Etude exploratoire du coût socio-économique de la pollution de l’air intérieur Atelier OQAI 23 juin 2014 Anses / P. Kopp / CSTB-OQAI Etude du coût social de la pollution de l’air intérieur • Contexte : aucune étude économique au niveau national sur la pollution de l’air intérieur mise en place d’une Convention Recherche Développement • Réalisation : partenariat : Anses – OQAI – Pr. économie Paris I • Présentations : CES Air – GT SHS – CS OQAI 2 Principes de l’analyse du coût socio-économique (1/2) • • • • Principe Mesure de l’impact de la pollution de l’air intérieur sur le bien-être collectif i.e. mesure des ressources dont la société se prive du fait de cette pollution Si cette pollution n’existait pas alors la société pourrait réallouer à d’autres usages plus utiles les ressources qu’elle consacre à soigner, traiter, encadrer cette pollution. Méthodologie bien établie, Guidelines 2001 (Single et al.,2001) Étude d’un phénomène Impact sanitaire via des tables de mortalité/ morbidité attribuables au phénomène étudié Sachant le coût rattaché à un cas morbide ou un décès, le calcul de coût est réalisable Absence de tables de mortalité et morbidité attribuable à l’air intérieur : • données d’exposition • relations dose-réponses • données sanitaires (impact déjà calculé) •… 3 Principes de l’analyse du coût socio-économique (2/2) Étude de coût social L’impact sur le bien-être de la variation du solde des finances publiques Le coût externe Décès prématurés Perte de qualité de vie Pertes de production Prise en charge des soins Hypothèses • • • • • • • • • Etude d’incidence portant sur 2005 Facteurs de production employés à saturation Pathologie et causes multiples Pas dépenses privées Essentiellement coûts tangibles Taux d’actualisation =4% Coût marginal des fonds publics : 1,2 Mesure de la valeur de la valeur de la vie humaine : Quinet, 2013. Mesure du coût des pathologies Inca, 2007 Recherche/ prévention Pensions de retraites Coût marginal des fonds publics Objectif • Etude du coût socio-économique de la pollution de l’air intérieur propose une méthode exploratoire visant à chiffrer les conséquences qu’une partie des polluants de l’air intérieur engendre pour la santé de la population et pour l’économie, en France sans faire de distinction entre les différents types d’environnement intérieur pour une année • Année de référence : 2004 en raison de la disponibilité des données de la campagne nationale logements (OQAI) Choix des polluants Polluant de l’air intérieur : • tout polluant présent dans l’air des environnements clos indépendamment de sa source, endogène à cet environnement et ses occupants, ou bien extérieure • Liste prioritaire des polluants issue de la hiérarchisation OQAI et expertise valeurs guides de qualité d’air intérieur (VGAI) de l’Anses Disponibilité des données : • d’exposition de la population dans des échantillons de logements représentatifs du parc français d’une part (données de l’OQAI), • existence d’une relation dose-réponse pour les polluants présentant un mode d’action sans seuil de dose ou de données de santé publiées d’autre part, en lien avec les expertises sur les VGAI de l’Anses • • Six polluants retenus : benzène, radon, trichloréthylène, monoxyde de carbone, particules et tabagisme passif. Absence de polluants communément présents dans les environnements intérieurs et jugés d’intérêt sanitaire – – – Formaldéhyde, acroléine ou autres polluants : absence de relations doses réponses publiées pour des effets avec un mode d’action à seuil de dose Amiante: absence de données représentatives dans les environnements intérieurs Les moisissures, NOx, autres COV ou COSV, etc. 6 Evaluation de l’impact sanitaire (1/2) • Adaptation de la méthode d’évaluation de l’impact sanitaire au vu des données disponibles >> calcul du nombre de cas (mortalité et morbidité) • Benzène, trichloréthylène : Evaluation de l’excès de risques collectif pour la santé (ERC) – principes de l’évaluation quantitative des risques sanitaires. – l’ERI a été multiplié par le nombre d’individus en France issu du recensement INSEE pour l’année 2004, afin d’estimer un nombre de cas de décès associés à une leucémie aigue pour le benzène et à un cancer du rein pour le trichloroéthylène • Particules (fraction PM2.5) : Evaluation de l’impact sanitaire – calcul d’impact sanitaire réalisé pour les particules (fraction PM2.5) en s’appuyant sur les risques relatifs (RR) issus des études épidémiologiques portant sur les risques liés à la pollution particulaire de l’air ambiant (population âgée de 30 ans et plus) • Radon, tabagisme passif, monoxyde de carbone: évaluation de l’impact sanitaire à partir des données françaises disponibles d’incidence Evaluation de l’impact sanitaire (2/2) Polluants Conséquences sanitaires Benzène Leucémie Pope et al., 2000 Trichloréthylène Cancer du rein Radon Cancer du poumon Nombre de décès par exposition Aérosol particulaire Cancer du poumon Maladies cardiovasculaires Rapport général à la BPCO pathologie : Mortalité morbidité/mortalité CO Fumée de tabac environnementale Infarctus AVC BPCO Cancer du poumon Déduction nombre de cas morbides 8 Exemple : radon (1/4) Mortalité par cancer du poumon attribuable à une exposition domestique au radon en France métropolitaine • Année 2007 (publication Catelinois et al.) Hypothèse extrapolation temporelle des résultats • Variation entre 1234 [593-2156 /90%] et 2913 [2763-3221/90 %]….choix de la moyenne arithmétique à 2074 Hypothèse d’une seule valeur moyenne sans prise en compte de l’incertitude Morbidité par cancer du poumon attribuable à une exposition domestique au radon en France métropolitaine • Ratio entre les données générales de mortalité/morbidité pour le cancer du poumon appliqué à la mortalité attribuable à une exposition domestiques au radon • Incidence de 2388 cas Hypothèse par défaut sans prise en compte des mécanismes d’induction, de développement et de sensibilité des populations Durée de survie, perte de qualité de vie ainsi que les années de vie perdues • Données InCA sur le cancer du poumon Exemple : radon (2/4) Estimation de l’impact sanitaire Mortalité: Cancer du poumon Catelinois et al 2007 Morbidité: Cancer du poumon ? N = 2 074 N = 2 388 Exemple : radon (3/4) • Coût des décès prématurés : – Mortalité = 2 074 – 11 années de vie perdues – Valeur d’une année de vie = 115 000€ – Taux d’actualisation : 4% • Coût de la perte de qualité de vie : – Incidence = 2 388 – 1,5 année de survie – Valeur d’une année de vie = 115 000€ – Taux d’actualisation : 4% – Pondération cancer du poumon: 75% • Pertes de production (Données InCA 2007) : – Mortalité = 2 074 – 135 836€ / cancer du poumon 2 074 x 135 836 Exemple : radon (4/4) • Prise en charge des soins (Données InCA 2007) : – Incidence = 2 388 – 25 536 €/ cancer du poumon 2 388 x 25 536 • Retraites : – Mortalité = 2074 décès – Retraite moyenne 2005 : 13 000€ / an – Âge de la retraite : 60 ans – Espérance de vie max : 80 ans – Années de vie perdues : 11 ans – Population active du secteur public: 21% • Recherche : estimation globale de 11 millions d’€ pour l’ensemble des polluants Exemple : particules (1/4) • Calcul d’impact sanitaire réalisé pour les PM2.5 en s’appuyant sur les risques relatifs (RR) moyens issus des études épidémiologiques sur les risques liés à la pollution de l’air ambiant (méthode Aphekom) Hypothèse forte d’une analogie entre les effets associés à l’aérosol particulaire urbain et celui de l’air intérieur • Données d’exposition: différentiel, entre la médiane et le p5 de la distribution des concentrations, issu de la campagne logements en considérant uniquement les habitats non fumeurs (distinction avec la fumée de tabac environnementale) Hypothèse d’une extrapolation des logements à tous les environnements intérieurs et sur le choix du p5 comme environnement considéré comme niveau de base • Impact calculé pour la population âgée de plus de 30 ans pour la mortalité toutes causes, de cause cardiovasculaire (CV) et cancer du poumon Hypothèse forte pour la suite de l’exercice : mortalité toutes causes – [mortalité de cause CV + par cancer du poumon] = mortalité de cause respiratoire (BPCO) • Morbidité, durée de survie, perte de qualité de vie ainsi que les années de vie perdues Hypothèses analogues à celles présentées pour le radon et dépendantes de la source d’information Exemple : particules (2/4) Estimation de l’impact sanitaire Mortalité: RR: mortalité toutes causes (1) RR: mortalité cardiovasculaire (2) RR : mortalité cancer du poumon (3) (1) – (2) –(3) = mortalité respiratoire = BPCO Morbidité: Cardiovasculaires Cancer du poumon BPCO ? Mortalité CV : 10 006 Mortalité Cancer du poumon : 2074 BPCO : 4 156 N = 10 390 Exemple : particules (3/4) Illustration des calculs uniquement pour les pathologies respiratoires (BPCO) • Coût des décès prématurés par BPCO : – mortalité = 4 156 – 1 année de vie perdue – Valeur d’une année de vie = 115 000€ – Taux d’actualisation : 4% • Coût de la perte de qualité de vie : – Incidence = 10 390 – 12 années de survie – Valeur d’une année de vie = 115 000€ – Taux d’actualisation : 4% – Pondération BPCO: 28% • Pertes de production BPCO = 25% pertes de production du cancer du poumon Exemple : particules (4/4) • Prise en charge des soins: – Incidence = 10 390 – 4 000 €/ an (Données InCA 2007) 4 000 x 10 390 • Recherche: estimation globale de 11 millions d’€ pour l’ensemble des polluants • Retraites – Mortalité = 4 156 décès – Retraite moyenne 2005 : 13 000€ / an – Âge de la retraite : 60 ans – Espérance de vie max : 80 ans – Années de vie perdues : 1 ans – Population active du secteur public: 21% Résultats économiques de l’étude (exprimés en millions d’€) Benzène Trichloréthylène Radon CO Tabagisme passif Particules Total Coût externe Coût mortalité -437 -26 -2 089 -237 -5 760 -322 -8 871 Coût qualité vie -369 -7 -309 0 -7 350 -837 -8 872 Coût production -36 -2 -282 -72 -1 102 -85 -1 579 Total coût externe -842 -35 -2680 -309 -14 212 -1 244 -19322 Finances publiques Coût des soins -18 -4 -61 -3 -236 -37 -360 / / / / / / -11 Retraites non versées 10,2 0,61 49 4 136,5 8 +209 Total finances publiques. -7.8 -3,4 -12 0.9 -99,5 -29 -161.3 Effet FP sur BE -9.4 -4 -14,4 1,1 -119,4 -35 -194 Variation de BE -851 -39 -2694 -308 -14 331 -1 279 -19 526 Coût recherche 17 Points de discussion (1/2) • Méthode d’estimation de l’impact sanitaire (principes de l’EQRS et calcul d’impact sanitaire) – Autres approches dans la littérature • Sélection des polluants – Disponibilité des données (mesure, relations doses réponses, etc.) – Pas d’inclusion des aldéhydes, NOx, autres COV et COSV…pour des raisons méthodologiques et disponibilité des données • Pas de prise en compte des co-expositions • Un seul ou quelques effets étudiés pour chaque polluant et effet(s) associé(s) à une exposition à long terme • Calculs réalisés pour une année (année de référence 2004) – Hypothèse d’extrapolation des données d’une autre année, exposition continue aux mêmes niveaux de contamination les années précédentes, etc. • Calculs d’exposition > concentration médiane dans les logements et extrapolation à tous les environnements intérieurs (écoles, ERP, etc.) • Calcul du ratio morbidité/mortalité – manque de précision, pas de prise en compte de la nature du polluant • Points de discussion sur les impacts sanitaires pour chaque polluant Points de discussion (2/2) • Actualisation de la valeur tutélaire d’une année de vie perdue – Non spécifique pollution de l’air intérieur • Méthode d’estimation – Autres méthodes dans la littérature • Hypothèses pour les différents coûts unitaires – Estimation équipe projet et ETP, pensions de retraite, etc. • Hypothèses fortes en l’absence de données – Monétarisation prise en charge des soins engendrés par une intoxication au CO, pertes de production engendrées par les maladies CV causées par une exposition à l’aérosol particulaire, etc. – Spatialité des expositions et non prise en compte de la variabilité du statut socio économique Conclusions • Faisabilité et développement d’une méthode d’estimation du coût socioéconomique de la pollution de l’air intérieur / malgré des hypothèses et incertitudes fortes • Résultats illustratifs et non définitifs / ordres de grandeur • Les coûts associés à l’aérosol particulaire représentant une part prépondérante des coûts globaux • Difficulté de comparer ces résultats avec les autres études (différence méthodologique, statut et nombre de la population, prise en compte des polluants et pathologies, etc.) • Il n’est pas possible de sommer l’impact sanitaire et donc les coûts avec l’air extérieur Perspectives (1/2) 1. 2. Réaliser un comparatif approfondi : Au niveau de la méthode et des résultats avec des études internationales portant sur le même sujet Avec d’autres coûts relevant de choix de vie (tabagisme, alcool), mais également de risques subis (insécurité routière…) Apporter des améliorations méthodologiques au sein de l’étude : Adopter une approche probabiliste tenant compte de la variabilité et de l’incertitude des données en couplant cette démarche avec une analyse de sensibilité afin d’estimer l’influence de tous les paramètres sanitaires et économiques dans le calcul de cout socio économique Initier une réflexion consacrée aux effets avec un mode d’action à seuil de dose dans une perspective d’évaluation du coût externe ; et au delà d’établir des relations dose réponse pour tous les effets avec un mode d’action avec ou sans seuil de dose pour une substance en vue d’étendre à tous les polluants Perspectives (2/2) 3. Afin d’apporter des indications de gestion Tester la faisabilité d’une approche fondée sur les sources des polluants (produits d’ameublement, produits d’entretien, activités de cuisson, etc.) Poursuivre en élargissant le développement non seulement aux coûts mais également aux bénéfices socio-économiques des politiques publiques