consume ! Mais je ferai de toi une grande nation » (Ex 32, 10). Mais Moïse intercéda en faveur du
peuple et sut toucher le cœur de Dieu pour qu’il revienne sur sa décision : « Yahvé se repentit du mal
qu’il avait parlé de faire à son peuple » (Ex 32, 14). Nous sommes en marche vers Pâques, la Semaine
sainte approche et, avec elle, l’invitation pressante à nous convertir. Dieu n’attend que notre bonne
volonté, un peu d’effort de notre part, pour se porter à notre secours. « Ah ! si mon peuple m’écoutait,
si Israël marchait dans la voie qui est mienne, en un instant je confondrais leurs ennemis, et contre
leurs adversaires je tournerais ma main » (Ps 80, 14-15).
« Paul demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée. Il recevait tous ceux qui
venaient le visiter, prêchant le royaume de Dieu et enseignant ce qui regarde le Seigneur Jésus-Christ,
en toute liberté et sans empêchement » (Ac 28, 30-31). Nous sommes donc invités à faire partager
notre foi par les autres, à contribuer au kérygme, c’est-à-dire à « l’annonce de l’Évangile aux non-
croyants en vue de leur conversion »5. Il s’agit de les amener à goûter « le don céleste », à goûter « la
beauté de la parole de Dieu et les prodiges du monde à venir », comme l’écrit l’Apôtre (He 6, 4-5), de
donner le goût du divin : « Goûtez et voyez combien Dieu est bon » répète l’Écriture, tant dans le
Livre des Psaumes (Ps 34 [33], 9) que chez saint Pierre (voir 1 P 2, 3). « L’aspect missionnaire est
essentiel à la foi chrétienne, déclarait le cardinal Ratzinger : elle est là pour être prêchée. Elle est
destinée à tous.6 » « Toutes les réalités humaines séculières [c’est-à-dire vécues dans le sæculum, le
siècle ou monde], personnes et sociales, les milieux et les situations historiques, les structures et les
institutions, sont le lieu spécifique de la vie et de l’action des chrétiens laïcs. Ces réalités sont les
destinataires de l’amour de Dieu ; l’engagement des fidèles laïcs doit correspondre à cette vision et se
qualifier comme expression de la charité évangélique »7, car, comme l’écrivait le pape Jean-Paul II,
« l’être et l’agir dans le monde sont pour les fidèles laïcs une réalité non seulement anthropologique et
sociologique, mais encore et spécifiquement théologique et ecclésiale »8. En outre, ainsi que le même
pontife l’a souligné à l’occasion de l’entrée dans le troisième millénaire de la Rédemption, « comme
le Concile lui-même l'a expliqué, il ne faut pas se méprendre sur cet idéal de perfection comme s'il
supposait une sorte de vie extraordinaire que seuls quelques « génies » de la sainteté pourraient
pratiquer. Les voies de la sainteté sont multiples et adaptées à la vocation de chacun. […] Il est temps
de proposer de nouveau à tous, avec conviction, ce « haut degré » de la vie chrétienne ordinaire :
toute la vie de la communauté ecclésiale et des familles chrétiennes doit mener dans cette direction »9.
Paul prêche Jésus-Christ, et « Jésus-Christ mis en Croix » (1 Co 1, 23). Ce Jésus n’est pas
l’image déformée et blasphématoire que certains en donnent parfois, comme de nos jours avec un
livre et un film à succès, qui, comme par hasard, bénéficie de relais dans tous les moyens de
communication. Avec toute l’Église « nous croyons et confessons que Jésus de Nazareth, né juif d’une
fille d’Israël, à Bethléem, au temps du roi Hérode le Grand et de l’empereur César Auguste Ier, de son
métier charpentier, mort et crucifié à Jérusalem, sous le procureur Ponce Pilate, pendant le règne de
l’empereur Tibère, est le Fils éternel de Dieu fait homme, qu’il est « sorti de Dieu » (Jn 13, 3),
« descendu du ciel » (Jn, 3, 13 ; 6, 33), « venu dans la chair » (1 Jn 4, 2), car « le Verbe s’est fait chair
5 D. LE TOURNEAU, Les mots du christianisme…, o.c., p. 352.
6 J. RATZINGER, Les principes de la théologie catholique, esquisse et matériaux, Paris, 1982, p. 377.
7 CONSEIL PONTIFICAL « JUSTICE ET PAIX », Compendium de la doctrine sociale de l’Église, Cité du Vatican,
2005, p. 307.
8 JEAN-PAUL II, exhort. ap. Christifideles laici, n° 15.
9 JEAN-PAUL II, lettre ap. Novo millennio ineunte, n° 31.