Fethullah Gülen : un pont entre islam et Occident
Richard Penaskovic
Résumé
Depuis le 11 septembre, le monde occidental a été saisi par la peur de ce que les musulmans
vont maintenant faire. Pratiquement aucun journaliste ne parle d’islam modéré ou libéral, bien
que de nombreux musulmans se rattachent globalement à cette catégorie. Le présent papier
traite de la pensée de M. Fethullah Gülen et avance l’idée que Gülen peut être un pont permet-
tant une meilleure compréhension entre islam et Occident, grâce à ses positions sur la paix, la
tolérance et le dialogue interreligieux et à sa vision optimiste des relations futures entre les
deux blocs précités. Je fonde mon argumentation sur cinq thèses :
Thèse 1 : nous vivons dans un monde global. Gülen affirme que nous vivons dans un
monde globalisé, totalement différent de ce qu’il était par le passé. Ce qui se produit dans un
endroit du monde est instantanément connu partout dans le monde, grâce à internet et au télé-
phone cellulaire. La technologie a contracté le monde.
Thèse 2 : islam et Occident se sont brouillés. La brouille entre islam et Occident a commen-
cé avec les Croisades, suivies par l’invasion du monde musulman par les Mongols, remarque
Gülen. La civilisation occidentale s’est fondée sur les sciences physiques et a malheureuse-
ment succombé au matérialisme, son talon d’Achille.
Thèse 3 : le dialogue, et en particulier le dialogue interreligieux, est crucial. Gülen consi-
dère le dialogue comme un compromis entre deux parties ou plus, qui suppose respect, honnê-
teté et amour altruiste. Dans le dialogue, on doit s’imposer d’être intègre tout en rencontrant
l’autre comme un véritable autre qui n’est ni faussement semblable, ni trop différent. Pour que
le dialogue interreligieux réussisse, il faut oublier les blessures passées, ignorer les polé-
miques et se concentrer sur les points communs aux partenaires en dialogue.
Thèse 4 : l’amour peut tout vaincre. Gülen parle avec éloquence de l’amour, qui est pour lui
la force la plus puissante, la lumière la plus radieuse et le lien qui unit les êtres humains les
uns aux autres.
Thèse 5 : l’avenir semble prometteur. Gülen n’envisage pas de choc des civilisations entre
islam et Occident. En se concentrant sur le dialogue, la tolérance, la paix et l’amour, l’avenir
de la relation entre islam et Occident incite plutôt à l’optimisme.
Introduction
Depuis le 11 septembre, le monde occidental a été saisi par la peur de ce que les musulmans
vont maintenant faire. Pratiquement aucun journaliste ne parle d’islam modéré ou libéral, bien
que de nombreux musulmans sur la planète se rattachent globalement à cette catégorie. Le
présent papier traite de la pensée de M. Fethullah Gülen. J’y avance l’idée que Gülen peut être
un pont permettant une meilleure compréhension entre islam et Occident, grâce à ses posi-
tions sur la paix, la tolérance et le dialogue interreligieux et à sa vision optimiste des relations
futures entre les deux blocs précités. Je fonde mon argumentation sur cinq thèses, qu’on peut,
grâce à une lecture attentive, extraire de ses nombreux écrits.
Thèse 1 : nous vivons dans un monde global
Gülen prétend que nous vivons dans un monde globalisé, totalement différent de ce qu’il était
par le passé. Ce qui se produit dans un endroit du monde est instantanément connu partout
dans le monde, grâce à internet et au téléphone cellulaire. La technologie a contracté le monde
(Ameli, 2004, p. 324). Ceux qui pensent que tout changement radical dans un pays particulier
sera déterminé par ce seul pays en seront quitte pour un réveil brutal. Nous existons dans un
monde totalement interdépendant, un village mondial (Stiglitz, 2002, p. 9 ; Kellner, 2007, p.
54). Les événements du 11 septembre montrent que le monde est devenu un lieu unique. Les
attaques contre les États-Unis ont bouleversé le monde, sur une grande échelle. Par exemple,
dans les deux heures qui ont suivi les attaques terroristes sur les tours du Trade Center,
presque 80 % des Suédois étaient au courant. En effet, en Suède, aussi bien la radio que la
télévision nationales ont modifié leurs programmes pour couvrir l’événement (Larsson, 2005,
p. 34).
Gülen remarque que le monde connaît aujourd’hui une quantité de problèmes qui ne peuvent
être résolus que par de nombreux pays travaillant ensemble. Parmi ces problèmes, on peut
citer par exemple le réchauffement de la planète, la réglementation de l’espace, la surpêche
dans les mers et les océans, la pollution de l’eau et la solution au problème du terrorisme in-
ternational (voir Gülen, 2000a, p. 240). Gülen réussit à mettre le doigt sur un phénomène que
les intellectuels et d’autres considèrent comme de plus en plus important, à savoir la mondia-
lisation. Comme le mot « spiritualité », la mondialisation est un concept mal défini, un terme
générique. Mondialisation signifie des choses différentes dans des cultures et des régions dif-
férentes.
L’Occident voit souvent la mondialisation en termes uniquement économiques, comme la
circulation libre et sans entraves des capitaux, des biens, du travail et des services à travers les
frontières. Autrement dit, la mondialisation renvoie à une intégration des technologies, des
pays et des marchés à un niveau inconnu jusque là. Pourtant, au Proche-Orient et en Afrique
du Nord (région MENA – Middle East and North Africa), la mondialisation a pris un sens
différent. Elle y est perçue essentiellement en termes idéologiques, et donc combattue comme
nouvelle arme de l’impérialisme, même si certains, comme le roi Abdallah de Jordanie, ont
une vision positive de la mondialisation. Dans la région MENA, nombreux sont les gens qui
voient dans la mondialisation une menace pour leur indépendance culturelle, économique et
politique, malgré le fait que cette région reste globalement l’une des moins mondialisées dans
le monde (Looney, 2007, p. 342).
Gülen réfléchit la mondialisation en termes plus larges que seulement économiques et idéolo-
giques. Pour lui, la mondialisation est un terme plus global. Il parle de la connectivité et
l’interdépendance dans tous les domaines de la vie : culture, écologie, économie, politique,
religion, social, technologie. Gülen serait satisfait si l’on disait que la mondialisation est le
processus par lequel le mode de vie quotidienne s’est uniformisé à travers le monde.
Comment, selon Gülen, le monde est-il devenu un village mondial ? Gülen explique la mon-
dialisation par des avancées dans les domaines de la communication, de la science et de la
technologie (Gülen, 2004b, p.230). Il fait remarquer que, grâce aux progrès de la technologie,
plus précisément de la technologie électronique, à la fois l’acquisition et l’échange des infor-
mations se développent progressivement. L’internet constitue un exemple de la mondialisa-
tion. Grâce à internet, les gens du monde entier peuvent entre en relation. En même temps,
pourtant, ceux qui ne possèdent pas d’ordinateur sont laissés dans l’obscurité et ignorés. Des
régions entières sont parfois coupées du monde, par exemple dans cette partie de l’Amérique
du Sud arrosée par le fleuve Amazone, et inaccessible par la route.
Gülen a rencontré l’idée de mondialisation en réfléchissant à la nature de l’univers. Pour lui,
l’univers est clairement et indéniablement un tout indivisible. Tout être, à chaque niveau, est
indissociable des autres êtres. La physique quantique montre cette unité ou cette entièreté in-
tacte de l’univers, qui intègre aussi les êtres humains (Gülen, 2000b, p. 4). Puisqu’il existe
une interdépendance de tous les êtres humains dans l’univers, ce qui fait exister une fleur doit
être responsable d’un arbre, remarque Gülen. Et ce qui fait exister un arbre doit être respon-
sable d’une forêt. Un tel lien étroit, une telle interconnexion, signifient que tous les êtres dans
l’univers s’entraident.
Gülen trouve absolument fascinant l’ordre, l’organisation et l’harmonie du monde. Il ne pense
pas que cet ordre et cette harmonie viennent de la matière ou se produisent par hasard. Selon
lui, tout ce qui arrive dans l’univers se produit plutôt en respectant certaines lois.
L’événement le plus insignifiant ne peut se produire sans qu’intervienne dans l’équation Celui
qui possède une connaissance parfaite de l’univers et qui possède une puissance absolue. Ce-
lui-là est Dieu, le Créateur. Gülen prétend que Dieu se révèle lui-même dans le livre de la
nature qui, adressé à toute l’humanité, permet de connaître son Auteur (Gülen, 2000b, p.13).
Thèse 2 : islam et Occident se sont brouillés
Il faut, quand on parle de l’islam et de l’Occident, faire quelques distinctions importantes. En
premier lieu, il faut distinguer l’islam, qui est une religion, de l’islamisme, qui est une idéolo-
gie politique. Cette distinction est implicite dans les écrits de Gülen, par exemple dans son
essai intitulé De vrais musulman ne peuvent pas être terroristes (Gülen, 2002b, p. 95-98). En
tant que religion, l’islam met fortement l’accent sur la paix, l’amour et la tolérance. Pour
Gülen, l’amour est le liant de l’existence. Il remarque que Muhammad, homme affectueux,
était appelé « Habibullah », qui vient du mot habib, qui signifie « celui qui aime Dieu et est
aimé de Dieu ». Gülen rapporte plusieurs récits (hadith) du Prophète Muhammad qui démon-
trent qu’il n’y a pas de place pour la haine en islam ni dans le monde multicolore de son am-
bassadeur Muhammad, le Prophète, que son nom soit béni. Pour Gülen, tout le Coran repose
sur la tolérance et le pardon (Gülen, 2002b, p. 99).
L’islamisme, bien que drapé dans un imaginaire religieux et formulé dans une langue eschato-
logique, a plus en commun avec les idéologies laïques de la terreur qu’avec la religion isla-
mique. Par exemple, de même que l’armée républicaine irlandaise (IRA) ne peut en aucune
façon être assimilée à l’Église catholique romaine, de même l’islamisme, en tant qu’idéologie,
ne peut être pensé dans le même souffle que la religion islamique (Desai, 2007, p. 59-87).
Un des aphorismes favoris de Gülen est le suivant : « Dans le véritable islam, le terrorisme
n’existe pas. » Dans la religion islamique, nul ne peut être un plastiqueur suicidaire, pas
même en temps de guerre. La religion islamique interdit une telle barbarie. Tuer une autre
personne équivaut, selon la religion islamique, au qufr ou à l’athéisme. Un vrai musulman ne
peut pas dire : « Je vais tuer quelqu’un pour aller au paradis. » Comment quelqu’un peut-il
être approuvé par Dieu alors qu’il ôte une précieuse vie humaine ? C’est, dans la religion
islamique, purement et simplement impossible (Gülen, 2004b, p.185).
En second lieu, quand Gülen parle d’islam, pense-t-il à l’islam coutumier caractérisé par une
combinaison de pratiques locales et de pratiques partagées par la plupart des musulmans au-
tour de la planète, désireux de se soumettre à la volonté d’Allah, telle que révélée dans le Co-
ran, ou pense-t-il à l’islam revivaliste ? Il faut cependant remarquer que cette tradition coutu-
mière n’est pas uniforme puisque chaque région du monde islamique a produit sa propre ver-
sion des pratiques coutumières. Par exemple, la tradition au Maroc comporte le culte des
saints dont certains musulmans prétendent qu’il n’a aucun fondement coranique. Gülen pense-
t-il à l’islam revivaliste, l’alternative la plus courante à l’islam coutumier ? La tradition revi-
valiste, qu’on appelle aussi fondamentalisme ou wahhabisme, s’opposent aux déviations et
aux pratiques locales. Elle défend au contraire une insistance renouvelée sur la langue arabe
comme langue de la révélation, sur le caractère illicite des institutions politiques locales
(puisqu’elles usurpent l’autorité d’Allah), la remise en vigueur des pratiques des premiers
temps de l’islam et, enfin, l’autorité de revivalistes comme Muhammad ibn ‘Abd al-Wahhab
comme seul interprète qualifié de l’islam. Je prétends que Gûlen parle de l’islam dans la pre-
mière de ces interprétations, celle d’un islam coutumier (Kurzman, 1998, p. 6).
Je voudrais aussi faire remarquer que Gülen pense que l’islam est devenu un mode de vie ou
une culture pour certains musulmans qui n’adhèrent pas à l’islam en tant que religion. Ces
musulmans ont restructuré l’islam conformément à leurs propres idées. Gülen résume ses sen-
timents à ce sujet en affirmant qu’il n’existe pas de monde islamique. Que veut-il dire ? Que
certains musulmans vivent l’islam à leur convenance si bien que c’est plus une culture mu-
sulmane qui domine qu’une culture islamique (Gülen, 2004b, p. 186).
Si le terme d’islam peut poser problème, il en est de même du terme d’Occident, qui a aussi
ses ambigüités. D’abord, le terme d’Occident peut être appréhendé géographiquement. En ce
sens, il se réfère à des pays où la majorité des habitants sont chrétiens et où prospèrent des
systèmes politiques pluralistes et des économies de marché libres. Historiquement, cet en-
semble comprend le Canada et les États-Unis, l’Europe à l’ouest de l’ancienne Allemagne de
l’Est, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et peut-être Israël (bien que la ma-
jorité des Israéliens soient juifs et non chrétiens).
Cependant, on peut aujourd’hui affirmer que les frontières géographiques du passé qui défi-
nissaient l’Occident ne tiennent plus et sont devenues poreuses. Après la fin de la guerre
froide, l’Occident a intégré la Russie, les élites urbanisées et possédantes d’Amérique latine,
et un Japon capitaliste et démocratique, de même que Taïwan et les riches états pétroliers du
Golfe, comme Dubaï (Abramsky, 2007, p. 88).
Ensuite, le terme d’Occident peut être pris au sens culturel comme cette partie du monde qui
partage un héritage judéo-chrétien, ou comme synonyme d’humanisme laïc et d’esprit des
Lumières. La question se ramène donc à ceci : le terme d’Occident se réfère-t-il à un état
d’esprit ou à un territoire ? Il est indubitable que, lorsqu’il aborde cette question, Gülen com-
prend l’Occident essentiellement en termes culturels et religieux. Pour lui, la civilisation occi-
dentale s’est fondée sur les sciences dures, comme la physique et les mathématiques. Selon
lui, un gigantesque conflit s’est installé entre les sciences dures et la religion, conflit qui
n’était pas nécessaire. Gülen pense que l’Occident a succombé au matérialisme et à la laïcité.
Sur ce point, Gülen s’aligne sur la pensée identique d’autres penseurs musulmans, par
exemple Sayyid Qutb (Ayoub, 2007, p.49).
L’Orient a au contraire mis l’accent sur les valeurs morales, religieuses et spirituelles, tout en
envoyant promener, en même temps, les sciences dures et la technologie. Gülen remarque que
la brouille entre islam et Occident a commencé avec les Croisades, suivie par l’invasion du
monde musulman par les Mongols (Gülen, 2002b, p. 27). Les Croisades furent cruciales pour
installer le modèle d’une longue histoire de méfiance et de conflit entre islam et Occident
(Lewis, 2004, p. 47). Bien que Jésus enseigne, dans les Évangiles, l’amour du voisin, les croi-
sés n’avaient apparemment jamais appris le sens de l’amour du voisin.
Les Croisades ont éveillé chez les musulmans une méfiance à entrer en dialogue avec les
chrétiens, mais de nombreux autres facteurs ont joué leur rôle. Ainsi, Gülen signale que, au
XXe siècle, les chrétiens ont tué plus de musulmans que les musulmans ont tué de chrétiens
au long de l’histoire (Gülen, 2002b, p. 33). Les attaques portées par les Européens ont fait
s’effondrer l’Empire ottoman, et le portrait qu’a dressé le christianisme d’un islam version
schématique et déformée du judaïsme et du christianisme contrarie de nombreux musulmans,
jusqu’à aujourd’hui. Dans l’espoir de construire un meilleur avenir, Gülen insiste sur le dia-
logue interreligieux, crucial selon lui pour surmonter le conflit historique entre islam et Occi-
dent. Gülen dit en effet : « Que commence la cicatrisation. » Tournons-nous maintenant vers
l’extrême importance de cette question du dialogue.
Thèse 3 : le dialogue, et en particulier le dialogue interreligieux, est crucial
Malgré la tension et les conflits entre musulmans et chrétiens depuis environ quatorze siècles,
Gülen présente le dialogue interreligieux comme une nécessité. À travers ses écrits, Gülen
insiste sur le fait que, pour que le dialogue interreligieux réussisse, nous devons oublier le
passé, ignorer les polémiques et nous concentrer sur les points que les deux religions ont en
commun (Gülen, 2002b, p. 34). Il remarque que toutes les religions révélées sont fondées sur
la paix, la sécurité et l’harmonie du monde. De même que Jésus appelait à « tendre l’autre
joue », Gülen nous exhorte à rendre le bien pour le mal et à ignorer les comportements dis-
courtois (Gülen, 2000a, p. 192).
Les musulmans doivent-ils s’engager dans le dialogue avec les juifs et les chrétiens ? En se
fondant sur le Coran, Gülen répond par un « oui » retentissant. Au début du Coran, en 2 : 2-4,
les gens sont invités à accepter les prophètes précédents, à la fois des Écritures juives et du
Nouveau Testament et de leurs livres. Gülen interprète ce passage comme un message impor-
tant pour établir un dialogue avec les juifs et les chrétiens. En 29 : 46, il nous est prescrit de
ne pas nous disputer avec les gens du Livre, sauf en utilisant des moyens meilleurs que la con-
troverse. Le Coran nous fournit une méthode établissant comment mener le dialogue avec les
juifs et les chrétiens. À partir de sa lecture du Coran, Gülen pense que la tolérance doit non
seulement s’appliquer aux juifs et aux chrétiens mais s’étendre à tous les peuples (Gülen,
2000a, p. 260).
Je voudrais aussi indiquer que Gülen prétend qu’il y a en théorie autant de raisons pour les
musulmans et les juifs de se rapprocher pour dialoguer qu’il y en a pour les juifs et les chré-
tiens d’ouvrir le dialogue. Il n’y a eu de la part des musulmans aucune discrimination vis-à-
vis des juifs, aucune négation de leurs droits humains fondamentaux, et ni shoah ni holo-
causte. Gülen remarque que les juifs ont été les bienvenus en période difficile. Par exemple,
l’Empire ottoman a accueilli les juifs après leur expulsion d’Espagne (Gülen, 2002b, p. 33).
Gülen parle toujours de dialogue en relation à la tolérance, au pardon, à l’amour et à
l’ouverture du cœur à chacun. Il fait une distinction importante entre les questions fondamen-
tales pour l’islam et celles qui sont secondaires. Le dialogue, la tolérance, l’amour, le pardon
et l’ouverture du cœur à tout sont des aspects fondamentaux en islam. (Gülen, 2004b, p.71).
Dans le dialogue avec les autres, Gülen affirme que les partenaires en dialogue doivent regar-
der ce qu’ils ont en commun plutôt que de se focaliser sur les différences. Il précise que les
questions qui nous séparent doivent être absolument évitées.
Gülen appelle le dialogue et la tolérance les deux roses des collines d’émeraude. Qu’est-ce
que Gülen entend exactement par dialogue ? Gülen comprend le dialogue comme une ren-
contre entre deux individus ou plus afin de discuter de questions particulières. Quel est le ré-
sultat du dialogue ? Il contribue à créer des liens solides entre les partenaires en dialogue.
C’est pour Gülen une activité qui prend pour axe la personne humaine. Dans le dialogue, ceux
qui discutent partagent leurs idées et leurs sentiments. La connaissance seule ne suffit pas.
Dans le dialogue, ils ouvrent aux autres leur esprit et leur cœur d’une manière compatissante
et aimante. Le dialogue n’est pas un objectif qu’on atteint seul. C’est seulement avec l’aide de
Dieu, dit Gülen, que nous pouvons nous concentrer sur les questions de dialogue et de tolé-
rance (Gülen, 2004b, p. 55).
Quel est le but et le propos du dialogue ? Est-il de terrasser son partenaire de dialogue en
usant de procédés de logique et d’intuition supérieurs ? Pas du tout, répond Gülen. Le dia-
logue existe pour que la vérité émerge plus clairement du dialogue. On n’entre pas en dia-
logue pour l’emporter sur son partenaire de dialogue ni pour satisfaire son ego. Le but est au
contraire que de la conversation émerge la vérité. Dans le dialogue avec les autres, en particu-
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