CONFÉRENCE BIBLIQUE 19.03.2009 L’ALLIANCE (7) ÉTHIQUE RELIGIEUSE ET ÉTHIQUE SOCIALE — DIEU ET SOCIÉTÉ, INDIVIDU ET COMMUNAUTÉ — L'Alliance du Premier Testament est une réalité immédiatement communautaire, car elle établit des liens, non entre Dieu et des individus isolés, mais entre Dieu et un peuple. En ce sens, l'Alliance en Israël diffère profondément des traités internationaux de vassalité. Ceux-ci, en effet, sont passés entre princes, non entre peuples. Sans doute, les peuples se trouvent impliqués dans ces accords de vassalité, mais ils n'y entrent que comme la chose de leurs maîtres. Il en va tout autrement dans le Premier Testament où la formule d'Alliance est explicite : « Vous serez mon peuple et je serai votre Dieu ». L'Alliance non seulement s'adresse au peuple, c'est elle qui le crée. I. — ISRAËL COMME OBJET DE LA MORALE D'ALLIANCE En examinant cependant les multiples commandements attachés aux traditions d'alliance, on est frappé par le caractère social de la majorité d'entre eux. Il faut s'attendre à ce que les lois sociales elles-mêmes aient aussi une valeur et un sens religieux. Toute attitude ou action envers la communauté sera également attitude ou action envers Dieu. 1) LES CORPS LÉGISLATIFS 2) LES PROCÈS D'ALLIANCE ET LA JUSTICE SOCIALE - Amos 2/6-16 - Osée 4/1s - Esaïe 1/2-20 - Jérémie 7/1-15 3) LE PEUPLE DANS LES RÎBS ET L’EXHORTATION PROPHÉTIQUES - Michée 2/8s, 3/1-3, 5 & 8 - Esaïe 3/13-15 4) LE DEUTÉRONOME Ces textes qu’on vient de voir présentent Israël comme une réalité immédiatement religieuse qui se définit tout d'abord en dépendance de Dieu ; ce point est systématiquement mis en relief par le Deutéronome, où l'on a déjà vu une conception humaine horizontale de la justice céder la place à une conception verticale religieuse. « Israël » est, pour le Deutéronome, une réalité et un mot théologiques, non un terme politique, et le but de l'ouvrage est précisément de rappeler au peuple ce qu'il est : le peuple-en-alliance-avec-Dieu, afin de l'amener à se conduire en conséquence. 5) L'INDIVIDU DANS LE PEUPLE Si le peuple demeure la valeur fondamentale, l'individu cependant ne lui est pas sacrifié ; Israël n'est pas une collectivité anonyme, mais une communauté. Il y a loin toutefois de l'idéal à la réalité, et les invectives des prophètes témoignent que les pauvres ont souvent été sacrifiés à la concupiscence des puissants. II. — ISRAËL COMME SUJET DE LA MORALE D'ALLIANCE L'Alliance est conclue entre Dieu et le peuple : Israël doit donc donner à Dieu une réponse de peuple. C'est à l'intérieur de cette responsabilité d'ensemble que devra se situer la responsabilité de chacun. 1) FORMULAIRES, PROCÈS, PARÉNÈSE Aussi bien dans les formulaires d'alliance que dans les procès et dans l’exhortation deutéronomique, c'est le peuple comme tel qui est interpellé et sommé de répondre. Les adresses à la 2° personne du singulier y sont nombreuses, et bien que matériellement plusieurs de ces lois s'adressent à l'individu, idéologiquement c'est le peuple qui est d'abord interpellé. - Deutéronome 32/6s - Deutéronome 14/2 ; cf. 26/16-19 - 1 Samuel 8/11-18 2) « PERSONNALITÉ CORPORATIVE » D'après cette conception, l'unité de base dans la société israélite n'est pas l'individu, mais la famille, le clan, la nation. C'est un « tout psychique », présent dans chaque individu. 3) EXCOMMUNICATIONS A travers les diverses législations, quelques corps de lois montrent bien le peuple comme objet et sujet premier de l'éthique d'alliance. Certains crimes mettent en danger l'existence, ou du moins, l'intégrité du peuple : ce sont les « infamies » ou les « abominations au Seigneur », fautes sexuelles, infractions au Décalogue... La communauté doit faire disparaître le mal de son sein en excommuniant le coupable. Conclusion — Ni collectivité anonyme, ni juxtaposition d'îlots individuels, Israël est une communauté. Sans doute l'accent est surtout mis sur la dimension sociale du peuple. L'individu cependant garde ses droits ; il acquiert même une dignité nouvelle : responsable de lui-même, il partage aussi la responsabilité du peuple. D’après Jean L'HOUR, La morale de l’alliance, « Traditions chrétiennes », Cerf, 1985. Psaume 50 1. Quel est l'événement dont il est question ici ? Qui est le juge ? Qui sont les témoins ? les accusés ? 2. Qui Dieu réprimande-t-il et qui condamne-t-il ? Pour quelles raisons ? Comment chacun d'eux considère-t-il Dieu ? 3. Qu'est-ce qui ne va pas au niveau du culte rendu par les Israélites ? Pourquoi les sacrifices sont-ils déplacés ? 4. Expliquez la différence qui existe entre formalisme et justice. 5. Quelle sorte de culte Dieu souhaite-t-il qu'on lui rende ? 6. Qu'ajoute ce psaume à l'idée que vous vous faites d'un culte véritable ? 7. Comment pouvez-vous adorer Dieu maintenant ? D’après Ce matin avec Dieu, volume III. Editions Farel, 1987, p. 60. SAINTE CONVOCATION Un Dieu qui juge (6) — C'est l'univers entier qui est convoqué (1). Et tout particulièrement les « fidèles » (4-5). Dans l'Ancien Testament, trois mots hébreux désignent Dieu : El, Elohim et Yahvé. El et Elohim se rapportent essentiellement au Dieu créateur (Genèse 1/1) ; Yahvé, c'est le Dieu rédempteur, le Dieu de l'Alliance et de la Révélation. C'est par ces trois mots que ce psaume commence, ce que ne rendent pas nos traductions. Qu'est-ce à dire, sinon que le jugement de Dieu concerne tous les hommes ? Un Dieu qui parle (7) — Souvent, nous avons l'impression que Dieu ne parle pas ou plus aujourd'hui. Et si c'était nous qui ne savions pas écouter ? Elie en avait déjà fait l'expérience : la voix de Dieu ne se fait pas forcément entendre dans le spectaculaire et le sensationnel, mais dans le « murmure doux et léger » (1 Rois 19/12). Savoir s'arrêter et faire silence pour entendre la voix de Dieu, n'est-ce pas plus nécessaire que jamais dans notre civilisation trépidante et stressante ? Aujourd'hui, dimanche, prenons le temps d'écouter Dieu « qui vient, et ne reste pas en silence » (3). Un Dieu qui sauve (23) — Si ce psaume commence par une parole de jugement, il se termine par une parole de salut qui est déjà une annonce de la venue de Jésus-Christ. Mais ce salut nous appelle non seulement à la reconnaissance, mais aussi à une vie cohérente (23). C'est d'ailleurs le principal reproche du Seigneur à ses « fidèles » (715). « Noblesse oblige », dit le proverbe. Le salut aussi se traduit nécessairement par une vie en conformité avec la Parole de Dieu. Prière : Seigneur, apprends-moi à veiller sur mes voies (23). « Invoque-moi au jour de la détresse ; je te délivrerai, et tu me glorifieras » (15). Dieu nous délivre non de l'expérience de la souffrance, mais, par sa présence, de ce sentiment d'abandon, de solitude, d'amertume, de révolte aussi. D'où l'importance de le prier. Philippe DECORVET, Epi — Commentaire quotidien pour la méditation et l’action. Ligue pour la lecture de la Bible, 2002/4, p. 59.