LES PREMIÈRES DÉCOUVERTES
Depuis que l'homme a contemplé la voûte céleste, il a remarqué que certaines étoiles étaient très
rapprochées : Mizar et Alcor signalées par Al Sufi au x
explicitement comme double (c'est la première fois donc que ce terme apparaît) au IIème siècle. Toutes
les deux sont séparées par une douzaine
de minutes. Il fallu attendre ensuite l'invention de la lunette pour
instrument sur Mizar en 1651 (encore elle) et la découvre double (10,45" de
Puis ce furent le tour de θ Ori (Huygens),
Ari (Hooke), α Cen (R.P. Richaud), γ Vir
(Bradley) dans la décennie qui suivit, découvertes plus ou moi
Nul doute que ces premiers observateurs considéraient de tels rapprochements comme
exceptionnels, dus à la perspective, rapprochements que l'on désigne maintenant sous le vocable de
couples optiques. Statistiquement, ces situations peuvent se
présenter. On en connaît actuellement
quelques centaines (environ 1 % des couples catalogués). Mais si l'on avait été capable à cette époque
d'effectuer des calculs statistiques, on aurait sans doute pu imaginer une explication : celle fournie par
tion de deux visionnaires, J.H. Lambert (1761) et John Mitchell (1767), pour qui ces
chements d'étoiles ne pouvaient être le fait que d'une liaison gravitationnelle. Quelques
tard, en 1777, l'Allemand Christian Mayer se lance dans une rech
erche systématique à l'aide de son quart
de cercle (l'équivalent d'une lunette de 6 cm d'aujourd'hui), pressentant fort justement l'existence d'un
type d'objets particuliers.
En fait, la véritable notion moderne d'étoile double est à mettre à l'actif de W.
par hasard d'ailleurs, comme beaucoup de grandes découvertes. Cherchant à déterminer les parallaxes
d'étoiles, il mesurait la position d'étoiles brillantes (supposées proches) par rapport à leurs voisines
moins lumineuses (supposées
lointaines donc quasiment fixes). Ces mesures comportaient un angle de
position dont le mouvement diurne fournissait l'origine et un
micromètre à fils de soie de sa fabrication
. Observant Castor, γ Leo, ε Boo, ζ Her, γ Vir avec ses fameux
télescopes de 50 cm à 130 cm d'ouverture, il arrive à la conclusion, en 1803, que ces étoiles sont liées
par leur attraction mutuelle. Ainsi, d'une simple curiosité, ces objets deviennent un él
nouvelle cosmologie qui se met en place. Mais sans doute avait
il fallu que Newton soit passé par là,
puisque Herschel décrit justement l'orbite elliptique de cinq couples étudiés : en particulier pour Castor,
il détermine une période (durée po
ur qu'une étoile fasse une révolution autour de l'autre) de 342 ans (les
calculs actuels donnent plutôt 500 ans). C'est le point de départ d'une nouvelle branche de l'astronomie.
II manquait un appareil pour ces mesures délicates. Il avait été imaginé par
le Français Auzout dès 1666.
Grâce aux progrès de la technologie, il servira aux successeurs de W. Herschel : ce sera le micromètre à
John, fils de William Herschel, commença dès 1816, en compagnie de South, une prospecti
ciel, austral surtout, cataloguant 2 195 couples à l'aide des télescopes de son père. Dans le même temps,
F.G.W. Struve, grâce au premier réfracteur moderne (objectif de 24 cm à deux lentilles, sur une monture
équatoriale munie d'un bon entraînement
installé à Dorpat), entreprend le même travail pour le ciel
boréal et publie en 1837 l'oeuvre de base de l'astronomie des étoiles doubles. Dans « Stellarum
duplicium et multiplicium mensurae micrometricae », W. Struve expose ses méthodes de travail :
ection systématique, utilisation du micromètre à fil, détail des mesures effectuées entre 1824 et
1836, méthodes qui se sont codifiées ensuite. II catalogue 3 134 objets entre 90 et
constituant ainsi la base des ouvrages ultérieurs.
ur le terrain ainsi déblayé, s'installèrent alors de nombreux observateurs, amateurs pour la
: Mädler, Smyth, Dawes (l'oeil d'aigle !), Dembowski. Ce dernier, à Naples, avec des lunettes de
13 à 18 cm, enregistra 21 000 observations. Il ne faut pas
oublier non plus le propre fils de Struve, Otto
(affaire des amateurs, les doubles sont aussi des affaires de famille) qui, avec une puissante lunette, pour
l'époque, de 38 cm, installée à Poulkovo, découvre 514 couples pour la plupart assez serrés, entre
Parallèlement, J. Savary en 1827 sur UMa, et J. Herschel un peu plus tard, mettent au point la
méthode mathématique permettant de déterminer les orbites des binaires observées (étoiles liées
gravitationnellement). Les calculs d'orbite fixent
les valeurs des caractéristiques orbitales : période,
forme de l'ellipse et position de son plan dans le ciel.