EPOPEE MENTONNAISE
800 kilomètres, 50 hectares de végétation, 5 jardins botaniques, des milliers de plantes … le week-
end du 9 au 11 juin 2006, quinze téméraires héraultais se sont engagés dans une véritable épopée
« verte » sur la côte d’azur .
Vendredi 9 juin, le temps est de circonstance, beau et chaud. Le rendez-vous matinal en terre
toulonnaise autour d’un petit-déjeuner dans l’ « étape hôtel » permet à la petite troupe de se regrouper.
Tout le monde est à l’heure ou presque (coucou STAN ! ) pour le départ vers le premier des jardins , le
RAYOL CANADEL .
Dès notre arrivée, une mauvaise surprise nous attend. La visite guidée pourtant bien réservée ne se fera
pas faute de guide. Il en faut plus pour démoraliser l’armada des sétois qui, après avoir négocié au
passage le prix de l’entrée, se lance à l’assaut du plus vaste des 5 jardins prévus au programmes : 20
hectares de végétation répartie sur 5 zones géographiques correspondant aux 5 zones de climat
méditerranéens présentes sur le globe : « bassin méditerranéen, Californie, Australie, Afrique du Sud,
Chili. Comme l’indique le jardin du RAYOL, « La biodiversité des régions méditerranéennes est
remarquable, seulement 2% de la surface de la planète contient 20% de la richesse spécifique espèces
endémiques. En France on y trouve les 3/5 de la flore hexagonale ».
A peine avons-nous accédé au jardin que nous tombons littéralement en admiration devant deux
vénérables spécimen de DRAGONIER des Canaries ( DRACAENA Draco) . Un employé du jardin
que nous questionnons à défaut de guide nous précise que le plus vieux des deux est âgé de 32 ans.
On peut donc en conclure que ces plantes, réputées frileuses, ont affronté avec sucés la vague de froid
des années 85-86-87 qui avait vu le thermomètre descendre sous les -10 dans une grande partie de la
région méditerranéenne ( -12 à Montpellier , -7 à Nice et Toulon ). Le Rayol Canadel jouit d’un
microclimat particulièrement favorable qui lui a certainement permis d’être une des zones les plus
protégées de la riviera. Malgré tout, cette expérience réussie devrait inciter les plus téméraires d’entre
nous à tenter la plantation d’un DRAGONIER. Nous verrons ultérieurement que les exemplaires du
RAYOL ne sont pas les plus anciens de la côte , loin s’en faut.
La visite continue et le regard des assaillants est attiré par des floraisons, des feuillages plus
inhabituels les uns que les autres. Ici une agavacée assez atypique (HESPEROALOE ), dont la
résistance au froid ( -10 / -15 ) et la magnifique floraison rouge brique incitent à la plantation , là une
collection de mimosas dont le spectaculaire mimosa couteau à feuilles si particulières (ACACIA
Cultriformis) et dont la floraison, bien que plus tardive, est aussi spectaculaire que nos mimosas
d’hiver : un autre candidat à la plantation languedocienne dont nous avions effectué des semis lors
d’un atelier et dont est issu le très bel exemplaire planté chez Jean-Pierre VACARISAS .
Le début du parcours nous permet de traverser la zone aride ou abondent les agaves, cactus et autres
plantes succulentes. Parmi les plus spectaculaires, des touffes remarquables d’AGAVE Attenuata qui
est hélas un des moins résistant au froid de la famille ( -1/-4 au grand maximum) . Les YUCCAS ne
sont pas en reste , en particulier les YUCCAS Rostrata d’une taille impressionnante lorsque l’on sait
qu’ils ne grandissent que d’un ou deux centimètres par an ! Tout aussi impressionnant et encore plus
rarissime, un vénérable spécimen australien de
XANTHORRHOEA pressii (« Black Boy »), résistant au
feu
d’Australie et qui ne prend qu’un mètre par siècle! On comprend qu’il soit si peu planté par les
pépiniéristes aux considérations de plus en plus mercantiles.
Tout le monde s’affère autour de spécimens spectaculaires, mais il faut avancer, voilà plus d’une heure
que nous sommes arrivés et nous n’avons pas parcouru le quart du jardin.
Nous ne pouvons passer sous silence les extraordinaires NOLINA Longifolia et Recurvata. Le
premier est bien moins courant que le second qui est souvent vendu comme plante d’intérieur (Pied
d’éléphant). Pourtant il est bien plus rustique puisque le NOLINA Récurvata ne résiste guère au-delà
de -4 /-6 et encore pour des plantes âgées et en condition de froid très sec, alors que le NOLINA
Longifolia peut affronter des températures de l’ordre de -10 . C’est la raison pour laquelle seule cette
espèce est représentée par de très vieux spécimens sur la côte, les grandes vagues de froid ayant
régulièrement éliminé les plus vieux NOLINA Recurvata.