Excellences, Messieurs les parlementaires, Mesdames et messieurs les représentants de la communauté scientifique, Mesdames, Messieurs, Je suis très heureux que cette année, la cérémonie de remise des Grandes Médailles Albert Ier qui s’est déroulée ici-même hier après-midi puisse se prolonger de si belle façon par cette conférence co-organisée par The Pew Charitable Trusts et l’Institut océanographique. Cette Maison des Océans permet à l’océan d’avoir son ambassade à Paris et aux grands acteurs qui œuvrent pour sa gestion durable de se retrouver ici autour de projets, d’évènements, de personnalités importantes. Je salue notamment Daniel Pauly, qui s’est vu remettre hier la Grande Médaille Albert Ier 2016, mais aussi Gilles Bœuf, qui a reçu cette distinction en 2014. Je sais que d’autres sont présents dans l’assistance. Et nous tous participants, nous avons en commun d’être des partenaires de l’Institut océanographique et partenaires de Monaco et nous sommes tous ici des amis de l’Océan. La conférence aujourd’hui nous amènera de la science à l’action, de la connaissance aux solutions, en passant par la mobilisation de la société civile. C’est cette vision du Prince Albert Ier de la science éclairant la société et la guidant vers la paix et le progrès qui l’a conduit à fonder l’Institut océanographique. 110 ans après, ce défi reste très contemporain quand le populisme à travers le monde cherche à effacer les faits les plus solidement établis tels que le rôle de l’homme dans le changement climatique. Changement climatique dont les conséquences sur l’océan sont si importantes et peuvent contraindre des populations à l’exil et déstabiliser notre planète. Faire en sorte que la science éclaire l’action politique. S.A.S. le Prince Albert II y est comme vous le savez particulièrement sensible et mobilise sur ce point le Gouvernement princier, la Fondation Prince Albert II et l’Institut océanographique. Cette démarche a été par exemple au cœur de notre combat pour une gestion rationnelle et durable du thon rouge de Méditerranée. C’est aussi pour cela que Monaco a porté la demande d’un rapport spécial du GIEC sur les liens entre changement climatique et océan. Que la France soit remerciée d’avoir permis à l’océan d’entrer dans les discussions climatiques à l’occasion de la COP21, ainsi que la Plateforme Océan et Climat qui a mis les liens en lumière. Comme vous le savez, Monaco a contribué à faire émerger l’acidification des océans comme un sujet politique. Nous espérons que cela renforcera encore la détermination à réduire les émissions de dioxyde de carbone. Monaco vient d’ailleurs de proposer au Président de l’Assemblée Générale des Nations-Unies Sir Peter Thomson des Fidji, d’animer en juin prochain, lors de la conférence de suivi de l’objectif de développement durable 14 relatif aux océans, la séquence relative à ce domaine. A la fin de sa vie, voici un siècle, le Prince Albert Ier s’inquiétait des effets dévastateurs des nouveaux chalutiers à vapeur qui épuisaient les côtes européennes. Les travaux de Daniel Pauly nous montrent depuis clairement que la surpêche s’est depuis répandue à travers tout l’océan. Merci de nous éclairer sur la nécessité d’agir, maintenant que nous avons atteint les frontières de l’océan et dépassé les limites de la planète. Le cas du thon rouge que j’évoquais est symptomatique de la nécessité d’assurer le lien entre connaissance et décision. Depuis 2006, grâce à l’action de S.A.S. le Prince Albert II, une gestion vertueuse s’est mise en place. Nous espérons que le recensement des thons rouges qui sera effectué l’an prochain confirmera ce succès. Il bénéficiera tant à l’environnement marin qu’aux pêcheurs. La réunion de l’ICCAT qui s’est achevée lundi me laisse espérer que ce modèle s’appliquera à l’espadon, et conduira à moyen terme le retour à une pêche durable en Méditerranée. Car ce berceau de notre civilisation est paradoxalement très en retard en matière de gestion de l’environnement marin, alors même que cette mer subit une pression extraordinaire. Ce point sera au cœur de la prochaine édition de la Monaco Blue Initiative, le 3 avril 2017 à Monaco. Enfin, une bonne gestion des ressources marines est essentielle, mais doit s’accompagner d’une réduction des pollutions. Dans le prolongement de Beyond Plastic Med, plateforme lancée notamment par la Fondation Prince Albert II pour réduire l’accumulation de déchets plastiques, Monaco participera à la coalition internationale contre les sacs plastiques souhaitée par la France. S’agissant des solutions, nous savons à quel point les Aires Marines Protégées sont essentielles au développement d’une nouvelle approche de la protection de la mer, partie d’un projet concerté pour construire un développement économique et social autour et sur la préservation de l’environnement. Je me réjouis de la dynamique qui s’est mise en place à travers le monde. Le programme Global Ocean Legacy mené par Pew a été un aiguillon très appréciable. Je salue notamment la décision française d’étendre la réserve marine des terres Australes et Antarctiques Françaises. Je sais que nous y reviendrons. Non loin de là, Monaco a aussi soutenu la création de l’aire marine protégée de la Mer de Ross dans l’océan austral, à l’occasion de longues conversations entre S.A.S. le Prince et Vladimir Poutine. Et plus près d’ici, en Méditerranée à nouveau, Monaco, la France, la Tunisie, le Maroc et bien d’autres partenaires ont entrepris de créer un fonds de soutien pour la gestion durable des aires marines protégées de Méditerranée. Voilà un bel exemple de solidarité régionale qui permettra d’assurer que la protection décidée est bien effective. Il n’est plus de frontière, plus de mer infranchissable qui séparent les hommes. Nous sommes tous membres d’une seule communauté, dépendants d’une seule planète, partageant un même destin. L’océan, par son unité physique, par ses courants, par ses mouvements incessants, nous permet de comprendre cela. C’est le sens aussi de notre engagement d’aujourd’hui.