1
Climate change and its impact
on tourism in the Alpine Space
IMPACTS DU CHANGEMENT
CLIMATIQUE SUR LE TOURISME ALPIN
Approche par sites pour le projet
Espace Alpin « ClimAlpTour »
Etude réalisée par
Christophe Chaix, MDP
pour l’Université de Savoie
Par Christophe Chaix 2
pour l’Université de Savoie
IMPACTS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LE TOURISME ALPIN
Approche par sites pour le projet Espace Alpin « ClimAlpTour »
Déterminer les impacts locaux du changement climatique sur le tourisme de montagne
est un exercice de prospective complexe qui demande d’analyser de multiples facteurs
à différentes échelles facteurs environnementaux, sociaux, économiques, etc. -, de
manière quantitative et qualitative. Nous sommes donc limités par les données
disponibles pour répondre à cet objectif. Nous proposerons toutefois une approche
destinée à offrir aux gestionnaires et acteurs de terrain des premiers éléments de
compréhension et d’analyse sur les impacts du changement climatique sur le tourisme
de montagne et en particulier le ski, et ce pour chaque site partenaire du projet
Climalptour.
L’étude repose sur l’analyse de trois thèmes importants :
- l’évolution du climat régional et ses impacts sur le milieu naturel,
- l’analyse des particularités climatiques du site,
- les impacts de ces changements sur la pratique de l’activité touristique en
fonction des particularités du site.
I. Préambule : les limites de l’étude
Les conditions météorologiques qui se succèdent au fil des années au-dessus d’un site
influencent les pratiques touristiques. Mais cet enchaînement d’états particuliers de
l’atmosphère, sur le long terme, détermine ce qu’on appelle le climat. Bien que stable
sur de longues riodes de temps, le climat lui-même évolue et se transforme sous
l’action de facteurs naturels et depuis peu anthropiques. Ce changement de climat peut
bouleverser les équilibres socio-économiques et environnementaux en place. Il convient
alors de s’intéresser aux modifications profondes que pourrait provoquer ce changement
et d’anticiper leur évolution dans le temps. Face à ces changements, certaines activités
touristiques deviennent vulnérables, d’autres peuvent se renforcer. Mais de quelles
façons, et pour quel site ?
Trois niveaux d’incertitudes se présentent face à cette problématique :
Le premier niveau d’incertitude se situe sur la représentativité des données
météorologiques pour caractériser le climat d’un site et son évolution passée et future.
Ce point est expliqué de manière plus complète en annexe (annexe 1).
Le deuxième niveau d’incertitude concerne la connaissance des caractéristiques
complètes d’un site : topographie, végétation, activités socio-économiques, histoire, etc.
Enfin un troisième niveau d’incertitude se situe sur la connaissance des particularités
des activités touristiques. La modification d’un paramètre climatique peut avoir des
effets différents pour une même activité, qui dépend du site et des pratiques en place.
L’approche doit donc être simplifiée pour obtenir des résultats dignes de nos moyens.
Par Christophe Chaix 3
pour l’Université de Savoie
Et justement, en climatologie appliquée, les méthodes sont choisies en fonction des
données disponibles et des buts poursuivis. L’objectif de cette étude sera donc
d’apporter des premières observations généralistes sur la vulnérabilité des activités
touristiques dans le cadre du changement climatique, tout en connaissant nos lacunes
sur les données climatiques in situ et les incertitudes associées. La connaissance du
terrain est un élément indispensable pour ce genre d’étude d’impact. Aucun modèle ne
pourrait généraliser de manière automatique les impacts du changement climatique sur
le tourisme montagnard sans cette connaissance. C’est pourquoi chaque site doit
s’emparer du problème en utilisant tout d’abord les résultats et les pistes mis à
disposition dans cette étude, pour ensuite approfondir la question avec des personnes
ressources qui connaissent le terrain et les enjeux et impacts du changement climatique
(universitaires, associations…).
Nous nous concentrerons donc pour la suite sur l’évolution climatique et les impacts
attendus sur certaines formes de tourisme ; puis nous nous focaliserons sur la pratique
du ski, seule activité fortement dépendante d’un paramètre physique quantifiable, la
neige, et d’un support, la topographie, représenté par les caractéristiques du domaine
skiable. En effet, pour les autres activités, le milieu naturel n’ayant pas eu forcément le
temps de répondre à ces changements, l’impact n’est pas forcément visible ou
mesurable.
II. L’évolution climatique
Afin de déterminer l’évolution du climat passé , il est indispensable de bénéficier de
séries climatiques de températures, de précipitations et de neige (entre autres) sur le
long terme. Les données téorologiques du projet Climalptour ne permettant pas de
retracer cette évolution, nous utiliserons des séries proches et complètes afin d’observer
les changements en cours.
a) L’évolution des températures, des précipitations et de l’enneigement dans les Alpes.
L’étude des séries climatiques alpines (données Histalp) a mis en évidence quatre
zones alpines pour lesquelles l’évolution des températures est pratiquement homogène
depuis 1850 (fig. 1 à 5).
Chaque partenaire peut situer son site touristique sur la carte (fig. 1) et se reporter à la
courbe de synthèse de l’évolution des températures (fig. 2 à 5). De manière générale,
les données météorologiques mesurées sur les sites (ou à proximité) et fournies par les
partenaires se calent assez bien sur les longues ries de températures présentées ci-
dessous. Mais les courtes riodes disponibles (souvent proches de dix ans) ne sont
pas assez longues pour obtenir des comparaisons significatives. Par défaut, et parce
que le réchauffement est global et assez uniforme dans l’espace alpin, on considère ces
séries comme représentatives.
Par Christophe Chaix 4
pour l’Université de Savoie
Tableau 1 : Augmentation des températures
suivant la période donnée (tendance
linéaire).
Source :
Données Histalp
http://www.zamg.ac.at/histalp
Le tableau 1 montre un réchauffement continu de la fin du 19
e
siècle jusque vers les
années 1980, de l’ordre de +0,75°C, mais qui s’accélère depuis. Sur la totalité de la
période, on atteint +1,71°C pour la zone NW contre +1,37°C pour la SE, mais cette
dernière rattrape son retard.
Au niveau des précipitations, il reste assez difficile de discerner une tendance
significative. Toutefois, comme on peut le voir sur la carte (fig. 6), le sud et l’est des
Alpes connaissent une baisse de la pluviométrie depuis les années 1960. Les données
Histalp vont dans ce sens avec une baisse visible dans le sud-est des Alpes.
Quant aux précipitations neigeuses, on peut se référer à la rie de données mesurées
au centre de la Suisse et dont la tendance peut s’appliquer à l’ensemble des Alpes,
puisque corrélée avec la brusque montée des températures des années 1980. La
mesure « quantité de précipitation neigeuse » ou « snow depth » suit aussi la même
tendance (fig. 7)
b) Perspective climatique sur les Alpes
Au niveau des Alpes, les modélisations du projet «Prudence» de l’Union Européenne
ont servi de base à une étude s’appuyant sur un scénario régional de température et de
précipitations calculé pour la Suisse.
Deux scénarios moyens d’émissions du GIEC (SRES A2 et B2), quatre modèles
climatiques globaux et huit modèles climatiques régionaux ont été combinés de
différentes manières afin de définir des scénarios pertinents à l’échelle de ce pays
(OCCC-Proclim).
Alors que les études portent en général sur de plus larges échelles, celle-ci s'attache à
définir des scénarios crédibles pour un environnement de montagne. Les sorties de
modèle sont régionalisées en deux zones, le nord et le sud des Alpes, et ce pour les
quatre saisons (fig. 8 et 9).
Pour affiner les résultats entre l’est et l’ouest des Alpes, certaines modélisations du
GIEC centrées sur l’Europe peuvent nous aider (fig. 10 et 11). Basées sur le scénario
A1B, dit de mixte énergétique, la modélisation simule le changement de températures
moyennes en Europe entre 1980/1999 et 2080/2099. On peut observer que :
- L’hiver se réchauffera plus à l’est des Alpes qu’à l’ouest de 0,5°C environ ;
Par Christophe Chaix 5
pour l’Université de Savoie
- L’été se réchauffera plus au sud des Alpes qu’au nord de 0,5 à 1°C environ ;
- Les précipitations hivernales baisseront plus fortement dans le sud et l’ouest des
Alpes.
III. Impacts du changement climatique sur les ressources naturelles
Les impacts possibles du changement climatique dans les Alpes sont :
- Augmentation de la température ;
- Modifications des régimes des pluies, avec des sécheresses plus affirmées en
été ;
- Diminution de la couverture neigeuse ;
- Modifications des régimes des cours d’eau avec plus d’assèchement en été ;
- Diminution de la ressource en eau ;
- Modification des pratiques agricoles, de la biodiversité et donc des paysages ;
- Augmentation des risques naturels : éboulements, chutes de séracs, crues.
Tous ces impacts peuvent de près ou de loin modifier la pratique d’une activité
touristique. Le ski ou le ski de fond dépendent de la couverture neigeuse. Les activités
nautiques comme le canyoning, des régimes des cours d’eau. La randonnée ou la
pratique du VTT seront plus vulnérables face aux risques naturels. Toutefois la montée
des températures peut aussi attirer plus de touristes en été qui essayeront de fuir les
fortes chaleurs en plaine. Tous ces impacts sont largement décrits dans la littérature
spécialisée.
IV. Vulnérabilité des activités touristiques dans un contexte de
changement climatique
Le ski de fond
Cette activité est pratiquée principalement en bas de versant, dans les fonds de vallée
ou dans les forêts. De ce fait le manteau neigeux est moins vulnérable au soleil. Les
techniques de tassage et de traçage des pistes sont aussi performantes. Par contre, les
altitudes des pistes sont souvent assez basses. Le plus à craindre est donc une
absence ou du moins un très faible enneigement lors d’une année particulière
empêchant la pratique. Toutefois, quelques chutes de neige suffisent à créer un
manteau neigeux suffisant et dans le cadre du réchauffement climatique, il n’est
évidemment pas prévu que les chutes de neige cessent, mais plutôt que la remontée de
la limite pluie-neige et la multiplication des redoux et des périodes chaudes en hiver
fragilisent fortement le manteau neigeux à basse et moyenne altitude.
Comme dans le cadre du ski de piste, les sites qui connaissent déjà des difficultés
d’enneigement et qui ne peuvent pas s’étendre en altitude deviendront de plus en plus
vulnérables pour la pratique du ski de fond.
1 / 19 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !