(Ameli, 2004, p. 324). Ceux qui pensent que tout changement radical dans un pays particulier
sera déterminé par ce seul pays en seront quitte pour un réveil brutal. Nous existons dans un
monde totalement interdépendant, un village mondial (Stiglitz, 2002, p. 9 ; Kellner, 2007, p.
54). Les événements du 11 septembre montrent que le monde est devenu un lieu unique. Les
attaques contre les États-Unis ont bouleversé le monde, sur une grande échelle. Par exemple,
dans les deux heures qui ont suivi les attaques terroristes sur les tours du Trade Center,
presque 80 % des Suédois étaient au courant. En effet, en Suède, aussi bien la radio que la
télévision nationales ont modifié leurs programmes pour couvrir l’événement (Larsson, 2005,
p. 34).
Gülen remarque que le monde connaît aujourd’hui une quantité de problèmes qui ne peuvent
être résolus que par de nombreux pays travaillant ensemble. Parmi ces problèmes, on peut
citer par exemple le réchauffement de la planète, la réglementation de l’espace, la surpêche
dans les mers et les océans, la pollution de l’eau et la solution au problème du terrorisme in-
ternational (voir Gülen, 2000a, p. 240). Gülen réussit à mettre le doigt sur un phénomène que
les intellectuels et d’autres considèrent comme de plus en plus important, à savoir la mondia-
lisation. Comme le mot « spiritualité », la mondialisation est un concept mal défini, un terme
générique. Mondialisation signifie des choses différentes dans des cultures et des régions dif-
férentes.
L’Occident voit souvent la mondialisation en termes uniquement économiques, comme la
circulation libre et sans entraves des capitaux, des biens, du travail et des services à travers les
frontières. Autrement dit, la mondialisation renvoie à une intégration des technologies, des
pays et des marchés à un niveau inconnu jusque là. Pourtant, au Proche-Orient et en Afrique
du Nord (région MENA – Middle East and North Africa), la mondialisation a pris un sens
différent. Elle y est perçue essentiellement en termes idéologiques, et donc combattue comme
nouvelle arme de l’impérialisme, même si certains, comme le roi Abdallah de Jordanie, ont
une vision positive de la mondialisation. Dans la région MENA, nombreux sont les gens qui
voient dans la mondialisation une menace pour leur indépendance culturelle, économique et
politique, malgré le fait que cette région reste globalement l’une des moins mondialisées dans
le monde (Looney, 2007, p. 342).
Gülen réfléchit la mondialisation en termes plus larges que seulement économiques et idéolo-
giques. Pour lui, la mondialisation est un terme plus global. Il parle de la connectivité et
l’interdépendance dans tous les domaines de la vie : culture, écologie, économie, politique,
religion, social, technologie. Gülen serait satisfait si l’on disait que la mondialisation est le
processus par lequel le mode de vie quotidienne s’est uniformisé à travers le monde.
Comment, selon Gülen, le monde est-il devenu un village mondial ? Gülen explique la mon-
dialisation par des avancées dans les domaines de la communication, de la science et de la
technologie (Gülen, 2004b, p.230). Il fait remarquer que, grâce aux progrès de la technologie,
plus précisément de la technologie électronique, à la fois l’acquisition et l’échange des infor-
mations se développent progressivement. L’internet constitue un exemple de la mondialisa-
tion. Grâce à internet, les gens du monde entier peuvent entre en relation. En même temps,
pourtant, ceux qui ne possèdent pas d’ordinateur sont laissés dans l’obscurité et ignorés. Des
régions entières sont parfois coupées du monde, par exemple dans cette partie de l’Amérique
du Sud arrosée par le fleuve Amazone, et inaccessible par la route.
Gülen a rencontré l’idée de mondialisation en réfléchissant à la nature de l’univers. Pour lui,
l’univers est clairement et indéniablement un tout indivisible. Tout être, à chaque niveau, est
indissociable des autres êtres. La physique quantique montre cette unité ou cette entièreté in-
tacte de l’univers, qui intègre aussi les êtres humains (Gülen, 2000b, p. 4). Puisqu’il existe
une interdépendance de tous les êtres humains dans l’univers, ce qui fait exister une fleur doit