267 logements ont été réquisi-
tionnés et occupés par l’enva-
hisseur, uniquement à
Charleville, de mai 1940 à sep-
tembre 19441.
Dès le début de l’occupation
(été 1940), les Allemands
investissent un bureau réquisi-
tionné chez Michel Ponce,
garagiste, avenue d’Arches à
Mézières2et 3.
[1] La OrtsKommandantur
(la Kommandantur locale),
puis la Kreiskommandantur
704 (la Kommandantur canto-
nale), est sise route Nationale
(Av. de Gaulle aujourd’hui). En
1941, le docteur Marinhaus
dirige la Kreiskommandantur.
Progressivement, de janvier
41 à mars 42, la FeldKom-
mandantur (Kommandantur de
campagne) supplante la
KreisKommandantur. La
Feldkommandantur s’installe,
quant à elle, au Point-Central.
L’immeuble bourgeois, de style
«Art Déco», sera ensuite occu-
pé par des services de la
Gestapo. En effet, au prin-
temps 1944, Yvonne Dauby-
Godard, résistante, alors insti-
tutrice et secrétaire de mairie à
Houldizy, est convoquée et
interrogée par des agents de la
Gestapo dans un bureau à
gauche du hall d’entrée de ce
bel immeuble de la route
Nationale à Charleville, dans le
cadre d’un vol de tickets d’ali-
mentation à Houldizy par le
chef F.T.P. Georges Matagne
pour le maquis de Launois4.
[2] La Feldkommandantur
684 s’installe à l’angle du
Boulevard Gambetta et du
Cours Aristide-Briand. En
1942, le Feldkommandant est
le colonel von Stünzer ; puis ce
sera en février 43, le Dr Olt par
intérim ; en février-mars 1943,
le colonel Grabowski ; puis le
lieutenant-colonel Wilhelmi,
par intérim. Grabowski est
assisté dans sa chasse aux
résistants par le président du
Conseil de Guerre allemand
Jopp, un individu francophobe
et violent. Toutefois, le poste
de commissaire du Conseil de
Guerre (l’équivalent du
Ministère Public) est assuré
par un homme correct et res-
pectueux de la dignité humai-
ne, avocat à Lunebourg, près
de Hambourg ; à Charleville,
ce dernier résidait au 1er étage
du 47, cours A.-Briand. Une
interprète Alice Frey, d’origine
alsacienne, donne des infor-
mations précieuses notam-
ment à Maître Marceau Vignon
pour aider la Résistance.
L’inspecteur Berger, inspecteur
de la main-d’oeuvre française
en Allemagne, représente sou-
vent, en 1942, la Feldkom-
mandantur lors des manifesta-
tions officielles franco-alle-
mandes, tels les départs d’ou-
vriers engagés dans le cadre
de la Relève, ou bien, les
retours de prisonniers libérés.
En 1942, le capitaine Paechter
(ou Vaechter) délivre des per-
mis de circulation.
[3] Le Sicherheitsdienst
(service de sécurité) s’installe
aux 14, 24, 26 et 32 rue de
Tivoli. Les services de la
Sécurité du Reich
(Reichsicherheitshauptamt -
R.S.H.A.) rassemblent 7
départements : le service du
personnel (AMT I), le service
juridique, économique et admi-
nistratif (AMT II), le service de
renseignement intérieur ou
SD-intérieur (AMT III), la poli-
ce secrète d’Etat ou Gestapo
(AMT IV), la police criminelle
ou Kripo (AMT V), le service
de renseignement à l’étranger
ou SD-extérieur (AMT VI), les
recherches idéologiques (AMT
VII). Gestapo et Kripo consti-
tuent la S.I.P.O.. La police
régulière en uniforme (Orpo)
n’est pas intégrée au R.S.H.A..
La Gestapo de Charleville
(Aussenkommendo) dépend
du K.D.S. (Kommandos Der
Sipo Und SD) de Saint-
Quentin5. Par ailleurs, les ser-
vices de renseignement militai-
re - Abwehr - jouent aussi un
rôle important dans la répres-
sion de la Résistance. A partir
du 15 mai 1942, la Feldkom-
mandantur de Charleville,
comme les autres en France
occupée, doit collaborer le
KDS de Saint-Quentin. Les
membres de la Gestapo de
Charleville sont : Georges
Röder, obersturmführer6,
Robert Glowalla, Unter-
sturmführer, Auguste Frantz,
Scharführer, Harry Sunhold,
Unterscharführer, Willy
Krauss, Unterscharführer, Karl
Kell, Unterscharführer, Karl
Bartosch, Unterscharführer,
Max Last, Unterscharführer,
Walther Rosenkranz, Haupt-
scharführer, Erich Bruch,
Hauptscharführer, Hesse,
Unterscharführer, Gustave
Pepler, Unterscharführer, Fritz
Hombrecher, Rottenführer,
Henrich Muller, Haupt-
scharführer, Fritz Kiesewetter,
Unterscharführer, Thome,
Unterscharführer7. Un de ses
interprètes est Kugener. La
Gestapo allemande fait, en
outre, appel à des agents fran-
çais, on se souvient notam-
ment de la collaboration d’an-
ciens joueurs de football du
F.C.O. de Charleville, avant-
guerre : Myrka, Armand Feicht,
Bieber. Les Allemands utilisent
aussi les services d’un traître
belge Charles Roemen, envi-
ron 37 ans, qui se fait passer
pour un résistant sous le pseu-
donyme «Charles-Antoine», il
travaille en binôme avec
«Pierrot», un autre agent de la
Gestapo, âgé d’une vingtaine
d’années. Le fils d’un adjoint
au maire de Charleville L.
devient lui aussi un agent de la
Gestapo. Le concierge du
théâtre municipal D. est insti-
tué par les Allemands «com-
missaire de police». L’agent de
la Gestapo Schröder, véri-
table brute, torture, frappe,
humilie lors des interroga-
toires. Ceux-ci, avec leurs lots
de supplices, se déroulent au
siège de la feue Loge maçon-
nique, 32 rue de Tivoli. Le
grand résistant Georges
Poirier décède à la suite d’im-
mondes tortures, on n’a jamais
retrouvé son corps...
La Feldgendarmerie assiste
souvent les agents en civil de
la Gestapo. Elle enquête, per-
quisitionne, arrête... Des offi-
ciers de la Feldgendarmerie
sont logés sur place boulevard
Gambetta à Charleville.
L’avocat talentueux de la
Résistance, Marceau Vignon8,
réussira à extraire bien des
combattants de l’ombre des
griffes de l’occupant et à leur
éviter la déportation ou le pelo-
ton d’exécution, à l’instar de
Lucien Ligier, ancien directeur
d’école à Brienne-sur-Aisne,
capitaine F.F.I. du secteur de
Rethel, détenu du 23 août au 9
[5]
La Wirtschaftsoberleitung III
(W.O.L. III),
direction régionale de mise en
culture de la société de coloni-
sation agraire Ostland9, se
situe au Château Renaudin à
Bélair, 18, rue Duvivier dans
l’immeuble de M. Despas
réquisitionné, 50, rue Voltaire.
Il existe à Charleville des ser-
vices d’intendance des forces
d’occupation, tels :
La Heeresunterkunftsverwaltung
(H.U.V. 110), régie du loge-
ment des troupes d’occupa-
tion.
novembre 1943 et de Roger
Mathieu de Charleville.
[4] L’Office de Placement
allemand
pour le S.T.O., est sis au 17,
avenue Jean-Jaurès à l’angle
de la rue du Musée, dans un
ancien salon de coiffure. Le
S.T.O. est mis en place par la
loi «Laval» du 16 février 1943.
Le chef allemand de ce servi-
ce, trop timoré dans sa tâche
aux yeux de ses chefs, sera
exécuté, son corps est retrou-
vé au cimetière de Mézières. Il
y a aussi des bureaux de pla-
cement à Sedan (1, rue
Gambetta), Revin (32, avenue
Danton), et Givet (10, rue
Gambetta).
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Pour plus de sécurité, les Allemands concentrent leurs services à Charleville
Le Ersatzteil-Lager, dépôt de
pièce de rechange.
Le Nachschubstaffel, relais
de ravitaillement.
[6] La Bahnhofshauptquartier
fait face au square de la gare
(Bel immeuble à l’angle des
actuelles avenues Leclerc et
Corneau). Charles Dufourny,
chef du P.C. S.N.C.F. de
Charleville et Pol Roynette,
contrôleur au services Voies et
Bâtiments de la S.N.C.F., mal-
gré la surveillance du
Reichbahnrat, réussissent à
détourner, ralentir, bloquer des
T.C.O. (transports militaires
allemands). Ils sont arrêtés,
avec d’autres camarades, le
12 avril 1944, et interrogés par
la Gestapo10.
[7] Les Foyers du Soldat :
«pour le repos du militaire»,
l’occupant aménage des
espaces de détente, tels :
Le Soldatenheim I, dans
l’Hôtel du Nord réquisitionné, 6
place de la Gare.
Le Soldatenheim II, Hôtel du
Lion d’Argent, 18-20, rue
Thiers.
Le Soldatenheim III, Hôtel
Bayard, place de l’Hôtel de
Ville à Mézières.
Le Soldatenheim, à l’angle de
la rue Voltaire près de la librai-
rie-papeterie Bouche.
Le Soldatenheim, du café
L’Excelsior, avenue d’Arches.
[8] Le Soldaten-kino,
le cinéma Le Palace réquisi-
tionné, Cours Aristide-Briand.
[9] Le Kasino
du Mont-Olympe.
[10] La Front-büchhandlüng,
la librairie de propagande alle-
mande, est installée au 45,
Cours Aristide-Briand, un local
occupé avant guerre par un
commerce de lingerie tenu par
une famille juive. A la
Libération, le journal de la
Résistance L’Ardenne
Nouvelle occupera ce com-
merce (jusqu’en juillet 1946).
Des troupes allemandes sont
stationnées :
A la Merbion-Kaserne, au
faubourg de Pierre à Mézières
[11] Au Lycée Madame-de-
Sévigné à Charleville.
1 : Un résistant de grande
envergure : maître Marceau Vignon,
le défenseur des combattants de
l’ombre.
2 : La Bahnofshauptquartier
3 : L’Office de Placement allemand
pour le S.T.O..
4 : La Librairie de propagande alle-
mande
5 : Yvonne Dauby-Godard fut interro-
gée par la Gestapo dans cet
immeuble de l’actuelle avenue de
Gaulle
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