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Houlouberlou par le Théâtre de Galafronie
« Houlouberlou » a mijoté pendant un an au royaume de Galafronie. A la faveur d’un courant d’air dans l’édifice de la pensée, il a
prit son essor emportant avec lui cinq Galafroniens épris de fantaisie, débordants d’imagination et de talent.
Peu gourmands, ils arrivèrent jusqu’à nous avec pour tout décor une table, deux chaises, une vielle, un parapluie, une lampe, des
souliers, une orange. Pour un temps au domaine des enfants, ils redécouvrent la peur : celle d’être soi, celle du noir, de ce qui est
nouveau.
L’une n’aime pas son nez et le cache comme elle peut. L’autre fait de la musique et raconte des histoires avec des objets familiers
pour se donner du courage.
Il leur prête un visage, les transforme. Ils ressemblent aux personnages qui effraient les petits et les font fuir. Pourtant, les enfants se
rapprochent jusqu’à toucher les objets. On aime avoir peur !
Mais la peur disparaît et le rire envahit la salle malgré l’obscurité tandis que le conteur s’endort. En la faisant renaître, le théâtre a
désamorcé la peur. Le chapeau-sorcière, le soulier qui mord, la jupe qui avale sont devenus objets de jeu sous le sourire complice du
parapluie.
Tout est possible à qui sait créer !
17 septembre 1979 - La Libre Belgique
Hurlouberlou
J’aime beaucoup cet « Hurlouberlou » que le théâtre de la Galafronie présente aux petits de 4 à 8 ans, redoutable tranche d’âge pour
laquelle il n’y a guère de spectacles et qu’on aborde souvent par sons côté le plus gnan-gnan.
Foin de gnan-gnanterie, la Galafronie a un langage simple et direct. Plein d’inventions poétiques et drôles aussi… Sur scène, ils sont
deux, des clowns peut-être, une fille et un garçon. Lui a peur du noir et raconte des histoires. Elle a un drôle de nez.
Portés par des marionnettes, des instruments de musique et des accessoires insolites, les personnages prennent vie et entrent immédiatement dans l’univers des gosses. Il y a aussi quelques superbes images comme ce tiroir qui se transforme en bassin de natation,
ce chapeau qui se transforme en visage de sorcière, cette jupe retournée qui devient un fantôme, ect.
De bien belles qualités ! Mais Jean Debefve et sa partenaire ne maîtrisent pas leur création. Il y a des blancs, des longueurs, des hésitations, des effets qui tournent en eau de boudin. S’ils savent se montrer sévères vis-à-vis d’eux-mêmes, ils tiennent un bon spectacle. Mais la gentillesse, le talent même, dans le monde du théâtre, ne suffisent pas.
L.H.
31 octobre 1979 – Le Soir
Le Théâtre de la Galafronie avait surpris l’an dernier en s’imposant du premier coup parmi les meilleures troupes du pays. Cette
année encore, leur spectacle « Houlouberlou » a fait l’unanimité pratiquement partout où il est passé jusqu’à présent. Et pourtant,
tout est simple dans ce spectacle très visuel : l’histoire, les éléments de décors, le jeu, mais tout est enveloppé dans un tel voile de
poésie, d’humour et de tendresse que chaque détail est sujet à trouvaille pour créer une atmosphère difficile à décrire en quelques
mots. Le spectacle s’adresse à un public pas trop nombreux d’enfants de 5 à 8 ans.
28 novembre 1979 - Journal de Charleroi Le Peuple
Une nouvelle saison du Théâtre pour enfants
(…)
Le malaise était évident du côté de la Galafronie, qui pourtant valait bien le détour. Certes, Houlouberlou ne fait pas oublier Le
voyage du Petit Morceau ; mais il y a dans ce conte poético-burlesque beaucoup de charmes et quelques images très belles et très
fortes : ainsi, les métamorphoses d’une robe rouge – avec ou sans la complicité d’un parapluie ; ainsi l’apparition d’une sorcière
comme on n’en fait plus.
Des effets faciles sans doute et un texte inégal, mais le jeu de la comédienne, Marianne Hansé (la petite fille au drôle de nez) emporte l’adhésion.
(…)
Daniel Fano
Les enfants au théâtre avec le Théâtre de Galafronie
Ils sont cinq, quatre comédiens et un metteur en scène, cinq que lient une belle amitié et la même sensibilité, la même ouverture à la
vie. Qui veulent parler aux enfants un langage vrai et que n’a pas encore entamés le désenchantement. Qui goûtent surtout, à travers
la fatigue des tournées, le plaisir de découvrir des lieux et des publics nouveaux. A eux cinq, ils sont le Théâtre de Galafronie. Ne
cherchez pas de sens à ce mot aux accents rabelaisiens… il appartient à leur folklore personnel, à un royaume imaginé au temps où
ils faisaient leurs premières armes au Théâtre des Jeunes de la ville de Bruxelles. L’histoire du Théâtre de Galafronie est courte –
fondé en 1978, il n’a présenté que deux spectacles – et convaincante, parce que Le voyage de Petit Morceau et Houlouberlou ont
retenu et séduit. Leur chance, disent-ils, c’est que leur première pièce a été d’emblée sélectionnée par l’Association pour la promotion et la diffusion de spectacles pour enfants et adolescents, ce qui les a mis à l’abri du souci matériel immédiat et leur a permis de
longuement mettre au point – quatre mois de travail continu ! – le spectacle de cette saison. Leur chance ? Terme trop modeste, car
la Galafronie, c’est le don évident de communiquer par l’invention chaleureuse, la finesse dans la fantaisie, don qui passe par des
moyens très simples et la grâce de la musique.
Le voyage de Petit Morceau était inspiré d’un album de Leo Lionni (Pezzettino, ed. Ecole des Loisirs). Deux comédiens, Christine
d’Oreye et Bernard Chemin, trois personnages en réalité, car la quête du petit bout de tissu bleu – qu’on dirait doué de vie – est le
thème de l’histoire. Plus un accordéon, quelques bâtons, de la toile de jute qui se faisait montagne ou océan. A quel vaste « tout » le
petit morceau peut-il bien, diable, appartenir ? Personne ne le reconnaît pour sien … Qui est-il donc ? Eh bien, lui, tout simplement,
et de toutes les couleurs ! Comme chacun de nous est unique dans sa diversité…
Deux comédiens encore dans Houlouberlou, Marianne Hansé et Jean Debefve, une vielle, une table, deux chaises, une valise, un
parapluie, objets quotidiens à l’étonnante présence. Cette fois, ils nous proposent des variations sur la peur, les peurs. Pourquoi ?
Parce que tout le monde l’éprouve, même quand on a passé l’âge de croire aux sorcières et aux monstres, parce que l’angoise latente
au cœur des êtres prend cent formes et cent visages. Par sa drôlerie tendre, Houlouberlou la désamorce, sans conclure définitivement, car si la peur peut s’apaiser, on n’en guérit jamais tout à fait. « Elle » a peur du regard des autres, à cause de son vilain nez.
« Lui », c’est le noir qui l’inquiète. Ils font un bout de chemin ensemble, jouant à s’effrayer, jouant à se rassurer, jouant tout simplement à faire l’une ou l’autre bêtise. Et les mots que la pudeur arrête au bord de leurs lèvres, les deux marionnettes les disent sans
parler, les gestes qu’ils n’osent pas, ce sont elles encore qui les font. Et passe ainsi, entre ces quatre personnages, un courant chargé
d’émotion. Et passe ainsi, d’eux au public, une expérience sensible. La musique, la pénombre, le mot « houlouberlou » répété
comme une incantation douce aux échos de mystère… quelle atmosphère ! Recueillie, concentrée, elle favorise, dit Jean Debefve,
les réactions libres des petits. Ils sentent les comédiens si proches et si fraternels qu’il n’est pas rare de les voir, comme une vague
irrésistible, envahir l’aire de jeu. Ils veulent toucher ces objets qu’ils connaissent, transfigurés par la magie du spectacle, voir si le
tiroir de la table est vraiment rempli d’eau. Et ce bel élan, s’il n’est pas sans gêner les comédiens – ce qui préoccupe Jean – montre
en même temps quel envoûtement Houlouberlou exerce – ce à quoi Marianne est sensible. Un spectacle où tout semble couler de
source. L’aboutissement, en réalité, d’un travail acharné sous la houlette de Didier de Neck qui n’a laissé au hasard ni le moindre
geste, ni l’expression la plus fugitive. Une création collective, c’est-à-dire ici qu’elle ne s’appuie sur aucun texte préalablement écrit.
Les comédiens ont approfondi un travail d’improvisation sur les personnages, leur façon de ressentir la peur et de l’exprimer, et le
spectacle s’est ainsi construit par pans, par « séquences », qui ont été ensuite structurés. Démarche sincère… voilà pourquoi Houlouberlou, dans la transposition théâtrale, a des accents tellement vrais. « Exprimer vraiment ce qu’on ressent, c’est une chose. Encore faut-il aller le chercher en soi de façon tout aussi sincère. » Ces mots de Jean Debefve pourraient servir de devise au Théâtre de
Galafronie. S’il a choisi jusqu’à présent de s’adresser aux petits (cinq, sept ans) si spontanés encore, c’est parce que les enfants spectateurs ne font grâce d’aucun détail, sont d’une exigence qui oblige à jouer « vrai ». Une situation vécue, parmi d’autres, et qui
donne à penser : « Pris par le souci de jouer parfaitement un moment difficile dont il nous fallait souligner la drôlerie, nous étions
tellement concentrés que, si nos bouches riaient, rien ne passait dans nos yeux. A l’instant même, une réflexion lancée dans la salle :
Tu parles, ils font seulement semblant de rigoler ! »
De la participation moutonnière si facile à susciter et qui est une manipulation du public, le Théâtre de Galafronie n’en veut pas.
Créer les conditions où l’émotion de chacun pourra se libérer, voilà le sens de sa recherche.
Travail d’une qualité telle que, deux fois conquis déjà, on attend dans un sentiment d’anticipation heureuse le prochain spectacle du
Théâtre de Galafronie. On sait qu’il nous étonnera encore. On sait aussi qu’il ne nous décevra pas.
Monique Bosman
Théâtre de Galafronie
Catherine Simon a rencontré Didier de Neck, Jean Debefve, Marianne Hansé
Ils se sont inventé un royaume : la Galafronie.
Ils se sont crocheté une reine en laines mauve, violette et bordeau : Tarentule…
Non pas fuite, mais rupture. Non pas fuite, mais démarcation.
Et retour à l’enfance par rigueur, sobriété, simplicité, intransigeance.
Presque tous universitaires et arrivés à ce type de travail théâtral par cheminement personnel, comme alternative possible au réel.
Forme de théâtre qui n’est point fin mais moyen. Non pas ersatz, mais aboutissement.
Le théâtre de Galafronie est un collectif de 5 personnes, non subsidié, qui s’est formé il y a deux ans, qui vient de réaliser son
deuxième spectacle.
Le mot collectif ici n’est pas galvaudé. Il s’agit vraiment d’un essai de travail collectif à tous niveaux : financier, technique, administratif, artistique.
Ce petit théâtre sans argent a une démarche très particulière : ils admettent au départ comme donnée intangible leurs contraintes
techniques et partent d’elles pour créer leur spectacle.
Ils veulent aller dans les écoles, dans le lieu de l’enfant. Que leur arrivée change le lieu, mais que ce lieu reste malgré tout le lieu de
l’enfant. Ainsi transparaît l’idée subversive de la possibilité de « changer » le lieu du quotidien, à l’école mais aussi ailleurs, pourquoi pas. Le théâtre théâtralise le quotidien. Le théâtre même avec peu de moyens change le lieu, le transfigure, donc sous-entend :
vous aussi, vous pouvez changer le lieu.
Dans les écoles, les problèmes sont toujours les mêmes. Il faut un praticable pour que les enfants voient, un fond pour changer le
lieu, que le décor habituel disparaisse ; il faut ne pas prendre trop d’électricité, car les installations ne sont pas puissantes. Partant de
là, ils ont décidé de n’employer que 3 ou 4 projecteurs (2 kilos ou 4 fois 500 watts). Pas plus : économie de moyens, aussi refus du
gaspillage.
Leurs « mots d’ordre » sont peut-être sobriété, rigueur et économie. Le principe d’économie est pris dans le sens de rapport entre ce
que l’on a et ce que l’on en fait. Ils aimeraient bien aussi faire de « beaux éclairages », jouer avec des synthétiseurs… Mais outre que
cette sophistication est incompatible avec leur volonté de départ d’aller jouer dans les écoles, etc…, l’économie pour eux c’est utiliser tout à fond. L’économie n’est pas une question de valeur absolue de ce qu’on emploie, mais réside peut-être dans la manière dont
on l’emploie.
Un praticable est toujours une coupure, est toujours lourd « pour rien. Un praticable est toujours quelque chose d’artificiel, non intégré. D’où progressivement est née l’idée de la table (élément que les enfants connaissent) qu’ils ont pu intégrer au jeu, à laquelle ils
ont donné un sens dans le spectacle. La table est quelque chose de concret, de vrai. « Table » : objet tabou de ma famille, sur la
quelle on mange, on travaille, autour de laquelle il faut « se tenir bien », ET QUE le spectacle transgresse.
Pour le fond, c’est l’échec cette fois-ci encore. Ils n’ont pas réussi, disent-ils, à l’intégrer. Ils se sont donc contentés, comme d’habitude, d’un fond « pour oublier », d’un fond pour cacher les murs de la classe ou du hall où on les reçoit.
Ils souhaitent partir du quotidien, rester branchés sur le quotidien, mais un quotidien transformé légèrement, un quotidien un tout
petit peu bizarre.
La table est une table, mais… un peu penchée. Et l’on se demande : pourquoi ? Le parapluie est un parapluie, mais… avec des boules rouges au bout de ses baleines.
Tous les éléments employés dans le spectacle sont signifiant au niveau de l’histoire, mais aussi au niveau du jeu. La table permet de
voir la comédienne, même quand elle joue avec ses pieds, même quand elle enfile ses chaussettes ou ses chaussures.
Chaque objet du spectacle doit s’utiliser au moins deux fois pour justifier son existence. Tout élément qui ne servait qu’à un axe du
travail a été impitoyablement éliminé.
Ils souhaitent établir une continuité dans l’emploi des accessoires. Ils tiennent à ce que toujours SENS et FONCTION soient liés,
donc à établir la continuité de sens et de la fonction de chaque objet. La petite valise rouge est d’abord tache rouge sur ce fond gris :
elle est le premier objet amené dont on se servira beaucoup plus tard ; elle a son rôle de valise, signe de départ : elle authentifie chaque « départ » manqué de la comédienne (chaque fin de scène) ; et enfin, elle contient les chaussures, autre objet important du spectacle.
Ainsi pour l’éclairage, il n’y a que deux comédiens et ils sont toujours en scène : donc la technique doit être sur scène. Cachée malgré tout (le mystère…), donc on l’a cache sous la table. Comment intégrer l’éclairage ? En le liant directement au sujet de la pièce :
un des deux personnages a peur du noir, il a besoin de lumière. Il se protège du noir par un parapluie qui chasse la nuit : si ce parapluie se referme, la lumière s’éteint. Chaque transition entre deux scènes se fait par ce biais-là : « Houlouberlou » est le mot magique
que l’on chantonne pour chasser la peur et pour ramener la lumière.
Comme il n’y a aucun « effet » d’éclairage, il n’y a aucun effet purement esthétique. Tout raconte l’histoire, rien n’est là pour « faire
joli ».
L’argument : une rencontre « au présent » entre deux personnages qui « existent » dès le début du spectacle – en ce sens qu’ils ont
un passé, non pas un passé qu’ils racontent, mais un passé qui est en eux, que l’on sent dans leur comportement, qui étonnamment
leur donne une consistance de réalité – la rencontre entre une petite fille qui n’aime pas son nez et un petit garçon qui a peur du noir.
Une rencontre « au présent », en ce sens que les deux personnages ne racontent pas quelque chose, mais vivent quelque chose.
Tout est né progressivement, du travail des comédiens surtout (Marianne Hansé et Jean Debefve). Il y avait au début un arbre, puis il
y eut une valise géante, il y a aujourd’hui une table et deux chaises… Ils sont partis du baroque, du TROP, pour atteindre la simplicité, le MOINS. Il s’agit, puisqu’ils ne sont que deux pour la tournée, de travailler avec le moins possible, pour ne pas être
« esquintés » par les portages et les montages.
Il fallait rendre les idées les plus claires possibles pour atteindre le dispositif le plus simple possible.
Peut-être leur théâtre pourrait-il être appelé « théâtre de l’objet » et « théâtre du moment »…
Le désir, très important, des Galafroniens est de pouvoir s’adresser à TOUS les enfants « riches » ou « pauvres », belges ou immigrés,… d’où un théâtre de l’objet, du geste et non du mot. D’où une histoire composée d’une multitude de petites histoires.
Pour que l’enfant s’il décroche, puisse toujours raccrocher au spectacle, sans perdre le fil, et sans complexe. On a ainsi un théâtre qui
respecte l’enfant dans ses différences.
Les enfants n’ont pas tous la même sensibilité, ni la même possibilité d’écoute. Le public de ceux qui « tiennent » un quart d’heure
n’est pas le même que celui de ceux qui tient cinq minutes n’est pas moins valable que celui qui tient une heure. Le théâtre de Galafronie propose un spectacle qui est une série de petites histoires, mais toutes ces petites histoires ensemble font UNE histoire. Le
théâtre de Galafronie veut rester lié à la matière, au concret. Si on introduit une orange, on laisse pour ainsi dire « parler l’orange en
tant qu’orange. Les marionnettes, dans ce spectacle, ont leur vie autonome ; comme si elles vivaient à côté des comédiens, en parallèle ; elles ne parlent pas, elles se manipulent au pied ou à la main.
Tout objet qui entre en scène est utilisé. L’orange est mangée, après avoir servi de balle. La robe devient monstre – avaleur de sorcières.
Les objets ont une évolution : d’un rôle banal à un rôle qui les transforme. Le tiroir banal devient tiroir magique : tiroir-mer-eau-lac
où l’on plonge.
Le symbole n’est pas dans l’objet même (n’est pas plaqué, ajouté à l’objet). La godasse qui mord, par exemple. N’importe quel enfant à qui on donne une vieille bottine décollée inventera la « godasse qui mord ».
Le jeu vise à l’évidence. Une chaussette est une chaussette, même si on a pu croire un quart de seconde qu’il s’agissait d’une langue
rouge.
Ils en sont arrivés ainsi à vouloir un décor simple, qui n’accroche pas outre mesure l’attention. Le décor donne sa connotation d’image au spectacle, mais sans avoir une place trop esthétique. Le décor ne « bouffe » pas le spectacle.
Spectacle branché sur l’univers de gosses. Sur ses possibilités à lui. Dans le fond, il aurait pu inventer le spectacle lui-même. Du
moins lui donne-t-on l’impression qu’il n’y a ni décor, ni costumes, ni accessoires…
La grande force de ce spectacle : il y a là, soigneusement pensé, dosé, réalisé, un décor, des accessoires, des costumes. Mais tellement évidents, proches du quotidien, si légèrement, transformé par rapport au quotidien que l’enfant, à la limite, ne les voit pas !
On ne l’emmène pas dans un univers de conte de fées, un univers de rêve inaccessible, qui restera pour lui inaccessible, et qu’il enfouira donc dans sa boîte à souvenir… On lui donne, on lui montre et donc on lui suggère un « jeu avec le réel », un jeu DANS le
réel, la vie comme un jeu…
Tout cet aspect de recherche de Galafronie rejoint aussi son option de base qui est le désir de s’adresser vraiment à tout public, y
compris le public de milieux défavorisés. Ils refusent de créer un fossé, quel qu’il soit, entre ce public et eux. Ils refusent de construire sur scène un univers trop rutilant, riche, clinquant. Cela ne veut pas dire, au contraire, qu’ils recherchent un théâtre « pauvre »
ou misérabiliste ». Il faudrait que l’enfant, quel qu’il soit, en rentrant chez lui, où que ce soit, puisse « jouer » différemment avec une
chaise, sous la table…
Le théâtre en tant que possibilité d’un regard neuf sur le réel. Le théâtre comme moyen de préhension vivable du réel.
Catherine Simon
AS Du théâtre sur mesure
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