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1.Education
L'auteur a reçu une éducation islamique de sa famille et de son entourage, où elle a été
initiée à l'école coranique avant d'être formée à l'école occidentale. Cette initiation constitua un
temps fort dans sa vie. Dès la première page du roman, elle évoque ses souvenirs de l'école
coranique qui sont restés gravés dans sa mémoire " Nous, nous avons usé pagnes et sandales sur
le chemin caillouteux de l'école coranique"2. Son éducation reflète une fidèle image de la
tradition musulmane qui convie hommes et femmes à l'apprentissage du Coran. C'est ce qui, de
tout temps, permit aux femmes de jouer un rôle important dans le développement social et
culturel de la cité, depuis l’époque des compagnons du Prophète :
Umar Ibn Al-Hattäb s'était fait aider lors de son Halïfa d'une femme parmi les
"muhäjirät" ou immigrées quraysit qu'il a nommée contrôleur dans le marché de
Médine. Il s'agit de Chifa Bint Abdalläh qui contrôlait les prix et prononçait des
jugements en cas de litiges concernant les transactions. Au 2ème siècle de l'hégire,
correspondant au 8ème de l'ère chrétienne, le mouvement scientifique islamique a
commencé à se développer. Les femmes commencèrent à fréquenter les cercles des
causeurs, des théologiens et des savants en religion avant de devenir des savantes et
animatrices de cercles, certaines ont connu la célébrité dans les différents pays
musulmans. L'une de ces célèbres femmes savantes était la servante de la mère du
Calife Al Moqtadir, appelée Thomal. Elle s'est assise en 302 de l'hégire pour juger une
affaire opposant deux (2) individus, en se faisant entourer des juges et des savants. Il y
avait des divergences de vue entre les savants de l'Islam au sujet de l'exercice des
fonctions de juge par une femme. L'Imam Attabarî, l'un des plus éminents exégètes du
Coran à son époque, a admis qu'une femme peut être juge3
Outre la justice, les femmes musulmanes ont en tout temps exercé des fonctions dans
tous les domaines de la vie sociale: enseignement, finance, médecine et même armée au besoin, à
côté des hommes. Au Sénégal par contre, l'apprentissage des sciences islamiques est un domaine
exclusivement réservé aux hommes, sauf dans des cas extrêmement rares, où quelques rares
2 Mariama Bâ : Un si longue lettre, Dakar : Nouvelles Editions Africaines, 1998, p. 7.
3 Shwqi Dayf : L’universalité de l’Islam, l’Organisation islamique pour l’Education, Les Sciences et la culture
(USESCO) 1980, pp 72-73.
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