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La guerre est nie
Note d’intention
Quel est le point commun entre une ville anque assiégée par des guerriers qui ressemblent à des touristes
et un bar tenu par un couple de dieux déchus et dont la déco est restée bloquée dans les années 90 ? Entre
un héros perdu comme personne et une belle - Hélène de son prénom - qui en a plus qu’assez d’être prise
pour une poire ? Faut-il avoir peur d’un « psyclope » qui semble obnubilé par Œdipe ?... Et enn, quel est le
rôle que peuvent bien jouer des sirènes - surgelées ou non - pendant une soirée karaoké ?
Il faut dire qu’avec La guerre est nie, nouvelle créaon de théâtre de rue de la Compâgnie Cîrconexe, nous
avons fait le choix de revisiter l’un des mythes fondateurs de notre civilisaon et de proposer une vision
burlesque, fantaisiste et drôle de L’Odyssée d’Homère.
Notre histoire commence comme il se doit avec Ulysse... mais un Ulysse échoué dans un bar appelé « Le Ca-
lypso ». Tel une île suspendue entre le passé et le futur, entre le monde des mortels et celui des immortels,
ce bar est tenu par Zeus et Héra, dieux sans Olympe xe depuis peu. Un lieu dans lequel des héros ordinaires
viennent chercher leur dose d’oubli, un oubli mythique, mi-éthylique...
Ce sont donc les thèmes du traumasme, de l’oubli et du retour au foyer qui sous-tendent l’écriture de La
guerre est nie. Car dans la société qui est la nôtre aujourd’hui, nous portons tous notre propre traumasme,
que celui-ci soit guerrier, social ou amoureux. Ceci étant dit, et comme cela a été le cas avec les précédentes
créaons de la Compâgnie, nous souhaitons avant tout proposer un spectacle drôle et « faire les choses sé-
rieusement sans nous prendre au sérieux » !
Yannick Pet-Jean, directeur arsque
ScénographiE
Pour la créaon du décor de La guerre est nie, nous avons fait appel à une plascienne, Delphine Trouche,
qui a accueilli avec enthousiasme notre souhait de revisiter le périple d’Ulysse. Grâce à son expérience, à son
sens de l’esthéque, mais également grâce à son humour, elle nous a rapidement suivie dans la vision à la
fois contemporaine et décalée que nous souhaions proposer d’un mythe qui peut paraître si loin de nous...
et pourtant !
La guerre est nie se déroule dans un décor unique, celui d’un bar dont la décoraon est enèrement inspi-
rée des années 90. Ambiance Miami Vice, néons, couleurs uo et chaîne en or qui brille sont au rendez-vous
avec un second degré assumé qui nous permet - sans tomber dans le travers de la caricature - d’explorer le
burlesque de personnages drôlement tragiques…
rapport au public
La guerre est nie est conçu comme un spectacle de théâtre de rue xe avec installaon du public en de-
mi-cercle. Ce public est invité à naviguer entre diérents rôles au gré de l’état mental d’Ulysse : de clientèle du
bar Le Calypso, il se retrouve soudain sollicité d’incarner l’armée grecque… avant de retrouver l’espace-temps
du Calypso, un lieu qui, à l’usage, peut se révéler ne pas être de tout repos.
Cee installaon en demi-cercle est rompue par l’intrusion dans le public de bon nombre de personnages :
Héra qui, en tant que serveuse du Calypso distribue de véritables consommaons aux spectateurs-vicmes
de la Guerre de Troie, mais également le Psyclope, dont l’une des obsessions est d’évaluer l’état de décom-
posion de ces mêmes vicmes, ou encore Pénélope, papillonnant à la recherche d’un Ulysse qu’elle n’a pas
vu depuis vingt ans et a bien du mal à reconnaître.
Mais le franchissement de la fronère qui sépare l’espace de jeu de celui du public ne se réduit pas à un
simple enjeu scénographique. En travaillant sur l’intégraon dramaque du public, notre volonté est de
rendre plus sensible la problémaque qui est celle d’Ulysse : perte des repères, perte de sens, quesonne-
ment sur sa place dans la société… Sans porter de jugement moral, sans apporter de soluon miracle, nous
voulons simplement rendre palpable la proximité qui nous unit à Homère et aux mythes fondateurs de notre
civilisaon, an de créer un moment de partage et de rencontre.