Notre soupe aux cailloux. Réseau québécois d’action pour la santé des femmes (RQASF)
Sur de nombreuses questions de santé, il existe des écoles de pensée divergentes. On nous oblige
souvent à choisir l’une ou l’autre, pourtant, leurs pratiques ont des avantages et des inconvénients.
Aux positions tranchées, aux discours qui alimentent la peur, nous préférons l’équilibre, la souplesse
et l’humilité. L’important n’est-il pas d’être à l’écoute de soi et de choisir ce qui nous convient le
mieux? Et rappelons-nous que tout savoir est temporaire, particulièrement le savoir scientifique.
Qu’est-ce que le cancer?
Le cancer est une maladie chronique qui peut être mortelle et qui apparait lorsque l’ADN* des cellules est
endommagé par des agents mutagènes*. Normalement, notre système immunitaire empêche le développement
du cancer en réparant l’ADN ou en tuant les cellules endommagées. La maladie apparait lorsque l’équilibre entre
des cellules cancéreuses « dormantes » dans l’organisme et ses défenses naturelles se rompt et lorsque le
terrain* est propice. Chaque personne possède un terrain, c’est-à dire une hérédité, un vécu et une hygiène de
vie, qui lui est propre. Cette notion de terrain rejoint celle de la médecine traditionnelle chinoise, qui voit le
cancer comme un déséquilibre fondamental, lorsque le Qi* (l’énergie) ne circule pas librement dans le corps.
Un cancer peut tuer en quelques semaines, mais il évolue généralement lentement au cours de cinq, quinze, voire
trente ans et davantage. La lenteur de ce développement nous donne la possibilité de prendre conscience de la
maladie et d’intervenir sur elle, afin d’en bloquer l’évolution ou de la ralentir.
Notez bien: Les tumeurs bénignes ne sont pas cancéreuses et ne se déplacent pas vers d’autres parties du corps. Les
tumeurs malignes sont cancéreuses et s’étendent vers d’autres organes (par la circulation sanguine ou la circulation
lymphatique*) où elles forment d’autres tumeurs que l’on nomme métastases.
Pourquoi les cas vont-il en augmentant? Selon le discours médical, l’augmentation des cancers serait due au
vieillissement. Pourtant, on remarque qu’il y a plus de cancers dans toutes les tranches d’âge, y compris chez les
enfantsb, et même chez les animaux. Selon une autre hypothèse assez largement admise, l’augmentation serait
attribuable également à l’amélioration des techniques de dépistage. Nous ne nions pas cette explication,
toutefois, la hausse de l’incidence des cancers a été observée à partir des années 1960, bien avant l’amélioration
des techniques de dépistage. Une troisième cause a trait au mode de vie occidental sédentaire, associé à l’obésité
et à la malbouffe. Bien qu’il soit essentiel de tenir compte des habitudes de vie, celles-ci ne peuvent expliquer à
elles seules l’augmentation des cancers. Des personnes de poids santé, actives et qui s’alimentent bien, et
d’autres, qui ne présentent pas de facteurs de risquec« reconnus », peuvent développer un cancer. Tout cela
parait bien compliqué. Et si on posait la question autrement?
Selon une approche globale et féministe de la santé, le cancer est une maladie complexe, liée à notre civilisation
industrielle, dont les causes ne sont pas individuelles mais multifactorielles, sociales et collectives. Plutôt que
d’analyser en priorité les facteurs génétiques de la maladie et de culpabiliser les personnes pour leurs mauvaises
3.4 Problèmes de santé
3.4.3 Fiche Les cancers du sein
et de organes reproducteurs
P.2
bA. Fauteux rapporte des statistiques du National Cancer Institute (Maryland) selon lesquelles, aux États-Unis, le taux de cancer infantile a bondi de 26 % de 1975 à
2002, passant de 11,5 cas à 14,6 cas par 100 000 enfants. Ce taux est plus bas que celui du Québec, la province qui, depuis au moins 25 ans, détient le triste record
canadien du taux de cancer le plus élevé chez les moins de 15 ans. Selon l’Agence fédérale de santé publique de Santé Canada, de 2000 à 2004, le taux a été de 16,5 cas
par 100 000 enfants au Québec, soit 206 cas et 31 décès en moyenne par année (« Record canadien de cancers infantiles au Québec », La Maison du 21ième siècle,
2008). Dans Guérir du cancer ou s’en protéger, D. Belpomme, membre de l’Association française pour la recherche thérapeutique anticancéreuse (ARTAC), constate les
mêmes augmentations pour l’Europe.
CNous trouvons critiquable l’importance accordée à cette notion car c’est une autre manière (en apparence scientifique) de pointer les comportements individuels au
détriment des causes sociales et politiques.