représentation : un bureau de gestapo, une chambre d'hôtel, un couloir de théâtre – en les réajustant
avec des coulisses, un côté cour et un côté jardin. C'est le théâtre qui gagne. D'ailleurs, dès le début,
le théâtre semblait vouloir investir la rue (the street) et s'imposer contre elle – il finit par y arriver
(« You played the real hero of this amazing play » 1:32:00)
III. III) l'intrigue vue sous l'angle de la rivalité entre acteurs.
a) des représentations concurrentes
Il y a 2 représentations rivales : Hitler au Reichtag en est une. L'immersion de la voix de la radio sur
le praticable lors des répétitions nous rappelle que le régime nazi est aussi affaire de mise en scène –
un spectacle permanent (films de Leni Riefensthal).Puis Siletsky en espion poursuit la
représentation.
Ainsi, 2 types de cartons se succèdent : ceux de la représentation théâtrale et ceux des exécutions.
Jeu de mots sur « The nazi play ». Et un spectacle veut censurer l'autre. « There is no censure to
stop them »
b) une compétition féroce
- entre les comédiens eux-mêmes :
Tura triomphe après sa scène de la barbe (78:00) mais d'autres acteurs viennent lui « voler sa
scène » : « Are you creazy ? » s'adresse en fait à l'acteur et pas au général. Effroi de son visage en
voyant arriver plus cabot que lui (79:00) : expressivité du muet.
la revanche des seconds rôles ? En apparence oui : Greenberg et Bronski. Dans cette revanche du
cabotin et des seconds rôles, l'acteur (carry a...) devra toujours laisser sa place aux vedettes. Sorte
de morale du théâtre aussi. Bronski dans la voiture le dit : personne ne saura quel rôle j'ai joué
(86:00) + sa jalousie envers Greenberg
- entre Siletski et les comédiens
Des plans semblables : Siletski au milieu des aviateurs polonais // la troupe au milieu des Nazis.
La prestation de Siletski est gâchée par celle des autres acteurs, surtout Tura, qui joue le même rôle
que lui dès lors qu'il emprunte son identité
Une double mort théâtralisée : Tura et Siletski même différemment meurent (ou croient mourir pour
Tura) de manière non-naturelle
c) victoire des vrais comédiens
Le V
Le triomphe de l'acteur, c'est lorsqu'il parvient à embrouiller tellement bien la vie et le faux que
même le mort paraît faux. Parodie de murder party avec Ehrardt en spectateur idéal qui opère les
déductions que le metteur en scène lui suggère : c'est lui qui ôte la barbe de Siletski. « I can't believe
it » s'exclame Tura (78:00)
La fin est sur le théâtre, avec à peu près le même plan pour le monologue pour la fin. Eternel
recommencement de la vie d'acteur.
Les acteurs finalement sont incorrigibles : Tura abandonne vite son costume de héros pour
redevenir cabotin (dès la botte de paille) et Maria n'est pas convertie à la fidélité. La guerre, en fait,
ne les transforme pas. Le théâtre est plus fort que la vie. Fin à l'image des acteurs : gaieté et
insouciance (inconséquence ? Le film ayant été mal reçu en 1942)
Conclusion en forme d'annexe :
On se souvient que Goebbels traitait le cinéma de Lubitch de « théâtre filmé ». Il est vrai que la
réalisation est fort éloignée du Pharaon : de ses tournages en extérieur et de ses armées de figurants.
To be or not to be est un film de studio mais évite la platitude du théâtre filmé, qu'on pourrait
résumer grossièrement par une succession de plans moyens, de longues séquences dialoguées et la
soumission à la linéarité. Même dans les affrontements dialogués (Tura et Siletski), le filmage est
beaucoup moins prévisible.