Seigneur Jésus-Christ, mériteront de nouvelles grâces pour la
colonne des pèlerins marcheurs tandis que réciproquement, ceux offerts
par les marcheurs attireront les grâces du pèlerinage sur les « anges
gardiens ».
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Cette réciprocité fait des « anges gardiens » de véritables pèlerins de
Chartres. Elle peut être comparée aux « coopérateurs » de sainte Mère
Teresa qui adoptent une Sœur et offrent pour elle toutes leurs
souffrances et prières ; la Sœur, elle, implique totalement le coopérateur
dans tout ce qu’elle fait : ils deviennent comme un seul être et
s’appellent l’un l’autre leur second moi.
II. À QUI S’ADRESSE LE PÈLERINAGE DE CHARTRES DES
« ANGES GARDIENS » ?
Le pèlerinage de Chartres des « anges gardiens » s’adresse à tous ceux
qui ne peuvent être physiquement présents les trois jours de la Pentecôte
ou qui ne peuvent pas marcher.
Les « anges gardiens » concernent les religieuses et les religieux, les
parents de jeunes enfants, les malades et les personnes trop âgées pour
parcourir les 100 km du pèlerinage, les prisonniers, les expatriés, les
marins et les militaires en opération, …. En résumé, tous ceux qui sont
retenus par leur devoir d’état ou empêchés par leur condition physique.
Nous voulons ainsi toucher le plus grand nombre en créant cette
immense chaîne de prière. Le pèlerinage pour tous finalement !
III. POURQUOI FAIRE LE PÈLERINAGE DE CHARTRES DES
« ANGES GARDIENS » ?
En ces temps où les valeurs chrétiennes sont très directement menacées,
il y a urgence à élargir et intensifier le mouvement de prière et de
pénitence que constitue le pèlerinage de Chartres. Nul ne doit être
empêché de prendre part à ce mouvement. La prière des « anges
gardiens » unis à la colonne montera vers le Père pour implorer sa
Miséricorde, intercéder pour l’Église et pour notre société, convertir les
cœurs et les âmes et les grâces du pèlerinage retomberont sur tous.
IV. QUEL EST L’ESPRIT DU PÈLERINAGE DE CHARTRES
DES « ANGES GARDIENS » ?
Comme pour les marcheurs, le pèlerinage de Chartres des « anges
gardiens » repose sur les trois piliers que sont : Tradition, Chrétienté,
Mission.
« Nous sommes des nains montés sur des épaules de géants » disait
Bernard de Chartres au XIIe siècle : appuyés ainsi sur la Tradition –
doctrinale, liturgique et sacramentelle de l’Église, avec l’usage de la
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forme extraordinaire du rit romain – nous pouvons à notre tour apporter
notre pierre à l’édification du XXIe siècle.
Cela passe notamment par la restauration de la Chrétienté. Il ne s’agit
pas là d’une notion passéiste, de faire revivre un temps révolu : la
chrétienté est entendue comme la réalisation de la « royauté du Christ
sur toute la création et, en particulier, sur les sociétés humaines » (CEC
n° 2105). Le philosophe Gustave Thibon le traduisait comme « une
civilisation où le temporel est sans cesse irrigué par l’éternel ».
La Mission en découle, tout naturellement, comme étant la suprême
charité faite à autrui. Le Pape François nous invite à « une nouvelle
étape d’évangélisation dans la joie », avec « un vrai dynamisme ». Il
ajoute : « La vie s’obtient et se mûrit dans la mesure où elle est livrée
pour donner la vie aux autres » (Evangelii gaudium, n° 11) ; les « anges
gardiens », par leur prière, en feront directement l’expérience.
V. COMMENT FAIRE LE PÈLERINAGE DE CHARTRES DES
« ANGES GARDIENS » ?
Les « anges gardiens » pèlerins de Chartres prendront des engagements
simples, clairs et adaptés à leur situation : récitation quotidienne de la
prière du pèlerinage, et, en fonction des possibilités de chacun, chapelet
ou rosaire, messe, confession, œuvre de charité ou acte de pénitence.
La prière du pèlerinage, récitée par tous, constituera un lien tangible
entre les « anges gardiens » et la colonne. Les « anges gardiens » qui le
désirent recevront le livret du pèlerinage et pourront ainsi en suivre les
méditations, presque heure par heure. Ils prieront aux intentions du
pèlerinage et, réciproquement, pourront confier aux chapitres de la
colonne leurs intentions de prières.
Localement, les « anges gardiens » pourront prendre l’initiative de se
retrouver pour prier ensemble.
VI. UN DERNIER MOT ?
Dans le contexte actuel, l’urgence est à la prière. Celle-ci est à la portée
de chacun, quelle que soit sa situation. Avis donc à tous les cadres et
amis du pèlerinage pour recruter des « anges gardiens » dans leur
entourage : tout le monde ne peut pas marcher mais tout le monde peut
prier !
Responsables : Yves & Brigitte Guigueno ([email protected])
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NOTES PERSONNELLES
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