Atelier changement climatique : évènements extrêmes et changement climatique, causes, impacts et moyens de lutte
Bonardet-Enrione-Botta-Plane-Abdelnour Page 3 sur 63
Introduction
Le climat est défini usuellement comme étant les données météorologiques
« moyennes » observé sur une échelle spatiale et temporelle. Plus rigoureusement, il
correspond à une représentation statistique (en terme de moyenne et d’écart type) de certaines
quantités caractéristiques (température, précipitations …) sur des durées allant du mois au
million d’années. Le climat correspond donc à un état « moyen » d’un système complexe,
appelé système climatique, qui comprend cinq composantes majeures interagissant entre
elles (atmosphère, hydrosphère, cryosphère, biosphère et surface terrestre) et influencées par
des phénomènes externes tels l’ensoleillement, l’orbite terrestre et l’activité humaine plus
récemment.
La complexité d’un tel système, et le fait notamment que ses différentes composantes
ont des temps de réponse différents à un changement d’état, fait que le climat n’est pas figé
(comme on aurait pu le penser il y a quelques siècles ou quelques décennies), mais varie en
fonction du temps et de l’échelle considérée. C’est ce que l’on appelle la variabilité
climatique. Cette variabilité climatique a soit des composantes externes (c’est le cas pour les
variations millénaires du climat, dues semble-t-il, aux variations de l’orbite terrestre et ayant
entraîné les périodes de glaciation, mais aussi à plus petite échelle temporelle au changement
climatique actuel, d’origine anthropique), soit des causes internes, dues aux non linéarités
du système climatique et à l’interaction entre certaines de ses composantes (comme c’est le
cas pour El Nino). Ce comportement non linéaire du système entraîne une évolution parfois
chaotique de celui ci pouvant mener à ce que l’on appelle des évènements extrêmes.
Comme nous l’avons vu, de part la complexité et la non linéarité du système
climatique, il est plus judicieux de s’intéresser à un traitement statistique de l’ensemble des
données climatiques. Le « climat » ainsi défini, n’est alors rien d’autre qu’une distribution de
probabilités d’un évènement météorologique (par exemple, le taux annuel de précipitation ou
la température mensuelle moyenne …). Les queues de distribution constituent alors ce que
l’on appelle un « événement extrême », c’est-à-dire une anomalie météorologique dont la
probabilité d’occurrence est faible (par exemple, moins de 10% d’occurrence).
En ce qui concerne ces évènements dits « extrêmes, la notion d’échelle est tout
particulièrement importante :
" Echelle spatiale tout d’abord, car un événement extrême à un endroit donné ne l’est
plus à un autre endroit (c’est le cas de précipitations, dont le débit serait exceptionnel
en Europe, mais normal en climat équatorial).
" Echelle temporelle ensuite, car l’échelle de temps d’un événement extrême peut être
variable, de quelques heures (orages, phénomènes cévenols …) à plusieurs jours
(vague de chaleur, froid intense), voire mois ou années (sécheresse …) selon le
phénomène considéré. De plus, il est nécessaire d’adopter l’échelle de temps adéquate
à un événement extrême particulier (un orage, même intense, ne sera pas forcément
visible sur des statistiques de pluviométrie annuelle).
Les évènements climatiques extrêmes sont donc des phénomènes météorologiques
localisés, à la fois dans l’espace et le temps, provenant essentiellement de la non linéarité et la
complexité du système climatique et de la variabilité qui en découle.
Or cette variabilité climatique est la somme de deux composantes :
" La variabilité climatique naturelle, que nous avons déjà brièvement évoquée
" La variabilité d’origine anthropique, c’est à dire le changement climatique
actuellement observé, globalement imputable à l’homme (rejet de gaz à effet de serre,
aérosols …) et dorénavant peu controversé.
Il sera donc intéressant d’étudier quelle est la part de responsabilité de chacune dans
l’occurrence et l’intensité des évènements extrêmes.