Appel à candidatures Session d’études doctorales L’Etat dans le monde musulman Hammamet (Tunisie), 18-22 mars 2013 Ouvert à 10 doctorants tunisiens pouvant s’exprimer en langue anglaise En partenariat entre le laboratoire DIRASET de la Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis et l’école doctorale de l’Université de Tunis, l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain à Tunis (IRMC), l’Institut d’études de l’Islam et des Sociétés du Monde Musulman (IISMM/EHESS, Paris), le Netherlands Inter University School for Islamic Studies (NISIS), la Faculté des lettres et sciences humaines de l’université de Sousse, le Centre Jacques Berque de Rabat et l’Institut de recherche pour le développement (IRD) Argumentaire Il est encore assez commun d’entendre que l’Islam traditionnel a ignoré l’Etat véritable – dont l’élaboration resterait donc l’exclusif privilège de l’Europe à partir de la fin du Moyen Age. Il est tout aussi courant d’assigner à toute mobilisation politique musulmane l’objectif prétendument univoque de création d’un Etat islamique. Qu’il s’agisse, dans le premier cas, du dernier avatar du ‘despotisme oriental’ identifié par les philosophes des Lumières ou, dans le second cas, de l’étonnant succès auprès des observateurs occidentaux, de l’antienne islamiste présentant l’islam comme « religion et Etat » (din wa dawla), ces conceptions essentialisées et déshistoricisées ne disent rien de la richesse de l’histoire politique du monde musulman. Pourtant, depuis la première communauté de Médine jusqu’aux hésitations institutionnelles des démocraties nées des printemps arabes, la variété et la complexité des expériences de gouvernement font de l’Etat en terre d’Islam un lieu d’interrogations et de comparaisons particulièrement fécond. C’est ce que veut proposer cette école doctorale au travers de trois grands thèmes. Le premier thème est celui des contours de l’Etat dans le monde musulman. Né dans une société tribale, l’islam a bien vite sacralisé, avec le Califat, la prétention universelle d’un gouvernement pourtant très tôt obligé de composer avec les pouvoirs locaux. Dominées ensuite par l’Etat colonial, la plupart des sociétés musulmanes lui doivent leur conversion tardive à l’Etat-nation européen qui leur offrit, à son corps défendant, le cadre de leur émancipation. Reprenant, à leur tour, le procédé européen du roman national constitutif de la communauté, ces Etats doivent encore aujourd’hui composer avec des identités régionales fortes et des solidarités plus larges (arabité, malayité,..) qui posent, comme ailleurs le problème général de l’Etat, de sa pertinence et de sa capacité à s’imposer dans un univers ‘mondialisé’. Le second thème proposé est celui des sources de la légitimité de l’Etat. Le pouvoir, dans le monde musulman, a longtemps résidé dans un équilibre subtil entre la force militaire du palais et la légitimité religieuse de la mosquée. Généralement préservé - au moins en apparence - par la colonisation, ce partage des rôles s’est vu déconsidéré lors des indépendances, favorisant l’émergence de nouvelles légitimités tant politiques que religieuses. Revendiquant une modernité occidentale débarrassée de ses aspects répressifs et parée des seules vertus du développement, les nouveaux régimes durent composer un délicat agencement entre légitimité démocratique, valeurs islamiques et aspirations sociales. Dès les années 1960 cependant, les échecs de ces premières expériences pavèrent la voie à des autoritarismes d’un nouveau genre, mêlant aspirations à l’ordre et exhortations musulmanes à la justice sociale. Ces confiscations oligarchiques du pouvoir par ou avec l’appui des militaires favorisèrent l’émergence d’un islamisme qui devint alors bien souvent la principale force d’alternance. Le troisième thème, enfin, s’intéressera aux aspects sociologiques et anthropologiques de cet Etat en terre d’Islam. Il étudiera en particulier l’histoire de ses personnels (souverains et politiciens, fonctionnaires et ingénieurs, mercenaires et militaires, etc.), leurs réseaux, leurs formations. Il s’attachera également aux rites de cet Etat, à ses symboles, à la manière par exemple dont les Etats-nations tardifs ont réécrit l’histoire des pouvoirs les ayant précédés. Il pourra enfin se pencher sur la manière dont ces Etats fonctionnent ou dysfonctionnent (équilibres politiques, succession, corruption,..) en interrogeant, par exemple, l’universalité des considérations de Ibn Khaldûn sur la nécessaire opposition entre bédouins et sédentaires. Responsables scientifiques : Gabriel Martinez-Gros, professeur à l’Université Paris X. Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman. [email protected] Léon Buskens. Chair for Law and Culture in Muslim Societies. Director Leiden University Centre for the Study of Islam and Society (LUCIS). Director Inter University School for Islamic Studies [email protected] Abdelhamid Hénia, professeur à l’Université de Tunis [email protected]; [email protected] Date : arrivée le 18 mars 2013, départ le 22 mars 2013 Lieu : Hammamet, Tunisie Disciplines : Anthropologie – Droit – Histoire – Islamologie - Littérature – Philosophie – Sciences Politiques – Sociologie - Géographie Déroulement de la session Des exposés magistraux seront prolongés par des séances de discussion, des ateliers de travail autour des recherches doctorales des étudiants qui participent à la session. Les débats et les interventions se dérouleront en anglais. La participation à cette école doctorale exige donc de pouvoir s’exprimer dans cette langue. Participants Cette session doctorale, organisée en collaboration étroite avec les universités néerlandaises et avec des partenaires tunisiens et marocains, réunira une quarantaine de doctorants européens et du monde musulman. Dix de ces doctorants seront sélectionnés à Tunis par l’IRMC. Procédure de sélection des doctorants Sélection par un jury sur la base d’une lettre de motivation adressée par les candidats (1 à 2 pages maximum), d’un CV, d’un résumé de la thèse (2 pages maximum) et d'une lettre de recommandation de leur directeur de thèse. Les candidats retenus s’engagent à assister à la totalité de la session. Leurs frais d’hébergement étant pris en charge, ils s’engagent également à respecter les dates de départ et de retour qu’implique la session. Date limite de réception des candidatures : 6 février 2013 A envoyer simultanément à l’IRMC : [email protected] et à l’Ecole doctorale Structures, Systèmes, Modèles et Pratiques en Lettres et Sciences Humaines et Sociales, université de Tunis : [email protected]