de Pierre à la foi. L'affirmation « Jésus est ressuscité » est déjà une
interprétation de la venue de Pierre à la foi. La réalité de Jésus continue
en ce sens que nous continuons à être interpellés par Jésus. 3
Notons, pour mieux comprendre l'exégèse moderne, comment se résume
la position de Marxsen. La résurrection de Jésus est une reprise du
Jésus historique par les apôtres. Il n'est pas question d'un événement
après le vendredi saint, mais d'une projection de la foi des apôtres sur
la vie terrestre de Jésus et sur sa mort. Dieu confirme que les paroles
et les actes de Jésus terrestre et historique furent ses propres paroles
et ses propres actes. Marxsen interprète donc tout l'événement pascal
à partir du message pascal. 4
Au point de vue exégétique, Léon-Dufour critique Bultmann et Marxsen
en faisant remarquer qu'ils renoncent trop vite à l'événement que vise le
langage du Nouveau Testament. Au lieu d'interpréter d'abord le langage
dans lequel nous est représentée la résurrection, ils sautent à pieds
joints sur le texte et construisent a priori une résurrection qui corres-
pond à leurs catégories mentales. Pour interpréter un texte, il s'agit de
s'occuper d'abord et directement de ce que parler veut dire. C'est seule-
ment une fois que le langage a été compris, que l'on peut chercher
quelle est la chose qu'il entend communiquer et comment la chose s'est
passée.
Robrecht Michiels remarque que Marxsen a accentué de manière trop
unilatérale l'aspect « kérigmatique » de la résurrection en négligeant le
sens global de sa signification.
Approfondissons la réponse de Léon-Dufour. Le Nouveau Testament
présente deux types de langages, distincts et fondamentaux : le langage
de la résurrection et le langage de l'exaltation dans la gloire. Selon lui,
il y a une différence entre dire que Jésus est ressuscité et dire que
Jésus a été exalté dans la gloire. Aussi distingue-t-il chronologiquement
le vendredi saint et le jour de Pâques. Le Christ aurait été exalté dès sa
mort et ressuscité quelque temps après. Il s'oppose donc à ceux qui,
comme L. Boros, pensent que la résurrection et l'exaltation se sont
réalisées ensemble et immédiatement le vendredi saint, dès la mort de
Jésus.
Léon-Dufour écarte l'excès de l'exégèse de type spiritualiste qui ramène
la résurrection à une expérience purement subjective ; il affirme la
résurrection comme un fait réel mais transcendant. Il rejette aussi l'excès
3 Id., pp. 17,18.
4 Jésus-Christ, hier, aujourd'hui, demain par Robrecht Michiels, éd. Casterman,
1971, p. 167, notes 84, 127 et 111.
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