Collectif
Les Oiseaux de la montagne jurassienne
réalisé en partenariat avec la Maison de la réserve
naturelle du lac de Remoray - © F. & D. Pépin, M. Haffner
Tétraonidés
... ce que l'observateur voit le plus souvent, c'est la
queue grise terminée d'une large bande noire, que
l'espèce dévoile quand elle s'envole dans un froufrou
d'ailes. Attention à ne pas la confondre avec une
bécasse des bois qui a des ailes pointues et apparaît
d'une couleur plus uniformément rousse à l'envol.
Elle est régulière, et presque constante dans les
massifs forestiers situés au-dessus de 1100 m, depuis
les crêts du Jura (F-Ain) jusqu'au Fricktal (CH-
Argovie). Le nid le plus haut a été trouvé à 1380 m à
Arzier (CH-Vaud) en 1969.
... quand les jeunes oiseaux se dispersent, ils peuvent
sortir des zones habituellement féquentées par
l'espèce, et même pénétrer dans les villages : un
individu a été trouvé dans une étable à Bofflens (CH-
Vaud) le 23 mars 1948 et un autre dans la mairie de
Russey (F-Doubs) le 16 septembre 1966 !
Mars 1978. Sur le chemin forestier dominant les
fermes de Vautrans, le jour se lève, la brume matinale
masque ma progression, que j'essaie de rendre la plus
silencieuse possible. Soudain, au détour d'un virage,
deux ombres se dessinent dans la brume : un couple
de gélinottes parade sur le chemin forestier ! Je
m'approche lentement et, arrivé à une cinquantaine de
mètres, je m'accroupis pour les observer. La femelle
se tient immobile au milieu du chemin. Le mâle tourne
autour d'elle, les ailes pendantes et la queue en
éventail, la tête rejetée en arrière, à la façon d'un
grand tétras. En dépit de ma relative proximité, je ne
perçois aucun cri ou chant. Bientôt, le mâle s'avance à
petits pas vers la femelle, sans doute pour
s'accoupler... mais il se ravise et décolle brusquement
dans la forêt, suivi de peu par la femelle. La brume a
commencé à se dissiper, trahissant ma présence que
le mâle a sans doute décelée. Cette observation a
duré une minute, peut-être deux, mais elle est gravée
à jamais dans ma mémoire.
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