Mémoire master U.F.R Psychologie, Sciences de l’Education Département des Sciences de En partenariat avec l’Education Université de Provence, Aix-Marseille L’IFCEES de Montpellier Et Université de Montpellier MASTER Professionnel Education et formation Evaluation du rôle des infirmiers dans l’accompagnement et la prise en compte de la douleur de patientes atteintes d’un cancer du sein Année 2010/2011 MAILFERT Laurence Sous la direction de Emma BUSTARA, Master2, Cadre Supérieur de Santé Franck GATTO, Maitre de conférences en sciences de l’éducation, HDR, Université de Montpellier 3 0 Remerciements à : Franck GATTO pour la qualité de la formation et d’avoir trouvé les mots justes pour me redonner confiance. Sophie CROUZET-VINCENT pour son soutien et ses conseils. Emma BUSTARA pour m’avoir fait découvrir cette formation et avoir toujours cru en moi. Franck, mon conjoint pour sa patience et son amour. Ma famille pour leur soutien sans limite dans tout ce que j’entreprends Marjorie, Véro, Cendrine, et maman mes fabuleuses correctrices Fred et Manu mes coachs adorées qui m’ont accompagnée et encouragée jusqu’à la fin Aux Docteurs F.TRENTINI et M. PECASTAING. A J. et M. pour leur participation à ce travail, avec une pensée toute particulière à J. à nouveau en cours de traitement 1 Sommaire 1. Le contexte de la recherche 5 1.1. Mon parcours professionnel 5 1.2. Mon projet de master2 6 1.3. Mon projet professionnel 6 1.4. Thème de la recherche 7 1.5. Utilité sociale 7 2. Etat des lieux de la recherche 7 2.1. Historique du cancer 7 2.1.1. Définition du cancer 8 2.1.2. Incidence des cancers 8 2.2. Le cancer du sein 9 2.2.1. Histoire du cancer du sein 9 2.2.2. Epidémiologie 10 2.2.3. Le diagnostic 12 2.2.4. Le traitement 13 2.3. La douleur 17 2.3.1. Histoire de la douleur 17 2.3.2. La douleur physique 18 2.3.3. La douleur psychique 21 2.4. Les soins infirmiers 22 2.4.1. Evaluation de la douleur 23 2.4.2. Les échelles de mesure de l’intensité de la douleur 24 2.5. Les traitements antalgiques 25 2.5.1. Les antalgiques 25 2.5.2. Les co antalgiques 26 2.6. Les soignants 27 2.6.1. Le rôle infirmier 27 2.6.2. Contenu de la formation initiale IDE, relatif à la douleur 29 2.7. Le droit 30 2.7.1. Le droit des malades 30 2.7.2. Plans cancer 32 2.7.3. Plans douleur 33 2 3. Question de recherche 34 4. Les modèles de la communication 35 4.1. Définition 35 4.2. Histoire de la communication 35 4.2.1. Les types de communication 36 4.2.2. Les modèles de la communication 36 5. Les matrices théoriques 39 6. La méthodologie de recherche 40 6.1. Méthode et outils de recherche 40 6.2. La population 40 6.3. Le protocole de recueil des données 41 6.4. Le traitement des données 41 6.5. Analyse des résultats 52 6.5.1. Analyse de l’entretien 1 52 6.5.2. Analyse de l’entretien 2 56 6.6. Intérêt de l’étude et critique du dispositif de recherche 59 6.6.1. Intérêt de l’étude 59 6.6.2. Critique du dispositif de recherche 60 7. Conclusion 61 8. Les références bibliographiques 62 9. Index des tableaux et figures 64 10.Annexes 67 10.1. Diplôme d’état d’infirmier, Référentiel d’activités 67 10.2. Diplôme d’état d’infirmier, Référentiel 79 de compétences 10.3. Synthèse du plan cancer 2009/2013 90 10.4. Entretien de M 102 10.5. Entretien de J 107 3 Liste des abréviations AFSSAPS: agence française de sécurité sanitaire des produits de santé AINS: anti inflammatoire non stéroïdiens AMM: autorisation de mise sur le marché ARC: association de recherché contre le cancer ASH : agent de service hospitalier AS: aide-soignant CHRU: centre hospitalier régional universitaire CSP : code santé publique DIU: diplôme inter universitaire DPAS : diplôme professionnel d’aide soignant EGS: états généraux de santé EN : échelle numérique EVA : échelle visuelle analogique EVS : échelle verbale simple IASP: international association for study of pain IDE: infirmière diplômée d’état IFSI : institut de formation en soins infirmiers IRM: imagerie par résonnance magnétique MK: masseur kiné OMS : organisation mondiale de la santé PAC : porte à cathéter, ou chambre implantable PPS : programme personnalisé de soins VAE : validation des acquis et de l’expérience 4 1. Le contexte de la recherche 1.1. Mon parcours professionnel J’ai démarré mon parcours de professionnel de santé, il y a18 ans, en tant qu’agent de service hospitalier (ASH). Pour des raisons de service et afin de pallier à un manque d’effectif, j’ai, durant 7 ans, exercé en tant que faisant fonction d’aide soignant. Après l’obtention du diplôme d’aide soignant (DPAS) en 2001, et d’une VAE en 2002, j’ai présenté et réussi le concours d’entrée à l’institut de formation en soins infirmiers (IFSI) de Montpellier. Infirmière diplômée d’état en 2003, j’exerce depuis en service de chirurgie orthopédique. Toujours en quête de nouveaux savoirs, je me suis investie dans le tutorat des étudiants, avec la création d’un programme d’encadrement, adapté à chaque catégorie professionnelle (AS, MK, Sage femme, IDE). En ce qui concerne l’exercice même du métier d’IDE, je me sentais en manque de savoirs par rapport à la prise en compte de la douleur. La formation initiale pose les bases mais pour répondre aux attentes des patients, je ressentais le besoin de développer plus de compétences en ce domaine. J’ai alors suivi les formations continues du CHRU de Montpellier relatives à la prise en charge de la douleur. Toutefois je trouvais que ça n’était pas encore suffisant, mon but étant alors d’obtenir une certaine expertise en la matière. Début 2009, je suis confrontée à la maladie Cancer, qui me met en position de patiente. « Patiente », le mot dans mon cas, est vraiment approprié, car ne me sentant pas malade, j’ai du faire preuve de beaucoup de patience pour accepter et suivre les différentes étapes du traitement. Quoiqu’il en soit cet épisode a marqué un tournant dans ma vie personnelle et professionnelle. Là j’ai pris conscience des autres aspects de la douleur et de quelle manière un geste, un mot malheureux, une attitude peut avoir un impact sur la douleur de l’autre. J’ai été révoltée, quand confiant à une soignante ma phobie de l’IRM, cette dernière m’a juste répondu que ça n’était rien du tout. Les résultats de cet examen déterminant la gravité de mon cancer, je devais gérer mon anxiété et ma phobie. Pour moi ça n’était pas rien, cet examen représentait beaucoup de choses. 5 La pose du cathéter, effectuée par cette même soignante s’est avérée douloureuse. Je ne pensais pas à ce moment là que son attitude pouvait avoir un impact sur ma douleur. Cette étape dans mon parcours de vie, et mon besoin d’approfondir mes connaissances dans le domaine de la douleur, m’ont conduit à suivre la « formation à la prise en charge de la douleur par les professionnels de santé » de la faculté de médecine de Montpellier, débouchant sur un DIU en algologie en 2010. Suite à ce DIU, c’est tout naturellement que je suis devenue infirmière référente en algologie du service où j’exerce. 1.2. Mon projet de master 2 Ces connaissances et cette expertise nouvellement acquises, je me devais de les partager avec mes pairs, et dans un même temps éduquer le patient face à la douleur. Transmettre un savoir demande des compétences, un savoir faire et un savoir être que je ne possédais pas. De plus déjà investie dans la formation et l’encadrement de mes futurs pairs, je sentais qu’il me manquait parfois la « méthode » pour faire passer le message. C’est grâce à mon cadre de santé, elle-même Master2 Sciences De l’Education, que j’ai eu connaissance de ce Master. La présentation des compétences développées par la formation, et le contenu des modules répondaient à ma demande. De plus avec cette formation je pouvais, en plus d’un enrichissement personnel, envisager une évolution professionnelle, donner un autre essor à ma carrière. 1.3. Mon projet professionnel Lors de mon entrée en Master2 en SDE, mon but était d’obtenir les compétences et la légitimité pour accéder à un poste de formateur, voir de cadre formateur. Plus j’avance dans la formation et plus mon projet évolue, se précise. Cette formation transforme et change la vision du soin. J’ai un regard beaucoup plus reflexif sur ma profession et la façon dont la relation dans les soins doit être établie. Je suis à un tournant de ma vie professionnelle, et avec les compétences et savoirs développés au cours de ce master, j’ai axé mon avenir professionnel sur l’éducation thérapeutique et en santé des patients, ainsi que sur la formation de mes pairs. 6 Afin de pouvoir mettre mes projets en pratique, j’ai mis entre parenthèse ma carrière au sein de la fonction publique, et commence une nouvelle vie professionnelle. 1.4. Thème de la recherche Depuis 1998 et 2003, qui sont les dates respectives des premiers plans douleur et plans cancer, beaucoup de mesures et de directives sont mises en place pour améliorer la prise en charge du patient dans ces deux domaines. Mais lorsque ces 2 domaines se croisent, comment les soignants les articulent- ils pour que le patient bénéficie d’une prise en compte optimal ? L’objectif de ce travail est de déterminer si la formation initiale des IDE est suffisante pour répondre aux attentes des patients. 1.5. Utilité sociale Au travers de ce travail de recherche je souhaite : Améliorer la santé des patientes Améliorer la prise en compte de la douleur Améliorer la qualité de vie des patientes 2. Etat des lieux de la recherche En 2011, le nombre de nouveaux cancers diagnostiqués en France est estimé, à environ 365 500, dont 158 500 sont des cancers féminins. Les cancers les plus fréquents par sexe sont, pour les hommes le cancer de la prostate, et pour les femmes le cancer du sein. Bien que nous constations une baisse de la mortalité par cancer depuis les 20 dernières années, les cancers sont néanmoins la première cause de décès chez les hommes (33% des décès tous cancers confondus) et la deuxième cause de décès chez les femmes soit 23%des décès, tous cancers confondus. 2.1. Historique du cancer Le cancer tel que nous le connaissons maintenant, est peu cité dans notre histoire du fait notamment de la méconnaissance du diagnostic. 7 Maintenant grâce à nos connaissances actuelles sur cette pathologie, nous découvrons au travers d’études anthropologiques ou d’écrits, que le cancer existe depuis que la vie existe. L’étude de papyrus datant de -3500 ans avant JC et dans les années 1980 le scanner d’une momie datant de -2300 ans avant JC, décrivent et montrent la présence de tumeurs. Plus récemment, en 2004, Bruce ROTSCHILD met en évidence, grâce à une analyse aux rayons X de 10.000 os de dinosaures, la présence de tumeurs, soit. 1.000.000 d’années avant l’ère chrétienne. C’est au IVème siècle avant JC qu’Hippocrate donne le nom de Carcinomo à une tumeur envahissante, conduisant à une mort inéluctable. Le mot « Carcinos » en grec évoque le crabe dévorant les tissus, et donne déjà une image effrayante et dévastatrice de la maladie. C’est en se référant aux travaux menés par François Xavier BICHAT et Guillaume François LAENNEC(1796) sur le développement et la vie cellulaire, que nait la théorie cellulaire moderne du cancer. 2.1.1 Définition du cancer Le cancer est le résultat de la prolifération anarchique de cellules anormales de l’un de nos organes. Ces cellules deviennent des tumeurs dites malignes quand elles peuvent essaimer dans l’organisme. Elles peuvent cependant être détruites par le système immunitaire, mais lorsqu’elles sont acceptées par l’organisme et se multiplient, elles sont appelées métastases de la tumeur primitive. Il est bon de noter que le rythme de doublement moyen de la cellule cancéreuse est de 60 à 100 jours. Donc quand une tumeur est cliniquement décelable, c’est qu’elle existe depuis plusieurs années. 2.1.2. Incidence des cancers Ainsi le cancer a une longue vie cachée. En 1998 BJ Kennedy énonce « vieillir n’est pas une maladie, mais le cancer est une maladie de l’âge » car il constate que la diminution des défenses immunitaires liée au vieillissement favorise l’augmentation de l’incidence des cancers au cours de la vie. 8 L’Association pour la Recherche sur le Cancer (ARC) établit grâce aux études en oncogénétiques un diagramme de l’incidence des cancers en fonction de l’âge et du sexe. Figure 1 : Tableau de l’incidence globale des cancers par sexe en fonction de l’âge. Ce diagramme montre que plus l’être humain avance en âge plus l’incidence augmente. Cette incidence augmente aussi en fonction du sexe. Ainsi elle augmente avec l’âge pour les deux sexes, mais nous remarquons qu’elle est plus importante pour l’homme âgé, avec une croissance annuelle de 400 pour 100 000. 2.2 Le cancer du sein 2.2.1. Histoire du cancer du sein Dans la littérature, les récits montrant l’existence du cancer du sein sont fréquents et pour certains antérieurs à l’ère chrétienne. Ainsi en - 470/450 avant JC ans dans son œuvre « HISTOIRES » Hérodote donne la description de la tumeur du sein d’Atossa, fille de Cyrus le Grand fondateur de l’empire Perse, et femme de Darius. A la même époque, Hippocrate, médecin grec et aujourd’hui encore considéré comme le père fondateur de la médecine, compare les tumeurs à un crabe leur donne les noms grecs de « Karkinos » et « Karkinoma » 9 En 1585, Ambroise Paré, dans son traité « Tumeurs contre nature », décrit la tumeur du sein d’une dame d’honneur de la reine Catherine De Médicis. Actuellement, et grâce aux progrès de la médecine, de nombreux cancers sont guéris. Pourtant malgré les avancées dans le domaine médical et le nombre croissant de guérisons, le mot cancer garde encore une charge symbolique puissante et particulièrement sombre. 2.2.2. Epidémiologie Les recherches en oncogénétique montrent que le cancer du sein est une maladie multifactorielle. Les principaux facteurs de risques de cette pathologie sont l’âge, le sexe, mais aussi les antécédents familiaux, les antécédents personnels de cancers du sein et les prédispositions au cancer du sein. L’incidence Le rapport d’étape du Plan Cancer 2009/ 2013, établi en décembre 2010, annonce une augmentation de l’incidence tous cancers confondus. Entre 1980 et 2005 cette augmentation est de + 1,2% chez l’homme et de +1,4% chez la femme, en moyenne par an. Chez la femme les cancers les plus fréquents sont le cancer du sein, le cancer colorectal et le cancer du poumon. Dans le cadre de mon travail de recherche je me suis plus précisément centrée sur le cancer du sein. C’est le cancer le plus fréquent dans les pays industrialisés tels que les Etats Unis d’Amérique et la France. L’accès aux traitements hormonaux pour pallier aux effets secondaires de la ménopause, l’absence de grossesse ou l’impossibilité d’allaiter du fait d’une activité professionnelle et/ ou des études de plus en plus longues, sont des critères particuliers des pays industrialisés. Ces critères, nous le verrons, peuvent majorer le risque de cancer du sein. En France Métropolitaine on compte environ 52 500 nouveaux cas estimés en 2010, soit 34% de l’ensemble des nouveaux cas de cancers féminins et environ 40% des nouveaux cas surviennent chez les femmes âgées de 50 à 64 ans. Si l’âge moyen du diagnostic n’est pas encore disponible pour l’année 2010, il était, pour 2005 de 61 ans. 10 Toutefois nous remarquons que l’incidence de ce cancer en augmentation constante depuis 25 ans, amorce une légère baisse sur la période 2000/2005. Cette modification s’explique par une stabilisation des facteurs de risque des jeunes générations. Ces dernières années, une diminution massive de la prescription des traitements hormonaux substitutifs de la ménopause, les campagnes pour promouvoir l’allaitement et aussi l’âge précoce de la première grossesse, ont eu un impact sur la baisse de l’incidence du cancer du sein. La mortalité Malgré la baisse de l’incidence, le cancer du sein reste la première cause de mortalité par cancer chez la femme et représente 6,6% des décès par cancer chez les femmes de moins de 65 ans. Grâce à la stabilisation des facteurs de risque, nous notons que 10% des femmes qui succombent à un cancer du sein, sont âgées de moins de 50 ans. Cependant le taux de mortalité reste encore élevé, avec 43% des décès féminins, pour les femmes âgées de 50 à 71 ans. Parallèlement, alors que nous remarquons une hausse constante de l’incidence (même si une légère stabilisation se fait sentir sur les 5 dernières années), nous constatons que la mortalité par cancer du sein a diminué de – 1,3% sur la période 2000/2005, cette baisse est estimée à 1,5% sur la période de 2005 à 2010. Ces évolutions inverses, à savoir baisse de la mortalité et hausse de l’incidence, du cancer du sein, s’expliquent en partie par l’amélioration des thérapeutiques et le diagnostic plus précoce, lié au développement du dépistage en France. Cet état de fait se retrouve aussi sur les statistiques menées au niveau départemental. Ainsi pour le département de l’Hérault, l’incidence augmente depuis 1987 de +4% par an pour le nombre, alors que la mortalité diminue de façon significative de 2% par an de 1987 à 2006. Cancer, dépression et mortalité Avoir un cancer peut être vécu comme un traumatisme qui engendre un sentiment d’impuissance et un état dépressif. Afin de pouvoir se placer dans une attitude combative pour mieux aborder les contraintes liées aux traitements, il est important de traiter cette réaction afin de ne pas subir cette maladie comme un fardeau. 11 Jillian SATIN, psychologue de l’Université de la Colombie Britannique, réalise en 2009 uneméta analyse qui est une vue d’ensemble de 26 autres études, menées par des oncologues et psychologues américano- canadiens. Cette méta- analyse, publiée dans la revue scientifique Cancer de Septembre 2009, met en évidence le lien entre cancer, dépression, et mortalité. En effet, au travers de leurs différentes études, les chercheurs ont établi que 85% des patients atteints du cancer, et 71% des oncologistes interviewés, pensent que les variables psychologiques affectent le cancer. Les conclusions de cette étude montrent que le risque de décès d’un patient malade du cancer, peut être de 39% plus élevé, si ce dernier présente un syndrome dépressif.. La rémission Peut être en lien avec la notion de combat que tout un chacun associe à la maladie cancer, on ne parle plus aujourd’hui de rémission, mais de survie. En France, la survie à 5 ans reste élevée (85%). Pour le département de l’Hérault la survie à 5 ans est de 89%. Alors que 93% de ces patientes sont âgées de 45 à 59 ans, seulement 86% ont moins de 45 ans. Donc dans le département de l’Hérault on constate que le cancer du sein est plus meurtrier pour les femmes jeunes. 2.2.3. Le diagnostic La première étape du diagnostic est la découverte d’une anomalie au niveau mammaire. C’est lors d’une, auto palpation, d’une auscultation chez le médecin traitant ou le gynécologue, ou encore à l’occasion d’une mammographie de dépistage du cancer, que cette anomalie se manifeste. Cette manifestation mammaire anormale conduit, si ce n’est déjà fait, à une mammographie associée à une échographie. Cet examen va permettre de définir la consistance, la taille de l’anomalie et de dire si elle est isolée ou multiple. Quand l’examen radiologique, laisse suspecter une tumeur, une macro biopsie de la masse est alors pratiquée. La macro biopsie, exécutée sous anesthésie locale, consiste à prélever des « carottes « de la masse. 12 Envoyée à un laboratoire d’anatomopathologie, l’analyse de ces « carottes » permet de classer la masse en tumeur bénigne, donc sans gravité, ou en tumeur maligne, potentiellement dangereuse pour l’organisme. Lorsque la tumeur est maligne, les résultats de la macro biopsie permettent, entre autre, de déterminer, le type de cancer (carcinome lobulaire, canalaire, infiltrant….) ainsi que le grade (I. II. III.), ce qui en quelque sorte définit la virulence du cancer. Généralement l’attente entre l’examen radiographique et le rendez vous pour la macro biopsie est assez court, de l’ordre de 3 à 4 jours. Par contre les résultats de l’analyse anatomopathologique des « carottes », ne sont disponibles qu’au bout de 5 à 6 jours. Lorsque ces résultats confirment un cancer, le médecin traitant, l’oncologue ou le gynécologue, annonce les résultats à la patiente. En conformité avec la mesure 40 du Plan Cancer 2003/2007, cette annonce se fait lors d’une « consultation d’annonce », au cours de laquelle le médecin explicite la maladie, les traitements, leurs effets secondaires, et élabore, en accord avec la patiente un programme de soins où sont planifiés, examens, interventions et traitements. La première étape de ce programme, appelé bilan d’extension, consiste en une série d’examens, qui affinent les données sur la tumeur, et détectent la présence de métastases. Les résultats de ce bilan d’extension déterminent la gravité ainsi que le stade de la maladie, et orientent le choix du traitement. Cette étape diagnostic peut durer entre 10 et 20 jours, durant lesquels l’anxiété, la peur, et le stress accompagnent la patiente et son entourage. 2.2.4 Le traitement Le traitement du cancer du sein débute, généralement par une chirurgie, peut être suivi par de la chimiothérapie, et/ou de la radiothérapie, et/ou une hormonothérapie. Ce traitement est défini en réunion pluridisciplinaire, en fonction de l’âge de la patiente, du type et du grade de la tumeur. La chirurgie Il existe deux types d’interventions : La tumorectomie qui est une chirurgie conservatrice. 13 Cette intervention consiste à faire une exérèse de la tumeur ainsi que d’une quantité plus ou moins importante des tissus qui l’entourent, appelés les berges. La tumeur est alors envoyée pour analyse afin d’en déterminer sa nature exacte. L’analyse des berges détermine si l’exérèse a été suffisante ou nécessite une intervention complémentaire. La mastectomie, chirurgie non conservatrice, qui consiste à retirer la totalité du sein. Cette chirurgie est pratiquée si la taille, l’emplacement, le nombre de tumeurs, ne permet pas de conserver le sein. D’autres indications dont, des signes d’inflammation de la tumeur, de la radiothérapie au niveau du sein ou du thorax, une maladie de la peau, ou encore dans le cas d’une récidive, orientent vers une mastectomie. Quoiqu’il en soit, la reconstruction mammaire est immédiatement abordée par le chirurgien avec la patiente. Cette reconstruction mammaire, prise en charge à 100% par l’Assurance Maladie, peut être réalisée dans le même temps opératoire que la mastectomie, ou à distance si une radiothérapie est réalisée en complément de la chirurgie. Cette reconstruction différée, se fait un an après la fin de la radiothérapie. Lors de la chirurgie, qu’elle soit conservatrice ou pas, le ganglion sentinelle est analysé. Le chirurgien pratique l’exérèse du ganglion sentinelle de l’aisselle la plus proche de la tumeur, dans le but de vérifier s’il contient des cellules cancéreuses. Cette analyse se fait dans le même temps, on parle alors d’analyse extemporanée, ou après l’intervention. Lorsque le résultat est positif, le chirurgien procède alors à un curage ganglionnaire. L’analyse extemporanée est cependant complétée par un examen anatomopathologique définitif, réalisé en post opératoire. Les résultats alors obtenus peuvent amener une nouvelle intervention. Le curage axillaire induit des effets secondaires à vie pour la patiente. Le lymphœdème du membre supérieur, communément appelé « syndrome du gros bras » est une accumulation de liquide lymphatique dans les tissus mous du bras, que les vaisseaux lymphatiques, endommagés, ne peuvent plus drainer. Cet œdème entraine un engourdissement du bras avec, plus ou moins, un durcissement de la peau et des tissus, provoquant de la douleur. 14 De plus, le drainage lymphatique, permet habituellement la circulation des globules blancs, éléments essentiels de la lutte contre les infections. Ce drainage ne se faisant plus, le risque infectieux est grandement augmenté. La chimiothérapie Le traitement d’un cancer, et en l’occurrence du cancer du sein, consiste d’une part à éliminer chirurgicalement la tumeur, et d’autres part à supprimer les cellules cancéreuses. Ces traitements, qui se déroulent en 2 ou 3 temps, ont pour but de guérir la patiente, de diminuer le risque de récidive, d’augmenter la durée de vie et d’en améliorer la qualité. Selon le stade d’évolution et le type de cancer ces objectifs varient. Comme nous l’avons vu précédemment, la chirurgie permet de confirmer le diagnostic et de supprimer la tumeur. Dans le cas d’un cancer nécessitant une trithérapie, à savoir : Chirurgie Chimiothérapie Radiothérapie La chimiothérapie débute, en moyenne, un mois après la chirurgie. Le traitement consiste à injecter à la patiente, via un site implantable, des médicaments dont la fonction est d’éliminer toutes les cellules cancéreuses. Cette prise en charge par trithérapie, se discute lors de la réunion de concertation pluridisciplinaire. Le chirurgien, l’oncologue médical et l’oncologue radiothérapeute, établissent un programme personnalisé de soins (PPS), qui est ensuite soumis à l’aval du patient. La mise en place du traitement, défini et accepté par tous, commence par la pose d’une chambre implantable, via laquelle sera administré le traitement intraveineux. Cette chambre implantable ou port à cath (PAC), posée au bloc sous anesthésie locale ou générale, a pour but d’améliorer la qualité de vie de la patiente pendant le traitement, et facilite la mise en place du traitement. 15 Cette chimiothérapie dite adjuvante, dure en moyenne 5 à 6 mois. Pour 75% des patientes ces cures, ne nécessitant pas d’hospitalisation, se déroulent sur la journée, en secteur de soins dit « ambulatoires ». Les médicaments utilisés, hautement toxiques, provoquent des effets secondaires nécessitant une surveillance régulière. Un bilan cardiaque et une surveillance de l’hémogramme de la patiente, sont faits avant et entre chaque cure, qui sont espacées de 1 à 4 semaines. Par rapport à la toxicité des produits utilisés et la fatigue qu’ils induisent, ce temps de latence entre les cures, est nécessaire afin de protéger l’organisme. Ces produits toxiques entrainent un certain nombre d’effets secondaire, qui sont jugulés grâce à des traitements, tels les : Antalgiques Corticoïdes Anti émétiques Anti diarrhéiques… D’autres par contre, bien que temporaires, persistent tout au long du traitement : Alopécie Sécheresse cutanée Sécheresse buccale Desquamation Asthénie Risque infectieux… Toutes les patientes ne ressentent pas les effets secondaires avec la même intensité. Ils dépendent aussi de l’âge de la patiente, de son état général et sont souvent majorés par son anxiété. Parmi ces effets secondaires que subissent les patientes, l’alopécie est celui qui est souvent le plus mal vécu. Il touche l’image corporelle et a un grand impact sur le bien être physique et moral. Différentes méthodes permettent, selon les cas de ralentir cette chute de cheveux, mais ce sont souvent des méthodes contraignantes, peu confortables (casque réfrigérant) pour un résultat aléatoire. Les prothèses capillaires restent le seul vrai moyen, pour les patientes, d’améliorer leur image corporelle le temps du traitement. 16 La radiothérapie Troisième étape de ce traitement, la radiothérapie consiste à détruire des cellules cancéreuses, ou stopper leur développement, en les irradiants. Elle peut être : Néo adjuvante, pour réduire la tumeur Adjuvante, en dernière phase de la trithérapie, afin de compléter le traitement, et de diminuer le risque de récidive locale La technique consiste à exposer la zone où se trouvait la tumeur, à une dose unique et élevée de rayons radioactifs. Ces rayons provoquent des lésions sur toutes les cellules qu’ils touchent, qu’elles soient cancéreuses ou saines, provoquant ainsi des effets secondaires. Pour les limiter, la zone à irradier est au préalable repérée et délimitée avec un micro tatouage. Les rayons sont ciblés et dosés selon la tumeur. La radiothérapie du sein se déroule en plusieurs séances quotidiennes de quelques minutes, et s’accompagne de rendez vous de contrôle hebdomadaire avec l’oncologue radiothérapeute. Ces séances se font en ambulatoire. Le problème récurrent de la radiothérapie est le temps d’attente des patientes et le décalage des horaires, dû, la plupart du temps, à des contrôles sur les appareils ou à un problème technique, du fait du surcroit d’activité. Les effets secondaires notoires sont : L’asthénie, induite par les déplacements quotidiens Le risque de brulure dû aux doses répétées de rayons Le repos, l’hydratation cutanée après chaque séance et le port de sous vêtements en coton pallient à ces effets secondaires. C’est souvent lors de la radiothérapie, qu’apparait le syndrome dépressif. En effet, alors que la patiente arrive en fin de traitement, l’asthénie, accumulée tout au long du traitement, et la crainte de se retrouver bientôt « livrée » à elle-même, peuvent déclencher une fatigue morale. 2 .3 La douleur 2.3.1. Histoire de la douleur Au cours des siècles, toutes les civilisations ont laissé un témoignage de la douleur. 17 Longtemps considérée comme garante de l’accès au Royaume des Cieux, ou comme punition pour expier ses pêchés, la douleur a toujours inspiré des comportements et opinions variés. Hippocrate de Cos, médecin grec définit la maladie, la douleur, comme un processus naturel et non un châtiment des Dieux. Concernant la douleur il dit qu’elle est un signe, un symptôme naturel, à évaluer et à respecter. Au cours des siècles, chaque civilisation a alors étudié et analysé la douleur la définissant, tantôt comme une émotion, puis comme une sensation. Aujourd’hui la douleur est définie, par l’International Association for Study of Pain (IASP), comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite en des termes évoquant une telle lésion. » Donc la douleur est propre à chacun, subjective « elle est ce que la personne en dit » et « elle existe à chaque fois que la personne le dit ». B. Kouchner, alors Ministre de la Santé, lance en 1998 le premier Plan Anti Douleur. 1998/2001. Il sera suivi par les Plans 2002/2005, 2006/2010 et le Plan 2007/2011, qui sont des programmes établis pour aider à améliorer la vie des malades douloureux, grâce entre autre à l’accès à la formation des personnels soignants. 2.3.2 La douleur physique La sensation douloureuse a physiologiquement pour but, d’informer les centres nerveux que l’intégrité du corps est menacée. Cette information transite de la périphérie, où se localise le stimulus nociceptif, jusqu’au cortex, par un ensemble de faisceaux. L’élément de base de ce faisceau porteur du message, est la fibre nerveuse. Grâce à divers traitements, il est possible de court-circuiter cette information, de calmer cette douleur, dite douleur par excès de nociception. Du point de vue cognitif, le cerveau transforme un stimulus nociceptif en objet mental appelé la douleur. Dans la pathologie du cancer en général, et plus précisément, du cancer du sein, la douleur n’est pas un symptôme, comme la définissait Hippocrate. 18 Puisque René Leriche en 1936, définit la santé comme étant « la vie dans le silence des organes », le cancer, se développant dans ce silence, est alors une pathologie atypique. En effet, la douleur cancéreuse n’apparait pas lors du développement de la tumeur, mais au cours de la maladie et de son traitement. C’est une douleur complexe, pour laquelle M. Pillet a établi une classification. Il détermine entre autres : Les douleurs aigües du cancer, qui concernent les traitements (post chirurgicale, post radique, post chimiothérapique, myalgie), mais aussi la douleur symptôme qui permet d’établir le diagnostic de cancer (cas de figure assez rare) ou d’une récidive tumorale. Les douleurs chroniques, qui sont liées à la progression de la tumeur, mais aussi au traitement (neuropathie périphérique). Cependant les douleurs par excès de nociception sont les plus répandues dans les douleurs cancéreuses et représentent environ 70% des douleurs cancéreuses. Elles résultent d’une stimulation excessive du système nerveux, dont les causes sont cancéreuses, inflammatoires et traumatiques. Elles sont aigües et ne s’accompagnent pas de signes neurologiques. La définition neurophysiologique de la douleur ne prend pas en compte les actions et réactions de l’individu qui la vit. Cette définition ne tient pas compte non plus du contexte pathologique dans lequel s’inscrit la douleur. Selon la définition de l’IASP, la douleur est « une expérience sensorielle et émotionnelle » La pathologie cancer génère chez la patiente un choc émotionnel fort, lié à l’image sombre encore associée à cette maladie. John David Lœser, fait en 1998 un schéma rendant compte des 4 éléments constitutifs de la douleur : 19 Comportements de Douleur Souffrance Douleur Nociception Figure 2 : Schéma de John David Lœser sur les éléments de la douleur. La nociception est l’activité nerveuse déclenchée par une stimulation plus ou moins dangereuse du système nerveux. Elle comprend les composantes quantifiables de la douleur telles : L’intensité La durée La localisation Le second élément est la dimension sensori discriminative. Cet élément met en évidence la qualité subjective de la douleur, qui dépend du seuil de douleur propre à chaque individu. Il montre que la douleur est bien une perception plutôt qu’une sensation. La souffrance, troisième élément de cette douleur, est la dimension motivo affective. C’est là qu’intervient le vécu, l’histoire de chacun. Ces composants, propres à chacun, déterminent la façon dont l’individu va être affecté par la douleur et, ressentir de la souffrance. Le quatrième et dernier élément, est composé par les comportements induits par la douleur. Très variés, ils dépendent entièrement de la nature de la douleur. Ils sont : Reflexes Expressions faciales Plaintes 20 Nécessaire, car il permet de décortiquer le phénomène douleur, le schéma de JD. Lœser ne rend pas compte de la relation entre les différents éléments. De plus il s’applique à la douleur en général. Or le sujet ici est de cibler la douleur cancéreuse, douleur pour le moins complexe. L’approche de la douleur cancéreuse se doit d’être pluridisciplinaire. Les quatre éléments exposés par JD. Lœser, sont toutefois proches des éléments propres à la douleur cancéreuse. Elle est dans la littérature découpée en dimension ; Sensori discriminative qui ici concerne la localisation, l’intensité le type de douleur et les facteurs déclenchant ou soulageant cette douleur. Affective, qui concerne les répercussions psychologiques de la douleur et / ou du cancer Cognitive qui est l’interprétation que le patient fait de sa situation douloureuse, dans le contexte de cancer. Comportementale qui correspond à la verbalisation ou à l’absence de verbalisation du patient. Toutes ces données mettent en avant que la douleur cancéreuse est intimement liée à l’histoire de l’individu. Elle est, comme toutes douleurs, subjective, mais son évaluation, passant par l’histoire de la personne, ne peut être possible que dans le lien, la relation avec l’ensemble de l’équipe soignante 2.3.3 La douleur psychique L’individu est psychique et génétique. De fait, la douleur étant individu dépendante, elle est aussi bien génétique que psychique. Dans le langage courant, la souffrance est définie comme le « fait de souffrir, c'est-à-dire de supporter, d’endurer quelque chose de pénible de désagréable ». Selon le Docteur Eliane Ferragut, « la souffrance touche le corps imaginaire et la douleur le corps réel ». Si soulager la douleur est une urgence et une obligation, il ne faut pas perdre de vue qu’il y a intrication entre douleur et souffrance, elles sont indissociables. Grâce à des techniques et des traitements médicamenteux nous savons soulager la douleur. En ce qui concerne la souffrance, le traitement est la relation, être en relation avec l’autre. 21 Cette relation avec l’autre se construit dès les premières rencontres avec le patient, et s’entretient tout au long de son parcours de soins. La douleur étant aussi l’expression d’une souffrance enfouie ne demandant qu’à être reconnue, cet accompagnement permet de faire verbaliser les souffrances vécues par le patient et d’enrayer certaines douleurs. Les différentes recherches et études menées à travers le monde, montre que la douleur cancéreuse est une douleur complexe, qui se compose de douleur au sens nociceptif et de souffrance qui touche plus le versant psychique de l’individu. Douleur et souffrance, bien qu’étroitement liées, ont chacune, une prise en charge spécifique, qui se complète. 2.4 Les soins infirmiers La Partie Règlementaire IV, Livre III, Titre Ier, article R 4311-2 - 5° du Code de la Santé Publique, relatif à la profession infirmière, dispose que : « Les soins infirmiers ont pour objet de participer à la prévention, à l’évaluation, au soulagement de la douleur et de la détresse physique, psychique des personnes […] et d’accompagner en tant que de besoin, leur entourage. » Afin d’évaluer la douleur, « l’infirmier se doit : de mettre en œuvre un entretien d’accueil privilégiant l’écoute de la personne, avec orientation si nécessaire de proposer aide et soutien psychologique d’observer et de surveiller des troubles du comportement. L’infirmier est habilité à entreprendre et à adapter les traitements antalgiques dans le cadre des protocoles, […] écrits, datés et signés par un médecin. » Les textes rappelant les éléments de la loi qui concernent le respect, la dignité, l’intégrité de la personne humaine, guident ou régissent les actes infirmiers institutionnels, individuels ou en équipe. La prise en compte de la douleur est une priorité pour les soignants. Ainsi les professionnels ont plus que jamais le devoir de dépister, d’évaluer et de réévaluer la douleur. De la prendre en compte et d’échanger entre eux, ainsi qu’avec le patient et son entourage. Afin de pouvoir la prendre en compte, cette douleur devra être évaluée et cette évaluation ne doit pas se faire uniquement avec les patients exprimant une douleur, mais avec tous les patients. 22 2.4.1. Evaluation de la douleur Avec la loi relative aux Droits des Malades et depuis le Plan Douleur 1998/200 de Mr B Kouchner, le soulagement de la douleur est devenu une obligation pour tous les professionnels de santé tels que définis par le Code de Santé Publique, Partie IV, Livre Ier au Livre III. Loi n° 2002-303 du 4 Mars 2002 Art 3 « Toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle ci doit être en toute circonstance, prévenue, évaluée, prise en compte et traitée » Art R 4311-2-5° « Les soins infirmiers ont pour objet de participer à la prévention, à l’évaluation, au soulagement de la douleur et de la détresse physique, psychique des personnes […] » CSP, Partie Règlementaire IV Livre III, Titre Ier Le fait de disposer d’une méthode standardisée d’évaluation de l’intensité de la douleur et du soulagement, présente de nombreux avantages pour la pratique quotidienne, notamment pour mieux : identifier les malades ayant une douleur. Tous les patients n’expriment pas spontanément leur douleur. Cette absence de manifestation de douleur ne signifie pas obligatoirement absence de douleur perçue. faciliter les prises de décisions de traitement symptomatiques analgésiques, car dans des situations cliniques comme les douleurs cancéreuses et/ ou post traumatiques, le choix de l’analgésie doit être adapté à l’intensité de la douleur. contrôler l’efficacité des traitements mis en œuvre afin de surveiller les effets des traitements et faciliter leur adaptation. améliorer la communication entre le malade et les soignants. Un malade qui a appris à utiliser une méthode d’évaluation, sait mieux communiquer sa douleur. De plus la traçabilité, obligation légale pour l’infirmier, de cette évaluation et de la réponse aux thérapeutiques ne dépend plus uniquement du souvenir du malade. améliorer la relation : soignants et malades. L’évaluation de la douleur possède également une valeur relationnelle importante pour le malade. Il se sent reconnu dans sa plainte. 23 Nous le savons la douleur est un phénomène subjectif et complexe qui comporte de nombreuses dimensions, de fait il n’y pas une douleur mais des douleurs. Ayant centré ce travail de recherche sur une population adulte, relativement jeune, j’ai donc exclu les échelles de mesure s’adressant aux enfants et aux personnes âgées (échelles d’hétéro évaluation : ECPA, DOLOPLUS) qui se basent plus sur une observation comportementale du patient. 2.4.2 Les échelles de mesure de l’intensité de la douleur Au nombre de trois, elles permettent d’apprécier globalement l’intensité de la douleur ou son soulagement. 1. Echelle visuelle analogique ou EVA, se présente sous forme de réglette qui concrétise auprès du patient un « thermomètre » de la douleur. Figure 3 : Modèle d’EVA. 2. Echelle numérique ou EN, la patient attribut à sa douleur un chiffre allant de 0, pas de douleur, à 10 douleur maximale. 24 3. Echelle verbale simple ou EVS, utile lorsque dans certains cas, le patient n’arrive pas utiliser l’EVA ou à chiffrer sa douleur. Il peut alors la définir en 4 ou 5 catégories : 0 douleur nulle 1 douleur modérée 2 douleur forte 3 douleur très forte 4 douleur insupportable Elle donne une estimation globale de la douleur. 2.5. Les traitements antalgiques Les traitements antalgiques se divisent en différentes catégories. Traitements antalgiques Traitements co-antalgiques Traitements à visée antalgique 2.5.1 Les antalgiques L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a proposé de classer les antalgiques en trois paliers ou niveaux. Cette échelle permet une hiérarchie des analgésiques en fonction de leur niveau d’efficacité et de l’intensité de la douleur à traiter. Cette échelle, élaborée dans le cadre de la prise en charge des douleurs d’origine cancéreuse, permet à tout praticien de se référer à une classification officielle. Les trois paliers conseillés et validés par l’OMS associent chacun des analgésiques de puissance progressive à des co-antalgiques. Le palier I, utilisé pour traiter une douleur de faible intensité, correspondant à l’EVA/EN allant de 1 à 4. Il s’agit des analgésiques non morphiniques. Ils sont représentés entre autres par le paracétamol, l’aspirine, le néfopam et les anti-inflammatoires non stéroïdien (AINS). Le palier II, dans le cadre d’une douleur d’intensité moyenne, soit une EVA/EN allant de 5 à 7. Ce sont les agonistes morphiniques faibles. Le niveau II est constitué par des associations entre antalgiques de niveau I et analgésiques morphiniques faibles. Ils sont représentés par, la codéine dextropropoxyphène, le tramadol. 25 et les paliers I associés avec, le Le palier III, mis en place lors d’une douleur sévère, quand l’EVA/EN se situe entre 8 et 10. Ce sont les agonistes morphiniques forts, les agonistes purs tels, morphine, péthidine…, les agonistes partiels, le buprénorphine…, et les agonistes-antagonistes comme la pentazocine et la nalbuphine 2.5.2 Les co-antalgiques. Traitements ayant pour objectifs d’accroitre l’efficacité des antalgiques, ils peuvent, ou selon le cas, doivent être associés aux différents niveaux des paliers de l’OMS. Appartenant à plusieurs familles, ils peuvent aussi être non médicamenteux. Les co-antalgiques médicamenteux Ils sont efficaces sur des douleurs de types neurologiques, et certains agissent en plus sur la composante émotivo-affective de la douleur. Toutefois, il faut prendre en compte que certains n’ont pas obtenu l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), délivrée par le Directeur Général de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire et des Produits de Santé (AFSSAPS), en tant que traitement pour la douleur. Les familles médicamenteuses de ces traitements sont les : Corticostéroïdes biphosphonates (pas d’AMM) antidépresseurs antiépileptiques anxiolytiques myorelaxant Les co-antalgiques non médicamenteux Ce sont des techniques d’approche psychosomatiques, qui traitent le patient dans sa globalité et non de façon clivée. Ces techniques permettent de prendre en compte le corps et la fonction psychique, en privilégiant la relation. 26 Nous l’avons vu être en relation avec l’autre, c’est être à l’écoute de l’autre, de celui qui souffre. Cette écoute se faisant avec tous les sens, il faut délimiter un champ, une temporalité, un espace sécurisé où le patient, se sentant écouté, verbalise ses ressentis, ses souffrances. Parmi ces techniques, nous citerons : La relaxation La relation d’aide, relation existant entre le soignant et le patient L’écoute La présence 2.6 Les soignants La prise en charge de la douleur est la mission et le rôle de tous professionnels de santé. Ils s’inscrivent alors dans une approche globale impliquant une prise en charge psychologique et comportementale de la personne soignée. 2.6.1. Le rôle infirmier La douleur physique, dans les pathologies cancéreuses, est étroitement liée, voir indissociable, de la douleur psychique, la souffrance. Le titre III, annexe I, de l’arrêté du 31 juillet 2009, relatif à la profession infirmière, définit le référentiel d’activité infirmier. L’infirmière doit mettre en œuvre des compétences relevant de ses rôles propre et prescrit, pour assurer au patient une prise en charge de la douleur efficace, en tenant compte de toutes ces dimensions. « Les soins infirmiers […], intègrent qualité technique et qualité de relations avec le malade. Ils sont réalisés en tenant compte de l’évolution des sciences et des techniques. Ils ont pour objet, dans le respect des droits de la personne, dans le souci de son éducation à la santé et en tenant compte de la personnalité de celle-ci dans ses composantes physiologique, psychologique, économique, sociale et culturelle : De participer à la prévention, à l’évaluation et au soulagement de la douleur et de la détresse physique et psychique des personnes, […] et d’accompagner, en tant que de besoin, leur entourage. » Art. R. 4311-2-5. 27 Le rôle prescrit Décret du 29 juillet 2004, relatif à la profession infirmière, détaille le rôle prescrit de l’infirmier, qui consiste entre autres à : « Les soins infirmiers ont pour objet de contribuer à la mise en œuvre des traitements en participant à la surveillance clinique et à l'application des prescriptions médicales contenues, le cas échéant, dans des protocoles établis à l'initiative du ou des médecins prescripteurs. » Art R 4311-2-4 « L'infirmier ou l'infirmière est habilité à entreprendre et à adapter les traitements antalgiques, dans le cadre des protocoles préétablis, écrits, datés et signés par un médecin. Le protocole est intégré dans le dossier de soins infirmiers » Art 4311-8 L’infirmier, comme cité dans le CSP, doit administrer le traitement prescrit adapté et évaluer son efficacité afin de soulager le patient. Le rôle propre Dans la prise en charge de la douleur, l’IDE, doit mettre en place des actions relevant de son rôle propre afin de pouvoir exercer son rôle prescrit. « Dans le cadre de son rôle propre, l'infirmier ou l'infirmière accomplit les actes ou dispense les soins [….] visant […..] à assurer le confort et la sécurité de la personne et de son environnement et comprenant son information et celle de son entourage »Art R 4311-5 « Recueil des observations de toute nature susceptibles de concourir à la connaissance de l'état de santé de la personne et appréciation des principaux paramètres servant à sa surveillance : température, pulsations, pression artérielle, rythme respiratoire, volume de la diurèse, poids, mensurations, réflexes pupillaires, réflexes de défense cutanée, observations des manifestations de l'état de conscience, évaluation de la douleur »Art R 4311-5 19 Afin de pouvoir exercer son rôle prescrit l’IDE, doit dans un premier temps apprendre au patient à utiliser l’outil d’évaluation de la douleur. Lorsque le patient a évalué l’intensité de sa 28 douleur, l’IDE administre le traitement antalgique adapté et prescrit. En respectant les délais d’action des traitements, il vérifie, à l’aide du même outil l’efficacité ou pas du traitement. «Mesure de la douleur sur les plans quantitatifs (échelles de mesure) et qualitatifs (nature de la douleur, localisation...) ; mesure du retentissement de la douleur sur les activités de la vie quotidienne » Art R 4311-5 C’est dans l’exercice de son rôle propre, qu’il va se mettre en relation avec le patient. Nous l’avons vu précédemment, l’individu est relation, donc l’infirmier ne pourra mettre en place une éducation thérapeutique efficace sur la prise en charge de douleur, que s’il a tissé un lien relationnel avec le patient. Dans le cadre de son rôle propre l’infirmier met en place : « Réalisation de soins visant le bien-être et le soulagement de la souffrance physique et psychologique toucher à visée de bien-être et l’organisation de l’environnement en rapport avec le bien-être et la sécurité de la personne l’aide à la relaxation » Art R. 4311-5 « Entretien d'accueil privilégiant l'écoute de la personne avec orientation si nécessaire ; Aide et soutien psychologique » Art R. 4311-5 Les soins d’hygiène, et de confort, sont des moments privilégiés, durant lesquels l’infirmier entre en relation avec le patient. C’est à l’occasion de ces soins, que le patient va laisser parler ses émotions et verbaliser certaines de ses craintes. Nous sommes alors dans la dimension motivo-affective de la douleur et cognitivo-affective de la douleur cancéreuse. Cette étape dans la prise en charge de la douleur est primordiale, car si ces craintes et ces peurs ne sont pas évacuées, le coté psychique de l’individu va les extérioriser de façon somatique, par des douleurs physiques. 2.6.2 Contenu de la formation initiale des IDE, relatif à la douleur L’IDE exerce son métier dans le respect des articles R.4311-1 à R. 4311-5 et R4312-1 à 4312-49 du CSP. Lors de sa formation l’étudiant infirmier (EIDE) développe des savoirs faire lui permettant d’évaluer l’état de santé d’une personne et d’analyser les situations de soins. 29 Il acquiert les connaissances nécessaires à la dispensation de soins de nature, préventives, curatives ou palliatives dans le but de promouvoir, maintenir et restaurer la santé. Les cours sont dispensés sous la forme de cours magistraux (CM), travaux dirigés (TD), travaux personnels guidés (TPG), stage, unité d’enseignement (UE) et unité d’intégration(UI). Les UE sont thématiques, alors que les UI portent sur l’étude de situations, de soin ou cliniques. Les UE permettent une progression de l’apprentissage des étudiants. Les savoirs qui les composent sont ancrés dans la réalité et actualisés. Les UI comportent des analyses de situations vécues en stage ou simulées. Elles permettent à l’étudiant d’utiliser des concepts et de mobiliser un ensemble de connaissances. Lors des stages, l’étudiant confronté à la réalité du terrain, mobilise ses connaissances et acquiert des savoir faire et savoir être nouveaux. Afin d’avoir des données plus concrètes sur la façon dont s’articule la formation initiale des IDE autour de la prise en charge de la douleur, j’ai pris contact avec le responsable de formation d’un Institut de Formation en Soins Infirmiers. C’est lors d’un l’entretien (informel) avec le cadre formateur, référent douleur, de cet IFSI, que j’ai eu un aperçu du programme de formation à la prise en charge de douleur. La douleur est abordée à chaque UE, avec la pharmacologie s’y rapportant et en cours de TD et d’UI. Ce n’est qu’en 3ème année, lors des UE relatives aux soins palliatifs que la douleur, dans toutes ces dimensions, est véritablement traitée. Tuteur de stage et référent douleur, dans mon unité de soin, je constate que bien qu’ayant certaines connaissances sur l’évaluation et la gestion de la douleur, la majorité des étudiants, interférent dans l’évaluation du patient avec leur propre subjectivité. Pour certains, y compris les étudiants en dernière année, ils n’ont pas notion ou ne savent pas comment gérer, la dimension émotivo-affective de la douleur. 2.7 Le droit 2.7.1 Le droit des malades Histoire La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, est le résultat d’une lente évolution, non encore achevée, initiée au lendemain de la seconde guerre mondiale. 30 On assiste alors à la naissance du mouvement d’humanisation des hôpitaux, lesquels passent alors d’une fonction asilaire d’accueil des plus pauvres à une mission de soins, offerte à tous. Pour autant, le malade n’est encore trop souvent qu’un « objet » de soins. A partir de 1974, on assiste à une évolution qui se manifeste, d’une part, au travers de nombreux textes, chartes, codes, rapports, décisions de justice (tant en droit interne qu’en droit international) et, d’autre part, au niveau sociétal. Les prémices de cette évolution sociale coïncident avec le brusque développement de la médiatisation de l’information médicale et les premiers cas de sida (virus de l’immunodéficience acquise VIH) en France. L’émergence brutale de la maladie, son caractère inéluctable, le jeune âge de la population touchée, composée pour partie de personnes engagées dans la lutte contre les discriminations, ont sûrement été des facteurs décisifs dans ce bouleversement des comportements : les certitudes des médecins se trouvaient ébranlées tandis que, pour la première fois, des malades revendiquaient, dans un renversement inédit des rôles de transmission du savoir médical, le droit de participer à la décision concernant leur traitement. Très vite la revendication s’est élargie à la sphère collective, notamment à l’occasion des autres catastrophes sanitaires (amiante, maladie de Creutzfeldt-Jakob, sang contaminé, …) qui, montrant les difficultés rencontrées par les autorités publiques pour les prévenir ou les maîtriser, ont déclenché des prises de conscience militantes manifestant le souhait que la parole de « l’usager » soit prise en compte dans le cadre des décisions de santé publique. Prenant acte de cette évolution sociétale et pour connaître plus précisément les attentes des malades, des Etats généraux de la santé (EGS) ont été organisés afin d’associer l’ensemble des personnes résidant en France aux évolutions du système de santé, au travers de débats publics menés à l’échelon national et régional. A l’issue de ces EGS, deux données essentielles ont émergé : au plan individuel : la méconnaissance des usagers concernant leurs droits, au plan collectif : le souhait des usagers de pouvoir s’exprimer davantage sur les questions afférentes au système de santé. Se fondant sur ce constat, M. Lionel Jospin, alors Premier ministre, a annoncé en juin 1999 : d’une part, la mise en place, d’un groupe de travail chargé de faire des propositions sur la place des représentants des usagers dans les établissements 31 de santé et sur le développement des structures de conciliation et de médiation. d’autre part, l’élaboration de dispositions législatives sur les droits de la personne malade. Loi du 4 Mars 2002 C’est dans ce contexte, qu’est élaborée la loi du 4 mars 2002, sur les droits des malades et la qualité du système de santé, dans une double perspective : rendre plus lisibles, en les rassemblant, les textes préexistants, les compléter par des droits nouveaux et par la mise en place de procédures destinées à en favoriser l’application. organiser l’expression des usagers à tous les niveaux de façon à leur permettre d’être partie prenante dans les orientations de la politique de santé, à favoriser le débat public et l’information des citoyens. mettre en place un dispositif de conciliation et de règlement amiable des accidents médicaux et des infections nosocomiales, en reconnaissant la possibilité d’indemniser des dommages non liés à une faute. Ainsi, la loi pose les fondements d’une véritable démocratie sanitaire, en affirmant les droits de l’usager qui contribuent à le rendre à la fois acteur de la prise en charge de sa propre santé et acteur des décisions de santé publique. 2.7.2 Plans cancer Histoire En 2003, le Président de la république, Monsieur J.Chirac, met en place le premier « Plan cancer 2003/2007 ». Issu du travail d’hommes, de femmes, de professionnels de santé, de chercheurs et gestionnaires, cette lutte organisée commence le 14 juillet 2002, aboutit le 16 janvier 2003 sous forme de rapport, à partir duquel est établi le « Plan cancer 2003/2007 ». Ce plan, composé de 6 chapitres concernant la prévention, le dépistage, les soins et l’accompagnement à pour but de vaincre la maladie et se battre pour la vie. L’objectif à 5 ans est de diminuer la mortalité par cancer de 20%. Chaque chapitre est constitué de 70 mesures qui sont autant d’objectif à atteindre sur la période défini. 32 Ainsi la mesure 40, concernant le dispositif d’annonce du diagnostic, oriente vers un dispositif humanisant au plus cette première étape de la maladie. A ce jour, il apparait que c’est une mesure qui reste encore à définir et à améliorer. Mal défini dans les textes, ce dispositif d’annonce peut être fait par différents interlocuteurs (médecin généraliste, spécialiste, radiologue, psychologue, infirmier), qui ne vont pas toujours accompagner le patient tout au long de son parcours. Le chapitre soins concerne la prise en charge globale de la personne, par un accompagnement thérapeutique favorisant la relation humaine. Dans ce chapitre, la mesure 64 insiste sur la nécessité de développer les activités des professionnels paramédicaux, notamment les IDE, dans le domaine du cancer. Pour la formation des IDE, un module spécifique à la maladie cancéreuse est inclus dans la formation initiale. Plan cancer 2009/2013 Le « Plan cancer 2009/2013 » est composé de 30 mesures, définissant les 5 axes, qui sont la recherche, l’observation, la prévention, le dépistage, les soins, et vivre pendant et après un cancer. Pour les professionnels de santé, les IDE notamment, ce Plan cancer préconise : d’une part, l’accès à des formations, intégrant la dimension sociale et éthique dans les relations soignants/ soignés. d’autre part de soutenir la création de Master d’infirmier coordonnateur de parcours de soin. (Soins, mesure 18.1) Ces formations sont proposées aux professionnels de proximité afin qu’ils disposent de l’accès à l’actualisation de leurs connaissances. Aujourd’hui, il semble que les budgets et le manque de personnels dans certains établissements, ne permettent pas de former suffisamment d’IDE. 2.7.3 Plans douleur Histoire C’est en 1998, que Bernard Kouchner, alors secrétaire d’Etat à la Santé et pour qui « La douleur ne doit plus être une fatalité » lance le premier plan de lutte contre la douleur. Ambitieux, celui-ci prévoit de mettre en place, en trois ans, toutes les 33 structures et les dispositions nécessaires pour faire de la lutte contre la douleur une priorité dans la pratique médicale. Le 22 septembre 1998, Monsieur Bernard Kouchner, signe une circulaire relative à la mise en œuvre du plan d’action triennal de lutte contre la douleur dans les établissements de santé publics et privés. Cette circulaire s’articule autour de trois axes : Le développement de la lutte contre la douleur dans les établissements de santé et les réseaux de soin La formation et l’information des professionnels de santé La prise en compte de la demande des patients. Plan douleur 2006/2010 Le plan d’amélioration de la prise en charge de la douleur, 2006/2010, repose sur quatre axes : la formation renforcée des professionnels de santé une meilleure utilisation des traitements médicamenteux et des méthodes non pharmacologiques. la structuration de la filière de soins. l’amélioration de la prise en charge des personnes les plus vulnérables (enfants, personnes âgées et en fin de vie). Ainsi ce plan de lutte contre la douleur insiste sur la nécessité de former les professionnels de santé à la prise en charge de la douleur. De fait, si les formations se rapportant à cette prise en charge sont accessibles pour tous les professionnels de santé, il semble qu’à ce jour, seuls les moyens humains et les budgets des unités de soins représentent un obstacle pour accéder à ces dites formations. Le plan d’amélioration de la prise en charge de la douleur 2007/2011 est axé sur les patients douloureux chroniques. 3. Question de recherche Nous l’avons vu précédemment, le cancer et la douleur sont 2 axes importants de notre 34 système de santé. Pour chacun d’eux, des directives, des plans sont mis en place et constamment réactualisés. Former durant leurs études les professionnels de la santé, plus particulièrement les IDE, sont au cœur des dispositifs proposés. Ainsi et dans le but d’améliorer la santé et la qualité de vie des patients, la qualité des soins et la pratique des soignants, je me suis interrogée sur la formation initiale des IDE. - Est-elle suffisante pour aborder et comprendre la douleur ? - Permet-elle aux IDE de répondre aux attentes des patientes atteintes d’un cancer ? A partir du modèle de la communication convoqué en sciences de l’éducation, comment peuton améliorer la formation initiale des IDE, et ainsi offrir une prise en charge plus efficace de la douleur dans toutes ces dimensions dans le contexte de la maladie cancer ? 4. Les modèles de la communication 4.1 Définition « Le fait de communiquer, d’être en relation avec quelqu’un. Dans le domaine des sciences la signification est d’établir une relation dynamique qui intervient dans un fonctionnement : échange de signe, de message entre un émetteur et un récepteur. » Le Robert, 1996, Page 304 « La communication est donc un ensemble de pratiques qui cherche à réaliser une mise en communication des individus entre eux » Rieffel, 1995 4.2 Histoire de la communication L’histoire de la communication est aussi ancienne que l’histoire de l’humanité. L’homme en constante évolution a toujours ressenti le besoin de communiquer, c’est pourquoi il crée des codes, alphabets et langages, qu’il fait évoluer en fonction de sa propre évolution. La communication se définit en deux thèmes qui sont l’oralité et l’écriture. L’oralité, premier stade de la communication, suppose des relais continuels entre émetteurs et récepteurs dans le temps et l’espace. Par la suite, c’est grâce à l’écriture que l’homme assure une communication discontinue entre l’émetteur et le récepteur dans le temps et l’espace. C’est en Grèce, entre le VIII e et le IVe 35 siècle avant J.-C., qu’apparait le premier alphabet comprenant des voyelles et permettant d’obtenir un bon système de réécriture de la langue parlée. Quelque soit la méthode choisie, communiquer repose sur trois éléments qui sont : le message, l’émetteur, le récepteur. Partant de ce constat des chercheurs de l’école Palo Alto, tels Batesson, Jackson et Watzlawick, ont cherché à comprendre et à expliquer la communication. Ils ont défini différent types et modèles de communication. 4.2.1 Les types de communication Dans le cadre de cette étude, sur les 5 principaux types de communications nous nous intéressons aux 2 types de communication que sont la communication intra et inter personnelle. La communication intra personnelle, est tout ce qui se passe en nous quand nous sommes en présence de l’autre. En effet aucun individu n’aborde la situation de communication de manière neutre. Il dispose déjà d’une image de ce que doit être la situation. Les représentations de l’autre, de la tache ou du contexte déterminent les comportements et guident les pratiques sociales. La communication inter personnelle, ou inter individuelle quand à elle est fondé sur les fonctions du feed back. Dans ce type de communication le discours peut être réorienté, la compréhension de l’autre est recherchée. 4.2.2 Les modèles de la communication La communication a deux significations relatives. Elle est transitive lorsque son but est de transmettre une information. Dans ce schéma la communication est dite linéaire. Quand la communication a pour objet la « mise en relation », elle devient intransitive et répond au schéma de la communication systémique. Le modèle de la communication linéaire Ici la communication a pour seul but de transmettre un message, en ne prenant pas en compte les filtres mis en place par l’individu, en référence à son contexte social et à ses émotions, par exemple. En 1949 pour C. Shannon, la communication est le fait d’émettre un message, grâce à un code, via un canal à un récepteur. 36 Emetteur Codage Canal Décodage Récepteur Figure 3 : schéma de la communication linéaire selon C. Shanon Il considère que le message est transmis dans son intégralité, ne subissant aucun parasitage, aucune déformation ou transformation. La communication dans ce modèle s’inscrit dans un système béhavioriste, selon un modèle directif, dogmatique, de contrôle, ne pouvant exister que dans une relation verticale. Ce qui importe dans ce modèle est la transmission du message. Le modèle est complété par la prise en compte de la rétroaction ou feedback, concept essentiel à toute théorie de la communication. Figure 4 : schéma sur la communication, Warren Weaver. Le feedback terme anglais signifiant renvoyer une information ou un résultat est un élément essentiel à toutes communications. Grâce à cette rétroaction, l’émetteur contrôle la qualité de son message. Les parasites sont des bruits, des gestes, une tierce personne. La communication systémique C’est le modèle de communication employé pour entrer en relation 37 avec l’autre. Selon l’école Palo Alto, la communication réside sur le fait que l’émetteur (soi) envoie un message à un récepteur (l’autre), en fonction de ses propres références, codé selon sa propre grille d’interprétation. Le récepteur va alors décoder le message avec une grille d’interprétation qui lui est propre. Ses émotions, son ressenti vis-à-vis de l’émetteur, interviennent dans le décodage de ce message. La réponse, feedback, faite alors à l’émetteur détermine l’évolution de la communication (stabilité, fusion, rupture). Ainsi le fait de s’exprimer n’implique pas que l’on est entendu, et la communication n’est pas ce que l’on exprime mais ce que l’autre a compris. Ce modèle implique que dans toute communication, pour que le message soit entendu, il faut tenir compte des facteurs sociaux, environnementaux, des émotions et ressentis de soi et de l’autre (intra personnelle). La communication doit permettre la mise en confiance de façon à diminuer les résistances ; et la communication avec l’autre permet de le faire évoluer. C’est un modèle qui s’inscrit dans une approche constructiviste. 38 5 Les matrices théoriques de la communication La communication linéaire Les modèles Les critères Directif Dogmatique Mono-référencé Relation verticale Contrôle Instruction Les modèles Les critères Les indicateurs Non prise en compte des valeurs, des émotions, des contextes, des référentiels, des demandes, des projets, de l’histoire, des savoirs préexistants Injonction, prescription, ordre, soumission, acceptation, agent. Non prise en compte du feed-back. Distanciation ou fusion Faute culpabilisante, sanction. Modèle bio-médical-curatif Communication programmée à l’avance non ré-orientable, adaptable. Posture d’expert. Béhaviorisme, pédagogie traditionnelle Les indicateurs La communication systémique La communication systémique Prise en compte des valeurs, des émotions, des contextes, des référentiels, des demandes, des projets, de l’histoire, des savoirs préexistants. Proposition, co-construction, coParticipatif Non dogmatique. décision, co-auteur. Prise en compte du feed-back Multi référencé. Empathie Relation Ecart permettant de réorienter, sans transversale sanction. Questionnement Affranchissement Communication inventée, conceptualisée et réorientée dans l’action Posture d’accompagnant, de consultant. Constructivisme, socioconstructivisme, néo-socio-constructivisme, pédagogie active. Modèle santé global non positiviste Tableau 1 : Les matrices de la communication 39 Auteurs LASSWEL, SHANNON WEAVER Auteurs BATESSON WATZLAWICK ABRIC ANZIEU PALO ALTO 6 La méthodologie de recherche 6.1 Méthode et outils de recherche Cette étude se situe dans un paradigme phénoménologique, la méthode d’enquête est quasi clinique et dans une logique qualitative. L’outil d’enquête choisit est un entretien semi directif, mené atour de 5 questions principales et 9 questions de relance. Guide d’entretien semi directif Racontez-moi la découverte de votre cancer - Les examens -Qui vous a annoncé le diagnostic -Comment -Place donné à votre entourage Qu’avez-vous ressenti ? -Souffrance Quelle a été la prise en charge de l’équipe sur le plan psychologique -Vous ont-ils fait verbaliser vos émotions, vos ressentis ? - Comment l’équipe paramédicale vous à aider à gérer psychologiquement votre maladie ? L’accompagnement ? le suivi ? Comment avez-vous vécu vos traitements ? -Comment l’équipe paramédicale vous a aidé pour la gestion de la douleur -Physique -Morale -Place donnée à l’entourage La prise en compte de votre douleur physique et morale, par l’équipe paramédicale répond elle à vos attentes, -Pourquoi Souhaitez-vous ajouter quelque chose ? 6.2 La population J’ai orienté ma recherche sur une population de patientes jeunes, entre 35 et 45 ans, ayant eu un cancer du sein et traitées par tri thérapie, c'est-à-dire : intervention chirurgicale, chimiothérapie et radiothérapie. Dans mes critères de sélection, les interviewées sont à distance de leur traitement, afin d’avoir une vue plus objective et être moins dans l’affect. La mise en relation c’est faite grâce à un réseau de connaissances, personnelle et amicale. 40 6.3 Le protocole de recueil des données J’ai mené deux entretiens. Le temps des entretiens est approximativement égal, soit environ 45 minutes chacun. L’entretien avec J. est un peu plus long, du fait de la réminiscence d’épisodes difficiles vécus durant et à cause de la maladie. Chaque entretien est enregistré, après accord des protagonistes, et retranscrit en format Word. Etant dans une relation transversale et pour répondre à la demande des patientes, j’ai adopté durant les 2 entretiens le tutoiement. Pour le traitement des données je n’ai pas utilisés les logiciels Logic-dico® et ConTEXT®. J’ai réalisé une analyse de contenu, dite indexation notionnelle, de chaque entretien qui a consisté à reprendre et noter les extraits du discours qui me paraissaient cruciaux pour chaque question. Je les ai ensuite référencés dans des tableaux à l’aide des logiciels Word et Excel afin de les interpréter. 6.4 Le traitement de données Entretien de M. La communication linéaire Caractéristiques Directif, prescription, posture d’expert Extrait : indicateurs du discours ligne 13 à 15« Et ben, en été on m’avait fait la mammographie et on m’avait qu’il faudrait revoir dans les six mois parce qu’il y a quelque chose, heu pour l’instant on peut, pas dire mais vaut mieux, par précaution refaire une mammographie dans six mois. » Relation verticale, posture d’expert, modèle Ligne 18 à 19. Et puis là il m’a reçu en me bio curatif disant « j’ai bien fait de faire la biopsie parce que c’est un cancer ». Caractéristiques Extrait : indicateurs du discours 41 Ligne 20 à 21 « Alors on m’a dit « on va vous Directif, non prise en compte du feed back opérer », enfin mon gynéco, et puis ce n’est tout, même pas, peut être si…. La radiothérapie, enfin ce n’était pas sûr. » Ligne 23 à 25. « C’était découvert, quelques millimètres, c’était petit infime. Alors on m’a Directif, dogmatique, non prise en compte de projets de l’histoire dit « on va vous opérer », enfin mon gynéco, et puis ce n’est tout, même pas, peut être si…. La radiothérapie, enfin ce n’était pas sûr. Et en fait après le staff, la réunion des médecins j’étais convoquée parce que là ils préconisaient, heu le traitement complet, en me disant « vous êtes jeune vous pouvez le supporter. » Ligne 26 à 27. « Enfin ils disent les choses un Relation verticale peu au fur et à mesure, ils ne disent pas tout d’emblé hein…. » Ligne 31 à 35 « je commençais quand même à m’inquiéter. Le fait surtout d’apprendre que j’allais perdre mes cheveux, que j’allais Relation verticale, acceptation, posture d’expert, prescription, bio médical curatif subir cette chimio. Mais j’ai toujours quand même ressenti une espèce de rassurance par rapport à tous les médecins que tu consultes, qui te dise que ça va aller, on va faire ça et puis après vous serez guéri… » 42 Caractéristiques Relation verticale, mono Extrait : indicateurs du discours référencé, Ligne 42 à 43 « mais bon je l’ai pas tellement sollicité, j’au eu surtout contact acceptation, agent, distanciation. avec les médecins mais pas énormément non plus hein. » Ligne 45 «Je me suis un peu calmée toute Relation verticale, distanciation seule, en lisant des méthodes pour aussi optimiser la situation parce que bon voilà. » Relation verticale, posture d’expert, communication programmée Ligne 48 à 50 « J’ai trouvé pas trop quand même. Elle est venue au départ, on s’est présenté, elle m’a reçu voilà. Je me suis dit ça va m’aider mais en fait quand j’avais les soins, ou au fur et à mesure de la chimio, chaque trois semaines, je savais qu’elle était là » Relation verticale, position d’expert, non prise en compte des contextes, de l’histoire, des émotions, des proches. Ligne 53 à 54 «qu’elle était là pour ça aussi, pour la famille mais par contre on l’a jamais tellement rencontré, et hum elle n’est pas venue au devant de nous » 43 Caractéristiques Extrait : indicateurs du discours Directif, relation verticale, non prise en Ligne79 « Pas régulièrement, pas compte du feed back, du contexte, des directement. Superficiellement, comme ça : besoins « ça va ? » Ligne 82 à 85 « Mais c’est vrai que, heu, dans l’absolu, je posais les questions Instruction, posture d’expert essentielles qui me préoccupaient, et après si j’en avais d’autres j’essayais de lire, de m’informer, des personnes heu Servan Schreiber, ou d’autres médecins qui préconisent des vies …enfin(…), l’activité sportive, l’alimentation et puis une vie heu moins stressante » Ligne 87 à 88 « (….) justement la Mono référencé, non ré orientable, non psychologue je n’avais pas la patience de prise en compte des valeurs, des attentes passer deux heures à parler de ça » Dogmatique, directif, modèle bio médical curatif, non prise en compte des valeurs, Ligne 114 à 115« C’est à Foch qu’on me des contextes l’a annoncé au niveau des médecins, aucuns ne s’est poser la question de l’entourage. » 44 Caractéristiques Extrait : indicateurs du discours Ligne 133 à 134 « Je les ai pas trop Relation verticale, position d’expert, distanciation sollicité, je me disais « ils aident d’autres personnes parce que toi tu as moins besoin. » Ligne 144 à 145 « Je n’ai pas trop compris après l’intervention parce qu’on m’a dit de faire tout le traitement, c’était un peu Dogmatique, modèle bio médical curatif obscur, des fois je me dis qu’ils ne maitrisent pas trop. » Ligne 148 à 150 « Et à la fin du traitement Relation verticale, non prise en compte des contextes, des savoirs pré existant, des valeurs , des émotions j’ai dit que j’avais un peu peur, on me lâchait dans la nature. Mon gynécologue m’a dit que si j’avais besoin d’en parler, j’aille voir l’infirmière, » Ligne 151 à 152 « Il y a aussi une chose qui a été très pénible, c’est l’attente pour la chimio. Relation verticale, culpabilisation, injonction J’ai demandé pourquoi on attendait, ils m’ont dit que c’était parce qu’ils n’étaient pas assez nombreux. Alors tu te demande pourquoi c’est pas mieux organisé » Tableau 2 : Extraits indicateurs de la communication linéaire dans le discours de M 45 . La communication systémique Caractéristiques Participatif, relation Extrait : indicateurs du discours transversale, Ligne 40 à 41 « le secrétariat entre autre, posture d’accompagnant, empathie heu, on a une écoute de la part de pas mal de personne je pense. » Participatif, relation transversale, proposition, posture d’accompagnant Relation transversale, posture d’accompagnant, empathie prise en Ligne 42 « Bon on m’a présenté l’infirmière qui nous suit tout le traitement, » Ligne 50 à 51 « finalement je parlais plus au personnel présent qui faisait les soins » compte des demandes Empathie, échanges, prise en compte du Ligne 61 à 63 « je suis allée dans la salle feed back, communication réinventée commune parce que je trouvais qu’il y avait dans l’action une espèce d’énergie positive….même s’il y avait des personnes peut être plus malades que moi, dans l’absolu il y avait un échange avec le personnel. Ca faisait du bien. Une chaleur humaine, » 46 Caractéristiques Participatif, empathie, d’accompagnant, prise en Extrait : indicateurs du discours posture Ligne80 à 81 « On pouvait se confier aussi. compte des Certaines personnes se confier beaucoup, émotions peut être par rapport à une certaine solitude. Il y a des personnes qui ont peut être plus besoin d’être écoutées. » Empathie, prise en compte des valeurs des Ligne 89 à 91 « voila j’allais faire un soin de contextes, communication réinventée dans visage, je parlais à la fille qui connaissait l’action, proposition aussi la pathologie, parce qu’ils ont à faire qu’à des personnes avec un cancer aussi. » Posture d’accompagnant, empathie, prise en Ligne 94 à 95 « elle voulait justement compte des savoirs pré existants conseiller, entourer les personnes; vivre avec, mieux vivre avec la maladie » Non dogmatique, prise en compte des valeurs, empathie, prise en compte du feed Ligne 126 « J’ai eu plus de soutiens des gens malade comme, je les croyais plus. » back Echange, constructivisme, prise en compte Ligne150 « Je préférai en parler aux gens de terrain, les malades, ceux qui sont là. » des valeurs Tableau 3 : Extraits indicateurs de la communication systémique dans le discours de M 47 Entretien J La communication linéaire Caractéristiques Extrait : indicateurs du discours Modèle bio médical curatif, relation verticale Ligne 16 à 17 « Donc j’ai été chez le gynéco, mais que 3 mois après, parce que le temps de prendre un rendez vous (heu)) » Ligne 17 à 18 « donc voila quand je suis Modèles bio médical curatif, contrôle, arrivée chez le gynéco, il m’a de suite pris posture d’expert rendez vous chez le (….), pour passer une mammo heu à Victor Hugo » Directif, contrôle, posture d’expert Ligne24 à 25 « toute façon ils m’ont pas donné le choix » Ligne26 à 29 « 3 m’ont dit « mais ya pas Relation verticale, directif, posture d’expert, photos madame, c’est comme ça et ce n’est bio médical curatif pas autrement. Vous êtes trop jeune, ils sont trop diffus » il y en avait 3 et 3 un peu dispatchés, donc ils n’ont pas cherché à comprendre. » Relation verticale, non prise en compte du Ligne 32 « Mais on ne t’explique rien » feed back, des savoirs pré existants Ligne 33 « Ils ont laissé la place à ta famille Mon prise en compte des contextes, des pour leur expliquer ?« Non » valeurs 48 Caractéristiques Directif, contrôle, relation Extrait : indicateurs du discours verticale, Ligne 38 à 41« Mais même personne posait injonction, prescription, ordre, distanciation des questions en fait, mais parce que du coup on ne pouvait pas parler, parce que le chirurgien qui m’a opéré, il est très…. très connu, et donc c’est infernal pour l’avoir. Et quand tu le vois il a 40 personnes à voir, c’est impossible qu’il parle avec les 40 personnes. Non prise en compte des valeurs, des Ligne 45 à 47 « Mais par le feeling quoi, tu contextes, de référentiels, posture d’expert, voyais que tu ne pouvais pas poser de communication non ré orientable. questions, alors j’ai continué comme ça. J’ai fais confiance, voila, mais j’étais au courant de rien » Distanciation Ligne 50 « …je n’arrive pas avec les psys, je n’arrive pas. Donc je n’en ai pas vu. » Contrôle, bio médical curatif, prescription, Ligne 51 » Mais c’est vrai que dans le posture d’expert, non prise en compte de milieu, là bas à V A, c’est compliqué quoi, l’histoire c’est une usine » Directif, non prise en compte de l’histoire, Ligne 70 à 72 des contextes, des valeurs soignant, ils t’ont orienté pour aider les Et les IDE, le personnel enfants ?« Non, non mais c’est moi qui en ai pas parlé » » Relation verticale, non prise en compte du feed back Posture d’expert, bio médical curatif, relation verticale, injonction, prescription Ligne 74 « Bah, il n’y a pas de dialogue » Ligne 80 à 82 « Là ils sont spécialisé là dedans, enfin ils n’ont que…, ils ne font que ça toute la journée. Et c’est vrai que après, mais franchement je n’ai pas regretté, mais c’est vrai qu’il n’y a pas de dialogue ». 49 Caractéristiques Relation verticale, directif, non prise en Extrait : indicateurs du discours Ligne 90 à 91 Tu trouves qu’il n’y a pas assez compte des émotions de communication ?« Ah non !! Ça non !!! » Relation verticale Ligne 93 à 95« Eh oui. Parce que tu as envie quand même, c’est l’inconnu, tu veux savoir où tu vas. Alors je posais la question, quand même à droite, à gauche, aux gens qui y étaient passé. Mais les gens te parlent à demi mots » Ligne 98 « Voilà c’est compliqué, tu ne peux Non prise en compte des émotions, du feed pas dire ton ressenti » back Ligne162 à 163 « Donc j’ai préféré cette méthode que les psys, je n’arrive pas avec les Posture d’expert psys. » Ligne166 à 167 « pour moi, ça n’avait rien Communication non ré orientable, non prise d’important, j’avais envie de passer à autre en compte du feed back, distanciation chose. Oh et puis là elle m’a gonflé. » Ligne169 à 170 « qu’on n’est pas assez informé, qu’on en parle pas assez. On dirait Dogmatique, directif, non prise en compte du qu’ils ont peur de t’en parler, » feed back Ligne 171 à 174 « Bon peut être qu’il y a des gens qui ne veulent pas savoir, c’est peut être Distanciation, non prise en compte du feed compliqué pour eux aussi. Je ne sais pas back pourquoi on n’arrive pas à se comprendre. Je ne sais pas, on ne t’explique rien. Les médecins te parlent à demi-mots. » Bio médical curatif, posture d’expert, directif Ligne 176 à 177. « Tu sais quand tu y vas c’est bref, tu passes du temps en salle d’attente, » 50 Caractéristiques Extrait : indicateurs du discours Non prise en compte du feed back, bio médical curatif, prescription, non prise en compte des émotions, des valeurs, Ligne 179 à 182 « La chimio c’est pareil elle vient te brancher, t’as pas le temps de parler, et hop elle s’en va. C’est tellement bref tout ça. Tu as l’impression que tu es un numéro, et distanciation aller tu n’as pas le temps. Tu oses même pas toi les arrêter, parce que tu as peur de gêner quoi. » Bio médical curatif, non prise en charge des Ligne187 à 189 « Ben ils n’ont pas le temps de valeurs prendre le temps. Même en soins tu n’as pas le temps de parler. Personne n’a le temps là dedans. Moi je l’ai vécu toute seule, hein, franchement, il n’y a pas un moment où j’ai pu poser des questions. » Ligne 193 à 194 « Tu les emmerde les gens Non prise en compte des demandes, des contextes quand tu ne vas pas bien, alors quand tu travailles avec des gens, ben, des gens malades t’as plus envie. » Tableau 4 : Extraits indicateurs de la communication linéaire dans le discours de J La communication systémique Caractéristiques Posture d’accompagnant, empathie Extrait : indicateurs du discours Ligne 48 à 49 Les infirmières ne t’ont pas proposé un soutien une aide ?« Si, si quand j’ai été opéré, qu’on m’a enlevé le sein, oui 51 Caractéristiques Extrait : indicateurs du discours Posture d’accompagnant, empathie, relation Ligne 58 à 60 « Si par contre, elles oui, transversale elles oui, les infirmières des chimio mais parce qu’elles avaient plus le temps, elles avaient le temps de te perfuser tu vois et du coup elles prenaient plus le temps…oui » Relation transversale, prise en compte des Ligne 159 à 162 « Silence elle semble y réfléchir. Si mais comme je le faisais à coté. émotions, des contextes, empathie, écoute Tu sais j’allais voir quelqu’un, un peu médecine parallèle. J’ai compris pourquoi j’avais ça, pourquoi je l’avais déclenché. Donc ça m’a fait avancer dans ma vie, tu sais ». Ligne 167 à 168 « Oui des fois, tu aimerai Empathie, feed back, relation transversale que quelqu’un, un soignant, vienne te parler pendant les soins. » Tableau 5 : Extraits indicateurs de la communication systémique dans le discours de J 6.5 Analyse des résultats 6.5.1 Analyse de l’entretien de M M linéaire systémique indicateurs du discours, repères en lien avec les modèles de la communication 18 8 Tableau 6 : quantification des indicateurs de la communication linéaire et systémique du discours de M. 52 Figure 5 : Graphique de la répartition des indicateurs du discours repérés de M. en lien avec les modèles de la communication. Ce graphique montre que la prise en charge de M.durant sa maladie, est basé à 69% sur une communication linéaire. M. Indicateurs communication linéaire personnel médical Non soignant IDE 10 0 8 Tableau 7 : Quantification des indicateurs de la communication linéaire par catégorie socio professionnelle dans le discours de M. Figure 6 : Graphique de la répartition des indicateurs de la communication linéaire par catégorie socio professionnelle dans le discours d 53 On constate que 100% des interlocuteurs de M. ayant utilisés le modèle de communication linéaire, sont des personnels de santé. Parmi ces interlocuteurs 44% sont des IDE. C’est majoritairement le personnel médical qui emploi la communication linéaire. Les non soignants n’utilisent jamais la communication linéaire. M. Indicateurs communication systémique personnel Non médical soignant 0 IDE 6 1 Tableau 8 : indicateurs de la communication systémique par catégorie socio professionnelle dans le discours de M. Figure 7 : Graphique de la répartition des indicateurs de la communication systémique par catégorie socio professionnelle dans le discours de M. En ce qui concerne le modèle de la communication systémique, il apparait qu’il est majoritairemant employé par les IDE (75%) et les intervenants non soignants (25%). Dans le discours de M. on constate que le personnel médical n’utilise pas ce modèle de communication. 54 6.5.2 Analyse de l’entretien de J J linéaire systémique indicateurs du discours repères en lien avec les modèles de la communication 24 4 Tableau 9 : quantification des indicateurs de la communication linéaire et systémique du discours de J. Figure 8 : Graphique de la répartition des indicateurs du discours repérés de J. en lien avec les modèles de la communication. Ce graphique montre que la prise en charge de J.durant sa maladie, est basé à 86% sur une communication linéaire. personnel IDE J. médical Non soignant Indicateurs communication linéaire 7 2 14 Tableau 10 : Quantification des indicateurs de la communication linéaire par catégorie socio professionnelle dans le discours de J. 55 Figure 9 : Graphique de la répartition des indicateurs de la communication linéaire par catégorie socio professionnelle dans le discours de J. Le modèle de la communication linéaire dans la prise en charge de J., est à 91% utilisé par le personnel de santé. Les IDE représentent 61% de ce personnel de santé. personnel IDE J. médical Non soignant Indicateurs communication systémique 0 1 3 Tableau 11 : Quantification des indicateurs de la communication systémique par catégorie socio professionnelle dans le discours de J. 56 Figure 10 : Graphique de la répartition des indicateurs de la communication systémique par catégorie socio professionnelle dans le discours de J. Le modèles de la communication systémique est majoritairement utilisé par les IDE, avec75% et le personnel non soignants. Le personnel médical ne se situe pas dans ce modèle de communication. Synthèse des résultats des entretiens Entretiens Communication Communication J et M systémique linéaire Professionnels médicaux 0 17 IDE 4 22 Tableau 12 : synthèse des entretiens sur les modèles de communication 57 Figure 11 : Synthèse des entretiens sur les modèles de communication La synthèse des entretiens de J et M, montre que le modèle de communication linéaire a été largement utilisé lors de leur prise en charge respective et par toute la population soignante représentée. Cependant lorsque la communication systémique a été mise en place, elle est majoritairement employée par les IDE. Analyse différentielle, par secteur de soins publique ou privé, des modèles de la communication communication secteur C° linéaire systémique publique 24 4 privé 18 8 Tableau 13 : les modèles de la communication par secteur d’activité Figure12 : Graphique des modèles de la communication par secteur d’activité 58 Ce graphique nous montre que le modèle de la communication linéaire est plus utilisé que celui de la communication systémique, quelque soit le secteur d’activité. Lorsque le modèle de communication systémique est employé, on le retrouve de façon majoritaire le secteur privé. profession IDE C° linéaire secteur publique 14 C° linéaire secteur privé 1 Tableau 14 : Le modèle de la communication linéaire et les IDE par secteur d’activité Figure 13 : Graphique représentant la communication linéaire chez les IDE par secteur d’activité Ce graphique met en évidence utilisation majeur du modèle de la communication linéaire par les infirmières en secteur publique. 6.6 Intérêt de l’étude et critique du dispositif de recherche 6.6.1 Intérêt de l’étude 59 Cette étude montre que le modèle de la communication linéaire est très usité, aussi bien en secteur privé que publique (Fig. 12). De fait entrer en relation avec les patientes, devient plus complexe et ralentit, rend impossible la prise en compte de la souffrance Toutefois lorsque le modèle de la communication systémique est employé, c’est principalement par les IDE (Fig. 11). Ceci montre que les infirmières ne se positionnent pas dans un modèle bio médical curatif. Elles sont plus dans une attitude d’accompagnement , d’écoute. Comme nous l’avons établi précédemment pour que la prise en charge de la douleur dans un contexte de cancer du sein, soit globale et de qualité, il faut que les soignants, les IDE créent un lien avec le patient. Selon Rieffel « La communication serait donc ce qui permet d’établir une relation entre les personnes ». Le modèle de la communication systémique faisant appel à des compétences d’écoute, d’accompagnement, d’empathie, permet d’entrer en relation avec l’autre, de tisser des liens. Constatant que les IDE utilisent peu ce modèle de communication, la prise en compte de la souffrance, composante indissociable de la douleur, et nécessitant une relation entre la patiente et l’IDE, ne peut être appréhendée, évaluée et traitée de façon optimale. Le but dans une prise en charge globale des malades est qu’elles se sentent accompagnées à tous les instants de leur parcours de soins. Les patientes ne doivent pas se tourner vers des associations, des médecines parallèles pour avoir le sentiment d’être écoutées, mais le trouver dans la relation construite par et avec les IDE. 6.6.2 Critique du dispositif de recherche Ayant réalisé cette étude auprès de 2 patientes il sera intéressant de l’élargir à un plus grand nombre. De plus je pense qu’il aurait été intéressant de mener une étude quantitative auprès des IDE, afin d’évaluer d’une part leur savoirs concernant la prise en charge de la douleur, et d’autre part quels sont les facteurs empêchant ou favorisant la mise en pratique de ces savoirs. En ce qui concerne les entretiens, j’ai rencontré beaucoup de difficultés pour trouver des patientes acceptant de parler de leur parcours. En effet, pour la plupart ce parcours fut difficile et lourd à vivre, les blessant dans leur chair et dans leur âme, elles souhaitent ne plus en parler. 60 7 Conclusion Cette étude permet une évaluation, à partir du vécu des patientes, de la prise en charge de leur souffrance par les personnels soignants. Cette enquête, nous montre que les IDE, qui sont au plus près des patientes dans cette prise en charge, n’arrivent pas à construire le lien qui permet de rentrer en relation avec l’autre. Habituellement, ce lien se tisse lors des soins d’hygiène, de confort ou tout autre soin demandant de passer du temps auprès du patient. Le traitement par tri thérapie du cancer du sein se compose de soins dit « ambulatoires ». Dans ce contexte la capacité des IDE à créer une relation de qualité avec les patientes, repose sur la communication verbale et non verbale qu’elles mettent en place. Pour JP Vidal « La communication est donc finalement une alchimie qui se joue à 3 : vous, l’autre et la relation qui s’instaure entre vous 2 ». Alors comment peut on créer du lien, construire une relation quand notre communication verbale mais aussi non verbale signifie à l’autre que nous n’avons pas le temps ? Pour créer cette alchimie, pour que l’autre, ici les patientes, aient envie d’entrer en relation avec nous, de s’ouvrir à nous, il nous faut aller vers elles. Notre communication non verbale doit être une invitation au dialogue. Chaque infirmier est avant tout un être humain qui agit et réagit, parfois de manière inconsciente, avec ses propres valeurs ses émotions. Ainsi nous ne sommes pas toujours conscient de ce que nous transmettons par nos attitudes et comportements. Cette étude nous autorise à penser que développer des savoirs et compétences en science de l’éducation permettraient aux IDE d’être plus efficaces dans la prise en compte de la douleur dans toutes ces dimensions, et ainsi de répondre aux attentes des patientes. Nous pouvons alors supposer que le vécu des patientes atteintes d’un cancer du sein serait de fait moins traumatisant. 61 8 Les références bibliographiques Livres ABRIC.J-C (2008) Psychologie de la communication, théories et méthodes, Edition Colin BICHAT.FX (1827) Traité des membranes, Edition Gabon et Mequignon-Marvis BIO. A, FOUQUES. D (2002) Manuel de psychologie du soin, Edition Bréal. FERRAGUT.E (2002) Thérapie de la douleur, Edition Masson GATTO. F (2007) Education du patient en kinésithérapie, Edition Sauramps GATTO. F, RAVESTEIN. J (2008) Le mémoire, penser, écrire, soutenir, réussir, Editions Sauramps Médical HERODOTE(2003) Histoires, Tome I, II, III Edition Les belles lettres JOSIEN. M (1991) Techniques de communication interpersonnelle-Analyse transactionnelle, Ecole de Palo Alto, PNL, Edition d’organisation LERICHE René (1940) Chirurgie de la douleur, Edition Masson & Cie PARE. A (1840) Œuvres complètes, Vol2,Edition JB Baillère REY. L (2010) Qu’est ce que la douleur, lecture de René LERICHE, Edition L’Harmattan REY. A (1998) dictionnaire historique de la langue française : tome 1, Edition Le Robert VIDAL. JP(2009) 50 exercices pour mieux communiquer avec les autres. Edition Eyrolle WATZLAWICK. O (1972) Une logique de communication. Edition Le Seuil Articles La situation du cancer en France en 2010 - Institut National du Cancer http://www.lecancer.fr/themes/le-patient-pshychologie-et-vie-quotidienne/la-fatigue-ladouleur-la-depression.html Pillet M, Douleur et cancer : Physiopathologie et étiologie de la douleur en cancérologie, article électronique, consultable sur : http://www.fnlcc.fr 62 http://www.arcagy.org/infocancer/traitement-du-cancer/prise-en-charge-de-la-douleur/lesdouleurs.html Vidéo en ligne http://www.dailymotion.com/video/x86bj0_cancer-et-douleur-entretien-avec-le_news Texte réglementaires Code de la Santé Publique Livre III, Titre Ier, relatif à la profession infirmière Publications Revue « Oncologie. 1 décembre1998. » KENNEDY, BJ le vieillissement et le cancer 63 9 Index des tableaux et figures Tableaux Tableau 1 : Les matrices de la communication 40 Tableau 2 : Extraits des indicateurs de la communication linéaire 42 dans le discours de M Tableau 3 : Extraits des indicateurs de la communication systémique 48 dans le discours de M Tableau 4 : Extraits des indicateurs de la communication linéaire 49 dans le discours de J Tableau 5 : Extraits des indicateurs de la communication systémique 52 dans le discours de J Tableau 6 : quantification des indicateurs de la communication 53 linéaire et systémique du discours de M. Tableau 7 : Quantification des indicateurs de la communication linéaire 54 par catégorie socio professionnelle dans le discours de M. Tableau 8 : indicateurs de la communication systémique par 55 catégories socio professionnelle dans le discours de M. Tableau 9 : quantification des indicateurs de la communication linéaire et systémique du discours de J. 56 Tableau 10 : Quantification des indicateurs de la communication linéaire 56 par catégorie socio professionnelle dans le discours de J. Tableau 11 : Quantification des indicateurs de la communication systémique par catégorie socio professionnelle dans le discours de J. 64 57 Tableau 12 : synthèse des entretiens sur les modèles de communication 58 Tableau 13 : les modèles de la communication par secteur d’activité 59 Tableau 14 : Le modèle de la communication linéaire 60 et les IDE par secteur d’activité Figures Fig. 1: Tableau de l’incidence globale des cancers par sexe en fonction de l’âge. 9 Fig. 2 : Schéma de John David Lœser sur les éléments de la douleur. 20 Fig. 3 : Modèle d’EVA 25 Fig. 4 : schéma sur la communication, Warren Weaver. 38 Fig. 5 : Graphique de la répartition des indicateurs du discours repérés 54 de M. en lien avec les modèles de la communication. Fig. 6 : Graphique de la répartition des indicateurs de la communication 54 linéaire par catégorie socio professionnelle dans le discours de M Fig. 7 : Graphique de la répartition des indicateurs de la communication 55 systémique par catégorie socio professionnelle dans le discours de M. Fig. 8 : Graphique de la répartition des indicateurs du discours repérés de J. 56 en lien avec les modèles de la communication Fig. 9 : Graphique de la répartition des indicateurs de la communication linéaire par catégorie socio professionnelle dans le discours de J. 65 57 Fig.10 : Graphique de la répartition des indicateurs de la 58 Communication systémique par catégorie socio professionnelle dans le discours de J. Fig. 11 : Synthèse des entretiens sur les modèles de communication 59 Fig. 12 : Graphique des modèles de la communication par secteur d’activité 59 Fig. 13 : Graphique représentant la communication linéaire chez les IDE par secteur d’activité 66 60 10. Annexes 10.1 Diplôme d’état d’infirmier : Référentiel d’activités Les référentiels d’activités et de compétences du métier d’infirmier diplômé d’Etat ne se substituent pas au cadre réglementaire. En effet, un référentiel n’a pas vocation à déterminer des responsabilités. Il s’agit de décrire les activités du métier, puis les compétences. Celles-ci sont rédigées en termes de capacités devant être maîtrisées par les professionnels et attestées par l’obtention du diplôme d’Etat. Cette description s’inscrit dans la réglementation figurant au code de la santé publique (CSP). L’infirmier ou l’infirmière « donne habituellement des soins infirmiers sur prescription ou conseil médical, ou en application du rôle propre qui lui est dévolu. L’infirmier ou l’infirmière participe à différentes actions, notamment en matière de prévention, d’éducation à la santé et de formation ou d’encadrement. » Art. L. 4311-1 du CSP. « L’exercice de la profession d’infirmier ou d’infirmière comporte l’analyse, l’organisation, la réalisation de soins infirmiers et leur évaluation, la contribution au recueil de données cliniques et épidémiologiques et la participation à des actions de prévention, de dépistage, de formation et d’éducation à la santé. Dans l’ensemble de ces activités, les infirmiers et les infirmières sont soumis au respect des règles professionnelles, et notamment du secret professionnel. Ils exercent leur activité en relation avec les autres professionnels du secteur de la santé, du secteur social et médico-social et du secteur éducatif. » Art. R. 4311-1 du CSP. « Les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs, intègrent qualité technique et qualité des relations avec le malade. Ils sont réalisés en tenant compte de l’évolution des sciences et des techniques. Ils ont pour objet, dans le respect des droits de la personne, dans le souci de son éducation à la santé et en tenant compte de la personnalité de celle-ci dans ses composantes physiologique, psychologique, économique, sociale et culturelle : 1. De protéger, maintenir, restaurer et promouvoir la santé physique et mentale des personnes ou l’autonomie de leurs fonctions vitales physiques et psychiques en vue de favoriser leur maintien, leur insertion ou leur réinsertion dans leur cadre de vie familial ou social ; 2. De concourir à la mise en place de méthodes et au recueil des informations utiles aux autres 67 professionnels, et notamment aux médecins pour poser leur diagnostic et évaluer l’effet de leurs prescriptions ; 3. De participer à l’évaluation du degré de dépendance des personnes ; 4. De contribuer à la mise en oeuvre des traitements en participant à la surveillance clinique et à l’application des prescriptions médicales contenues, le cas échéant, dans des protocoles établis à l’initiative du ou des médecins prescripteurs ; 5. De participer à la prévention, à l’évaluation et au soulagement de la douleur et de la détresse physique et psychique des personnes, particulièrement en fin de vie au moyen des soins palliatifs, et d’accompagner, en tant que de besoin, leur entourage. » Art. R. 4311-2. « Relèvent du rôle propre de l’infirmier les soins liés aux fonctions d’entretien et de continuité de la vie et visant à compenser partiellement ou totalement un manque ou une diminution d’autonomie d’une personne ou d’un groupe de personnes. Dans ce cadre, l’infirmier a compétence pour prendre les initiatives et accomplir les soins qu’il juge nécessaires conformément aux dispositions des articles R. 4311-5 et R. 4311-6. Il identifie les besoins de la personne, pose un diagnostic infirmier, formule des objectifs de soins, met en oeuvre les actions appropriées et les évalue. Il peut élaborer, avec la participation des membres de l’équipe soignante, des protocoles de soins infirmiers relevant de son initiative. Il est chargé de la conception, de l’utilisation et de la gestion du dossier de soins infirmiers. » Art. R. 4311-3 L’infirmier exerce son métier dans le respect des articles R. 4311-1 à R. 4311-15 et R. 4312-1 à R. 4312-49 du code de la santé publique. Définition du métier Evaluer l’état de santé d’une personne et analyser les situations de soins ; concevoir et définir des projets de soins personnalisés ; planifier des soins, les prodiguer et les évaluer ; mettre en oeuvre des traitements. Les infirmiers dispensent des soins de nature préventive, curative ou palliative, visant à promouvoir, maintenir et restaurer la santé, ils contribuent à l’éducation à la santé et à l’accompagnement des personnes ou des groupes dans leur parcours de soins en lien avec leur projet de vie. Les infirmiers interviennent dans le cadre d’une équipe pluri professionnelle, dans des structures et à domicile, de manière autonome et en collaboration Activités 1. Observation et recueil de données cliniques ; 68 2. Soins de confort et de bien-être ; 3. Information et éducation de la personne, de son entourage et d’un groupe de personnes ; 4. Surveillance de l’évolution de l’état de santé des personnes ; 5. Soins et activités à visée diagnostique ou thérapeutique ; 6. Coordination et organisation des activités et des soins ; 7. Contrôle et gestion de matériels, dispositifs médicaux et produits ; 8. Formation et information de nouveaux personnels et de stagiaires ; 9. Veille professionnelle et recherche. (1) Les activités décrites sont celles qui sont le plus souvent réalisées ; elles ne sont pas exhaustives ; elles correspondent à l’état de la réflexion au jour de leur production et peuvent se voir modifier selon les modalités ou les lieux d’exercice, des connaissances ou des informations nouvelles, voire des organisations différentes. Activités détaillées (1) 1. Observation et recueil de données cliniques Observation de l’état de santé d’une personne ou d’un groupe : – examen clinique de la personne dans le cadre de la surveillance et de la planification des soins ; – observation de l’apparence générale de la personne (hygiène, contact visuel, expression...) ; – observation du niveau de conscience ; – observation de signes pathologiques et de symptômes ; – lecture de résultats d’examens. Observation du comportement relationnel et social de la personne : – observation du comportement sur les plans psychologique et affectif ; – observation des modes de vie des personnes sur les plans sociologique et culturel ; – observation de la dynamique d’un groupe ; – observation des réactions face à un événement de la vie, à la maladie, à l’accident, ou à un problème de santé ; – observation des interactions sociales ; – observation des capacités de verbalisation ; – observation du niveau d’inquiétude ou d’angoisse. Mesure des paramètres : – mesure des paramètres vitaux : pression artérielle... ; – mesure des paramètres corporels : poids, taille, etc. ; 69 – mesure des paramètres complémentaires : saturation en oxygène... Mesure du degré d’autonomie ou de la dépendance de la personne ; – dans les activités de la vie quotidienne ; – dans les activités plus complexes. Mesure de la douleur : – sur les plans quantitatif (échelles de mesure) et qualitatif (nature de la douleur, localisation...) ; – mesure du retentissement de la douleur sur les activités de la vie quotidienne. Recueil de données portant sur la connaissance de la personne ou du groupe : – ressources et besoins de la personne ou du groupe ; – informations concernant l’environnement, le contexte de vie sociale et familiale de la personne, ses ressources, ses projets ; – histoire de vie et représentation de la maladie, récit des événements de santé ; – degré de satisfaction de la personne quant à sa vie sociale, professionnelle, personnelle ; – projets de la personne ; – recueil des facteurs de risque dans une situation de soins ; – recueil de l’expression de la personne pendant la réalisation des soins. Recueil de données épidémiologiques : – élaboration et exploitation de recueils de données par questionnaires d’enquête ; – rassemblement d’informations à partir de bases de données démographiques, épidémiologiques ou de santé ; – recueil de données statistiques visant des populations ciblées. 2. Soins de confort et de bien-être Réalisation de soins et d’activités liés à l’hygiène personnelle : – soins d’hygiène partiels ou complets en fonction du degré d’autonomie de la personne ; – aide totale ou partielle à l’habillage et au déshabillage. Réalisation de soins et d’activités liés à l’alimentation : – surveillance de l’hygiène alimentaire de la personne ; – aide partielle ou totale au choix des repas et à leur prise ; – surveillance de l’hydratation et aide à la prise de boisson régulière. Réalisation des soins et d’activités liés à l’élimination : – surveillance de l’élimination ; – aide à l’élimination selon le degré d’autonomie de la personne ; – contrôle de la propreté du matériel lié à l’élimination. 70 Réalisation des soins et d’activités liés au repos et au sommeil : – installation de la personne pour le repos et le sommeil ; – surveillance du repos ou du sommeil de la personne ; – réfection d’un lit occupé et hygiène de la chambre ; – organisation d’un environnement favorable à la tranquillité, au repos et au sommeil Réalisation de soins et d’activités liés à la mobilisation : – installation de la personne dans une position en rapport avec sa dépendance ; – modification des points d’appui de la personne en vue de la prévention des escarres ; – lever de la personne et aide au déplacement ; – mobilisation de la personne. Réalisation de soins et d’activités liés à la conscience et à l’état d’éveil : – surveillance de la conscience ; – surveillance de l’orientation temporo-spatiale ; – réalisation d’activités de jeux ou d’éveil pour stimuler la personne. Réalisation de soins visant le bien-être et le soulagement de la souffrance physique et psychologique: – toucher à visée de bien-être ; – organisation de l’environnement en rapport avec le bien-être et la sécurité de la personne ; – aide à la relaxation ; – valorisation de l’image corporelle, de l’estime de soi et des ressources de la personne. Réalisation d’activités occupationnelles et/ou de médiation : – activités visant à l’animation ou à l’occupation de la personne en lien avec son âge et son autonomie – activités visant à maintenir le lien social ; – activités visant à maintenir le niveau cognitif, et la mémoire. 3. Information et éducation de la personne, de son entourage et d’un groupe de personnes Accueil de la personne soignée et de son entourage : – entretien d’accueil de la personne en institution de soins, d’éducation, ou en entreprise ; – prise de contact et entretien avec la ou les personnes pour la réalisation de soins au domicile; – présentation des personnes, des rythmes, des installations et des services mis à disposition pour soigner ; – recueil de l’adhésion ou de la non-adhésion de la personne à ses soins ; 71 – vérification des connaissances de la personne ou du groupe sur la maladie, le traitement ou la prévention. Ecoute de la personne et de son entourage : – relation d’aide et soutien psychologique ; – entretien d’accompagnement et de soutien ; – médiation entre des personnes et des groupes ; – accompagnement de la personne dans une information progressive ; – entretiens de suivi auprès de la personne, de sa famille et de son entourage. Information et conseils sur la santé en direction d’une personne ou d’un groupe de personnes : – vérification de la compréhension des informations et recueil du consentement aux soins ; – information sur les soins techniques, médicaux, les examens, les interventions et les thérapies ; – informations et conseils éducatifs et préventifs en matière de santé ; – conseils à l’entourage de la personne ou du groupe : famille, amis, personnes ressources dans l’environnement (milieu du travail, milieu scolaire...) ; – informations sur les droits de la personne, l’organisation des soins et les moyens mobilisables...; – entretien d’éducation et conseils visant à renforcer ou promouvoir des comportements adéquats pour la santé, ou modifier des comportements non adéquats ; – entretien d’aide visant à la réalisation de choix de santé par la personne. Information et éducation d’un groupe de personnes : – création et organisation de conditions nécessaires à la dynamique du groupe ; – animation de séances éducatives et d’actions de prévention ; – transmission de connaissances aux personnes à propos de leur santé. 4. Surveillance de l’évolution de l’état de santé des personnes Surveillance des fonctions vitales Surveillance de personnes ayant bénéficié de soins d’examens ou d’appareillages : – surveillance de personnes ayant bénéficié d’examens médicaux : ponctions, injections ou ingestion de produits... ; – surveillance des personnes ayant reçu des traitements, contrôle de l’efficacité du traitement et des effets secondaires ; – surveillance de personnes porteuses de perfusions, transfusions, cathéters, sondes, drains, matériels d’aspiration ; – surveillance de personnes porteuses de montages d’accès vasculaires implantés ; 72 – surveillance de personnes porteuses de pompe pour analgésie (PCA...) ; – surveillance de personnes immobiles ou porteuses de dispositif de contention ; – surveillance de personnes placées sous ventilation assistée, ou sous oxygénothérapie ; – surveillance des patients sous dialyse rénale ou péritonéale... ; – surveillance des personnes en assistance nutritive ; – surveillance de l’état cutané : plaies, cicatrisation, pansements ; – surveillance de personnes stomisées ; – surveillances de personnes ayant reçu des traitements spécifiques : électro convulsivothérapie, enveloppements humides,... ; – surveillance de personnes en phase en pré et postopératoire. Surveillance de personnes en situation potentielle de risque pour elles-mêmes ou pour autrui : – surveillance de personnes présentant des tendances suicidaires ; – surveillance de personnes placées dans des lieux nécessitant une sécurisation : chambre d’isolement, unités protégées, etc. ; – surveillance de personnes confuses ou agitées nécessitant un contrôle renforcé et régulier ; – surveillance de personnes potentiellement fragiles, ou en situation de risque d’accident ; – surveillance de personnes nécessitant une contention momentanée ; – activités visant à la protection contre les risques de maltraitance ; – activités visant à la protection des personnes en risque de chute. Surveillance de personnes au cours de situations spécifiques liées au cycle de la vie : – surveillance des personnes pendant la grossesse et la naissance ; – surveillance de personnes ayant à vivre une situation difficile : deuil, perte du travail, amputation, modification de l’image corporelle... ; – surveillance de personnes proches de la fin de vie ; – surveillance de personnes ayant à vivre une situation douloureuse ou de crise. 5. Soins et activités à visée préventive, diagnostique, thérapeutique Réalisation de soins à visée préventive : – vaccinations ; – dépistage de différents risques : maltraitance, risques liés au travail,... ; – entretiens à visée préventive ; – éducation thérapeutique d’une personne soignée ; – éducation individuelle et collective pour la santé ; – actions de préventions des risques liés aux soins. Réalisations de soins à visée diagnostique : 73 – entretien infirmier à visée diagnostique ; – examen clinique à visée diagnostique ; – entretien d’évaluation de la douleur ; – prélèvements biologiques ; – explorations fonctionnelles ; – enregistrement et lecture de tracés relatifs au fonctionnement des organes ; – tests. Réalisation de soins à visée thérapeutique : – entretien infirmier d’aide thérapeutique ; – entretien de médiation ; – administration de médicaments et de produits par voies orale, entérale, parentérale ; – administration de produits par instillation, ou lavage dans les yeux, les sinus ou les oreilles ; – administration de produits par pulvérisation sur la peau et en direction des muqueuses ; – administration de produits médicamenteux par sonde ou poire dans les organes creux ; – réalisation de soins visant la fonction respiratoire : aspiration de sécrétions, oxygénothérapie... ; – réalisation de soins visant l’intégrité cutanée : soins de plaies, pansements ; – réalisation de soins de plaie, de réparation cutanée, d’application de topique, d’immobilisation ou de contention ; – réalisation de soins de stomies ; – réalisation de soins visant à la thermorégulation ; – réalisation de soins visant aux cures de sevrage et de sommeil ; – actions de rééducation vésicale : calendrier mictionnel, reprogrammation. Réalisation de soins visant à la santé psychologique ou mentale : – activités à visée thérapeutique ou psychothérapeutique ; – activités ludiques à visée d’éveil ou de maintien de la conscience ou de la mémoire ; – activités à visée socio-thérapeutique ; – contrôle et suivi des engagements thérapeutiques, des contrats et des objectifs de soins. Réalisation de soins visant au soulagement de la souffrance : – activités de relaxation (respiration, toucher, paroles, visualisation positive...) ; – entretien spécifique de relation d’aide : verbalisation, reformulation, visualisation positive... Réalisation de soins en situation spécifique : – soins en situation d’urgence ; 74 – soins en situation de crise ; – soins en situation palliative ou en fin de vie ; – toilette et soins mortuaires ; – soins dans les transports sanitaires urgents et médicalisés ; – assistance du médecin en consultation et lors de certains actes médicaux. 6. Coordination et organisation des activités et des soins Organisation de soins et d’activités : – élaboration, formalisation et rédaction d’un projet de soins ou d’un projet de vie personnalisé ; – élaboration d’une démarche de soins infirmiers pour une personne ou pour un groupe ; – planification des activités dans une unité de soins pour un groupe de personnes pris en charge, pour la journée et à moyen terme ; – planification et organisation de consultations : dossier, traçabilité ; – répartition d’activités et de soins entre les différents membres d’une équipe de soins dans le cadre de la collaboration ; – mesures de la charge de travail en vue de répartir les activités. Coordination des activités et suivi des parcours de soins ; – coordination de ses activités avec les services prestataires : laboratoire, radio... ; – coordination des activités et des prises en charge entre les différents lieux sanitaires, sociaux, et médico-sociaux, le domicile, la maison de repos.... ; – coordination des intervenants médico-sociaux ; – contrôle et suivi du cheminement des examens ; – intervention au cours de réunion de coordination. Enregistrement des données sur le dossier du patient et les différents supports de soins : – rédaction, lecture et actualisation du dossier de soins ou de documents de santé accompagnant la personne ; – enregistrement de données cliniques et administratives ; – rédaction et transmission de documents de suivi pour la continuité de soins ; – enregistrement des informations sur les supports d’organisation : planification, bons de demande d’examen... ; – recueil et enregistrement d’information sur logiciels informatiques. Suivi et traçabilité d’opérations visant à la qualité et la sécurité : – enregistrement de données spécifiques à la gestion des risques et à la mise en oeuvre des procédures 75 de vigilance sanitaire ; – enregistrement et contrôle des données sur la qualité des pratiques ; – enregistrement et vérification des données de traçabilité spécifiques à certaines activités ; – établissement de comptes rendus dans le cadre de mise en oeuvre des soins d’urgence ou de traitement antalgique. Actualisation des documents d’organisation des soins : – réalisation et actualisation des protocoles de soins infirmiers ; – réalisation d’outils d’organisation des activités de soins. Transmission d’informations : – transmission orale d’informations recueillies vers les médecins et les professionnels de santé; – transmission d’informations à partir de différents documents utilisés pour les soins : dossiers, feuilles... ; – prise de parole en réunion de synthèse ou de transmission entre équipes de soins ; – transmission d’informations orales et écrites aux professionnels de la santé pour un suivi de la prise en charge ; – transmission orale d’informations à la famille, aux proches de la personne soignée ou aux aides à domicile ; – réponse téléphonique à des demandes émanant de la personne soignée, des professionnels de santé et du social, ou des proches ; – élaboration de résumés cliniques infirmiers. Interventions en réunion institutionnelle : – interventions lors de réunions de travail ou institutionnelles ; – préparation de synthèses cliniques. 7. Contrôle et gestion de matériels, dispositifs médicaux et produits Préparation et remise en état de matériel ou de locaux : – préparation du matériel et des lieux pour chaque intervention soignante ; – préparation du dossier et mise à disposition des éléments nécessaires à la situation. Réalisation et contrôle des opérations de désinfection et de stérilisation : – vérification de la propreté du matériel utilisé dans la chambre et pour les soins ; – vérification des indicateurs de stérilisation du matériel ; – vérification de l’intégrité des emballages ; – réalisation des différentes étapes de traitement du matériel : désinfection, stérilisation... 76 Conduite d’opérations de contrôle de la qualité en hygiène : – réalisation de protocoles de pré désinfection, de nettoyage, de désinfection ou de stérilisation; – élaboration de protocoles de soins infirmiers ; – application des règles d’hygiène concernant le matériel et contrôle de leur respect. Conduite d’opération d’élimination des déchets : – réalisation de l’élimination des déchets en fonction des circuits, de la réglementation et des protocoles établis. Commande de matériel : – commande de matériel d’utilisation quotidienne ou moins fréquente ; – commande de produits pharmaceutiques, de dispositifs médicaux ; – commande de produits et de matériels divers. Rangement et gestion des stocks : – organisation du chariot d’urgences et des chariots de soins ; – rangement et gestion des stocks de matériel et de produits ; – rangement et gestion de dotations de stupéfiants. Contrôle de la fiabilité des matériels et des produits : – contrôle de l’état des stocks et du matériel ; – contrôle de l’état des dotations de pharmacie ; – contrôle de l’état du chariot d’urgence ; – contrôle de la fiabilité des matériels. 8. Formation et information des nouveaux personnels et des stagiaires Accueil de stagiaire ou de nouveau personnel : – accueil de stagiaire ou de nouveau personnel ; – délivrance d’information et de conseil aux stagiaires ou au nouveau personnel ; – élaboration de documents de présentation du service ou d’accueil ; – contrôle du niveau de connaissance, des acquis professionnels et du projet professionnel ; – élaboration en équipe du projet ou du protocole d’encadrement. Conseil et formation dans l’équipe de travail : – conseils et informations aux membres de l’équipe de soins et de l’équipe pluridisciplinaire ; – réajustement d’activités réalisées par des stagiaires ou des nouveaux personnels en vue d’apprentissage ; – explications sur les modalités du soin, et accompagnement afin de transmettre les valeurs soignantes, l’expertise nécessaire, et l’organisation du travail ; 77 – encadrement de l’équipe travaillant en collaboration avec l’infirmier. Réalisation de prestation de formation : – intervention en institut de formation ; – réalisation de cours ou intervention sur la pratique professionnelle ; – démonstration de soins réalisés dans un but pédagogique ; – information, conseil et formation en santé publique (tutorat...). Contrôle des prestations des stagiaires de diverses origines : – contrôle au quotidien dans l’ensemble des situations professionnelles ; – renseignement des documents de suivi ; – réalisation des feuilles d’évaluation des stagiaires ; – contrôle de prestations au cours des mises en situation professionnelle. 9. Veille professionnelle et recherche Relation avec des réseaux professionnels : – lecture de revues professionnelles ; – lecture de travaux de recherche en soins ; – constitution et alimentation d’une base d’information sur la profession d’infirmier et les connaissances professionnelles ; – recherche sur des bases de données existantes dans les domaines du soin et de la santé ; – recherche, sur les bases de données existantes, des recommandations de bonnes pratiques. Rédaction de documents professionnels et de recherche : – réalisation d’études et de travaux de recherche dans le domaine des soins ; – réalisation de publication à usage de ses pairs et/ou d’autres professionnels de santé ; – rédaction de protocoles ou de procédures ; – accompagnement de travaux professionnels. Bilan sur les pratiques professionnelles : – échanges de pratiques professionnelles avec ses pairs ou avec d’autres professionnels de la santé ; – apport d’éléments dans le cadre d’élaboration de recommandations de bonnes pratiques ou dans le cadre d’évaluation de pratiques professionnelles ; – mise en place de débats sur les éléments éthiques 78 10.2 Diplôme d’état d’infirmier référentiel de compétences Les référentiels d’activités et de compétences du métier d’infirmier diplômé d’Etat ne se substituent pas au cadre réglementaire. En effet, un référentiel n’a pas vocation à déterminer des responsabilités. Il s’agit de décrire les activités du métier, puis les compétences. Celles-ci sont rédigées en termes de capacités devant être maîtrisées par les professionnels et attestées par l’obtention du diplôme d’Etat. Cette description s’inscrit dans la réglementation figurant au code de la santé publique (CSP). Compétences 1. Evaluer une situation clinique et établir un diagnostic dans le domaine infirmier 2. Concevoir et conduire un projet de soins infirmiers 3. Accompagner une personne dans la réalisation de ses soins quotidiens 4. Mettre en œuvre des actions à visée diagnostique et thérapeutique 5. Initier et mettre en œuvre des soins éducatifs et préventifs 6. Communiquer et conduire une relation dans un contexte de soins 7. Analyser la qualité des soins et améliorer sa pratique professionnelle 8. Rechercher et traiter des données professionnelles et scientifiques 9. Organiser et coordonner des interventions soignantes 10. Informer et former des professionnels et des personnes en formation Compétences détaillées Compétence 1 : Evaluer une situation clinique et établir un diagnostic dans le domaine infirmier 1. Evaluer les besoins de santé et les attentes d’une personne ou d’un groupe de personnes en utilisant un raisonnement clinique 2. Rechercher et sélectionner les informations utiles à la prise en charge de la personne dans le respect des droits du patient (dossier, outils de soins,…) 3. Identifier les signes et symptômes liés à la pathologie, à l’état de santé de la personne et à leur évolution 4. Conduire un entretien de recueil de données 5. Repérer les ressources et les potentialités d’une personne ou d’un groupe, notamment dans la prise en charge de sa santé 6. Analyser une situation de santé et de soins et poser des hypothèses interprétatives 7. Elaborer un diagnostic de situation clinique et/ou un diagnostic infirmier à partir des réactions aux problèmes de santé d’une personne, d’un groupe ou d’une collectivité et identifier les interventions infirmières nécessaires 79 8. Evaluer les risques dans une situation d’urgence, de violence, de maltraitance ou d’aggravation et déterminer les mesures prioritaires Critères d’évaluation : Indicateurs : Qu’est-ce qui permet de dire que la Quels signes visibles peut-on observer ? Quels signes compétence est maîtrisée ? Que veut- apportent de bonnes indications ? on vérifier ? 1 - Pertinence des informations recherchées au regard d’une situation donnée - 2 Cohérence des informations recueillies et sélectionnées avec la situation de la personne ou du groupe 2 - Pertinence du diagnostic de situation clinique posé - - Plusieurs sources d’information sont utilisées (personnes, dossiers, outils de transmission…) Tous les éléments d’information pertinents sont recherchés dans le dossier ou les documents et auprès du patient, de la famille, de l’entourage ou du groupe Les informations utilisées sont mises à jour et fiables Des explications sont données sur le choix des informations sélectionnées au regard d’une situation donnée, la sélection est pertinente Les informations recueillies sont en adéquation avec les besoins de la personne Le recueil des informations (entretien, observation, échanges avec la famille…) est réalisé dans le respect de la déontologie et des règles professionnelles Les informations sélectionnées sont priorisées Le diagnostic de situation et/ou le diagnostic infirmier s’appuie sur une analyse pertinente des différentes informations et sur la mise en relation de l’ensemble des éléments recueillis La situation de santé est analysée de manière multidimensionnelle Les signes d’urgence ou de détresse, de décompensation d’une pathologie ou d’un dysfonctionnement sont repérés Le lien entre les éléments recueillis est expliqué Le raisonnement clinique utilisé et la démarche d’analyse des informations sont expliqués Les connaissances utilisées sont précisées Compétence 2 : Concevoir et conduire un projet de soins infirmier 1. Elaborer un projet de soins dans un contexte de pluriprofessionnalité 2. Hiérarchiser et planifier les objectifs et les activités de soins en fonction des paramètres du contexte et de l’urgence des situations 3. Mettre en œuvre des soins en appliquant les règles, les procédures et les outils de la qualité de la sécurité (hygiène, asepsie, vigilances…) et de la traçabilité 4. Adapter les soins et les protocoles de soins infirmiers aux personnes, aux situations et aux contextes, anticiper les modifications dans l’organisation des soins et réagir avec efficacité en prenant des mesures adaptées 80 5. Organiser et répartir les activités avec et dans l’équipe de soins en fonction des compétences des collaborateurs et du contexte quotidien 6. Accompagner et guider la personne dans son parcours de soins 7. Identifier les risques liés aux situations de soin et déterminer les mesures préventives et/ou correctives adaptées 8. Prévoir et mettre en œuvre les mesures appropriées en situation d’urgence ou de crise en référence aux protocoles existants 9. Argumenter le projet de soins et la démarche clinique lors de réunions professionnelles et interprofessionnelles (transmission, staff professionnel…) 10. Evaluer la mise en œuvre du projet de soins avec la personne et son entourage et identifier les réajustements nécessaires Critères d’évaluation : Indicateurs : Qu’est-ce qui permet de dire que la Quels signes visibles peut-on observer ? Quels signes compétence est maîtrisée ? Que veut- apportent de bonnes indications ? on vérifier ? 1 – Pertinence du contenu du projet et - Le projet prend en compte les informations recueillies sur toutes les dimensions de la situation de la planification en soins infirmiers - Le projet comporte des objectifs, des actions, des modes d’évaluation - Le projet de soins est réalisé (si possible) avec la personne soignée - Il y a adéquation entre le projet et l’évaluation de la situation - Les actions prévues sont en adéquation avec le contexte et les ressources - Les étapes du parcours de soins sont identifiées - Les choix et les priorités sont expliqués et justifiées - Les réajustements nécessaires sont argumentés 2 – Justesse dans la recherche de - Les objectifs de soins et les actions posées sont négociés avec la personne, sa famille ou son participation et de consentement du entourage patient au projet de soins - Les réactions du patient sont décrites - Le consentement du patient est recherché, et des explications sur la manière dont les réactions du patient ont été prises en compte sont données - Les règles sécurité, hygiène et asepsie sont respectées - Les règles de qualité sont respectées 3 - Pertinence et cohérence dans les - Les contrôles de conformité (réalisation, identification de la personne, …) sont effectivement modalités de réalisation du soin mis en œuvre - Toute action est expliquée au patient - Une attention est portée à la personne - Le geste est réalisé avec dextérité - Les réactions du patient au soin sont prises en compte - La qualité et de l’efficacité du soin réalisé sont évaluées 81 La réalisation des soins et l’application des protocoles sont adaptées à la situation et au contexte - Les règles de traçabilité sont respectées 4 – Pertinence des réactions en - Les situations d’urgence et de crise sont repérées - Les mesures d’urgence appropriées sont mises en situation d’urgence œuvre - Les mesures d’urgence à mettre en œuvre dans différentes situations d’urgence sont expliquées 5 – Rigueur et cohérence dans - La réalisation des soins prescrits et des soins du rôle propre infirmier est assurée l’organisation et la répartition des soins - La répartition des tâches est expliquée de manière cohérente - Le contrôle des soins confiés est réalisé - L’organisation des activités pour optimiser le travail en collaboration est expliquée et argumentée - L’organisation prend en compte le contexte et les aléas - Les choix d’organisation sont expliqués et les priorités argumentées Compétence 3 : Accompagner une personne dans la réalisation de ses soins1 quotidiens - 1. Apprécier la capacité de la personne à réaliser les activités de la vie quotidienne et l’accompagner dans les soins en favorisant sa participation et celle de son entourage 2. Adapter les soins quotidiens aux besoins de la personne, en tenant compte de ses ressources, ses déficiences ou ses handicaps 3. Evaluer, anticiper et prévenir les risques liés à la diminution ou la perte de l’autonomie et à l’altération de la mobilité 4. Adapter et sécuriser l’environnement de la personne 5. Identifier des activités contribuant à mobiliser les ressources de la personne en vue d’améliorer ou de maintenir son état physique et psychique 6. Evaluer l’évolution de la personne dans sa capacité à réaliser ses soins 7. Critères d’évaluation : Indicateurs : Qu’est-ce qui permet de dire que la Quels signes visibles peut-on observer ? Quels signes compétence est maîtrisée ? Que veut- apportent de bonnes indications ? on vérifier ? 1 – Adéquation des activités proposées - Les activités proposées prennent en compte les besoins de la personne avec les besoins et les souhaits de la Les ressources de la personne sont mobilisées pour personne maintenir ou restaurer son autonomie 1 La notion de soin s’entend ici comme « action ou ensembles d’actions qu’une personne accomplit pour se soigner ». Il s’agit des soins liés aux besoins de la vie quotidienne, en lien avec la notion d’auto-soin : « action ou ensemble d’actions qu’une personne décide et accomplit pour elle-même en vue de maintenir, protéger, restaurer et promouvoir la santé ». (Dictionnaire des soins infirmiers, Masson 2005). 82 2 – Cohérence des modalités de réalisation des soins avec les règles de bonnes pratiques 3 –Pertinence dans l’identification des risques et adéquation des mesures de prévention La pudeur et de l’intimité de la personne sont respectées Les règles d’hygiène et de sécurité sont respectées Les moyens mobilisés sont adaptés à la situation Les conditions de bien-être, de confort et de qualité de vie de la personne sont vérifiées Les principes d’ergonomie et de sécurité sont connus et appliqués dans les soins et les différentes activités Les règles de l’hydratation et de la diététique sont connues et expliquées Les risques liés à la situation et la manière de les prévenir sont repérés et expliqués Compétence 4 : Mettre en œuvre des actions à visée diagnostique et thérapeutique 1. Analyser les éléments de la prescription médicale en repérant les interactions et toute anomalie manifeste 2. Préparer et mettre en œuvre les thérapeutiques médicamenteuses et les examens selon les règles de sécurité, d’hygiène, et d’asepsie 3. Organiser l’administration des médicaments selon la prescription médicale, en veillant à l’observance et à la continuité des traitements 4. Mettre en œuvre les protocoles thérapeutiques adaptés à la situation clinique d’une personne 5. Initier et adapter l’administration des antalgiques dans le cadre des protocoles médicaux 6. Conduire une relation d’aide thérapeutique 7. Utiliser, dans le cadre d’une équipe pluridisciplinaire, des techniques à visée thérapeutique et psychothérapiques 8. Prévoir, installer et utiliser les appareils et dispositifs médicaux opérationnels nécessaires aux soins et au confort de la personne 9. Anticiper et accompagner les gestes médicaux dans les situations d’aide technique 10. Prescrire des dispositifs médicaux selon les règles de bonne pratique 11. Identifier les risques liés aux thérapeutiques et aux examens et déterminer les mesures préventives et/ou correctives adaptées 12. Synthétiser les informations afin d’en assurer la traçabilité sur les différents outils appropriés (dossier de soins, résumé de soins, compte rendus infirmiers, transmissions…) Critères d’évaluation : Indicateurs : Qu’est-ce qui permet de dire que la Quels signes visibles peut-on observer ? Quels signes compétence est maîtrisée ? Que veut- apportent de bonnes indications ? on vérifier ? 1 – Justesse dans les modalités de mise en œuvre des thérapeutiques et de réalisation des examens, et conformité aux règles de bonnes pratiques - Les règles sécurité, hygiène et asepsie sont respectées Les règles de qualité, traçabilité sont respectées Les contrôles de conformité (prescription, réalisation, identification de la personne, ..) sont effectivement mis en œuvre Toute action est expliquée au patient 83 - 2 – Justesse dans le respect de la prescription après repérage des anomalies manifeste 3 – Exactitude du calcul de dose - 4 – Pertinence dans la surveillance et le suivi des thérapeutiques et réalisation d’examens 5 –Pertinence dans l’identification des risques et des mesures de prévention - 6 – Justesse d’utilisation des appareillages et DM conforme aux bonnes pratiques 7 – Pertinence de mise en œuvre de l’entretien d’aide thérapeutique et conformité aux bonnes pratiques 8 - Fiabilité et pertinence des données de traçabilité - - Une attention est portée à la personne La préparation, le déroulement de l’examen et la surveillance après réalisation sont conformes aux protocoles et modes opératoires Les gestes sont réalisés avec dextérité La prévention de la douleur générée par le soin est mise en œuvre La procédure d’hémovigilance est respectée La thérapeutique administrée est conforme à la prescription Les anomalies sont identifiées et signalées Aucune erreur dans différentes situations de calcul de dose Les effets attendus et/ou secondaires sont repérés La douleur est évaluée de manière fiable et une réponse appropriée est mise en œuvre Les thérapeutiques antalgiques sont adaptées dans le cadre des protocoles Les risques liés à l’administration des thérapeutiques et aux examens sont expliqués Les différentes étapes de la procédure d’hémovigilance sont expliquées au regard des risques associés Les risques et les mesures de prévention des accidents d’exposition au sang sont expliqués Les risques liés à un défaut de traçabilité sont connus et les règles de traçabilité expliquées L’utilisation des appareillages et DM est conforme au mode opératoire Le choix et l’utilisation des appareillages et DM est adaptée à la situation Les techniques d’entretien thérapeutique sont utilisées La dynamique relationnelle est analysée Les changements de discours et/ou de comportement après entretien sont observés et restitués à l’équipe La synthèse des informations concernant les soins, et les activités réalisées est en adéquation avec les données de la situation La traçabilité des données est opérée dans les temps, elle est claire, réalisée dans le respect de la confidentialité et conforme aux règles de bonne pratique Une synthèse claire de la situation de la personne est faite et restituée aux professionnels concernés Les anomalies ou les incohérences entre les informations transmises par les différents acteurs sont repérées 84 Compétence 5 : Initier et mettre en œuvre des soins éducatifs et préventifs 1. Repérer les besoins et les demandes des personnes et des populations en lien avec les problématiques de santé publique 2. Accompagner une personne, ou un groupe de personnes, dans un processus d’apprentissage pour la prise en charge de sa santé et de son traitement 3. Accompagner une personne dans un processus décisionnel concernant sa santé : consentement aux soins, comportement vis-à-vis de la santé... 4. Concevoir et mettre en œuvre des actions de conseil, de promotion de la santé et de prévention répondant aux besoins de populations ciblées 5. Conduire une démarche d’éducation pour la santé et de prévention par des actions pédagogiques individuelles et collectives 6. Concevoir, formaliser et mettre en œuvre une démarche et un projet d’éducation thérapeutique pour une ou plusieurs personnes 7. Choisir et utiliser des techniques et des outils pédagogiques qui facilitent et soutiennent l’acquisition des compétences en éducation et prévention pour les patients Critères d’évaluation : Indicateurs : Qu’est-ce qui permet de dire que la Quels signes visibles peut-on observer ? Quels signes compétence est maîtrisée ? Que veut- apportent de bonnes indications ? on vérifier ? 1 – Pertinence éducative de la séquence - 2 – Pertinence dans la mise en œuvre des soins éducatifs et préventifs 3 – Pertinence de la démarche de promotion de la santé - Les besoins et les demandes ont été repérés, analysées et pris en compte Les ressources de la personne et du groupe sont identifiées et mobilisées La séquence est adaptée à la situation de la personne ou du groupe La personne est prise en compte dans la mise en œuvre de l’action La participation de la personne ou du groupe est recherchée Les techniques et les outils pédagogiques utilisés sont adaptés et leur utilisation évaluée Les actions réalisées sont évaluées La démarche de promotion de la santé est adaptée à la population cible Les informations sont analysées en tenant compte de l’ensemble des paramètres des situations Les objectifs et les actions correspondent aux résultats escomptés, aux ressources et aux contextes Compétence 6 :Communiquer et conduire une relation dans un contexte de soins 1. Définir, établir et créer les conditions et les modalités de la communication propices à l’intervention soignante, en tenant compte du niveau de la compréhension de la personne 85 2. Accueillir et écouter une personne en situation de demande de santé ou de soin en prenant en compte son histoire de vie et son contexte 3. Instaurer et maintenir une communication verbale et non verbale avec les personnes en tenant compte des altérations de communication 4. Rechercher et instaurer un climat de confiance avec la personne soignée et son entourage en vue d’une alliance thérapeutique 5. Informer une personne sur les soins en recherchant son consentement 6. Identifier les besoins spécifiques de relation et de communication en situation de détresse, de fin de vie, de deuil, de déni, de refus, conflit et agressivité 7. Conduire une démarche de communication adaptée aux personnes et à leur entourage en fonction des situations identifiées Critères d’évaluation : Indicateurs : Qu’est-ce qui permet de dire que la Quels signes visibles peut-on observer ? Quels signes compétence est maîtrisée ? Que veut- apportent de bonnes indications ? on vérifier ? 1 – Pertinence de l’analyse de la situation relationnelle - 2 – Cohérence dans la mise en œuvre d’une communication adaptée aux personnes soignées et leur entourage - 3 – Justesse dans la recherche du consentement du patient La situation relationnelle est analysée en fonction des personnes et du contexte Les besoins spécifiques de communication d’une personne en situation de détresse, de fin de vie, de deuil, de déni, de refus, conflit et agressivité sont explicités et les attitudes adaptées identifiées Les besoins spécifiques des patients atteints de troubles psychiques sont explicités et les attitudes adaptées identifiées Les conditions propices à la communication sont mises en œuvre Une attention est portée à la personne La communication prend en compte l’expression et le contexte de vie du patient Le langage professionnel et les modes de communication (verbal, non verbal) sont adaptés à la personne La posture professionnelle est adaptée à la relation soignant – soigné et vise au respect de la personne Le consentement de la personne aux soins est recherché et négociée si nécessaire Compétence 7 : Analyser la qualité et améliorer sa pratique professionnelle Observer, formaliser et expliciter les éléments de sa pratique professionnelle Confronter sa pratique à celle de ses pairs ou d’autres professionnels 86 Evaluer les soins, les prestations et la mise en œuvre des protocoles de soins infirmiers au regard des valeurs professionnelles, des principes de qualité, de sécurité, d’ergonomie, et de satisfaction de la personne soignée Analyser et adapter sa pratique professionnelle au regard de la réglementation, de la déontologie, de l’éthique, et de l’évolution des sciences et des techniques Evaluer l’application des règles de traçablité et des règles liées aux circuits d’entrée et de sortie des matériels et dispositifs médicaux (stérilisation, gestion des stocks, circuits des déchets, circulation des personnes…) et identifier toute non-conformité Apprécier la fonctionnalité des dispositifs médicaux utilisés dans les soins et dans l’urgence Identifier les améliorations possibles et les mesures de réajustement de sa pratique Critères d’évaluation : Indicateurs : Qu’est-ce qui permet de dire que la Quels signes visibles peut-on observer ? Quels signes compétence est maîtrisée ? Que veut- apportent de bonnes indications ? on vérifier ? 1 – Pertinence de l’analyse dans l’utilisation du protocole pour une situation donnée L’utilisation d’un protocole est expliquée en fonction d’une situation donnée 2 – Pertinence de l’analyse dans l’application des règles: Les non conformités sont identifiées Les règles de la traçabilité sont explicitées selon les situations, Les risques de non traçabilité sont explicités Le circuit de la gestion des déchets est expliqué Les propositions de réajustement sont pertinentes. - de qualité, sécurité, ergonomie - de traçabilité - liées aux circuits d’entrée, de sortie, et de stockage du linge, des matériels et des déchets 3 -Conformité de la désinfection, du nettoyage, du conditionnement, et de la stérilisation - - - 4 – Complétude dans la vérification de la fonctionnalité des matériels, produits et dispositifs utilisés - 5 - Pertinence dans la démarche d’analyse critique d’une situation de travail - Les techniques de nettoyage des instruments ou des matériels sont connues et expliquées de manière appropriée Les opérations de stérilisation sont expliquées conformément aux normes en vigueur et au contexte Les défauts de fonctionnement sont identifiés et signalés pour les appareils et dispositifs médicaux nécessaire aux soins et pour le matériel d’urgence Les conditions de stockage des médicaments, des dispositifs médicaux, des appareillages, sont contrôlés La démarche d’analyse et le raisonnement sont formalisés et logiques Les difficultés et les erreurs sont identifiées Les causes sont analysées 87 - Des améliorations sont proposées Les valeurs professionnelles et règles déontologiques sont repérées dans la démarche d’analyse - La satisfaction de la personne soignée est prise en compte Compétence : 8 Rechercher et traiter des données professionnelles et scientifiques 1. Questionner, traiter, analyser des données scientifiques et/ou professionnelles 2. Identifier une problématique professionnelle et formuler un questionnement 3. Identifier les ressources documentaires, les travaux de recherche et utiliser des bases de données actualisées 4. Utiliser les données contenues dans des publications scientifiques et/ou professionnelles 5. Choisir des méthodes et des outils d’investigation adaptés au sujet étudié et les mettre en œuvre 6. Rédiger et présenter des documents professionnels en vue de communication orale ou écrite Critères d’évaluation : Indicateurs : Qu’est-ce qui permet de dire que la Quels signes visibles peut-on observer ? Quels signes compétence est maîtrisée ? Que veut- apportent de bonnes indications ? on vérifier ? 1 - Pertinence des données recherchées au regard d’une problématique posée - 2 – Pertinence dans la qualité du questionnement professionnel Les données scientifiques pertinentes sont recherchées Les éléments d’information pertinents sont recherchés dans les documents professionnels et scientifiques Les bases documentaires sont utilisées Des explications sont données sur le choix des données sélectionnées au regard d’une problématique donnée, la sélection est pertinente Les méthodes et outils d’investigation choisis dans un cadre donné sont adaptés (enquêtes, questionnaires…) Des questions pertinentes sont posées en relation avec les problématiques professionnelles Compétence 9 : Organiser et coordonner les interventions soignantes 1. Identifier les acteurs intervenant auprès des personnes (santé, social, médico-social, associatif…) 2. Organiser ses interventions en tenant compte des limites de son champ professionnel et de ses responsabilités, veiller à la continuité des soins en faisant appel à d’autres compétences 3. Choisir les outils de transmission de l’information adaptés aux partenaires et aux situations et en assurer la mise en place et l’efficacité 4. Coordonner les actions et les soins auprès de la personne soignée avec les différents acteurs de la santé, du social et de l’aide à domicile 5. Coopérer au sein d’une équipe pluri professionnelle dans un souci d’optimisation de la prise en charge sanitaire et médico-sociale 88 6. Coordonner le traitement des informations apportées par les différents acteurs afin d’assurer la continuité et la sécurité des soins 7. Instaurer et maintenir des liaisons avec les acteurs, réseaux et structures intervenant auprès des personnes 8. Organiser son travail dans les différents modes d’exercice infirmier, notamment dans le secteur libéral Critères d’évaluation : Indicateurs : Qu’est-ce qui permet de dire que la Quels signes visibles peut-on observer ? Quels signes compétence est maîtrisée ? Que veut- apportent de bonnes indications ? on vérifier ? 1 – Pertinence dans l’identification et la prise en compte du champ d’intervention des différents acteurs - Les autres professionnels de santé sont sollicités à bon escient Les ressources externes sont identifiées La répartition des activités est conforme au champ de compétences des intervenants 2 - Cohérence dans la continuité des soins - Les liens entre les différentes interventions professionnelles sont repérés et explicités L’organisation des activités pour optimiser le travail en collaboration est expliquée et argumentée Le contrôle des soins confiés est réalisé La continuité et la traçabilité des soins est assurée Toutes les informations requises sont transmises aux professionnels de santé concernés dans les délais Les informations transmises sont pertinentes, fiables et sélectionnées avec discernement dans le respect de la réglementation et de la protection du patient (traçabilité, comptabilité, liaison avec les organismes re remboursement…) Une synthèse claire de la situation de la personne est restituée Les anomalies ou les incohérences entre les informations transmises par les différents acteurs sont repérées 3 - Fiabilité et pertinence des informations transmises - - Compétence 10 : Informer, former des professionnels et des personnes en formation 1. Organiser l’accueil et l’information d’un stagiaire et d’un nouvel arrivant professionnel dans le service, la structure ou le cabinet de soins 2. Organiser et superviser les activités d’apprentissage des étudiants 3. Evaluer les connaissances et les savoir-faire mis en œuvre par les stagiaires en lien avec les objectifs de stage 4. Superviser et évaluer les actions des AS, AP, et AMP en tenant compte de leur niveau de compétence et des contextes d’intervention dans le cadre de la collaboration 5. Transférer son savoir-faire et ses connaissances aux stagiaires et autres professionnels de santé par des conseils, des démonstrations, des explications, et de l’analyse commentée de la pratique 89 6. Animer des séances d’information et des réflexions sur la santé, la prise en charge des personnes et l’organisation des soins auprès d’acteurs de la santé Critères d’évaluation : Indicateurs : Qu’est-ce qui permet de dire que la Quels signes visibles peut-on observer ? Quels signes compétence est maîtrisée ? Que veut- apportent de bonnes indications ? on vérifier ? 1 - Qualité de l’organisation de la collaboration avec un aide-soignant 2 - Qualité de l’accueil et de la transmission de savoir-faire à un stagiaire - Les soins relevant du rôle propre et qui peuvent faire l’objet d’une collaboration avec les AS sont identifiés et pris en compte dans l’action La pratique d’un aide-soignant dans le cadre de la collaboration est évaluée et les erreurs signalées Une démarche d’accueil est mise en œuvre et les informations nécessaires sont transmises Les explications nécessaires sont apportées à un stagiaire La transmission de savoir-faire est assurée avec pédagogie en conformité avec le niveau de formation du stagiaire 10.3 Synthèse Plan cancer 2009/2013 AXE RECHERCHE 5 mesures – 26 actions Mesure 1. Renforcer les moyens de la recherche pluridisciplinaire Actions 1.1 Renforcer la recherche translationnelle par des financements dédiés sur appels à projets et par une politique de sites de recherche pluridisciplinaires labellisés. 1.2 Soutenir, par l’attribution de bourses, la formation des acteurs de la santé et de la recherche à la recherche translationnelle. 1.3 Structurer et stimuler la recherche dans les phases précoces d’essais de nouveaux médicaments anticancéreux. 1.4 Établir des partenariats de recherche et développement entre les laboratoires internationaux et les acteurs de la recherche en cancérologie fédérés dans l’ITMO Cancer (LIR-G5-LEEM). 1.5 Renforcer les interactions entre les structures de valorisation de la recherche publique et les acteurs économiques pour suivre et accompagner les projets à potentiel de développement économique. 90 Mesure 2. Comprendre par la recherche les inégalités face au cancer pour les réduire. Actions 2.1 Développer des appels à projets récurrents de recherche pour comprendre les déterminants des inégalités face au cancer et évaluer les actions de santé publique permettant de réduire ces inégalités. 2.2 Mobiliser les cancéropôles pour animer et développer des programmes de recherche sur les déterminants géographiques des inégalités avec les acteurs scientifiques, les acteurs de santé publique et de santé. Les résultats des programmes doivent se traduire en actions de terrain, validation et extension à la population ciblée. Mesure 3 Caractériser les risques environnementaux et comportementaux. Actions 3.1 Développer une recherche en épidémiologie analytique plus réactive s’appuyant sur des sites référents. 3.2 Réactiver une recherche compétitive en toxicologie, en génétique et épidémiologie moléculaire et en recherche clinique interventionnelle par des appels à projets. 3.3 Renforcer le partenariat AFSSET-INCa-ANR sur les actions du Programme national santé environnement PNSE2 et organiser en 2011 un colloque international pour faire le point sur les risques environnementaux et comportementaux. 3.4 Mobiliser les acteurs en santé publique, santé animale (écoles vétérinaires et INRA) et environnement (AFSSET) pour lancer des appels à projets et financer des équipes de recherche sur programmes dédiés. 3.5 Financer de grandes cohortes nationales généralistes adossées à des collections biologiques, notamment sur appel à projets lancé par l’IRESP avec le soutien des ministères en charge de la recherche et de la santé. La réflexion sur ces projets devra être coordonnée avec celle des autres pays européens. 3.6 Développer en finançant aux côtés de l’ANR des approches multidisciplinaires de la modélisation des processus biologiques complexes (biologie des systèmes). Les 6 mesures « phare » AXE RECHERCHE Mesure 1 Renforcer les moyens de la recherche pluridisciplinaire. Labelliser 5 sites de recherche pluridisciplinaire en cancérologie. 91 Sélectionnés sur une base compétitive, ces sites devront accélérer le transfert entre la recherche scientifique et les soins aux malades. Augmenter de 50 % la participation des malades aux essais cliniques. L’effort portera en priorité sur les populations les plus vulnérables, enfants, personnes âgées, tumeurs rares et formes graves. Mesure 3 Caractériser les risques environnementaux et comportementaux. Consacrer plus de 15 % du budget de recherche mobilisé par le Plan à l’analyse des risques environnementaux et comportementaux. Contribuer au séquençage complet du génome des 5 cancers les plus fréquents. Cet objectif s’inscrit dans le cadre de l’effort de collaboration mondiale sur le génome tumoral. AXE OBSERVATION Mesure 6 Produire et communiquer annuellement des informations sur le cancer et sur la cancérologie. Produire chaque année une analyse de la répartition des cancers sur tout le territoire. AXE PRÉVENTION - DÉPIST AGE Mesure 14 Lutter contre les inégalités d’accès et de recours aux dépistages. Augmenter de 15 % la participation de l’ensemble de la population aux dépistages organisés. Cette augmentation devra être de 50 % dans les départements rencontrant le plus de difficultés. AXE SOINS Mesure 18 Personnaliser la prise en charge des malades et renforcer le rôle du médecin traitant. Faire bénéficier 80 % des patients au moins d’un Programme Personnalisé de Soins. Ce programme devra systématiquement impliquer le médecin traitant. AXE VIVRE PENDANT ET APRÈS UN CANCER Mesure 25 Développer une prise en charge sociale personnalisée et accompagner l’après cancer. Faire bénéficier 50 % des patients au moins d’un Programme personnalisé de l’après cancer. Ce programme prendra en compte les besoins individuels de surveillance médicale, de soutien 92 psychologique et social. AXE OBSERVATION 4 mesures – 12 actions Mesure 6. Produire et communiquer des informations sur le cancer et sur la cancérologie. Actions 6.1 Publier un rapport de synthèse annuel des données relatives aux cancers et des principaux indicateurs de la politique de lutte contre les cancers mis à jour. 6.2 Créer un portail des données du cancer, donnant accès à la synthèse des principales données pertinentes selon leur nature et leur source identifiées. 6.3 Réaliser des enquêtes régulières sur les connaissances, les attitudes, le comportement, et la perception des cancers et des facteurs de risques, notamment un baromètre cancers. 6.4 Réaliser un rapport sur les métiers de la cancérologie et mettre en place un tableau de bord en s’appuyant sur des groupes d’experts et des professionnels de santé. 6.5 Observer les conditions de vie des malades à distance du diagnostic des cancers. Mesure 7. Optimiser et développer le système de surveillance. Actions 7.1 Renforcer et rationaliser le dispositif des registres existants. 7.2 Mettre en place un système multi-sources des cancers (SMSC). Mesure 8. Développer l’épidémiologie sociale des cancers. Actions 8.1 Améliorer l’observation des inégalités. 8.2 Analyser les évolutions des disparités socio-spatiales des cancers. Mesure 9. Améliorer l’observation et la surveillance des cancers liés à l’environnement professionnel. Actions 9.1 Rendre obligatoire la déclaration des mésothéliomes. 9.2 Développer des travaux à partir de cohortes existantes ou en cours de constitution. 9.3 Animer et piloter le recueil des signalements et des investigations de clusters de cancers en population générale et en milieu professionnel. 93 Mesure 4. Dynamiser la recherche clinique. Actions 4.1 Soutenir, structurer et suivre par des appels à projets nationaux compétitifs annuels la recherche clinique en cancérologie par le PHRC Cancer. 4.2 Augmenter l’inclusion dans les essais cliniques en cancérologie. 4.3 Prendre l’avis des comités de patients sur les protocoles de recherche clinique en articulation avec la consultation des comités de protection des personnes (CPP). 4.4 Organiser le recueil d’informations entre les agences et les opérateurs de la recherche clinique et les rendre publiques. 4.5 Soutenir les recherches portant sur la qualité de vie des patients pendant le cancer et après la maladie. 4.6 Développer la coopération internationale dans les essais cliniques. 4.7 Diffuser de manière régulière les informations relatives aux progrès de la recherche contre le cancer (cf. mesure 6). Mesure 5. Faire de la France une référence internationale. Actions 5.1 Élaborer les modifications de structuration nécessaires à l’harmonisation de la programmation et du financement des recherches sur le cancer et établir une concertation annuelle avec les autres instituts thématiques et l’ANR pour coordonner la programmation des recherches transversales. Établir ce type de concertation sur les programmes avec les associations participant au financement de la recherche sur le cancer. 5.2 Soutenir l’effort de structuration et d’animation régionale et interrégionale des cancéropôles : coordination des équipes, mobilisation de nouvelles équipes dans ce domaine, articulation avec les universités, les hôpitaux et les organismes dans le choix d’équipements dans la région, relations avec les industries (technologie et médicament) et les régions. Cet effort est coordonné avec la politique de sites labellisés de recherche intégrée. 5.3 Maintenir le niveau de financement de la recherche sur projets libres à l’initiative des investigateurs, sur des programmes de 4 à 5 ans, à 50 % des appels à projets de recherche de l’INCa. 5.4 Soutenir le programme de génomique du cancer dans le cadre du Consortium international de génomique du cancer (ICGC). 5.5 Développer la coopération internationale en recherche et en santé publique contre le cancer en mobilisant le ministère des affaires étrangères, l’INCa, l’IRD et l’ANRS, notamment sur des programmes de formation des médecins et des paramédicaux. 94 5.6 Renforcer la capacité à mesurer la productivité scientifique résultant des programmes de recherche. AXE PRÉVENTION − DÉPISTAGE 8 mesures – 37 actions Prévention Mesure 10. Poursuivre la lutte contre le tabac Actions 10.1 Réduire l’attractivité des produits du tabac. 10.2 Renforcer la politique d’aide au sevrage tabagique. 10.3 Rendre plus régulière la publication de données sur la consommation de tabac. 10.4 Mettre en œuvre les mesures de protection des mineurs face au tabagisme adoptées dans la loi « Hôpital, patients, santé, territoires ». 10.5 Aboutir à l’interdiction de la vente des produits du tabac par Internet par la signature d’un protocole additionnel à la convention cadre lutte antitabac en 2011. Mesure 11. Promouvoir des actions de prévention sur les liens entre l’alimentation, l’activité physique et les cancers. Actions 11.1 Informer les élus et fonctionnaires territoriaux sur les liens entre nutrition et cancers et sur le rôle de l’activité physique dans leur prévention. 11.2 Soutenir des études sur les freins ou difficultés pour le développement d’une pratique d’activité physique, perçus tant par les habitants que les professionnels (architectes, urbanistes, animateurs sportifs et socioculturels…). 11.3 Promouvoir des actions de sensibilisation sur l’activité physique auprès des futurs retraités, auprès des employeurs et des comités d’entreprise. 11.4 Améliorer la connaissance sur le risque nutritionnel et la prise en charge nutritionnelle des personnes atteintes de cancer. 11.5 Préciser sur les contenants de boissons alcooliques la quantité d’alcool contenue afin de faciliter l’estimation de sa consommation. 11.6 Renforcer les aides aux personnes en difficulté avec leur consommation d’alcool. 11.7 Mettre en œuvre les mesures relatives à l’offre d’alcool adoptées dans la loi « Hôpital, patients, santé, territoires » destinées à limiter l’offre d’alcool à destination des mineurs, dans les points de vente de carburant ainsi que les dispositions relatives aux « happy hours » et à la publicité encadrée sur Internet. 95 Mesure 12. Renforcer la prévention des cancers liés à l’environnement en particulier dans le domaine professionnel Actions 12.1 Améliorer le recensement des cancers d’origine professionnelle. 12.2 Effectuer des campagnes de contrôles renforcés de l’application des réglementations auprès de toutes les entreprises en ciblant sur les cancérigènes les plus utilisés et faire évoluer la réglementation. 12.3 Élaborer à l’attention des médecins du travail et des médecins traitants des recommandations de bonnes pratiques pour améliorer la surveillance médicale des travailleurs exposés à des CMR. 12.4 Expérimenter et évaluer l’intérêt de la mise en place de consultations spécifiques « cancer professionnel » pour améliorer le diagnostic des étiologies et la déclaration des cancers professionnels. 12.5 Renforcer la prévention de l’exposition aux rayonnements UV. 12.6 Mieux informer sur les risques liés au radon dans l’habitat. Mesure 13. Prévenir les cancers d’origine infectieuse Actions 13.1 Améliorer les taux de couverture vaccinale contre le HPV des jeunes filles de 14 ans. 13.2 Contribuer à la mise en œuvre des mesures du plan de lutte contre les hépatites virales B et C 2009-2012. 13.3 Élaborer des documents d’information à l’attention des médecins pour améliorer le dépistage de personnes présentant une infection chronique à Helicobacter pylori, à l’origine de certains cancers de l’appareil digestif. 13.4 Favoriser la prévention par une détection précoce et la prise en charge des cancers chez les personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Dépistage Mesure 14. Lutter contre les inégalités d’accès et de recours au dépistage. Actions 14.1 Favoriser l’adhésion et la fidélisation dans les programmes de dépistage et réduire les écarts entre les taux de participation. 14.2 Mettre en place des actions visant à réduire les inégalités d’accès et de recours au dépistage (socioéconomiques, culturelles et territoriales). 14.3 Favoriser l’accès aux examens adaptés aux niveaux de risque. 96 Mesure 15. Améliorer la structuration du dispositif des programmes nationaux de dépistage organisé des cancers. Actions 15.1 Rechercher une meilleure efficience des dépistages organisés en optimisant le fonctionnement des structures de gestion appelées centres de coordination des dépistages des cancers. 15.2 Améliorer le suivi des résultats du dépistage. Mesure 16. Impliquer le médecin traitant dans les programmes nationaux de dépistage et garantir l’égalité d’accès aux techniques les plus performantes sur l’ensemble du territoire. Actions 16.1 Augmenter l’implication des médecins traitants dans les dispositifs de programmes nationaux de dépistage organisé des cancers. 16.2 Définir les modalités d’évolution vers de nouvelles techniques de dépistage et des stratégies des programmes nationaux de dépistage. 16.3 Déployer progressivement l’utilisation du test immunologique de dépistage du cancer colorectal sur l’ensemble du territoire. 16.4 Définir les modalités techniques permettant d’exploiter pleinement les possibilités offertes par les mammographes numériques pour le dépistage du cancer du sein. 16.5 Étudier l’impact des nouvelles technologies de recherche du papillomavirus et de la vaccination sur l’ensemble de la stratégie de lutte contre le cancer du col de l’utérus. 16.6 Expérimenter des stratégies d’actions intégrées de dépistage du cancer du col de l’utérus en permettant l’accès au dépistage des femmes peu ou non dépistées. Mesure 17. Assurer une veille scientifique et améliorer les connaissances en matière de détection précoce des cancers Actions 17.1 Définir une stratégie de détection précoce du cancer de la prostate. 17.2 Améliorer la détection précoce des cancers de la peau. 17.3 Améliorer la détection précoce des cancers de la cavité buccale. 17.4 Prendre en compte les nouvelles opportunités de dépistage en fonction de l’évolution des connaissances et des traitements. AXE SOINS 7 mesures – 27 actions Mesure 18. Personnaliser la prise en charge des malades et renforcer le rôle du médecin traitant. 97 Actions 18.1 Coordonner les parcours de soins des malades pendant la phase active du traitement grâce à des coordonnateurs de soins. 18.2 Conforter la fonction de proximité du médecin traitant pendant la phase thérapeutique aiguë et lors de la période de surveillance. 18.3 Partager les données médicales entre professionnels de santé. Mesure 19. Renforcer la qualité des prises en charge pour tous les malades atteints de cancer. Actions 19.1 Généraliser l’accès aux mesures transversales, améliorant la qualité de toute prise en charge en cancérologie, lancées par le Plan cancer précédent. 19.2 Conforter le financement des mesures qualité. 19.3 Accompagner la mise en place des critères d’agrément et des décrets d’autorisation du cancer et clarifier le positionnement et le rôle des organisations existantes. 19.4 Mener une étude sur les délais de prise en charge dans plusieurs régions. 19.5 Rendre accessible aux patients une information de référence sur les cancers afin d’en faire des acteurs du système de soins. Mesure 20. Soutenir la spécialité d’anatomopathologie. Actions 20.1 Soutenir l’activité d’anatomopathologie en renforçant les équipes et en valorisant la discipline au regard de l’évolution actuelle des pratiques. 20.2 Accompagner la nécessaire adaptation de l’anatomocytopathologie aux évolutions technologiques et scientifiques. 20.3 Soutenir la démarche qualité au sein de la profession d’anatomocytopathologie. Mesure 21. Garantir un égal accès aux traitements et aux innovations. Actions 21.1 Faciliter l’accès aux traitements par molécules innovantes. 21.2 Développer les plateformes de génétique moléculaire des cancers et l’accès aux tests moléculaires. 21.3 Faciliter l’accès aux techniques chirurgicales et instrumentales, complexes et innovantes en particulier. 21.4 Faciliter l’accès au diagnostic et à la surveillance des cancers via l’imagerie et les TEP. 21.5 Promouvoir au niveau des pôles régionaux de cancérologie des actions nouvelles et émergentes. 98 Mesure 22. Soutenir la radiothérapie. Actions 22.1 Soutenir la qualité et la sécurité des pratiques dans les centres de radiothérapie autorisés. 22.2 Renforcer les moyens humains dans les centres de radiothérapie. 22.3 Actualiser les recommandations de bonnes pratiques concernant les techniques de traitement en radiothérapie et leurs indications. Mesure 23. Développer des prises en charge spécifiques pour les personnes atteintes de cancers rares ou porteuses de prédispositions génétiques ainsi que pour les personnes âgées, les enfants et les adolescents. Actions 23.1 Labelliser les centres de référence pour les cancers rares. 23.2 Favoriser la constitution de bases de données clinicobiologiques (enquêtes transversales répétées avec volet de biosurveillance). 23.3 Suivre les personnes à risque génétique. 23.4 Améliorer la prise en charge des personnes âgées atteintes de cancer. 23.5 Améliorer la prise en charge des enfants atteints de cancer et lancer un programme d’actions spécifiques vis-à-vis des adolescents atteints de cancer. Mesure 24. Répondre aux défis démographiques des professions et former à de nouvelles compétences. Actions 24.1 Former plus de médecins pour la cancérologie. 24.2 Accompagner l’évolution des modes de pratiques. 24.3 Développer les formations universitaires permettant l’accès à trois nouvelles compétences en cancérologie : coordonnateurs de soins, dosimétristes et techniciens d’anatomocytopathologie. AXE VIVRE PENDANT ET APRÈS UN CANCER 6 mesures – 16 actions Mesure 25. Développer une prise en charge sociale personnalisée et accompagner l’après cancer. Actions 25.1 Généraliser les actions d’évaluation sociale dans le cadre du dispositif d’annonce et intégrer un volet social dans le Programme personnalisé de soins (PPS). 25.2 Proposer à chaque patient une consultation sociale en cours de traitement afin d’évaluer la mise en oeuvre du volet social du PPS et de préparer l’après cancer. 99 25.3 Expérimenter la mise en oeuvre d’un programme personnalisé de l’après cancer (PPAC). 25.4 Se doter de critères médicaux relatifs à la sortie d’ALD et prendre les mesures nécessaires pour assurer le financement d’une surveillance médicale régulière après la sortie d’ALD, dans les cas où cette surveillance reste nécessaire. 25.5 Permettre la prise en charge des implants supports de prothèses dentaires et maxillofaciales dans la réhabilitation prothétique des patients traités pour des cancers de la cavité buccale, des maxillaires ou des tissus attenants. Mesure 26. Se doter des moyens et outils nécessaires au développement de l’accompagnement social personnalisé. Actions 26.1 Encourager le développement des hébergements et appartements thérapeutiques à proximité des lieux de prise en charge médicale. 26.2 Élaborer et mettre en place un référentiel national de détection de la fragilité sociale et de la précarité. 26.3 Élaborer avec les services sociaux des dispositifs financiers à mettre en oeuvre pour mobiliser les services et prestations nécessaires pendant et après les traitements. 26.4 Réaliser un annuaire départemental de tous les professionnels du secteur social concerné auxquels le patient pourra recourir pendant et après le cancer. Mesure 27. Améliorer les réponses aux possibles situations de handicap ou de perte d’autonomie transitoires ou définitives liées au cancer. Actions 27.1 Mener, sous l’égide de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), plusieurs expérimentations sur l’accompagnement des personnes atteintes de cancer, dans les MDPH (Maisons départementales des personnes handicapées) qui sont les plus sensibilisées et mobilisées. 27.2 Réaliser et diffuser auprès des associations œuvrant dans le champ du cancer un livret spécifique exposant les réponses offertes par la législation relative au handicap, à la perte d’autonomie des personnes âgées, à l’invalidité et d’autres dispositifs mobilisables permettant de répondre à leurs besoins. Mesure 28. Améliorer l’accès des personnes malades et guéries aux assurances et au crédit. Action 28.1 Mener les concertations, sous l’égide des membres de la commission de suivi, avec les différentes parties prenantes en vue de renouveler la convention AERAS pour améliorer la 100 couverture assurantielle et l’accès à l’emprunt pour les personnes qui présentent ou qui ont présenté un risque aggravé de santé. Mesure 29. Lever les obstacles à la réinsertion professionnelle des personnes atteintes de cancer. Actions 29.1 Étudier les moyens de lever les obstacles au maintien dans l’emploi ou à la réinsertion professionnelle des personnes atteintes de cancer et de leurs aidants naturels. 29.2 Délivrer une information spécifique aux malades atteints de cancer sur les facilités que leur offre la loi pour une insertion ou une réinsertion professionnelle. 29.3 Faire entrer les personnes atteintes de cancer dans la liste des publics prioritaires pour bénéficier des prochains contrats aidés dans le cadre de l’extension du RSA (Revenu de solidarité active). Mesure 30. Créer un Observatoire sociétal des cancers. Action 30.1 Créer sous l’égide de la Ligue nationale contre le cancer, un Observatoire sociétal des cancers s’appuyant sur tous les relais départementaux de la Ligue. 101 10.4 Entretien de M Peux-tu te présenter ? « J’ai 44 ans, j’ai un enfant de treize ans et heu je suis assistante commerciale. J’étais agent de voyage et je suis assistante commerciale dans une agence de transaction LAMY, agence de gestion de bien, vente, location. J’ai changé par rapport à la vie, heu je suis restée treize ans en tourisme et après un moment de questionnement, le hasard a fait que j’ai pu négocier un départ pour voir dans un autre domaine mes compétences. Donc après, j’ai fait des formations et puis j’ai trouvé chez LAMY, et dans un autre service ; et depuis j’ai changé chez eux, et j’ai fais ça par rapport à un aménagement horaire pour veiller sur mon fils, par rapport à ma séparation. Aussi j’étais moins disponible pour partir et profiter des voyages. » Tu as changé d’orientation par rapport à ta pathologie ? « Non, non ma pathologie c’est déclarée il y a deux ans seulement, c’était en 2009. » Comment tu l’as découvert, comment ça c’est passé ? « Et ben, en été on m’avait fait la mammographie et on m’avait dit qu’il faudrait revoir dans les six mois parce qu’il y a quelque chose, heu pour l’instant on peut pas dire mais il vaut mieux, par précaution refaire une mammographie dans six mois. Donc j’ai fait la mammographie et l’endroit où ils avaient décelé quelque chose d’étrange, il n’y avait rien, mais par contre ils m’ont dit que là il y avait quelque chose ; ils m’ont fait la biopsie pour vérification, c’était à la rue F. Et puis là il m’a reçu en me disant « j’ai bien fait de faire la biopsie parce que c’est un cancer ». C’était découvert, quelques millimètres, c’était petit infime. Alors on m’a dit « on va vous opérer », enfin mon gynéco, et puis c’est tout, même pas, peut être si…. La radiothérapie, enfin ce n’était pas sûr. Et en fait après le staff, la réunion des médecins j’étais convoquée parce que là ils préconisaient, heu le traitement complet, en me disant « vous êtes jeune vous pouvez le supporter. Par contre vous allez perdre vos cheveux, subir tout le traitement (pff), chimio, radio et peut être autre chose…. » Enfin ils disent les choses un peu au fur et à mesure, ils ne disent pas tout d’emblé hein…. » -Comment as tu vécu tout ça ? « Sur le moment, sur le moment de l’opération quand on m’a annoncé qu’on allait m’opérer, j’étais secouée mais enfin presque soulagée, parce que je me suis dit « voila on va m’enlever ça et après on en parlera plus. » Et plus ça allait plus je commençais quand même à m’inquiéter. Le fait surtout d’apprendre que j’allais perdre mes cheveux, que j’allais subir 102 cette chimio. Mais j’ai toujours quand même ressenti une espèce de rassurance par rapport à tous les médecins que tu consultes, qui te disent que ça va aller, on va faire ça et puis après vous serez guéri… » J’étais quand même bien entourée, j’avais mon gynéco qui opère à S R, après le cancérologue toujours à SR. Il connaissait ma mère puisqu’il y a quelques années elle avait été suivie par L à SR et donc là, j’avais B, et B c’est le successeur de L, donc j’étais en milieu connu. Et puis, bon c’est vrai que le personnel médical, le secrétariat entre autre, heu, on a une écoute de la part de pas mal de personne je pense. C’est ce que j’ai ressenti moi à SR ; dés qu’on a un souci on peut en parler, heu, ce n’est pas….Bon on m’a présenté l’infirmière qui nous suit tout le traitement, mais bon je ne l’ai pas tellement sollicité, j’ai eu surtout contact avec les médecins mais pas énormément non plus hein. Je me suis un peu calmée toute seule, en lisant des méthodes pour aussi optimiser la situation parce que bon voilà. » Donc tu n’as pas sollicité l’infirmière, mais est ce qu’elle est venue vers toi ? « J’ai trouvé pas trop quand même. Elle est venue au départ, on s’est présenté, elle m’a reçu voilà. Je me suis dit ça va m’aider mais en fait quand j’avais les soins, ou au fur et à mesure de la chimio, chaque trois semaines, je savais qu’elle était là, mais finalement je parlais plus au personnel présent qui faisait les soins qu’à elle en particulier. En même temps il y a eu de moments où j’ai essayé de dire à mes proches, s’ils avaient besoin d’une écoute, qu’elle était là pour ça aussi, pour la famille mais par contre on ne l’a jamais tellement rencontré, et hum elle n’est pas venue au devant de nous. C’est vrai que dans l’absolu j’avais une sécurité affective, pas mal d’amis, mon copain qui était pas mal présent. C’est vrai que j’avais peut être pas le besoin d’aller trouver des personnes. Une fois j’ai rencontré la psychologue mais je n’ai pas tellement accroché ». -Tu me parles de l’équipe soignante infirmière, à chaque fois que tu allais faire les soins, ils ont été présents, ils ont essayé de te faire verbaliser au niveau moral ? « Ah oui complètement, par exemple au début j’étais dans les box et puis bien vite je suis allée dans la salle commune parce que je trouvais qu’il y avait une espèce d’énergie positive….même s’il y avait des personnes peut être plus malades que moi, dans l’absolu il y avait un échange avec le personnel. Ca faisait du bien. Une chaleur humaine, enfin moi c’est ce que j’ai ressenti. Ca permet de relativiser, et puis bon on écoute les conseils des uns et des autres et après on….relativise, enfin on essaie, il y a des moments difficiles. Et puis surtout aussi après j’essayais de faire du sport, j’allais marcher, m’aérer après les séances pour évacuer un peu les produits. Ils m’ont aussi donné pour soulager les nausées » -On t’avait bien expliqué les effets secondaires… « Oui, oui » -Tu as eu besoin d’en parler ou l’équipe est naturellement venue vers toi ? « Enfin l’équipe oui, heu, sur place au moment où je faisais les soins, oui, oui ; Après, l’infirmière responsable du service, on pouvait compter sur elle, et puis pour soulager les douleurs il y avaient les cachets qui permettaient de se sentir mieux » -On t’a expliqué tous les traitements ; à quoi ils servaient, comment les prendre… ? « Moui, heu oui » -Au niveau de ta douleur morale et physique, l’équipe a t-elle évalué avec toi comment tu la gérais ? Un bilan toutes les trois semaines ? « Pas régulièrement, pas directement. Superficiellement, comme ça : « ça va ? » On pouvait se confier aussi. Certaines personnes se confier beaucoup, peut être par rapport à une certaine solitude. Il y a des personnes qui ont peut être plus besoin d’être écoutées. Mais c’est vrai que, heu, dans l’absolu, je posais les questions essentielles qui me préoccupaient, et après si j’en avais d’autres j’essayais de lire, de m’informer, des personnes heu Servan Schreiber, ou d’autres médecins qui préconisent des vies …enfin(…), l’activité sportive, l’alimentation et puis une vie heu moins stressante aussi. Alors j’ai essayais de faire via « étincelles » des séances de sophrologie ; j’ai rencontré des personnes comme ça aussi, plus dans l’action, parce que c’est vrai que je ne suis pas quelqu’un non plus (….) justement la psychologue je n’avais pas la patience de passer deux heures à parler de ça. Je préférais faire des séances via « étincelles », voila j’allais faire un soin de visage, je parlais à la fille qui connaissait aussi la pathologie, parce qu’ils ont à faire qu’à des personnes avec un cancer aussi. » -A « Etincelles » ce sont des personnels soignants ? « Ah non! Non, non, les responsables avaient formé cette association parce qu’elles avaient des cas autours d’elles, notamment une avait sa maman, voila et elle voulait justement conseiller, entourer les personnes; vivre avec, mieux vivre avec la maladie ; et justement pour moi c’était bien parce que quand on allait là bas, bon savait toutes qu’on était malade, on en parlait pas forcément, ou comme ça par bride ; Mais bon on faisait atelier cuisine, sport, moi j’ai fait des courses à pied au profit de l’association. Et puis voila des soins de beauté, pour se sentir belle, parce que voila (….) -Comment as-tu vécu le changement de ton apparence physique? Je l’ai pas mal vécu du fait d’être avec mon copain, il ne l’a pas trop mal vécu. Enfin je le vois avec du recul et si j’ai les photos maintenant, humm, je me vois différemment, finalement je me voyais à peu prés bien, malgré mon teint jaunâtre, plus de sourcils, bon évidemment les cheveux heu il n’y avait plus rien ; Par exemple avec les bandeaux cheveux je me trouvais plutôt bien. Finalement, je me suis plus fais peur avant que pendant la chute. Pour mon copain au début ça l’a secouait, il n’y a pas cru, puis il est assez positif ; Il a dit « maintenant on va te soigner, ce n’est pas grave… » Enfin d’emblé il a eu confiance en la médecine et il m’a poussé, justement en me considérant pas malade non plus comme la plupart de mes amis. Je leur disais de ne pas m’appeler pour me demander comment ça va, je ne leur répondrai pas, mais pour boire un café, ou aller se promener. » -Le personnel soignant a-t-il rencontré ton ami ? « Ah non, rien du tout » -Pour l’annonce du diagnostic « C’est à F qu’on me l’a annoncé au niveau des médecins, aucuns ne s’est posé la question de l’entourage. La psy à un moment m’a parlé de mon fils, mais bon il n’a jamais demandé à en parler. Je pense qu’il l’a bien vécu. » -Est-ce que tu attendais plus de la part de l’équipe para médicale ? « J’ai trouvé que le personnel était assez dévoué, si j’avais demandé plus elles m’auraient peut être plus écoutée. Je n’ai senti aucun agacement, j’ai trouvé qu’elles étaient très présentes par rapport à beaucoup de cas qu’elles ont toute la journée à traiter. Ce n’est pas facile pour elles. Nous c’est un passage, voilà ça fait un an qu’on y va plus, alors qu’elles en ont et des nouveau cas plus difficiles. A « Etincelles » j’ai rencontré des gens très chaleureux, disponibles. Et puis j’ai pris la vie différemment, en me rattachant à des bonheurs faciles à gérer. C’est une leçon de vie ; au début la maladie je n’en parlais pas, je ne voulais pas. Vers la fin du traitement quand j’ai fait la course, j’en ai parlé. Maintenant je crois que j’en ai un peu marre de ce milieu. J’ai eu plus de soutiens des gens malade comme moi, je les croyais plus. J’ai essayais de relativiser aussi en me disant que les infirmières aidaient les gens qui en avaient plus besoins que moi. A un moment j’ai pensé à accompagner des malades, leur expliquer la souffrance, et puis bon il faut du temps aussi. » -De ce que je comprends, tu as plus de soutient de gens malades comme toi que de ceux qui te soignaient. « Oui, il y avait une sorte de synergie. Je ne les ai pas trop sollicité, je me disais « ils aident d’autres personnes parce que toi tu as moins besoin. » je sentais le désarroi, la solitude de certains, on sentait qu’ils avaient besoin d’aide. Moi, j’essayais quand je sortais de ne pas trop focaliser sur la maladie, je reniais la maladie. Mais sur le coup, on m’a presque dit que je pouvais refuser le traitement, parce que vu la dimension c’était peut être pas justifié, mais on m’a dit « quand même, c’est préférable, comme ça on y revient pas. » Alors je ne regrette pas de l’avoir fait mais il y a eu des moments où quand même ça fait beaucoup. La radiothérapie ça a été long, à un moment j’avais prévu de faire une petite escapade, on m’a dit non, il y a encore des rendez vous. Là je me suis dit que ça en finirai plus ; Et après il y a aussi le traitement d’hormonothérapie avec les effets secondaires. » -Tu veux rajoutais quelque chose ? « Je n’ai pas trop compris après l’intervention parce qu’on m’a dit de faire tout le traitement, c’était un peu obscur, des fois je me dis qu’ils ne maitrisent pas trop. » -On t’a proposé le soutien de l’infirmière au moment de la chimio. « Oui à l’annonce du diagnostic on m’a parlé d’ « étincelle ». Et à la fin du traitement j’ai dit que j’avais un peu peur, on me lâchait dans la nature. Mon gynécologue m’a dit que si j’avais besoin d’en parler, j’aille voir l’infirmière, ce que je n’ai pas fait, car je n’ai pas trop accroché avec elle. Je préférai en parler aux gens de terrain, les malades, ceux qui sont là. Il y a aussi une chose qui a été très pénible, c’est l’attente pour la chimio. J’ai demandé pourquoi on attendait, ils m’ont dit que c’était parce qu’ils n’étaient pas assez nombreux. Alors tu te demandes pourquoi ce n’est pas mieux organisé » Je te remercie pour le temps que tu m’as accordé 10.5 Entretien de J Bonjour, peux-tu te présenter ? -Alors, J., j’avais 36 ans, coiffeuse à mon compte, et (heu) ça a été compliqué quoi(…)ça a été hein ça c’est fait, mais bon ça a été compliqué pour moi avant, après voila. Tu es mariée ? J’avais, j’avais deux enfants. Un qui allait avoir 4 ans et l’autre qui avait 8 ans. Ça c’est passé comment au niveau de l’annonce ? C’est moi qui me le suis sentie, je me suis sentis une boule, donc en plus je travaillais beaucoup, je n’avais pas pris de congés depuis 3 ans avant et ça a été la 4ème année que (…). Je me suis mis à mon compte 3 ans avant, j’ai pas pris de congés, j’ai travaillé comme une malade, et puis après(heu),j’ai beaucoup maigri et c’est comme ça, en maigrissant, qu’un jour en me lavant , je me suis senti une boule. Donc j’ai été chez le gynéco, mais que 3 mois après, parce que le temps de prendre un rendez vous (heu)) et donc voila quand je suis arrivée chez le gynéco, il m’a de suite pris rendez vous chez le (….), pour passer une mammo heu à VH, et là tout a démarré quoi. Déjà après, d’entrée ça c’était vu, hein, et j’en avais 3. Donc il a fallu enlever le sein et à partir de là voilà, c’est la chimio, la radiothérapie. Comment tu l’as vécu ? Comment ça c’est passé quand on te l’a annoncé ? Ahum, très mal. Parce que moi, tu sais, le sein je ne voulais pas l’enlever, hum, et puis après heu, je me suis dit, attends qu’est ce que, ….si eux…, toute façon ils m’ont pas donné le choix. Je suis allée voir 3 personnes, parce que je ne voulais pas prendre qu’un avis et les 3 m’ont dit « mais ya pas photos madame, c’est comme ça et ce n’est pas autrement. Vous êtes trop jeune, ils sont trop diffus » il y en avait 3 et 3 un peu dispatchés, donc ils n’ont pas cherché à comprendre. Tu as été soigné où ? Heu à VDA, par contre j’ai été contente, hein, de VDA et tout ça. Mais on ne t’explique rien Ils ont laissé la place à ta famille pour leur expliquer ? Non Donc tu as été seule et… Ouais, ouais Tu t’es débrouillée à leur expliquer toi-même les choses Mais même personne posait des questions en fait, mais parce que du coup on ne pouvait pas parler, parce que le chirurgien qui m’a opéré, il est très…. très connu, et donc c’est infernal pour l’avoir. Et quand tu le vois il a 40 personnes à voir, c’est impossible qu’il parle avec les 40 personnes. Donc quand tu poses des questions tu les poses à l’infirmière. Les infirmières ont été comment ? Oui, mais du coup,…, tu ne peux pas rentrer de dans. Enfin, moi, moi je me suis laissée guider. Mais par le feeling quoi, tu voyais que tu ne pouvais pas poser de questions, alors j’ai continué comme ça. J’ai fais confiance, voila, mais j’étais au courant de rien Les infirmières ne t’ont pas proposé un soutien une aide ? Si, si quand j’ai été opéré, qu’on m’a enlevé le sein, oui mais, je n’ai pas …je n’arrive pas avec les psys, je n’arrive pas. Donc je n’en ai pas vu. J’en ai vu moi en dehors. Mais c’est vrai que dans le milieu, là bas à VDA, c’est compliqué quoi, c’est une usine La chimio tu l’as faite là bas ? Oui Ca se passait pareillement, tu le faisais en ambulatoire ? Oui voila, je rentrai le matin et je sortais le soir Et donc, pendant les séances de chimio personne n’est venu te voir. Si par contre, elles oui, elles oui, les infirmières des chimio mais parce qu’elles avaient plus le temps, elles avaient le temps de te perfuser tu vois et du coup elles prenaient plus le temps…oui Et par rapport à tes enfants comment ça c’est passé ? On disait les choses, mais voilà, ça a été surtout les cheveux (pleurs) c’est dur, oui, voila. Tu vois on parle des enfants et voilà (pleurs) Ca va ? Tu préfère qu’on arrête ? Non c’est quand on parle des enfants, mais sinon ça va hein. Non ça va. Ca a été dur vis-à-vis de ça (en pleurant) Mais sinon, moi, moi, je vais bien. Maintenant, je me dis que grâce à ça… tu vois, oui tu vois les choses différemment (pause) oui ça a été difficile pour les enfants oui…. Je laisse passer un moment de silence. Et les IDE, le personnel soignant, ils t’ont orienté pour aider les enfants ? Non, non mais c’est moi qui n’en ai pas parlé Tu penses qu’ils auraient du venir te tendre « la perche » ? Bah, il n’y a pas de dialogue. Elles ne peuvent pas, elles n’ont pas le temps. Franchement à VDA c’est la….tu l’as vécu tu sais. Je ne suis pas aller à VDA, je suis allée à SR Ah t’es pas allée à VDA toi…Ben moi si tu veux je me disais… je voulais au départ aller à SR tu vois, et puis après on m’a dit « mais non c’est comme quand tu veux voir un carrossier, tu ne vas pas voir un mécanicien, tu vas voir un carrossier. Là ils sont spécialisé là dedans, enfin ils n’ont que…, ils ne font que ça toute la journée. Et c’est vrai que après, mais franchement je n’ai pas regretté, mais c’est vrai qu’il n’y a pas de dialogue. Non, heu, d’ailleurs quand j’ai fait la radiothérapie, je devais soi disant voir un médecin toutes les semaines…. Je ne l’ai pas vu. J’ai fait mes 30 séances et je partais. J’arrivais le matin, je partais, un quart d’heure après tu vois. Toutes les 30 séances je suis partie et même la dernière séance je suis partie et on m’a dit « où vous allez madame ? » ben j’ai dit « je m’en vais, je vais chez moi. » Ils m’ont dit mais vous n’avez pas vu le médecin. Et c’est là que j’ai su qu’en fait, il fallait voir un médecin toutes les semaines. Ah ben j’ai vu personne moi. Tu trouves qu’il n’y a pas assez de communication ? Ah non !! Ça non !!! Tu aurais aimé qu’il y ait plus…(Coupé) Eh oui. Parce que tu as envie quand même, c’est l’inconnu, tu veux savoir où tu vas. Alors je posais la question, quand même à droite, à gauche, aux gens qui y étaient passé. Mais les gens te parlent à demi mots, parce que c’est compliqué quand même quoi, c’est compliqué. Oui, et chacun le vit différemment. Voilà c’est compliqué, tu ne peux pas dire ton ressenti. Moi, maintenant tu vois, je me retrouve à faire pareil. Tu ne peux pas dire ton ressenti parce que les gens ils n’ont pas le même. Tu vois j’ai des clientes qui l’ont eu. Moi elles m’ont dit « moi c’est le sein. Ca a été terrible. » Pause. Moi ça a été les cheveux (pause) ouais c’est (silence…) La reconstruction s’est passée comment ? Ben je l’ai eu de suite, voilà. Je n’ai pas été traumatisé de me voir sans rien. Donc je n’ai pas…. Tu vois le sein, ça c’est intégré. Je me suis ... ben c’est ce qui va me sauver. (Regard vers ma poitrine) Pour moi c’est différent j’ai conservé mon sein, mais je comprends…. Et puis tu te dis sans les cheveux, sans le sein,…. Tu ne te reconnais plus quoi. Tu te dis qu’est ce que c’est, quoi. Non le regard de ton mari, et tout, de…. Les enfants c’est difficile. C’est ça qui a été le plus difficile, c’est le regard des autres. D’ailleurs ça m’a amené (silence) On s’est séparé Par rapport à la maladie ? Oui il n’a pas compris Tu crois que s’il avait pu parler avec les soignants ça l’aurait aidé ? Oui. Mais il faisait que dire « mais, non ça me fait pas, mais non » Mais si, rien que le regard qu’il posait sur moi, je le voyais bien et 2 ans après il m’a trompé (pleurs) Je laisse un silence puis « Ca va ? Si c’est trop dur… elle me coupe C’est les émotions Ca fait combien de temps ? (En pleurs) 5 ans, là ça fait 2ans et demi que je suis séparée. Là j’ai tout passé, tout passé en même temps quoi. Tu n’as pas le truc de te dire il ya au moins un truc de positif. Je suis désolée, je ne voulais pas te faire pleurer Mais non (rire et pleur en même temps), ce n’est pas grave. De toute façon ça me fait du bien, comme ça je relâche tu vois. C’est pour ça que je ne voulais pas qu’on se voit à la maison, devant mes enfants. Je comprends (En pleurs) Il y a 2 ans, tu m’en aurais parlé, je n’aurai pas réagi comme ça, mais… silence… une accumulation de tout, tu vois. (Ressaisissement) mais ça hein, ne t’inquiètes pas. Au contraire, ça me fait du bien, tu vois, je me lâche un peu. Je me retiens tellement que…. (Larmes au bord des yeux…) et sinon heu, ne t’inquiète pas (pause) Et maintenant tes bilans sont bons ! Tu n’as pas de problème ? Ça allait. Depuis 2 ans je ne suis pas allée, oui j’en ai marre, j’en ai marre de vivre ça Mais J il faut faire les surveillances quand même ! Oui, oui, je fais ma mammo quand même, mais je n’ai pas vu, c’est le professeur R, je ne l’ai pas vu depuis 2 ans Tu as vu ton gynéco ? Non depuis 2 ans je ne l’ai pas vu Ton médecin traitant ? Non j’avais envie de faire la coupure, tu vois. Je pouvais plus supporter ces médecins, ces atmosphères comme ça là. Ah, non !!! J’ai arrêté mon traitement un an avant, toute seule, parce que je sens que ça y est quoi, je suis guérie. Je n’ai plus envie de tout ça. Voilà, mais c’est bon, c’est des situations, tu vois, que tu vis dans la vie. Mais maintenant, je les prends moins au premier degré, tu vois. La, j’ai été émue parce que tu m’as parlé de mes enfants. Oui et te souvenir de tout ce qui c’est passer, je peux comprendre que ce soit difficile Voilà c’est ça. Mais grâce à ça j’en suis là, maintenant, tu vois, j’ai avancé, et là, mais j’en suis ravi, sinon je serai restée encore et j’aurai accepté tu vois (je comprends qu’elle me parle du courage qu’il lui a fallu pour quitter son mari) Je marque un silence elle semble dans ses pensées Tu n’aurais pas aimé pendant les soins que les soignants aillent plus vers toi ? Sans que tu les sollicites ? Silence elle semble y réfléchir. Si mais comme je le faisais à coté. Tu sais j’allais voir quelqu’un, un peu médecine parallèle. J’ai compris pourquoi j’avais ça, pourquoi je l’avais déclenché. Donc ça m’a fait avancer dans ma vie, tu sais. Donc j’ai préféré cette méthode que les psys, je n’arrive pas avec les psys. Elle est venue une fois dans ma chambre. J’ai commencé à parler sur un truc qui n’avait pas d’importance, tu vois et elle a commencé à dire « ah ? Pourquoi vous dites ça, » Elle c’est focalisée là-dessus, ça n’avait rien de, pour moi, ça n’avait rien d’important, j’avais envie de passer à autre chose. Oh et puis là elle m’a gonflée. Tu vois je n’ai pas adhéré. Oui des fois, tu aimerais que quelqu’un, un soignant, vienne te parler pendant les soins. Oui tout le monde trouve qu’on n’est pas assez informé, qu’on n’en parle pas assez. On dirait qu’ils ont peur de t’en parler, alors que c’est toi qui va le vivre. Mais au contraire attends (un peu en colère) Bon peut être qu’il y a des gens qui ne veulent pas savoir, c’est peut être compliqué pour eux aussi. Je ne sais pas pourquoi on n’arrive pas à se comprendre. Je ne sais pas, on ne t’explique rien. Les médecins te parlent à demi-mots. Tu n’as pas d’explications non plus par les soignants ? (L’air surprise, dépitée) Ah, non, non. Tu sais quand tu y vas c’est bref, tu passes du temps en salle d’attente, il parle dans son micro, et quand tu le vois après il y en a 40 derrière. Il dit ce qui se passe, ce qu’il voit. La chimio c’est pareil elle vient te brancher, t’as pas le temps de parler, et hop elle s’en va. C’est tellement bref tout ça. Tu as l’impression que tu es un numéro, et aller tu n’as pas le temps. Tu oses même pas toi les arrêter, parce que tu as peur de gêner quoi. Mais tu as vu comme c’est là bas ? C’est un village, il y en a qui viennent de partout. Mais tu as envie pourtant, mais ils ne sont pas assez. Je pense qu’ils ne sont pas assez, pour discuter, et puis, ils vivent ça au quotidien, donc ils ne se rendent plus compte. Tu trouves qu’il n’y a pas assez d’humanité (elle me coupe) Ben ils n’ont pas le temps de prendre le temps. Même en soins tu n’as pas le temps de parler. Personne n’a le temps là dedans. Moi je l’ai vécu toute seule, hein, franchement, il n’y a pas un moment où j’ai pu poser des questions. On est dans une société où personne,… où c’est chacun pour soi. Tu le vois bien, tu vis dans un immeuble et il y en a la moitié qui ne te parle pas. Comment tu veux dans un milieu hospitalier !!! Tu peux comprendre, tu sais, quand tu le vis au quotidien, qu’avec des malades, tu n’as plus envie. Tu les emmerdes les gens quand tu ne vas pas bien, alors quand tu travailles avec des gens, ben, des gens malades tu n’as plus envie. Je laisse un repos un silence, elle à l’air triste. Tu veux rajouter quelque chose ? Ca m’a fait du bien tu sais, j’espère que ça va t’aider et sinon tu me rappelles. Je te remercie et je te tiens au courant de comment se passe ma soutenance. Merci. Une semaine après notre entretien J. est hospitalisée pour des métastases cérébrales. IFCEES de Montpellier En partenariat avec Université de Provence- Aix- Marseille I Et Université Paul Valery/ Montpellier III Even Before Christ, Publius Syrius, a latin poet, was making a difference between pain and suffering. “Mind suffering weighs more than the pain of the body” Today we know that (psychological) suffering is one component of pain, and both act on each other. Indeed, an unsoothed pain yields to suffering, and when suffering is not taken care of, it makes its way in our body, through pain. Amongst all those painful pathologies, I have chosen to direct my research work towards cancer and more particularly on breast cancer at young women. Since 1998 and 2003 in France, Pain and Cancer plans aiming at improving people’s health and care have been defined and implemented by governments. The book III of the French Public Health Code related to nurse job (IDE) defines a framework of activities and skills allowing a holistic and efficient care of the patients. But are those learnings acquired during the initial cursus, enough to answer to patients’ expectations? What is the key to a holistic and efficient care of cancer pain? How have patients lived their care experience and what perception did they have from nurses during they treatment? This study, which relies on a scientific survey aims at answering those questions. The survey, made of interviews of breast-cancer patients has put into light a gap in the patient / care-giver relationship. This research work demonstrates that knowledge and skills related to Educational Sciences are key to take into account, follow-up, and improve patients quality of life. Keywords: pain, suffering, cancer, nurses, communication, get in relation, caring, phenomenology IFCEES de Montpellier En partenariat avec Université de Provence- Aix- Marseille I Et Université Paul Valery/ Montpellier III Résumé Déjà avant l’ère chrétienne Publius Syrius poète latin marquait la différence entre douleur et souffrance « La douleur de l’âme pèse plus que la souffrance du corps ». Aujourd’hui nous savons que la souffrance est une composante de la douleur, et elles ont la particularité d’agir l’une sur l’autre. En effet une douleur non calmée, engendre une souffrance, et lorsque la souffrance n’est pas prise en compte, elle s’exprime au travers de notre corps sous forme de douleur. Parmi toutes les pathologies douloureuses, j’ai choisi d’orienter ce travail de recherche sur le cancer, et plus précisément sur le cancer du sein chez la femme jeune. En France depuis 1998 et 2003, des Plans Douleur et Cancer visant à améliorer l’état de santé des populations et la prise en charge des malades, sont réfléchis et mis en place par les différent gouvernements. Le livre III du code de santé publique, relatif à la profession des infirmiers(IDE), définit les référentiels d’activité et de compétence, permettant une prise en charge globale et efficace des patients. Mais ces savoirs acquis en formation initiale sont-ils suffisants pour répondre à l’attente des patientes ? Quelle est la clé d’une prise en compte efficace et globale de la douleur cancéreuse ? Comment les patientes ont-elles vécu cette prise en charge, cet accompagnement, et quelle perception ont elles eue des infirmiers durant leur traitement ? Cette étude qui s’appuie sur une enquête scientifique, a pour but de répondre à ces questionnements. L’enquête, réalisée à partie d’entretiens auprès de patientes atteintes d’un cancer du sein, a permis de mettre en évidence le manque de relation entre soignant et soigné. Ce travail de recherche montre que les savoirs et compétences relatifs aux SDE, sont les clés pour accompagner, prendre en compte et améliorer la qualité de vie des malades. Mots clefs Douleur, souffrance, cancer, infirmiers, communication, accompagnement, Phénoménologie. 0 entrer en relation,