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LE DÉPISTAGE ORGANISÉ DU CANCER COLORECTAL EN FRANCE.
SYSTÈME DE SOINS ET LOGIQUES PROFESSIONNELLES
scientifique, leurs propres logiques
(intérêts personnels à effectuer ce tra-
vail) et des logiques collectives (inté-
rêts du groupe professionnel auquel
l’acteur appartient).
Cet article se propose, après avoir
retracé brièvement le contexte épidé-
miologique du cancer colorectal et
l’historique du dépistage de ce can-
cer en France, d’identifier les méca-
nismes par lesquels le système de
soins détermine les modalités d’orga-
nisation des dépistages de masse de
cancers. En particulier, il tente d’iden-
tifier les spécificités actuelles du sys-
tème de soins français qui limitent les
chances de succès des actions de
dépistage de masse des cancers.
Contexte épidémiologique
Le cancer colorectal est le cancer
le plus fréquent dans les pays indus-
trialisés pour les deux sexes réunis
[7, 27, 40, 46]. En France, plus de
25 000 nouveaux cas sont diagnosti-
qués chaque année [18]. Son pronos-
tic est mauvais et ne s’est guère
amélioré depuis 20 ans malgré l’amé-
lioration des techniques endosco-
piques et des traitements [45, 49, 53].
Les statistiques de population esti-
ment la survie actuarielle à 5 ans
entre 30 et 40 % [19, 47, 49]. En
termes d’incidence, de prévalence et
de mortalité, le cancer colorectal est
un problème de Santé Publique en
France. Pour tenter de diminuer la
mortalité et/ou la morbidité liées au
cancer colorectal, il faut agir avant
que le cancer ne soit symptomatique
et empêcher son évolution ou dépis-
ter les cancers précoces et/ou les
lésions précancéreuses dans la popu-
lation générale.
En effet, l’histoire naturelle de ce
cancer laisse penser que la préven-
tion primaire ou secondaire (dépis-
tage) pourraient faire baisser sa mor-
talité et morbidité [3, 6, 16, 48, 51,
52]. La variabilité d’incidence du can-
cer colorectal dans le temps et l’es-
pace, suggère que le mode de vie et
les facteurs environnementaux sont
les facteurs causaux du cancer colo-
rectal. Parmi ces facteurs, l’alimen-
tation est particulièrement mise en
avant. Cependant, jusqu’à ce jour
aucune mesure de prévention primai-
re ne semble avoir donné la preuve
de son efficacité [5, 32]. Il existe un
stade de développement limité et
précoce où le cancer colorectal peut
être guéri, et son développement est
assez lent. De plus, il est habituelle-
ment précédé par un adénome (poly-
pe de type histologique adénoma-
teux) dont la détection et l’exérèse
permettent de prévenir l’apparition du
cancer [19]. Le cancer colorectal
réunit donc les conditions justifiant un
dépistage organisé : incidence forte,
pronostic médiocre, temps de latence
présymptomatique le plus souvent
important, traitement efficace au stade
précoce de la maladie, précédé par
une lésion précancéreuse dans 95 %
des cas. Plusieurs tests de dépistage
ont été ou sont encore à l’étude : tou-
cher rectal, coloscopie, rectosigmoï-
doscopie, recherche de sang dans les
selles, association de recherche de
sang dans les selles et rectosigmoï-
doscopie [27]. Parmi tous ces tests,
la recherche de saignement occulte
dans les selles est celui qui réunit, a
priori, la meilleure faisabilité, la plus
grande acceptabilité et le moindre
coût. Il permet de réaliser une pre-
mière sélection sur une partie de
la population, et ensuite, lorsque le
test est positif, d’effectuer un examen
complémentaire (coloscopie le plus
souvent, lavement baryté à défaut)
pour découvrir l’existence d’une tu-
meur colorectale bénigne ou maligne.
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